La sexualité actuelle dans l`Islam

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La sexualité actuelle dans l`Islam
ALEXANDRA CHAPDELAINE & VÉRONIQUE BÉDARD
Groupe : 01
Histoire de la sexualité
La sexualité du passé à nos jours
Travail présenté à
M. David Laplante
Programme des sciences de la nature
Séminaire de Sherbrooke
26 novembre 2010
TABLE DES MATIÈRES
Chapitre 1 : L’histoire de la pornographique jusqu’aux Temps contemporains
Introduction……………………………………………………………………………………....P.3
Fin du XVIIIème siècle……………….....……………………………………………....P.3
XIXème siècle………………………………………..………………………………….P.4
XXème siècle………………………………………..……………..................................P.4
Conclusion……………………………………………………………………………...P.9
Chapitre 2 : La sexualité actuelle dans l’Islam
Introduction……………………………………………………………………………………..P.10
Islam et Orient..……………….....…………………………………………….............P.10
Règles et commandements moraux…………………………………………………….P.12
La place de la femme………………………………………..……………....................P.14
Conclusion……………………………………………………………………………..P.14
BIBLIOGRAPHIE…………………………………………………………………….p.16
Chapitre 1 : L’histoire de la pornographie jusqu’aux Temps contemporains
En Europe, le XVII siècle a vu naître un nouveau moyen de transmission de la
pornographie qui alliait la plume à l’obscène : on assista à l’émergence des romans
pornographiques qui disaient être plus près d’une réalité que la sculpture ou la peinture ne
pouvait transmettre. Ainsi, les écrivains ne se donnaient aucune contrainte par rapport à
l’utilisation de mots obscènes ou déplacés. Sa popularité prenant de l’ampleur en partie
due à l’alphabétisation et au développement de l’imprimerie, elle fut victime de son
succès. En effet, cela vint aux oreilles de l’Église qui partit une vraie chasse au livre
obscène; des livres où « la félicité des sens est représentée comme la félicité suprême, ces
passions grossières qui ravalent l'homme jusqu'à la bête, comme des besoins naturels qu'il
est légitime de satisfaire, sans que [leur] imagination ne prenne feu»1 comme le dit
l’évêque de Clermont Massillon. La pornographie est un péché capital puisqu’elle incarne
la luxure, œuvre du démon Asmodée.
Fin du XVIIIème siècle
On assista à une forte répression de la part de l’institution de l’Église qui punissait
corporellement les imprimeurs contrevenants qui publiaient des œuvres répréhensibles.
Cette répression affecta même les classiques qui se firent épurer de leurs passages moins
recommandables. Cette répression de la pornographie en général contribua à en faire une
sorte de ghetto et accroître sa popularité, elle était réservée qu’aux hommes de statut
élevé lettrés. Cependant, l’Église devait aussi gérer un autre problème qui touchait les
plus hauts dirigeants de la société : les pamphlets. La plupart de ceux-ci traînaient dans la
boue les personnages royaux en y incluant des propos obscènes et osés qui n’étaient pas
toujours fondés; on considérait ce type d’ouvrage comme des œuvres pornographiques.
Notamment, Marie Antoinette fut l’une de celles qui sont passées sous le crible des
auteurs de pamphlets et qui furent décrites comme une péripatéticienne dues aux mœurs
obscènes qu’elle aurait. Les pamphlets gagnèrent en popularité et en qualité sous la
Révolution française qui mit fin à la royauté, à la société d’ordre et aux privilèges. La
société française était ainsi devenue moins contraignante après celle-ci. C’est à ce
1
Jean-Marie Goulemot, Les livres qu'on ne lit que d'une main, lecture et lecteurs de livres
pornographiques au xviiie siècle, Paris, Minerve, 1994.
moment que certaines personnes ou entreprises publiques commencèrent à récolter
différentes œuvres dites obscènes afin de les collectionner ou de les cacher du public.
XIXe siècle
Vu la masse de livres qui fut recueillie durant cette chasse aux mauvaises mœurs,
des entreprises de classification s’adonnèrent à classifier ceux-ci, mais aussi d’autres
œuvres d’art qui disaient être à caractère pornographique. On retrouvait entre autres une
liste d’œuvres à caractère sexuel mise au point en partie avec les données la police de
Violette en 1800 qui s’appelait le Dictionnaire critique, littéraire, et bibliographique des
principaux livres condamnés au feu, supprimés ou censurés. C’est en 1830 que le sens du
mot « pornographie » et son champ lexical prirent le sens d’images ou d’écrits obscènes
et c’est en 1836 que se créa la collection de l’Enfer de la Bibliothèque nationale qui
regroupait plusieurs œuvres qui pouvaient porter atteinte à la moralité publique.
