Centre Français d`exploitation du droit de Copie
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Centre Français d’exploitation du droit de Copie Novembre 2013 Photocopies dans les organisations : 28,6 M€ destinés aux auteurs et aux éditeurs p.2 Part auteur des droits de reprographie : vers de nouvelles modalités de versement p.4 Répartition des droits au titre des usages numériques pédagogiques p.4 Révision du Tarif Général de Redevances de reprographie du CFC p.5 Usages numériques de la presse : une diffusion régulière d’articles entre salariés p.8 Vous reprendrez bien un peu d’exception pédagogique... p.11 De nouveaux services sur la Plateforme CFC Distre-Presse p.6 Actions culturelles : un nouveau rôle pour le CFC en 2014 p.7 Collèges et lycées : où en sont les pratiques de copies ? p.9 Proposition de directive sur la gestion collective p.12 “Text and data mining” p.12 Le développement du numérique se traduit par une multiplicité des pratiques de reproductions de la presse et du livre. Il s’accompagne d’une évolution du cadre et du périmètre d’autorisation de ces usages, ainsi que des publics concernés. Dans le secteur éducatif, l’article 77 de la loi relative à la refondation de l’école votée le 25 juin dernier modifie le périmètre de l’exception pédagogique. Nous présentons dans cette lettre cette évolution dans le cadre de la renégociation en cours des accords sectoriels avec les ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement Supérieur. D’autre part, le développement d’offres et d’usages numériques – par exemple en matière de formation continue en ligne, ou dans les établissements d’enseignement hors tutelle du ministère de l’Éducation nationale - nécessite de fixer les conditions d’autorisation de ces utilisations, et de faire évoluer les apports de droit confiés par les éditeurs. Dans le secteur professionnel, il convient tout d’abord de rappeler que le montant de perception issu de la copie numérique représente 85 % de l’ensemble des redevances collectées. Aujourd’hui, l’essentiel des diffusions de copies d’articles de presse s’effectue sous la forme de panoramas de presse mais le développement des usages numériques s’est accompagné d’une part, d’une multiplication des types d’acteurs (agrégateurs, crawlers…) et d’autre part, d’un recours de plus en plus répandu et régulier à la diffusion de copies numériques d’articles de presse entre salariés. Que ce soit pour accompagner les modifications du cadre juridique du secteur pédagogique ou pour évaluer plus précisément les pratiques du secteur professionnel, le CFC a conduit plusieurs études, présentées dans ce numéro, pour suivre de manière précise ces évolutions et pouvoir y apporter les réponses adéquates dans le cadre de sa mission de défense des intérêts des ayants droit. Denis Noël — Directeur général - Gérant a auteurs - éditeurs photocopies dans les organisations 28,6 m€ destinés aux auteurs et aux éditeurs En septembre 2013, le CFC a reversé aux auteurs et aux éditeurs les sommes perçues en 2012 au titre des photocopies de presse et de livres effectuées par les organisations disposant d’un contrat d’autorisation. SourceS deS redevanceS de reprographie miSeS en répartition en Septembre 2013 Entreprises et administrations : 7,1 % Formation : 9,5 % Étranger : 11,2 % Enseignement supérieur et recherche : 16,4 % Enseignement primaire : 23,2 % Enseignement secondaire : 32,6 % > Plus de 280 000 lignes de déclarations d’œuvres traitées Afin de pouvoir reverser les sommes perçues aux ayants droit des œuvres qui ont effectivement fait l’objet de photocopies, tous les contrats du CFC comportent l’obligation pour les utilisateurs de déclarer (de manière 2 Lettre CFC novembre 2013 exhaustive ou par enquête) les références bibliographiques des publications utilisées ainsi que les volumes copiés. Pour 2012, ce sont ainsi 288 215 lignes de déclarations issues des organisations qui ont été traitées par le CFC. Ces dernières ont généré l’enregistrement de 11 016 nouveaux livres et de 1 578 nouveaux titres de presse. S auteurs - éditeur > 79 % des sommes sont attribués au livre et 21 % à la presse Les sommes qui ont été mises en distribution ont concerné 13 000 éditeurs et près de 111 000 œuvres françaises et étrangères. ventilation deS SommeS diStribuéeS par catégorie de publicationS (touS payS confonduS) Catégories de publications LIVRE L1 - livres de poche L2 - livres scolaires et parascolaires L3 - littérature générale L4 - livres universitaires et professionnels L5 - livres pratiques L6 - livres professionnels en sciences et médecine L7 - livres fortement illustrés Total livre PRESSE P1 - presse grand public grande diffusion P2 - presse grand public (diffusion inférieure à 150 000 ex) P3 - presse professionnelle (diffusion supérieure à 15 000 ex) P4 - presses professionnelle et culturelle spécialisées P5 - presse professionnelle en sciences et médecine P6 - ouvrages