3ème FORUM MER EN SECURITE
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3ème FORUM MER EN SECURITE
3ème FORUM MER EN SECURITE Introduction d’Yves Lagane, Président de la SNSM Chers amis bonjour, Merci à tous d’être venus, parfois de très loin, puisque je repère des Sauveteurs venus de Corse, c’est encore plus loin que Peter Chennell qui vient de Poole en Grande Bretagne. Cette journée pluvieuse sera, je l’espère, une journée studieuse. En tous cas, c’est comme cela que nous l’avons voulue. Monsieur Eric Provost, le représentant du maire Jean-Noël Batteux , Monsieur le Sous-préfet JeanPierre Guardiola, Monsieur Paolantoni, Directeur des Affaires maritimes, merci beaucoup s’être là. Je voudrais aussi saluer le Commandant de la Marine, le Commandant Vollette, qui représente le Chef d’Etat-major de la Marine, et l’Administrateur Général des Affaires maritimes Loïc Lainé, qui est notre autorité d’emploi opérationnel avec les CROSS, puisque c’est sous leur coordination que nous partons en mer en opération. Merci à tous d’être venus. Je voudrais en quelques mots vous présenter l’esprit de cette démarche qui nous réunit pour la première fois sur le littoral, et que nous appelons Mer en Sécurité, démarche que nous avons développée depuis un peu plus de trois ans. Avec Chantal Plessier-Dauvergne ici présente, nous avons commencé à concevoir une démarche consistant à tirer des enseignements du quotidien des Sauveteurs. Ces derniers sont au quotidien des témoins d’accidents, et trop souvent, dans 80 à 90% des cas, ils reviennent en nous disant que ces accidents sont ridicules et peuvent être évités. Et donc, comment nous, modestement, avec l’expertise que l’on détient au sein de la SNSM, contribuer à mener une action pour diminuer le nombre de ces accidents ? C’est ainsi qu’est née Mer en Sécurité. On s’est dit que nous allions rassembler tous les gens, toutes les institutions, tous ceux qui à un titre ou à un autre sont concernés par l’amélioration de la sécurité des personnes en mer. Juste un ordre de grandeur : on ne sait pas très bien combien de personnes disparaissent en mer, mais en gros, si on regarde les statistiques des CROSS qui sont les plus abouties, il y a entre 350 et 400 personnes qui meurent annuellement dans les approches maritimes. Et il y a beaucoup de blessés ! Comment agir pour diminuer ce taux d’accidents ? On a donc décidé pour la première fois en 2009 de rassembler au sein du premier Forum mer en Sécurité toutes les personnes qui pouvaient être concernées par l’amélioration de la sécurité des personnes en mer. On a rassemblé des professionnels des métiers de lamer, du nautisme, de la construction navale, des fédérations de professionnels de la mer, des fédérations sportives, des opérateurs de services, des opérateurs de télécommunications qui sont concernés par nos sujets, des sociétés de service, des assureurs, des écoles de formation maritime, des écoles de voile, des clubs, les institutionnels de la mer, avec bien sûr la Direction des Affaires maritimes et le Ministère de l’environnement et des transports. On leur a demandé de venir à la Cité des Sciences et de l’Industrie de la Villette et on leur a proposé de travailler sur trois thèmes. On a tout de suite vu que « la mousse prenait ». Les gens sont venus nombreux, et on a senti tout de suite que ce genre de réunion qui était une première « prenait » beaucoup. Le premier enseignement qu’on en a tiré était qu’il fallait recommencer, les gens éprouvant le besoin de se parler, et le second est qu’il y a une inégalité considérable dans l’approche sécuritaire de la mer entre tous les participants. J’ai encore en tête les yeux que nous avions devant le discours de Jean Le Cam. Il venait de participer au Vendée Globe, et avait vécu un naufrage ayant conduit à une opération de secours spectaculaire. Il nous avait expliqué comment il se préparait, s’équipait, et s’organisait dans une situation de détresse pour survivre. Et quand on regardait le monde de la pêche, celui de la plaisance, celui des loisirs nautiques, on se disait qu’il y avait deux poids deux mesures. Et effectivement, quand Jean Le Cam a coulé au sud du cap Horn, dans les quelques minutes qui ont suivi son naufrage, on avait connaissance de sa situation de détresse, dans les 2 ou 3 heures qui ont suivi, on a monté une opération pour aller lui porter secours, et dans les 3 ou 4 jours, il a été récupéré, en particulier par Vincent Riou, et sauvé. Entre temps, il s’était mis en condition pour survivre dans de l’eau à 3 ou 4° complètement immergé. Et dans le même temps on constate encore aujourd’hui, quand on est 1 pêcheur et qu’on navigue en Iroise, on peut se retrouver dans une situation de détresse et passer plus de dix, douze, quinze heures avant que la situation de détresse soit connue. Or, on sait que dans ces situations là, les minutes comptent ! Il y a quand même vraiment quelque chose à faire ! On a renouvelé cet évènement en 2010 à la Cité des Sciences et de l’Industrie, même succès, les gens sont venus, et après coup, on s’est réuni , en particulier avec Catherine Chabaud, avec les services de la direction de la SNSM, avec la direction de la communication en particulier qui s’occupe beaucoup de prévention, avec la Direction des Affaires maritimes (DAM) et un certain nombre de nos partenaires pour voir comment aller plus loin. Ce n’est pas le tout de se retrouver une fois par an pour parler, faire un constat, mais il faut maintenant progresser. Et avec Catherine Chabaud, on a conçu, et c’est ce qu’on va essayer de vous présenter aujourd’hui, une démarche que l’on pourrait appeler une démarche collaborative de progrès, qu’on essaye maintenant de mettre en œuvre. Avec tous les acteurs que j’ai indiqués précédemment, on a commencé à monter il y a six mois quatre groupes de travail sur des thèmes qui avaient été identifiés comme des thèmes importants au cours de nos précédents forums. Des thèmes qui vont être évoqués aujourd’hui. Le premier thème est « comment mieux exploiter notre connaissance et le retour d’expérience sur les accidents dont nous avons connaissance en mer ?» Le second thème est « comment en matière d’équipement peut-on améliorer la sécurité individuelle de la personne exposée à la mer à travers principalement ce que certains appellent le VFI, et qu’on peut appeler gilet de sauvetage ? » Un équipement qui soit conçu comme un équipement global de sécurité de la personne en mer. Le troisième thème est « comment mieux se préparer aux premiers secours d’urgence en mer ? » Il existe des schémas, des cursus, des qualifications pour les premiers secours d’urgence à terre qui sont très bien formatés, en particulier par le Ministère de l’Intérieur, mais ne pourrait-on pas concevoir un petit module spécifiquement adapté à la traumatologie qu’on peut rencontrer dans le milieu exposé à la mer ? Le quatrième thème est « comment agir sur le comportement des gens dans le cadre d’actions de prévention, en particulier par des actions de communication ciblées pour les sensibiliser à la sécurité en mer ? »C’est plutôt le domaine de Bénédicte Caillé, la directrice de la communication de la SNSM, et de sa « ruche », qui va nous présenter cela en fin d’après-midi. Donc, nous avons commencé à travailler sur ces thèmes sous la tutelle de Chantal Plessier-Dauvergne et sous la haute autorité de Catherine Chabaud qui a pris la direction de cette démarche collaborative de projet. Et nous allons vous faire aujourd’hui un point, vous présenter l’état des lieux sur notre réflexion, susciter vos réactions, prendre en compte de nouvelles propositions, puis Catherine Chabaud vous dira cet après-midi comment tous ceux qui sont prêts à s’associer à notre démarche peuvent continuer à développer celle-ci d’une façon formelle mais pas trop, l’objectif étant d’aboutir à des réalisations concrètes d’amélioration de la sécurité en mer. Je voudrais aussi remercier nos partenaires qui nous accompagnent depuis le début de ces forums Mer en Sécurité : Groupama Transports , un partenaire très important qui a cru dès le départ en cette démarche, la Fondation Total qui nous accompagne depuis deux ans ainsi que sur d’autres chantiers, le Crédit Maritime qui nous a rejoint l’an dernier. Et puis il y a la Région Pays de la Loire, et la Ville de Saint-Nazaire qui nous a beaucoup aidés à monter cette opération, et avec laquelle nous avons engagé un partenariat important depuis sept ans au travers du Record SNSM, un évènement qui va nous rassembler dans les trois jours à venir, qui a pris de l’ampleur et fait beaucoup de bien à la SNSM. Et puis aussi, nouveauté dans le partenariat durable avec la SNSM, la création d’un pôle de formation national au sauvetage. La ville nous a aidés à le monter et le mettre en place avec le Grand port maritime et un certain nombre d’acteurs que nous présenterons demain au cours de son inauguration. Merci à tous pour tout ce que vous pourrez nous apporter dans la dynamisation de cette démarche qui nous semble très importante, et je passe la parole à Eric Provost, qui est le représentant de JeanNoël Batteux, maire de Saint-Nazaire. 2 Allocution d’Eric Provost, adjoint au maire de Saint-Nazaire Monsieur le Directeur des Affaires maritimes, Monsieur le Sous-préfet, Monsieur le Président, Mesdames Messieurs les présidents d’associations, Mesdames Messieurs, au nom du conseil municipal et de Monsieur le maire Joël Batteux, je suis très heureux de vous souhaiter la bienvenue à Saint-Nazaire. C’est vrai que le climat se prête plus à une présence de gens de mer que de gens de plage, mais cela tombe bien, puisque vous êtes plutôt des gens de mer. Je souhaitais vous dire que votre présence ici revêt une importance particulière qui n’est peut-être pas visible pour ceux qui ne connaissent pas beaucoup Saint-Nazaire, mais qui pour la municipalité est vraiment une forme d’aboutissement. Il y a quelques années, une quinzaine d’années, la ville de Saint-Nazaire a décidé d’entreprendre un gros travail de réaménagement urbain sur ce quartier que l’on appelle maintenant « ville-port ».Lors de la reconstruction de la ville, nous avions en fait le port d’un côté, puis la ville qui s’était reconstruite, et une sorte de no man’s land qui s’était installé. Et nous avions décidé de reconquérir cette partie de la ville pour, comme nous le disions à l’époque, retourner la ville vers son port et vers la mer. Et ce travail bien sûr nous a demandé énormément d’investissements et d’énergie, mais voilà, ce quartier aujourd’hui a pris forme dans toute sa diversité et dans toute sa mixité d’activités. Et cette volonté de retourner la ville vers la mer, vers son identité, trouve son aboutissement aujourd’hui, parce que c’est vrai que ce week-end est assez exceptionnel. Nous avons là, c’est traditionnel depuis quelques années maintenant, bien sûr le Record SNSM qui partira dimanche après-midi, mais nous avons donc le plaisir de pouvoir inaugurer demain le pôle de formation de la SNSM, et puis vous êtes là aujourd’hui pour ce forum Mer en Sécurité. Donc pour nous c’est vraiment une volonté de pouvoir ré-identifier Saint-Nazaire comme bien sûr un grand port qu’il a toujours été, mais aussi faire en sorte que les nazairiens et les nazairiennes retrouvent cet attachement, cette proximité avec la mer. Et vous nous en donnez une fois de plus l’occasion et nous en sommes vraiment très contents ! Comme le disait Monsieur le Président, le maire qui était absent de Saint-Nazaire hier sera présent dans la journée, et je pense qu’on va s’organiser pour qu’il puisse venir vous saluer. La deuxième bonne raison de vous accueillir et de nous réjouir de votre présence, c’est que je crois que Saint-Nazaire est une ville qui justement offre pour vos travaux une diversité que toutes les villes n’ont peut-être pas, puisque nous avons à la fois bien sûr des trafics de navires de commerce, nous avons de la plaisance, nous avons des plages, nous avons des grands skippers qui sont là présents dans le bassin. Donc je crois que toutes les formes d’utilisation, de navigation sur la mer sont représentées et je pense que c’est particulièrement adapté à vos travaux de la journée. Donc je vous souhaite une excellente journée, un excellent travail, et j’espère que vous pourrez profiter, même si vous n’avez pas beaucoup de temps pour vous promener, de ce nouveau quartier que nous avons donc réaménagé. Je crois que vous irez déjeuner à midi dans Escale Atlantique, là aussi un outil assez particulier dont nous sommes très fiers. Merci beaucoup de votre présence. Merci beaucoup Monsieur le maire pour ces paroles de bienvenue. Nous sommes venus à SaintNazaire pour se rapprocher de la mer, et également parce que l’on considérait que Paris n’était pas l’endroit idéal pour parler de sécurité en mer. Pour se rapprocher de la mer et des sauveteurs. Et vous verrez dans la salle un certain nombre de Sauveteurs qui se sont mobilisés aussi pour cette journée, et qui sont des témoins des sujets dont nous allons parler. Je voudrais maintenant passer la parole à Monsieur Paolantoni qui est notre Directeur des Affaires maritimes, quelqu’un de très important pou nous. Il est à la fois l’autorité, le partenaire public qui nous apporte de l’argent, mais aussi le support de nos autorités d’emploi opérationnel qui, sous la responsabilité des Préfets maritimes, coordonnent au quotidien les actions de nos Sauveteurs en mer, qui sont les CROSS représentés ici. Merci, Monsieur Paolantoni, de nous faire l’honneur de votre visite et de vous exprimer au nom de Monsieur Thierry Mariani, le Secrétaire d’Etat aux transports, qui a accepté de donner son haut patronage à cette activité, qui devait venir ce matin mais qui n’ a pas pu pour différents engagements. 3 Allocution de Monsieur Paolantoni, Directeur des Affaires maritimes Monsieur le Président, Monsieur le Préfet, Monsieur l’Inspecteur général, comme il est assez difficile de distinguer les visages, je m’arrêterai là et je dirai Mesdames Messieurs. Monsieur le Président, j’ai vu effectivement cette semaine Monsieur Mariani qui m’a indiqué tous les regrets qu’il avait de ne pas être présent alors que c’était effectivement noté à son agenda. Je vous dirai quelques mots puis mon collègue Sous-préfet de Saint-Nazaire lira le message qui avait été préparé à l’intention de Monsieur Mariani. Monsieur le Président, on peut dire effectivement que ce troisième forum est maintenant ancré dans le paysage maritime. Vous l’avez indiqué tout à l’heure, ce forum a pris un tour un petit peu nouveau par rapport aux deux précédents. Je tenais donc à vous féliciter de cette organisation. Tous les thèmes que vous avez évoqués positionnent la SNSM comme un acteur principal pour instituer et exercer une action préventive et permanente parmi les usagers de la mer, conformément d’ailleurs aux missions dévolues à la SNSM. La Direction des Affaires maritimes est engagée comme vous le savez à vos côtés. Les enjeux sont assez simples, vous les avez évoqués, il s’agit de réduire le nombre de morts, de blessés, et d’évènements de mer d’une manière générale. Les chiffres situent bien dans le contexte. Ainsi en 2010, les CROSS ont coordonné 8.000 opérations de sauvetage qui ont malheureusement occasionné 278 décès et 675 blessés. A nous de trouver toutes les pistes pour faire diminuer ces chiffres qui s’inscrivent malheureusement dans une tendance en hausse puisque nous étions, j’allais dire seulement, à 184 morts l’année précédente. Toutes les synergies pour atteindre les objectifs de réduction des évènements de mer sont à favoriser. Il s’agit, ne l’oublions pas, de sauvegarder des vies. Le forum offre la possibilité de recueillir toutes les expressions des acteurs maritimes impliqués de près ou de loin dans cette démarche de progrès. Le forum favorise les échanges, parfois même les confrontations constructives. En un mot, il permet d’élaborer les plans de prévention des accidents. Bien entendu, la Direction des Affaires maritimes est à votre écoute. Bien entendu, mes services oeuvrent dans ce sens. D’ores et déjà, plusieurs chantiers très concrets sont en cours et s’inscrivent directement dans le cadre de ce forum. Je pense en premier lieu à la nécessité d’agréger toute l’information sur l’accidentologie. Pour bien informer, il faut bien connaître. Il s’agit de recueillir toutes les informations en provenance des différents acteurs du sauvetage maritime, y compris l’information en provenance de la proche bande côtière. Certes, les bilans d’activité, les statistiques des CROSS constituent des bases de données incontournables tout au long de l’année, mais elles n’intègrent pas toute l’accidentologie. Forts de ce constat, issue de nos précédentes rencontres, une fiche dite « fiche d’intervention sur le domaine maritime », a été élaborée sous l’égide du Secrétaire d’Etat à la mer. Un mot également sur le vêtement à flottabilité intégrée que vous avez évoqué tout à l’heure, et qui est au centre de toutes les réflexions. Il faut intégrer les nouvelles technologies au service de la sécurité en mer. Là encore, les services de la Direction ne peuvent que comprendre la démarche et vous accompagner dans le processus. Ainsi, pour élaborer le décret relatif au port de VFI, la démarche a été longue et progressive. Compte tenu de la diversité et de la richesse des expériences des partenaires associés à la réflexion sur le VFI dans la plaisance, je suis pour ma part optimiste sur cette entreprise. Je constate d’ailleurs en lisant les rapports du BEA que le port de VFI commence à entrer dans les habitudes. Effectivement, nous devons encore progresser, nous devons aussi rester à votre écoute permanente, Monsieur le Président. Je pense, en parlant de progrès, aux nouveaux services offerts aux plaisanciers, par exemple avec la diffusion de la météo en boucle. Le progrès passe par la discussion, par l’échange, par la synergie entre tous les acteurs. C’est d’ailleurs ce qui se fait entre les services centraux et la SNSM. Je citerai quelques actions fortes actuellement en cours. La première est la réflexion sur la dotation des canots de la SNSM. La seconde, la réflexion sur la dotation médicale actuelle des navires de sauvetage de la SNSM. Et puis un chantier plus important sur l’intégration des nouveaux systèmes d’information développés par les CROSS, qui porte le doux nom de Marylin, et peut-être pour partie ces systèmes sont-ils adaptables aux outils de la SNSM. Je pense à la possibilité de faire évoluer les 4 systèmes d’appels groupés vers les équipages de canots. Ces systèmes appelés Maewest seraient intégrés au système d’information Meranim des CROSS. Ainsi, les CROSS et la SNSM auraient les mêmes sites d’interfaces. Cela permettrait des interactions totales entre les deux acteurs. Cela se traduirait par des gains de temps pour mettre en œuvre les équipages, et par une extension des capteurs des CROSS. Les canots de la SNSM deviendraient une fois de plus les yeux des CROSS. Avant que vous n’engagiez vos travaux, je souhaite faire un point d’information sur la numéro d’appel 16-16. Je sais que cela a suscité beaucoup de commentaires sur le littoral. Ce numéro a constitué en son temps un progrès indiscutable. Aujourd’hui les CROSS, à la suite de décisions communautaires, doivent s’intégrer dans les plates-formes 112 , avec le numéro d’appel international 112. Donc progressivement, le 16-16 migrera vers le 112, ce qui aura deux avantages : être un numéro internationalement reconnu, et puis grâce à ces plates-formes 112, bénéficier d’un service de localisation et de démasquage des numéros. Je souhaiterais, Monsieur le Président, bien sûr vous féliciter à nouveau, et puis je sais que demain vous inaugurez un centre de formation. La formation est un des éléments capitaux lorsque l’on parle sauvetage en mer. C’est capital pour les sauveteurs, c’est capital aussi pour tous ceux qui fréquentent la mer, qui ne l’oublions pas, ont feint de temps en temps de l’oublier. La mer est un milieu difficile, peut être un milieu dangereux. Pour affronter ce danger, il faut connaître la mer, donc être particulièrement bien formé. Je dois dire qu’ayant de temps en temps fréquenté les canots de la SNSM, j’ai constaté que bien évidemment, quand la mer est belle tout va bien, mais l’une des particularités des caractéristiques de la SNSM, c’est bien évidemment d’intervenir dans des conditions difficiles, parfois extrêmement difficiles, et je sais que les Sauveteurs en mer ont payé un prix lourd à leurs interventions au profit des autres. N’oublions pas tout cela. Encore une fois, félicitations Monsieur le Président, pour l’organisation de ce forum, et puis tous mes vœux d’abord aux travaux de cette journée, et tous mes vœux au pôle de formation qui est une pierre importante dans l’édifice de la SNSM. Merci à vous. Allocution de Monsieur Jean-Pierre Guardiola, Sous-préfet de Saint-Nazaire Amiral, Monsieur l’Adjoint au maire de Saint-Nazaire, Monsieur le Directeur des Affaires maritimes, Monsieur le Commandant de la Marine à Nantes et Saint-Nazaire, Mesdames, Messieurs, en vous grades et qualités que je distingue mal dans l’obscurité, je vais vous donner lecture de l’allocution que vous adresse Monsieur Thierry Mariani, Secrétaire d’Etat chargé des transports. « En premier lieu, je souhaite vous dire combien je regrette de ne pas être parmi vous. Mon emploi du temps ne m’a pas permis hélas de me libérer pour être présent à ce troisième forum de la mer à Saint-Nazaire. Je voudrais tout d’abord remercier le Président de la SNSM, l’Amiral Lagane, et tous ses collaborateurs. Permettez-moi également de vous dire combien je suis heureux de constater que la France maritime est vivante, enthousiaste, et novatrice. Ce forum représente l’illustration des initiatives citoyennes au profit d’une noble cause, puisqu’il s’agit de rassembler tous les acteurs maritimes pour œuvrer au service de l’intérêt général, et plus particulièrement au bénéfice des usagers de la mer La France maritime, c’est aussi l’usage du littoral par le plus grand nombre. Tout au long de l’année, nos concitoyens pratiquent des activités nautiques. Ces activités ne sont pas sans risques. Ainsi, chaque année, 8.000 opérations de sauvetage sont coordonnées par les CROSS. Plusieurs centaines de vies sont ainsi sauvées. La SNSM prend une place prépondérante dans ce dispositif, puisque votre association réalise pratiquement la moitié des opérations. Pour assurer ses responsabilités dans le cadre des obligations internationales, l’Etat compte sur la SNSM. Je tiens d’ailleurs à dire que la France dispose d’une organisation maritime efficiente et performante. Ainsi, sous la responsabilité opérationnelle des Préfets maritimes, les CROSS mettent en œuvre tous les moyens nautiques et aériens pour sauver des vies et éviter des catastrophes maritimes. Dans un contexte budgétaire tendu, soyez assurés que le Gouvernement continue et continuera à prendre en compte tous les enjeux liés à la sécurité maritime. Je tiens à citer quelques exemples. Je pense tout particulièrement à la subvention qui vous est versée par l’Etat, subvention qui n’a jamais 5 été remise en cause. Ces quelque 2,3 million € qui vous sont annuellement dévolus. Je pense également à la décision du Gouvernement de maintenir coûte que coûte un remorqueur de haute mer dans le Pas-de-Calais, qui est un des détroits les plus fréquentés au monde. Nos partenaires britanniques ont décidé de ne plus affréter conjointement de remorqueur. C’est leur décision, mais la France ne pouvait pas laisser cette zone sans dispositif de prévention lourd. Dès l’automne prochain, l’Abeille Languedoc assurera cette tâche fondamentale. Je voudrais également rappeler le très gros effort de modernisation des structures. Le CROSS Jobourg a été totalement rénové pour un montant de 3 millions €. Cette année, la rénovation du CROSS Gris-Nez pour un montant de 4 millions € va être achevée. Dés l’année prochaine, le CROSS Corsen sera également mis à niveau. Je citerai également les avancées technologiques des CROSS à travers plusieurs programmes qui touchent la sécurité maritime. Pour exemple le programme Marylin qui centralise toutes les informations opérationnelles au profit du sauvetage maritime. Dès 2012, tous les CROSS seront équipés de cet indispensable système d’information. Nous réfléchissons dès à présent à la façon dont la SNSM pourrait s’insérer dans ce dispositif. Le système Spationav mené en partenariat avec la Marine nationale permet aujourd’hui de connaître en temps réel la situation nautique jusqu’à 30 miles au large. Pour maintenir un dispositif opérationnel performant, je compte également sur votre engagement au quotidien. Je mesure pleinement ce que la Nation doit aux 6.000 bénévoles de la SNSM. Ce que vous faites est admirable, on ne le dira jamais assez. Pour ce troisième forum, je souhaite des travaux fructueux. Tous les sujets à l’ordre du jour sont importants. Gageons que nous progresserons collectivement. Continuons à informer pour prévenir les accidents. Réfléchissons sur la façon de faire évoluer les mentalités en matière de sécurité. Le VFI est à cet égard tout à fait prometteur. Travaillons les retours d’expérience, et profitons de ce moment pour échanger avec tous les acteurs maritimes ici présents. Vive succès à votre manifestation, tout mon soutien dans vos travaux, bon vent à tous, bon vent à la SNSM ! » Merci beaucoup, Monsieur le Préfet, de nous avoir transmis ces mots chaleureux de Monsieur le ministre, et nous allons essayer d’être à la hauteur de ces vœux exprimés par lui. Je pense que maintenant l’heure est venue de commencer à travailler. Catherine Chabaud, je te passe la parole. L’EXPLOITATION DU RETOUR D’EXPERIENCE SUR LES ACCIDENTSMARITIMES Catherine Chabaud, présidente du comité de pilotage Mer en Sécurité, animatrice du débat Merci Président. J’invite les participants à la première table ronde à nous rejoindre. Je vous rappelle que nous aurons quatre tables rondes aujourd’hui comme vous l’a précisé le Président tout à l’heure, sur les quatre thèmes retenus pour le projet Mer en Sécurité. Vous avez compris que nous sommes passés d’un forum Mer en Sécurité à un projet, que déjà quatre commissions se sont réunies depuis le début de l’année, et que ce matin et cet après-midi nous allons à la fois vous faire partager le résultat des premiers travaux mais aussi pousser nos travaux un peu plus loin. Donc la première table ronde est consacrée à l’exploitation du retour d’expérience des accidents en mer. Il y aura à chaque fois un animateur. Ce matin, c’est Carine Rocchesani, qui est journaliste et animatrice, et assez proche des marins. Il y aura également un grand témoin que présentera Carine. Merci également à André Thomas qui animera avec nous ce forum cet après-midi. Carine Rocchesani, journaliste et animatrice de la 1ère TR Je vais vous présenter les intervenants de cette première séquence sur l’exploitation du