au Pays des Merveilles

Transcription

Alice
au
Pays
des
Merveilles
Lewis Carroll
Adaptation de Vincent Libon
texte et disdascalies
Centre Scolaire Saint-Benoît Saint-Servais
2006
Alice au pays des merveilles – séquence
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SEQUENCE 1
Ina et Alice sont assises côte à côte. Alice somnole, sa sœur lit à haute voix :
Ina : « Guillaume le Conquérant, soutenu par le pape, fut bientôt reconnu par … tu
m’écoutes ?
Alice plus intéressée par sa poupée : Euh… oui, oui…
Ina toujours lisant : … reconnu par les anglais qui désiraient un chef. L’archevêque… Tu
dors, ou quoi ?
Alice dans son monde intérieur : Quoi ? Non… non.
Ina : L’archevêque patriote de Canterbury, trouvant cela opportun, se joignit à Edgar
Atheling pour rencontrer Guillaume et lui offrir la couronne…
Alice : A quoi peut bien servir un livre sans images ?… Oh !… un lapin…
Ina toujours lisant : Cela aurait dû l’étonner…
Alice dans son monde intérieur : …Il a l’air pressé !...
Ina toujours lisant : …Mais au moment même, cela lui sembla tout naturel…
Alice essaye d’attraper un lapin imaginaire.
Ina toujours lisant : …Dévorée de curiosité, elle s’élança à sa poursuite…
Alice : Oh, quelle jolie montre !... Emportant sa poupée, Alice court après le lapin.
Ina de plus en plus faiblement : Sans réfléchir, elle s’engouffra derrière lui dans un énorme
terrier… Et soudain, elle tomba dans ce qui semblait être un puits très, très profond …
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SEQUENCE 2
Un lapin blanc en habit passe à tout vitesse et regarde sa montre
Lapin blanc : Oh là là ! Oh là là…Mon dieu je vais être en retard !…
Le Lapin s’engouffre dans un terrier. Alice le suit et tombe dans un puits profond.
Alice tombant : Je vais peut-être traverser toute la terre ! Ce serait drôle d’arriver chez les
gens qui marchent la tête en bas ! On les appelle les Antipodistes, je crois !...
Alice atterrit près d’une porte minuscule. Nouveau passage du lapin
Lapin blanc : Par ma moustache, il est déjà vingt-cinq heures moins sept quarts !
Alice avec un air important : Pardon, Monsieur, à quelle …longitude suis-je ?
Lapin blanc très étonné : Voyons…ça n’a aucune importance !
Alice : Au fond, qu’est-ce que ça veut dire ? Longitude…Latitude… quels mots magnifiques !
Lapin blanc très étonné : Plaît-il ?
Alice ausculte la petite porte…
Alice : Ah, si je n’étais pas si grande !...
Lapin blanc étonné : Si grande… ? Quel âge avez-vous ?
Alice : Sept ans et demi, très exactement !
Lapin blanc : Si vous avez sept ans et demi, pourquoi dites-vous treize exactement ?
Alice : J’ai simplement dit : « très exactement ! »
Lapin blanc : Comment peut-on vous croire si vous vous contredisez dans la même phrase ?
Alice : Je ne m’y retrouve plus !…
Lapin blanc l’observant : Inutile de rester à attendre là ! Comme ça, elle est impassable !
Alice : Vous voulez dire « impossible » ?
Lapin blanc : Pas du tout, rien n’est impossible. Mais vous n’êtes pas suffisamment exercée !
Désolé… je suis en retard ! Il sort.
Sur un guéridon de verre est déposée une petite clé en or. Alice ouvre la porte mais ne peut y
passer que la tête.
Alice : Oh…quel adorable jardin ! Si seulement j’étais plus petite !…
Elle découvre une bouteille remplie d’une potion et marquée d’une inscription.
Alice : « Bois-moi », je me demande si c’est prudent. Si on boit une bouteille portant
l’étiquette poison, tôt ou tard, on aura des ennuis de santé. Mais ici, il n’est pas écrit poison…
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Elle boit une gorgée et devient gigantesque.
Alice : Je suis coincée ! …Comment sortir de là ?
Entrée du lapin blanc qui marmonne.
Lapin blanc : Oh, la Duchesse va être vraiment furieuse si je la fais attendre !
Alice désespérée : S’il vous plaît, aidez-moi ! Elle éclate en sanglots.
Lapin blanc d’énormes larmes tombent sur le sol, il ouvre son parapluie : Nom d’une
carotte, êtes-vous en train de pleurer ?
Alice : Hou…hou… oui !
Lapin blanc : Vous avez beaucoup de chance, je parle le pleurer et le sangloter couramment !
Alice sanglotant : Je m’allonge à vue d’œil !
Lapin blanc : Je le vois bien ! Mais si vous continuez, vous allez nous noyer tous !…
Alice : Hier, tout était normal et aujourd’hui, c’est de plus en plus pire !...
Lapin blanc : Désolé, mais je ne peux pas rester. Tâchez d’être à la hauteur… !
Il laisse tomber ses gants. Alice en saisit un, et rapetisse à nouveau.
Alice : Et maintenant… je suis en train de rapetisser…
Lapin blanc en sortant : Désolé, je dois partir… je suis terriblement en retard !
Alice : Ma parole, je rentre en moi-même comme un télescope ! Je me demande bien
pourquoi…
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SEQUENCE 3
Alice à Madame souris qui entre en s’épongeant : Madame souris…madame souris !...
Madame souris : Je suis en retard. Suis-moi, j’ai un moyen de nous sécher rapidement.
Alice : Je suis trempée comme une soupe, et…
Madame souris : Un instant. Je suis bien plus vieille que toi, donc je sais plus de choses !
Vieil homme sortant d’un livre en s’épongeant : Attendez-moi, j’arrive, j’arrive !
Un autre livre s’ouvre, trois vieilles dames en sortent en s’épongeant.
Madame souris : Quel est ton nom, si ce n’est pas indiscret ?
Alice : Alice !
Madame souris : Oh, ma pauvre amie, ce n’est pas ta faute ! Tu n’y es pour rien !
Vieille dame 1 : Nous avons tous failli nous noyer… !
Madame souris : Asseyez-vous. Voici l’histoire la plus aride, la plus propre à vous faire
sécher sur pied, en un temps record ! Vocalises : Aaaah !
Vieille dame 2 : Installons-nous confortablement pendant qu’elle s’éclaircit la voix.
Vieille dame 3 : Sa façon de causer est la plus sèche que je connaisse.
Madame souris sort des notes de sa poche : Voyons voir ! … Guillaume le Conquérant,
soutenu par le pape, fut reconnu par les anglais…
Vieille dame 1 frissonnant : Pouah !
Madame souris, à la vieille dame : Vous avez dit quelque chose ?
Vieille dame 1 : Non, non, ce n’est pas moi…
Madame souris : …L’archevêque de Canterbury, trouvant cela opportun…
Vieille dame 2 : Trouvant quoi ?
Madame souris : Ben… « Cela » ! Je suppose que vous savez ce que ce « cela » veut dire ?
Vieille dame 2 : Bien sûr, quand c’est moi qui trouve quelque chose !...
Madame souris : … trouvant cela opportun, se joignit à Edgar Atheling pour rencontrer
Guillaume et lui offrir… Les quatre vieux somnolents.
Madame souris : Comment vous sentez-vous, ma chère ?
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Vieille dame 2 : Toujours autant, et même plus trempée que jamais !
Madame souris : En êtes-vous certaine ?
Vieille dame 1 : Bien sûr ! Et comment !
Vieil homme : En ce cas, je propose l’ajournement à une date ultérieure et l’adoption
immédiate d’un remède plus énergique, destiné à…
Vieille dame 3 : Parlez simplement ! Je ne comprends pas la moitié de vos grands mots ! Et je
suis sûr que vous non plus !
Vieil homme vexé : …Je m’apprêtais à dire que le mieux, pour nous sécher, serait de faire
une course au Caucus !
Vieille dame 1 : Quelle excellente idée! Je vais préparer mes bagages !
Alice : C’est quoi une course au Caucus ?
Vieille dame 2 : Oh, oui, une course au Caucus, une course au Caucus !
Alice : Mais qu’est-ce que c’est, une…
Madame souris : La meilleure façon d’expliquer la course au Caucus est d’en faire une !
Vieille dame 1 : Par hasard, vous n’auriez pas vu mes bagages ?
Madame souris : Pouvons-nous y aller ? Etes-vous prêts ?
Vieille dame 3 : De toutes façons, l’endroit du départ importe peu, n’est-ce pas ?
Madame souris : Vous avez raison !
Les vieux partent en tous sens, au gré de leur fantaisie.
Vieille dame 2 : C’est époustouflant ! Quel parcours magnifique !
Vieil homme : Quelle adresse ! Quelle merveilleuse démonstration d’habileté !
Alice : Mais, ils trichent tous !
Madame souris : Enfin voyons, c’est la course au Caucus !
Vieille dame 3 : Quand on ne sait pas, on tient sa langue !...
Vieil homme : Alors comme ça, vous croyez peut-être que je suis un tricheur?
Alice : Mais…
Vieil homme : Personne ne peut me traiter de tricheur, à moins d’être assermenté.
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Vieille dame 3 : Moi je dis, retour à l’expéditeur…
Vieille dame 2 : Puisqu’elle nous prend pour des timbrés…
Madame souris apportant un poteau d’arrivée : La course est terminée !
Vieille dame 1 : Qui a gagné ? Qui a gagné ?
Vieil homme : La victoire revient à chacun d’entre nous. Il suffit d’y mettre le prix !
Vieille dame 2 : D’accord, mais alors qui va les distribuer ?
Vieil homme : Ben, voyons… Alice, naturellement !
Tous tendent la main vers Alice.
Vieille dame 1, 2, 3 : Les prix ! Les prix ! Les prix !
Alice sort une boîte de bonbons et en donne à chacun.
Madame Souris : Mais elle doit également en avoir un !
Vieille dame 2 : Qu’avez-vous d’autre dans votre poche ?
Alice : Seulement un dé ! Elle le tend au Vieil homme.
Vieil homme solennel : Nous vous prions de bien vouloir accepter ce joli dé !
Alice en elle-même : C’est absurde !
Vieille dame 1 : On ne peut être juge et partie…
Alice : Je suis là, mais voudrais tellement que Dinah y soit aussi !
Vieil homme : Puis-je vous demander qui est Dinah ?
Alice : C’est mon chat…
Madame souris frissonnant d’épouvante : Un… un… chat !
Alice : Oui, il n’a pas son pareil pour attraper les sour…oh, pardon !
Madame souris épouvantée : Mais… mais… j’ai horreur des chats !
Vieille dame 1 furieuse : Vous les aimeriez, vous, si vous étiez à sa place ?
Madame souris : Dans notre famille, nous avons de tous temps exécré les chats !
Alice : Je ne voulais pas vous offenser. Pourtant, si vous voyiez Dinah, il…
Madame souris : Les chats sont des créatures viles, répugnantes et vulgaires !
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Vieille dame 3 : Ne prononcez jamais plus ce mot-là devant elle !
Alice : Mais il n’y a pas de chat plus gentil que…
Vieille dame 2 : Quelle idée d’aborder un sujet pareil ! Réfléchissez !
Madame souris : Je dois rentrer, l’air de la nuit est mauvais pour ma gorge ! Elle sort.
Alice : Attendez moi !…
Vieil homme : Oui… Nous devrions être au lit depuis longtemps !
Vieille dame 3 : Rentrons tous, ce sera mieux ainsi… !
Vieille dame 1 : C’est ça…Partons… Allons nous coucher !
Ils disparaissent tous les cinq.
Alice seule et désolée : J’étais bien mieux à la maison où je ne me transformais pas sans
cesse… Et où je ne recevais pas d’ordre d’une souris, ou d’un lapin!
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SEQUENCE 4
Alice continue son chemin et se retrouve près de la maison du Lapin blanc.
Lapin blanc : Oh, mes pauvres petites pattes ! La Duchesse va me faire exécuter !...Mon
dieu, où ai-je bien pu les laisser tomber ?
