Dossier pédagogique Le Guide

Transcription

Dossier pédagogique Le Guide
LE GUIDE DU
DÉMOCRATE
D’APRÈS ÉRIC ARLIX ET JEAN-CHARLES MASSERA
MISE EN SCÈNE SIMON DELÉTANG
13 NOVEMBRE > 6 DÉCEMBRE 2012
création
om
liers-lyon.c
5, rue Petit
te
.theatrelesa
w
w
w
0
3
46
l. 04 78 37
é
T
n
o
y
L
2
David 6900
Du 13 novembre au 6 décembre 2012 – salle Bernard Dort
LE GUIDE DU DEMOCRATE
Les clés pour gérer une vie sans projet
D’après
Le Guide du démocrate d’ERIC ARLIX et JEAN-CHARLES MASSERA
We are l’Europe de JEAN-CHARLES MASSERA
Montage et mise en scène SIMON DELETANG
Avec Lise Chevalier, Steven Fafournoux, François Rabette / Scénographie Daniel Fayet / Lumières David
Debrinay / Son Nicolas Lespagnol-Rizzi / Régie plateau Nicolas Hénault / Éditions Ligne et Éditions
Verticales / Production Théâtre Les Ateliers.
Are you prêt ? (parce qu’il va bien falloir)
« Bienvenue dans une époque de l’indice, du sondage et des prévisions comme représentations ultimes,
du Caddie malin, du lavage de cerveau rigolo, de l’émotion sur commande, de la pulsion en promo
partout, du coaching pour pas trop sombrer quand on commence à être largué et d’un marché de l’emploi
soumis à des flux super tendus et super brutaux comme ambiance, le tout dans la terreur de faire partie
de la vague de septembre. »
Éric Arlix et Jean-Charles Massera
Extrait
En démocratie je positive
C’est quoi cette manie de tout critiquer ? En démocratie je positive. Je positive parce qu’y a
quand même des trucs assez top. Déjà j’ai plus de petit électroménager que mes parents. Plus
de choix pour aller en vacances aussi. Plus d’habits. Moins d’espaces critiques aussi. Donc du
coup, c’est vrai que j’ai tendance à pas trop prendre de distances par rapport à mon biotope,
mais bon c’est vrai aussi qu’on a quand même des avantages qu’on n’avait pas avant, surtout
si on compare avec d’autres pays. Ben déjà, rien que le low cost. T’imagines où tu peux aller
pour pas grand-chose aujourd’hui ? Alors ok si tu prends toute la formule, t’as tout qu’est low
cost et là ok on peut critiquer (c’est sûr que le buffet à volonté et les soirées à thème à Agadir,
c’est pas forcément une grande avancée vers l’Autre, mais bon).
Faut consommer malin quoi. Pas comme nos parents qui eux consommaient, point. Et puis y a
Internet aussi. C’est fou tout c’que tu peux faire avec Internet chez toi. Avant, j’sais pas, tu
cherchais une voiture d’occasion, ben t’étais dépendant d’ton garagiste ou tu risquais d’te faire
avoir par un particulier ! Maintenant avec Internet, tu compares, tu vois vraiment les prix, puis
t’as le choix aussi… T’as une vision globale du marché en fait.
Puis attends, y a moins de contraintes aussi. Y a plein de choses que maintenant tu peux faire
même si t’as pas l’droit. Le light par exemple, c’est génial ce truc. Style, t’es au régime, mais tu
peux quand même te faire des p’tits plaisirs à moins de 200 calories, c’est pas rien ça !
Y a ça mais y a d’autres choses aussi, les infos, les news, tu peux être au courant de tout, en
continu. Alors c’est vrai que t’as pas forcément le temps de tout analyser, ça c’est clair, mais
bon c’est dispo.
Moi j’vois mes parents ils en sont encore au journal de 20h ! Quand j’étais p’tit on allait chez
le photographe, ça coûtait super cher 36 poses puis tu pouvais pas les effacer, et les yeux
rouges c’était l’horreur ! Maintenant tu shootes, tu retouches puis t’envoies tes photos et
basta ! Tout ça c’est quand même top !