Parallèlement à la classification des œuvres dites obscène, les effets de la révolution sur
la religion permirent à la pornographie de s’implanter plus facilement dans la société. En
effet, il vient qu’à se créer un marché commercial de la pornographie. Deux avancements
technologiques majeurs viennent industrialiser le phénomène, on parle de la photographie
en 1840 et du cinéma vers la fin du siècle. Comme pour la plupart des médias, la
pornographie s’en est vite accaparée afin de pouvoir être plus accessible. Les premiers
daguerréotypes pornographiques, obtenus par le procédé photographique original,
montraient des scènes de nudité ou d’accouplement bien qu’on soit loin des images
pornographiques d’aujourd’hui, beaucoup plus explicites. La religion s’étant finalement
effacée des débats sur la pornographie, plusieurs grands penseurs du temps s’offusquèrent
à leur tour de l’ampleur que le phénomène prit en si peu de temps. En 1895, le film
Serpentine Dance, qui montrait une jeune femme qui effectuait une danse du ventre, se vu
victime de controverse en Europe, alors qu’il fut acclamé aux États-Unis.
XXe siècle
Ce film fit des vagues pendant dix ans où, au bout de ceux-ci, on a pu obtenir le
droit de placer des barres noires horizontales sur les seins de l’artiste et de même sur son
ventre. En France, c’est le Sénateur Bérenger, la tête dirigeante de la « Fédération des
sociétés contre la pornographie » qui regroupaient plusieurs groupes qui se battaient pour
la bonne morale, qui se ligua contre le film. Ce film n’était cependant qu’un prétexte pour
dénoncer ce qui se déroulait dans la rue : pièce de théâtre montrant l’adultère, journaux
grivois dans les gares, les photos nues académiques, les cartes postales torrides qu’on
s’envoyait et encore plus. Pour le sénateur : « […] Le beau n'a pas le droit de se mettre
au-dessus de la morale ou en dehors d'elle […], la loi a le droit d'intervenir.2 », en parlant
de l’art pornographique.
Cependant, une loi relative aux bonnes mœurs émise en 1819 exclut des œuvres
réprimandables les scènes de nus artistiques et scientifiques ce qui pose un problème à
certains opposants de la pornographie. Certains n’étaient pas en accord avec cette loi
qu’ils disaient n’être qu’un prétexte au nu, alors que d’autres voyaient en elle une façon
de promouvoir cet art. On assista donc à la distinction entre « l’érotisme » qui se veut
purement artistique et la « pornographie » qui était dénuée de cette vision; distinction que
refusaient catégoriquement les antipornographies. Le gouvernement français était donc
dans une position inconfortable, d’une part il ne pouvait pas totalement irradier les
représentations artistiques du nu des lieux publics, mais il ne voulait pas qu’on tombe
dans l’extrême. Ainsi, il demanda aux artistes eux-mêmes de veiller à ce que rien ne
dégénère et de surveiller les autres artistes. De cette façon, le gouvernement n’avait qu’à
intervenir dans les cas les plus graves. Cette façon de faire s’étendit jusque dans le
cinéma où les producteurs s’imposaient eux-mêmes des restrictions dans tout le milieu
quant au contenu. En effet, les films crées à l’époque était majoritairement hétérosexuel
et étaient destinés aux hommes : on se restreint à des caresses, mais rien de trop osé. Les
films plus obscènes n’étaient diffusés qu’à des endroits bien précis et plus cachés du
public; le Café Richer fut le premier lieu public à avoir été fermé pour avoir diffusé des
films pornographiques qui montraient de l’homosexualité masculine et de la pédophilie.
La pornographie française hérita de plusieurs grands noms de pays anglo-saxons
qui s’en allèrent en France pour voir leurs œuvres se faire publier puisque la France était
considérée plus ouverte en ce qui a trait à l’art. Cependant, durant la période suivant la
2
Bernard Joubert, Anthologie érotique de la censure, Paris, La Musardine, 2001.
Deuxième Guerre mondiale celle-ci, redevint plus limitative. En 1939, on assista à la
création de loi par rapport à la famille et à la natalité française qui vient renforcer la loi
sur les bonnes mœurs de 1819. C’est en 1949 que la loi sur la jeunesse vient se joindre à
cette loi et vient restreindre les publications pour celle-ci puisque la jeunesse est dite
influençable. On doit donc la tenir à l’écart de ce qui pourrait la corrompre. On
réprimande alors toute œuvre destinée à la jeunesse qui est susceptible de choquer la
morale, ainsi elle ne sera ni publicisée ni mise à la vue du public. On ne parlera ni de
censure ni d’interdiction, seulement, pour les imprimeries, ces œuvres ne sont nullement
rentables alors, plusieurs d’entre elles refusent toute œuvre allant à l’encontre de cette loi.