Alice : Monsieur Lap…
Lapin blanc très étonné : Que diable faites-vous ici au juste ?
Alice : J’essaie de trouver le chemin du magnifique jardin
Lapin blanc fâché : Filez vite à la maison et rapportez-moi mes gants blancs !
Alice inquiète : Il me traite comme si j’étais sa bonne…
Lapin blanc : Allons, Marie, j’ai dit immédiatement !
Alice s’enfuyant : C’est tout de même bizarre de faire des commissions pour un lapin… !
Elle entre dans la maison du lapin. Elle trouve les gants et un flacon semblable au précédent.
Alice : Il m’arrive quelque chose d’intéressant chaque fois que je bois ! Elle boit et devient
immense. Mon dieu, que faire maintenant ? Je n’aurais jamais dû !
Le lapin ne peut plus entrer dans la maison car la porte est coincée par Alice.
Lapin blanc : Marie ! Marie, apportez-moi mes gants tout de suite !
Alice : Je suis déjà beaucoup trop grande, et je n’ai plus de place pour grandir ici !
Lapin blanc : Je vais essayer par la fenêtre de derrière. Il voit le grand bras d’Alice qui sort
de la petite fenêtre et panique. Pat, Pat ! Où es-tu ?
Pat : Ben j’suis là, pour sûr ! J’arrache les pommes !
Lapin blanc furieux : Ce n’est pas le moment d’arracher les pommes !
Pat : Qu’a-t-il pour votre service, not’ Maît’ ?
Montrant le bras qui dépasse.
Lapin blanc : Dis-moi Pat, qu’est-ce que c’est que ça, dans ma fenêtre ?
Pat : Pour sûr que c’est un bras ça, not’ Maît’, un bras !
Lapin blanc : Un bras ? Mais qui a jamais vu un bras d’une dimension pareille ?
Pat : Personne ! Mais moi, je vous dit que c’est un bras, not’ Maît’ !
Lapin blanc : Ce bras n’a rien à faire ici ! Enlève-le.
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Pat : Moi… ? J’aime pas ça du tout, not’ Maît’ ! Vraiment, moi ?
Lapin blanc : Oui, toi. Serais-tu poltron ?
Pat : Pas du tout ! Mes jambes, peut-être un petit peu, mais le reste est très courageux !
Alice à l’intérieur de la petite maison : Je n’y arriverai jamais toute seule !
Pat : Eh, Bill, amène-toi!
Bill : Ouais! Chuis là!
Pat : Ousqu’elle est l’aut’ échelle ? La mienne est trop pt’ite pour aller sur le toit !
Bill : Ouais, mais pour quoi faire ? Fais attention avec c’t’échelle ! Tu risques de tomber !
Pat : Non, toi tu vas grimper là haut !
Bill : Ben, pour quoi faire ?
Pat : Tu vas descendre par la cheminée pour voir c’qui se passe dans la maison !
Bill : Ben pour quoi faire ?
Pat : Pasque not’ Maît’ y peut pas passer par la porte, ni par la fenêtre !
Bill : Malheureusement, mon dos est pas bon du tout pour les cheminées. Y’a rien à faire !
Pat : T’iras, que j’dis ! Mais attention Bill, y’ a une tuile qui tient pas qué’qu’part…
Bill : Ah là, là…J’y arriverai jamais !
La tuile tombe du toit sur la tête du lapin qui s’écroule.
Pat : C’est très bien, tu l’as trouvée ! Attrape bien la corde, hein, Bill !
Alice : Non, pas par la cheminée, ne faites pas ça !
Bill se laisse tomber dans la cheminée mais est éjecté par le pied d’Alice. Il en ressort en
boulet de canon et va s’écraser plus loin.
Pat : Tiens, n’est-ce pas Bill ?...
Lapin blanc : Oh, mon pauvre Bill !... Mon dieu !...
Pat : Bill, Bill, qu’est-ce qui s’est passé ?
Lapin blanc à Pat : Relève-lui donc la tête. Tiens, voici un peu d’eau de vie.
Pat : Ah, ah !. Merci, not’ Maît’, merci !
Lapin blanc : Non, abruti, pas pour toi, pour lui !
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Pat : Oh… désolé, not’ Maît’, je croyais…
Lapin blanc : Qu’est-il arrivé, Bill ? Raconte-nous ça !
Bill : Qué’qu’ chose m’a frappé, comme un diable d’une boîte. Après, hop, me v’là parti en
l’air, comme une fusée…
Lapin blanc : Ca ne me plaît pas du tout, pas du tout. Il va falloir brûler la maison !
Alice de toutes ses forces : Si vous faites ça, je lance Dinah à vos trousses ! Silence de mort.
Lapin blanc : Oh, une brouette de cailloux, voilà ce qu’il nous faut !
Pat : Vous êtes prêts ? Attention : FEU ! Ils lancent des cailloux sur la maison.
Alice : Arrêtez ! Mais… ce ne sont pas de vrais cailloux, ils sont mous comme des brioches !
Mmmm !… Elle en mange un, redevient petite et sort de la maison du lapin.
Lapin blanc, Pat et Bill : On a réussi ! On a réussi ! On a réussi !...
Alice s’éloignant : Comme tout semble différent vu d’aussi bas. Il faut toujours lever la
tête !... Maintenant, il faut trouver le chemin du charmant jardin !...
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SEQUENCE 5
Alice arrive dans une forêt et rencontre une Chenille fumant un narguilé.
La Chenille : Vous ! Qui êtes-vous, jeune créature ?
Alice : Heu… je ne sais pas… exactement
La Chenille : Si vous ne le savez pas, comment pourrais-je le savoir ?
Alice : Je savais très bien qui j’étais ce matin, mais j’ai été transformée si souvent depuis…
que, maintenant… je ne sais plus trop.. .
La Chenille : Expliquez-vous mieux, fillette ! Qu’avez-vous dans la tête ?
Alice : Je ne peux pas m’expliquer, je ne suis pas moi-même, voyez-vous bien ?
La Chenille : Non, je ne vois pas bien.
Alice : Ca brouille les idées de changer si souvent de taille… il y a de quoi perdre la tête.
La Chenille : Mais pourquoi ? Calmez-vous.
Alice : Si vous deviez vous changer en papillon, vous trouveriez cela bizarre, non ?
La Chenille : Pas du tout ! Mais les impressions de chacun sont différentes, n’est-ce pas !
Alice : Moi je trouve cela très troublant. Il m’arrive parfois de pleurer.
La Chenille : Peut-être ! Méprisante : Mais d’abord, qui êtes-vous ?
Alice : Je pense que ce serait d’abord à vous de me le dire !
La Chenille : Pourquoi cela ?
Alice ne sachant que dire : Je m’en vais !
La Chenille : Revenez ! J’ai quelque chose d’important à vous communiquer !
Alice de mauvaise grâce : J’écoute !
La Chenille : Evitez la colère ! Gardez votre sang-froid !
Alice : Est-ce tout ?
La Chenille : Non. Vous pensez n’être plus vous-même, n’est-ce pas ?
Alice : J’en ai bien peur…
La Chenille : Laissez ça ! La peur n’est utile que si elle protège !
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Alice : Tout à l’heure j’ai essayé de réciter un poème mais le texte s’est transformé tout seul !
La Chenille : Je vois. Récitez-moi : « Vous êtes vieux, père William »
Alice : Mais…
La Chenille : Debout ! Les petites manies, c’est contre le règlement de la Reine. Allons, les
coudes plus près du corps ! C’est bien. Allez-y.
Alice : « Vous êtes vieux, père William, et déjà vos cheveux sont tout blanc ;
Cependant, vous marchez sans arrêt sur la tête ;
Est-ce bien raisonnable quand on a soixante ans ?... »
La Chenille : Je ne sais pas ce que vous essayez de faire, mais ce n’est pas cela du tout !
Alice : Oui…pas tout à fait cela !
La Chenille : Totalement inexact, du début à la fin !…
Alice : Je crains d’avoir interverti deux ou trois mots…
La Chenille : Vous avez changé tout en une véritable soupe !
Alice timidement : C’est ce que je disais … !
La Chenille : Passons. Quelle taille voulez-vous avoir ? Allons, parlez !
Alice : C’est égal. Ce que je veux, c’est ne pas changer tout le temps, vous comprenez ?
La Chenille : Non, je ne comprends pas. Etes-vous satisfaite de votre taille actuelle ?
Alice : J’aimerais être un petit peu plus grande ! Dix centimètres, c’est… pitoyable !
La Chenille en colère : Comment ? Mais c’est une taille très convenable, au contraire !
Alice : Excusez-moi !… je n’y suis pas habituée…
La Chenille : Tu t’y habitueras au bout d’un certain temps…
Alice : Peut-être…
La Chenille : La grandeur n’a rien à voir avec les dimensions !
Alice : Je ne voulais pas vous offenser…
La Chenille : Soit ! Le tout, n’est pas d’avoir ce qu’on veut… mais de vouloir ce qu’on a !
Alice : Oui, c’est vrai…
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La Chenille reste un long moment en silence.
La Chenille énigmatique : L’un des côtés te fera grandir et l’autre côté te fera rapetisser !
Alice : Les côtés de quoi ?
La Chenille : Mais du champignon, fillette, c’est pour ça qu’il est ici.
Alice : Comment, pour ça ?
La Chenille : Ce qui existe a une bonne raison d’être là. Comme ailleurs, d’ailleurs…
La Chenille disparaît.
Alice, prenant un morceau de chaque côté du champignon : Maintenant, quel est le bon ? Je
crois que je vais les garder, ils me seront peut-être utiles plus tard. Voyons si je peux trouver
le chemin…
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SEQUENCE 6
Suite à tous ces changements de taille, Alice possède un cou démesuré.
Le Pigeon furieux : Serpent ! Serpent !
Alice : Mais je ne suis pas un serpent !
Le Pigeon : Serpent, je le répète ! Voleur ! Assassin !
Alice : Enfin, laissez-moi tranquille !
Le Pigeon : J’ai pourtant essayé tous les moyens, aucun ne semble approprié !
Alice : Je ne comprends pas du tout de quoi vous parlez !
Le Pigeon : J’ai essayé les racine d’arbres, les talus, les toits, les haies ! Impossible de lutter
contre ces maudits serpents ! Rien n’y fait !
Alice : Mais je ne suis pas…
Le Pigeon : Comme si je n’avais pas assez de mal à couver mes œufs !...
Alice : Je vous dis que…
Le Pigeon : Je dois monter la garde jour et nuit ! Toujours sur le qui-vive…Je suis épuisée,
voilà trois semaines que je n’ai pas fermé l’œil !
Alice : Je suis navrée de ce qui vous arrive…
Le Pigeon : Juste au moment où j’avais choisi l’arbre le plus haut de la forêt, je croyais être
enfin débarrassé d’eux, voilà qu’ils arrivent en se tortillant !
Alice : Mais je ne suis pas un ser…
Le Pigeon : Inutile de nier ! Pouah ! Arrière, sale serpent !
Alice : Je vous répète que je ne…
Le Pigeon : Bon. Alors parlez ! Parlez, dites-moi ce que vous êtes ! Je vois bien que vous
essayez d’inventer quelque chose !
Alice hésitante : Je suis… une… petite fille…
Le Pigeon : Ca alors ! Et moi, je devrais vous croire ?
Alice : Je vous assure que…
Le Pigeon : J’ai vu beaucoup de petites filles dans ma vie, mais aucune n’avait une allure
pareille ! Vous êtes un serpent, je le sais très bien !
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Alice : Je suis une petite fille, j’en fais serment !
Le Pigeon : Ah, serpent ! Vous le reconnaissez ! Serpent !
Alice : Mais vous ne voyez pas clair …
Le Pigeon : Je suppose que vous allez me raconter que vous n’avez jamais goûté à un œuf ?
Alice sincère : J’ai déjà mangé des œufs, mais…
Le Pigeon : Donc vous êtes un serpent ! Vous avouez enfin ! Maudit serpent !
Alice : …Mais les enfants mangent souvent des œufs…
Le Pigeon : Je ne le crois pas. Pourtant si c’est vrai, les enfants sont une variété de serpents !