Le Guide du démocrate, Eric Alix et Jean-Charles Massera
Note d’intention
Ce spectacle est né de la volonté de réunir deux ouvrages qui semblent n’en former qu’un. Un
même sujet d’étude passé à la moulinette de deux genres différents : d’un côté le guide
pratique, avec des relents de discours dominant, et de l’autre, la mise en situation
des doutes des individus, la mise en dialogue d’un certain nombre de
questionnements contemporains.
Mais ce qui pourrait n’être qu’un pensum politique de plus est ici une matière jubilatoire pour
les acteurs grâce à la verve et l’humour d’Éric Arlix et Jean-Charles Massera. Les deux
s’emparent de ce qu’ils appellent « la langue de l’ennemi », du marketing, des politiques et
des slogans tout fait, pour mieux réinventer une langue dont nous sommes pourtant envahis
ad nauseam : la langue « mdr » du démocrate, un être menacé d’auto-extinction.
Le dénominateur commun de ces deux ouvrages s’appelle Jean-Charles Massera, chantre
inimitable du « maintenant qu’on en est là, qu’est-ce qu’on fait ? ». Et c’est en compagnie de
ces deux textes que nous serons amenés à nous poser « 2, 3 questions d’base sur où on en
est tout ça. »
Le Guide du démocrate prendra appui sur le livre coécrit avec Éric Arlix afin de donner une
structure dramaturgique au spectacle sous la forme d’une soirée type « connaissances du
monde »… Nous partirons de la théorie pour voir ensuite les choses en pratique grâce aux
extraits de We are l’Europe.
En véritables ethnologues des temps modernes, nous nous pencherons sur le cas de l’homo
democraticus, en invitant les spectateurs à un voyage dans la crise de sens de nos existences
et la non remise en question de nos comportements, dictés par la majorité, sur un mode
sarcastique et vivifiant. Un écho tout en ironie à l’Insurrection qui vient du Comité invisible,
mais qui pourrait ici s’appeler l’Insurrection qui viendra jamais, tant le constat sur nos réflexes
conservateurs, suivistes, et à la recherche du tout divertissant est édifiant.
Que faire alors pour changer tout ça ? Aucune réponse n’est apportée. Une de celles
imaginées par les auteurs pourrait venir de l’extérieur sous la forme d’une grosse météorite.
C’est dire si la foi en l’homme est grande…
Cependant, c’est par la confrontation avec notre réalité que Le guide du démocrate agit. Sorte
de catharsis drolatique de nos dérives comportementales, il appuie là où l’on n’aurait jamais
imaginé un jour que cela ferait mal : « Non Lachinda il est hors de question de prendre
rendez-vous chez un chirurgien esthétique, tu n’as que 13 ans petit chat. » Par exemple…
Le Guide du démocrate nous confrontera à deux hommes et une femme, un couple et un
démocratiseur qui à tour de rôle se feront procureur ou avocat du système, cobayes d’une
expérience démocratique visant à pointer nos habitudes « dans les pays les plus avancés sur
le plan de la marchandisation et de la déliaison sociale fortement encouragée par le culte
individuel. »
Sous forme de chapitres tels que : Le démocrate est mdr ; Le mobile : ma batterie, ma
life ou encore Besoin de rire, envie de pas critiquer (le business du drôle), nous irons
à la rencontre de ces étranges créatures qui nous ressemblent et nous terrifient à la fois.
« Alors où y a-t-il (encore) de la démocratie ? De quel(s) sens est-elle (encore) porteuse ?
Quelles dimensions de nos existences sont-elles (désormais ?) concernées par ce qui se
désigne (désormais ?) comme la démocratie ?
Moteur. »
Simon Delétang, septembre 2011.
Editions Lignes
LE GUIDE DU DÉMOCRATE
Les clés pour gérer une vie sans projet
Ou comment les idées reçues, dans nos sociétés « les plus avancées sur le plan de la
marchandisation et de la mondialisation des échanges et des informations », forment la
matière d’un langage où se donnent d’abord à voir la misère conceptuelle du démocrate, ses
interrogations creuses et sa bonne volonté dénuée d’emploi. Cet essai facétieux engage la
critique du démocrate contemporain par le moyen même de la langue dont il fait usage.
