presentation du niger, contexte et justification de l`etude

Transcription

presentation du niger, contexte et justification de l`etude
CHAPITRE I : PRESENTATION DU NIGER, CONTEXTE ET JUSTIFICATION DE
L’ETUDE
La République du Niger, pays situé en Afrique Subsaharienne, est limitée au nord par
l’Algérie et la Libye, à l’est par le Tchad, au sud par la République Fédérale du Nigeria et le
Bénin, à l’ouest par la Burkina Faso et au nord-ouest par le Mali. De par sa superficie, le
Niger est l’un des pays les plus vastes en Afrique de l’ouest avec 1.267.000 km2 . C’est aussi
un pays continental et enclavé, sans débouché sur la mer. Le port le plus proche est situé à
près de 1 000 km. Son climat est tropical de type soudanien. Il se caractérise par deux (2)
principales saisons : une très longue saison sèche qui dure environ huit (8) mois, du mois
d’octobre au mois de mai et une courte saison des pluies qui dure quatre (4) à cinq (5) mois,
du mois d’avril (ou mai) au mois de septembre. On note, par ailleurs, que la population
nigérienne vit essentiellement de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche et de l’artisanat
L’histoire du territoire, qui est devenu le Niger moderne actuel, est très riche en
événements. Elle a été marquée, depuis le VIIème siècle après Jésus christ, par d’importantes
migrations et de multiples brassages des populations favorisés par sa position géographique et
l’expansion rapide de l’Islam. La République du Niger a accédé à l’indépendance en 1960,
comme beaucoup d’autres régions africaines. La langue officielle est le français. Le Niger
était subdivisé, jusqu’avant la loi sur la décentralisation, en sept (7) départements et une (1)
communauté urbaine. Les départements étaient subdivisés en arrondissements, les premiers
étant administrés par des préfets et les seconds par des sous-préfets. Cependant, la réforme
administrative adoptée au courant de l’année 1999 a transformé les départements en régions,
et les arrondissements en départements. Si l’organisation administrative a peu varié depuis
l’indépendance, le Niger a connu par contre de nombreuses mutations politiques.
Aujourd’hui, après les élections présidentielles et législatives démocratiques et pluralistes
d’octobre et novembre 1999, le pays semble avoir trouvé une relative stabilité. Le processus
de décentralisation, amorcé depuis plusieurs années est opérationnel depuis le 24 Juillet 2004,
date des élections locales. Il permettra aux représentants élus des populations de prendre en
charge la gestion des nouvelles entités administratives. Ceci permettra aussi d’améliorer le
processus d’identification, d’élaboration et d’exécution des plans et programmes de
développement avec une meilleure prise en compte des préoccupations et des besoins des
populations. Ceci fait du Niger un pays relativement stable dans un environnement caractérisé
de plus en plus en plus par des instabilités persistantes comme c’est le cas de la Côte d’Ivoire
par exemple depuis le décès du Président Houphouet. Cette quiétude mêlée aux différents
troubles enregistrés ailleurs, ne sont pas sans conséquence pour les migrations surtout celles
de retour.
L’économie du Niger repose, en grande partie, sur les activités agricoles liées ellesmêmes essentiellement à la pluviométrie. Pourtant, malgré de nombreuses années, pendant
lesquelles le pays a eu de bonnes récoltes agricoles, au cours de ces deux (2) dernières
décennies, l’économie nigérienne est en crise depuis 1982-1983. Les fréquentes attaques des
criquets dans le pays et dans la sous-région n’arrangent pas les choses et les récoltes bien que
bonnes sont parfois dévastées provoquant ainsi de grandes famines qui poussent des villages
entiers à se vider. Les bras valides s’en vont chercher un avenir meilleur partout où ils
peuvent.
Depuis le début des années 80, le Niger traverse une crise économique due
particulièrement à un renversement de tendance sur le marché de l’uranium, principale source
de devise. Les politiques financières des grandes institutions internationales n’arrangent pas
non plus les choses. Les premiers programmes d’ajustement structurel mis en œuvre par le
gouvernement avec l’appui de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International ont
vu le jour dans les années 1985. Malheureusement, ces programmes d’ajustement structurel
n’ont pas toujours fourni les résultats escomptés et parallèlement les difficultés économiques
se sont aggravées à partir de 1990. Le Niger enregistre le PIB par habitant le plus faible de
l’UEMOA avec133 700F CFA (204 Euros) en 2003 1 . Quant à la croissanceéconomique, elle
reste très faible tandisque le chômage estimé à près de 3% et l’inflation restent mal maîtrisés.
Ces difficultés se sont d’ailleurs conjuguées avec de fréquentes perturbations sociales depuis
cette période. À cette situation s’ajoute la dévaluation du Franc CFA, la monnaie nationale
que le Niger partage avec plusieurs autres pays de la sous-région, de 50%, en janvier 1994.
