Construire, se construire La place de l`enfant dans l`habitat

Zones pilotes habitat du Grand Clermont
Construire, se construire
La place de l’enfant dans l’habitat
Catherine Charcot
Animatrice du Relais Assistantes Maternelles de la Communauté de communes
Limagne d'Ennezat
´ Maison de l’Enfance et de la Famille - rue du Moulin – 63720 Ennezat - Tèl : 04.73.64.25.33
[email protected]
 Résumé
L’enfant a t-il une place dans la conception de la maison, du quartier, de la
commune ?
Pour se construire, l’enfant évolue dans une maison faite pour les grands. Les
adultes accompagnent l’enfant dans ses parcours de vie à travers différentes
approches éducatives, notamment dans la prévention active des dangers de la
maison. La relation enfant-adulte, mais aussi la vie de tout humain se construit au
travers de moments d’intimité permettant de se ressourcer intérieurement et grandir.
Imaginer pouvoir aménager une « pièce à ne rien faire » paraît aujourd’hui futile ou
luxueux, car dans la maison tout est utile.
Bien plus que la place de l’enfant dans la maison, le quartier, la commune, fait figure
de projet de société, d’un ensemble qu’il faut pouvoir concevoir entre l’habiter, la
mixité sociale et inter-générationnelle et les maisons évolutives.
Le Relais Assistantes Maternelles de la Communauté de Communes Limagne
d’Ennezat est un lieu où Assistantes maternelles, enfants, parents, et autres
professionnels se rencontrent, s’expriment et tissent des liens sociaux. Le territoire
de cette Communauté de Communes est en pleine expansion résidentielle. A SaintBeauzire, un Comité de pilotage a été constitué en association avec les élus et
l’Agence Clermont Métropole. Ce Comité a pour objectif de suivre la conception d’un
nouveau quartier qui accueillera 350 habitants. En partant de la réflexion des
habitants, les élus souhaitent respecter l’environnement, la mixité sociale et
intergénérationnelle du village.
Le Relais Assistantes Maternelles s’associe à cette initiative afin de recueillir les avis,
les réflexions autour de la place de l’enfant dans l’habitat. Il a organisé un temps
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d’échanges en soirée le 27 février 2007 s’adressant aux assistantes maternelles
agréées résidant sur la Communauté de communes, aux familles et à toute autre
personne se sentant concernée par ce sujet. Par rapport à la notion du travail à
domicile qui se développe énormément aujourd'hui et prend diverses formes, il me
paraît intéressant d'insister sur le fait qu'il y a longtemps que le domicile des
assistantes maternelles sert de lieu professionnel. Aujourd'hui, l'avancée des
nouveaux textes, qui régissent leur travail, montrent les défis d'organisations
spatiales à relever.
 1ère table ronde Qu’est-ce qui se passe dans la Maison ?
Table ronde qui présente une expérience originale de l’association ICEO, autour de
l’univers de la maison et de la relation enfant-adulte et rappelle le rôle essentiel de la
prévention des accidents domestiques grâce au témoignage d’une puéricultrice.
 2nde table ronde
L’acte de construire et se construire
Ce second temps d’échanges évoque la prise en compte de l’enfant dans la
conception du quartier jusqu’au logement, issue des réflexions de l’architecte et du
regard du sociologue sur l’acte de se construire : appropriation de l’espace par
l’enfant et les relations parents et voisinage.
1ère table ronde
La maison imaginaire
Mme Reynaud
Membre d’ICEO, association Loi 1901, pour le développement de la créativité et de
l’imaginaire dans l’éducation des touts petits.
Création dans une salle des fêtes de l’univers d’une maison pour une manifestation
culturelle dédiée à la petite enfance. Outre les différents spectacles proposés, tout un
travail d’installation de différentes pièces de la maison a été organisé. Tout ceci pour
permettre de découvrir différents ateliers (lieux) propices à la relation parentsenfants : l’entrée pour l’accueil, un couloir, un salon, lieux communs pour des
activités de création de pâte à sel, différents jeux, une fresque aux épices… Une
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cuisine, avec du mobilier à taille d’enfants. Des chambres, pour la fabrication de
marionnettes et le jeu dans l’imaginaire. La pièce à ne rien faire fournie de
coussins, tapis, hamacs, voiles. Une salle de bains avec des miroirs et autour du
maquillage. Un grenier permettant l’exploration d’objets de récupération et des
déguisements divers. Un garage pour des jeux de construction, une cave, un jardin
avec des poules, des lapins et le jardinage.