Le Guide du démocrate est un ouvrage sur la démocratie vue par ceux et celles qui la vivent.
« Par exemple, s’organiser pour faire vivre un agriculteur de sa production et dans le même
temps nourrir des quartiers entiers (oui c’est possible) avec une alimentation équilibrée, riche
en fruits et légumes et issue de l’agriculture biologique, c’est une super idée et plein de gens
commencent à s’abonner aux paniers proposés par les AMAP (Associations pour le Maintien
d’une Agriculture Paysanne), mais dans leur immense majorité (eh oui) les démocrates
pensent qu’ouvrir un sachet c’est facile mais que laver-éplucher-couper-cuire des légumes
c’est pénible. En fait, et c’est bien déprimant, mais le démocrate préfère les chips ou le sachet
de pâtes à passer aux micro-ondes avec la sauce lyophilisé qui va avec plutôt qu’une soupe de
patates douces au gingembre à qui prend 5 minutes à cuisiner. Dommage. »
« On peut être très stressé et avoir la tête sur les épaules, aimer la clim de son monospace et
avoir conscience qu’en transpirant dans les transports en commun non-climatisés on pollue
moins, aimer arriver au bureau frais comme si on sortait de la douche, mais aussi vouloir être
à l’heure pour le premier rendez-vous de la journée. Alors pourquoi ne pas se laisser tenter
par le covoiturage avec des personnes sympas qui roulent dans des modèles récents ? Certes,
ça peut être dur, surtout si vous écoutez habituellement BBC World Service, Nostalgie ou NRJ
et que votre covoitureur est un accro de Rire & Chansons, mais être démocrate, c’est aussi
savoir être souple, s’adapter facilement, tolérer chez les autres ce qu’on ne supporterait ni
chez soi ni parmi ses proches et surtout savoir redéfinir en permanence ses critères
d’évaluation de l’Autre.
Mais la solution séduisante du partage des frais et de la réduction de la production de CO2
demeure relativement expérimentale [Attends, la boîte nous a pas encore tous parqués dans
l’même bled, donc le covoiturage excuse-moi, mais... !]. Du coup, pour se rendre au travail, le
démocrate est souvent obligé de passer plusieurs heures par jour dans les transports massifiés
[Et l’9h12 qui est encore en retard... Font chier !]. Face au taux de pénibilité imposé par des
sociétés de transport de moins en moins adaptées aux besoins des zones d’activité
économique à forte concentration de population, le démocrate a le choix entre trois grandes
familles d’activités : jouer/réfléchir (Sudoku), lire (gros pavés vus à la télé), écouter ses mp3.
En s’arrachant les cheveux sur une grille de Sudoku (à peu près 6 milliards de grilles possibles)
le démocrate échappe temporairement à sa condition de transporté pour devenir un as de la
logique sans conséquence, en lisant son gros pavé vu à la télé le démocrate configure sa
sensibilité tout en renforçant la position des géants de la culture industrielle sur le marché de
l’imaginaire, en écoutant des mp3 il se coupe de toute possibilité de construction d’un encommun et transforme passagers, banquettes, stations et autres éléments de cet
environnement soudain méprisé en simple fond visuel. »
Éric Arlix est écrivain et directeur des éditions è(r)e. Il a notamment publié Le monde Jou,
Verticales, 2005 ; Programme, MacVal, 2010.
Jean-Charles Massera est l’auteur de nombreux textes de littérature, d’essais et de textes de
théâtre, dont : A cauchemar is born, Verticales, 2007 ; We are L’Europe, Verticales, 2009.