professionnels à mise à jour périodique P7 - lettres professionnelles à diffusion restreinte Nombre de titres concernés Montants distribués (en KQ) 11 596 20 629 14 230 34 118 1 735 613 8 196 721 12 805 876 3 829 174 70 1 994 91 117 20 469* 372 2 632 323 6 751 9 593 84 73 501 968 580 2 750 715 40 80 Total presse 19 828 TOTAL GÉNÉRAL 110 945 5 634* 26 103 * ce montant ne prend pas en compte les sommes non documentées, les sommes reversées à la SEAM et celles perçues auprès du CNED > Quelques données chiffrées concernant les montants attribués Aux œuvres : Aux éditeurs : Montant attribué à l'œuvre la plus copiée : 223 000 € Montant attribué à l'éditeur le plus copié : 2,82 M€ Près de 4 800 œuvres se sont vu attribuer plus de 1 000 € 355 éditeurs ont reçu plus de 5 000 € 762 œuvres se sont vu attribuer plus de 5 000 € 37 éditeurs ont reçu plus de 100 000 € Lettre CFC novembre 2013 3 a uteurs - éditeurs part auteur des droits de reprographie vers de nouvelles modalités de versement E Afin d’améliorer le processus de reversement de leur part aux auteurs et, aussi, de simplifier les démarches des éditeurs, le Comité du CFC a adopté une modification des modalités de répartition au titre des droits papier du livre et de la presse. n septembre dernier, le Comité du CFC a adopté une résolution qui vient modifier les modalités de répartition actuellement en vigueur pour le versement de la part des droits de reprographie revenant aux auteurs. Cette résolution comporte deux volets. Le premier concerne la détermination du répartiteur final de la part auteur. Jusqu’à présent, les modalités de répartition déterminent de façon impérative ce tiers répartiteur : l’éditeur ou les SPRD selon les cas. L’éditeur aura désormais la possibilité de déléguer le versement de la part auteur au CFC qui y procèdera par l’intermédiaire des sociétés d’auteurs concernées. Cette faculté, qui devrait faciliter la tâche de certains, ne sera toutefois pas ouverte en cas d’accord d’entreprise. Le second volet vient réformer le dispositif de la vérification du versement effectif des droits aux auteurs par l’éditeur. En effet, jusqu’à présent, le CFC effectuait régulièrement des campagnes de vérification en demandant aux éditeurs d’attester du versement effectif des droits revenant aux auteurs. Le défaut de réponse ou d’attestation conforme n’était toute- fois pas sanctionné. Désormais, l’éditeur ne pourra percevoir de droits (part éditeur et part auteur) que s’il a effectivement fourni au CFC son engagement au titre de la répartition précédente. L’engagement de reversement aux auteurs sera donc une condition du versement de la part éditeur. Ces dispositions, qui se complètent de mesures techniques, ont été adoptées à l’unanimité par les représentants des auteurs et des éditeurs qui constituent le Comité du CFC et feront l’objet de la part du CFC d’une communication dédiée pour leur mise en œuvre. répartition des droits au titre des usages numériques pédagogiques Le Comité du CFC a décidé de la mise en distribution, au cours du premier trimestre 2014, des redevances perçues en 2011 et en 2012, au titre des copies numériques pédagogiques. Il s’agit des redevances perçues dans le cadre des accords existant avec le ministère de l’Éducation nationale et le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche qui autorisent les établissements dépendant des deux ministères à effectuer des reproductions et représentations d’extraits d’œuvres protégées à des fins d’illustration des activités d’enseignement et de recherche. Ils visent des représentations en classe et des utilisations numériques. Ces accords concernent donc le champ de l’exception pédagogique mais également des œuvres qui sont exclues de celle-ci. De la même façon que pour les distributions au titre des années précédentes, ce sont les données de la répartition reprographie qui serviront de base pour cette distribution, faute de disposer de déclarations suffisantes relatives aux usages numériques. 4 Lettre CFC novembre 2013 S auteurs - éditeur révision du tarif général de redevances de reprographie du cfc C Le 1er janvier 2014, le nouveau Tarif Général de Redevances du CFC (TGR) entrera en vigueur. S’il se compose des mêmes catégories de publications que le TGR précédent, il intégre des évolutions contrastées des redevances par page de publications. ’est un véritable événement, puisque depuis le 1er janvier 1998 et hors l’adoption de diverses modalités de mise en œuvre, le Tarif Général de Redevances (TGR) de reprographie du CFC n’avait pas évolué ! On rappellera que le TGR du CFC est la base de facturation commune à l’ensemble des utilisateurs. Il s’agit du montant de redevance dû au titre de la photocopie (format A4) d’une page de publication. Il correspond au prix moyen de vente (HT) d’une page de publication pour une catégorie donnée. On soulignera que pour le secteur du livre, ce sont deux années complètes