Hommage à Jacques Gasztowtt - Mairie de Sainte Luce sur Loire
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Hommage à Jacques Gasztowtt - Mairie de Sainte Luce sur Loire
Ville de Sainte-Luce-sur-Loire Hommage à Jacques Gasztowtt Dimanche 8 mai 2016 à 10h15 Discours de Jean-Guy Alix, maire Madame la vice-présidente du Conseil Départemental, Mes chers collègues du conseil municipal Madame Gasztowtt, ses enfants, sa famille, Mesdames et messieurs, Chers amis, En premier lieu, je remercie de sa présence Madame Fabienne Padovani, viceprésidente du Conseil départemental aux familles et à la protection de l’enfance. Ce matin, dans le cadre de cette cérémonie commémorative du 8 mai 1945, nous allons rendre hommage à un Lucéen « mort pour le service de la Nation », Jacques Gasztowtt. Son destin n’est bien sûr pas lié à celui de la seconde guerre mondiale, mais son nom va désormais rejoindre celui des Lucéens qui ont perdu leur vie pour sauver celle des autres. En effet, Jacques Gasztowtt est mort l’an dernier, le 19 mars 2015, dans l’exercice de sa profession, un métier exigeant et difficile, celui d’éducateur spécialisé au service de protection sociale de l’enfance du Conseil départemental. Lors d’une visite médiatisée, il s’est interposé lorsque le père a voulu s’en prendre à la mère. Jacques Gasztowtt a été poignardé à la carotide et n’a pas survécu ses blessures. Bien que blessée, la victime s’est remise. Il lui a sauvé la vie. Le 22 octobre 2015, le Ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes a décidé de faire porter la mention « Mort pour le service de la Nation » à son acte de décès. Cela signifie plusieurs choses : les enfants de Jacques Gasztowtt deviennent des pupilles de la Nation et la commune doit inscrire le nom du défunt sur le monument aux morts, soit de la commune de naissance, soit celui de la dernière domiciliation. Isabelle Gasztowtt et sa famille ont souhaité que cette mention soit faite au monument aux morts de Sainte-Luce. C’est pourquoi nous sommes réunis ce matin. 1 Bien sûr, ni cette cérémonie, ni cette mention ne sauront compenser la terrible perte qu’ont subie Isabelle, Eider et Nally, l’épouse et les deux enfants de Jacques Gasztowtt. « C’est un chaos, un vie qui bascule », nous a confié Isabelle, qui s’est retrouvée non seulement veuve mais aussi chef de famille, seule, devant faire face, devant chaque matin trouver la force de continuer, la force de répondre aux questions de ses enfants tout en faisant son travail de deuil. Cette mort est injuste et prématurée. Jacques n’avait que 49 ans. Il lui restait encore une vie à vivre. Isabelle parle de lui comme d’un « homme simple », discret, très discret. Ses rêves, eux aussi, étaient simples : « vivre sur une île déserte. Couper du bois dans la forêt », à l’image de son grand-père, garde-forestier. Il était né à Sélestat, dans le Bas-Rhin. Son nom, Gasztowtt, traduit ses origines lithuaniennes. Sa famille s’était installée non loin d’ici, au Loroux-Bottereau. Le travail lui avait permis de rencontrer isabelle, elle aussi éducatrice spécialisée. Ils se sont installés ensemble à Sainte-Luce, dans sa maison, en 1998, et se sont mariés en 2008. En 2011, ils ont adopté deux enfants venant de Colombie, Nally, aujourd’hui âgée de 13 ans, et Eider, qui a 11 ans et demi. Isabelle évoque leur bonheur : « nous étions heureux », nous a t-elle raconté. Elle parle d’un homme qui aimait le bateau, la moto et qui « adorait ses enfants ». Pour ces derniers, Jacques est un « héros ». Isabelle souhaiterait, elle, que nous nous souvenions d’un homme « intègre et professionnel », d’un homme qui, en ce jour funeste de mars 2015, est allé jusqu’au bout, comme être humain et comme professionnel. Il est de bon ton, dans notre société, de décrier les fonctionnaires. Jacques était un assimilé fonctionnaire, et il est décédé en exerçant une mission de service public, l’une des plus nobles : la protection de l’enfance. Il ne travaillait pas uniquement pour gagner sa vie, il travaillait car son métier avait du sens. Je ne le connaissais pas. Pourtant, je suis certain qu’il était conscient des risques, mais qu’il estimait que cela en valait la peine. Aujourd’hui, même si je ne la vis pas au quotidien avec vous, je partage la peine d’Isabelle, d’Eider, de Nally, de la famille et des proches de Jacques. Comme maire de Sainte-Luce et responsable de l’administration d’une collectivité, je partage aussi le deuil de sa profession, de la fonction publique territoriale et je souhaite, à travers Jacques Gasztowtt, rendre un hommage sincère aux éducateurs spécialisés, au service de la protection sociale de l’enfance et aux fonctionnaires, trop souvent et injustement critiqués. 2 Inscrire le nom de votre époux, madame, sur le monument aux morts, sera une façon de nous rappeler que le service à la Nation prend bien des formes. Avec beaucoup d’humilité, vous ne parlez pas de votre mari comme d’un héros. Permettez-nous, pourtant, de le considérer comme tel : Jacques Gasztowtt est mort en héros, mais il a aussi vécu et travaillé comme héros. Car l’exercice quotidien de son métier relève selon moi d’un héroïsme discret mais réel, que nous devons célébrer. Je salue aussi, madame, votre grand courage. Aujourd’hui, j’espère que cette cérémonie saura vous apporter un peu de réconfort dans votre douleur. Nous vous assurons de notre soutien et de celle de toute la communauté lucéenne qui est à vos côtés. Sainte-Luce-sur-Loire aime les enfants. En accueillant il y a quelques années un village d’enfants SOS, nous avons inscrit la protection de l’enfance dans notre histoire locale et dans notre identité. Jacques Gasztowtt fait désormais partie de cette histoire et honore notre ville. Je vous remercie. 3