ERIC ALIX
Éric Arlix Je suis né en mille neuf cent soixante neuf dans le neuf quatre. Je vis à Alfortville dans le
neuf quatre. J’ai écrit Mercato et Groupetto en 2000 et 2001 et les ai auto-publiés à 800 ex.
distribution gratuite. J’ai ensuite écrit Free tour que j’ai présenté à Laurent Cauwet des éditions Al
Dante en 2001 qui publiera en 2002 Mise à jour regroupant les trois textes. L’année suivante Al Dante
publie Et Hop. Début 2004 je créé l’association "éditions è®e" avec 500 euros en caisse. Fin 2004 je
visite (avec le musicien Jérôme Schmidt) le plus haut building du monde (Taipei101, Taiwan, 513
mètres) et écris le texte Taipei101 (concerts à Chicago et en Slovénie, édition d’un CD en 2009 chez
Jou Records). En 2005 Bernard Wallet et Yves Pagès des éditions Verticales publient Le Monde Jou.
Début 2006 le Groupe Merci (troupe de théâtre non-frontal) adapte des textes du Monde Jou sous le
nom de Colère (60 représentations) et me commande en 2007 un petit texte sur la désobéissance
civile qui sera joué entre les deux tours de l’élection présidentielle de 2007 au théâtre de L’Estive à
Foix puis édité en 2008 aux éditions IMHO sous le titre Désobéissance, bienvenue à la réunion 359.
Fin 2006 je créé la SARL éditions è®e. En 2007 Jean-Charles Massera me propose d’écrire un livre à
quatre mains et le projet trouve une fenêtre de tir possible à travers une résidence Viva Démocratie
qui se réalisera à l’espace Khiasma aux Lilas de septembre 2008 à juin 2009 et un essai en avril 2010
Le Guide du démocrate, les clés pour gérer une vie sans projet publié par Sébastien Raimondi et
Michel Surya aux éditions Lignes. En 2008 sort aux éditions è®e la revue TINA pensée, animée avec
entre autres Jean-Charles Massera, Chloé Delaume, Jean Perrier, Guy Tournaye, Emily King, Émilie
Notéris. En avril 2010 les éditions è®e ont édité depuis leur création 35 livres, 3 DVD, 2 CD audio, des
revues numériques (Hypercourt, Wah). Fin 2009 Jean-Michel Espitallier me propose d’écrire un livre
pour sa collection "A tombeau ouvert" aux éditions Philippe Rey, j’accepte la mission pour l’écriture
d’une biographie de David Carradine, Kill David à paraître en octobre 2010.
Son site www.ericarlix.net
JEAN-CHARLES MASSERA
Jean-Charles Massera est né à Mantes-la Jolie en 1965. Vit et travaille entre Paris et Berlin. Auteur de
fictions, il a notamment publié France guide de l’utilisateur, P.O.L (1998) ; United Emmerdements of
New Order précédé de United Problems of Coût de la Main-d’œuvre, P.O.L (2002) ; Jean de La Ciotat
confirme, P.O.L (2004), A Cauchemar is Born, Verticales (2007) ; Jean de La Ciotat, la légende,
Verticales (2007) ; We Are L’Europe, Verticales (2009), Le guide du démocrate – les clés pour gérer
une vie sans projet, (avec Éric Arlix) lignes (2010). Plusieurs de ses textes ont été portés à la scène,
notamment par Brigitte Mounier, Jean-Pierre Vincent et Benoît Lambert avec lequel il a entamé une
collaboration en 2008. Depuis peu, il développe un travail dans des formats autres que le livre,
notamment l’installation sonore, la chanson, le film et le clip vidéo, le diaporama, la photo ou encore
l’affichage dans l’espace public. Ce travail récent a notamment fait l’objet d’une exposition personnelle
(Kiss My Mondialisation) à l’Institut d’Art Contemporain de Villeurbanne /Rhône-Alpes en 2010 et d’un
livre-CD-DVD (Tunnel of Mondialisation) conçu avec Pascal Sangla et publié aux éditions Verticales en
2011.
Son site www.jeancharlesmassera.com
SIMON DELETANG
Simon Delétang débute par une Licence en études théâtrales
à l’Université Paris III Censier. Il fait ensuite partie de la 61ème
promotion de l’ENSATT dont il sort
en 2002
(il y met en
scène La Chair est triste, hélas..., et
Roberto Zucco de
Bernard-Marie Koltès) puis intègre ensuite l’Unité nomade de
mise en scène du Conservatoire national supérieur d’Art
dramatique entre 2005 et 2007.