Les bénévoles ont retenu de cette expérience forte différents points de vue :
-
les adultes sont bien souvent dans une recherche du faire / du faire-faire et
tous les côtés utilitaires de la maison,
-
les enfants grandissent dans une maison de grands où les éléments ne sont
pas à leur taille, mais cela participe à l’acte de grandir,
-
les choses vécues dans la pièce à ne rien faire ont été intenses.
Le débat a porté sur :
-
Comment accompagner le tout petit dans la maison ?
-
Démonstration que le « chez soi » peut s’ouvrir au monde et à la culture.
-
Importance d’un lieu à la maison pour ne rien faire afin de retrouver son
intimité profonde : se construire.
La citation : « Votre maison est votre corps élargi », K. Gibran
L’idée forte : la pièce à ne rien faire
Les dangers de la maison
Mme Mathevon
Puéricultrice de secteur
Les lieux à risque dans la maison sont principalement : la cuisine, la cour ou le jardin,
les escaliers. Ils occasionnent différents types d’accidents : les intoxications, les
brûlures, les noyades, les chutes. Les progrès dans l’organisation des maisons
apportent pour autant de nouveaux dangers : le micro ondes, les lampes halogènes,
les portes automatiques de garage.
Les préconisations apportées au titre de la prévention recommandent une approche
éducative par exemple en expliquant aux enfants les symboles apparaissant sur les
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produits dangereux ou de connaître les numéros d’urgence en cas d’accident,
notamment celui du centre anti-poison : 04 72 11 69 11
Le débat a porté sur :
-
l’éducation de l’interdit
-
la prise de risques
-
les limites du tout sécuritaire
L’idée forte : le rôle primordial des adultes dans la prise en compte des dangers de
la maison pour l’enfant.
2nde table ronde
L’habiter
Thierry Morel
Sociologue, Ecole d’Architecture de Clermont Ferrand et formateur de travailleurs
sociaux
Plutôt que de partir sur l’idée de l’habitat, le sociologue se base sur la notion
d’HABITER. Le rapport à l’espace n’est pas naturel, il est acquis par l’éducation, la
culture, c’est un rapport socialisé :
-
parler de « l’habiter » c’est parler de l’être,
-
l’espace est vecteur d’identité : « j’habite donc je suis ».
L’humain habite un lieu quand il s’identifie à ce lieu, c’est à dire quand il a marqué
son territoire (objets personnels, décoration, parfum d’intérieur). L’aménagement, le
déménagement ont des portées conséquentes pour l’humain à travers cette notion
de l’habiter.
Prendre soin de son intérieur (sa maison) : c’est se soigner soi. C’est parce que l’on
se sent bien chez soi que l’on va à la rencontre de l’extérieur et des autres
(frottement consenti).
D’où l’importance de valoriser dans l’habiter : les espaces d’intimité, les espaces
d’exposition.
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Le débat a porté sur : la tendance des pièces d’exposition un peu partout dans
l’habitat actuel
La citation : « Sans la maison l’homme serait dispersé », G. Bachelard
L’idée forte : « J’habite donc je suis » et l’habiter
Du quartier jusqu’au logement
Rachid Kander
Urbaniste architecte, Agence Clermont Métropole
Cette seconde partie peut faire l’objet d’un débat en soi, avec une approche sur la
culture, l’identité, l’image souvent fabriquée par le marché et la culture de chacun.
L’habitat et sa propriété font partie des valeurs véhiculées par la société. Nos rêves
d’accession se cristallisent avec la maison « bien à soi », avec son terrain permettant
d’en faire le tour.
L’insertion de l’habitat dans le quartier et dans la ville doit prendre en compte les
cycles de vie et une pluralité de besoins. L’évolution des modes de vie, avec le rôle
croissant des services, du travail à domicile (télé-travail), des mutations
professionnelles
(mobilité),
des
comportements
familiaux
et
sociétaux
(monoparentalité …), doit être prise en compte.
Cette présentation est volontairement ciblée sur deux axes :
-
l’insertion dans le quartier et dans la ville,
-
la maison évolutive.
Penser l’habitat du quartier jusqu’au logement, c’est se fonder sur les notions de
solidarité, de mixité sociale et générationnelle, sur la recherche d’un équilibre du
voisinage. C’est aussi permettre la proximité et l’intimité. La ville est un bien commun
qui doit répondre aux objectifs de nécessité « du vivre ensemble » et de cohésion
sociale.
Mon quartier, un vrai village / mon village, une vraie ville à la campagne. Habiter
c’est s’insérer dans le quartier et la ville, en prenant en compte les facteurs de :
-
voisinage : intimité / anonymat,
-
solidarité : mixité sociale et intergénérationnelle à travers une diversité de
logements,
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-
autorégulation : auto-surveillance, limite entre solidarité et atteintes à la
liberté.