d’édition qui ont été analysées et qui ont abouti aux nouveaux tarifs. Pour la presse, les calculs ont été effectués en prenant en compte les publications qui sont les plus copiées dans chaque catégorie afin de disposer de tarifs en phase avec la réalité des pratiques. La nouvelle grille applicable à compter du 1er janvier 2014 a été adoptée par le Comité du CFC sans que des modifications soient apportées à la struc- L.1 Livres de poche Redevances Catégories de publications 0,0382 UHT P.1 Presse grand public grande diffusion Journaux et magazines d’information générale et magazines thématiques à diffusion* supérieure à 150 000 ex L.2 Livres scolaires et parascolaires Manuels - ouvrages d’exercice, de soutien ou d’entraînement - ouvrages d’accompagnement de l’enseignement - dictionnaires, encyclopédies et atlas correspondants 0,0938 UHT 0,0965 UHT Toutes disciplines à l’exception des livres professionnels en sciences et médecine 0,1017 UHT L.5 Livres pratiques Guides - ouvrages de conseils, de savoir-faire, d’autoformation - annuaires grand public L.6 Livres professionnels en sciences et médecine 0,0723 UHT P.4 Presses professionnelle et culturelle spécialisées 0,1217 UHT 0,1929 UHT 0,1389 UHT Journaux et magazines professionnels à diffusion* inférieure à 15 000 ex, revues culturelles spécialisées 0,2019 UHT P.5 Presse professionnelle en sciences et médecine 0,4970 UHT 0,6250 UHT 0,2569 UHT P.6 Ouvrages professionnels scientifiques techniques et médicaux à mise à jour périodique Techniques de l’Ingénieur uniquement P.7 Lettres professionnelles à diffusion* restreinte 0,7622 UHT L.7 Livres fortement illustrés Beaux livres - bandes dessinées - albums et documentaires jeunesse - encyclopédies et atlas vendus par courtage et par correspondance 0,0344 UHT P.3 Presse professionnelle Journaux et magazines professionnels à diffusion* supérieure à 15 000 exemplaires L.4 Livres universitaires et professionnels Redevances P.2 Presse grand public Journaux et magazines d’information générale et magazines thématiques à diffusion* inférieure à 150 000 ex L.3 Littérature générale Romans - nouvelles - poésie - théâtre - actualité religion - ésotérisme. On observera que les évolutions sont très diverses. Certaines catégories ne progressent pas, d’autres faiblement et certaines de façon importante. On soulignera toutefois que le mécanisme de prix moyen mis en œuvre dans les contrats du CFC atténuera les effets d’augmentation pour les utilisateurs. Par ailleurs, dans certains secteurs, les progressions de tarifs seront très nettement compensées par les baisses de consommation constatées. PRESSE LIVRES Catégories de publications ture des catégories qui restent donc inchangées. * La diffusion s’entend de la diffusion totale payée d’une publication Lettre CFC novembre 2013 5 a uteurs - éditeurs plateforme cfc distre-presse Il y a un an, le CFC lançait CFC DISTRe-PRESSE, sa plateforme numérique de distribution d’articles de presse dédiée aux prestataires de veille média et aux éditeurs de presse. De nouveaux services sont venus depuis lors compléter cette offre. > une nouvelle interface pour les éditeurs, cfc distre-doc C FC Distre-Presse compte désormais quatre prestataires de services abonnés à son service “Flux PDF complet”, qui ont pleinement intégré les flux en provenance de la Plateforme dans leurs propres processus de production. Quelques aménagements techniques ont été apportés et d’autres sont en cours de développement afin d’améliorer le service aux abonnés. De la même façon que l’abonnement à la Plateforme n’est pas obligatoire pour les prestataires de services disposant d’un contrat d’autorisation de reproduction avec le CFC, la souscription à chaque nouveau titre intégré à la Plateforme est laissée au libre choix de chaque abonné. Les éditeurs présents sur la Plateforme se voient déjà restituer le flux articles de leurs titres en format PDF et XML pour leurs usages propres. Ils vont désormais pouvoir bénéficier du service CFC Distre-Doc, l’interface documentaire sur la base archive destinée aux éditeurs et à leurs journalistes. CFC Distre-Doc dispose de fonctions > des contenus au service de l’exception handicap L e CFC a signé un accord au mois de septembre 2013 avec la Bibliothèque nationale de France (BnF) dans le cadre de la mise en œuvre de la loi sur l'exception handicap. En effet, la loi du 1er août 2006 relative au droit d’auteur et aux droits voisins dans la société de l’information a institué, au bénéfice des personnes atteintes d’un handicap, une exception au droit d’auteur codifiée à l’article L. 122-5, 7° du code de la propriété intellectuelle. Cette exception entraîne pour les éditeurs de livres comme de presse l’obligation de mettre à disposition les fichiers numériques de leurs publications sur demande des organismes agréés, afin que ces derniers puissent produire des fichiers adaptés 6 Lettre CFC novembre 2013 à la consultation