Co-directeur du Théâtre Les Ateliers à Lyon depuis 2008, il est également metteur en scène et
comédien. Il a mis en scène Le 20 novembre de Lars Norén (2010-2011), For ever Müller, d’après
l’œuvre et les entretiens accordés par Heiner Müller (2009), Froid de Lars Norén (2009), On est les
champions de Marc Becker (2008), Shopping and Fucking de Mark Ravenhill (2006), Petit camp
d’après Pierre Mérot (2005), Woyzeck de Georg Büchner (2003), Fairy Queen d’après Olivier Cadiot
(2002)…
Depuis 2009, Simon Delétang est membre du Collectif artistique de la Comédie de Reims. Il a mis en
scène Manque de Sarah Kane à l’Atelier de la Comédie de Reims.
En tant que comédien, il a joué dans les spectacles de Claudia Stavisky, Michel Raskine, Richard
Brunel, Philippe Delaigue, France Rousselle et Eric Vautrin.
Il a aussi réalisé de nombreuses mises en espace : Electronic City de Falk Ritcher (2003), Notre pain
quotidien de Gesine Danckwart (2004), Le Poil pubien de Wilfrid Happel (2006), Le Test de Lukas
Bärfuss (2007), ADN de Dennis Kelly (2009), Le 20 novembre de Lars Norén (2009), Rose is a rose is
a rose is a rose de Ivana Sajko, Les Mains fortes de Marco Calvani (2010), Neuf petites filles de
Sandrine Roche (2011), Macadamia Nut Brittle de Ricci/Forte (2012)
Il intervient régulièrement à l’ENSATT dans les départements Scénographie et Costumes, ainsi qu’au
Conservatoire national de région de Lyon, dont il est parrain de la promotion 2010-2013. Lors de la
saison 2010-2011, il met en scène Angoisse cosmique ou le jour où Brad Pitt fut atteint de Paranoïa
de Christian Lollike avec la 70ème promotion de l'ENSATT. Enfin, en février 2012, il a créé au TNB de
Rennes Chef-d’Œuvre de Christian Lollike avec les élèves de l’école du Théâtre national de Bretagne
dont de nouvelles représentations auront lieu au Théâtre Les Ateliers du 13 au 25 mai 2013.
Définition et objectifs des mecs et des nanas
qui se font chier grave
et qui ne se sentent plus porte(e)s par des trucs
1. Dépouillé(e)s du contrôle d'une partie de leur life et désintégré(e)s par la
mondialisation des échanges et des informations.
2. Les mecs et les nanas qui se font chier grave et qui ne se sentent plus
porté(e)s par des trucs sont ouvert(e)s à tous les modes de subjectivité qui
respectent ce qu'on a vu, où on en est tout ça, et qui ne les laissent pas dans
l'inconsistance de leur désir de choses qu'en réalité ils ou elles ne désirent
plus.
3. Les gamins et les gamines qui chattent sur MSN au lieu de lire La Princesse
de Clèves, les mecs et les nanas qui veulent bien se réinventer avec tous les
changements que cela suppose, dans ta life, dans ton organisation, dans ta
tête aussi et les mecs et les nanas qu'ont toujours du désir et pour qui essayer
de développer des énergies renouvelables ça a du sens préparent aux mecs et
aux nanas qui se font chier grave et qui se sentent plus porté(e)s par des
trucs des choses qui vont changer, mais on sait pas quoi et on ne sait pas non
plus où ça va changer et ce que ça va changer surtout.
We Are l’Europe, Jean-Charles Massera
Article de Presse :
(source : Libération)
Arlix et Massera, complètement corporate au niveau de la life
Entretien par ERIC LORET, Libération
Un guide du démocrate, quelle bonne idée. «Les clefs pour gérer une vie sans projet», dit le sous- titre. Ah zut,
c’était ironique. Rien d’étonnant de la part de Jean-Charles Massera, père du désopilant We are l’Europe, et d’Eric
Arlix, auteur du Monde Jou et de Désobéissance, trois manuels de lutte contre la bêtise. Ici, les compères
continuent d’explorer le langage de la «misère conceptuelle du démocrate, ses interrogations creuses et sa bonne
volonté dénuée d’emploi» et, non, ça ne va pas très bien se passer.