Malgré toutes ces difficultés, la croissance démographique est assez élevée et a été
estimée, par le recensement général de la population de 2001, à 3,3% en moyenne.1 C’est là
encore un autre défi, car cette croissance démographique entraîne de nouveaux besoins en
services essentiels (eau, habitat, alimentation, éducation, santé), particulièrement pour les
femmes et les enfants. Les données des différentes enquêtes réalisées depuis 1990 montrent
qu’il n’y a pas d’amélioration significative des conditions de vie des ménages et des
populations du Niger. Le taux brut de scolarisation est estimé en 1998 à 32% pour l’ensemble
du pays et 25% pour les femmes. Le taux d’alphabétisation estimé en 1997 est de 17% pour
l’ensemble et 12% pour les femmes. Au niveau de la santé, il a été estimé en 1999, qu’il y
avait 1 médecin pour 35 317 habitants alors que les normes de l’OMS prévoient 1 médecin
pour 10 000 habitants. Les taux de mortalité infantile et de mortalité infanto-juvénile sont
respectivement de 123‰ et de 274‰ (EDSN-II, 1998) et la couverture vaccinale des enfants
est de 18% (EDSN-II, 1998). Le Gouvernement et les partenaires au développement doivent
donc se mobiliser pour apporter des solutions concrètes et appropriées à la satisfaction des
besoins de cette population nigérienne sinon, elles se verraient contraintes à quitter le pays
pour chercher des lendemains meilleurs.
Le Niger est un pays continental qui dispose de très peu de ressources naturelles.
L’économie demeure encore agricole car plus de 80% de la main d’œuvre est dans le secteur
agricole. L’agriculture et l’élevage sont tributaires des aléas climatiques ce qui crée une
précarité pour les populations rurales qui sont régulièrement victimes des crises de famines.
En outre la pression démographique réduit de plus en plus les superficies cultivables, en plus
de la dégradation de l’environnement et la désertification.
Le tissu industriel demeure encore embryonnaire, il est surtout formé par les industries
d’extraction de l’uranium et du charbon. Or depuis quelques années les cours de l’uranium ont
fortement baissé du fait de l’environnement de l’économie internationale ce qui a engendré
une crise de l’endettement comme la plupart des pays en voie de déve loppement. Pour faire
face à cette crise, des programmes d’ajustement structurel ont été conçus et mis en oeuvre.
Toutefois ces programmes et la dévaluation du franc CFA en 1994 ont abouti à la
paupérisation des populations. Face à cette situation préoccupante, le Gouvernement de la
République du Niger en relation avec tous les partenaires a élaboré et mis en œuvre la
Stratégie de Réduction de la Pauvreté.
1
Commission de l’UEMOA, Mars 2005
RGP/H 2001, Résultats définitifs des principaux indicateurs statistiques de la population du Niger en 2001,
Décembre 2004, Plaquette de 4 pages
1
C’est donc dans ce contexte qu’intervient, en Mai 2001, le troisième recensement
général de la popula tion et de l’habitat alors que le territoire de la République du Niger était
subdivisé en 7 départements plus la Communauté Urbaine de Niamey. Il s’agit de : Agadez,
Diffa, Dosso, Maradi, Tahoua, Tillabery, Zinder. Ces départements étaient subdivisés en
arrondissements 36 au total et les arrondissements étaient formés de localités urbaines
(commune urbaine et centre urbain) et de localités rurales (canton et zone restante). Depuis
juin 2002, une nouvelle organisation du territoire définie par la loi 2002-14 du 11 Juin 2002
est en vigueur et s’est concrétisée par la création des régions, des départements et de
communes. Cependant l’analyse des données du RGPH-2001 portera sur le découpage
administratif de 2001, date du recensement. A chaque lecteur et utilisateur de l’adapter à la
situation actuelle.
Cette étude vise une meilleure connaissance des migrations au Niger ainsi que leurs
répercussions sur l’accroissement, la distribution spatiale et les structures de la population.
Elle est possible grâce à la collecte des informations sur le lieu de résidence actuelle, le lieu
de naissance, le lieu de résidence antérieure et la durée de résidence au lieu de résidence
actuelle. Ces quatre variables sont essentielles pour l’étude quantitative des migrations à partir
des données d’un recensement général de la population. A partir des ces éléments, il est
possible de disposer d’une gamme très variée de données récentes sur les migrations et sur les
caractéristiques socio économiques des migrants, ce qui permettra d’envisager une analyse
descriptive approfondie du phénomène migratoire et de ses conséquences démographiques et
sociales, et d’en dégager les tendances récentes. A partir de tous ces résultats et des
indicateurs qui seront produits, il est possible de formuler des hypothèses réalistes sur
l’évolution des migrations au Niger et d’envisager l’élaboration des perspectives
démographiques en tenant compte de la composante migration.