des personnes atteintes de handicap (braille, format international DAISY…). La BnF centralise les demandes et les transferts de fichiers à partir de sa Plateforme sécurisée de Transfert des Ouvrages Numériques (PLATON). L’accord entre le CFC et la BnF permet la livraison de fichiers standardisés pour les publications de presse à partir de la plateforme du CFC. Le CFC propose ainsi aux éditeurs, dont les titres sont présents sur la plateforme CFC Distre-Presse, de faciliter leurs démarches pour se conformer à l’obligation mise à leur charge dans le cadre de l’exception handicap en assurant pour leur compte la mise à disposition des fichiers auprès de la BnF. de recherches simples et avancées ainsi que de fonctions de consultation par article ou par page de chaque publication. Tout utilisateur disposant d’un compte peut également sauvegarder ses recherches, créer des alertes e-mail, créer ses propres dossiers pour stocker ou organiser les articles sélectionnés et envoyer par e-mail des articles à un autre utilisateur enregistré. Dans le cadre des accords de partage documentaire, un éditeur peut habiliter un autre éditeur à accéder à ses contenus. 22 titres sont aujourd’hui présents sur la Plateforme 9 quotidiens : Aujourd’hui En France La Croix Les Échos L’Équipe Le Figaro L’Humanité International New York Times (ex International Herald Tribune) Le Monde La Tribune 11 hebdomadaires : L’Agefi Actifs L’Agefi Hebdo L’Express France Football L’Humanité Dimanche Investir Marianne Le Moniteur Option Finance Le Point La Tribune Hebdomadaire 2 mensuels : Funds La Tribune de l’Assurance S auteurs - éditeur actionS culturelleS un nouveau rôle pour le cfc en 2014 P Le prélèvement légal de 25 % de la part de la copie privée revenant aux éditeurs de presse cumulée aux redevances non réparties de la reprographie vont permettre au CFC, conformément à la législation, de financer des actions culturelles à partir de 2014. arallèlement à leur mission première qui est de gérer les droits qui leurs sont confiés, les SPRD (Sociétés de Perception et de Répartition de Droits) sont également des acteurs du financement de l’action culturelle. Des actions encadrées par le CPI En effet, le code de la propriété intellectuelle les oblige à effectuer certaines dépenses d’intérêt général qui participent au financement de la vie culturelle. Le code de la propriété intellectuel prévoit ainsi à son article L.321-9 que les sociétés doivent affecter 25 % de la rémunération de la copie privée à des actions d’aides à la création, à la diffusion du spectacle vivant et à des actions de formation des artistes. Il prévoit également que la totalité des sommes perçues au titre de la reprographie qui n’ont pu être réparties et qui sont prescrites doivent être affectées à ces actions. Pour la première fois, l’exercice 2009 a marqué l’arrivée du terme de prescription pour des droits de reprographie perçus par le CFC. Les sommes concernées s’étant avérées d’un faible montant, l’Assemblée générale des associés avait décidé, sur proposition du Comité, de reporter leur utilisation effective. L’arrivée de la copie privée dans le champ de gestion du CFC a fait croître rapidement les sommes à affecter à ces actions et conduit à mettre en œuvre le dispositif légal. Hors l’obligation d’affectation des sommes, le dispositif de l’article L.321-9 est relativement peu précis et peu contraignant. Il ouvre donc la voie à interprétations sur de nombreux points. Les études menées par la Commission Permanente de Contrôle des SPRD ont particulièrement mis en évidence les éléments d’incertitude concernant l’interprétation des textes applicables. Encadrer la politique d’actions culturelles du CFC Dans ce cadre, la Direction du CFC a proposé une méthode de travail par étape visant à déterminer un cadre d’action précis. Le Comité a suivi cette préconisation et a pu définir une série d’orientations lors de sa réunion de fin septembre. Il a ainsi souligné la nécessité pour le CFC de maîtriser sa politique d’actions culturelles, ce qui va le conduire à en définir les orientations sous forme d’une charte qui sera rendue publique. Le Comité a constaté que la mise en œuvre des dispositions de l’article L.3219 par le CFC ne nécessitait pas de modification statutaire et qu’il avait compétence pour en organiser la gestion et la gouvernance. Le Comité a également décidé d’élaborer et d’adopter un guide de procédures organisant et décrivant le traitement des demandes de financement jusqu’au suivi des opérations effectivement aidées. Plusieurs décisions d’ordre technique ont aussi été adoptées et seront intégrées dans la charte et le guide de procédures évoqués ci-dessus. La mise en œuvre de ce dispositif courant 2014 permettra aussi au CFC de donner une plus grande visibilité à son action. Lettre CFC novembre 2013 7 S ecteurs d’activité usages numériques de la presse une diffusion régulière d’articles entre salariés