retour d’expérience sur les accidents maritimes, séquence qui fait suite à deux réunions de travail et qui va donc être la poursuite de ces échanges. Merci à notre grand témoin Georges Dachicourt, Président du Comité national des pêches, d’être avec nous. 6 Eric Lefebvre, Directeur du CROSS La Garde, qui va nous présenter des résultats et analyses de 2010, David Guibert, expert statistique SNSM qui présentera les résultats d’interventions de la SNSM en 2010, et l’on verra que vous avez des méthodes de travail assez proches entre le CROSS et la SNSM, les assurances représentées par Michel de Bressy, d’Axa, et nous ferons un échange des données que vous avez à votre disposition et de ce que vous en faites, Guillaume Arnauld des Lyons, de la FIN, qui traitera du retour d’expérience et des besoins pour faire avancer les choses, toujours dans cet esprit de prévention qui est le cœur de nos échanges, puis Bernard Vibert, Président de l’UNAN, qui présentera le retour de la troisième enquête auprès des plaisanciers. Intervention d’Eric Lefebvre, Directeur du CROSS La Garde Si effectivement les CROSS n’ont pas une vision totale de l’accidentologie maritime, comme cela a été expliqué par le Directeur des Affaires maritimes, ils en ont quand même une vision assez aboutie au travers des opérations qu’ils coordonnent sur l’ensemble des eaux sous responsabilité française, voire internationale. Avant de tirer quelque bilan avec des chiffres, je vous rassure peu nombreux pour ne pas vous abasourdir, et des chiffres qui porteront totalement sur le segment de la plaisance, puisque c’est l’axe sur lequel cette commission a décidé de travailler pour le moment, je vais vous dire un petit mot sur le recueil de ces statistiques, et tout d’abord sur la classification des opérations qui a été mise en place en 2010, permettant de recueillir de manière ordonnée les statistiques d’opérations des CROSS. Les opérations Secmar se distinguent en quatre types d’opérations, et notamment deux qui nous intéressent plus particulièrement, les opérations dites SAR pour recherche et sauvetage et les opérations dites MAS pour assistance maritime. Schématiquement, le CROSS classifie une opération de SAR lorsque des vies humaines sont en danger, et classifie une opération de MAS lorsque des vies humaines ne sont pas en danger, voire il n’y a pas de vies humaines concernées, mais on est plutôt dans de l’assistance aux biens. Je ne développe pas les autres catégories qui nous intéressent peu, si ce n’est la catégorie qu’on appelle DIV, qui n’est pas forcément une catégorie fourre-tout, mais qui permet de classer un certain nombre d’opérations dont on pourra reparler, notamment les ruptures de mouillage. Pour chaque opération qu’il coordonne, le CROSS rédige un Sitrep, compte-rendu d’opération qui va se traduire ensuite en statistique grâce à une opération appelée Secmarweb qui a été mise en place par la Direction des Affaires maritimes début 2010, et dont je vais vous présenter très rapidement la manière de la remplir. On se connecte donc sur cette application et on va rentrer un certain nombre d’éléments, et notamment la catégorie de l’évènement. On a plusieurs catégories possibles qui sont les accidents de navires, les accidents individuels à personne, les avaries non suivies d’accidents de navire, les autres affaires nécessitant des opérations, et les fausses alertes. Donc accidents de navires, et pour chaque type d’évènement, on précise de quoi il s’agit, en l’espèce l’exemple choisi est un échouement. On renseigne ensuite un certain nombre d’éléments d’ordre géographique, la zone où l’évènement s’est produit, les coordonnées géographiques de l’évènement, et éventuellement pour les évènements dans les eaux territoriales, le département. On renseigne également le pourquoi de l’alerte, et c’est là qu’apparaît la classification, le moyen par lequel l’alerte a été donnée, et la catégorie qui alerte. Pour chacune de ces catégories, on a tout un choix de menus déroulants permettant d’effectuer des extractions. Deuxième élément intéressant, on va rentrer le ou les moyens qui sont intervenus, avec les heures d’appareillage et de retour à quai, et puis on rentre le type de navire concerné, le résultat de l’opération, et le résultat pour les personnes, si elles ont été assistées, secourues, voire malheureusement décédées ou disparues. Donc voilà comment se remplit chaque opération. Donc les quelque 9000 opérations qui ont été évoquées pour les CROSS en 2010 font toutes l’objet d’une fiche Secmar. Ensuite on peut faire des extractions. Tout type d’extraction est possible et j’ai pris comme exemple le nombre d’interventions menées par la SNSM dans les zones de responsabilité française sur des navires de plaisance. La base permet de voir qu’en 2010, 2364 interventions de la SNSM ont été menées sur le segment plaisance. 7 La part des moyens SNSM sur ce segment représente près de 50 % des interventions et 65 % en temps d’intervention. Voilà un exemple parmi d’autres de ce que nous permet de faire cette base. Elle nous permet de faire beaucoup d’autres extractions que je ne vais pas vous présenter ici. Il y a aujourd’hui une chose que la base ne nous permet pas de faire, c’est de la géostatistique. Donc aujourd’hui, un certain nombre de CROSS dont le CROSS La Garde, avec une application sur internet, rentrent chacune de ces opérations sur une carte en la catégorisant sous forme de couleurs, et cela permet de voir, en fonction des zones, quel type d’évènement se situe dans quelle zone, par exemple ici des zones d’échouement de pénichettes dans l’étang de Thau, et d’embarcations à Leucate et dans le Golfe de Fos. De cette analyse de la base Secmarweb en 2010, je vous ai tiré quelques éléments pour amorcer la réflexion et savoir de quoi on parle quand on parle d’accidentologie dans le domaine de la plaisance. Les opérations menées par les CROSS en 2010 en zone de responsabilité française sur la plaisance s’élèvent à 5000 opérations. En moyenne la plaisance représente 55 % des opérations menées par les CROSS et 60 % des mobiles (navires, engins de plage, avions). 60 % des opérations concernent la plaisance moteur, et l’on retrouve ce ration quelque soit le CROSS concerné. En termes de classification des opérations, dans la moitié des cas, les vies humaines ne sont pas en danger. En termes de personnes, sur les 10.000 personnes concernées par les opérations plaisance en 2010, 2600 ont été secourues, 6400 assistées, près de 2000 se sont tirées d’affaire toutes seules, et malheureusement près de 70 décès et disparitions sont à déplorer. En termes de zonage, 83 % des opérations se situent entre le rivage et les 12 milles. Si on regarde enfin les typologies d’interventions, on remarque que l’avarie du système de propulsion est la première cause d’opération, y compris pour la voile. Et puis quelques chiffres pour faire le lien avec l’atelier suivant : on dénombre quatre fois plus de décès au moteur qu’à la voile, quatre fois plus d’hommes à la mer au moteur qu’à la voile, et 40% des décès en plaisance moteur sont dus à des chutes à la mer, d’où l’intérêt de porter le VFI. L’intérêt du RetEx pour les CROSS est réel à plusieurs titres : d’abord en interne, pour la formation des opérateurs des CROSS, des officiers des CROSS et des Affaires maritimes en général. L’école a mis en place une formation assez lourde depuis deux ans, et l’on poursuit au sein des CROSS cette formation initiale par une formation interne importante qui repose notamment sur des analyses d’opérations ou Anasar. Le système qualité auquel nous sommes soumis nous oblige à faire de telles analyses, ce qui permet de progresser. On peut aussi envisager d’adapter notre formation continue tout au long de l’année en fonction de la saisonnalité des opérations. On sait par exemple qu’en Méditerranée, les accidents de plongée démarrent en avril, et donc il est bien de faire fin mars une piqure de rappel à l’ensemble des opérateurs de CROSS sur l’accidentologie de plongée. Bien sûr, une piste sur laquelle on travaille beaucoup, c’est de faire du Retex avec les clients partenaires, au premier rang desquels la SNSM. On travaille actuellement sur le renforcement d’un accord de partenariat dont la première version était axée essentiellement sur la conduite de l’opération. On va l’étendre sur l’amont, c'est-à-dire tout ce qui est entraînement, exercices en commun, puis sur l’aval, le retour d’expérience en commun. Les exercices ciblés, voilà un bon exemple sous l’impulsion du Directeur du CROSS Etel, Vincent Denamur. Les CROSS se sont engagés dans cette démarche à la fois de formation des bénévoles de la SNSM à la fonction de coordinateur sur zone, et de concrétisation de cette formation par des exercices. Etel a engagé le mouvement et les autres suivent. En ce qui concerne la contribution à la prévention grand public, une fois qu’on aura dégagé des pistes de mesures de prévention, les CROSS peuvent être un vecteur intéressant pour diffuser ces messages. La visite des CROSS est quelque chose d’assez attractif pour le grand public et peur être le moyen de cibler celui-ci sur nos actions de prévention. L’identification de zones dangereuses a été évoquée, et peut principalement contribuer à l’adaptation du schéma directeur des moyens de la fonction garde-côtes, voir si les moyens sont bien adaptés à la fois en qualité et en positionnement au titre d’opérations qu’on a à traiter. Le premier bénéfice que l’on retire de la nouvelle base mise en place et de la méthodologie commune est d’avoir une harmonisation dans les statistiques des CROSS. Chaque CROSS avait tendance à établir ses statistiques dans son coin et avec une base qui n’était pas assez précise sur la 8 catégorie des évènements. On rentre donc dans une plus grande finesse sur la réelle activité des CROSS. Et le deuxième bénéfice, ce sont les extractions dont on peut tirer des enseignements pour faire de la prévention. Intervention de David Guibert, adjoint aux inspecteurs généraux de la SNSM Je vais me permettre de vous présenter le bilan des sauveteurs embarqués de la SNSM pour l’année 2010. Nos sauveteurs embarqués ont réalisé 2816 opérations de sauvetage, ce qui représente 4847 heures d’intervention, soit un peu plus de six mois à la mer H24. Le délai d’appareillage moyen est de 16’ et la durée d’intervention moyenne de 1h35. C’est 5400 personnes secourues en 2010 et 27 % des opérations de sauvetage sont réalisées de nuit. Les évènements survenus en 2010 ont rejoint un peu les chiffres du CROSS avec 39% des interventions sur de l’avarie moteur, suivi par de l’échouement et aussi par ce qu’on appelle « en dérive cause inexpérience ». Le retour d’expérience est une notion que l’on emploie tous les jours et que l’on essaye maintenant de synthétiser, et aussi de donner une sorte de méthodologie pour que l’on puisse tous parler le même langage et avoir le même retour d’information, la même exploitation de l’information. Le retour d’expérience, c’est donc l’expérience individuelle au profit de la connaissance collective. Cela résume bien la volonté du RetEx, qui consiste à gérer la connaissance issue de l’expérience. Il se base sur quatre grands axes : Premier axe, la capitalisation de l’acquit prenant en compte les réussites et les échecs. Deuxième axe, l’identification des pistes de progrès. Pour identifier ces dernières, lors d’un évènement qui possède un haut potentiel de retour d’expérience, on va valoriser les bonnes pratiques durant cet évènement et aussi identifier les points perfectibles apparus durant cet évènement. Troisième axe, une meilleure connaissance des différents acteurs , ce qui est important puisque lorsqu’on participe à une opération de sauvetage, il y a toute une chaîne opérationnelle qui est mise en place, et qui permet de mieux travailler ensemble, de connaître les contraintes de chacun, de les mettre en exergue pour pouvoir fluidifier la transmission de l’information, et surtout mieux travailler ensemble dans la coordination des opérations de sauvetage. Le quatrième axe est la diffusion des enseignements tirés du RetEx vers tous les acteurs source qui ont participé à cet évènement, pour que l’on puisse proposer à l’issue des recommandations, que l’on puisse faire des opérations communes de prévention, ou plus simplement pour faire progresser la formation. Rapport entre la statistique et le retour d’expérience : La statistique est d’abord un élément de détection des pratiques nouvelles ou des pratiques à risque, c’est le retour d’expérience brut qui nous permet de confirmer ou d’infirmer un ressenti que l’on peut avoir. Pour avoir une analyse beaucoup plus fine des statistiques, il faut prendre en considération une notion dite « environnementale », c'est-à-dire intégrer le secteur géographique, la localisation et l’heure de l’évènement, les conditions météorologiques, et c’est là que l’on va commencer à parler de géostatistique. Je vais vous présenter une carte similaire à celle que vous a présentée Eric Lefebvre. Il s’agit des échouements coordonnés par le CROSS avec les moyens de la SNSM du 1er janvier au 31 mai. On retrouve la même problématique dans les zones de la sortie de Leucate, l’étang de Thau et le Golfe de Fos. Ceci permet de pouvoir cibler et de faire des opérations de prévention, mais également d’aller vers nos sauveteurs embarqués et de pouvoir « extraire » leur savoir afin de le diffuser dans d’autres zones. Cela nous permet aussi d’avoir d’un seul coup d’oeuil un résumé d’activité au lieu d’avoir un tas de tableaux plus difficilement exploitables et lisibles par l’extérieur lorsqu’on explique les différentes causes d’accidents. La méthodologie du RetEx à la SNSM est très simple. Pour l’instant, elle prend en compte la nouveauté et la gravité. La nouveauté se réfère à la notion de fréquence. Un évènement de niveau 1 est un évènement relativement récurrent. Au niveau 2, c’est un évènement que l’on a l’habitude d’observer mais qui n’est pas aussi fréquent que le niveau 1 (par exemple voie d’eau au-delà des 12 nautiques), et un évènement de niveau 3 est l’évènement auquel nous ne sommes pas totalement confrontés (par exemple le crash de l’Airbus au large de Perpignan). Il y a aussi trois niveaux de gravité : au niveau 1, il ya très peu de dommages et aucune adaptation du personnel par rapport à 9 une procédure existante. Au niveau 2, on a un léger dommage avec une légère adaptation à un cadre bien défini de procédure, et au niveau 3, il y a de forts dommages et une adaptation complète des sauveteurs et de la coordination dans un cadre qu’ils ne connaissent pas. Les niveaux 3 sont généralement des évènements à haut potentiel de retour d’expérience. Nous avons mis en place à la SNSM une fiche de recueil d’informations, aves laquelle on va interviewer les acteurs afin de recueillir des informations et surtout connaitre quelles ont été leurs décisions et quelles ont été les conséquences de ces décisions. A l’issue de ce recueil, nous pouvons établir un arbre des causes, dégager des pistes de progrès, c'est-à-dire valoriser des bonnes pratiques et détecter des points perfectibles. Pour conclure, je vais vous montrer un petit schéma permettant d’expliquer que le RetEx est peutêtre fictif mais a besoin de vivre dans un environnement bien défini , c'est-à-dire une interaction des acteurs, et il est nécessaire de le faire vivre et de l’entretenir. La connaissance collective, c’est un peu la base de données de la connaissance de chaque acteur, CROSS, SNSM, qui a besoin des acquits de chaque entité et doit être entretenue par l’ajout de nouvelles expériences issues de la capitalisation, donc les nouveaux évènements à haut potentiel RetEx, par l’apprentissage et l’entrainement de ces évènements issus de notre acquit, et aussi par une interaction qui à doit être à double sens, c'est-à-dire interaction veille technique par la recherche et le développement, et interaction des différents acteurs qui participent à la sauvegarde de la vie humaine en mer, ce qui nous permet d’effectuer une veille administrative sue l’évolution des différentes procédures. Carine Rocchesani Merci beaucoup pour ces explications. Peut-être une question commune à tous les deux. Vous avez mis en évidence lors des réunions qui ont préparé ce forum l’utilisation abusive du Navionic, du logiciel de navigation, et aussi la pratique de certains loisirs nautiques de plus en plus loin. Y a-t-il une généralisation de ces pratiques et une alerte sur ces points ? D’autre part, y a-t-il un risque avec la multiplication des smart-phones ? Réponse de David Guibert Quand on parle de logiciel de navigation, il faut bien comprendre que c’est avant tout une aide. Il ne faut pas considérer tout ce qui est électronique embarquée comme le principe de navigation même. Rien ne remplace l’humain. Ce sont des aides pratiques, qui permettent de se projeter dans l’avenir, notamment dans la création de routes ou dans la préparation d’un voyage, mais elles doivent être considérées seulement comme une aide à la navigation. Réponse d’Eric Lefebvre On a effectivement une inquiétude, ce n’est qu’un ressenti qui doit être confirmé, à ce que beaucoup de gens considèrent que le GPS de leur GSM est un instrument de navigation. On verra cela cet été. S’agissant des loisirs nautiques, le phénomène que l’on observe, c’est qu’à l’exception des spots bien connus par exemple des kite-surfers, d’ailleurs très bien organisés, à des fins de tranquillité des baigneurs, on a tendance à vouloir éloigner un certain nombre de loisirs nautiques de la côte. Loisirs qui sont souvent des activités très fatigantes, voire épuisantes. Et donc, lorsque les gens commencent à avoir des difficultés à rentrer, cela devient compliqué d’ aller les chercher et les secourir dans de bonnes conditions. Intervention de Michel de Bressy, d’Axa Corporate Côté assurances, ce que l’on voit, ce ne sont pas des accidents mais des sinistres. Un sinistre n’est pas forcément un accident, heureusement. Par ailleurs, les polices mises en place dans la plaisance sont des polices « dommage » qui comportent en général un volet responsabilité civile, mais qui 10 s’attachent la plupart du temps aux dommages matériels, qui protègent les biens et qui ne mettent pas en œuvre des mécanismes de protection des personnes. Donc, ce que l’on voit est un peu plus restreint que ce que peuvent voir le CROSS ou la SNSM. Par ailleurs, on a assez peu de couverture de sinistres dans lesquels intervient la SNSM. L’assurance n’est pas obligatoire en France pour naviguer. En revanche, pour amarrer un bateau dans un port, la plupart du temps il faut un volet RC sur la police d’assurance. C’est une obligation, mais je suppose que cela ne concerne pas tous les ports, en particulier les mouillages forains ou les mouillages plus ou moins organisés en Bretagne. Il y a donc un petit flou à lever sur ces problèmes de responsabilité civile. Tous les assurés ne communiquent pas leurs sinistres, ne les déclarent pas pour diverses raisons, par négligence ou parce qu’ils ne souhaitent pas mettre en jeu les mécanismes d’assurance…Par ailleurs, par le biais des franchises, on ne voit pas tout. On peut choisir son niveau de franchise dans les assurances à la carte, et par conséquent, la simple mise en jeu de la franchise fait qu’on ne voit pas tout ce qui est petit sinistre et tout petit dommage. Chez AXA, nous avons environ 60.000 contrats plaisance en portefeuille, qui représentent environ 70.000 bateaux. Je parle de petite et moyenne plaisance que l’on limite à 500.000 € de valeur agréée de bateau. Sur ces 70.000 bateaux, nous avons environ 3.000 sinistres par an. On observe que beaucoup se passent au port. Les conséquences des tempêtes en Bretagne des années 1999-2000 ou plus récentes ont donné lieu à d’innombrables sinistres parfois très importants. Tous ne se passent pas en mer, tous ne sont pas des accidents, et certains sont extrêmement mineurs. En matière de coût moyen, nous avons un coût moyen de sinistre qui se situa autour de 4.000 €. Nous avons des analyses par bassin. Par exemple, épisodiquement, en Méditerranée, les réparations coûtent plus cher. Les sinistres coûtent plus cher sur la façade méditerranéenne que sur les façades atlantique et de la Manche. Dans chaque compagnie, les actuaires travaillent aux statistiques, mais dans le but de réviser les primes et d’être les plus compétitives possible. C’est dommage, et je pense que cela peut être le forum à travers lequel nous pouvons commencer à travailler, en particulier avec la FIN. On pourrait par exemple travailler au niveau du marché français l’ensemble des statistiques moteur que l’on puisse avoir, ou sur des série de bateaux particulières, par exemple des voiliers qui démâtent plus facilement que d’autres, et en tirer des conclusions au niveau des statistiques nationales. Par essence, nous sommes tournés vers la prévention afin de diminuer les fréquences des sinistres et diminuer les sinistres. Chez Axa, nous travaillons beaucoup sur la diffusion de fiches qui sont à la fois des mémentos et des check-lists. S’agissant de la plaisance qui n’est pas une activité pratiquée quotidiennement par nos assurés, mais une activité saisonnière, nous pensons qu’il est bon de rappeler en début de saison les bonnes pratiques à mettre en œuvre. Nous allons bientôt diffuser une fiche sur les points à vérifier avant de réarmer son bateau et prendre la mer. De la même façon, on peut très bien diffuser une fiche sur les actions à mener une fois que l’on rentre au port. Nous sommes donc beaucoup dans la ritualisation, pensant qu’en matière d’activités non pratiquées quotidiennement, il est très bon d’être dans le rituel et la check-list. En conclusion, le réseau des assurances peut donc être un levier essentiel pour la prévention. Carine Rocchesani Vous avez évoqué la FIN, les retours d’expérience qui vous seraient utiles. Vous avez mis en œuvre un groupe de travail, quel est son objet et où en êtes-vous ? Intervention de Guillaume Arnauld des Lions, Secrétaire général adjoint de la FIN Tout d’abord je veux rappeler que la question de la sécurité des plaisanciers est évidemment et naturellement une préoccupation permanente des fabricants de bateaux et d’équipements. Donc la FIN et ses adhérents, nous nous sommes intéressés à ces sujets depuis quelque temps, nous avons souhaité mettre en place un groupe de travail interne depuis deux ans maintenant, pour justement 11 essayer d’étudier et de mieux comprendre le retour d’expérience, les statistiques et les informations émanant des accidents en mer. Le but n’était pas de réinventer ce qui était déjà fait, mais de recueillir tout ce qui était disponible, une partie des informations sont disponibles et déjà traitées, notamment les statistiques des CROSS et de la SNSM déjà traitées par le Conseil Supérieur et l’UNAN, de récolter tout, le but étant pour nous d’être en capacité de faire des préconisations à nos adhérents pour améliorer la sécurité des personnes en mer, et des plaisanciers en particulier. Cela veut dire récolter des informations en termes de chiffres, de statistiques, et il y a beaucoup de matière on l’a vu, même s’il peut y avoir encore des améliorations en termes de rubriquage, notamment pour avoir une approche plus fine. Là où nous avons plus de difficulté aujourd’hui, c’est pour obtenir de l’information « qualitative », et c’est là qu’est intéressant le travail que l’on peut mener aves les sociétés d’assurance et les mutualistes. Le but est maintenant de rentrer dans des rapports d’accidents, des rapports d’experts et d’assureurs, pour voir réellement les circonstances dans lesquelles se sont déroulés les accidents et pouvoir identifier si tel ou tel équipement supplémentaire, telle ou telle conception différente, auraient pu éviter l’accident. Alors, on ne va pas tirer de grands enseignements sur la base d’un nombre extraordinairement important d’accidents, puisque la plaisance reste une activité peu accidentogène, mais on veut essayer de trouver des enseignements et accompagner les entreprises de la FIN vers de possibles améliorations. Nous sommes ravis que la SNSM ait lancé ce groupe de travail qui nous permet de rencontrer également l’ensemble des autres acteurs, de mettre en commun nos informations, et c’est très riche d’enseignements et de retours pour nos propres travaux. C’est difficile de vous dire ce qui peut nous manquer comme information exploitable. Par exemple, quand un bateau se retourne, même si les bateaux répondent à des normes très précises – il ya une directive européenne et une soixantaine de normes ISO qui encadrent la construction des bateaux de plaisance-, il peut y avoir des faiblesses structurelles sur certains modèles, et c’est intéressant d’avoir ce retour d’expérience pour l’analyser et en informer le fabricant, l’architecte, le bureau d’études. Mais il peut y avoir aussi des actions menées par les fabricants de bateaux et d’équipements en termes de modes d’utilisation des produits, en termes d’information du plaisancier. Il y a peut-être des points sur lesquels il faut davantage insister, des informations qui manquent. Il y a peut-être une mauvaise compréhension. Donc ce sont des retours d’expérience qui ne vont pas forcément servir qu’à faire évoluer radicalement certains équipements, mais aussi à se dire là sur le manuel du propriétaire, ce serait bien de faire un focus plus particulier sur tel ou tel point parce qu’on s’est aperçu que des accidents survenaient par une méconnaissance ou une mauvaise utilisation du produit par le plaisancier. Aujourd’hui nous en sommes au point d’avancement suivant dans le recueil des données et l’analyse. Nous avons bien identifié toute la partie statistique, qui évolue et se perfectionne, ce qui est une bonne chose. Nous en sommes aujourd’hui à nous tourner vers les assureurs, vers les associations d’experts, notamment le SESAME, pour essayer de décortiquer au cas par cas des dossiers, en toute confidentialité bien sûr, afin d’essayer de tirer des enseignements beaucoup plus qualitatifs. Nous avons déjà obtenu des éléments par un acteur que nous n’avons pas encore cité, le BEAmer, qui a fait un certain nombre d’enquêtes sur la plaisance. Même si le gros des enquêtes et des dossiers concerne plutôt la pêche ou des pratiques professionnelles, on a pu récupérer quelques éléments du BEA, et sommes en tous cas très demandeurs d’informations qualitatives, et notamment au niveau des assureurs. J’interviendrai dans la table ronde suivante sur les gilets de sauvetage et les conclusions que l’apporterai viennent de ce groupe de travail. Ce groupe ne travaille pas seulement sur la base de statistiques et de remontées d’informations du terrain, mais par le biais d’autres informations, en nous permettant de mettre autour de la table tous les fabricants de gilets de sauvetage présents sur le marché français pour les faire travailler sur une organisation