Alice : Vous croyez ?
Le Pigeon : Je sais très bien que vous cherchez des œufs…
Alice : …Je ne cherche pas…
Le Pigeon : …Dans ces conditions, qu’est-ce que cela peut faire que vous soyez une petite
fille ou un serpent ?
Alice : A moi, ça me fait beaucoup…
Le Pigeon : Alors, pourquoi ne laissez-vous pas mes œufs tranquilles ?
Alice : Si j’en cherchais, je ne voudrais pas des vôtres…
Le Pigeon : Comment, pas des miens, sont-ils mauvais ?
Alice : …Je n’aime pas les œufs crus !
Le Pigeon : Dans ce cas, allez vous-en !
Alice : D’accord, je…
Le Pigeon : Hé bien, partez, plus vite que ça ! Partez, partez, partez !
Alice à l’écart : Au fond, tout est question de proportions…
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SEQUENCE 7
Alice arrive devant la maison de la duchesse, en même temps qu’un laquais de la Reine.
Le laquais : Pour la Duchesse, une invitation de la part de la Reine, à une partie de croquet.
L’huissier : De la part de la Reine, une invitation pour la Duchesse, à une partie de croquet.
Le laquais : Une invitation à une partie de croquet, de la part de la Reine, pour la Duchesse.
L’huissier : C’est cela : invitation de la Reine à une partie de croquet, pour la Duchesse !
Le laquais : Pas exactement ! Pour la Duchesse, une invitation de la part de la Reine, à une
partie de croquet.
L’huissier : Je crois que j’ai retenu l’essentiel
Le laquais : En êtes-vous sûr ?
L’huissier : Oui, c’est une invitation, de la part de la Reine, pour la Duchesse, à une partie de
croquet.
Le laquais : Hum… je ne l’aurais pas dit dans cet ordre-là, mais ça devrait faire l’affaire, du
moins, je le suppose. Le laquais sort.
Alice frappe à la porte de la Duchesse.
L’huissier toujours très calme : Ce n’est pas la peine de frapper ainsi !
Alice : Pourquoi ?
L’huissier : Pour deux excellentes raisons. La première, c’est que je me trouve du même côté
de la porte que vous…
Alice ahurie : Oui….
L’huissier : La seconde, c’est qu’ils font un tel boucan à l’intérieur que personne n’entendra.
Alice : Alors, comment faire pour entrer ?
L’huissier : Là est la question, là est le problème. On pourrait même dire là est l’énigme…
Alice perdue : Oui… on pourrait… Comment fait-on pour entrer ?
L’huissier : Avez-vous vraiment besoin d’entrer ?
Alice : Il y a de quoi devenir fou !
L’huissier imperturbable : Il ne serait pas ridicule de frapper s’il y avait une porte entre nous.
Alice : Mais…
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L’huissier : Je pourrais peut-être aller chercher une autre porte. Mais ce serait trop long…
Alice : C’est insupportable …!
L’huissier : D’un autre côté, si vous étiez à l’intérieur de la maison, vous pourriez frapper et
je vous laisserais sortir.
Alice : Monsieur…
L’huissier mimant dans le vide : Toc, toc, toc : dehors, c’est par ici, madame.
Alice : Mais enfin, je ne veux pas aller dehors, je...
L’huissier : Bien sûr, mais si vous aviez voulu aller dehors, cela aurait été bien plus aisé.
Alice : …Je veux aller dedans.
L’huissier : Moi, je vais rester ici jusqu’à demain ou après demain, peut-être.
Alice : Ce que je veux savoir, c’est comment entrer.
L’huissier : Pourrez-vous entrer, voilà la première question à se poser.
Alice : Mais qu’est-ce que je vais faire ?
L’huissier : Ce que bon vous semble ! Moi, je vais rester ici des jours et des jours…
L’huissier s’assied.
Alice : Inutile de discuter avec lui !
L’huissier : La vie n’est pas toujours simple.
Alice : Je vais me débrouiller toute seule !
L’huissier : Je resterai là pendant des jours et des jours…
L’huissier sifflote paisiblement.
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SEQUENCE 8
Alice entre chez la Duchesse où le bébé hurle sans cesse, entre deux éternuements.
La cuisinière penchée sur un chaudron : Encore un peu de poivre, de poivre, de poivre…
Alice aperçoit le chat couché dans un coin.
Alice : S’il vous plait, pourquoi votre chat sourit-il comme ça sans cesse ?
La Duchesse : C’est un chat du Comté de Chester et ces chats là sourient tout le temps. Au
bébé dans ses bras : N’est-ce pas petit cochon ?
Alice : J’ignorais que les chats étaient capables de sourire !
La Duchesse : Enfin, tout le monde sait cela !
Alice : Je les croyais ennemis des rires et des souris !
La Duchesse : Non seulement ils en sont capables, mais ils ne s’en privent pas !
La cuisinière : La bonne soupe au poivre, au poivre, au poivre…
La Duchesse à Alice : Mais tu n’as pas vu grand-chose dans la vie, c’est évident !
La cuisinière, en jetant la vaisselle dans tous les sens : Du poivre, du poivre, du poivre…..
Alice affolée : Attention, vous avez failli toucher son petit nez !
La Duchesse : Si chacun s’occupait de ses affaires, le monde tournerait plus vite !
Alice fière de son savoir : …Ce qui n’avancerait à rien ! Vous savez qu’il faut à la terre vingtquatre heures pour…
La Duchesse : Ne viens pas me casser la tête, j’ai toujours eu horreur des chiffres !
La cuisinière : Le meilleur c’est le poivre, le poivre, le poivre…
La Duchesse : chantant et secouant violemment le bébé, en rythme.
Je frappe, frappe et fesse,
Le petit garnement,
Qui éternue sans cesse,
C’est vraiment dégoûtant !
Je peux frapper plus fort,
Jamais il ne s’arrête,
Pour qu’il ait des remords,
Du poivre, je lui jette !
Le bébé braille en mesure et la cuisinière danse.
La cuisinière : Du blanc, du vert, du rose, sans oublier le noir ! Du poivre, du poivre…
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La duchesse, jetant le bébé dans les bras d’Alice : Tiens, berce-le un peu si ça te fait plaisir !
Alice au bébé : Il vaudrait mieux que tu sortes d’ici !…
La Duchesse éternuant : Il ronfle comme un moteur et se tortille comme une anguille !
Alice au bébé : Cesse de grogner…
La cuisinière : Je me demande ce qu’elle va en faire ! Moi je remets du poivre, du poivre, du
poivre…
La Duchesse éternuant : Je dois aller m’habiller pour la partie de croquet de la Reine !
Elle sort rapidement.
Alice au bébé : Elles vont finir par te tuer !
La cuisinière : Bah ! Il grogne sans cesse !
Alice, au bébé : Arrête, sinon tu vas devenir un cochon !
La cuisinière sort en hurlant : Quoi ? Mais… je suis à court de poivre !
Alice sort de la maison avec le bébé.
Alice : Mais… mais… tu es devenu un cochon ! Elle pose le cochon par terre.
Pour un enfant, tu es très laid mais pour un cochon, tu es très mignon !
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SEQUENCE 9
Alice aperçoit le chat qui disparaîtra et apparaîtra sans cesse. Timidement :
Alice : Gentil minet, quelle direction dois-je prendre ?
Le Chat du Chester : Ma foi, cela dépend de l’endroit où tu veux te rendre.
Alice : Ca m’est égal…
Le Chat du Chester : Si ça t’est égal, prends n’importe quel chemin !
Alice : A condition qu’il arrive quelque part !
Le Chat du Chester : Pourvu qu’on marche assez longtemps, tous les chemins mènent
quelque part ! Le chat disparaît.
Alice : Le jardin merveilleux a l’air d’être un endroit sûr !
Le Chat du Chester : Parfois, les endroits qui ont l’air sûrs s’avèrent dangereux et ceux qui
ont l’air dangereux …tout à fait sûrs !
Alice : Quelles sortes de gens y a-t-il dans les parages ?
Le Chat du Chester : Par ici, il y a un chapelier. Et par là (même direction mais avec l’autre
patte) habite le lièvre de Mars.
Alice : Mais… c’est la même direction !
Le Chat du Chester : Tu peux aller voir l’un ou l’autre : ils sont fous tous les deux !
Alice : Mais je n’ai pas envie d’aller chez des fous !
Le Chat du Chester : Tu ne peux pas faire autrement ! Ici, tout le monde est zinzin. Je suis
dingue, tu es dingue…
Alice : Comment savez-vous que je suis dingue ?
Le Chat du Chester : Sinon, tu ne serais pas ici. Tous les gens qui sont ici sont siphonnés !
Alice : Mais comment savez-vous que vous êtes fous ?
Le Chat du Chester : Ici, même quand je suis là, les souris dansent !
Alice : Comment savez-vous que vous êtes fous ?
Le Chat du Chester : Commençons par le commencement. Les chiens ne sont pas fous,
n’est-ce pas ? D’accord ?
Alice intriguée : Il me semble…
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Le Chat du Chester : Un chien grogne quand il est en colère et remue la queue s’il est
content, non ?
Alice : Je crois…
Le Chat du Chester : Moi, je gronde quand je suis content, et je remue la queue quand je suis
en colère ! Donc, je suis fou !
Alice : Mais vous ne grognez pas, vous … ronronnez.
Le Chat du Chester : Appelle ça comme tu voudras !
Alice : Je ne comprends pas bien…
Le Chat du Chester : C’est normal, il n’y a rien à comprendre ! Joueras-tu au croquet,
aujourd’hui, chez la Reine ?
Alice : Je ne suis pas invitée…
Le Chat du Chester : Tu m’y verras. Le chat disparaît. Mais dis-moi, qu’est devenu le
bébé ?
Alice : Il… il s’est changé en… cochon.
Le Chat du Chester : Je m’en doutais. Le chat disparaît. As-tu dit cochon ou cruchon ?
Alice : J’ai dit : cochon. J’aimerais que vous cessiez de disparaître et d’apparaître si
brusquement, ça me donne le vertige !
Le Chat du Chester : Entendu ! Il disparaît mais ne réapparaît pas.
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SEQUENCE 10
Alice de loin : Hum : ils prennent le thé. Je me demande s’ils voudront m’inviter.
Le Chapelier, le Lièvre et le Loir (endormi entre eux) sont serrés au coin d’une table
immense.
Le Lièvre de Mars et Le Chapelier : Pas de place ! Pas de place !...
Alice (indignée) : Mais il y a plein de places à cette table ! Elle s’assied.
Le Lièvre de Mars : Pourquoi ne me l’as-tu pas dit plus tôt, Chapelier ? Le Loir baille.
Le Chapelier très affable : Tu prendras bien un peu de vin ?
Alice regarde partout sur la table et ne voit pas de vin.
Le Lièvre de Mars : Non, non, il n’y en a pas ! Et de toutes façons, tu es trop jeune !
Alice fâchée : Dans ce cas, ce n’était pas poli de votre part de m’en offrir.
Le Lièvre de Mars : Et ce n’était pas poli de ta part de t’asseoir sans y avoir été invitée !
Alice désolée: J’ai remarqué qu’elle était mise pour de nombreuses personnes…
Le Chapelier : Tes cheveux ont besoin d’être coupés ! Tu pourrais vendre la mèche !
Alice : Vous ne devriez pas faire de remarques personnelles, c’est mal élevé.
Le Lièvre de Mars : Je l’ignorais. On en apprend tous les jours.
Le Chapelier : Maintenant, une excellente : pourquoi un corbeau ressemble- t-il à un
bureau ?
Alice ravie : Euh….je crois que je pourrais deviner.
Le Lièvre de Mars : Tu veux dire que tu penses connaître la réponse ?
Alice : Euh… oui
Le Lièvre de Mars : Alors, tu devrais dire ce que tu penses.
Alice : Je dis ce que je pense ! Du moins, je pense ce que je dis, ce qui revient au même n’estce pas ?
Le Chapelier : Ce n’est pas du tout la même chose. C’est comme si tu disais que je vois ce
que je mange est pareil que je mange ce que je vois !