Eric Arlix : Le livre est issu d’une résidence d’écrivains que nous avons faite à l’espace Khiasma, aux Lilas
[Seine- Saint-Denis], avec le soutien de la région Ile-de-France. Cette résidence «participative», intitulée «Viva
démocratie», était constituée, entre autres, de comités de rédaction ouverts où nous élaborions le Mag du
démocrate, un périodique de quatre pages. Le sujet, pour nous, c’était la démocratie vue par les démocrates et
non par les experts. Les réunions se faisaient selon des thématiques qui sont un peu devenues le sommaire du
livre, comme «le démocrate est mort de rire» ou «les avant-postes du business». Il y avait 15 à 25 personnes à
chaque fois, soit une centaine en tout, allant du militant, prof ou étudiant, à l’élu communiste ou écologiste.
Jean-Charles Massera : Ces réunions nous ont permis de repenser les contenus. Elles ont été une mise à
l’épreuve, un regard critique.
E.A. : A la fin, on s’est retrouvés avec une telle quantité d’information qu’on se demandait comment résumer
toutes ces problématiques sans faire un pavé sociologique de 800 pages. On a trouvé la forme et la langue en
quelques jours, en été, en travaillant sur Skype et Google documents.
J.-C. M. : On a d’abord passé en revue plusieurs définitions de la démocratie, de la définition lexicale idiote,
dépolitisée, jusqu’aux définitions politiques contemporaines, dont celles de Rancière, qui ne soutiendrait sans
doute pas notre ouvrage. Mais on a finalement décidé d’éliminer toutes les dénotations conceptuelles et
théoriques pour partir d’un constat très bête : si l’on regarde quels sont les systèmes politiques où le libéralisme
est achevé, ce sont les démocraties. On s’est appuyés sur «l’étant donné», qui est que la démocratie a été
galvaudée, qu’elle a connu une déperdition de sens mais que, dans la pratique, on ne l’appelle pas moins
démocratie, même si c’est un entubage de système à deux tours comme chez nous. L’obscène, c’est que le
libéralisme s’aliène le concept de démocratie.
E.A. : Au début, on avait prévu d’avoir des séquences fictionnelles, mais on n’en a finalement gardé que deux et
on a préféré utiliser des citations de démocrates entre crochets, comme des instantanés, parce que c’était plus
fort que de raconter les situations. On s’est retrouvés à utiliser la langue qu’on appelle, entre nous, «de
l’ennemi.» La langue du marketing et de la politique d’aujourd’hui, faite de slogans qui «sonnent» mais qui sont
complètement creux et qui créent un contexte dans lequel tous les démocrates sont baignés.
J.-C. M. : C’est plus important de travailler dans la langue de l’ennemi que de désigner l’ennemi de l’extérieur
dans une langue neutre. Exemple : «Dans les pays les plus avancés sur le plan de l’envahissement de la vie par la
technologie et du renforcement constant des conditions d’isolement des foules solitaires que celui-ci induit, le
démocrate a indubitablement gagné en autonomie, en puissance, en rapidité, en confort, en mobilité, tout en se
créant de nouvelles dépendances, en favorisant les comportements monomaniaques et obsessionnels, le tout sur
fond de prises de tête récurrentes et de fascination pour des fonctions à faible valeur ajoutée et des savoir-faire à
deux balles.» C’est de l’entrisme. On a essayé de faire des snapshots très incisifs, des enregistrements sur le
motif. Il n’y a pas de visée littéraire, mais il y a un usage de l’outil littéraire.
E.A. : Le livre critique les excès du libéralisme, mais il n’est pas anticapitaliste, ce n’est non plus pas une pensée
d’extrême gauche. On n’oppose pas des systèmes communistes collectivistes aux néoconservateurs et, en même
temps, on est comme plein de gens, on refuse le système libéral mais on n’a pas de système à opposer. Disons
que notre cible, ce serait la mauvaise volonté critique. C’est un peu comme nous, je suppose, libéral-libertaire.
