La Mouette et le Chat
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La Mouette et le Chat
La Mouette et le Chat Il était une fois un chat noir, grand et gros nommé Zorba à qui une mouette, ayant échappé avec peine à une tache de pétrole, vola trois promesses avant d’expirer: de ne pas manger l’œuf qu’elle aura pondu, de prendre soin de l’œuf jusqu’à la naissance du petit et, pour finir, d’apprendre à voler à la petite mouette une fois qu’elle aura grandi. Ainsi commença l’histoire de Zorba, chat qui «couva» l’œuf d’une mouette et qui, avec ses amis félins, prit soin de la petite mouette qui sortit de cet œuf. Ce sont les points principaux de cette jolie histoire qui, née de la plume de l’écrivain chilien Luis Sepulveda, a conquis grands et petits du monde entier et que «La Lanterna Magica» de Maria Fares et Enzo D’Alò a transformée, grâce à l’effort productif de Cecchi Gori, à l’habileté graphique de Walter Cavazzuti et Michel Fuzzelier et à la fantaisie d’Umberto Marino, en un splendide film d’animation: La Mouette et le Chat (La Gabbianella e il Gatto). L’histoire de «La Mouette et le Chat», bien que reprenant assez fidèlement celle écrite par Sepulveda dans son roman «Histoire d’une petite mouette et d’un chat qui lui enseigna à voler», a sa propre autonomie, donnée non seulement par les variations apportées par les scénaristes Marino et D’Alò, mais aussi et surtout par l’atmosphère créée par la bande sonore de David Rhodes, guitariste, associé de Peter Gabriel, avec qui se mêlent très bien (du moins dans la version italienne) les voix de Ivana Spagna, Leda Battisti, Daniele Silvestri, Gaetano Curreri degli Stadio et d’un insolite Antonio Albanese. Mais de cette fable, ce qui frappe n’est pas tant les dessins aux tons chauds ou les voix d’artistes du petit et du grand écran que la poésie qui réussit à se dégager grâce à la simplicité dans l’exposition des concepts et qui, cela vous semblera une contradiction, est le parfait contraire de la banalité des contenus qui, bien souvent, caractérise les films avec des acteurs en chair et en os. Evitant les tons didactiques, «La Mouette et le Chat» réussit en réalité à véhiculer au public de tout âge des messages de grande importance. Le film invite non seulement à la tolérance envers celui qui est différent, mais aussi à redécouvrir des valeurs comme l’amitié et la solidarité, à apprendre à respecter la nature et chaque être vivant, et à restituer aux livres leur valeur… Graphiquement de très bonne qualité (l’effort de l’équipe d’animateurs a été énorme pour créer des personnages loins des modèles disneyens et aussi fascinants dans les traits), bien dirigé et souligné par une bande sonore d’une rare intensité, «La Mouette et le Chat» est la preuve que les éléments tels que la fantaisie et la capacité narrative sont beaucoup plus importants que l’apport du graphisme digital et des effets spéciaux. Un film sous forme de dessin animé, donc, «La Mouette et le Chat», pour qui a la nostalgie des beaux dessins animés d’une autre époque, dont la force était dans la capacité d’alimenter les rêves de celui qui regardait et non pas de les étouffer à coups d’effets spéciaux ronflants. © 1998 reVision, Maria Stella Taccone traduction : Sophie Richard