Le Lièvre de Mars : Par exemple : j’aime ce que j’ai, ne veut pas dire : j’ai ce que j’aime !
Le Loir en dormant : C’est comme si tu disais que : je respire quand je dors, est pareil que : je
dors quand je respire ! Il bâille.
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Le Chapelier au loir : Pour toi, c’est la même chose !
Le Loir : Non, non, non, il faut que je dorme un peu…
Le Chapelier inquiet, écoutant sa montre : Quel jour sommes-nous ?
Alice réfléchissant : Le quatre.
Le Chapelier : Elle retarde de deux jours. Je t’avais bien dit que le beurre ne valait rien pour
graisser les montres !
Le Lièvre de Mars : Mais c’est le meilleur beurre que j’aie pu trouver.
Le Loir : Le meilleur, je l’ai bien vu !
Le Chapelier : Je t’avais dit de ne pas le mettre avec le couteau à pain. Il doit y avoir des
miettes qui sont tombées en même temps !
Le Lièvre de Mars : Je n’allais tout de même pas le mettre avec une fourchette ! Passe-la
moi, je vais l’arranger.
Le Chapelier : Je n’en ai aucune envie car j’y tiens beaucoup ! Le lièvre lui prend des mains.
Le Lièvre de Mars secoue la montre, la fracasse sur la table puis la plonge dans sa tasse de
thé : Je ne comprends pas, j’ai utilisé le meilleur beurre qui soit ! Il jette la montre vers Alice
Le Loir : Ouais ! Le meilleur ! J’en suis témoin !
Alice : Quelle drôle de montre ! Elle indique le jour du mois, mais pas l’heure…
Le Chapelier : Pourquoi ? Est-ce que ta montre à toi indique les années ?
Alice très déconcertée : Non, parce qu’une année, ça dure trop longtemps…
Le Chapelier : Ce qui est exactement le cas de ma montre à moi…
Le Lièvre de Mars : Tiens, le loir s’est rendormi… Il lui verse du thé brûlant sur le museau.
Le Loir : Bien sûr, c’est précisément ce que j’allais dire, je crois que je vais me rendormir…
Le Chapelier : Aurais-tu trouvé une réponse à ma petite devinette ?
Alice : Euh... je donne ma langue au chat. Quelle est la réponse ?
Le Chapelier : Je n’en ai pas la moindre idée.
Le Lièvre de Mars : Moi non plus.
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Alice : Vous devriez employer votre temps plus intelligemment, au lieu de le gaspiller à poser
des devinettes sans réponse !
Le Chapelier : Si tu connaissais le Temps comme je le connais, tu n’en parlerais pas comme
d’une chose.
Le Lièvre de Mars : Pour lui, c’est très vexant. Le Temps est une personne.
Alice : Je ne vois pas ce que vous voulez dire.
Le Chapelier méprisant : Bien sûr que tu ne vois pas. Je jurerais que tu ne lui as jamais
adressé la parole !
Alice prudente : Tout ce que je sais c’est qu’à mon cours de musique on m’a appris à marquer
le temps.
Le Lièvre de Mars : Voilà qui explique tout !
Le Chapelier : Le Temps n’admet pas qu’on le marque comme du bétail ! Si tu étais en bons
termes avec lui, il ferait tout ce que tu voudrais !
Alice : Je ne comprends pas…
Le Chapelier : Par exemple, à l’heure de l’école, tu n’aurais qu’un mot à lui dire et ce serait
l’heure du goûter !
Le Lièvre de Mars : Si seulement c’était l’heure du goûter !
Alice : C’est comme cela que vous faites, vous ?
Le Chapelier : Non ! Le Temps et moi, nous nous sommes querellés en Mars dernier… juste
avant que celui-là ne devienne toqué ! Il montre le lièvre.
Le Lièvre de Mars : Très flatté ! Je suis fou de joie !
Le Chapelier : C’était au Grand Concert donné par la Reine de Cœur…
Le Lièvre de Mars : Vite, vite, il faut l’arrêter, il va chanter. …!
Le Chapelier : Je devais chanter :
La jambe de bois d’ma tante (Bis)
Pour peu qu’elle te plaise
Tu peux si ça t’tente
T’en faire une bonne braise
La jambe de bois d’ ma tante !
Le Loir tout en dormant : la jambe de bois d’ ma tante, la jambe de bois d’ ma tante…
Le Lièvre de Mars à Alice : Plaisant, n’est-ce pas, ça pourrait presque passer pour du chant !
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Le Chapelier : Et elle n’est pas finie… Il s’apprête à rechanter.
Le Lièvre de Mars : Elle va partir, si tu continues.
Le Chapelier : C’est ce que l’assistance a fait au Concert…
Le Lièvre de Mars : Ca suffit maintenant !
Le Chapelier : Je n’avais pas fini le premier couplet que la Reine se mettait à hurler :
« Assassin ! Il est venu ici pour tuer le Temps ! …Qu’on lui coupe la tête »
Alice : Quelle sauvage !
Le Chapelier : Depuis, le Temps s’est arrêté pour me contrarier. Il est toujours cinq heures !
Alice comprenant : Donc, ici, c’est toujours l’heure du thé ?
Le Lièvre de Mars : Oui…et nous n’avons jamais le loisir de faire la vaisselle !
Alice comprenant : …Alors vous faites sans cesse le tour de la table !
Le Lièvre de Mars : Raconte-nous une histoire.
Alice : Mais… je n’en connais pas !
Le Lièvre de Mars : Alors, le loir va en raconter une. Réveille-toi, Loirounet !
Le Loir : Euh… mais je ne suis pas endormi. J’ai entendu tout ce que vous avez dit !
Il se rendort.
Le Chapelier : Allez, raconte-nous une histoire.
Le Lièvre de Mars : Mais raconte-la très vite sinon tu vas t’endormir avant de l’avoir finie.
Le Loir précipitamment : Il était une fois trois sœurs qui s’appelaient Elsie, Lacie et Tillie et
qui vivaient au fond d’un puits.
Alice : De quoi se nourrissaient-elles ?
Le Loir : Comment, de quoi se nourrissaient-elles ? Ben… de mélasse !
Alice : C’est impossible, ça les aurait rendues malades.
Le Loir : Justement, elles l’étaient. Elles étaient très, très malades…
Alice : Pourquoi vivaient-elles au fond d’un puits ?
Le Lièvre de Mars pénétré : Reprends donc un peu de thé !
Alice offensée : Mais je n’ai encore rien pris du tout. Je ne peux donc reprendre de rien.
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Le Chapelier : Reprends du thé, c’est une bonne occasion !
Le Lièvre de Mars: Ah bon, ce n’est pas du thé neuf ?
Le Chapelier : Je ne sais pas, mais c’est le bon thé même !
Le Lièvre de Mars à Alice : Tu veux dire : reprendre de quelque chose, c’est plus facile que
de reprendre de rien !
Alice : Personne ne vous a demandé votre avis !
Le Chapelier triomphant : Qui est-ce qui fait des remarques personnelles ?
Le Lièvre de Mars au Loir : Et alors, puits de science, et puis… ?
Le Loir : Euh…Ah oui… ou plutôt non, c’était un puits de mélasse.
Alice irritée : …de mélasse ? Mais ça n’existe pas.
Le Lièvre de Mars furieux : Ah, c’est un scandale, mon avocat te contactera dès demain !
Le Chapelier furieux : Je suis choqué ! Je pense qu’il faut écrire une lettre à la presse !
Le Loir : Si tu ne peux pas être plus polie que ça, tu n’as qu’à finir l’histoire toi-même…
Alice humblement : Non, je suis désolée, je ne vous interromprai plus.
Le Loir : Où en étais-je déjà ? Ah oui…donc ces trois sœurs apprenaient à puiser…
Alice oubliant sa promesse : A puiser quoi ?
Le Loir outré : De la mélasse !
Le Chapelier : Je veux une tasse propre. Avançons tous d’une place ! Changez !
Ils se déplacent. Incommodée, Alice se retrouve à la place, très sale, du lièvre.
Alice prudente : Je ne comprends pas bien. D’où pouvaient-elles puiser la mélasse ?
Le Chapelier : On puise bien de l’eau dans un puits d’eau, n’est-ce pas, nigaude ?
Le Lièvre de Mars cassant sa tasse : Voulez-vous une demi tasse de thé ?
Alice : Je ne resterai pas un instant de plus à écouter vos sornettes !
Le Chapelier affolé : Ne pas la contrarier … ne pas la contrarier !...
Le Lièvre de Mars : Avec un peu de chance, tu trouveras un meilleur endroit, j’en suis sûr…
Alice à l’écart : C’est la première fois que je prends le thé avec des gens aussi stupides !
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SEQUENCE 11
Alice arrive dans une forêt
Alice : Ah Lys, je suis triste… j’aimerais tant que tu puisses parler !
Le Lys : Mais je peux parler !
La Pâquerette : Et moi aussi !
La Violette : Et moi aussi !
Alice stupéfaite : Mais… heu…
Le Lys : Je peux même parler très bien, s’il y a quelqu’un d’intéressant avec qui bavarder !
Alice stupéfaite : Est-ce que toutes les fleurs peuvent parler ?
La Pâquerette : Mais bien entendu, nous nous exprimons très bien…
La Violette : Nous pouvons causer aussi bien que toi. Peut-être mieux…
La Rose : N’as-tu jamais entendu parler du « langage des fleurs » ?
Le Lys : Oh, ce n’est pas dans nos habitudes de prendre la parole en premier.
La Violette : En fait, on se demandait si tu allais te décider à le faire.
Le Lys aux autres : Son visage a l’air assez sensé, sans pour autant refléter l’intelligence !
La Rose : Si seulement ses pétales frisaient plus, elle serait pas mal.
La Pâquerette : Elle fait un peu négligé…
La Rose : Mais elle n’a pas la couleur qui convient et c’est dommage !
La Pâquerette : Moi, je possède toutes les couleurs !
La Violette : Oui : la couleur compte beaucoup !
Le Lys : La couleur n’a pas d’importance, voyons !
La Violette à la pâquerette : Elle fait la fière parce qu’elle prétend que son parfum est
enivrant !
Alice : N’avez-vous pas peur de rester plantées là, sans que personne ne s’occupe de vous ?
La Rose : Et ce chêne au milieu du parterre, pourquoi crois-tu qu’il est là ?
Alice : Mais que pourrait-il faire en cas de danger ?
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La Violette : Oh, il pourrait se dé-chêner !
La Pâquerette : Et cela lui arrive parfois quand il est hors de lui !
La Violette : Tu l’ignorais n’est-ce pas ?
Le Lys : Tiens donc ta langue, petite friponne !
Alice : Arrêtez, si non je vais vous cueillir !
Le Lys : Les pâquerettes sont les pires de toutes ! Presque aussi pénibles que les violettes…
La Rose : A les entendre jacasser, il y a de quoi faner sur place !
La Pâquerette : Tu te crois maligne, avec tes épines ridicules ?
La Rose à Alice : Comment pourrais-tu nous cueillir ? Tu sais très bien que tu n’es pas
réelle !
Alice : Comment, ça ? Bien sûr que si, je suis réelle ! (Elle éclate en sanglots)
Le Lys : Ce n’est pas en pleurant que tu te rendras plus réelle…
La Rose : J’espère que tu ne prends pas ce qui coule de tes yeux pour de vraies larmes ?
Le Lys : … Et ce n’est pas de la rosée non plus !
Alice : Ce que vous dites est idiot. Je me demande pourquoi je pleure comme ça…
Le Lys : Tu as toujours la larme à l’œil !
Alice : Je suis allée dans de nombreux jardins, mais…
La Rose : … Je parie que c’est la première fois que tu entends des fleurs parler…
Alice séchant ses larmes : Je me demande bien pourquoi
La Rose : Tu es toujours en train de te demander quelque chose…
Le Lys : Pose la main par terre et tu auras la réponse à ta question.
Alice : Je ne vois pas…
Le Lys : Alors, sens le sol avec tes pieds. (Alice piétine le sol)
Alice : Il est très, très dur.