J.-C. M.: Ce qu’on vise, ce n’est pas seulement l’attirance du démocrate pour le forcément nul, c’est la
fainéantise. Il y a plein de possibles, des pratiques politiques alternatives ou des possibilités d’usages de la
technique qui ne sont pas nulles, mais trop peu de gens pour s’engouffrer dans les failles disponibles.
Rendez-vous : Lundi 22 octobre à 19h
Soirée découverte des auteurs -­‐ Performance Massera / Arlix/ Delétang/ Lespagnol-­‐Rizzi
QUESTIONS A SILVIO AKIYOSHI, PATRON DES CREATURES QUI VIVENT DANS LES
HERBES, LES FOURRES, LES BOIS, LES CAVERNES OU LES LACS ET RESPONSABLE DU
REDOUBLEMENT DE JORDAN.
De et par JEAN-CHARLES MASSERA
C’est la rencontre entre Sylvio Akiyoshi, PDG d’une multinationale de fabrication de jouets, genre Pokémon et
autres Garurumon et une mère de famille, femme de ménage dans l’entreprise.
La mère tente d’expliquer au PDG les difficultés que la maîtresse d’école de son fils Jordan lui a exposées. À
savoir : les difficultés de Jordan pour la lecture et son peu de concentration et d’intérêt pour la classe. Le
fabricant lui oppose les arguments positifs de la créativité du monde imaginaire des enfants et des ados et la
marge financière que cet imaginaire peut, doit et va dégager sur le marché croissant des figurines magiques.
LE MONDE JOU - ERIC ARLIX par SIMON DELETANG et NICOLAS LESPAGNOL-RIZZI
Avec une rhétorique à la fois enjouée et accessible, Le monde Jou, troisième ouvrage d'Eric Arlix, élabore une
méthode originale pour déjouer « le post-capitalisme phase IV » et ré-enchanter le monde.
De l'air, du blow, du wizz. Enfin, voici un roman d'anticipation politique et social qui fait preuve d'invention et
œuvre de littérature contemporaine. Cela, en s'efforçant de faire preuve d'innovation pour décrire le monde dans
toute sa complexité. Le premier tour de force d'Eric Arlix est de programmer une personnalité narratrice
ambivalente, à la jonction du "je" et du "nous" (le principe Jou naît d'une concaténation des deux personnes du
singulier et du pluriel), et de faire entendre à partir de cette entité une voix multiple, tour à tour personnelle,
politique, parodique ou théorique. Nous voici donc embarqués dans une chasse aux « unités fictionnelles
atomisées », dans de soudaines et tout aussi improbables « immersions » - attention, la chose est sérieuse,
d'autant que nous le savons, le monde Jou.
Par son titre même, Le Monde Jou atteste d'un principe de narration ludique et à visée universelle : comment une
conscience humaine, informée et lucide, également rompue aux stratégies de résistances à la fois sociale,
politique, éthique et spiritualiste héritées de lectures savantes, peut-elle s'incarner dans une collectivité singulière,
un groupe d'individus qui ne soit pas simplement un parti politique, un lobby d'intérêt, ou même une
communauté rhyzomique, un collectif antipub, une tribu d'hacktivistes ? Comment agir collectivement sur le
monde sans déroger à la lucidité, sans renier sa subjectivité, sans être dupes des fictions divertissantes ni se
fourvoyer en utopies idéalistes ?
Par le jeu bien sûr, pratique intelligente, constat lucide et partagé - ainsi qu'une sincérité sans pathos ni fatalisme.
L'originalité de la réponse tient d'abord à sa capacité à jouer avec l'horizon d'attente du lecteur, et à le faire
activement participer au projet : par des clins d'œil, en lui soumettant des épreuves, en lui proposant des tests de
"motivation", en l'invitant au besoin à suspendre quelques semaines sa lecture et refermer l'ouvrage, comme si
nous suivions les conseils d'un chaman politique ou d'un gourou. Le monde Jou exige ainsi de son lecteur une
participation active, voir authentiquement performative. Comme un prolégomène aux accents successivement
comiques, programmatiques ou initiatiques, l'introduction, volontiers parodique, est à ce titre une parfaite
réussite.