commune très claire sur les modalités de révision des gilets de sauvetage. Carine Rocchesani 12 Je passe la parole à Bernard Vibert, Président de l’UNAN, qui va présenter les résultats de la troisième enquête auprès des plaisanciers et les enseignements qu’il en a tirés Intervention de Bernard Vibert. Président de l’UNAN Les statistiques que je vais présenter sont coordonnées, puisque tous les acteurs, la SNSM, les Affaires Maritimes, le Conseil supérieur de la navigation de plaisance et les plaisanciers que je représente, travaillent sur les mêmes chiffres. Elles sont donc cohérentes. L’UNAN que je préside compte une trentaine de milliers de membres dans 200 associations de ports ou de mouillages réparties sur nos côtes. L’enquête de l’UNAN a été menée auprès de presque la moitié des plaisanciers qui ont demandé assistance via les CROSS en 2008 , 2009 et 2010. Elle est destinée à donner des coups de projecteur sur les causes exactes des difficultés subies. Les résultats en sont très cohérents d’une année sur l’autre. Parmi les types d’événements, on trouve d’abord les pannes de moteur qui représentent entre 61 et 53 % des événements, avec une petite tendance à la baisse. En seconde position, les difficultés de navigation représentent en 2010 23 % des événements. Cela recouvre le bateau qui ne sait plus très bien où il se trouve, l’échouement, les difficultés de manœuvre, la météo, tous les cas où l’on est dépassé par les événements. Santé et divers représentent 6,5 % des événements. Il s’agit essentiellement de santé que l’on arrive d’ailleurs à décomposer en événements de santé liés à l’exercice de la plaisance, et les accidents de santé assez nombreux aussi qui auraient pu survenir chez soi ou dans son lit et surviennent à bord. Hélice ou safran engagé (7,3 %) reste stable mais malheureusement relativement élevé. Il y a beaucoup d’engins de pêche amateurs essentiellement qui sont mal mouillés ou mouillés dans des endroits interdits. Enfin opérations de plongée compte pour 1,6% et autres avaries détaillées plus loin pour 7,7 %. Si l’on détaille les principaux types d’événements, à savoir pannes de moteurs, difficultés de navigation et autres avaries, on trouve : pour les pannes de moteur, et cela confirme ce que l’on savait déjà, en premier lieu le carburant (33%)- cela peut être la panne de carburant, le carburant pollué, la pompe à carburant- puis l’électricité (20,4 %)-gestion de batterie ou panne d’électricitépuis refroidissement (12,6%)- c’est le sac plastique qui bouche la crépine ou le rotor de pompe à eau qui n’a pas été changé- puis transmission (10,6%) avec pas mal de problèmes sur les embases , puis « déma rrage » (8,8%) du moteur , et enfin les autres causes (15 %) telles que l’explosion d’un moteur très ancien. Parmi les difficultés de navigation, on trouve d’abord l’échouement (27,8 %), suivi par les erreurs de navigation (24,6 %), l’ancre qui dérape ou est engagée (18,3 %)-ce qui n’est pas surprenant quand on observe les équipements de mouillage utilisés par certains plaisanciers- les erreurs de manœuvre (6,3 %) et enfin les autres difficultés (10,3 %). Parmi les autres avaries, on trouve une catégorie qui progresse régulièrement, à savoir les ruptures de mouillage (34 %). Beaucoup de bateaux sont au mouillage, les ports ne pouvant pas contenir toute la flotte, et il suffit d’un coup de vent ou d’un mouillage mal adapté pour que le bateau parte à la dérive. Puis viennent gouvernail/safran 20,3 %), voie d’eau (17,8 %) liée à des problèmes de vannes ou de presse-étoupe, gréement (14,4 %), et enfin autres (12,7 %) dont le vandalisme qui concerne aussi les mouillages dont un certain nombre sont coupés. Un phénomène qu’il faut observer et qui peut devenir préoccupant. Quels enseignements retenir de ces chiffres ? Que peut-on faire pour éviter toutes ces demandes de dépannage qui peuvent conduire à des accidents plus sérieux ? On observe en effet un phénomène d’enchaînement : cela commence par un petit pépin, puis la météo se met de la partie, la panique survient éventuellement, et l’on aboutit à la catastrophe. 13 On constate d’abord que sur trois années les causes des demandes d’assistance montrent une grande cohérence des résultats annuels malgré quelques évolutions de fond. Au niveau du matériel, les pannes de moteur viennent en tête, loin devant les autres avaries. Lorsqu’on regarde le détail exact des pannes, on a l’impression que la moitié environ d’entre elles pourraient être évitées, s’il y avait un minimum d’entretien préventif et un minimum de débrouillardise de la part de plaisancier, l’autre moitié étant constituée de pannes mécaniques inéluctables. L’entretien par des professionnels est probablement mieux, mais ne met pas toujours à l’abri des pannes. Il ne constitue pas une assurance tous risques. Il y a beaucoup d’accidents notamment lors de la remise en route d’un bateau après l’hivernage, même si celui-ci a été vu par un professionnel. Les permis renforcés ou les contrôles techniques montrent qu’il y a une telle diversité de causes de pannes qu’on ne pourrait pas espérer que cela améliore réellement la situation. Par contre il y a un certain nombre d’actions à entreprendre au niveau de la sensibilisation et de la formation du plaisancier. Ce dernier devrait savoir gérer certaines situations classiques simples, telles que filtre bouché ou refroidissement. Filtre bouché parce que le carburant est de plus en plus pollué par des bactéries. En effet le gasoil contient obligatoirement 5% de biocarburant, et celui-ci étant présent plus longtemps dans les réservoirs que celui d’une voiture, il y a développement de bactéries et un risque d’augmentation dans le futur des pannes par colmatage de filtres. En ce qui concerne le refroidissement, le plaisancier doit pouvoir changer le rotor de pompe à eau. Il faut faire davantage de prévention sur l’équipement de mouillage, la vérification des batteries, les voies d’eau (vannes corrodées, presse-étoupe non changé). Si l’on considère le facteur humain, des erreurs sont souvent dues à l’inexpérience, l’inattention, l’imprudence. L’essentiel des bateaux disposent d’un GPS mais s’en servent trop peu, ou manquent de cartes. Quand on constate en effet que 90% des bateaux en sont équipés et qu’il y a encore des plaisanciers qui s’échouent, ou bien ils ne savent pas se servir de leur GPS, ou bien ceux-ci tombent en panne parce qu’étant des appareils portatifs sur piles ou batteries que l’on n’ a pas changé, ou bien le GPS n’est pas ouvert, ou encore il est ouvert mais les gens ne savent pas reporter un point GPS sur la carte. Parfois aussi, on dispose d’un GPS mais pas de cartes, ou d’un écran tellement petit que la carte ressemble à un timbre poste… Un peu de formation sur la météo serait utile, car très souvent les gens n’écoutent pas la météo, ou ne savent pas l’interpréter. Or, on sait par exemple qu’un vent qui passe de 10/15 à 20/25 nœuds met nombre de bateaux en difficulté. Il faut prendre la météo même pour une sortie brève, et vérifier l’équipement avant d’appareiller. La navigation, voile ou moteur, requiert un minimum d’expérience et un peu de préparation. On constate que l’usage de la VHF se développe régulièrement. L’an dernier, on avait autant d’alertes données par la VHF que par GSM, alors que cette année 56% d’alertes proviennent de VHF et 44% de GSM. Par ailleurs, les CROSS sont de plus en plus réactifs. Deux tiers des événements de mer se passent à moins de 2 miles d’un abri et 90% à moins de 6 miles. Sur un échantillon de 300/400, on ne relève qu’ 1 ou 2 accidents au-delà de 12 miles. Quelle prévention mettre en œuvre, pour qui et comment ? Pour la plaisance voile ou moteur (hors engins de plage), il est de plus en plus compliqué de naviguer. Les bateaux se perfectionnent, et l’on ne navigue que 15 jours par an sans y penser le reste de l’année, on peut facilement être débordé par les problèmes techniques de moteur, d’électronique, de navigation. Les éléments à connaitre pour naviguer en sécurité sont nombreux et pas toujours innés (technique, réglementation, météo, radio, sens marin…). L’UNAN édite régulièrement un Code des Bonnes Pratiques qui totalise une centaine de pages A5, tant il y a de points à assimiler. Seuls les messages de sensibilisation bien ciblés sur les points essentiels se traduiront dans les statistiques. En effet, les messages généraux sont peut-être adéquats pour les activités de bord de plage ou des juniors, mais peu adaptés pour la plaisance habitable et côtière. Les actions de formation classique, journées de sécurité, formations dispensées par les associations ou les clubs, les articles formation de la presse nautique touchent surtout ceux qui en ont le moins besoin. Il est difficile d’atteindre les plaisanciers qui auraient le plus besoin de formation. En effet, de 14 nombreux plaisanciers, surtout moteur -tels les plaisanciers en semi-rigides qui se mettent à l’eau sur une cale, viennent et repartent sans connaître personne- n’ont souvent aucun contact « sensibilisant » tels que la lecture de revues nautiques et d’ouvrages de formation, l’appartenance à des associations ou des clubs, la navigation avec des amis expérimentés. Il faudrait arriver grâce à des fiches simples à toucher ces plaisanciers pour leur donner un début de sensibilisation, mais c’est difficile. Pour toucher les navigateurs moins expérimentés et isolés, Bernard Vibert évoque plusieurs moyens : les conseils de ponton, de mouillage et de cale,- mais il faut prendre en compte le risque juridique, car en cas d’accident, la victime peut se retourner contre celui qui a prodigué les conseils et le mettre en cause-, les contacts et documentations pratiques distribuées sur les cales de mise à l’eau, les formations brèves sur le bateau dispensées aux épouses et aux enfants, ou comment se débrouiller à bord si le chef de bord est « hors service » à la suite d’un accident, d’une maladie ou autre. On constate que ces formations intéressent beaucoup ces cibles, et conséquence inattendue, leur donnent envie d’approfondir leurs connaissances, et parfois, de naviguer. Sont programmés des thèmes tels que j’affale les voiles, je sais démarrer le moteur, je sais mettre en route le GPS et utiliser la VHF. Eric Lefèbvre Concernant la formation donnée aux épouses et aux enfants, le premier élément à leur enseigner est comment parler à la VHF. En effet, on se rend compte que le skipper, même s’il n’est pas tombé à l’eau, a beaucoup de difficulté à gérer à la fois l’événement sur son navire et la communication avec le CROSS. Intervention de Pierre-Georges Dachicourt, grand témoin et Président du Comité National des pêches Je voudrais souligner que je suis un convaincu de sécurité, et de toujours plus de sécurité. Il y a quelques années, je me suis démené avec quelques uns qui n’étaient pas convaincus de rendre obligatoires les VFI a bord des bateaux de pêche, et j’ai pris des coups… Mais au fil du temps, on s’aperçoit que çà commence à payer. C’est un peu comme les ceintures de sécurité dans les années 70. Personne ne voulait les mettre, puis dans le temps c’est devenu un geste tellement banal, et cela a sauvé de nombreuses vies. Je suis donc très heureux que la VFI progresse, grâce aussi au concours de l’IMP et à la pression exercée par le Comité National sur ses comités régionaux et ses comités locaux qui deviendront départementaux dans moins de dix mois. On atteint 45 % de gens qui portent la VFI. La mettre devient un geste banal. En 2010, on a recensé 13 personnes qui, selon leur déclaration, ont été sauvées grâce à leur VFI. Pour le premier semestre 2011, on en est déjà au même score. La progression de ces résultats prouve que les professionnels portent de plus en plus le VFI, devenu une nécessité. La mer, je le dis et le répète à nos amis plaisanciers, est tout sauf une aire de loisirs. Même lorsqu’il fait très beau et grand soleil, elle est tout aussi dangereuse qu’avec le mauvais temps d’hiver. La profession évolue donc, et l’on est en train de mettre en place la seconde génération de VFI avec balise individuelle incorporée, qui permet aussi aux canots de la SNSM qui en sont équipés de pouvoir récupérer très rapidement les gens. Il faut savoir que lorsqu’un pêcheur passe par-dessus bord au moment d’un virage de chalut ou autre, il faut quinze minutes pour embarquer le chalut, et donc une réaction très rapide est nécessaire. Les nouveaux VFI marquent un grand pas en avant, nécessaire car la vie d’un homme n’a pas de prix pour la société. Je suis convaincu qu’il faut étendre cet équipement à tout le monde, professionnels comme plaisanciers. Il faut arriver à convaincre tous les navigateurs. Convaincre en particulier les professionnels qui ont souvent un caractère obtus, et les femmes jouent en la matière un rôle très important. La sécurité des hommes en mer passe par les femmes. Enfin il faut renforcer la sécurité des bateaux, et l’Europe doit commencer à comprendre que nos flottilles de pêche vieillissent et veiller à ce que nos pêcheurs ne naviguent pas sur des bateaux poubelles. Il faut donc renouveler les flottilles et les rendre plus sécurisées. Je pense même qu’il sera 15 indispensable dans l’avenir de rendre insubmersibles les bateaux au-dessous de 12 mètres, c'est-àdire disposer de réserve de flottabilité sur ces bateaux. C’est indispensable et c’est le challenge de l’avenir. Voilà mon témoignage. Jean-Marc Vaillant, Président de l’Ecole des Pêches des Sables d’Olonne Je partage entièrement l’avis de Pierre-Georges Dachicourt sur la sécurité, et l’Ecole que le préside essaye de former au maximum les patrons pêcheurs à la sécurité. On a testé grandeur nature sur un chalutier la balise individuelle portée sur le VFI. De la grosseur d’un portable et non gênante à porter, elle est polyvalente, permettant de faire stopper le moteur, de déclencher une alarme sonore prévenant le reste de l’équipage, d’avertir le CROSS, de déclencher des secours. On a mis deux minutes entre le moment où l’homme est tombé à la mer et sa récupération, ce qui est un temps vraiment minime. Valérie Bussière, du Center Européen de Formation Continue Maritime On se pose toujours la question de la formation pour une meilleure prévention, mais en fait les plaisanciers ne sont pas forcément sensibilisés à venir se former. A quand les obliger à effectuer une formation à partir du moment où ils assurent leur bateau ? Pourquoi ne pas obliger tous les plaisanciers à se former ? Carine Rocchesani Il y a quelque 60.000 permis bateau délivrés chaque année, et c’est peut-être l’occasion d’améliorer la formation à la sécurité. Michel de Bressy En tant qu’assureurs, nous nous plions à la réglementation. Il est nécessaire d’avoir un permis pour les bateaux à moteur, et donc au moment de la souscription d’une assurance, on demande à l’utilisateur de bien vouloir en fournir une copie. Pierre Bost, Secrétaire général de la Fédération Nationale des Bateaux-Ecoles Je voudrais lancer un cri d’alarme, tant le manque de formation des moniteurs de bateaux-écoles est inquiétant. Les moniteurs sont les premières personnes que rencontrent les accédants à la mer, et ce sont eux qui vont former, je dirais presque « déformer », ces nouveaux plaisanciers. On forme des gens en 48 heures, c’est tout et n’importe quoi, mais certainement pas le partage d’une expérience que malheureusement beaucoup de moniteurs n’ont pas. 60 % au moins des moniteurs n’ont pas le niveau suffisant pour enseigner des notions que souvent ils ne connaissent même pas eux-mêmes. Il faudrait donc retrouver un moyen pour former les moniteurs, et définir des critères de qualification pour exercer leur fonction. LE VFI IDEAL POUR LA SECURITE DES PERSONNES EN MER Catherine Chabaud, navigatrice, journaliste, animatrice du débat Cette table ronde va faire état des travaux du deuxième groupe de travail qui s’intéresse plus globalement à l’amélioration des équipements de sécurité embarqués et non uniquement au gilet de sauvetage dont nous allons parler. Nous allons essayer au travers des témoignages de notre grand témoin Bruno Sroka, champion du monde de kite surf, et de Georges Tourret, de l’IFM, 16 d’élargir le débat sur d’autres pistes d’équipements sur lesquelles nous devrons travailler plus tard. Je vous présente l’équipe ici réunie : Charles Babin, ingénieur testeur à l’Institut National de la Consommation qui nous parlera d’essais comparatifs de gilets réalisés par l’INC, François-Xavier Ricardou, spécialiste équipements à Voiles et Voiliers qui a publié des tests réalisés sur trente gilets gonflables, Pierre Brugnon, chargé de mission prévention à la SNSM, Guillaume Arnauld des Lions, de la Fédération des Industries Nautiques (FIN), Dominique Kervazo, qui représente le Pôle mer Bretagne et qui parlera d’amélioration et d’innovation, Bruno Sroka qui décrira les équipements de sécurité et de communication pour les sports nautiques individuels, et enfin Georges Tourret, de l’IFM, lequel a une très grande expérience du vêtement à flottabilité intégrée. Intervention de Charles Babin, de l’INC L’Institut National de la Consommation est un établissement public dont le rôle et les missions sont définis par décret publié au JO. L’INC fournit un appui technique aux organisations de consommateurs, regroupe, produit, analyse et diffuse des informations, études, enquêtes et essais auprès des consommateurs, met en œuvre des actions et des campagnes d’information et de communication, et apporte un appui technique aux commissions placées auprès de lui ,telle que la Commission de Sécurité des Consommateurs depuis début 2011. L’INC apporte des réponses relatives aux quatre grands thèmes qui composent le droit à la consommation : le droit à l’information, le droit de choisir, le droit à la sécurité et le droit d’être entendu. L’une des portes d’entrée techniques pour apporter ces réponses consiste à effectuer des essais comparatifs. Les essais comparatifs de l’INC portent sur les fonctions majeures des produits. Ils sont effectués sur un échantillonnage représentatif de produits sur un segment donné. Ils sont réalisés sur des produits achetés comme par tous les consommateurs. Ils s’appuient sur des méthodes d’essais reproductives et rigoureuses, toutes les procédures d’essais étant normalisées (norme NF X 50-005). L’indépendance du centre d’essais de l’INC est garantie d’une part par la non participation des fabricants et des distributeurs aux essais, que ce soit en phase amont, pendant les essais ou lors de leur exploitation, d’autre part par l’absence totale de publicité dans les medias de diffusion de l’Institut. Depuis 2007, l’INC travaille activement sur les accidents de la vie courante, et dans le cadre d’un partenariat avec la SNSM, il a effectué un essai comparatif de neuf gilets de sauvetage gonflables, automatiques, de la catégorie 150 Newton. Nous nous sommes intéressés aux caractéristiques et modes d’emploi des différents gilets et avons effectués divers tests. Une première série de tests en laboratoire, portant sur le temps de déclenchement (dans une piscine d’eau douce), sur la flottabilité à temps zéro et après 24 heures passées dans l’eau, et sur les possibilités de déclenchement intempestif (passage sous une douche). Une seconde série de tests avec des essais d’usage, pour lesquels nous avons eu recours à quatre panelistes de morphologie et de sexe différents vêtus identiquement (pull, jeans et baskets). Nous nous sommes intéressés à l’ergonomie des gilets à terre et en mer, à leur capacité de retournement dans l’eau pour une personne inconsciente, à leur visibilité de nuit. Les résultats de cet essai comparatif ne sont pas encore diffusés à ce jour. Ils seront publiés dans « 60 millions de consommateurs » de juillet-août 2011 (à partir du 27 juin sur www.60millionsmag.com et du 30 juin en kiosque). Voir résultats ci-joints .Mais il est possible de faire déjà de faire mention de quelques résultats généraux : On constate que le prix des gilets peut varier du simple au triple, voire davantage. Dans 30% des cas, les kits de réarmement des gilets sont difficiles à se procurer. Le comportement des gilets aux essais en laboratoire est assez hétérogène. Enfin l’INC n’a pas été convaincu par la capacité des gilets à retourner une personne inconsciente en situation d’usage en mer. Dans le cadre de son partenariat avec la SNSM, le message de prévention que l’INC compte faire passer à l’appui de l’article à sortir est le suivant : « Ajuster son gilet et le porter en permanence ». 17 Pour conclure sur tous les essais comparatifs menés par l’INC, leurs objectifs sont d’apporter une information objective aux consommateurs et d’être un vecteur d’amélioration de la qualité et de la sécurité des produits. Dans les cas extrêmes, l’INC peut alerter les pouvoirs publics sur la dangerosité d’un produit. En règle générale, il arrive à insuffler et à provoquer une évolution de la réglementation et de la normalisation en vigueur pour les produits testés. D’une façon générale, on constate une réaction positive des industriels et des distributeurs, laquelle va contribuer largement à l’amélioration des produits. Catherine Chabaud Pourquoi avez-vous réalisé les tests en jean et baskets et non en ciré et bottes ? Réponse de Charles Babin Nous avons choisi cette tenue parce que c’est la tenue habituelle du plaisancier en mer, et en nous référant aux normes habituelles des essais qui sont effectués en piscine et en maillot de bain. Mais nous avons opté dans notre protocole d’essais pour une tenue qui soit plus représentative du plaisancier ordinaire à bord. Catherine Chabaud Lorsque vous évoquez évolution de la réglementation et de la normalisation, cela porte sur quel point précis ? Réponse de Charles Babin C’est un peu le travail de cette table ronde d’y répondre. Mais cela peut concerner notamment l’amélioration des protocoles d’essais, ou comment être plus représentatifs lors de nos essais en laboratoire par rapport aux conditions réelles. Intervention de François-Xavier Ricardou, spécialiste équipement Voiles et Voiliers Comme l’INC, nous avons effectué un essai comparatif de gilets de sauvetages dont les résultats sont parus dans le numéro d’avril 2011 de Voiles et Voiliers. Il a porté sur 30 gilets gonflables de 50 Newton et plus et nous a apporté de grandes surprises (parfois très mauvaises). Voir en annexe Ces essais ont été réalisés dans le cadre d’un dossier sécurité, partant du constat qu’aujourd’hui, la sécurité n’est plus associée à un bateau, mais qu’elle est individuelle. Chacun doit prendre en compte son propre matériel de sécurité, l’adapter, l’avoir avec soi. Pour tester nos 30 gilets, nous avons disposé de quatre essayeurs qui ont sauté à l’eau dans une piscine, vêtus d’un haut et bas de ciré et de bottes. Chacun avait le choix du saut, la chute à la mer n’étant jamais conforme à une norme, et le naufragé volontaire devait « faire le mort », tête face au fond, les bras pendants, pour vérifier que le gilet retournait le naufragé inanimé sur le dos. Premier constat, parmi les 30 gilets, deux ne sont pas gonflés automatiquement, l’essayeur ayant du tirer manuellement pour le déclencher. Le mécanisme des gilets peut donc ne pas fonctionner. Second constat, douze des gilets testés n’ont pas retourné et mis la tête hors de l’eau des essayeurs inanimés. Même des gilets de 150 Newton et plus ne retournent pas l’individu inconscient, et donc, le volume de flottabilité ne fait pas tout dans le retournement. On constate aussi que la tenue adoptée, bottes et ciré, gêne le fonctionnement des gilets, notamment à cause de masses d’air à l’intérieur du ciré qui font que l’individu ne flotte plus de la même façon et qui contrarient le retournement du gilet. Il nous semble donc incroyable que les normes aient été définies pour une personne vêtue d’un short et d’un tee-shirt, alors que peu de plaisanciers naviguent dans cette tenue, et encore moins quand ils portent leur gilet de sauvetage. Autre constatation concernant le 18 poids du gilet, lequel va de 560 grammes jusqu’à plus de 2 kg : on s’est rendu compte qu’au-dessus de 1,2 k 1,5k , un gilet était trop lourd et que de ce fait, on ne le portait pas. Le poids constitue en effet un frein important pour le port de cet équipement. Pour qu’il soit porté en permanence, il faut qu’il soit léger, pas trop rigide pour ne pas gêner les mouvements. Et l’on s’est rendu compte que les femmes n’étaient pas du tout prises en considération et qu’aucun gilet n’est adapté à la morphologie féminine, en particulier à la poitrine qui est comprimée. De cet essai, nous avons tiré un certain nombre de points à améliorer, et le groupe de travail ayant démarré au même moment de la publication de ses résultats, nous lui avons apporté notre expérience sur le sujet. Georges Tourret, de l’IMP Nous avons effectué des analyses sur des batteries de FFI à flottabilité additionnelle et constaté que sur trente gilets de 150 Newton, dix étaient en disfonctionnement, ne se déclenchant pas. Même constatation au sein des services de l’Equipement, chez les éclusiers qui doivent porter des gilets de sauvetage. Un sondage effectué par une coopérative de fourniture de ce type d’équipement a trouvé au moment du renouvellement des proportions à peu près identiques de disfonctionnement. Plus inquiétant, nous avons régulièrement des gilets qui ne se déclenchent pas au moment des sinistres eux-mêmes. Il existe un problème de fiabilité sur le long terme, et donc l’entretien du gilet de sauvetage s’impose. Intervention de Pierre Brugnon, chargé de mission prévention à la SNSM Un groupe de travail piloté par Benjamin Serfati, directeur des achats à la SNSM, s’est réuni avec des représentants des fabricants de gilets de sauvetage pour discuter de ce que devrait être un équipement de flottabilité porté par les plaisanciers, cible sur laquelle il s’est focalisé, englobant les plaisanciers en eau de mer comme en eau douce. En préambule, comment définir cet équipement ? Gilet, VFI, EFI ? Georges Tourret précise qu’on appelle gilet ou brassière de sauvetage un équipement prévu régulièrement pour le plaisancier dans la drone de détresse du navire, mais que si on le porte quotidiennement en situation de travail et en qualité de professionnel, l’équipement en question, conforme au décret de 2008 sur les aides à la flottabilité, est aussi un VFI qui se définit comme un « vêtement de travail à flottabilité intégrée ». Défini donc par l’usage qu’on en fait et non pas par sa morphologie. Afin que le plaisancier s’approprie l’équipement, le groupe de travail préconise de l’appeler « gilet de sauvetage gonflable », par opposition aux gilets à flottabilité permanente. Cet équipement a pour mission de sauver la vie en cas de chute dans l’eau. Avant tout, il doit permettre de maintenir hors de l’eau la tête d’une personne en toute sécurité. Puis, il doit être capable de retourner le corps d’une personne habillée