Le Lys : Voilà ! Dans la plupart des parcs, la terre est beaucoup plus molle, de sorte que les
fleurs y dorment très souvent.
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Alice : Je n’y avais jamais pensé !
La Violette : Entre nous, ma chère, je me demande si tu as jamais pensé à quoi que soit !
La Pâquerette : Ha, ha, ha, elle est bien bonne !
Le Lys : Taisez-vous, petites nigaudes ! Gardez la tête sous les feuilles !
La Pâquerette : Te crois-tu supérieure parce que tu es la seule de ton espèce ?
Le Lys : Elles savent très bien que je ne peux pas les attraper. Elles sont trop près du sol !
La Violette : Je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi stupide !
Le Lys : En vérité, tu n’as jamais vu quoi que ce soit !
La Rose : Elle a tout de même de drôles de pétales !
La Pâquerette : C’est vrai…
Le Lys : Tes racines sont ailleurs, Alice, il vaut mieux partir !
La Rose : Pourtant, c’est un air merveilleux, qu’on respire ici !…
Alice : Partir, oui, mais dans quelle direction ?
Le Lys : Cela, toi seule peut le savoir !
La Pâquerette : À ta place, j’irais plutôt dans l’autre sens !
La Violette : En réalité, il suffit de tourner sans arrêt ! Ha, ha, ha…
La Rose : Ben oui… le sentier ressemble à un véritable tire-bouchon !
Le Lys : Fais-toi confiance, Alice, va vers le soleil ! (Alice hésite puis s’éloigne résolument)
La Violette : Je t’en prie, ne pars pas !
La Pâquerette : Ne nous laisse pas !
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SEQUENCE 12
Alice se retrouve face à Chou vert et Vert chou.
Chou vert : Crois-tu que tu vois double ? Que tu as devant toi des personnages de cire ?
Vert chou : Si tu crois qu’on est en cire, tu dois payer pour nous regarder.
Chou vert : Les personnages de musée ne se regardent pas gratuitement. En aucune façon.
Vert chou : Si au contraire tu nous crois vivantes, il va falloir que nous nous présentions !
Chou vert : Moi je suis Chou vert et elle, c’est Vert chou !
Alice : Moi, je suis Alice… Vous me faites penser à un poème écrit pour vous :
Chou vert avec Vert chou voulait se battre en duel,
L’une disant que l’autre avait abîmé sa crécelle !
Un monstrueux corbeau plongea sur elles du haut du ciel,
Les effrayant très fort et mettant fin à leur querelle !
Vert chou : Non… aucun corbeau n’est aussi gros, voyons… C’est bête comme tout !
(Mais elles ont l’air toutes deux un peu effrayées)
Chou vert : Mais tu as récité ce poème d’une très jolie façon. Félicitations !
Chou vert et Vert chou : Seulement, ce n’est pas nous. …En aucune façon !
Vert chou : Si c’était vrai, il se pourrait que ce ne fût pas faux…
Chou vert : Et si cela n’était pas faux, ça devrait être vrai !
Vert chou : Mais comme ce n’est pas vrai, en bonne logique, c’est faux !
Chou vert : Ce sont deux autres qui n’ont rien à voir avec nous !
Vert choux : Des gens complètement différents, qui portent juste le même nom.
Chou vert : Depuis ton arrivée, tu t’y es mal prise…
Vert chou : Oui ! Lorsqu’on rencontre quelqu’un, la première chose à dire est :
Chou vert : « Comment allez-vous ? »
Vert chou : …en lui serrant la main ! Chacune lui tend la main. Alice hésite, tend les deux
mains, et se retrouve embarquée dans une ronde.
Chou vert et Vert chou : (chantant)
Dansons la ronde du framboisier, du framboisier, du framboisier ;
Dansons la ronde du framboisier : que jamais ne finisse l’été !
Chou vert et Vert chou haletantes : Deux petits tours, c’est bien assez.
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Alice : J’espère que vous n’êtes pas fatiguées.
Chou vert haletante : Aucunement ! Nous ne sommes pas bourrées à la crème !
Vert chou essoufflée : Merci mille fois d’avoir posé la question ! Aimes-tu la poésie ?
Alice : Oui… assez… Mais je n’ai pas le temps et je crois qu’il va pleuvoir…
(Alice se retourne pour partir et stupéfaite se retrouve nez à nez avec Chou vert et Vert chou
sous un grand parapluie)
Chou vert : Non, moi je ne crois pas, en aucune façon !
Alice : Mais il peut pleuvoir à l’extérieur de votre abri !
Vert chou : S’il veut pleuvoir, nous n’y voyons pas d’inconvénient !
Chou vert montrant une crécelle sur le sol : Mais qu’est ce que c’est que ça ?
Alice : Sûrement votre crécelle.
Chou vert très en colère : Je le savais ! C’est Toi qui l’as laissée dans l’herbe !
Vert choux : Moi ? Moi ? Ben … Heu…
Chou vert furieuse: Ma crécelle ! Elle est complètement démantibulée !
Alice : Ne vous énervez pas, elle est toute pourrie…
Chou vert furieuse: Je l’ai achetée hier, elle était splendide et absolument neuve… !
Vert choux à Alice : Ne t’approche pas trop !... Lorsque je suis vraiment énervée, je tape sur
tout ce que je vois !
Chou vert : Et moi sur tout ce qui se trouve à la portée de mon bras et même sur ce que je ne
vois pas !
Alice : Tout ça pour une crécelle ! Vous n’avez pas honte ?
Chou vert furieuse : Je n’aurais pas pris l’affaire tant à cœur si elle n’était pas neuve !
Alice : Vous feriez mieux de vous battre une autre fois.
Vert chou : Sûrement pas ! Hâtons-nous, il se met à faire sombre !
Chou vert : Et plus sombre encore que cela !
Alice : Oh, le gros nuage que voilà ! Ma parole, on dirait qu’il a des ailes !
Chou vert et Vert chou terrifiées : C’est le corbeau !!! Elles s’enfuient
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SEQUENCE 13
Alice poursuit son chemin et découvre une porte en pleine forêt.
Alice : Voilà qui est étrange, mais tout est étrange aujourd’hui !
Trois jardiniers Cartes à jouer peignent des fleurs.
Le 2 de pique : Je t’ai déjà dit de faire attention, Cinq !
Le 5 de pique : Ce n’est pas ma faute, Deux !
Le 2 de pique : Tu ne vois pas que tu éclabousses partout avec ta peinture ?
Le 5 de pique grincheux : Ce n’est pas ma faute… Sept m’a encore poussé du coude !
Le 7 de pique : Félicitations, Cinq ! Il faut toujours prétendre que c’est la faute des autres !
Le 5 de pique : Tu peux bien parler ! Pas plus tard qu’hier, j’ai entendu la Reine affirmer que
tu méritais d’être décapité !
Le 2 de pique : Vraiment ? Et pour quel crime ?
Le 7 de pique : Ca, Deux, ce ne sont pas tes oignons !
Le 5 de pique : Si, justement, ce sont les siens ! Et je vais lui répondre !
Le 7 de pique : Tu cherches à nous brouiller ! Mais, de toutes les calomnies, celles qui…
Le 5 de pique : Tu as donné au cuisinier des oignons de tulipe au lieu d’oignons tout court !
Le 7 de pique : Quoi, c’est tout ? N’importe qui pouvait faire une erreur pareille!
Alice qui les écoutaient, s’approche timidement : Hum… Excusez-moi !
Le 2 de pique sans s’arrêter : Bonjour, petite demoiselle !
Le 5 de pique sans s’arrêter : Bonjour, demoiselle !
Le 7 de pique sans s’arrêter : ‘Jour, ‘moiselle !
Alice intimidée : Pourquoi rougissez-vous comme ça ?
Le 2 de pique : Voyez-vous mademoiselle, il se trouve qu’on aurait dû planter un rosier rouge
à cet endroit.
Le 5 de pique : …Et pour dire la vérité, on en a planté un blanc, par mégarde.
Le 7 de pique un peu plus loin : C’est très facile de se tromper. Ca arrive à tout le monde !
Le 5 de pique : Pourtant, si jamais la Reine l’apprenait, elle en perdrait la carte…!
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Le 2 de pique : Comprenez mademoiselle, on fait de notre mieux pour arranger les choses…
Le 7 de pique : …pour que la Reine ait le cœur léger !
Le 5 de pique : Dans cette histoire, nous jouons notre tête, tous les trois !
Arrive, au loin, la Reine et sa suite
Le 7 de pique : Oh, la voilà qui vient, la Reine et toute sa suite !
Le 5 de pique : Un malheur n’arrive jamais seul ! C’en est fait de nous ! Nous sommes
découverts !
Le 2 de pique : Tel est pris qui croyait peindre ! Elle voulait des roses, nous aurons les
épines !
Le 7 de pique : Loin des yeux, nous étions loin du cœur ! Pauvres de nous !… Miséricorde !
Les 3 cartes paniquent et s’effondrent.
Alice pour se rassurer : Après tout, ce ne sont que des cartes, je n’ai pas besoin d’avoir peur !
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SEQUENCE 14
La Reine et le Roi entrent avec toute leur suite.
La Reine : Halte ! Regardant Alice : Puis-je savoir qui c’est ?
Le Valet de Cœur : Tout à fait d’accord, Majesté !
La Reine : Mais encore ?... Le Valet sourit à cœur joie. Vous êtes… un triple idiot !
Le Valet de Cœur : Je suis au courant, Majesté. On me l’a déjà dit !
La Reine: Encore plus idiot que je ne le croyais.
Le Valet de Cœur : C’est exact, votre majesté. Pour vous servir !
Le Valet de Cœur s’approchant d’Alice : Comment vous nommez-vous, mon enfant ?
Alice : Alice, Majesté.
Le Roi : Pourquoi s’est-on arrêté ?
Le Valet de cœur : Je ne sais pas, Majesté. Peut-être parce que je suis un idiot ?
La Reine désignant les trois Pique: Et qui sont ces trois-là ?
Alice étonnée de sa hardiesse : Comment le saurais-je ?
Le Valet de Cœur : Oui… Comment le saurait-elle ?
Alice : Ce ne sont pas mes affaires !
La Reine écarlate : Qu’on lui coupe la tête !
Toute la suite en chœur mais sans enthousiasme : Qu’on lui coupe la tête !
La Reine : Qu’on lui coupe la tête !
Alice fermement : Assez de sottises !
Le Roi : Réfléchissez ma chère, ce n’est qu’une enfant !
La Reine toujours furieuse : Oui… nous pourrions en tenir compte…
Le Roi : De nos jours, les enfants n’ont plus de respect pour ceux qui les dirigent…
La Reine aux trois Pique : Allez vous trois, debout ! Les cartes se prosternent.
Le Valet de Cœur montrant le pot de peinture : Voici le pot aux roses, Majesté !
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La Reine aux 3 cartes qui se prosternent : Arrêtez, vous me donnez le tournis !
Le Valet de Cœur : Arrêtez, voyons ! Vous lui donnez le tournis !
La Reine examinant les roses : Qu’étiez-vous en train de faire là ?
Les trois Cartes, terrorisées, se sont agenouillées.
Le 2 de pique : Plaise à votre Majesté, nous avons essayé… ou plutôt on essayait…
Le 5 de pique : Oui, c’est cela, tout à fait cela ! On essayait… de…
Le 7 de pique : Enfin… juste un tout petit peu, n’est-ce pas ?
Le Valet de Cœur tout content : Ah…Bon ! Vous avez essayé, c’est cela ?
La Reine glaciale : Vous avez Essayé d’Essayer ! Silence. Qu’on leur coupe la tête !
La Reine et sa suite se remettent en marche.
Alice à voix basse : Vous ne serez pas décapités. Cachez-vous vite là !
Elle dissimule les trois cartes et s’en va rejoindre la Reine.
La Reine : Leur a-t-on bien tranché la tête ?
Le Valet de Cœur : Elles ont bel et bien perdu la tête, majesté !
La Reine : C’est parfait ! Savez-vous jouer au croquet ?
Alice : Qui ? Moi ?
Le Roi : Bien sûr, vous !