D En juillet 2013, une enquête menée auprès de 1 000 cadres a permis de faire le point sur les usages numériques non structurés de la presse dans les entreprises françaises de plus de 50 salariés. ans le cadre de la gestion des droits que lui confient les éditeurs de presse concernant les copies et les diffusions professionnelles numériques de leurs publications, le CFC a demandé à LH2 de réaliser une étude sur les pratiques non structurées des cadres (hors panoramas de presse et bases de données documentaires), au sein des entreprises françaises. Plus précisémment, cette enquête en ligne, menée en juillet 2013, a concerné 1 005 cadres issus d’entreprises de plus de 50 salariés. Elle faisait suite à un premier volet d’étude qualitatif conduit en face à face et par téléphone en mai et juin 2013 qui avait permis, d’une part, de mettre en évidence l’existence de pratiques significatives en matière de diffusion numérique d’articles de presse et, d’autre part, d’élaborer le questionnaire de ce second volet d’étude. La recherche d’informations, une pratique inhérente à la fonction cadre, qui inclut massivement la presse La première partie de cette étude avait pour objectif d’identifier les besoins d’information des cadres ainsi que les sources qu’ils utilisent et particulièrement pour la presse : - 63 % des cadres interrogés déclarent rechercher très régulièrement de l’information (c’est-à-dire quotidiennement ou plusieurs fois par semaine) pour les besoins de leur activité professionnelle. 8 Lettre CFC novembre 2013 - Les 3 sources d’information utilisées très régulièrement pour ces recherches d’informations sont la consultation de sites web (59 %), les bases de données internes des entreprises (50 %) et la presse (43 %). - Concernant plus spécifiquement la presse, cette dernière constitue une source importante d’information des cadres, quel que soit le secteur d’activité ou la taille de l’entreprise. Ainsi, la presse spécialisée et professionnelle est déclarée être consultée par plus de 80 % d’entre eux, la presse d’information générale par 78 % et la presse d’information économique et financière par 72 %. La diffusion non structurée d’articles de presse, une pratique régulière et légitime La deuxième partie de cette étude concernait expressément la diffusion numérique d’articles de presse entre collaborateurs : - 75 % des cadres interrogés déclarent diffuser des articles de presse au format numérique et 23 % affirment le faire très régulièrement. À noter que ce pourcentage n’est que de 11 % pour les cadres ne disposant pas d’abonnement professionnel. Concernant le format source de ces articles diffusés : - 67 % des cadres déclarent scanner des articles provenant de publications papier (abonnement professionnel ou revue de presse) ; - 80 % utilisent un format numérique provenant d’un mail d’un collaborateur (38 %), d’un site de presse en ligne (31 %), d’un site d’actualité proposant des sélections gratuites de presse (26 %), d’alertes de sites d’actualité (25 %) ou de la revue de presse électronique de l’entreprise (23 %). - Enfin, 56 % des interviewés transmettent ces articles à un nombre de collaborateurs compris entre 2 et 5 et 37 % les destinent à un nombre de collaborateurs supérieur à 5. Il est en outre à noter que ces diffusions n’ont pas de barrière hiérarchique puisqu’elles se font autant vers des cadres de niveau supérieur, qu’inférieur ou égal. Suivre l’évolution des pratiques pour adapter leur encadrement contractuel Cette étude a donc permis d’identifier les besoins, les pratiques et les évolutions des entreprises en matière de diffusions de copies numériques non structurées d’articles de presse. Et grâce à l’évaluation plus précise des volumes transmis, qui est en cours de réalisation, le CFC aura très prochainement les moyens d’adapter encore plus précisément son offre contractuelle vers les utilisateurs et de continuer ainsi de répondre à sa mission de régulation et de valorisation de l’exploitation des contenus presse, tout en restant l’interlocuteur privilégié des organisations pour leurs utilisations de publications. Secteurs d’activit collèges et lycées où en sont les pratiques de copies ? D L’analyse de 4 250 actes de copies numériques et de 27 500 pages de photocopies d’œuvres protégées a confirmé la complémentarité de ces deux modes de diffusion au sein des établissements du second degré. epuis une dizaine d’années, le recours aux TICE (Technologies de l’Information et de la Communication dans l’Enseignement) s’est nettement développé dans les établissements secondaires. Dans ce contexte, le CFC a souhaité faire le point sur les pratiques de copie d’œuvres protégées des enseignants, en réalisant en 2013 deux études : l’une sur les usages numériques, l’autre sur le recours à la photocopie. Une étude sur les usages numériques... En matière d’usages numériques, le CFC a procédé à l’analyse d’informations recueillies, pendant plus d’un an, auprès des enseignants d’un échantillon représentatif de collèges et de lycées, défini par le ministère de l’Éducation nationale. Concrètement, il a été demandé aux enseignants des établissements concernés de recenser, pendant 4 semaines de cours consécutives, les copies d’extraits d’œuvres protégées qu’ils diffusent à leurs élèves sous forme de photocopies mais également sous forme numérique, qu’il s’agisse d’un usage en classe ou d’une diffusion hors de la classe. Les enseignants ont également été invités à préciser le support d’origine de l’œuvre copiée, en indiquant s’il s’agit d’une publication sur support papier ou éditée sur support numérique. 