Elle tient ensuite à son rythme et sa forme composites, et aux emprunts ou registres multiples qui en composent
la matrice : le livre est composée de cinq parties aux styles et aux niveaux fictionnels parfaitement hétérogènes,
mais qui converge dans un projet commun : parodie de méthode de bien-être dans la première partie, traité
politico-philosophique dans la seconde, courtes séquences d'immersions fictionnelles à la Dantec dans la
troisième, l'ouvrage se complète d'une bibliographie ambitieuse, d'un glossaire et de trois postfaces qui chacune
reprogramme, théorise, explicite, fictionnalise ou défictionnalise le projet global du monde Jou.
Par une pratique exigeante, par un habile changement de point de vue, le candidat Jou se devra au préalable de
se dévêtir de ses stratégies narcissiques usuelles, de ses petits arrangements personnels et autres compromis
quotidiens (amicaux, amoureux, professionnels, politiques). En somme, il s'agit ni plus ni moins d'un art de la
subjectivation. Le Monde Jou propose ainsi un parcours singulier et lucide dans ce nouveau dédale d'atrocités
commises et de divertissements consentis, un parcours qui au final accouche de ce que devrait être une
subjectivité "éclairée" aujourd'hui. Surtout, il a l'art de se moquer des rituels de nos communautés d'appartenance
respectives, de brocarder allégrement les utopies individualistes ou politiques (vieillissantes), et de déjouer enfin
de façon subtile la sempiternelle critique de l'entertainment. Pour toutes ces raisons, on ne peut que vous inviter
à lui emboîter le pas.
Le Monde Jou Eric Arlix. Editions Verticales 175 pages, mars 2005.
 INTERVENTIONS ARTISTIQUES Des interventions artistiques sont proposées en amont et à la suite des représentations. Les équipes de création sont disponibles pour rencontrer tous les publics (scolaires, adultes, associations…) Les comédiens proposent une approche vivante du spectacle par des lectures ou des présentations sur un mode « interactif ». Pendant 1h, un comédien ou le metteur en scène même, intervient au sein d’un groupe. Les participants volontaires s’essaient à la lecture de ces textes sous des indications particulières (rythmes, respect des silences, de la ponctuation, des regards, mise en espace…). A partir de cette expérience concrète s’engagent discussions et réflexions autour de la pièce. Ces interventions artistiques sont un moyen unique de découvrir de nouvelles formes d’écriture et de susciter auprès des élèves l’envie et la curiosité d’aller au théâtre.  RENCONTRE AVEC L’EQUIPE ARTISTIQUE Sur votre demande, nous organisons des rencontres à l’issue des représentations, avec Simon Delétang et toute son équipe.  VISITE DU THEATRE Nous vous accueillons également pour des visites du théâtre. (Ancienne chapelle du couvent des Antonins, machinerie théâtrale, décors…).  TARIFS PASS ATELIERS ET LOCATION Tarif réduit : lycéen étudiant : 14€, carte M’ra ! et Pass Culture. Tarif individuel : 20€ Places accompagnateurs mises à disposition des groupes scolaires Attention, dispositif en jauge réduite Adhésion Pass Ateliers : 22€ le Pass Ateliers et les places sont à 9€ 10€ le Pass Ateliers réduit et les places sont à 7€  HORAIRES Représentations du lundi au samedi, tous les soirs à 20h / Durée : 1h20  CONTACTS Pour tout renseignement et mise en place de projets pédagogiques et artistiques, vous pouvez contacter le service des relations avec les publics : Vanina Chaize -­‐ 04 78 92 45 30 / 06 75 25 35 90 vaninachaize@theatrelesateliers-­‐lyon.com Le Théâtre Les Ateliers est subventionné par le Ministère de la Culture, DRAC Rhône-Alpes, la Ville de Lyon, le Conseil Général du Rhône, la Région Rhône-Alpes.

Documents pareils