La Reine : Je n’ai pas l’habitude de me parler à moi-même. Ce serait pourtant la seule façon
d’avoir une conversation intelligente ici.
Alice : Heu… Oui !
La Reine : Alors, venez !
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SEQUENCE 15
Le lapin arrive furtivement près d’Alice.
Lapin blanc à voix basse : Belle journée, n’est-ce pas ?
Alice : Très belle. Où est la Duchesse ?
Lapin blanc : Chut, elle ne va pas tarder à être exécutée !
Alice : Quel carnage !
Lapin blanc : Avez-vous dit : quel dommage ?
Alice : Certainement pas ! Mais qu’a-t-elle donc fait ?
Lapin blanc : Elle a giflé la Reine !
Alice éclatant de rire : Ah, ah, ah ! C’est bien fait !
Le lapin blanc : Doucement, elle va vous entendre ! Voyez-vous, la Duchesse était arrivée
très en retard, et la Reine avait…
La Reine à la ronde : Tout le monde en place !
Une partie de croquet s’engage, avec un flamand rose en guise de crosse et un hérisson en
boule en guise de balle. Tout le monde joue en même temps en se querellant.
Alice : Vous ne craignez pas de leur faire mal ? Son flamand rose se débat.
Lapin blanc : Ce n’est rien, ils ont l’habitude !
Alice maladroite : Peut-être, mais pas moi !
La Reine arpente le terrain, désignant différents personnages.
La reine : Qu’on coupe la tête à celle-là ! Qu’on coupe la tête à ces deux-ci ! Celui-là aussi !
Alice : Ce qui m’étonne, c’est qu’il y ait encore des survivants !
Lapin blanc : Faites doucement, la voici !
La Reine qui a entendu : Si jamais je perdais mon sang-froid, vous perdriez la tête !
Lapin blanc : Venez par ici, Majesté ! Il s’éloigne avec la Reine.
Alice : C’est terrible cette manie de couper la tête des gens !
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SEQUENCE 16
Apparaît, seule, la tête du chat du Chester
Alice contente de trouver à qui parler : Oh, le Chat du Chester !
Le Chat du Chester : Alors, le jeu de croquet te plait ?
Alice : Je trouve qu’ils ne sont pas très honnêtes.
Le Chat du Chester : Personne ne l’est si on laisse faire. Tâche de t’en souvenir…
Alice : On dirait qu’il n’y a aucune règle…
Le Chat du Chester : A toi de définir les tiennes…
Alice : Et puis, mon hérisson n’a pas voulu se mettre en boule.
Le Chat du Chester : Mets-toi à sa place, tu comprendras !
Alice : Vu comme ça, évidemment...
Le Chat du Chester : Et la Reine ? Te plait-elle ?
Alice : Pas du tout ! Elle est tellement…. La reine s’approche, Alice l’aperçoit …douée au
croquet, alors, c’est inutile de continuer…
La Reine : C’est une bonne petite fille, charmante…
Le Roi à Alice : A qui diable parlez-vous ? Il n’y a pas un chat…
Alice : Si, il y a un de mes amis. Chat du Comté de Chester, voici le Roi.
Le Roi : Il a un air que je n’aime pas du tout !
La Reine : Mais puisqu’il est là, il peut me baiser la main s’il le désire...
Le Chat du Chester : Merci, sans façon, je préfère m’en dispenser.
Le Roi : Ne faites pas l’impertinent ! Et ne me regardez pas comme ça.
Il se cache derrière Alice.
Alice : Un chat peut bien regarder un Roi ! J’ai lu ça dans un livre.
Le Roi : Je ne connais pas, mais ça a l’air immoral et plein de sous-entendus. A la Reine :
Chère amie, comment se débarrasser de ce chat impudent ?
La Reine sans même se retourner : Qu’on lui coupe la tête !
Le Roi : Parfait ! Je vais moi-même chercher le bourreau…
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16
Alice, au chat : Savez-vous où est passé mon hérisson ?
Le Chat du Chester : Oui, il a roulé de ce côté-là. Alice part à la recherche de son hérisson.
Tous sont réunis autour du chat dont on ne voit que la tête. Arrivée du Bourreau.
Le Bourreau : Comment puis-je lui trancher la tête s’il n’a pas de corps ?
La Reine : C’est très simple, il suffit de donner un coup sec sur la nuque.
Le Bourreau : Personnellement, je n’ai jamais rien fait de semblable !
La Reine : Il faut une décision sur le champ !
Le Bourreau : …Sur ce champ ou ailleurs, il me faut un jugement !
Le Roi : Tout être possédant une tête peut être décapité, non ?
Le Bourreau : Moi, je suis dans l’impossibilité de séparer une tête d’un corps inexistant !
Le Roi : Qu’en pensez-vous, fillette ?
La Reine : Vous qui avez la chance d’avoir la tête sur les épaules…
Alice : Sûrement pas grâce à vous.
Le Roi et la Reine : Pardon ? Comment ?
Alice : Je … je ne comprends rien, vous parlez tous en même temps !.
Le bourreau : Je n’ai jamais fait ça, et ce n’est pas à mon âge que je vais commencer…
La Reine : Je ne vois qu’une solution. Décapitez tout le monde !
Le Bourreau : Oui mais… il me faut un jugement… A mon âge…
Le Roi : Etre ou ne pas être exécuté, voilà la question, n’est-ce pas jeune fille ! Alors ?
Alice : Moi, je réfléchirais deux fois avant d’agir.
Le Roi : Bravo ! Voilà un conseil fort sage ! Tous applaudissent
Alice : Car ce chat appartient à la Duchesse ! Demandez-lui son avis !
La Reine au Bourreau : Elle est en prison. Cherchez-là ! Ramenez-la !
Le Bourreau : Certainement, Majesté ! A vos ordres, Majesté ! Il part comme une flèche.
Le Roi : Alerte ! Le chat a disparu ! Tout le monde à sa recherche !
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SEQUENCE 17
La Duchesse, très gentille, à Alice : Ah ! Très chère ! Comme je suis heureuse de te revoir !
Un temps. Je vois… Ta pensée est ailleurs et tu en oublies ma présence !
Alice : Moi ? Euh…
La Duchesse : Pour l’instant, je ne saurais dire la morale à tirer de ceci, mais ça va venir…
Alice : Il n’y en a peut-être aucune !
La Duchesse : Taratata ! Il y a toujours une morale, mais il faut la découvrir !
Alice par politesse : Tout le monde a l’air plus calme, maintenant…
La Duchesse : En effet et la conclusion de ceci est : c’est l’amour qui fait tourner la terre !
Alice : J’ai entendu dire que la terre tournait mieux quand chacun s’occupait de ses affaires !
La Duchesse : Ce qui revient au même. Et la morale est : occupons-nous du sens et les mots
s’occuperont d’eux-mêmes !
Alice : Quelle manie de chercher à tirer une morale de tout !
La Duchesse observant le jeu de loin : Les flamands roses et la moutarde piquent. La morale
en est : Qui se ressemble s’assemble !
Alice : Mais… la moutarde ne ressemble pas à un flamand !
La Duchesse : Exact, comme d’habitude ! Comme tu exprimes clairement les choses !
Alice : C’est un minéral, je pense !?
La Duchesse : Bien sûr ! Il y a une grande mine de moutarde près d’ici. Et la morale est : il ne
faut jamais juger les gens sur la mine !
Alice qui n’écoutait pas : Oh, je sais, c’est un végétal, même s’il n’en a pas l’air !
La Duchesse : Tout à fait d’accord. Et la morale est : Soyez ce que vous voulez sembler être !
Alice : Je ne vous suis pas très bien…
La Duchesse : Ce n’est rien à côté de ce que je pourrais dire ! Encore en train de réfléchir ?
Alice : J’ai bien le droit de penser !
La Duchesse : Autant que les cochons ont le droit de voler ! Et la mor… d’une voix blanche
en apercevant la Reine : B…belle journée, Majesté !
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La Reine : Ceci est un avertissement, Duchesse : si vous ne vous ôtez pas de là, c’est votre
tête que je fais ôter !
La Duchesse terrorisée : Certainement, Majesté ! La Duchesse disparaît.
La Reine à Alice : Continuons la partie… Qu’on coupe la tête à celui-là, ces deux-ci … et
celui là-bas !... Connaissez-vous la Tortue fantaisie ?
Alice : Non, pas du tout !
La Reine : C’est la chose avec laquelle on fait la soupe à la Tortue « fantaisie » !
Alice : Je n’en ai jamais entendu parler !
La Reine : Alors venez, elle vous racontera son histoire…
Le Roi à voix basse aux condamnés : Vous êtes tous graciés !
Alice : Voilà une bonne parole !
La Reine conduit Alice devant le Griffon endormi.
La Reine : Debout, paresseux ! Le Griffon s’éveille. Conduis cette jeune fille à la Tortue
Fantaisie, qu’elle lui raconte son histoire ! Il faut que j’aille m’occuper de quelques
exécutions que j’ai ordonnées. La Reine sort.
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SEQUENCE 18
Le Griffon regardant la Reine s’éloigner : Comme c’est drôle !
Alice : Qu’est-ce qui est drôle ?
Le Griffon : Mais « elle », bien sûr. Tout se passe dans son imagination !
Alice : Comment ça ?
Le Griffon : En réalité, il n’y a jamais personne d’exécuté, vois-tu. Suis-moi !
Alice pour elle-même : On ne m’a jamais donné tant d’ordres de ma vie !
Le Griffon : Allons, dépêche-toi !
Alice : Vous êtes un drôle d’animal…
Le Griffon : Je suis un griffon. L’union de l’intelligence et de la force.
Alice : C’est bizarre…
Le Griffon : Moitié aigle, moitié lion, j’ai pris le meilleur de chacun.
Ils arrivent devant la tortue.
La Tortue fantaisie poussant des soupirs à fendre le coeur : Haaaa… Haaaa… Haaaa…
Alice : Pourquoi est-elle triste ?
Le Griffon : Tout se passe dans son imagination ! En réalité, elle n’a aucun motif de chagrin !
A la tortue : Si tu racontais ton histoire à cette jeune fille ?
La Tortue fantaisie : D’accord. Mais pas un mot jusqu’à ce que j’aie fini ! Un temps.
Alice agacée : Si elle ne commence pas, comment pourrait-elle terminer ?
Le Griffon : Maintenant, silence !
La Tortue fantaisie : Autrefois… j’étais une vraie tortue… Quand nous étions petits, nous
allions à l’école dans la même mer…
Le Griffon : Continue ! Sinon, cela va durer, et durer…
Alice très inquiète : …Toute la journée ?
Le Griffon : Tais-toi ! Ecoute !
La Tortue fantaisie : Nous avions comme maîtresse, une très vieille tortue que nous
surnommions Tortue Luth…
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Alice : Pourquoi la surnommiez-vous ainsi ?
La Tortue fantaisie : Mais parce qu’elle jouait du luth ! Je vous trouve l’esprit bien obtus !
Le Griffon : Tu devrais avoir honte de poser une question pareille.
La Tortue fantaisie : Elle nous enseignait la Bavure et l’Engrais, ainsi que les bases de
l’Arithmétique : Ambition, Distraction, Dérision et Laidification.
Alice : Laidification ? Qu’est-ce que c’est que ça ?
La Tortue fantaisie : Pfff ! Tu sais ce que veut dire embellir ? Alice acquiesce.
Le Griffon : Alors là, si tu ne sais pas ce que c’est laidifier, tu es une fieffée bêtasse !
La Tortue fantaisie : Nous avions une excellente éducation ! En fait, nous allions à l’école
tous les jours…
Alice : Moi aussi, il n’y a pas de quoi être fière pour si peu…
La Tortue fantaisie inquiète : Y avait-il des matières supplémentaires, à ton école ?
Alice : Oui, nous apprenions le français et la musique.
La Tortue fantaisie inquiète : Et le blanchissage ?
Alice indignée : Sûrement pas !
La Tortue fantaisie rassurée : Dans ce cas, ton école n’était pas fameuse !
Alice : Mais dans la mer, vous ne deviez pas avoir besoin de blanchissage !