800 collèges et lycées ont transmis au CFC des informations sur les œuvres diffusées sous forme numé- rique par leurs enseignants, entre les mois de janvier 2012 et d’avril 2013. Ce sont ainsi 4 250 actes de copie numérique d’œuvres protégées qui ont été précisément analysés. Ces usages numériques correspondent essentiellement à des diffusions en classe, c’est-à-dire des représentations au moyen de vidéoprojecteur ou de Tableau Blanc Interactif (TBI/TNI). Les diffusions hors de la classe, qu’il s’agisse de la mise en ligne sur le réseau interne de l’établissement ou d’un envoi par mail, représentent en effet une part limitée de l’ordre de 5 % des actes de copie déclarés. Il est intéressant de noter que la diffusion numérique d’œuvres protégées se double souvent d’une diffusion sur support papier : dans près de 60 % des cas, l’enseignant diffuse à ses élèves le même document par voie numérique et sous forme de photocopie, souhaitant manifestement leur laisser une trace matérielle du document présenté. En considérant les catégories d’œuvres protégées diffusées sous forme numérique, il apparaît que les livres sont de très loin les publications les plus utilisées par les enseignants (90 %), la presse ne représentant qu’une part limitée des œuvres copiées (10 %). Plus précisément, on remarque la part prépondérante des manuels scolaires qui représentent 80 % de l’ensemble des publications déclarées, cette proportion étant identique à celle observée dans le cas des photocopies (Cf. autres études du CFC). En matière de périodiques, les catégories les plus utilisées sont la Presse quotidienne nationale, française et étrangère (40 %) et la Presse magazine (35 %). On observe par ailleurs que, selon le type de publication, les enseignants privilégient plutôt le recours à une édition papier ou numérique : pour le livre, ils utilisent essentiellement des ouvrages papier (85 %), et donc peu de livres numériques (15 %), alors que pour la presse, ils recourent plus souvent à une version numérique (65 %) qu’à des publications imprimées (35 %). On constate donc que les œuvres protégées diffusées sous forme numérique proviennent essentiellement de publications imprimées : le scan représente ainsi 80 % des actes déclarés par les enseignants, contre 20 % pour des copies d’œuvres éditées sur support numérique. Il convient toutefois de souligner que ces pratiques de diffusion numérique – qui représentent des volumes non négligeables – demeurent encore limitées par rapport à la photocopie : 15 % contre 85 % de l’ensemble des actes de copies déclarés. …Complétée par une étude sur les pratiques de photocopies Afin d’évaluer plus précisément ce recours à la photocopie, le CFC a réalisé une autre étude fondée sur l’examen des supports de cours diffusés aux élèves. Lettre CFC novembre 2013 9 é S ecteurs d’activité Plus précisément, il s’est agi de collecter, pendant une période d’un mois, l’ensemble des photocopies réalisées par le service de reprographie d’un échantillon de 109 collèges et lycées (cette collecte s’est déroulée entre les mois de novembre 2012 et avril 2013). Les établissements considérés, qui accueillent près de 80 000 élèves (37 % en collège et 63 % en lycée) ont ainsi transmis au CFC 41 300 supports de cours, correspondant à un volume de près de 137 500 pages de copies. Cette étude “sur pièces” a consisté en une analyse détaillée du contenu des supports de cours. Elle a permis d’identifier plus de 20 000 “emprunts” (extraits de livres ou de périodiques), dont la taille moyenne est d’un peu plus d’1 page A4 (1,3 pages). En tenant compte de la diffusion de ces supports de cours (c'est-à-dire du nombre d’élèves auxquels ils ont été distribués), il apparaît que les copies d’œuvres protégées représentent 28,5 % de l’ensemble des pages de photocopies diffusées dans les collèges et 18,2 % du total distribué dans les lycées. Ainsi, en moyenne, les copies de publications représentent près du quart des photocopies diffusées (24,4 %). Pour évaluer le nombre moyen de pages de copies de publications distribuées à un élève au cours d’une année scolaire par ces enseignants, les résultats observés pendant la période de collecte (4 semaines) ont été “étendus” sur la durée d’une année (36 