Outre les composants sociétaux, l’habitat tend à devenir évolutif, à muter. Dans le
quartier, l’évolution s’attache aux principes de :
-
composition du quartier : cul de sac, boucle, banalisation viaire ;
-
accessibilité : à appréhender selon tous les modes de mobilité ;
-
peuplement : du royaume des enfants au cauchemar collectif ;
-
vie sociale : équipements, vie associative, écoles ;
-
participation : communauté générationnelle, ouverture, partage, assimilation.
Dans le logement, mise à part des imprévus ou accidents de la vie tels que :
l’adaptabilité au handicap, les familles recomposées, l’accueil d’un parent qui
nécessitent une adaptation ou un déménagement, deux approches sont possibles
pour la définition du programme :
Î La maison couteau suisse : modulable selon les âges, les besoins, les projets,
les parcours de vie. Hors enveloppe, il s’agit d’anticiper le rapport aux espaces
extérieurs par une judicieuse implantation (garage, vérandas, extension
abris,…), de sortir du modèle « tour du propriétaire » et d’appréhender différents
types de jardin. L’intégration dans le quartier se traduit par le jardin d’apparat
(représentation sociale), la convivialité de voisinage, et l’intimité (coin repas
extérieur, piscine …). Dans l’enveloppe, il convient de traiter la flexibilité des
espaces, combles ou sous-sols aménageables, structure neutre et souplesse
dans l’implantation des réseaux.
Î La maison étape : à chaque cycle de vie correspond une habitation. Elle impose
une certaine souplesse de conception permettant une facilité de revente (risque
de standardisation du produit).
Le débat a porté sur : la mixité sociale est-elle réalisable ?
La citation : Paroles de Benabar « Quatre Murs Et Un Toit » (ci-jointes)
L’idée forte : La maison évolutive, maison couteau suisse ou étape
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Paroles de Quatre Murs Et Un Toit
Titre est extrait de l'album « Reprise Des Négociations », Benabar, 2005.
Un terrain vague, de vagues clôtures, un couple divague sur la maison future.
On s'endette pour trente ans, ce pavillon sera le nôtre, et celui de nos enfants corrige la femme
enceinte.
Les travaux sont finis, du moins le gros oeuvre, ça sent le plâtre et l'enduit et la poussière toute
neuve...
Le plâtre et l'enduit et la poussière toute neuve.
Des ampoules à nu pendent des murs, du plafond, le bébé est né, il joue dans le salon.
On ajoute à l'étage une chambre de plus, un petit frère est prévu pour l'automne.
Dans le jardin les arbres aussi grandissent, on pourra y faire un jour une cabane...
On pourra y faire un jour une cabane.
Les enfants ont poussé, ils sont trois maintenant, on remplit sans se douter le grenier doucement.
Le grand habite le garage pour être indépendant, la cabane, c'est dommage, est à l'abandon.
Monsieur rêverait de creuser une cave à vins, Madame préfèrerait une deuxième salle de bain...
Ça sera une deuxième salle de bain.
Les enfants vont et viennent chargés de linge sale, ça devient un hôtel la maison familiale.
On a fait un bureau dans la p'tite pièce d'en haut, et des chambres d'amis, les enfants sont partis.
Ils ont quitté le nid sans le savoir vraiment, petit à petit, vêtement par vêtement...
Petit à petit, vêtement par vêtement.
Ils habitent à Paris des apparts sans espace, alors qu'ici.. y'a trop de place.
On va poser tu sais des stores électriques, c'est un peu laid c'est vrai, mais c'est plus pratique.
La maison somnole comme un chat fatigué, dans son ventre ronronne la machine à laver...
Dans son ventre ronronne la machine à laver.
Les petits enfants espérés apparaissent, dans le frigo, on remet des glaces.
La cabane du jardin trouve une deuxième jeunesse, c'est le consulat que rouvrent les gosses.
Le grenier sans bataille livre ses trésors, ses panoplies de cow-boys aux petits ambassadeurs,
qui colonisent pour la dernière fois
la modeste terre promise, quatre murs et un toit.
Cette maison est en vente comme vous le savez, je suis, je me présente, agent immobilier.
Je dois vous prévenir si vous voulez l'acheter, je préfère vous le dire cette maison est hantée.
Ne souriez pas Monsieur, n'ayez crainte Madame, c'est hanté c'est vrai mais de gentils fantômes.
De monstres et de dragons que les gamins savent voir,
de pleurs et de bagarres, et de copieux quatre-heures,
"finis tes devoirs",
"il est trop lourd mon cartable",
"laisse tranquille ton frère",
"les enfants : à table !".
Écoutez la musique, est-ce que vous l'entendez ?
Écoutez la musique, est-ce que vous l'entendez ?
Écoutez la musique, est-ce que vous l'entendez ?
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