La Tortue fantaisie : Je n’avais pas les moyens de me payer les suppléments. Je me
contentais des cours ordinaires.
Alice découragée : En quoi consistaient-ils ?
La Tortue fantaisie : Il y avait les leçons de Névralgie… le Rire Ancien et le Rire Moderne
puis la Sous l’eau graphie. Une fois par semaine un vieux Crabe nous apprenait à Lésiner…
Alice : Combien d’heures de cours aviez-vous par jour ?
La Tortue fantaisie : Dix heures le premier jour, neuf le second et ainsi de suite en
diminuant…
Alice : Drôle de méthode…
Le Griffon : C’est pour cela qu’on appelle ça des cours…
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La Tortue fantaisie : …Parce qu’ils raccourcissent de jours en jours !
Alice : Mais alors, le onzième jour, c’était congé ?
La Tortue fantaisie : Bien entendu. Ca, c’était de l’éducation !
Alice : Et le douzième ?
Le Griffon : Ca suffit, avec les procédés ! D’ailleurs, le procès va bientôt commencer.
Alice : De quel procès s’agit-il ?
Le Griffon : Tu verras. Mais avant, aimerais-tu que la tortue te chante une chanson ?
Alice : Oh oui, une chanson !...
Le Griffon : Hum… Il y a des gens qui ont des goûts bizarres. Enfin, soit. A la tortue :
Chante-lui « La bonne soupe », veux-tu ?
La Tortue fantaisie chantant (sur l’air de la pêche aux moules) :
Ah la bonne soupe – soupe – soupe,
Qu’on déguste allègrement,
Ah la bonne soupe – soupe – soupe
Avec du poivre dedans !
Le Griffon : Ah la bonne soupe – soupe – soupe ! A toi, Alice !
Alice : Ah la bonne soupe – soupe – soupe,
Qu’on déguste allègrement,
Ah la bonne soupe – soupe – soupe
Avec du poivre dedans !
Ils chantent tous trois en chœur.
Une voix dans le lointain (celle de Lapin blanc) : L’audience est ouverte !
Le Griffon : Ecoute ! Ca y est ! Viens vite, le procès va commencer !
Alice : Mais le procès de quoi ?
Le Griffon : Pas de discussion, arrive !
Le Griffon prend Alice par la main. La Tortue fantaisie sort en chantant sa chanson.
Alice et le Griffon arrivent au tribunal.
Tous les personnages de l’histoire y sont présents. Douze créatures (mammifères, batraciens,
reptiles, oiseaux…) trônent sur le côté : ce sont les jurés. Ils écrivent fébrilement sur des
ardoises. Le Valet de coeur est enchaîné entre deux cartes.
A la droite du Roi, la Reine, à sa gauche, le lapin blanc, tenant parchemin et trompette.
Au milieu de la salle, sur une table, est disposé un grand plat de tartes appétissantes.
Alice gourmande: Mmm… Va-t-on bientôt servir le goûter ?
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Le Griffon: Pas si fort ! Montrant le Roi, à voix basse Celui-là, c’est le juge !
Alice, montrant les jurés : Et ces … créatures ? Est-ce que ce sont les jureurs ?
Le Griffon : Remarque qu’ils sont douze… Ce sont les jurés.
Alice: Mais que font-ils ? Ca n’a pas l’air commencé !
Le Griffon : Chacun écrit son nom sur une feuille, de peur de l’oublier avant la fin du procès.
Maintenant, tiens-toi bien et fait silence.
Alice : Ils sont stupides !
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SEQUENCE 19
Juré 1 écrivant, très appliqué : Stupide, comment épelles-tu ça ?
Juré 2 : S-T- euh… qu’est-ce qu’il y a après le T ?
Juré 3 : Ben…le souper !
Lapin blanc : Silence !
Juré 1 tout content : C’est déjà l’heure du souper ?
Lapin blanc : Courtisans et Tisanes, silence ! Silence tout le monde !
Vieille dame 1 : J’aime bien assister aux procès, je viens ici chaque fois que je peux !
Vieille dame 2 : Un bon procès vaut mieux que deux tu l’auras !
Vieille dame 3 : Il faut que justice se passe !
Le roi tape avec son marteau : Silence !….Greffier, l’acte d’accusation, s’il vous plaît !
Lapin blanc lisant :
Notre reine de cœur / nous avait fait des tartes / par un beau jour d’été.
Mais le valet de cœur / une traîtresse carte / les a toutes emportées !
Le roi : Membres du jury, douze animaux loyaux, préparez-vous à rendre votre jugement !
Lapin blanc : Pas encore ! Pas encore ! Il y a beaucoup à faire avant d’en arriver là !
Le roi : Ah oui, c’est vrai ! Appelez le premier témoin.
Chaque personnage appelle selon sa nature.
Lapin blanc : Appelez le premier témoin !
Madame souris : Pelez le premier témoin !
Vieil homme 1 : Séchez le premier le témoin !
Vieille dame 1 : Sondez le premier témoin !
Vieille dame 2 : Pensez, le premier témoin !
Vieille dame 3 : Sucrez le premier témoin !
Pat : Premier témoin, pour sûr !
Bill: Ben ousqu’il est, l’témoin ?
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La Chenille : Le témoin, et pas de manières !
Le Pigeon : Ce serpent de témoin !
Le laquais : Qu’on appelle le premier témoin !
L’huissier: Témoin, qu’on appelle le premier !
La Duchesse éternuant : Le …T… le…T…T… Témoin !
Le Chat du Chester : Moins Thé !
Le Lys : Est-ce un témoin intéressant ?
La Rose : Hum…Ca m’étonnerait !
La Violette : Ben, je ne le vois pas !
La pâquerette : S’est-il perdu en chemin ?
Chou vert : Appelez le premier témoin !
Vert chou : Appelez témoin le premier !
Le 2 de pique : Appelez… !
Le 5 de pique : …Premier !
Le 7 de pique : …Moins le !
Le Valet de cœur : …Plus Thé !
Le bourreau : C’est bien le moins…
La Tortue fantaisie : Allons, témoin, à table !
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SEQUENCE 20
Entrée du Chapelier, tasse de thé à la main, accompagné du Lièvre de Mars et du Loir.
Le Chapelier : Pardonnez-moi de me présenter ainsi, mais je n’avais pas terminé de boire
quand on est venu me chercher…
Le Roi : Vous auriez dû avoir fini ! Quand avez –vous commencé ?
Le Chapelier : Je ne sais plus exactement… je dois demander à mon ami le lièvre.
Le Roi : Qu’on le fasse entrer ! Le lièvre apparaît avec le loir.
Le Chapelier : Quand avons-nous commencé notre thé ? Le 14 mars, c’est ça ?
Le Lièvre de Mars : Non, voyons, c’était le 15 !
Le Loir : Ben non, c’était le 16 !
Le Roi : Jurés, notez tout ! Soustrayez, multipliez, convertissez.
La Reine : Ils sont très lents !
Juré 1 très appliqué : Quatorze, quinze, seize… Divisé par trois…
Juré 2 très appliqué : Je retiens un et reporte douze…
Juré 3 très appliqué : Divisé par quarante, virgule zéro...
Le Roi revenant au Chapelier : Otez votre chapeau !
La Reine : Et la tête aussi pendant qu’on y est !
Le Chapelier : Désolé, votre honneur, je ne peux pas.
Le Roi : Et pourquoi cela, je vous prie ?
Le Chapelier : Il n’est pas à moi !
Le Roi : Ah ! Vous l’avez volé ! Membres du jury, notez bien cela. C’est un chapeau volé !
Juré 1 très appliqué : Chapeau volé…
Le Roi : Cet homme est un voleur, il vient de l’avouer ! Les jurés copient sans arrêt.
Juré 2 très appliqué : Est un voleur…
Juré 3 très appliqué : Vient d’avouer...
Alice : Tiens ! Le roi juge avec des préjugés ?
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Le Roi : Il est vrai que je suis éminemment qualifié pour être juge !
La Reine : Il me semble que je le connais !
Le Chapelier : Je ne possède aucun chapeau… j’en vends …je suis simplement chapelier !
Le Roi : Pourquoi ne pas l’avoir dit plus tôt !
La Reine : Je suis sûre que je le connais…
Le Roi : Cessez de trembler, sinon on vous fait exécuter sur le champ !
Le Chapelier terrorisé en regardant la Reine : Je ne suis pas nerveux, Majesté !
Le Roi : Chapelier, votre déposition ?
Le Loir à côté d’Alice : Arrêtez de me serrer comme cela, je peux à peine respirer !
Alice : Ce n’est pas ma faute, je suis en train de grandir !
Le Loir : Vous n’avez pas le droit de grandir ici !
Alice : Ne dites pas de sottises, vous grandissez aussi !
Le Loir : Oui, mais moi, je grandis à une vitesse raisonnable. Pas de façon ridicule !
Le Loir va s’asseoir ailleurs.
La Reine au Laquais : Apportez-moi « la » liste!
Le laquais : La liste des chanteurs du dernier Concert de sa Majesté ? Bien, Majesté !
Le Roi au chapelier : Dites ce que vous savez !
Le Chapelier : J’avais à peine commencé mon thé, il y a une semaine, et les tartines
commençaient à se faire de plus en plus rares…
Le Roi : Les tartines qui commençaient quoi ?
Le Chapelier : Tout commence par le thé, bien sûr !
Le Roi : Naturellement, Tout commence par le T ! Me prenez-vous pour un âne ? Continuez !
Le Chapelier : Seulement le lièvre de Mars a dit…
Le Lièvre de Mars : Je n’ai rien dit du tout, Chapelier !
Le Chapelier : Si tu l’as dit !…
Le Lièvre de Mars : Je nie formellement !
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Le Roi : Il nie formellement ! Notez !
La Reine : Laissons cela en dehors du débat !
Le Chapelier lorgnant vers le Loir : En tout cas, le loir a dit… (Il regarde le Loir qui dort.
Rassuré, il oublie la suite) …Après, j’ai coupé d’autres tartines !
Le Roi : Mais qu’a dit le loir ?!
Le Chapelier : Je ne m’en souviens absolument pas, majesté ! …
Le Roi : Nous vous écoutons, Chapelier !
Le Chapelier : Majesté, je suis un pauvre homme ! Je n’ai pu prendre mon thé, ni
descendre…
Le Roi : Vous êtes surtout un pauvre orateur !... Mais vous pouvez descendre !
Le Chapelier : Je ne pourrais pas aller plus bas, je suis déjà sur le sol !
Le Roi : Alors asseyez-vous !
Le laquais à la Reine : La liste des chanteurs de votre Majesté, Majesté !
Le Chapelier désireux de fuir : Je voudrais finir mon goûter, Majesté !
Le Roi : Vous pouvez partir !
La Reine brandissant la liste : Il a chanté à mon concert ! C’est le massacreur de temps !
Alice à voix basse : Ne vous laissez pas impressionner, monsieur le chapelier
Le chapelier s’enfuit en laissant ses chaussures.
La Reine au Roi : Ce chapelier a gâché mon Concert comme il vient de gâcher votre procès.
Coupez-lui la tête quand il sera dehors ! Le lièvre s’éclipse.
Le Roi : Qu’on appelle le deuxième témoin.
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SEQUENCE 21
Lapin blanc : Deuxième témoin !
Madame souris : Deuxième témoin, s’il vous plaît !
Vieil homme : Second témoin, à la barre !
Vieille dame 3 : C’est ça, qu’il vienne, quoi !
Vieille dame 2 : Et pas qu’il se barre !
Vieille dame 1 : Plaît-il ?
Pat : Ben y’en a des témoins !
Bill: Ouais, mais y n’arrivent pas !
La Chenille : Second témoin, soyez digne !
Le Pigeon : Mais son chemin serpente !
Le laquais : Qu’on mande le second témoin !
L’huissier: Témoin, qu’on mande le second !
La Duchesse éternuant : Le …T… le…M…M… Moin !
Le Chat du Chester : Plus Thé !
Le Lys : Le second en vaut-il la peine ?
La Rose : Surtout, sait-il quelque chose ?
La Violette : Je parie que j’en sais plus que lui !