dans toutes les conditions Or on a vu dans les enquêtes que ces conditions ne sont pas toujours remplies, et c’est donc un sujet sur lequel il convient de se pencher afin de garantir que quelqu’un qui tombe à l’eau ait la garantie d’avoir la tête hors de l’eau et de pouvoir être sauvé en attendant les secours. Pour pouvoir remplir sa mission, le gilet de sauvetage gonflable doit être porté. Or on observe que beaucoup ne le portent pas pour de très nombreuses raisons dont le groupe a détecté un certain nombre : « ce n’est pas convivial, cela gêne », « ce n’est pas beau », « cela coûte cher » ( en effet les prix varient de 1 à 3, voire 4, soit grosso modo de 70€ à 200-300€, ce qui représente un budget significatif, surtout si l’on est plusieurs à bord), « je n’en ai pas besoin », « nous autres les anciens, nous n’en avons jamais porté », « personne n’en porte autour de moi », « de quoi ai-je l’air avec ça ? », « c’est trop lourd ». Devant toutes ces réticences, il est prioritaire de sensibiliser l’ensemble des pratiquants de la mer. Le groupe de travail suggère un certain nombre de caractéristiques que doit présenter le gilet de sauvetage : pour les plaisanciers, 150 Newtons, ce qui n’est pas le cas pour les métiers de la mer qui peuvent recommander des flottabilités de 50, 100 voire 275 Newtons. Le gilet doit permettre le 19 retournement en toutes circonstances. Le poids maximum doit être de 1,5 kg avec tous ses accessoires, ce qui est supportable par les plaisanciers. Il est nécessaire de le rendre plus attractif esthétiquement, et pour cela faire des collections donnant envie de le porter. Il doit ensuite permettre un marquage personnalisé, par exemple nom de la personne et du bateau. Cela suppose que le plaisancier arrive avec son propre gilet, et non qu’on lui affecte au hasard un gilet stocké à bord. L’ensemble doit être conditionné dans un sac avec poignée pour en garantir un bon stockage et un bon transport. Enfin, le remplacement du kit de gonflage doit être facilement réalisable par l’utilisateur, surtout lorsqu’il est en mer. On pourrait suggérer à cet égard que les fabricants mettent systématiquement un kit de rechange dans le sac de vente, utilisable quand le gilet a été déjà percuté. Le gilet de sauvetage doit pouvoir être équipé d’accessoires de signalisation, de détresse et de repérage que le groupe de travail a listés : matériaux réfléchissants de couleur blanche , ou mieux orange, couleur qui se voit le mieux la nuit, sifflet de niveau sonore supérieur à 115 décibels, miroir, bâton lumineux (durée 12 heures) de couleur verte de préférence, dispositif de maintien pour empêcher la remontée du gilet une fois gonflé (sous-cutale ou autre), fluorescéine, et enfin DAMAS ou dispositif d’alarme d’homme à la mer et d’actions de sauvetage, à savoir une balise permettant le repérage de la personne à la mer. Pour disposer de ces accessoires pas tous nécessaires suivant le type de navigation, il convient que l’enveloppe du gilet dispose de poches permettant de les intégrer. La conception du gilet est également liée à la morphologie de son utilisateur. Il doit être aussi confortable à porter pour les hommes que pour les femmes. Il doit être décliné en plusieurs tailles. Avant leur achat, les personnes doivent pouvoir essayer les gilets, pour en vérifier le confort. Or il n’y a pratiquement pas de boutiques où cela puisse se faire. L’idée serait donc de demander aux distributeurs de proposer une gamme de gilets que l’on puisse essayer. En conclusion, la première étape consiste à identifier les freins qui conduisent au non port du gilet, puis prendre en compte les suggestions d’amélioration du groupe de travail, et adresser aux pratiquants de la mer le message suivant : « sauvez vous la vie en portant vous-même votre gilet ». Les anglais ont conçu un autre message : « Non porté, le gilet ne sert à rien ». Intervention de Guillaume Arnauld des Lions, de la Fédération des Industries Nautiques La FIN travaille la question des gilets de sauvetage et a créé un groupe avec l’ensemble des fabricants de gilets et des têtes de réseaux de distributeurs type Uship ou Accastillage Diffusion. On y traite depuis deux ans d’un sujet particulier qui est « Que faut-il faire en termes de révision et de maintenance des gilets de sauvetage gonflables ? » On s’aperçoit en effet qu’un certain nombre de plaisanciers ne savent pas très bien ce qu’ils doivent faire en la matière, selon quelle périodicité réviser le gilet, comment procéder, même si la notice des fabricants contient des informations, qui ne sont pas d’ailleurs les mêmes d’un fabricant à l’autre. Il y a donc un souhait d’harmonisation, une nécessité que les fabricants se mettent d’accord. On a travaillé pour arriver à une position commune et à un dispositif de révision qui sera rendu opérationnel début 2012. Le groupe a conclu qu’un gilet de sauvetage gonflable doit être adapté à la personne et au type de navigation pratiqué, et qu’il doit faire l’objet de révisions. Une période de révision qui a été statuée à 2 ans par l’ensemble des fabricants et distributeurs. Tous les 2 ans minimum, il faut donc faire réviser son gilet en pratique plaisance. On a par ailleurs souhaité mettre en place un système de marquage sur les gilets, comme pratiqué en Allemagne. A chaque révision, une pastille ou un marquage indique la date préconisée pour la prochaine révision. Ce système sera mis en place avec le concours des stations de révision. Dans la communication qui sera faite auprès des plaisanciers, on n’encouragera pas ces derniers à effectuer eux-mêmes la révision ni à changer les kits eux-mêmes. En effet, la révision doit être effectuée de façon très rigoureuse en pratiquant un certain nombre de tests, et l’on préconise que cela soit fait systématiquement par des professionnels agréés par les marques, ayant reçu la formation nécessaire et disposant du matériel de contrôle qui permettra aussi de vérifier l’usure des gilets. Cela étant, on ne préconise pas de ne plus vendre de kits de recharge, utilisables notamment par les plaisanciers lorsqu’ils sont à bord et qu’ils doivent réarmer un gilet percuté, mais on estime 20 que la révision périodique et approfondie du gilet doit être réalisée dans des conditions et selon des protocoles très particuliers. Nous avons mis en place une charte que tous ont signée et nous serons en mesure de communiquer beaucoup plus officiellement vers nos partenaires, SNSM, Direction des Affaires Maritimes et aussi vers le public à partir du 1er janvier 2012. D’ici là, il y a toute une phase logistique avec la mise en place du système de marquage qui est en route. Tout ceci est mené en cohérence avec le groupe de travail initié par la SNSM, qui arrive au bon moment, car la FIN peut ainsi exploiter les informations résultant des travaux, et notamment des tests, et les rendre opérationnelles pour les fabricants. Pour terminer, il faut rappeler que pour être mis sur le marché, un gilet de sauvetage doit répondre à des critères très précis, à une directive européenne, à des normes de fabrication, pour s’assurer que l’on respecte les exigences essentielles de sécurité de la directive. Et à travers la FIN, les fabricants sont proactifs sur l’évolution de ces normes et de la directive. Cette dernière dite « directive pays » va entrer dans une phase de révision, et nous avons émis à Bruxelles un certain nombre de préconisations à prendre en compte en ce qui concerne la révision des gilets. Deux points importants ont été mis en avant par la France : nous préconisons de passer pour les gilets gonflables à partir de 150 Newtons de la catégorie 2 à la catégorie 3 au niveau des processus de vérification, c'est-à-dire qu’on intègre des contrôles obligatoires lors des différentes étapes de la fabrication en usine. D’autre part, on préconise que le certificat de conformité du gilet délivré par un organisme reconnu officiellement (par exemple INPP, CRITT Sports Loisirs) ait une durée de vie limitée dans le temps pour repasser à une nouvelle vérification et voir notamment, si les normes ont évolué, à intégrer de nouveaux critères. Catherine Chabaud Comment réagissent les fabricants aux tests, et les modifications à apporter aux normes ne doiventelles pas aussi concerner les tests ? Réponse de Guillaume Arnauld des Lions Les normes et la directive représentent le minimum à respecter par les fabricants. Tous les tests en interne qui sont effectués au-delà des exigences de la norme sont laissés au « libre choix » des différents fabricants dont un certain nombre vont procéder à des tests beaucoup poussés en milieu réel, des tests habillés, des tests d’usure beaucoup plus forts au niveau des matériaux. C’est le plus que va pouvoir apporter chaque fabricant. Les fabricants vont tirer profit du retour des tests. Pour chacun d’entre eux, un retour individualisé est prévu au cours duquel il sera informé des seuls résultats le concernant, avant de prendre connaissance de l’étude complète lors de la sortie du magazine. Pour conclure, il n’y a pas de gilet de sauvetage gonflable idéal. Celui qui est idéal est déjà celui qui est porté et pour qu’il le soit, il doit être adapté à l’utilisation qu’on en fait et à la morphologie de son utilisateur. Derrière, toute l’évolution, tout le travail effectué par les fabricants vont dans ce sens là, car il y a non seulement une vraie responsabilité à assumer, mais également un marché à conquérir. Intervention de Dominique Kervazo, du Pôle mer Bretagne Je suis un animateur du Pôle mer Bretagne, un ancien sous-marinier et un praticien de la voile. Je vais traiter du gilet de sauvetage gonflable idéal pour la sécurité des plaisanciers en mer, ou comment progresser par l’innovation et la recherche. On peut innover de trois manières. On peut innover en faisant moins cher, en travaillant sur les processus ou sur les matériaux (le modèle chinois), en améliorant un produit existant en jouant sur la qualité, la sécurité, la solidité, le recyclable, le design (le modèle allemand), puis on peut inventer, inventer de nouveaux produits, services, usages, de nouvelles normes, ce qui permet d’élever le niveau des équipements, et aussi de nouvelles modes. 21 C’est plutôt le modèle américain ou japonais, sachant que les autres pays piochent dans tous ces domaines. Avec le respect de la norme, la première qualité du gilet gonflable idéal est de donner envie de le porter à son possesseur. Il faut susciter une conviction d’utilité et des performances, ce que je résume sous le terme de « cycle de vie », lequel débute chez le marchand quand on peut l’essayer et l’adapter à sa morphologie, puis se poursuit avec la maintenance, le stockage en dehors de son utilisation. Il faut rechercher un port confortable, viser une multifonctionnalité potentielle, se différencier en termes de mode, de design, de personnalisation, mais aussi par la technologie. L’objectif final est que le possesseur veuille porter son gilet, et même le montrer. Je résume cela en reprenant une citation d’Antoine Riboud, ancien PDG de BSN puis Danone : « L’innovation est une alliance entre recherche, marketing, instinct, imagination, produit et courage industriel ». Pour avancer vraiment dans cette ambition, une méthode reconnue comme la plus efficace, c’est d’importer et partager l’innovation, c'est-à-dire ne pas travailler tout seul. Il faut oser pousser les murs de l’entreprise ou ouvrir les portes. On y gagne un moindre coût à résultat équivalent, on améliore la pertinence du produit ou du service proposé en mutualisant toutes les compétences, on raccourcit les délais vers le marché grâce à des équipes plus performantes, et on baisse les risques en faisant un produit plus adapté au marché. C’est ce qu’on appelle l’innovation ouverte : en interne, il ne faut hésiter à faire travailler ensemble le marketing, le commercial, la R&D, la distribution terrain. En externe, il faut aller chercher les compétences dont on ne dispose pas en interne, surtout dans une PME, à savoir les laboratoires, les écoles et universités, les cabinets de design, les sous-traitants qui peuvent suggérer de bonnes idées d’amélioration, les partenaires, les start-up. Et surtout, ne pas oublier le client, avec notamment les clubs utilisateurs, les tests consommateurs. Faire travailler tous ces gens ensemble, cela s’appelle des « clusters », c'est-à-dire des réseaux organisés d’innovation partenariale, qui sont déclinés en France sous la forme de pôles de compétitivité dont les deux pôles Mer Bretagne et PACA qui rassemblent tous les acteurs de la mer, soit plus de 600 adhérents. Parmi ces derniers, on compte 18 % de recherche que représentent une centaine d’établissements prêts à travailler en partenariat avec des industriels, y compris dans le domaine qui nous intéresse. La question du non retournement des gilets pourrait ainsi faire intervenir des laboratoires, des écoles, des universités dans lesquelles on trouve des chercheurs en stabilité dynamique des navires. Ceux-ci sauraient trouver des pistes, modéliser, afin de réaliser quelque chose qui fonctionne, par exemple des gilets dissymétriques, compartimentés, ou ayant des séquences de gonflage permettant d’organiser un mouvement. Cette question est suffisamment complexe pour être mise entre les mains d’universitaires, qui pourraient de la même façon travailler sur la réduction de la cartouche du gilet afin d’alléger celui-ci. Les deux pôles mer conduisent par ailleurs deux projets qui touchent à la sécurité maritime. Une équipe travaille sur la miniaturisation de la balise Cospas-Sarsat pour en faire une balise individuelle. Une balise qu’il faut miniaturiser tout en la réalisant à un coût accessible. Une autre travaille sur des gilets de sauvetage comportant un ballon qui est largué et part en altitude au moment de la chute à l’eau et du gonflage, ballon permettant de faciliter la localisation du naufragé. Le pôle mer est donc là pour animer et faire de l’ingénierie de projet. Il aide à construire des consortiums, va chercher des aides au financement de l’innovation, valorise les projets arrivés en phase de développement auprès des investisseurs éventuels En conclusion, on peut construire un projet collaboratif innovant sur le gilet gonflable du futur, à condition qu’il réunisse au moins deux industriels et un laboratoire de recherche, ou davantage. Catherine Chabaud On a beaucoup parlé de plaisance, mais on ne parle jamais du kite-surf et de se qui se passe en matière de sécurité pour ce sport. Nous avons vu dans les statistiques qu’on ne sait pas très bien ce qui se passe sur la frange littorale, et l’on évoque davantage aujourd’hui une accidentologie qui se 22 passe au large. Alors comment réagit Bruno Sroka, notre grand témoin, champion du monde de kitesurf, à ce qui a été dit ? Ce sport est-il dangereux, et comment assure-t’il sa propre sécurité ? Intervention de Bruno Sroka, champion du monde de kite-surf Le kite-surf est un sport jeune qui date des années 1996-97 et qui évolue à une vitesse folle. Je réalise des projets aventures et l’un d’entre eux a consisté à passer le Cap Horn en kite-surf sur une distance de 100 milles nautiques. Pour ce projet, j’ai utilisé une combinaison sèche avec dessous une polaire de 3cm. J’ai été dans l’impossibilité d’utiliser un gilet de sauvetage, car je devais emporter de la nourriture pour une navigation de neuf heures sans m’arrêter, ainsi qu’une VHF, une balise individuelle, un miroir, tout ceci dans un sac à dos, plus le harnais. Un gilet m’aurait empêché de bouger. Sur tous les projets aventures que je réalise, je rencontre un gros problème en termes de matériel de sécurité. Cumuler un harnais, un sac et autres équipements avec un gilet est pratiquement impossible. Les planches qu’on utilise de plus en plus pour faire de la compétition font 1m80 de long, 70 cm de large, et on arrive à des volumes de 80 litres de flottaison, laquelle est suffisamment importante pour être hors de l’eau. On a par contre un problème à partir du moment où l’on perd sa planche ou que l’on a un accident de voile. L’idéal serait pour nous de disposer d’un gilet- sans pastille de sel en raison de la confrontation permanente avec les embruns- avec un sac à dos incorporé derrière, permettant de mettre une VHF, une balise ou autre. La difficulté est que l’on manque de poches ou autres dispositifs pour mettre des équipements supplémentaires. Dans la nouvelle norme, on a le droit de naviguer jusqu’à deux milles des côtes, mais à partir du moment où on part plus loin, il faut disposer d’un système de sécurité. La VHF peut être utile mais elle est peu appropriée pour notre sport. Dans une eau très froide et avec des gants, il est difficile d’actionner les boutons de l’appareil. Par ailleurs, il est très difficile d’entendre le son de la VHF. Il existe bien des systèmes de déporteurs avec des oreillettes ou des systèmes qui prennent la voix, mais ils ne sont pas non plus adaptés au kite-surf, car ils cessent rapidement de fonctionner en raison des embruns. A la question de savoir si le kite-surfer lambda a besoin d’une VHF, il faut considérer deux cas de figures : dans tout l’ouest du pays, on dispose de nombreuses plages et sites où l’on peut pratiquer ce sport et donc on est moins assujetti à partir loin et la VHF ne s’impose pas. Au contraire, on a dans le sud une réglementation très structurée en ce qui concerne les sites de pratique, d’où des plages très restreintes où de nombreux kite-surfers peuvent évoluer dans un espace réduit. Là les pratiquants ont alors tendance à partir de plus en plus loin, avec des planches plus longues et en surtoilant, et dans ce cas il faut partir avec une VHF. Dans la pratique, le port du gilet est très variable, selon que l’on est en école d’apprentissage, dans les vagues ou au loin, en compétition ou pas, mais il n’est pas systématique et pourtant il serait utile, ne serait-ce que pour amortir les chocs. Dans le kite-surf il y a deux types d’accidentologie : accidentologie à terre sur tout ce qui est passes de décollage et d’atterrissage, et accidentologie au large par casse de matériel, notamment lignes cassées et impossibilité de redécoller la voile, ou ensaucissonnement dans les lignes, qui peut advenir notamment lorsque les pratiquants n’ont pas tendance à larguer le matériel. Jean-Jacques Morvant, Chef du bureau de sauvetage et de la circulation maritime A partir de nos bases rapportées par l’ensemble des CROSS, il y a eu en 2010 plus de 600 opérations concernant les kite-surfs et pratiquement une centaine de kite-surfers secourus, dont 34 dans la bande des 300 mètres. Intervention de Georges Tourret, de l’Institut Maritime de Prévention Nous n’entendons parler que de gilet depuis ce matin, et je souhaite élargir le débat à l’équipement. C’est pourquoi j’ai apporté un équipement dont l’IMP fait la promotion, à savoir la casquette de 23 sécurité. Elle peut sembler ordinaire, sauf qu’elle est blindée et résiste pour les professionnels de la mer à tous les chocs frontaux, et l’on sait que les blessures de la tête sont très fréquentes. Un même souci de protection existe en matière de plaisance, par exemple pour éviter une baume lors d’un empannage intempestif. Cette casquette peut être colorée et disposer de bandes réfléchissantes de façon à être visible, doit disposer d’une ouverture d’aération, et pourrait être équipée d’une jugulaire. Ce genre d’équipement vaut environ entre 10 et 15 €. Si on arrive à y intéresser la plaisance, ce prix pourrait encore baisser. Je veux maintenant parler de l’évolution du VFI à l’aide de modèles que je vais vous présenter. Les premiers modèles étaient entièrement de couleur rouge ou bleue, et nous avons demandé aux équipementiers de réaliser un VFI de couleur bleue à l’avant pour être moins salissant et jaune sur les pans. En ce qui concerne la sous-cutale, ou plus exactement la sangle sub-inguinale, j’ai noté que personne n’aime vraiment la mettre. Il est donc préférable et possible d’attacher le VFI sur la ceinture du pantalon, à l’avant come à l’arrière. Mieux, on a maintenant un VFI disposant de poches dans lesquelles on peut mettre une balise, glisser des fluos ou une lampe flash. Encore mieux, le modèle suivant dispose d’un DIL ou dispositif individuel de localisation. Mais au milieu de tout cela, les professionnels nous ont dit : vous ajoutez des dispositifs au VFI, mais que pouvez vous nous proposer qui soit en port permanent et qui ressemble à notre vêtement de travail quotidien ? D’où l’équipement que je vous montre, soit une cote de type ordinaire à l’intérieur de laquelle on a des plaques de mousse dissymétriques qui se mettent à l’avant et à l’arrière, et en dessous une petite culotte dont j’ai demandé au fabricant qu’elle soit équipée d’une braguette. PREPARATION AUX URGENCES MEDICALES MARITIMES André Thomas, Rédacteur en chef, Le Marin Nous allons poursuivre ce forum avec un sujet auquel personne ne souhaite être confronté, mais qui se produit, celui des urgences médicales. Les problèmes médicaux en mer sont tout de suite plus compliqués, voire beaucoup plus compliqués, que lorsqu’ils se produisent à terre. Quelque chose de bénin peut se transformer en drame si l’équipage n’a pas pris soin de se préparer soigneusement. Les médecins qui sont autour de nous vont nous expliquer comment la politique de prévention et les pratiques de la médecine à distance dans le milieu maritime sont aujourd’hui des disciplines qui se sont énormément affûtées, au point de pouvoir envisager un peu toutes les situations pour peu qu’on y soit bien préparé. Pour autant, la prévention en matière médicale et la connaissance de la pratique de la télé médecine ont encore beaucoup de progrès à faire, et c’est un peu le message qui va être développé aujourd’hui, cette journée étant placée sous le signe de la prévention. Je présente très rapidement nos invités. Le Dr Jean-Yves Chauve, spécialiste de la médecine à distance et notamment dans le domaine de la course au large, le Dr Christophe Berranger, chef du service des urgences du CHU de Saint-Nazaire et patron de la vedette SNSM de Pornichet, le Dr JeanMarc Le Gac, urgentiste à Quimperlé et également président de l’Association Med-Mer, le Dr Charles Hudelo, cardiologue et médecin référent de la SNSM, et le Dr Patrick Roux, médecin praticien dans un hôpital toulousain et adjoint du CCMM ou Centre de Consultations Médicales Maritimes de Toulouse. Nous avons aussi un grand témoin en la personne de madame Josiane Coupel-Pacaud, psychologue, qui nous fera part d’une aventure de mer très malencontreuse qui lui est arrivée il y a un peu plus d’un an. Intervention du Dr Jean-Yves Chauve, spécialiste de la médecine à distance Les problèmes médicaux sur la course au large, c’est un peu comme la Formule 1, on a des gens qui se mettent dans des conditions extrêmes. Ce ne sont pas celles des plaisanciers, mais on en tire des enseignements intéressants. Différents facteurs entrent en jeu dans la course au large : d’abord un bateau navigue 24 h sur 24 en course, donc la voile est le seul sport où on intègre sa récupération à 24 sa performance, c'est-à-dire que le sommeil fait partie de la performance. Si on ne dort pas bien, ou si on dort trop ou pas assez, cela peut avoir une incidence sur la performance. De nombreux facteurs interviennent ici, le sommeil désynchronisé, le bruit (jusqu’à 120 décibels sur les chocs), les mouvements violents, le danger, la nutrition anarchique, la chaleur ou le froid, l’isolement, la solitude, le stress de la compétition, la pression des sponsors et des media. Ce n’est pas ce que rencontrent les plaisanciers, mais il y a quand même des éléments ci-dessus que l’on peut aussi trouver dans la plaisance, et ce sont ces éléments qui sont intéressants à développer et à mieux comprendre, car cela peut être utile à tous. Pour moi, il ya un point zéro qui est l’accident ou la maladie, et il y a tout ce qu’on peut faire avant, c'est-à-dire tout ce qui est prévention. On dit souvent qu’un accident n’arrive pas par hasard. C’est vrai que quelqu’un qui va être en hypovigilance, c'est-à-dire fatigué, va être davantage sujet à un accident, d’autant plus que le bateau est par définition un milieu instable. Donc il faut être extrêmement affuté sur le plan mental, à 100% de ses capacités, car on peut chuter ou faire une mauvaise manœuvre. Evidemment la nutrition, si on se nourrit mal, a aussi une incidence, et si l’ on n’ est physiquement pas en forme, cela peut jouer aussi. Le bateau lui-même, s’il est mal conçu, peut constituer un facteur d’accident. Tous ces éléments sont importants, et si malgré tout, la maladie ou l’accident se produit, -et sachant qu’on est en autonomie sur un bateau, la mer étant un espace de liberté avec une certaine autonomie-, le fait d’être capable de prendre en charge un soucis médical est très important. En conséquence, la formation médicale est un élément fondamental. Et puis il ya cette relation à distance avec le médecin. Il faut être en quelque sorte ses yeux pour expliquer au médecin à distance ce qui se passe et également ses mains pour agir à sa place, sachant qu’en bateau on rencontre plutôt de la traumatologie. Il faut savoir qu’au bout de seize heures sans sommeil, on commence déjà à être moins bien, à avoir des réflexes ralentis, un rendement qui baisse, et l’on rentre tout de suite dans un cercle vicieux. Sur une course au large, cela peut avoir une incidence, mais également pour un plaisancier qui effectue une sortie en mer durant un weekend. Il a pu mal gérer son sommeil, accumuler en mer son hypovigilance, et c’est en rentrant chez lui en voiture au terme de sa navigation que l’accident peut se produire. Cette hypovigilance, ce sommeil mal géré, la fatigue liée à une navigation un peu dure par mauvais temps, peuvent avoir des conséquences graves après la navigation. Le sommeil s’installe vite, l’humeur devient négative- on voit souvent en course des gens un peu dépressifs en raison d’un problème de sommeil-, et puis, si on va plus loin, on a des hallucinations. Dix sept heures de sommeil correspondent à une alcoolémie de 0,50gr d’alcool, c'est-à-dire que celui qui n’a pas dormi durant ce temps peut être aussi dangereux que quelqu’un qui a bu. Le manque de sommeil a aussi une incidence sur la vision. On perd le champ visuel, la vision en relief, on est davantage sujet à l’éblouissement. Tout cela forme un cortège d’éléments pouvant conduire à l’accident. Et puis si on utilise des excitants tel que le café, il y a des effets rebonds, c'est-à-dire que le sommeil peut être plus fort que la caféine et puis les temps de réaction peuvent être perturbés, d’où le danger. Elément très important également, tout ce qui est sucre rapide fait dormir. On a étudié la Solitaire du Figaro et l’on s’est rendu compte que quelqu’un en hypoglycémie résistait mieux au besoin de sommeil. L’attitude des coureurs tient compte de ce fait. Ainsi Michel Desjoyeaux ne