semaines). On observe une différence selon le niveau d’enseignement : 89 pages pour un élève de collège et 117 pages pour un élève de lycée. Ainsi, en moyenne, un élève du second degré reçoit 100 pages de photocopies d’œuvres protégées par an. S’il est indéniable que les usages des collèges et des lycées ont évolué ces dernières années avec le développement des TICE, ces études montrent que l’on est loin de l’avènement du tout numérique et du “zéro papier”. Ainsi, l’observation des pratiques sur le terrain montre que la situation est un peu plus complexe et nuancée : les pratiques de diffusion papier et numérique coexistent, se superposent (double diffusion) et vraisemblablement se complètent, la photocopie demeurant encore largement répandue dans les établissements. > Il existe aussi des panoramas de presse dans l’enseignement et la formation On oppose souvent les copies “pédagogiques”, destinées à être remises à titre de support de cours dans le cadre d’un enseignement ou d’une formation, aux copies “professionnelles”, réalisées par les entreprises ou les administrations pour leurs besoins internes de communication et d’information. Néanmoins, les établissements d’enseignement comme les organismes de formation sont bien entendu concernés par les copies professionnelles, en particulier les panoramas de presse. Historiquement, ces organismes ont d’abord été prospectés pour leurs reproductions effectuées à des fins pédagogiques, au titre desquelles ils sont principalement concernés. Depuis de nombreuses années maintenant, nous les contactons également pour leurs copies professionnelles, papier comme numériques. Les établissements les plus importants en termes de structure administrative et pédagogique sont bien entendu les plus concernés. Ainsi, les universités (universités de Strasbourg, Rennes ou Toulouse par exemple), les écoles supérieures de commerce (parmi lesquelles HEC, l’ESCP ou EMLyon) ou les écoles d’ingénieurs (citons l’École Polytechnique, l’École Centrale de Paris et les écoles des Mines) sont nombreuses à réaliser des panoramas de presse, tout comme l’AFPA, le CNFPT, le CNAM, le CNED. Il en va de même pour les établissements de tutelle des écoles et instituts de santé comme la Croix Rouge Française, l’AP-HP ou les Centres hospitaliers. Par ailleurs, nous constatons également ces pratiques dans des structures plus petites, comme des écoles d’art ou des organismes de formation spécialisés. Comme dans les entreprises et les administrations, la tendance est au remplacement du papier par le numérique et de nombreux contrats désormais concernent les copies numériques. À ce jour, parmi les établissements d’enseignement et les organismes de formation : - 49 organisations disposent d’autorisations pour leurs panoramas de presse papier ; - 77 organisations ont un contrat pour leur panorama de presse électronique ; - 9 contrats concernent les autres copies numériques internes (hors panoramas de presse). 10 Lettre CFC novembre 2013 actualités juridique vous reprendrez bien un peu d’exception pédagogique… E Le projet de loi du gouvernement, adopté en juillet 2013 a élargi le champ de l’exception pédagogique aux œuvres conçues pour une édition numérique de l’écrit (hors œuvres pédagogiques). n mars dernier, nous dénoncions dans nos colonnes la menace d’un élargissement inconsidéré du champ de l’exception pédagogique qui résultait de la discussion du projet de loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République. Nous demandions alors la mise en place d’une véritable concertation afin que les problèmes résultant du mécanisme d’exception pédagogique, en vigueur depuis le 1er janvier 2009 et prévu par l’article L.122-5 3°e du code de la propriété intellectuelle, soient traités sur le fond. Nous proposions de prendre le temps d’examiner des solutions alternatives permettant de concilier respect du droit des auteurs et besoins des enseignants. À quelques encablures de là, le rapport de la mission “Acte 2 de l’exception culturelle” conduite par Pierre LESCURE, faisait de même. Sans aucun doute, ces propositions et l’action “pédagogique” des ayants droit auprès des parlementaires et du Gouvernement ont permis d’éviter le pire, une exception totale non compensée réclamée par certains. Car, si personne n’a jamais imaginé dispenser les enseignants de rémunération au nom de la gratuité de l’accès à l’enseignement (et c’est heureux), certains l’estiment possible pour les auteurs et leurs ayants droit ! Le projet du Gouvernement, qui n’allait pas jusque-là, devenu la loi n°2013-595 du 8 juillet 2013, a néanmoins consacré à son article 77 l’élar- gissement de l’exception pédagogique (le texte de l’article L.122-5 3°e du code de la propriété intellectuelle résultant de ces modifications est reproduit ci-après). L’extension est double du point de vue juridique et elle se complète de plusieurs précisions rédactionnelles apportées au texte