La Pâquerette : Rien que de la graine de mensonge !
Chou vert : Nommez le second témoin !
Vert chou : Nommez témoin le second !
Le 2 de pique : Un témoin peut en cacher un autre !
Le 5 de pique : Second témoin, la vérité !
Le 7 de pique : …Félicitations, second témoin !
Le Valet de cœur : Pourvu qu’il me seconde !
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Le Bourreau : De corps oui, mais qu’a-t-il en tête ?
Le Griffon : Ca suffit, qu’il arrive !
La Tortue fantaisie : Second témoin, pressons !
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SEQUENCE 22
Entrée de la cuisinière. Tout le monde éternue sur son passage.
La Cuisinière, tenant son poivrier : Me voici, me voici, me voici !
Le Roi : Vous pouvez déposer.
La Cuisinière en tenant fermement son poivrier : Je n’en ferai rien !
Le Roi : Vous refusez ! Au Lapin blanc : Que dois-je faire ?
Lapin blanc : Il serait bon de faire subir un contre-interrogatoire au témoin!
Le Roi mélancolique : Puisqu’il le faut, il le faut… De quoi sont faites les tartes ?
La Cuisinière : Vous ne pourriez pas répéter la question, mon bon monsieur ?
La Reine : D’où venez-vous ?
La Cuisinière : Je suis née à Oxford, c’est là que j’ai étudié.
La Reine : Et que vous a-t-on enseigné là-bas ?
La Cuisinière : On m’a appris à parler avec l’accent pointu.
Le Roi : Répondez à la question ! Les tartes sont faites avec quels ingrédients ?
La Cuisinière : Avec du poivre, principalement !
Le Loir : Mais non, de la mélasse…c’est bien meilleur…
Le Roi : Qu’a-t-il dit ?
Le Loir : De la mé - lasse !
La Reine : Décapitez ce Loir ! Etouffez-le, expulsez-le, supprimez-le ! Pincez-le ! Arrachezlui les moustaches ! Le loir est expulsé ; la cuisinière en profite pour filer à l’anglaise.
Le Roi soulagé : Aucune importance ! Qu’on appelle le témoin suivant.
Lapin blanc : Témoin suivant… J’appelle Alice. Alice se lève instantanément.
Alice plus grande que précédemment : Présente ! Sa taille inspire la peur dans l’assistance.
Le Roi : L’audience reprendra lorsque tout le monde sans exception aura repris sa place.
Alice : Cela a-t-il tant d’importance ?
Le Roi : Que savez-vous exactement au sujet de cette affaire de tartes ?
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Alice : Absolument rien.
Le Roi : Absolument rien. Voilà qui est très intéressant !
Lapin blanc très respectueux : Qui est inintéressant, votre Majesté !
Le Roi : Très inintéressant, bien sûr. C’est ce que je voulais dire… sans importance, quoi !
Juré 1 très appliqué : Très inintéressant…
Juré 2 très appliqué : Très intéressant…
Juré 3 très appliqué : Sans importance...
Le Roi cherchant le plus joli mot : Sans importance. Important. Sans importance…
Alice : J’ai dit tout ce que je savais...
Lapin blanc : Silence dans la salle !
Le Roi : Article 42 « toute personne mesurant plus de mille cinq cents mètres devra quitter la
salle d’audience du Tribunal ».
Alice : Mais je ne mesure pas mille cinq cents mètres !
Le Roi : Si, si je le vois bien !
La Reine : Vous faites près de trois mille mètres !
Alice : En tout cas, j’y suis, j’y reste ! D’ailleurs, vous venez d’inventer ce règlement !
Le Roi : C’est le plus ancien article du Code que nous ayons !
Alice : Dans ce cas, cela devrait être l’article Un !
Le Roi tout pâle : Jurés, il va falloir rendre votre verdict.
Lapin blanc : Il y a d’autres preuves à examiner. On vient à l’instant de découvrir ce papier !
La Reine : Que contient-il ?
Lapin blanc : Il semble que ce soit une lettre écrite par le prisonnier…
Le Roi : A qui est-elle adressée ?
Lapin blanc : Elle n’est pas adressée du tout, il n’y a rien d’écrit à l’extérieur !
Il déplie lentement le papier.
Le Roi impatient : Alors… ?
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Lapin blanc : En fin de compte, ce n’est pas une lettre : c’est une pièce en vers…
La Reine : Est-ce l’écriture du prisonnier ?
Lapin blanc : Certainement pas ! Voilà qui est le plus bizarre !
Juré 1 copiant : Bizarre…
Juré 2 qui n’a pas compris : Vous avez dit ?…
Juré 3 : Bizarre...
Le Roi : Il a dû imiter l’écriture de quelqu’un d’autre…
Le Valet de cœur : Ce n’est pas moi qui l’ai écrite, et vous ne sauriez prouver le contraire !
La Reine : Pourquoi cela ?
Le Valet de cœur : Ce billet n’est pas signé !
La Reine : S’il est anonyme, c’est plus grave encore !
Le Roi : S’il avait eu de bonnes intentions, il l’aurait signé, évidemment !
Tous applaudissent : ce sont les premières paroles intelligentes du Roi ce jour-là.
Le Valet de cœur : Mais enfin, cela ne prouve rien du tout !
Alice : Vous ne savez même pas de quoi parlent ces vers !
Le Roi solennel : Silence ! Qu’on les lise !
Lapin blanc : Par où dois-je commencer, Majesté ?
Le Roi grave : Commencez par le commencement, continuez jusqu’à la fin, ensuite arrêtezvous !
Le lapin lisant :
Elle a dit que je nageais moins bien qu’un poisson,
Mais que j’étais digne de foi.
J’en ai pris un, j’en ai pris deux et nous les avons partagé.
Si vous restez coi, nul n’apprendra ce secret mystérieux.
La Reine : C’est la preuve la plus importante que nous ayons eue jusqu’ici !
Alice : Si quelqu’un peut expliquer ces vers, je lui donne dix sous ! Ils n’ont aucun sens !
Juré 1 copiant : Elle trouve…
Juré 2 copiant : …qu’ils n’ont…
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Juré 3 copiant : …aucun sens !
Le Roi : S’ils n’ont aucun sens, cela nous évite bien des tracas ! Cependant… (au valet) Vous
ne savez pas nager, n’est-ce pas ?
Le Valet de cœur tristement : Ai-je l’air de quelqu’un qui sait nager ? (Il est en carton)
La Reine : Ah ! Vous voyez, cela s’éclaire !
Le Roi : « Elle a dit » ! Il s’agit évidemment de la Reine, n’est-ce pas ?
La Reine triomphante : « Et nous les avons partagées ! » Ce sont les tartes, bien sûr !
Alice : Vous oubliez qu’elles sont toutes ici !
Le Roi : Silence, petite impertinente !
Alice : Mais il n’y a aucun crime !
Lapin blanc : Alice, vous semblez bien sûre de vous !
Le Roi : Cela suffit ! Personnellement, je trouve cette histoire un peu… tarte !
Silence de mort.
Le Roi furieux : C’est un jeu de mots ! Tout le monde éclate de rire.
Que le jury délibère pour le verdict !
La Reine : Non, non ! D’abord la sentence… et le jugement ensuite !
Alice : Mais c’est de la bêtise !
Le Roi : Taisez-vous !
Alice : Jamais de la vie !
La Reine : Qu’on lui coupe la tête ! Personne ne bouge.
Lapin blanc : Alice, ce que les gens pensent vous est vraiment égal ?
Alice : Oui, lorsque j’ai raison !
La Reine déchaînée : Comment ? Qu’on lui c…
Alice : Pour qui vous prenez-vous ? Vous n’êtes qu’un jeu de cartes !
Le tribunal des cartes s’effondre : le « rêve » est terminé.
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SEQUENCE 23
Alice s’éveille lentement.
Ina refermant son livre : Alice ! Réveille-toi, petite sœur ! Alice !
Alice : Hein ?...Quoi ?
Ina : Comme tu as dormi longtemps !
Alice : Ben …Heu…
Ina : Mais… où est-elle, ta poupée ?
Alice radieuse : J’ai surtout fait un… voyage… extraordinaire !
Ina : Il est tard ! C’est déjà l’heure du goûter ! …
Alice toujours ailleurs : C’était… bizarre…
Ina : Oh oui, raconte ! Alice passe devant. Elles sortent en courant. Mais… pas si vite… Moi
aussi j’ai envie de rêver !... Alice ! Alice !
RIDEAU
57
Alice au pays des merveilles – distribution
Distribution
Ina, sœur d’Alice :……………………………………………………………………………….
Alice :……………………………………………………………………………………………
Lapin blanc :……………………………………………………………………………………..
Madame Souris :………………………………………………………………………………...
Vieil homme :……………………………………………………………………………………
Vieille femme 1 :………………………………………………………………………………...
Vieille femme 2 :………………………………………………………………………………...
Vielle femme 3 :…………………………………………………………………………………
Pat, jardinier de Lapin blanc :…………………………………………………………………..
Bill, jardinier de Lapin blanc :………………………………………………………………….
La Chenille :…………………………………………………………………………………….
Le Pigeon :………………………………………………………………………………………
Le laquais de la Reine :………………………………………………………………………….
L’huissier de la Duchesse :……………………………………………………………………..
La Cuisinière de la Duchesse :…………………………………………………………………..
La Duchesse :……………………………………………………………………………………
Le Chat du Chester :……………………………………………………………………………..
Le Chapelier :……………………………………………………………………………………
Le Lièvre de Mars :……………………………………………………………………………...
Le Loir :…………………………………………………………………………………………
Le Lys :………………………………………………………………………………………….
La Rose :………………………………………………………………………………………...
La Violette :……………………………………………………………………………………..
La Pâquerette :…………………………………………………………………………………..
58
Alice au pays des merveilles – distribution
Chou vert :……………………………………………………………………………………….
Vert chou :……………………………………………………………………………………….
Le 2 de pique, jardinier royal -Carte à jouer :………………………………………………….
Le 5 de pique, jardinier royal -Carte à jouer : …………………………………………………
Le 7 de pique, jardinier royal -Carte à jouer : …………………………………………………
La Reine : ……………………………………………………………………………………….
Le Valet de cœur, majordome de la reine :……………………………………………………...
Le Roi : ………………………………………………………………………………………….
Le Bourreau : …………………………………………………………………………………...
Le Griffon : ……………………………………………………………………………………..
La Tortue :……………………………………………………………………………………….
Juré 1 : …………………………………………………………………………………………..
Juré 2 : …………………………………………………………………………………………..
Juré 3 : …………………………………………………………………………………………..
« Vous ne pouvez savoir à quel point on pénètre un texte en luttant longuement avec lui.
On croit même saisir le secret de sa genèse…»
(Pierre Leyris, dans Le Monde, 8 janvier 2001)
Sources et références
Alice au Pays des Merveilles (Lewis Carroll – trad. E. Bonville & J. Abraham)
Les aventures d’Alice au Pays des Merveilles (Lewis Carroll – trad. H. Parisot)
Les Aventures d’Alice au Pays des Merveilles (Lewis Carroll – trad. Jacques Papy)
De l’autre côté du miroir et ce qu’Alice y trouva (Lewis Carroll – trad. H. Parisot)
La chasse au Snark (Lewis Carroll – traduction Henri Parisot)
Lewis Carroll : Œuvres (Lewis Carroll - Choix de textes & préface de F. Lacassin)
Madame Alice (Jean-Daniel Magnin)
Alice au Pays sans Merveilles (Dario Fo)
L’essence d’Alice (Compagnie Vertigo)
Alice (Dominique Serron / Eric Clemens )
Initiation (Une proposition de Nicole Colchat)
Alice dans les jardins du Luxembourg (Romain Weingarten)
Alice au Pays des Merveilles (Film de Dyson Lovell / Nick Willing)
Alice au Pays des merveilles (Dessin animé de Walt Disney)
Psychanalyse des contes de Fées (Bruno Bettelheim)
Encyclopédie des symboles (Michel Cazenave)
Dictionnaire des rêves (Yves Marguerite)
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au Pays des Merveilles

Transcription

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