va presque rien manger durant une étape du Figaro, car il pense que s’il mange beaucoup, il va s’endormir. Dans la course au large, on a maintenant des bateaux de plus en plus rapides, qui vont à plus de 30n, et on en arrive à l’accidentologie automobile, c'est-à-dire comportant des chocs violents identiques à ceux que l’on rencontre sur la voie publique. Les zones les plus exposées sont la tête, les mains et les épaules, la voile étant un sport qui fait travailler principalement la partie supérieure du corps. Sur les monocoques, on a aussi le thorax et les jambes, sur les multicoques, les chevilles, très exposées lorsque l’on court sur le trampoline. Voilà les sortes de traumatisme que l’on peut rencontrer, des plaies, des contusions, tout ce qu’il y a de plus classique. Il n’y a pas de pathologie typique sur la course au large, mais on trouve un peu de tout. Quand on navigue, il faut donc être en bonne santé, surveiller ses dents, savoir si l’on n’ a pas besoin de se faire opérer de l’appendicite, disposer d’un bon bilan cardiaque. Puis il faut savoir agir, d’où 25 l’intérêt des stages de formation destinés à apprendre à effectuer un certain nombre de gestes, sachant que ce n’est pas en ouvrant sa trousse à pharmacie qu’on sait l’utiliser. Le fait d’avoir anticipé les accidents, d’avoir appris à faire un pansement ou utiliser un porte-aiguille pour faire un point de suture, est un élément utile. Avec Voiles et Voiliers, nous avons réédité un DVD de premier secours présentant des mises en situation. On décrit par exemple le coup de baume, et donc toute la réaction en chaîne qui en résulte, pour expliquer comment réagir face à cet accident, et quelles précautions doivent être prises. Encore une fois, les situations maritimes sont des situations particulières, et il est vraiment important de pouvoir les anticiper, de se faire l’histoire dans sa tête avant l’accident, pour être capable de réagir dans de bonnes conditions au moment ou cela arrive. Pour les navigations plus longues, on utilise des outils de recherche clinique, c'est-à-dire on met à la disposition des gens un certain nombre d’outils pour recenser les symptômes qu’ils peuvent ressentir et savoir comment agir. Et puis il faut disposer d’une trousse à pharmacie qui soit à la fois simple, polyvalente et complète, et on utilise des systèmes de codification des médicaments afin d’éviter des erreurs d’utilisation. On met donc à la disposition des navigateurs des outils à la fois simples et efficaces. André Thomas Je voudrais maintenant passer la parole à quelqu’un qui a été victime d’un accident et qui va nous raconter son expérience. Donc, Josiane Coupel-Pacaud, vous avez vécu un premier contact avec l’eau glacée dans de mauvaises circonstances. Pouvez-vous nous raconter cela et nous dire ce que vous avez ressenti ? Intervention de Josiane Coupel-Pacaud, psychologue Nous étions trois sur un petit trimaran plutôt prototypique et naviguions dans l’estuaire de la Gironde. Il faisait beau, l’eau était très opaque et fraîche. Sans doute à la suite d’une manœuvre inadéquate et aussi d’un faiblesse dans la conception du bateau, nous nous sommes retrouvés debout en trois secondes et là, au lieu d’avoir un trampoline, c’était une toile beaucoup trop serrée qui a donné prise au vent, on a volé comme une plume et on s’est tous retrouvé sous l’eau. Au moment de l’accident, nous étions tous les trois à l’extérieur, j’avais gardé l’appareil de photo à la main et filmais les gerbes d’eau. Quand on a chaviré, j’ai continué à filmer et donc on nous voit passer à la baille. Mon mari s’est trouvé coincé sous ce fameux trampoline étanche dont il a eu beaucoup de mal à sortir. Le propriétaire du bateau, un marin aguerri, a eu le réflexe magnifique de m’attraper par la main, mais je suis restée coincée dans un paquet de drisses et d’écoutes. Je l’ai donc lâché et il est remonté assez vite. Et moi je me suis retrouvée comme dans une lessiveuse et j’ai été emportée par la masse d’eau qui a rempli le bateau quand il s’est renversé. J’ai alors pensé que c’était fini et que j’allais me noyer. J’avais un foulard sur le visage, que j’ai rabattu, et à ma grande surprise, je respirais. J’étais dans la cabine du bateau dont je pouvais toucher le plafond en tapant de temps en temps dessus, et j’avais une bulle d’air d’environ 40 cm de haut sur la longueur du bateau. Me rendant compte de cette situation, j’ai calmé ma respiration, et me suis dit que je pouvais attendre. Comme je suis psychologue, j’utilise certains outils, notamment la relaxation. Et je me suis mis instinctivement en relaxation. J’utilise différentes méthodes que les médecins connaissent peut-être, et je me suis mis immédiatement en pose avec une visualisation autour du soleil. J’ai eu chaud et suis resté ainsi longtemps. J’avais compris que l’un des deux dangers qui me guettaient, outre le problème d’oxygène, était l’hypothermie, d’autant que j’avais vu un téléfilm quelques mois auparavant, qui précisait qu’il ne fallait pas avoir la tête trop longtemps dans l’eau froide. J’ai eu le temps de tapoter autour de moi dans l’obscurité et de tomber sur une bouée fer à cheval dans son sachet. Nous n’avions pas de gilets de sauvetage et j’étais partie en chaussures de ville. J’ai utilisé le sachet pour caler la tête hors de l’eau. Je nageotais et j’ai pu tenir une heure trois quarts dans mon film de bien-être et de soleil . 26 Quand on pratique cela, on arrive très bien à se couper de la réalité, tellement que je ne sentais plus rien et n’avais aucune idée du temps que j’avais pu passer dans le bateau. Heureusement, j’ai des sauveteurs merveilleux, et l’un d’entre eux présent ici a eu la seule bonne idée qui était de crever la coque du bateau retourné. Des plongeurs avaient bien cherché à me joindre, et j’avais essayé de replonger, mais je suis tombée à nouveau sur les drisses et suis remontée dans le bateau, tandis que les plongeurs n’ont pas pu trouver l’entrée du bateau. La coque du bateau a été crevée en deux endroits à la hache, après qu’on m’ait demandé de ma protéger. L’un des sauveteurs me parlait régulièrement, et c’est très important, car seule, je me serais laissée partir beaucoup plus. Quand ils ont pris la décision d’ouvrir le bateau, ils commençaient à m’énerver. Je crois que je partais car la bulle d’air avait des limites et puis le froid m’endormait. Ce n’était pas déplaisant et j’avais oublié que j’avais froid. Ils m’ont arraché à la coque, et là, j’ai vu qu’il y avait beaucoup de monde et un hélicoptère. J’étais très surprise. Ils m’ont entourée tout de suite de gentillesse et d’un gros blouson. On m’a collé un harnais et j’ai été hélitreuillé –mon premier baptême de l’air en hélicoptère- on m’a déposé sur un parking où il y avait un second hélicoptère et un camion du SAMU. Là, ils m’ont réchauffée pendant un bon moment. Je suis revenu très vite à moi et c’est là que j’ai commencé à avoir de sacrées secousses nerveuses. Voyant que j’étais dans cet état, je suis repartie dans ma petite méditation. On m’a lâchée de l’hôpital à une heure et demie du matin après quelques examens, et j’ai effectué ensuite des examens cardiaques. André Thomas Je vais vous poser une question que sans doute beaucoup ici doivent se poser. Il faut quand même un certain entraînement personnel de la pratique de la relaxation pour arriver à lancer ce processus alors qu’on est dans la situation où vous étiez ! Est-ce quelque chose que vous pratiquez régulièrement ? Josiane Coupel-Pacaud Cela fait plus de dix ans que j’en fais régulièrement. Je l’ai appris pour mon travail mais aussi pour des raisons personnelles car j’ai un syndrome de douleurs chroniques. Et c’est un moyen excellent qui évite que je me gave de pastilles miracle. Quand j’ai des pics de douleur, je me mets en méditation ou en relaxation et cela fonctionne très bien. Intervention du Dr Christophe Berranger, chef du service des urgences CHU de Saint-Nazaire Personnellement, je n’avais jamais entendu parler de ces possibilités préventives de pratique de la relaxation. Mais je crois qu’effectivement la question du mental est quelque chose de fondamental. Je vais revenir sur la question des hypothermies et d’une façon générale sur l’intervention d’urgence. En ce qui concerne l’organisation du secours en mer, on rencontre plusieurs acteurs. On a les acteurs de la régulation médicale, mais là je laisserai mon collègue de Toulouse le rappeler. Puis il y a les moyens nautiques d’intervention, les moyens aériens, et en bout de chaîne l’intervention des médecins spécialisés. Les acteurs de la régulation, c’est bien sûr les CROSS mais ces derniers n’ont pas de médecins à l’écoute, ce qui veut dire que lorsqu’ils ont une sollicitation d’ordre médical ou traumatique, ils ont souvent besoin d’une expertise médicale pour savoir quels moyens il va falloir adjoindre à la simple évacuation. Et c’est là que la régulation du CCMM (Centre de Consultation Médicale Maritime) intervient. Et s’ils jugent éventuellement important de médicaliser l’intervention, on a désormais des SAMU de coordination maritime-il y en a d’ailleurs peu : Bayonne, Brest, Le Havre, Toulon- qui vont ensuite prendre en mains l’intervention médicale comme un SAMU normal. Et puis en bout de chaîne, les moyens nautiques, c’est bien sûr la SNSM qui réalise 60% des interventions en milieu maritime, mais c’est aussi les moyens de l’Etat en mer, ce sont tous les 27 navires sur zone. On a également les moyens aériens, probablement l’élément le plus important pour nous médecins dans des zones qui peuvent aller jusqu’à une centaine de nautiques au large, voire parfois plus, avec des moyens que l’on est susceptible de médicaliser 24 heures sur 24.C’est l’un des messages forts que je veux faire passer , notamment aux patrons de vedettes : si vous êtes au large avec un blessé à bord et en situation de transit qui peut frôler la demie heure, voire l’heure, il ne faut pas hésiter à solliciter les moyens pour qu’on puisse éventuellement médicaliser la victime directement sur place et lui donner toutes les chances de s’en tirer sans trop de séquelles. Les moyens aériens sont destinés essentiellement pour les interventions tout temps, c’est la Marine nationale avec maintenant des hélicoptères extrêmement performants. Les moyens médicaux représentent le bout de la chaîne. On va distinguer les SMUR côtiers et les SMUR maritimes. Les SMUR côtiers sont dispersés sur le littoral et sont susceptibles d’armer y compris les moyens nautiques de la SNSM, parce que les délais d’intervention sont rapides. On peut être rapidement sur zone et embarquer éventuellement, si on a prévu les choses assez tôt et notamment s’il y a eu une coordination médicale maritime en amont. On peut donc armer ces moyens nautiques avec un équipage de SMUR. Les SMUR maritimes ont une spécificité qui est d’armer essentiellement les hélicoptères de la Marine nationale, ou éventuellement les Dragons de la Sécurité Civile, avec des équipages qui sont cette fois beaucoup plus restreints, la plupart du temps un médecin tout seul, mais des moyens lourds du SMUR. Cela nécessite pour les intervenants un entraînement au cours duquel on a répété les choses dans la mesure où la spécificité de ces interventions réside essentiellement dans le temps que l’on va rester en stationnaire sur zone. A terre on va pouvoir éventuellement prendre 30 minutes sur place pour un infarctus avant de transporter la victime, c'est-à-dire le « stabiliser ». Alors qu’en milieu maritime, et plus on est loin, moins on a de temps sur place pour repartir avec l’hélicoptère, dans la mesure où l’on ne peut ravitailler ce dernier en carburant en pleine mer. On a soit la solution de rester à bord si la situation le nécessite vraiment, soit on dispose d’un temps très court, ce qui nécessitera de travailler dans l’hélicoptère. Il y a un temps de mise en place qui est long, faire décoller un hélicoptère médicalisé va prendre du temps, mais par contre on va en gagner par la suite. Le message est donc de transmettre ses bilans au CROSS en demandant éventuellement l’intervention ou la régulation médicale, pour qu’on soit le mieux à même de juger si l’on peut apporter une plus-value avec une médicalisation sur zone, ce qui est désormais possible. La bonne personne qui va évaluer la nécessité ou pas de demander l’envoi d’une équipe médicalisée est l’interlocuteur qui sera en communication avec le témoin, c'est-à-dire le médecin du centre de régulation maritime qui posera toutes les questions nécessaires, en s’aidant au besoin des moyens modernes de communication. Dr Patrick Roux, du CCMM Toulouse Il faut savoir qu’il existe des textes réglementaires, entre autres une circulaire de l’OMI de 2000 qui impose au CROSS, à partir du moment où il est sollicité pour un problème médical survenu à bord d’un navire- un problème médical n’étant pas pour nous synonyme de maladie mais pouvant aussi représenter un traumatisme ou un accident- de mettre l’appelant en relation avec un médecin. Or chez nous, le médecin référent est celui du CCMM, qui est le centre officiel désigné en France. Des centres identiques existent dans d’autres pays européens, voire dans d’autres pays. Cet objectif de régulation peut donner à l’appelant l’impression de perdre du temps, alors qu’on en gagne au final. Notre souci permanent, c’est l’intérêt du patient. Ce n’est pas parce qu’on se situe à un mille de la terre qu’on est forcément sauvé. L’objectif consiste pour nous à acheminer le patient vers la structure qui va être véritablement capable de le prendre en charge, et celle-ci n’est pas nécessairement la structure de proximité. La proximité en mer est donc parfois trompeuse, que ce soit en termes de délai de déclenchement des secours, ou en termes de possibilité pour un navire d’accéder aux quais. 28 Il est donc important d’avoir un médecin en ligne, qui puisse rassurer des gens qui se trouvent dans un environnement hostile. Avoir quelqu’un au téléphone qui va vous rassurer, vous dire qu’on s’occupe de vous et qu’on va mettre en place une stratégie constitue un point fondamental. Dr Christophe Berranger En relation avec un SOS, différents acteurs vont être sollicités et vont engager via la régulation maritime, éventuellement mais pas toujours, une médicalisation en mer, soit côtière, soit hauturière. On peut en effet aller relativement loin avec les machines modernes, et là on va gagner un temps important sur le retour, y compris sur le point de chute car tout sera préparé à l’arrivée du patient. Concernant l’hypothermie, les mécanismes du refroidissement sont assez complexes mais on peut les résumer assez simplement en sachant que lorsqu’on est immergé, on va se refroidir grosso modo à peu près 25 fois plus vite que dans l’air. Il faut faire passer un message fort aux sauveteurs en ce qui concerne le temps de survie : une victime étant dans l’eau, on sait que son temps de survie va être compté, mais il est important de souligner qu’il peut être relativement prolongé. Il ne faut donc pas baisser les bras, mais organiser sa recherche sous l égide du CROSS, utiliser plusieurs moyens de sauvetage, engager des moyens lourds, car même au bout d’une heure, on peut avoir de très bonnes surprises. Même si la personne est retrouvée en situation de mort apparente ou presque, on dispose de techniques de médicalisation et de réanimation qui permettent de lui préserver ses chances de survie. Pour donner un ordre d’idée, dans de l’eau entre 15 et 20°, la période de survie est relativement longue, soit environ deux heures, variant évidemment suivant la tenue de la victime (équipement de flottabilité, port de vêtements chauds). On n’a donc pas le droit de baisser les bras lorsqu’on est sauveteur et il faut se donner tous les moyens. Un deuxième message à faire passer concerne les moyens de défense qui passent par l’isolement du froid. Il vaut mieux sortir de l’eau quand on le peut, se sécher, s’abriter du vent qui entraîne un refroidissement, se mettre en position latente, essayer si l’on s’endort de trouver quelque chose qui va vous maintenir en surface, même si l’on est amené à perdre conscience, car ce n’est pas parce que l’on perd conscience et que l’on va descendre en température au-dessous de 28°que toutes les chances de survie sont abandonnées. L’intervention médicale lorsqu’on ira chercher la personne et qu’on la retrouve sera fondamentale. Parmi les réactions de la victime, on remarquera le frisson au réchauffement qui est très impressionnant. Il faut le respecter car c’est un mécanisme de défense qui va consommer de l’énergie mais qui produit de la chaleur. Et puis bien sûr, la victime ne doit pas boire d’alcool ni faire d’efforts physiques car ceux-ci augmentent le débit cardiaque, et le refroidissement est accéléré. Enfin lorsque l’on porte un vêtement sec dans lequel on met de l’air (à destination professionnelle), on multiplie par 2, 3 voire 4 sa durée de survie lors d’une immersion. Le massage est donc qu’il faut adapter sa tenue vestimentaire aux conditions dans lesquelles on navigue. Intervention du Dr Jean-Marc Le Gac, de l’Association Med-Mer, médecin urgentiste L’Association Med Mer dont j’assure la présidence a fait de la prévention des plaisanciers un de ses credo. Elle a dix ans d’existence. Nous sommes quatre médecins, et y participent des coureurs au large et des plaisanciers de façon à ce qu’elle soit une plate-forme d’échanges pour avancer en termes de formation. Les formations sont prodiguées à Lorient sur l’ancienne base sous-marine. La formation est faite pour éviter l’accident, comprendre au moins ses conséquences et voir comment on peut en limiter les effets. Lorsqu’il y a des accidents, les gens qu’on rencontre nous expliquent souvent « j’ai provoqué quelque chose, j’aurais pu éviter la chose », et c’est là- dessus qu’on les fait réfléchir. C’est une partie de la formation. On insiste sur la prévention qui commence par la préparation. On a parlé ainsi des dotations médicales de bord. Avoir une bonne dotation c’est compliqué, la faire quand on n’est pas médecin, c’est difficile, et avoir une dotation qui soit connue de l’organe de régulation de façon à ce qu’on ne passe pas du temps pour énumérer les 29 médicaments qui sont à bord et peuvent éventuellement être utilisés, c’est déjà quelque chose qui fait partie de la formation. Et on voit aussi qu’avant l’accident il y a des choses simples qui peuvent être analysées, à savoir maitriser l’énergie. A partir du moment où l’on explique à un plaisancier la conséquence d’attraper une courroie de moteur, un bout qui file, les conséquences que ce la peur avoir sur un doigt, une fracture ouverte, des plaies, c’est très difficile à réparer et peut-être que lorsqu’on comprend ces conséquences, on évite de faire des gestes qui éventuellement ne seront pas résolubles à bord. On a d’autres choses qui sont simples, c’est séparer dans l’espace. Ainsi, le match du pied contre la poulie est perdu d’avance, sauf si on met quelque chose entre les deux comme une chaussure, ou sauf si on déplace la poulie. Pour cela il faut réfléchir avant, et ce n’est pas le travail du médecin mais celui du marin. Et quand le médecin explique les conséquences du traumatisme ou de la fracture ouverte, le marin se demande comment il va faire pour réparer cela à bord. « Peut-être vais-je essayer d’éviter l’accident, et je peux le faire ! » Il faut éviter la libération d’énergie connue. A bord, il n’y a que de l’énergie, ce qui fait avancer les bateaux. Parer à virer permet d’éviter le coup de baume, mais peut être qu’il y a autre chose. Ainsi si l’on parle d’hypothermie, en cas de chute à l’eau, maîtriser l’énergie, c'est-à-dire éviter d’avoir la perte d’énergie. Donc s’équiper de vêtements si je risque de tomber à l’eau. Séparer dans l’espace, ce sont les filières de sécurité, c’est avoir une ligne de vie. Et si jamais je tombe à l’eau, séparer dans l’espace les voies aériennes de l’eau qui va me noyer, donc avoir un vêtement adapté de façon à ce que l’eau ne pénètre pas dans mes voies aériennes. Eviter la libération d’énergie connue, c’est l’hypothermie, une perte d’énergie du corps humain, de façon à ce que lorsqu’on récupère la victime, on la récupère vivante. Donc avoir des vêtements adaptés, ce qui est valable notamment pour les kite-surfers et les véliplanchistes. On explique tout cela, et l’on s’aperçoit que l’accident n’est plus rarement une fatalité, et que nous n’avons plus grand-chose à faire. Sauf que malheureusement, de temps en temps, malgré toutes ces précautions, l’accident arrive. Mais la prévention continue avec la connaissance de la chaîne de secours. Ce n’est pas au moment où le problème survient qu’il faut découvrir ce qu’est le CCMM, le CROSS, la VHF et son fonctionnement, qui appelle t’on en fonction de la distance à la côte, a-t-on les moyens de communication, les a-t-on testés avant de partir. Et la prévention continue encore, car sachant qu’il faut du temps, une heure environ avant que l’hélicoptère ou la vedette de la SNSM n’arrivent et qu’il y ait un docteur à proximité pour prodiguer les premiers soins, il faut savoir entre temps faire des soins. Prévention encore dans le fait d’avoir une bonne assurance. Si l’on est loin des côtes françaises et qu’on doit être rapatrié, on peut avoir de très mauvaises surprises si l’on n’ a pas prévu cette assurance. On enseigne donc tout cela aux plaisanciers. Pour les professionnels, il existe une réglementation très rigoureuse et complète, alors que pour les plaisanciers, c’est un peu plus erratique, mais il existe cependant des règles internationales de la régate, et l’on se fie à ces dernières pour inventer quelque chose et édulcorer une formation pratique, formation qui est habilitée en France par la FFV. On pratique la formation avec le CEPS (Centre d’Etude et de Pratique de la Survie) La formation ISAF comporte deux parties, une partie sauvetage avec des actions telles qu’enfiler une combinaison de survie, mette des gens dans l’eau avec une combinaison de survie, monter dans un radeau de survie, utiliser des feux à main, et une partie médicale, savoir faire un bilan, savoir pratiquer les premiers gestes de secours et parfois des gestes un peu plus poussés. Il y a deux niveaux dans cette formation médicale. Le niveau basique d’abord, qui est sanctionné par un papier que tous les coureurs au large sont censés détenir pour partir en course. Ce niveau comporte une demie journée au cours de laquelle on explique ce qu’est un bilan médical, avec la particularité qu’on se trouve au loin et que ce n’est pas uniquement l’urgence vitale qui est concernée, mais également la façon dont on surveille une maladie, sachant qu’on va pouvoir peut-être bénéficier d’instructions données par la CCMM. Il faut savoir donner les signes pour pouvoir être dans les mains du médecin à distance, et surveiller l’évolution de la pathologie. On donne aussi des conseils sur la façon de constituer une dotation médicale de bord, à partir de pharmacies existantes, et en particulier de dotations médicales de bord proposées par le CCMM, sachant qu’en utilisant les drogues proposées par l’organe régulateur, on parle le même langage que lui. 30 Et puis il y a le stage de secourisme qu’on appelle le PSE1, stage obligatoire mais qui présente l’inconvénient d’être adapté au milieu urbain. Or, par exemple, l’arrêt cardiaque en pleine ville n’est pas la même chose que l’arrêt cardiaque survenu à deux milles des côtes. Il faut donc adapter cette réalité et expliquer aux gens la particularité de l’arrêt cardiaque, ou l’impression de l’arrêt cardiaque dans l’hypothermie, car on peut avoir à cette occasion des gestes éventuellement inappropriés. On adapte donc ce stage pour le rendre proche de la réalité maritime. Puis il y a le niveau 2 destiné aux professionnels qui vont faire le tour du monde. Là il y a des gestes techniques qui sont édictés par les règles internationales, parfois étonnantes : savoir faire une suture, poser une intraveineuse, poser une perfusion sous-cutanée, effectuer éventuellement des tests intra-osseux, poser des immobilisations, toutes choses qui peuvent être accessibles pour le béotien, qui fort heureusement s’en sert rarement. Le mieux, bien entendu, c’est de venir voir et de faire, c'est-à-dire pratiquer. On propose donc à nos stagiaires de venir deux jours aux urgences. Ainsi ils voient et font avec nous, mettent la main sur un ventre douloureux, écoutent quelqu’un qui a du mal à respirer, ils savent ce que c’est… La formation médicale est donc surtout de la prévention qui repose sur la formation, la dotation médicale, les moyens de communication et la connaissance de leur emploi. Le but du stage est d’essayer d’empêcher les stagiaires d’avoir l’impression d’être médecin, on les met en garde sur ce point, et c’est dépister les signes de gravité de façon à alerter à bon escient, pour que le médecin à distance ne soit pas démuni et obligé de poser quinze mille questions pour savoir ce qui se passe, et arrive très vite à cibler la situation. Sur les grands bateaux, cela va très vite, et la traumatologie rencontrée à bord se rapproche de celle que l’on trouve avec les véhicules terrestres. On va donc doter les coureurs d’attelles pour immobiliser un malade s’il a éventuellement une fracture du rachis ou du fémur. On les équipe et on leur montre comment s’en servir. Il y a un échange qui nous permet de trouver les médicaments qui vont bien à bord. On trouve un peu dans l’esprit marin ce qu’on trouve dans notre esprit médical en conversations et en échanges, ce qui est assez sympathique. On est toujours un peu dans un processus de recherche, pour essayer d’avancer au maximum et proposer pour les futurs marins des solutions encore plus pertinentes. C’est eux qui font les courses, qui sont confrontés à ces problématiques, qui nous apportent des témoignages importants pour faire avancer nos connaissances en la matière. Nous avons deux stages par mois avec une quinzaine de stagiaires par stage, moitié-moitié professionnels et plaisanciers lambda voulant par exemple traverser l’Atlantique ou ayant un projet familial. Le mélange est intéressant car ils s’apportent des éléments entre eux et cela fonctionne bien. Sachant qu’il y a d’autres organisateurs de ce type de stage, il existe donc un outil susceptible de répondre à une demande croissante de formation, si elle s’exprimait. Pour terminer, il y un module de formation aux premiers gestes de secours à inventer chez nous qui soit vraiment adapté mer, car les gestes de secours de base sont différents en milieu urbain et en milieu maritime. Et comme le suggère le Dr Chauve en constatant qu’un nombre croissant de seniors à la retraite naviguent autour du monde, et développent des pathologies liées à leur âge, une formation spécifique pourrait être dispensée à cette catégorie de pratiquants de la mer. Intervention du Dr Patrick Roux, du CCMM Toulouse Le CCMM est le centre