initial. Le nouveau texte incorpore au champ de l’exception les reproductions ou représentations d’extraits d’œuvres réalisées pour une édition numérique de l’écrit (ORENE), ainsi que les utilisations d’extraits d’œuvres pour les sujets d’examens ou de concours organisés dans la prolongation des enseignements. En outre, le texte mentionne désormais l’utilisation d’un “espace numérique de travail”. On observera que la question des sujets d’examens était déjà traitée par l’intermédiaire des accords sectoriels qui complètent le dispositif légal et qu’il en était de même pour les espaces numériques de travail. En revanche, en faisant entrer les ORENE dans le champ de l’exception pédagogique, le nouveau texte y fait basculer, hors les œuvres conçues à des fin pédagogiques (OCFP), toute l’édition de livres numériques ou la presse en ligne. Si l’on peut comprendre que l’on ne veut plus imposer à l’enseignant de continuer à scanner un article de presse papier alors que ce même article est disponible sur le site Internet du journal, il faudra en tirer les conséquences lors de la discussion du nouvel accord sectoriel relatif à l’Écrit. Cette discussion doit en effet avoir lieu de façon urgente pour permettre à l’exception pédagogique d’être maintenue en vigueur après le 31 décembre 2013, car l’accord sectoriel mentionné précédemment s’achève à cette date et ne traite pas des utilisations d’œuvres numériques… Article L.122-5 3° Lorsque l'œuvre a été divulguée, l'auteur ne peut interdire : … e) La représentation ou la reproduction d'extraits d'œuvres, sous réserve des œuvres conçues à des fins pédagogiques et des partitions de musique, à des fins exclusives d'illustration dans le cadre de l'enseignement et de la recherche, y compris pour l'élaboration et la diffusion de sujets d'examens ou de concours organisés dans la prolongation des enseignements à l'exclusion de toute activité ludique ou récréative, dès lors que cette représentation ou cette reproduction est destinée, notamment au moyen d'un espace numérique de travail, à un public composé majoritairement d'élèves, d'étudiants, d'enseignants ou de chercheurs directement concernés par l'acte d'enseignement, de formation ou l'activité de recherche nécessitant cette représentation ou cette reproduction, qu'elle ne fait l'objet d'aucune publication ou diffusion à un tiers au public ainsi constitué, que l'utilisation de cette représentation ou cette reproduction ne donne lieu à aucune exploitation commerciale et qu'elle est compensée par une rémunération négociée sur une base forfaitaire sans préjudice de la cession du droit de reproduction par reprographie mentionnée à l'article L. 122-10 ; Lettre CFC novembre 2013 11 S > proposition de directive sur la gestion collective L es discussions au sein de l’Union européenne concernant la proposition de directive sur la gestion collective des droits d’auteurs et des droits voisins sont entrées dans la phase finale de négociations triangulaires (Commission européenne, Parlement européen et Conseil). Le texte proposé par la Commission européenne voici plus d’un an, qui soulevait de nombreuses difficultés, a été amendé sur de nombreux points. Il convient cependant de rester vigilant afin d’aboutir à un texte qui garantisse la pérennité de tous les modes de gestion existant en Europe et qui traite du fonctionnement des sociétés de gestion collective sans intervenir sur le régime des droits. Le CFC prend une part active aux démarches de > “text and data mining” D éjà présent sur ce dossier à travers le groupe de travail mis en œuvre par la Commission européenne dans le cadre du programme “Licences for Europe”, le CFC continue son travail prospectif sur cette question en participant au comité de pilotage mis en place par Me Jean MARTIN pour conduire la mission qui lui a été confiée dans le cadre du CSPLA. Cette mission doit permettre d’identifier les solutions juridiques qui permettront d’assurer le développement des activités de “text and data mining” dans un cadre sécurisé pour les opérateurs comme pour les détenteurs de droits sur les contenus traités. Centre Français d’exploitation du droit de Copie 20, rue des Grands-Augustins 75006 Paris Tél. : 01 44 07 47 70 Fax : 01 46 34 67 19 mail : [email protected] 12 Lettre CFC novembre 2013 l’IFRRO (International Federation of Reproduction Rights Organisations) dans ce dossier structurant. Le Comité de pilotage a d’ores et déjà tenu deux réunions qui ont permis de mieux cerner les pratiques, d’identifier un certain nombre des actes accomplis aux cours des opérations et de mettre en évidence différentes problématiques juridiques. La Lettre du CFC ISSN : 2114-3978 Directeur de la publication : Denis NOEL Réalisation : CFC Impression : Artésienne Liévin (62) Crédits photographiques : © Serp, © ImageTeam / Shutterstock © Adimas, © Jérôme Rommé, © Jorisvo / Fotolia Nov. 2013 - GEN Lettre CFC a ctualités juridiques