de consultation référent en France, et s’occupe très majoritairement des professionnels de la mer. Sur l’année 2010, il a pris en charge 1900 patients au travers de 4000 consultations, soit en gros un peu plus de 10 consultations par jour. Un médecin par jour assure la permanence, sachant que lorsqu’on parle de consultation, c’est bien une vraie consultation. Cela n’ a rien à voir avec un appel à un SAMU dans le cadre d’une régulation faite par un centre de réception des appels du type centre 15, où l’on va vous poser des questions pendant trois ou quatre minutes, sachant que derrière on va se faire une idée de la pathologie, et l’on sait que dans le quart d’heure, on aura une ambulance , un véhicule de pompiers ou du SAMU, ou un médecin de garde dans la demie heure qui suit, ou vous serez dans un service d’accueil des urgences. C’est une vraie consultation, un acte médical exactement comme lorsqu’on va voir son médecin. A Toulouse, on 31 prend en charge en gros 20% de plaisanciers dans l’année, le volume d’activité de la plaisance augmentant pendant la période allant du 15 juin au 15 septembre. Le CCMM est appelé pour tout, cela va de l’otite jusqu’à l’arrêt cardio-respiratoire, en passant par tout ce que l’on peut imaginer, le noyé, le syndrome dépressif, l’infarctus, l’infection urinaire, etc… Au départ, notre activité est consacrée aux professionnels de la mer, parce qu’ils sont dans un cadre très réglementé. Ces derniers ne se posent pas de question. Quand survient un problème médical à bord d’un navire, leur réflexe est d’appeler le CCMM, parce qu’ils ont été formés. En mer, chez les professionnels, le capitaine du bateau, en plus des missions auxquelles il est confronté, est responsable des soins à bord de son navire, il assure la santé et la sécurité des personnes qu’il transporte, professionnels ou passagers. Les professionnels ont donc cette culture, toute une somme de connaissances acquises peu à peu, concernant les premiers secours, la gestion d’une dotation médicale, l’examen du patient. Les plaisanciers ne se trouvent pas dans ce contexte là, et pourtant ils peuvent se trouver confrontés aux mêmes problèmes. Et ce qui a été anticipé au niveau des professionnels de la mer doit à notre sens être anticipé de la même façon par les plaisanciers, comme cela se fait, on vient de le voir, chez les coureurs au large et les plaisanciers qui se lancent dans une transatlantique ou un tour du monde. On commence à voir assez régulièrement des gens qui se disent « Je pars en mer, comment vais-je gérer cette situation ? » Certains prennent contact avec le CCMM, notamment via notre site, et nous sollicitent en nous exposant leur projet de navigation, dans telle ou telle zone, en famille , avec des amis , avec des enfants, que doivent-ils faire ?. Tout ce qu’on vous a exposé durant cette table ronde tient en un maître mot : anticipation. C’est ne pas se trouver confronté aux événements, et se dire maintenant qu’est-ce que je fais ? C’est se dire avant de partir, a-t-on les capacités de partir, a-t-on l’aptitude physique nécessaire pour assurer cette activité de navigation ? Et si l’on est capable, il faut se dire qu’on évolue dans un milieu hostile, inhabituel, même si c’est quelque chose qu’on pratique régulièrement. Lorsqu’on se lance un peu loin, on va se trouver confronté à des événements liés à l’environnement. A l’analyse des chiffres, on relève moins d’accidents que de maladies, et curieusement, dans l’intellect des gens, la seule question à laquelle on pense, c’est l’accident. On pense à la chute, à la blessure, etc… mais pas au fait qu’on peut faire une gastro-entérite ou une infection urinaire. Les motifs pour lesquels nous sommes le plus sollicités sont les lombalgies, les coliques néphrétiques et des pathologies infectieuses. En mer, tout ceci évolue plus vite du fait des caractéristiques propres à la navigation. Un premier facteur pour lequel ça se dégrade, c’est qu’on a tendance à se dire que cela va passer. On nie un peu le problème et on retarde la prise en charge. Quand survient un problème médical, la règle que nous donnons est donc : « Comportez vous en mer comme vous vous comporteriez à terre. Il se passe quelque chose d’inhabituel, j’ai donc besoin rapidement d’un avis médical, et ce n’est pas dans deux heures qu’on va me le donner. » On est apte à naviguer, on s’approprie le fait qu’on peut tomber malade, et si l’on veut solliciter un conseil, il faut disposer de moyens de communication. Quand on est à proximité, tout le monde en a, on en a même trop, mais quand on est loin, on se dit souvent que de toute façon on est loin, et advienne que pourra. Non, quand on part en mer pour un transat, pour un tour du monde, il faut se donner les moyens de communiquer et d’entrer en relation avec quelqu’un qui puisse vous aider. Et parmi ces moyens, il y a la télémédecine qui fait appel aux nouvelles technologies. Un appareil photo numérique et un téléphone portable vont permettre parfois de transmettre au médecin la photo d’une plaie, de boutons, de phénomènes visualisables, photo qui va permettre de gagner 10 minutes surtout quand on a en face de soi une personne qui a des difficultés à transmettre des informations, ce qui compréhensible car nos interlocuteurs ne sont pas des médecins. On peut ainsi bénéficier d’outils qui peuvent nous aider dans la pratique dans le but d’optimiser la consultation et de parvenir au diagnostic que seul un docteur en médecine est habilité à faire. Notre objectif est donc que les gens nous apportent de l’information, le maximum d’informations, pour que nous puissions arriver au plus près du diagnostic. Je dis toujours à ceux que nous formons : « Nous sommes un logiciel, et si n’alimentez pas en données ce logiciel, il ne fonctionnera pas » Pour finir, il ne faut pas partir sans une dotation médicale adaptée à la navigation et au type d’activité que l’on va connaître. Plus on est près, moins on a besoin de choses. Mais ce n’est parce qu’on est près qu’on a le droit de rien avoir. Et plus on va loin, plus on a besoin de choses dans 32 l’optique où l’on va mettre plus de temps à aller vous chercher. La dotation –qui, notons le, fait actuellement l’objet de recommandations et non d’obligations-doit être préparée. Le CCMM a mis en place un certain nombre de dotations qui sont adaptées à ces types d’activité pour gérer l’urgence. Mais en plus de la dotation, le médecin traitant peut préconiser un complément en face de spécificités telles que des risques particuliers présentés par le naviguant. Pour résumer, l’idéal est d’anticiper, ne pas attendre que quelque chose s’installe et que cela se dégrade, et ne pas croire qu’il n’y a que des traumatismes qui peuvent vous arriver. Intervention du Dr Charles Hudelo, cardiologue, médecin référent SNSM En préambule, et à propos de la formation au brevet de secourisme, je rebondis sur ce qu’a dit le Docteur Le Gac. Au sein de la SNSM, le dossier formation constitue un point extrêmement important. Il parlait de diplômes de secourisme qui sont des diplômes terrestres, urbains pour reprendre ses propos. Et c’est vrai que dans la pratique, nos canotiers secouristes nous disent que cette formation est très importante mais pas forcément adaptée à l’environnement maritime. Mettre une victime en position latérale de sécurité à terre quand ça ne bouge pas et le faire sur un bateau dans le volume réduit d’une timonerie, c’est difficile, c’est différent. Et Il donc il faut adapter la formation. Tous sont d’accord, le milieu associatif, le CCMM, les médecins de la course au large, pour apporter un plus à cette formation. Au sein de la SNSM, on a lancé depuis quelques mois un travail de réalisation de fiches réflexes et on va développer des thématiques spécifiques au secourisme maritime, l’hypothermie, l’accident de plongée, tous ces thèmes qui ne sont pas forcément abordés dans les diplômes de secourisme terrestre. Ces thématiques sont regroupées sous le vocable de « premiers secours maritimes ». On va aller jusqu‘au bout, mais on ne va pas le faire seuls, car nous devons faire participer tous nos confrères et tout le milieu associatif, parce que nous parlons tous le même langage et on a tous pensé à la même chose. Et au plus haut de l’arbre décisionnel, que ce soit les Affaires Maritimes, le Service de santé des Gens de mer, la Direction de la Sécurité civile, nous sommes très écoutés sur la question, et je pense que ce dossier qui a encore été relancé tout récemment avec des discussions qui avancent bien, aboutira. Mais c’est un travail qui doit être collectif. Dernier sujet de cette table ronde médicale, je vais vous entretenir du défibrillateur. Nous avons un enjeu de santé publique qui se présente à nous, puisque la mort subite concerne dans notre pays 40.000 personnes. Quand on parle de mort subite, il s’agit de quelqu’un qui va s’écrouler devant vous en arrêt cardiaque sans signes avant coureurs. La meilleure illustration en est le sportif de haut niveau en pleine forme qui s’écroule subitement au cours d’un match. Sur les 40.000 victimes d’une mort subite, seulement 3 % survivront, chiffre qui doit être rapproché des données statistiques relevées dans certaines villes américaines où l’on a un taux de survie de 30 %, c'est-à-dire un rapport de un à dix. La mort subite en mer est beaucoup plus confidentielle et ne concerne que quelques dizaines de personnes. Les décès sont plus des accidents à la mer, des personnes victimes d’un chavirage, des accidents de plongée, la noyade, soit au total selon le rapport des CROSS, 219 personnes auxquelles il faut ajouter les personnes disparues. Pourquoi un taux de survie si bas et que faire ? Il est important d’exposer rapidement le concept de chaîne de survie. Lorsqu’on est témoin d’une victime qui va présenter une détresse vitale, et en l’occurrence l’arrêt cardiaque, la première intervention est l’alerte précoce. La seconde est la mise en place rapide de gestes de réanimation, la troisième l’utilisation d’un défibrillateur, si l’on dispose de cet équipement, tout ceci dans l’attente en quatrième lieu de l’arrivée des secours médicalisés. En France, on est bon sur la première étape. L’alerte est plutôt donnée précocement que ce soit sur terre ou en mer. Pour la quatrième étape, on dispose d’une médecine d’urgence pré hospitalière de qualité et reconnue internationalement. Nous ne sommes pas bons sur la deuxième étape. Le nombre de citoyens formés aux gestes qui sauvent est inférieur à 10 %, ni sur la troisième étape, quoique les choses s’améliorent avec la mise en place de défibrillateurs dans les lieux publics. Les deux étapes nécessitant un progrès pour faire évoluer la chaîne de survie expliquent quasiment à elles seules ce taux de survie de 3 %. 33 Je vous ai apporté un défibrillateur maritimisé tel que nous en avons à bord des canots de sauvetage de la SNSM. C’est un outil extrêmement simple et dans certains pays, la formation à son emploi a lieu dès l’école communale, dès que l’enfant sait lire et coordonner ses mouvements. Ici, le défibrillateur est dans sa coque de protection prévue pour nos canots. Dans les lieux publics, le défibrillateur n’est pas enfermé et visiblement très accessible. L’outil est constitué de deux éléments, un boîtier et un jeu d’électrodes. Son action est de permettre la réalisation d’un choc électrique externe. Il intègre une aide vocale pour que le secouriste ou le citoyen non secouriste diligente des gestes coordonnés, aide vocale qui a un aspect rassurant. Très schématiquement, le cœur est une pompe, un muscle qui a besoin d’une commande électrique pour fonctionner. Cette commande doit être synchrone, et pour être efficace, doit être régulière. Les deux électrodes vont être placées sur le thorax du patient et vont encadrer le cœur, et la première partie de l’action du défibrillateur va être de faire une analyse du rythme cardiaque du patient. Dés qu’il aura repéré un trouble de ce rythme, en particulier une fibrillation ventriculaire, il va donner un ordre vocal pour la réalisation d’un choc électrique. Ceci est très important, car 80 % des 40.000 morts subites sont dus à ce défaut du rythme cardiaque, et c’est donc là qu’intervient le défibrillateur en proposant la réalisation d’un choc électrique. A ce stade, soit on dispose d’un défibrillateur semi-automatique (DSA) et lorsque le choc est proposé, on doit faire le geste d’appuyer sur un bouton, soit on a affaire à un défibrillateur entièrement automatique (DAE) et lorsqu’il propose la réalisation du choc, il le fait sans intervention humaine. Dans le contexte maritime, ces défibrillateurs équipent maintenant nos canots de sauvetage et nos postes de secours. Il faut d’emblée dire à notre population de secouristes qu’il n’y a aucun risque pour eux à utiliser un défibrillateur en milieu humide. Il n’a aucun cas relaté dans la littérature d’accident survenu à des gens utilisant cet équipement, et en particulier en milieu humide. Mais il y a des règles de précaution qui sont établies, une check-list qu’il faut respecter, des règles de bon sens : dégager la victime si elle est dans une flaque, ne pas la traîner loin, l’isoler si possible du sol, glisser éventuellement un plan dur sous la victime, essuyer rapidement la poitrine pour que les électrodes fonctionnent mieux, éviter que le défibrillateur traîne dans l’eau, et enfin ne pas toucher à la victime. Où trouve t’on actuellement des défibrillateurs en mer ? Les unités en mer qui sont en charge des secours à personnes, et en premier lieu la SNSM, sont maintenant dotées de défibrillateurs. Nous avons eu il y a maintenant deux ans une politique très ambitieuse, avec l’aide de la Fondation Total, d’équiper toutes nos unités avec des matériels brevetés étudiés pour une situation dans des conditions de mer. Des questions se posaient au départ. On enseigne que sur terre un défibrillateur doit être utilisé quand ça ne bouge pas, ce qui pouvait poser un problème en mer. Par ailleurs, les champs électromagnétiques pouvant exister sur nos bateaux ne risquaient-ils pas d’engendrer des interférences et fausser l’analyse des défibrillateurs ? Tout cela a été étudié avec des réglages usine spécifiques. Si bien que l’on peut dire aujourd’hui que l’utilisation d’un défibrillateur sur un bateau ne pose aucun problème de contre-indication. La Marine Nationale a fait la même démarche il y a quelques années et ses bateaux sont équipés de défibrillateurs. Les remorqueurs de haute mer s’en équipent. Dans le milieu professionnel, au niveau de la marine marchande, le seul cas où il est obligatoire d’avoir dans la dotation un défibrillateur, est celui des navires à passagers. Dans toutes les autres situations, navires de commerce ou de pêche, la présence d’un défibrillateur dépend d’une décision de l’armateur. C’est de l’initiative d’entreprise, mais il n’ya aucun cadre légal d’obligation de mise en place d’un défibrillateur. En fait, les compagnies de navigation françaises ont passé le pas depuis longtemps et ont équipés leurs bateaux de défibrillateurs. Le coût de ces derniers varie entre 1000 et 1500 €, prix qui a tendance à diminuer avec l’augmentation de la demande. Pour la plaisance, il n’y a aucune indication à inclure un défibrillateur dans la dotation. Les choses évolueront peut-être. On parlait tout à l’heure de l’évolution des pratiques de la mer, avec notamment des seniors qui ont pu avoir des antécédents cardio-vasculaires et qui souhaitent cependant faire de la croisière. Dans quelques années, pourquoi pas, le défibrillateur fera partie d’une dotation logique de bord. Nos amis américains ont déjà passé le pas, puisqu’on voit fleurir cet équipement dans la dotation de leurs bateaux de plaisance. Pour le navigateur solitaire en revanche, le défibrillateur ne présente pas d’intérêt. 34 Sur la côte, en façade maritime, en dehors des postes de secours où l’équipement est présent, tous les cas où l’on peut trouver un défibrillateur relèvent actuellement d’une initiative locale. Soit on a au sein des communes des élus très sensibilisés par la question et qui décident de mettre en place des défibrillateurs, soit en entreprise, cette mise en place est décidée par le chef d’entreprise ou par son responsable sécurité. Il en est de même dans les ports de plaisance. Une mort subite survenue il y a quatre ans sur un ponton a énormément marqué les esprits, entraînant la mise en place d’un défibrillateur dans un yacht club du Nord et une demande de formation (PSC1) de la part des membres de ce club. Cependant, on accuse du retard en France. La formation de masse est très importante, et durant leurs études, les jeunes ont une formation PSC1 rendue obligatoire en troisième. Ce qui a aussi changé la donne, c’est le décret du 4 mai 2007 qui permet à toute personne même non secouriste, si elle a un défibrillateur à disposition sur un lieu public, de l’utiliser. Pour l’avenir, on attend des politiques qu’il y ait promulgation d’une loi obligeant d’avoir des défibrillateurs dans les lieux publics, à l’instar de ce qui existe pour les extincteurs, et de ce qui a été décidé récemment pour les détecteurs de fumée dans les biens mis en location. Nous sommes actifs dans ce domaine, avec notamment nos tournées d’été avec nos partenaires de l’association RMC-BFM. Nous allons lancer un projet collaboratif pour sensibiliser et promouvoir l’installation de défibrillateurs. Des premiers contacts ont déjà été lancés avec l’ANEL et la FFPP. Nous souhaitons poursuivre le mouvement, faire avancer les choses dans ce domaine, et si possible aussi sensibiliser les élus décideurs. En conclusion, si l’on veut augmenter ce chiffre de 3 % et tendre vers les 30 % constatés outre Atlantique, il faut de la formation et la multiplication du nombre de défibrillateurs dans les lieux publics. VERS UNE PREVENTION PLUS COLLABORATIVE Catherine Chabaud J’invite Peter Chennell, Sea safety manager à la RNLI (Royal National Lifeboat Institution-GB), Antoine Pichon, secrétaire général du CSNPSN (Conseil supérieur de la Navigation de plaisance et des sports nautiques) et Bénédicte Caillé-Malpel, directrice de la communication de la SNSM, à me rejoindre pour cette quatrième table ronde consacrée au le thème « vers une prévention plus collaborative ». Intervention de Peter Chennell, directeur de la sécurité en mer à la RNLI La mission de la RNLI est de mettre fin à la perte évitable de la vie en mer. Traditionnellement, elle le fait en fournissant un service de sauvetage en mer, mais depuis les dix dernières années , la RNLI fournit aussi un service de maîtres nageurs sauveteurs, et elle fait de l’éducation à la sécurité, comme ses cousins de la SNSM. Plus de la moitié de nos interventions concernent les bateaux de plaisance, et notre approche vis-àvis de la plaisance est d’utiliser six messages simples : suivre une formation adaptée à son type de navigation, vérifier la météo et l’état des marées, contrôler votre moteur et votre carburant, disposer d’un moyen de faire appel aux secours, informer quelqu’un où vous allez et quand vous allez, et surtout porter un gilet de sauvetage. Le port d’un gilet de sauvetage est ce qui a le plus d’impact sur le nombre de décès en mer, et nous sommes tous conscients de cela. Le gilet de sauvetage n’est pas un article de mode, mais il est aujourd’hui relativement confortable, relativement petit et discret, et on peut le porter dans un environnement de loisirs avec confort et confiance. Il est important de penser que le gilet est un équipement banal de navigation, -dans le passé c’était quelque chose que l’on portait quand le navire coulait-, qu’il n’est pas une nouveauté. Ce n’est pas quelque chose difficile à porter, et c’est un équipement de tous les jours. Tout le monde sait qu’il peut faire la différence et que c’est une évidence. Alors pourquoi les gens ne le portent-ils pas ? Il convient ici de réfléchir sur les conditions dans lesquelles les gens profitent de leurs loisirs et pourquoi ils ne portent pas de gilets de 35 sauvetage. Voici une image classique d’un groupe de jeunes non équipés de gilets et qui manifestent leur joie de naviguer ensemble. Ces jeune s’amusent, passent du bon temps. Il n’y a pas de risque apparent, et la plupart du temps tout se passe bien. Les gens sont souvent inconscients qu’il y a un risque, inconscients des suites si la situation tourne mal, et même s’ils comprennent le risque, ils ne sont pas prêts à y porter attention. Il y a deux moyens pour obtenir que les gens comprennent la nécessité de porter un gilet, la législation, et plus positivement, la formation, l’éducation. Et nous qui « recollons les morceaux » pensons que nous avons ici notre rôle à jouer, car les gens nous écoutent en raison de notre notoriété et de nos connaissances en matière de sécurité. Nous devons comprendre la psychologie des plaisanciers, l’état d’esprit des gens dans l’environnement où ils se trouvent, comprendre pourquoi ils semblent ignorer le risque et considérer que rien ne peut mal tourner. Mais si nous devons leur parler, nous devons trouver le moyen de le faire dans leur propre langage et leur propre environnement, et non dans les nôtres. Il faut être raisonnable, ne pas offenser ou aliéner notre audience, utiliser des arguments simples et faciles. Ainsi nous utilisons l’accroche « Useless unless wear » que l’on peut traduire par « Inutile à moins d’être porté ou sauf s’il est porté », que nous préférons à l’accroche américaine « Wear it ». Utilisant différentes annonces, nous avons mené avec quelque succès des campagnes dans la presse spécialisée, mais la façon la plus efficace selon nous pour obtenir un changement de comportement, c’est le face à face à bord ou sur les quais. La RNLI a mis au point une « clinique du VFI » sous forme d’une remorque contenant un atelier VFI géré par des bénévoles. Les plaisanciers sont invités à y apporter leur gilet, et les bénévoles leur montrent à quoi ressemble le gilet intérieurement, comment il fonctionne, comment on le plie et on le déplie, comment on change le kit, quels points respecter pour qu’il fonctionne bien quand nécessaire. Comment pouvons-nous savoir si nous réussissons à changer l’attitude des gens et leurs conduites ? Il faut le mesurer, mais comment le faire ? Il y a deux façons d’évaluer notre action. La première est d’utiliser les techniques d’études de marché. C’est coûteux, mais c’est crédible si le travail est effectué par des professionnels. Ou bien on peut recourir à des bénévoles qui vont observer si les gens portent leurs gilets et rapporter de résultat de leurs observations. C’est rentable mais peu rigoureux. Si les deux méthodes donnent les mêmes résultats, disent les mêmes choses, alors nous savons que nous allons dans la bonne direction. Et c’est bien le cas. On peut observer sur nos graphiques une légère augmentation du taux de port du gilet. Elle est lente, et il faut admettre que pour changer les comportements, vous devez avoir une stratégie à long terme. Rien ne changera du jour au lendemain. Est ce que la législation pourrait faire la différence ? Là où elle existe et où le taux de port du gilet est mesuré, on constate que le niveau de port du gilet est beaucoup plus bas. Par exemple, il est seulement de 22 % aux USA. Dans le Royaume Uni, j’imagine qu’il se situe autour de 40 %. Mais la législation récente en Irlande semblerait être une exception. La loi irlandaise stipule qu’un PFD (Personal Flotation Device) ou un gilet de sauvetage doit être présent à bord pour chaque personne et porté par chacun à bord, qu’un gilet doit être porté par les moins de seize ans, et que pour les bateaux de moins de 7 mètres, un gilet doit être porté à bord d’un bateau ouvert ou sur le pont. Et là, le niveau de port du gilet est considérablement plus élevé, soit environ 80 % ! Ailleurs, je ne pense pas qu’il y ait de volonté politique de légiférer en la matière, et les fonds manquent pour fournir les poursuites liées à une telle loi. Je ne sais comment procèdent les irlandais pour la faire respecter. Entre temps, nous savons que nous pouvons continuer à sauver des vies. Nous allons continuer à le faire, et jusqu’à ce que l’environnement de sécurité change, nous allons continuer de mener une campagne sur le port de sauvetage. Et nos continuerons par ailleurs à analyser notre retour d’expérience pour lequel nous disposons de nombreuses statistiques, lesquelles sont excellentes pour diriger un service de sauvetage, mais le sont moins pour mettre en œuvre un programme de prévention. Intervention de Bénédicte Caillé-Malpel, directrice du développement et de la communication de la SNSM 36 Avant de vous présenter rapidement l’historique de la prévention à la SNSM, je vous propose de vous passer deux petits films qui sont des illustrations d’une campagne que nous avons menée avec l’INC (Institut National de la Consommation) et qui fait partie du partenariat que nous avons construit avec cet institut pour sensibiliser le public avec deux messages, le premier pour les plaisanciers, le second pour les pratiquants du littoral. (Textes de ces messages) -« Aujourd’hui ConsoMag spécial sauvetage en mer vous donne des conseils pour prendre la mer en toute sécurité. Une émission préparée avec les Sauveteurs en Mer. Nous sommes au Port Bourgenay à Talmont Saint Hilaire. Eric Trichet dirige la station de sauvetage de cette ville balnéaire près des Sables d’Olonne . Comme lui, 3.500 hommes et femmes interviennent toute l’année pour secourir les vies humaines en danger sur les côtes comme au large. Mais la prévention fait aussi partie de leurs missions. Avant d’embarquer sur un bateau, il existe des règles à suivre. Voici quelques conseils à connaître pour prendre la mer en toute sécurité ». « Alors avant de prendre la mer, il faut s’assurer déjà de parfait état de son embarcation, faire les contrôles de tous les équipements de sécurité, les fusées de détresse, les gilets de sauvetage, bien s’informer des conditions de météo à venir avant de prendre la mer. Bien entendu, il y a également la vérification de la VHF qui vous permettra en cas de problème de pouvoir contacter le CROSS, le CROSS étant le Centre Régional Opérationnel de Surveillance et de Sauvetage, qui coordonne tous les moyens de secours en mer. Donc cette VHF vous permet de les contacter directement sur le canal 16. Au moment de prendre la mer, ce qui est impératif, c’est déjà de faire porter des gilets de sauvetage aux enfants. C’est une condition de sécurité élémentaire. Le port du gilet de sauvetage est conseillé également pour les adultes. La plupart des noyades en mer sont dues au non-port du gilet de sauvetage ; » « Lorsque vous partez en mer, prévenez toujours un proche de votre destination et de l’heure prévue de votre retour ». « En cas de danger, de problème à bord, la première chose, contacter le CROSS, et surtout, tant que le bateau flotte, rester à bord du bateau. Il est beaucoup plus facilement repérable pour les secours qu’une personne seule sur l’eau, voire même qu’une personne montée dans un radeau de survie » « N’oubliez pas ! Portez toujours un gilet de sauvetage à bord d’une embarcation. La radio VHF permet de contacter les secours au 16 ; à défaut de radio, composez le 16-16 avec un téléphone mobile. » -« Aujourd’hui dans ConsoMag spécial sauvetage en mer, comment profiter de la plage, une émission préparée avec les Sauveteurs en Mer. Durant la saison estivale, 1.400 nageurs-sauveteurs surveillent les zones de baignade aménagées le long du littoral. Ils portent secours aux baigneurs en danger, administrent les premiers soins aux victimes d’accidents, et bien souvent se chargent des enfants égarés sur la plage. ConsoMag s’est approché du rivage pour les rencontrer ». «La mission des nageurs-sauveteurs est la sécurité des estivants sur la plage et dans l’eau, donc du bord de l’eau jusqu’aux 300 mètres qui sont délimités par les bouées jaunes. En général, une zone de surveillance est de 200 à 300 mètres de part et d’autre du poste de secours. Elle peut être plus grande ou plus petite en fonction de la dangerosité de la plage ». « Pour 36% des Français, le risque de noyade est le principal danger lors de la pratique d’une activité en mer. Pour plus de sécurité, il ne faut pas dépasser la zone où la surveillance est assurée par les nageurs-sauveteurs ». « Bonjour Monsieur, vous nagez en dehors des 300 mètres, veuillez regagner la zone de surveillance, s’il vous plaît !». « Au moment de votre arrivée, renseignez-vous sur les particularités de la plage auprès du poste de secours. Respectez les indications fournies par les drapeaux ou les flammes hissées en haut du mât. Ils indiquent selon un code couleur précis les conditions de la baignade ». « Bien que les gens viennent sur une plage surveillée avec des maîtres nageurs, les gens sont responsables de leur propre sécurité ainsi que celle de leurs enfants. Donc, nous leur conseillons de garder leurs enfants toujours à l’oeuil , ne jamais les laisser partir se baigner seuls, et toujours être attentifs toute la journée ». « Bien que votre surveillance soit indispensable, vous pouvez aussi équiper les jeunes enfants de bracelets d’identification donnés gratuitement par les nageurs-sauveteurs. Attention aux matelas gonflables et aux canots pneumatiques qui peuvent vous entraîner rapidement vers le large ! Prudence et 37 prévention restent le meilleur moyen de passer de bonnes vacances au bord de l’eau ». « N’oubliez pas ! Baignez-vous dans les zones surveillées, restez vigilants, équipez les jeunes enfants de bracelets d’identification. Retrouvez une version longue de l’émission sur le site de l’Institut National de la Consommation Conso.net ». Ces ConsoMag sont diffusés sur les chaînes de télévision du Groupe France-Télévisions : France 2, France 3, France 5 et sur les bouquets satellites. L’an dernier, aux mois de juillet et août, période de notre campagne, 2.000.000 de téléspectateurs ont pu voir ces reportages cautionnés par l’INC qui nous a aidés à faire passer ces messages. Alors arrive-t-on à ce type de messages et comment avons-nous construit notre politique de prévention ? Au tout départ, comme à la RNLI, nous avons à la SNSM trois missions : sauvetage, formation et prévention. La prévention, c’est avant tout prévenir plutôt qu’intervenir. C’est au départ l’objectif prioritaire. En analysant les retours d’expérience des sauvetages, nous avons pu essayer de construire cette politique pour sensibiliser aux bonnes pratiques les usagers de la mer et du littoral. Quand on regarde ce qui s’est passé dans les dernières années, nous avons eu au début, à la fin des années 70, une problématique avec les plaisanciers, et nous allons voir quelques exemples de campagnes qui ont été mises au point avec l’ensemble des partenaires pour améliorer l’information et la sensibilisation des plaisanciers, puisque c’était un public majeur que nous secourions dans ces années (90% de plaisanciers parmi les bateaux assistés). Ensuite, dans les années 80, avec l’explosion de la pratique de la planche à voile, nous avons eu une problématique véliplanchiste. Puis dans la décennie 90, avec la démocratisation des loisirs nautiques et la baisse des prix du matériel avec l’émergence des grandes enseignes sportives, nous avons vu un tas d’activités nautiques émerger, qui nous ont aussi posé de nouvelles problématiques. Et enfin dans les années 2000, et encore aujourd’hui, nous avons vu l’émergence des sports de vitesse, jet ski, semi-rigide, kite-surf, qui nous mettent encore une fois dans un nouveau contexte. Comment donc avons-nous essayé de sensibiliser l’ensemble de ces pratiquants de sports et de loisirs nautiques ? Tout d’abord, nous avons essayé de décliner les bonnes pratiques par activité, ceci en partenariat avec les associations sportives qui sont très structurées et peuvent nous aider à construire le message et le diffuser dans leur réseau, avec les professionnels du secteur maritime, les acteurs privés et les organisateurs d’événements sportifs, majeurs pour nous puisque c’est à partir de ces événements que l’on peut passer les messages. Et dans la mesure du possible, nous essayons de prendre des grands témoins tels que les skippers et les sportifs de haut niveau pour faire passer ces messages. Nous utilisons plusieurs vecteurs pour faire passer ceux-ci : les démonstrations sur l’ensemble du littoral de toutes nos stations de sauvetage et centres de formation et d’intervention (CFI), les salons nautiques, le Record SNSM, les départs de courses au large, bien sûr le Forum Mer en Sécurité, le partenariat Tribord. Tribord est une marque de Décathlon spécifique du domaine maritime, avec laquelle nous développons des conseils de prévention à travers son site Internet, lequel est un site participatif avec tous les pratiquants de sports, et nous pouvons par ce biais toucher ces derniers et les sensibiliser. De la même façon, nous développons des fiches pratiques avec des acteurs tels que les assureurs, les mutualistes, les ports de plaisance. Au delà des pratiquants de sports nautiques, nous avons la problématique des usagers de la mer et du littoral, avec une approche un peu plus spécifique auprès des jeunes que nous considérons comme prescripteurs dans la famille. Pour toucher ces derniers, nous utilisons des leviers tels que les relais de l’Education nationale et les acteurs locaux qui nous accompagnent. Nous avons développé des bracelets d’indentification des enfants afin de retrouver ceux qui se perdent, soit entre 1800 et 2000 enfants retrouvés chaque année dans les postes de secours. Avec les mutuelles, nous distribuons annuellement 800.000 bracelets. C’est quelque chose qui fonctionne bien, qui rend un bon service aux familles et est bien relayé dans les médias. En partenariat avec la Maïf, nous avons également développé le Passeport pour la Mer, un kit pédagogique destiné aux professeurs des écoles pour sensibiliser les enfants qui vont faire des classes de mer, ou tout simplement dans le cadre des programmes pédagogiques. Ce kit est conçu pour que l’enseignant puisse faire travailler 38 les enfants plusieurs semaines dans les différentes matières avec un fil conducteur : la mer et la prévention. Avec le Passeport pour la Mer, 170.000 enfants ont été sensibilisés en 20 ans. Nous avons encore développé des tournées des plages Sauvegarde Junior avec Groupama et les collectivités locales dans le but de responsabiliser aux règles de sécurité l’enfant qui va savoir donner l’alerte, analyser un danger, connaitre les bonnes règles pour la baignade et les règles de précaution par rapport au soleil. Avec Sauvegarde Junior, depuis trois ans, 30.000 enfants ont bénéficié des ateliers sur les plages et 200.000 en centres de loisirs. Puis nous avons les Journées de la Mer organisées par les ministères et tous les institutionnels et qui nous permettent d’organiser des démonstrations et de faire passer des messages, et puis à travers toutes nos stations et CFI (Centres de formation et d’intervention), les animations et démonstrations locales telles que la percussion d’un radeau de survie, le déclenchement de fusées de détresse, l’appel au secours par VHF, l’hélitreuillage, la récupération d’hommes à la mer, les premiers gestes de secours. Plus spécifiquement pour les publics adultes, nous nous sommes associés avec la Fondation RMC/BFM pour passer des messages sur l’utilisation du défibrillateur, sa généralisation dans les lieux publics, et sur les premiers gestes de secours. 7.500 vacanciers sont ainsi initiés chaque année aux premiers gestes de secours et à l’utilisation du défibrillateur. Après les deux films réalisés avec l’INC, la seconde étape en 2012 tourne autour des essais comparatifs qui ont été présentés lors de la deuxième table ronde de ce forum. Et puis sur les ondes de Radio France et de Radio Bleue, nous passons pendant toutes les vacances des conseils de prévention sur la baignade, et un petit memo « Grandes marées » a été conçu, un petit guide des bonnes pratiques lors des marées à fort coefficient dont 700.000 exemplaires ont été distribués sur la façade Atlantique et Mer du Nord, grâce notamment à un partenariat avec Ouest-France. L’Association Nationale des Elus du Littoral (ANEL) et les ports de plaisance vont aussi nous aider à le diffuser lors de prochaines grandes marées. En ce qui concerne la démarche collaborative du Forum Mer en Sécurité 2011, l’idée à travers cette quatrième commission, est de pouvoir partager et diffuser des messagers de prévention mutualisés. Nous diffusons tous dans nos réseaux des messages, et l’idée est donc de coordonner les réseaux de diffusion pour optimiser l’impact des campagnes. Se mettre d’accord sur des messages simples et identiques pour tous. Et si l’on est plus nombreux à porter le même message, l’impact en sera certainement beaucoup plus fort. La première idée de campagne qui a émergé suite aux réunions de travail est une campagne de sensibilisation au port du gilet de sauvetage, avec un message et un visuel commun à l’ensemble des partenaires de la démarche Mer en Sécurité « Le gilet de sauvetage peut vous sauver la vie, portez-le ». Mais au préalable, nous avons essayé de savoir quelle était la perception du gilet de sauvetage coté utilisateurs. Qu’en pensent-ils et le portent-ils ? Une étude menée par l’IFOP s’est terminée tout récemment, dont je vais vous donner quelques chiffres, On est parti d’un échantillon de 3.015 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, dont on a retiré 849 pratiquants d’activités nautiques effectives, c'est-à-dire pratiquées au moins cinq fois par an. On a retenu les activités suivantes : la pêche en bateau, la plongée sousmarine, le surf, le body board, le canoë, le Kayak, l’aviron, le pneumatique, le semi-rigide, le bateau à moteur, le ski nautique, le wake board, la planche à voile, le bateau à voile, le kite surf, le scooter des mers et le jet ski. A la question portant sur la fréquence du port du gilet de sauvetage lors de la pratique d’une activité nautique, on constate un déficit de conscience du danger, et notamment dans des situations dites de confiance (par beau temps, accompagné d’amis…). En effet, si l’on relève que 66 % le portent systématiquement par mauvais temps, 64% de nuit, 63% en famille avec des enfants, 58% seul, 48 % entre amis, on note 46% seulement par beau temps. Sachant qu’une partie des interviewés ont tendance à sur-déclarer des comportements vertueux (comme lors des enquêtes sur la sécurité routière), il paraît juste d’estimer qu’il existe une importante marge de manœuvre pour améliorer les comportements en matière de sécurité nautique. Dans le détail, il existe des différences parfois importantes en fonction des profils des pratiquants d’activités nautiques : les jeunes constituent un public aux comportements plus risqués face aux dangers de la mer. Ils apparaissent beaucoup moins prudents, et de même les personnes pratiquant la voile (40% par beau temps) ou la pêche en 39 bateau (44%) prennent davantage de risques en portant moins le gilet que les personnes adeptes du scooter des mers (52%). Les personnes concernées ne savent pas toujours évaluer correctement le rapport bénéfice/risque du port du gilet de sauvetage. Les principales raisons invoquées pour ne pas porter le gilet sont dans l’ordre décroissant « parce qu’ils ne sont pas confortables », « par habitude », « parce que vous n’en voyez pas l’utilité », « parce qu’ils vous rendent moins performants », « parce qu’ils sont lourds ». A la question portant sur les principales fonctionnalités d’un gilet de sauvetage idéal, on constate que les attentes exprimées montrent un désir de renforcement de la fonction sécurité du gilet. En effet, on cite dans l’ordre décroissant « qui maintient le tête hors de l’eau », « géolocalisable », « qui se déclenche au contact de l’eau », « qui soit intégré à un vêtement », etc… Le bon sens prévaut, ce qui est esthétique passe au dernier plan, et l’aspect sécurité est mis en avant. A la suite de quoi nous vous proposons trois projets de visuels de campagne qui sont encore en discussion. Un premier projet en situation « Seul en famille ou entre amis, le gilet de sauvetage sauve la vie », un second projet « Par vent de force 1 à 11 porter un gilet sauve la vie » et un troisième projet « Pour vous sauver la vie un seul est indispensable, gilet de sauvetage, portez-le ». L’ensemble des participants de Mer en Sécurité ont validé le principe d’une telle campagne, et nous allons nous réunir autour d’une table pour retravailler sur ces projets. Catherine Chabaud Je fais une petite incursion car Damien Grimont vient de nous rejoindre. Damien, la sensibilisation au port du gilet est-elle quelque chose qui t’intéresse et le portes-tu ? Damien Grimont, navigateur, inventeur du Record SNSM Bonjour à tous. Moi, j’ai vécu une expérience dans une course, la Mini Transat, et pour arriver premier, j’ai utilisé un élément de sécurité fondamental qui était de s’attacher au bateau. Il y avait eu deux disparitions au cours de la première étape, ce qui avait généré pour moi une préoccupation de la sécurité surtout dans la deuxième étape au cours de laquelle je suis tombé à l’eau, sauf que j’étais attaché à mon bateau par l’écoute de grand voile. C’est le type d’événements qui vous arrivent dans une vie et calment sur le fait de dire que ça n’arrive qu’aux autres. Catherine Chabaud Est-ce l’événement qui t’as donné envie d’agir pour la SNSM, parce que c’est toi l’inventeur du Record SNSM ? Damien Grimont Très exactement, l’idée SNSM est venue justement lors du Tour de France avec Marc Thiercelin, au cours duquel on faisait une étape Saint-Malo Saint-Nazaire. On avait remarqué que les lettres faisaient SMSN et qu’à l’envers cela faisait un événement sympathique pour la SNSM, et c’est comme cela qu’est née l’idée de rendre hommage aux Sauveteurs en Mer. Dans un moment autre qu’un moment de drame. Et aussi, j’ai été sensibilisé à cette notion de prévention, parce que c’est précisément une prévention de choc sur la première étape de ma Transat qui a fait que je me suis attaché sur la deuxième étape, car lors de la première, par 65 nœuds de vent, je n’étais pas attaché. J’ai eu la chance de bénéficier de la prévention de mes camarades. Plus que jamais pour moi, le message de prévention est déterminant dans ce que j’essaye de faire modestement pour les Sauveteurs en Mer. Et donc voilà pourquoi le Record SNSM existe. 40 Catherine Chabaud Peux-tu nous parler du programme du Record SNSM de la fin de nos travaux jusqu’à dimanche ? Damien Grimont Oui, ce que je voudrais dire, c’est remercier chaleureusement la SNSM et le travail qui a été fait cette année avec deux symboles qui m’ont fait extrêmement plaisir. D’abord le centre de formation de la SNSM, un formidable symbole pour Saint-Nazaire et sa région, sur le fait d’implanter la SNSM un peu plus dans le coin, et je pense que le Record SNSM y a peut-être un peu contribué psychologiquement. Et puis le fait que le Forum Mer en Sécurité se déplace cette année aussi à SaintNazaire, c’est un véritable honneur. Je peux vous dire qu’ici, non seulement pour la ville, la région, mais aussi pour les medias, -j’ai été invité dans plusieurs plateaux, France Bleue, France 3, Ouest France, et je peux vous dire que ça a été un geste très apprécié des medias, le déplacement de l’intérêt de la SNSM en dehors de ses bases parisiennes. Et donc, merci à vous de vous être déplacés, parce que vous aidez en fait mécaniquement le Record SNSM à exister. Comme le Record SNSM travaille pour la prévention et la sécurité en mer, finalement, vous vous servez vous-mêmes, donc c’est parfait ! Pour le programme du Record SNSM, on bat tous les records, puisque chaque année on a vingt bateaux de plus, et cette année on a 72 bateaux. Nous avons été obligés de fermer le port, ne pouvant plus accueillir d’autres bateaux. Il faudra agrandir le port de Saint-Nazaire pour pouvoir accueillir d’autres bateaux l’année prochaine. On a vingt multicoques parmi les plus prestigieux dans le port, on a quatre G-Class, avec Banque Populaire qui ne sera là que dimanche, parce qu’il ne peut pas entrer dans le port. Et puis Lionel Lemonchois, Gitana, de grands multicoques, mais aussi et toujours autant des bateaux amateurs, comme le souhaitait Yves Lagane lorsqu’il a pris la présidence de la SNSM, renforcer la présence d’amateurs. Et donc, ce qui est extraordinaire dans cet événement, c’est qu’on a autant de bateaux amateurs, parfois certains régatiers qui sont à leur première régate, et qui vont prendre des départs à côté de gens comme Lionel Lemonchois qui ont gagné deux fois le Rhum. C’est aussi cela qui fait la particularité du Record SNSM, et tout cela que l’on met en lumière pendant tout le weekend. Et il y a aussi des animations SNSM toute la journée de samedi. C’est devenu une fête populaire avec des animations pour les enfants. Les gens maintenant aiment voir les bateaux dans le port de Saint-Nazaire, et ils viennent de plus en plus nombreux. Et on essaye aussi de travailler toute la communication autour. Il ya un concert samedi soir, avec des musiciens de marque, de grands musiciens de jazz, qui viennent non seulement pour jouer mais aussi pour soutenir la SNSM. Le départ de la course a lieu dimanche à 18 heures, c’est un peu tard et c’est à cause des marées, mais Saint-Nazaire est le seul théâtre nautique où l’on peut voir les départs de course depuis la digue, et c’est pourquoi aussi on a choisi ce site merveilleux. Chaque année on essaye de faire porter le gilet de sauvetage par les équipages au moment du départ. Il faut sans cesse répéter le message. Une année, nous portions tous le gilet lors du passage dans le sas, au moment où le public voit le mieux les bateaux. On va donc le redire, et on essaye de faire passer les messages de prévention le mieux possible. Intervention de Didier Moreau, directeur de la formation de la SNSM Le pôle national de formation de la SNSM, c’est donc un lieu fédérateur pour nos sauveteurs, puisqu’avant, le service de formation était localisé au Siège à Paris, mais ce n’était pas très pratique de former des sauveteurs à l’Opéra, donc on a préféré leur « mettre les pieds dans l’eau ». Et on a donc créé un lieu fédérateur pour l’ensemble de nos formateurs , de manière à ce qu’ils puissent déjà se retrouver entre eux, avoir les moyens logistiques en termes d’embarcations, de matériel de 41 secours, pour fabriquer les référentiels, monter les formations, et puis également former des formateurs qui iront ensuite porter la bonne parole dans les stations. C’est la maison des sauveteurs, ouverte toute l’année et dispensant des formations toute l’année. Nous disposons de quatre volumes distincts. Le premier concerne la partie tertiaire, salles de cours dans lesquelles on aura des formations qui se feront dans les bureaux, donc du management, des cours théoriques ou des cours de secourisme. Une seconde partie que j’appellerai « humide » avec toute la logistique, les vestiaires, les douches, les locaux techniques pour stocker le matériel de manière à préparer les formations qui se font in situ, soit à bord des vedettes, soit à bord des semirigides. Les formations sont destinées à l’ensemble de nos sauveteurs, sauveteurs embarqués comme nageurs-sauveteurs. Ces derniers sont nos sauveteurs qui l’été vont surveiller les plages. Nous disposons déjà de 32 centres de formation et d’intervention répartis dans les principales villes de France. Globalement, c’est une population de2.500 personnes. Nous avons l’immense chance d’avoir 800 formateurs bénévoles qui font tourner merveilleusement bien ces centres de formation et donc l’objectif du pôle est d’accueillir ces formateurs pour les former ici et également les aider en créant les référentiels puisque nous avons un tas de savoir-faire particuliers comme la mise en oeuvre de jet skis, de paddle-boards qui sont de gros surfs dédiés à la surveillance des plages. Nous avons également introduit de nouvelles embarcations que sont les IRB – acronyme qui signifie Inflatable Rescue Boat. Ce sont en fait de petites embarcations pneumatiques dédiées au sauvetage dans les vagues à proximité des côtes. Et donc l’objet du pôle, c’est de créer le référentiels, former les formateurs qui iront ensuite dans nos centres de formation afin de former les sauveteurs. Voilà pour la partie nageurs-sauveteurs. Pour les sauveteurs embarqués, nous partons pratiquement de zéro, puisque nous avions un stage patrons à Saint-Malo, qui fonctionnait extrêmement bien, mais qui était un peu seul. Nous partons de la tradition de la transmission orale du savoir-faire que l’on avait dans nos équipes essentiellement composées de professionnels de la mer, pour aller maintenant vers une formalisation des référentiels. Avant, nous disions à nos sauveteurs « C’est merveilleux, vous les sauveteurs, vous savez faire plein de choses », mais rien n’était listé. Aujourd’hui, on va pouvoir les reconnaitre et dire « Vous êtes sauveteurs, vous êtes canotiers, vous avez des compétences dans tel ou tel domaine, et vous qui vous engagez bénévolement à la SNSM, si vous voulez devenir radio, plongeur, nous vous proposons d’acquérir telle ou telle formation. Voilà le chemin que vous aurez à parcourir. » Et ainsi, cela donne une meilleure visibilité, une meilleure reconnaissance à nos bénévoles. Il était devenu important de cadrer l’enseignement et de créer des référentiels. Quatre grands facteurs ont joué dans la création du pôle : le premier, je l’ai cité, c’est l’évolution de la population de nos sauveteurs. Aujourd’hui, on a de plus en plus de gens qui sont issus de la plaisance, de la pratique sportive de la mer, de la plongée sous-marine ou de la proximité des ports, et ces gens là qui n’ont pas la formation professionnelle notamment à la sécurité à bord, à fonctionner de manière organisée et mettre à disposition le savoir. Le second facteur, c’est effectivement pour mieux reconnaitre nos sauveteurs, pour pouvoir dire même à notre autorité d’emploi « voilà nos sauveteurs, voilà leurs compétences, ce qu’ils savent faire, voilà sur quoi vous pouvez compter » et ainsi, le formaliser pour mieux le tracer. Le troisième facteur, c’est qu’on s’aperçoit qu’on a une judiciarisation croissante de la société, et c’est vrai que devant un juge, il faut qu’on puisse prouver les compétences de nos équipages, la manière dont ils sont formés et pourquoi ils interviennent. C’est donc également pour armer nos bénévoles et leur donner tout le background à ce niveau là. Le quatrième facteur, c’est de pouvoir à terme garantir une capacité opérationnelle à nos donneurs d’ordre. La RNLI dispose également d’une organisation et d’un centre de formation, mais à une tout autre échelle que la notre 42 Yves Lagane Les sauveteurs de la RNLI ont une capacité à imposer à leurs bénévoles un régime de formation quasi militaire que je ne me sens pas capable d’imposer aux bénévoles français qui ont chacun leur besoins d’identité, d’autonomie, et donc il faut qu’on adopte des procédures différentes. C’est pour cela que nous avons une structure beaucoup plus légère qui sera tout aussi efficace. Didier Moreau Le pôle sera inauguré demain 18 juin. Il a déjà démarré. L’idée n’est pas que toutes les formations soient dispensées à Saint-Nazaire, mais qu’on regroupe à Saint-Nazaire les moyens logistiques et humains, et que derrière, on puisse se projeter sur le meilleur site. Donc par exemple, la semaine dernière, nous sommes allés former des formateurs IRB à Quiberon, sur la Côte Sauvage, où il y a le plus de vagues. La première priorité va être d’écrire nos référentiels, notamment pour la partie sauveteurs embarqués. Un outil dont je n’ai pas parlé et qui est essentiel au pôle de formation, c’est notre centre de simulation. Nous avons la chance absolue de disposer d’un outil ultra moderne, un centre de simulation avec trois passerelles, deux passerelles navire et une passerelle CROSS, qui nous permet de simuler toutes les situations, toutes les conditions de navigation. Grâce au pilote, on dispose de zones numérisées extrêmement précises. Donc nous avons pour nos bénévoles un outil très performant, à la fois pour les faire monter en compétence et pour les entraîner, et ceci en optimisant le temps, puisqu’effectivement, c’est beaucoup simple d’appareiller et de refaire une situation sur un simulateur que de le faire en réalité. C’est génial de voir émerger ce pôle, c’est passionnant car il faut tout créer. Nous sommes partis d’un bureau de 10 m2 Cité d’Antin pour avoir maintenant un outil de formation parfaitement adapté et complètement opérationnel au service des sauveteurs, et qui tournera par les sauveteurs bénévoles. L’équipe de direction est là pour l’intendance, mais ce sont les formateurs bénévoles qui vont former leurs collègues. Intervention d’Antoine Pichon, secrétaire général du CSNPSN Le Conseil Supérieur de la Navigation de Plaisance et des Sports Nautiques au sein duquel un groupe de travail œuvre depuis deux ans développe aussi des actions en matière de prévention. Je voudrais vraiment féliciter la SNSM, parce que même si vous considérez tous que c’est normal, « c’est notre travail, c’est le bénévolat », ce que vous faites aujourd’hui est tout à fait intéressant pour l’ensemble des administrations qui ont à travailler sur le problème de la sécurité en mer. C’est bien parce qu’on se parle, mais aujourd’hui encore chacun peut découvrir et apporter des choses nouvelles. Je me permettrai de citer trois noms. D’abord mon président, Gérard d’Aboville, qui n’a pas pu être présent aujourd’hui, et qui rappelle toujours deux choses : d’abord, en mer, c’est la liberté. On a beaucoup parlé de réglementation, de lois, mais la liberté pour lui, c’est important. Ensuite la responsabilité, qu’il cite tout de suite en même temps. Et dans la responsabilité, la responsabilité individuelle. Vous avez vu comment la réglementation a beaucoup évolué en ce qui concerne les navires de plaisance. Il est effectivement largement à l’origine de cela, mais avec le CSNPSN, pour faire avancer les choses, je pense que dans la responsabilité, il y a vraiment des comportements et des leçons à tirer. Et la SNSM qui est en train de nous faire travailler tous ensemble sur la nature du message qu’on veut faire passer, la façon dont on veut le faire passer, je crois que c’est remarquable, très bien, parfait ! Le deuxième nom que je voudrais citer, c’est celui de Damien Grimont qui vient de nous parler. Il nous a dit « Quand j’étais sur la Mini-Transat, heureusement que j’ai été accroché, parce que sinon, je ne serai pas là aujourd’hui pour vous en parler. » Et ça, c’est un thème que reprend souvent la FFV qui est membre du CSNPSN, et qui dit « Plutôt que tomber à l’eau, il vaut mieux ne pas tomber ». 43 C’est vrai que c’est bien de porter le gilet de sauvetage, c’est évident, mais plutôt que de tomber à l’eau, faire en sorte que le gilet soit également un harnais. Evidemment, tous les plaisanciers n’en ont pas, mais je crois que c’est important aussi, de se dire « quelles sont les actions de prévention que l’on va faire là-dessus ? » Le CSNPSN rassemble des fédérations sportives, des associations dont la SNSM, des administrations, et tout ce monde là travaille ensemble pour essayer de progresser, d’améliorer et faire avancer les choses. Les fédérations sportives font déjà beaucoup de choses, et font bien sûr de la publicité pour la SNSM, contribuant à la faire connaître. Il faut s’appuyer sur elles, elles sont très utiles et fonctionnent bien. Je remarque que la petite enquête que vous avez réalisée est tout à fait intéressante. Elle nous dit que sur le port du gilet, les gens se posent quand même des questions sur la mauvais temps, sur la nuit, donc des circonstances particulières dans lesquelles effectivement, la responsabilité individuelle, personnelle, fera que vous mettrez le gilet, ou que le chef de bord vous imposera de mettre un gilet. Je pense donc qu’il est important de rester sur cette idée de la responsabilité individuelle. Le troisième nom que je veux citer, c’est Bernard Vibert, président de l’UNAN. Il nous a parlé de fiches, mais il y en a d’autres. Je le cite parce que nous avons édité ces petites fiches, mais évidemment, tout ce que vous faites sur les plages avec la SNSM, tout ce qui est fait systématiquement dans les ports de plaisance, dans les capitaineries, tout cela est parfait. Mais malheureusement, il faudrait réussir à atteindre les gens que l’on-atteint jamais. Les sauveteurs de la SNSM le savent, un certain nombre ne lisent pas la presse spécialisée, ne sont pas dans les associations, et donc, c’est ceux-là qu’il faut réussir à atteindre. Et avec le spot que vous réalisez, là vous arrivez à les atteindre. Et mon président Gérard d’Aboville avait une idée, que je suggère aux représentants de la FIN et qui est la suivante : lorsqu’on achète un bateau - mais il y en a beaucoup qui s’achètent d’occasion- si le revendeur pouvait simplement abonner à Sauvetage la personne à qui il a vendu le bateau, ce serait une excellente chose. Enfin, Gérard d’Aboville n’est pas contre, au contraire, le gilet de sauvetage. Il dit simplement qu’effectivement à plusieurs reprises il n’y a pas forcément nécessité de le porter. En revanche, il dit « Vous l’emportez, portez-le ». Guy Sallenave, de la commission sécurité de la FFV Je représente le président de la Fédération Française de Voile qui ne pouvait être présent aujourd’hui. Je voulais renforcer ce qu’a dit Antoine Pichon. Je me demande si ce n’est pas un peu excessif de ne focaliser que sur le port du gilet. Aujourd’hui, on a entendu parler que de cela. Alors que ce soit fondamental, je suis d’accord avec vous, mais c’est encore plus fondamental de s’amarrer. J’en ai l’expérience, j’ai eu deux chutes à la mer comme skipper sur un bateau, une de nuit, une autre par mauvais temps, avec 3 à 4 mètres de creux et force 8. Or, je pense que si dans les deux cas ces équipiers n’avaient pas été amarrés, je n’aurais jamais été capable de les récupérer. Bien sûr, il faut porter le gilet, mais essayer aussi d’inciter sur la nécessité de s’amarrer. Catherine Chabaud Je vos expliquerai après pourquoi nous avons focalisé aujourd’hui sur le gilet de sauvetage, parce que c’est dans la démarche de Mer en Sécurité. Je remercie les participants de cette table ronde. Juste un mot sur le projet Mer en Sécurité qu’on ne vous a pas présenté. Dans le travail qu’a réalisé la SNSM, celle-ci s’est dit qu’il y a vraiment deux axes sur lesquels il faut qu’on s’améliore. Le premier axe, c’est une démarche de progrès, un axe un peu technique avec les trois commissions qui ont été nos trois premiers groupes de travail, le premier sur le retour d’expérience des accidents en mer, le second sur les équipements au sens large, et il est vrai, Monsieur Sallenave, que nous avons focalisé sur le VFI que nous avons décidé d’appeler le gilet de sauvetage gonflable . Pourquoi ? Parce que dans les chiffres, on a beaucoup d’accidents qui se passent sur les semi-rigides, sur les annexes etc… et il y a des décès dus au non port du gilet. Peut-être pouvons nous réfléchir à ce qu’une autre fois, un des 44 axes sur lesquels on souhaite travailler soit « comment s’attacher sur le bateau ? ». Je veux juste vous livrer un détail. C’est que sur notre bateau, on a décidé de mettre comme on fait sur les bateaux de course en général une ligne de vie au fond du cockpit, ce qui n’est absolument pas réclamé par aucun texte, sauf sur la Transquadra, de manière à pouvoir s’amarrer aussi au fond du cockpit et pas uniquement sur les extérieurs du bateau. Donc, je partage votre réflexion, mais il est vrai qu’on avait décidé pour l’instant au sein de cette deuxième commission de travailler spécifiquement sur le gilet de sauvetage gonflable idéal. Et il y aura, j’espère, bien évidemment d’autres sujets à venir dans les travaux de la commission dans les mois à venir. Le troisième groupe de travail a traité de la prévention médicale, un groupe de travail piloté par le Docteur Hudelo, médecin référent de la SNSM. Et puis le deuxième axe, c’est davantage un axe prévention, communication, sensibilisation, que nous avons évoqué au cours de la table ronde pilotée par Bénédicte Caillé, et sur lequel on s’aperçoit que toutes les institutions, les organismes qui s’intéressent à la sécurité de l’homme en mer développent leurs propres outils de communication et de sensibilisation, leurs propres démarches, et on se dit que là, encore une fois, si l’on est plus nombreux autour de la table, si l’on, essaye d’avoir les mêmes messages, messages qu’il convient d’affiner, d’améliorer, on sera plus pertinents, plus entendus si nous travaillons ensemble. C’est vraiment l’ambition du projet Mer en Sécurité. Et j’aimerais que Chantal Plessier-Dauvergne qui a été la cheville ouvrière des précédents forums et a mis vraiment en œuvre celui-ci, je ne suis qu’un pilote stratégique, mais c’est vraiment elle qui a fait le travail, nous dise comment elle a vécu cette journée. Chantal Plessier-Dauvergne, Chef de projet Mer en Sécurité Je crois que pour ce troisième forum, on peut vraiment se réjouir de l’intérêt de chacun. On avait senti lors du premier forum une très belle adhésion et au second, on sait que nous avons été trop bavards, et on a eu le même défaut cette année. Nous n’avons pas pu vous donner suffisamment la parole. C’est un gros défaut contre lequel nous devons lutter. On s’aperçoit simplement quand on prépare ces rencontres qu’on a tellement d’échos à vous faire entendre avant d’en discuter qu’on a envie de faire parler chacun et il est vrai que c’est un plaisir pour nous d’entendre ce que chacun d’entre vous dans son domaine propre en ce qui concerne la prévention en général. Et on a beaucoup de mal à se restreindre au niveau des échanges. C’est vraiment un gros défaut, parce ce que je sais que dans la salle, cela a été sûrement très long pour vous, que beaucoup de vous sont des experts, ont préparé beaucoup de choses, il y a des fédérations sportives qui ont fait beaucoup de choses, qui pourraient nous le raconter, cela nous ferait gagner du temps. Il y a des équipes qui sont très en avance sur nous sur les équipements, je pense à la Fédération de canoë-kayak, ou le kite-surf qui est très bien organisé. C’est vrai que nous pourrions les écouter longuement. Je pense que lors des conclusions, notre Président va réussit à faire émerger quelques échos qui sont latents dans la salle, parce qu’en continuant ces contributions communes, le projet peut vraiment devenir un projet très partagé par beaucoup d’acteurs qu’on a pas encore vus aujourd’hui. Catherine Chabaud Moi, j’invite d’ailleurs , s’il y a des organismes, des institutions ici présentes qui n’ont pas participé aux groupes de travail, je les invite à venir voir le Président ou Chantal Plessier-Dauvergne à la fin de la journée et nous dire « moi j’ai vraiment envie de participer à ce groupe de travail, car nous avons des choses à apporter. » Le forum est un moment de restitution, mais pour essayer d’aller plus loin, les travaux vont continuer. CONCLUSIONS PAR MM LAGANE, BABKINE ET LAINE 45 Yves Lagane, Président de la SNSM La prétention de la SNSM n’est pas de diriger, de régenter cette démarche- elle est consciente qu’il y a effectivement des problèmes à résoudre, je vais en citer trois ou quatre que j’ai retenus de nos débats d’aujourd’hui- mais plutôt à faire en sorte qu’on se rencontre, de faire en sorte que cette démarche de concertation ayant fait l’objet déjà de deux forums qui étaient des points d’information, devienne une démarche de progrès réel, c'est-à-dire qu’on avance. Nous sommes donc preneurs de toute participation aux travaux que Chantal Plessier-Dauvergne et Catherine Chabaud ont animés avec brio. Je cite quand même en passant , je peux en oublier, de mémoire un grand nombre d’acteurs qui se sont manifestés pour nous accompagner soit sur la démarche de prévention qu’a présentée Bénédicte Caillé tout à l’heure, soit dans les groupes de travail dont on a rendu compte aujourd’hui : la FIN, le CSNPSN, la FFV, le Comité National des Pêches, la FFPP, le Secrétariat Général de la Mer, la DAM, l’UNAN, la Fédération française de motonautisme, la Fédération française de canoë-kayak, la Fédération française de vol libre, des sociétés d’assurance, des mutuelles d’assurances, et j’en oublie certainement plein, et tous ces gens là ont apporté chacun leur pierre. Et donc, s’il y en a d’autres dans la salle, venez vous manifester et on est prêts à travailler avec vous sur ces projets comme sur d’autres sujets que vous trouverez importants de faire avancer. En synthèse, simplement et très brièvement, je retiens cinq points. Le premier, il n’était pas l’objet de nos débats, mais cela a été annoncé ce matin par Monsieur Paolantoni, et d’ailleurs on a vu qu’on n’était pas toujours cohérents dans nos messages, c’est la manière d’appeler les CROSS. Vous avez vu qu’on a parlé du 16-16, et puis il y a eu des flottements sur le 16-16, parce que Monsieur Paolantoni nous dit tout d’un coup que le 16-16 n’est plus en vigueur ou du moins il est appelé à disparaitre petit à petit. Ce n’est pas un numéro d’urgence et les conventions qu’il y avait avec les opérateurs téléphoniques ne sont pas toutes renouvelées, donc il va continuer à tourner. C’est pas trop inquiétant dans la mesure où je vois, et j’ai été content d’observer- je parle sous couvert du CSNPSN et de Gérard d’Aboville, car tous les deux nous avons mobilisé énormément d’énergie pour promouvoir la VHF, qu’il est l’outil de la solidarité en mer. Mais c’est aussi inquiétant, parce que le téléphone reste une source très importante d’appeler le CROSS. Et ce que je retiens, c’est que le 112 devient le numéro d’urgence pour tout le monde, et que pour ceux qui sont concernés par un problème en mer, il faut faire le 112 et demander à avoir le CROSS. Dans le centre de traitement des signaux d’urgence, des appels d’urgence à terre, on ne sait pas forcément ce qu’est un CROSS, ce que c’est que la mer. Donc, je conseille de faire le 112 et demander à avoir le CROSS. Ils se débrouilleront pour vous le trouver. En second point, on a bien vu au cours de nos échanges ce matin qu’on a commencé à faire beaucoup de travail sur le recueil des données et le traitement du retour d’expérience, mais que là, on a des progrès énormes à faire. On est restés très pudiques sur tout ce qui concerne les approches immédiates du littoral et sur tout ce qui concerne les sports de baignade, les sports qui sont à moins de 1500, 2000 mètres du littoral. Je considère aujourd’hui, je parle sous couvert des CROSS, que dans les statistiques des CROSS, dès que l’on parle de baignades et d’accidents nautiques très proches du littoral, les CROSS n’en connaissent que 25%, parce ce que c’est principalement traité par les autorités de la terre, c'est-à-dire les maires, les SDIS, et que là, on a beaucoup de mal pour l’instant à avoir de l’information. A la louche, ces chiffres qui montrent qu’il faut absolument continuer à travailler dans ce domaine là, on estime avec un peu de recul , et on essaye de faire se recouper des sondages et des données glanées à droite et à gauche, qu’i l y a entre 350 et 400 morts par an dans les approches maritimes, je me limite aux morts, et là dedans il ya les 2/3 qui se passent à moins de 1500 mètres de la plage. C’est cela qui est très important. Retenez que l’activité pêche au cours des six dernières années a vu son activité accidentogène diminuer considérablement, de 60%, c’est considérable, grâce à tout ce qu’on vous a présenté ce matin. La plaisance, ce sont les bateaux à moteur et les voiliers qui vont au large, continue à augmenter son taux d’accidents mais elle représente 50, 60, 70 décès par an sur les 400-450 sur le total des décès, et ceci avec une forte proportion moteur, la plaisance voile provoquant très peu d’accidents. Tous les autres accidents sont liés aux loisirs nautiques, à la plongée en apnée ou avec bouteilles, à la baignade, et quand Charles Hudelo parlait des morts 46 subites, je suis certain qu’il y en a beaucoup qui sont liées à la baignade. Des gens de mon âge et qui continuent à se baigner, le choc thermique fait que je suis certain qu’on a beaucoup à la fois de noyades et de morts subites qu’on ne connait pas. Dons on a vraiment un effort très important à faire sur ce point là. En troisième point, j’ai été très intéressé par les débats sur le gilet de sauvetage et sur les perspectives de développement. On a parlé de flottabilité, de la capacité de retournement, mais je pense que dans le futur, il faut aussi parler de sa capacité à être un système complet de sécurité de la personne, capable de diffuser une situation de détresse, une localisation, de permettre de communiquer pour la personne porteuse du gilet. Et je pense que les développements technologiques dans les années à venir vont le permettre sans trop de difficultés. En quatrième point, la notion de secours d’urgence mer qui a été évoquée par plusieurs d’entre vous me parait très importante, puis le dernier point, c’est « portez le gilet », que vous soyez au large ou près du littoral. Il faut être simple dans le discours. Portez le gilet de sauvetage, que vous soyez sur un bateau à voile, un bateau à moteur, sur un engin pneumatique, sur une planche à voile, que vous soyez travailleur dans les ports de plaisance et en permanence sur les pontons, que vous soyez lamaneurs dans des ports qui transportent des passagers par milliers pendant l’année, portez le gilet. Portez-le quand vous allez pêcher, à marée basse. Portez le gilet, ça ne coûte rien, et aujourd’hui porter le gilet, c’est vous donner la possibilité et l’assurance que vous serez capable de flotter pendant les quelques dizaines de minutes qui vous seront nécessaires à partir du moment où votre situation de détresse sera connue pour qu’on mette des moyens de secours à votre disposition. Et moi, je pense qu’il faut être très clair sur ce sujet. Portez le gilet, le harnais de sécurité aussi. Il y a plein d’autres choses à faire, mais commencez par porter le gilet. Vous vous donnez les moyens de flotter, et aujourd’hui les secours sont tellement efficaces que dans 95% des cas, on sera capable de mettre en moins d’une heure les moyens de vous sauver. Voilà ce que je voulais vous dire. Merci Michel Babkine, Administrateur en chef des Affaires maritimes- Secrétariat Général de la Mer D’abord, au nom du Secrétaire Général de la Mer qui n’a pu être des nôtres aujourd’hui, et qui le regrette bien, je voudrais remercier l’Amiral Lagane de sa contribution collaborative, donc votre contribution à tous à l’amélioration de la sécurité en mer qui est une priorité de la politique maritime que le Secrétariat Général de la Mer anime. Mer en Sécurité, c’est la troisième édition, et comme on l’a dit ce matin, c’est désormais quelque chose qui est ancré dans la vie maritime. Et je crois qu’à l’occasion de ces travaux, on martèle évidemment les idées, mais il faut le faire, car il faut faire en sorte que la sécurité en mer ne soit plus une contrainte, mais soit une évidence. Parce que finalement l’homme n’est pas un oiseau, je fais alors le parallèle avec la sécurité aérienne, le transport aérien, mêmes les activités de loisirs aériens, qui sont construits autour de la sécurité, ni un poisson, donc effectivement il faut quand on prend la mer, qu’on se mette en sécurité et que l’activité maritime, quelle soit professionnelle ou de loisir, se construise autour de la sécurité. Et comme vient de a dire le Président Lagane, il faut porter le gilet, et je rajoute, il faut porter ceinture et bretelles, c'est-à-dire porter le gilet et s’amarrer. Parce qu’effectivement, nous, notre métier est d’organiser au mieux le sauvetage, mais on aura beau accentuer tous nos efforts pour faire en sorte que toute détresse connue puisse être prise en charge, encore faut-il que la personne qui est bénéficiaire de ces opérations de sauvetage soit encore en vie lorsque les moyens arrivent. Et donc il faut porter le gilet, je crois que c’est fondamental. Donc merci vraiment de tout ce qui est fait pour renforcer la sécurité, pour renforcer la sensibilisation, et le Secrétaire Général de la Mer sera toujours à vos côtés, Président, pour vraiment cheminer ensemble sur ce grand ouvrage qui est vraiment l’amélioration de la sécurité des usagers de la mer. Et pour terminer mes propos, je voudrais vous donner un exemple de ce que l’on fait au Secrétariat Général de la Mer pour accompagner vos idées, parce que c’est vous qui avez été porteurs d’un certain nombre d’idées que nous avons reprises avec d’autres, la DAM, le CSNPSN. Tout d’abord en ce qui concerne l’amélioration de la statistique, on a mis au point il y a deux ans à la demande de la FIV un outil statistique qui permet d’améliorer notre perception des accidents, dans la bande des 47 300 mètres ou la zone littorale dans laquelle les organismes de sauvetage et les intervenants sont multiples et où ils ne sont pas tous coordonnés par les CROSS. Or la statistique Secmar est tenue par les CROSS au vu des opérations qu’ils coordonnent, et l’on sait bien que les CROSS ne coordonnent pas tout. Il y a des opérations qui se développent sur initiatives promptes de secours et qui échappent à la connaissance des CROSS. Donc, nous avons mis en place une fiche, en priant à titre expérimental d’abord l’ensemble des sauveteurs de la remplir. Cela a plus ou moins bien marché, mais le but d’une expérimentation est bien de prouver là où sont les difficultés. Cela a quand même au moins apporté un élément de conclusion, à savoir que c’était tout à fait pertinent, car là où la fiche a pu être mise en pratique, essentiellement sur la façade atlantique, on est arrivé à augmenter le nombre des accidents que nous avons perçus de 15%. Cela signifie que le CROSS Etel a traité 1.000 opérations l’an dernier mais il y a 15% d’opérations en plus que ce CROSS n’avait pas traitées localement, mais qui ont été portées à notre connaissance parce que ces opérations ont donné lieu à des fiches qui ont été renseignées. Donc je crois véritablement, cela fait quinze ans que je m’occupe de ces affaires là et quatorze que chaque année on nous dit qu’on ne sait pas tout, je peux vous dire que pour la quinzième année, on sait maintenant qu’il y a 15% d’opérations qui sont traitées hors CROSS et traitées dans des situations où les personnes sont véritablement en danger. Je crois par conséquent que c’est extrêmement utile pour améliorer la perception des accidents en frange littorale notamment, pour sensibiliser les usagers, les pouvoirs publics et en particulier les maires qui sont responsables de la zone littorale. C’est intéressant qu’on puisse dire aux maires «Vous avez des situations d’accidents là où peut-être vous n’avez pas pris toutes les précautions pour mettre en place un dispositif de surveillance des plages. Je crois que c’est également utile pour inciter les pouvoirs publics à prendre en charge leurs responsabilités, et puis, c’était une demande de la FIN, on a là des éléments statistiques supplémentaires qui vont nous permettre d’améliorer nos connaissances sur les risques survenus à des personnes en mer. Qu’allons- nous faire maintenant ? Nous n’allons pas reproduire l’expérience cette année, puisqu’elle a été faite l’an dernier. Au lieu de mettre en place une expérience pendant la période toujours sensible qu’est la saison estivale où il y a beaucoup d’activités à la fois, nous allons au contraire mettre en place dès le 1er janvier prochain (2012) et à titre permanent une fiche d’intervention sur le domaine maritime qui sera remplie tout au long de l’année et qui trouvera une utilité plus forte pendant la saison estivale. Nous allons vraiment mettre en place cet outil parce que l’expérience nous a paru pertinente. Le Secrétariat Général de la Mer a pris en charge cette idée, mais ce n’est pas lui qui va la conduire jusqu’au bout. Nous savons qu’il faut disposer d’une fiche qui soit concise, qui puisse être remplie par des secouristes qui sont des opérationnels et qui ne veulent pas trop faire de papier. Il faut donc vraiment cibler la fiche aux sorties qui n’ont pas été prises en compte par les CROSS, c'est-à-dire les sorties qui ont été assurées depuis les postes de plage, par les maîtres nageurs, par les CRS, par les pompiers. On doit également y ajouter les opérations qui ne relèvent pas des postes de plage et qui sont cependant liées à des événements littoraux au profit des baigneurs et des usagers, des engins nautiques qui peuvent évoluer ailleurs que dans la zone des 300 mètres. Et puis, c’est une demande particulière des CROSS, nous allons également demander aux équipages des hélicoptères de la Sécurité Civile de remplir cette fiche. Cette fiche devra être exploitée par les CROSS, et il faudra que ceux-ci bénéficient d’un outil approprié pour leur permettre d’agréger à la statistique Secmar la statistique issue de ces fiches. Puis il va falloir mettre en place une procédure d’exploitation au niveau de la DAM, puisque l’on sait que ces fiches ont été mises en place à la demande de la SNSM, de la FIN, et soutenues par le CSNPSN. Donc que la DAM exploite cette fiche en liaison avec les partenaires que je viens de citer. Et puis il faut aussi que cette fiche puisse donner lieu si besoin à des investigations, et nous avons dans nos services un Bureau Enquêtes après Accidents (BEAmer) dont ce n’était pas le métier initial de faires des enquêtes sur les loisirs nautiques, qui est certes indépendant mais pas totalement autonome, et qui doit pouvoir intervenir là où il apparait nécessaire aux yeux du Ministère pour améliorer la prévention des risques, que les accidents survenus à proximité immédiate des côtes et qui n’impactent pas sur la navigation, puissent quand même être investigués. 48 Et pour terminer, je vous dirai aussi, pour faire allusion à la table ronde sur l’aide médicale urgente, que nous avons enfin réussi à sortir une nouvelle instruction du Premier Ministre sur l’aide médicale en mer, qui rafraîchit considérablement l’instruction en cours qui remonte à 1983 et qui sera signée dans les jours qui viennent par le Premier Ministre . Nous aurons donc toiletté notre arsenal réglementaire en la matière. Loïc Lainé, Administrateur Général des Affaires maritimes- Préfecture maritime Atlantique L’Amiral de Saint-Salvy aurait voulu être présent aujourd’hui. Il n’a pu l’être, mais il sera présent vendredi à une journée sécurité dans le Finistère, parce que la prévention est l’une de nos préoccupations constantes. Et nous faisons passer le message, mais ce n’est pas suffisant. Les institutionnels font passe le message, ils sont fort bien relayés par les medias, mais je crois qu’il faut aller plus loin, et de votre très intéressant forum d’aujourd’hui, je retiendrai deux interventions principales. Celle du président de la station de Lancieux sur le terrible événement de ce jeune qui est tombé à l’eau en faisant cinq cent mètres sur un zodiac. Je rappellerai que depuis le début de l’année, il y a eu plusieurs accidents de ce type, il y a eu aussi deux hommes qui sont décédés à Saint-Malo en tombant d’une embarcation, et il y en a eu un ici dans la Loire. Et à chaque fois, il ne portaient pas le gilet de sauvetage. Le message du port du gilet est donc essentiel. La deuxième intervention que je retiendrai est celle de Pierre-Georges Dachicourt. La pêche est un milieu que je connais particulièrement bien et j’ai relevé un fait important en allant aux Journées de la mer dans les Côtes d’Armor. On a parlé avec l’unité littorale des Affaires maritimes et ils nous ont fait part de leur constatation que les marins pêcheurs portent maintenant le gilet de sauvetage gonflable. Or c’était quelque chose qui était relativement rare il y a cinq ans. Cela veut dire qu’un travail de long terme , comme l’a souligné notre ami de la RNLI, paye toujours, qu’il faut que le message soit constant, et que nous avons besoin, en plus des communications institutionnelles, que vous soyez nos relais et que la culture de sécurité passe sur les pontons, sur les quais, et qu’en particulier dans le domaine de la plaisance, on ait cette culture de la sécurité qui se diffuse. On voit encore trop souvent une personne qui va rejoindre sur son youyou son mouillage qui se trouve à vingt mètres. Il y a cinq, six mètres de fond, il ne fait pas très chaud, elle ne porte pas de gilet. On sait que s’il y a un accident, elle coulera à pic dans le port, et on voit cela tous les ans. Donc nous apprécions complètement l’implication de la SNSM dans cette action de prévention. Il faut aller parler avec les gens pour faire diffuser ce massage. Saint-Nazaire, 20 juin 2011 * * * 49