Vers le milieu du siècle, on assista à une recrudescence de la pornographie
favorisée par : la création du magazine Playboy par le journaliste Hugh Hefner en 1953
dont les ventes augmentèrent de 1285% en 4 ans, l’ouverture de boîtes d’effeuillage et en
1965 la création du premier sex-shop en plus de l’arriver de nombreux items provenant
de maisons de distributions. Malgré ce qu’on pourrait croire, la France était loin d’être
avant-gardiste dans le domaine de la pornographie, la Scandinavie et l’Allemagne avaient
une grande avance dans ce domaine et c’est à Copenhague que se tenait la première
exposition internationale sur la pornographie. Environ 300 journalistes sont allés sur les
lieux pour couvrir l’évènement qui regroupait plus de 50 kiosques exposant des jouets
érotiques, des livres et des vidéos. Bref, tout ce que montraient les films
pornographiques. Cet évènement attira plus de 50 000 personnes pendant les cinq jours
qu’il dura.
En 1975, on instaure une loi qui dicte l’obligation d’un classement spécial pour
les films pornographiques et les films extrêmement violents, ceux-ci portent dorénavant
la mention X. C’est à partir de ce moment qu’on pouvait efficacement quantifier le
nombre de films pornographiques sur le marché et c’est ainsi qu’on se rendit compte
d’une vague soudaine d’augmentation du phénomène. On peut penser que ce qu’on
appelle le phénomène des « scènes additionnelles » peut être lié à celle-ci. Cette pratique
consistait à saupoudrer des films banals de scènes pornographiques et a dit qu’elle aurait
été un facteur important pour l’expansion de la pornographie dite Hard-Core. C’est ainsi
que ces films, que l’on rebaptisait de nom plus osé, étaient présentés dans des salles de
cinéma plus cachées et l’on tentait d’en présenter le plus souvent possible puisque le
marché était lucratif bien que les films n’étaient pas toujours très représentatifs de leur
titre. Les films étrangers perdaient donc de leur visibilité sur le marché. Cette même
année, où la pornographie prenait de plus en plus d’ampleur sur le marché du cinéma,
coïncida avec le Festival de Canne qui présenta son tout premier film pornographique,
Exhibition de Jean-François Davy. Ce film fut acclamé par le public autant que par les
critiques qui firent de cette œuvre pornographique un succès qui n’a pas encore surpassé
aujourd’hui dans la catégorie X. On présenta la même année, au mois d’août, le premier
festival de films pornographiques qui récompensait les films les plus originaux de « zizis
d’or ».
Comme tout mouvement prenant trop d’ampleur, les réfractaires s’exclament
d’indignation devant l’importance que prit la pornographie; on parle par exemple de
féministes qui sont outrées de la façon que la femme est représentée, de l’église qui
bannit le mouvement contre nature et de partisans du cinéma « classique » qui voit les
films pornographiques comme une honte à leur art. C’est ainsi qu’une autre loi en 1975
oblige une distinction entre les films communs et les films pornographiques ou très
violents. Ainsi, ces films ne bénéficiaient plus du support des réseaux de publicité, ils se
voyaient affecter une taxe qui devait être payée par les cinémas lors de l’achat de ceux-ci
qui se faisait maintenant dans un réseau spécialisé, mais en plus, la loi du 18 ans et plus,
donc l’âge légal de la majorité, devait maintenant s’appliquer. Cette loi ne fit pas
l’unanimité bien que généralement les gens de l’époque n’étaient pas en accord avec
celle-ci.
Dans les années 80, on assista au développement de la technologie numérique,
notamment la vidéo qui multiplia les possibilités de la pornographie : on pouvait
dorénavant faire sa propre vidéo maison. Les médias créèrent par la suite des stéréotypes
par rapport à la « porno » : les parties génitales doivent être épilées, le corps fragmenté,
les fellations et les sodomies effectuées d’une certaine façon par exemple. Ces
représentations favorisèrent certaines pratiques sexuelles qui étaient moins pratiquées
dans la société jusque-là.3
La femme d’aujourd’hui a bien plus d’options qu’elle en avait pour ce qui est de
la pornographie. À travers l’histoire, la femme, dans la pornographie, n’était bien souvent
qu’un morceau de chair que l’on pouvait s’arracher. Le fameux stéréotype de la danseuse
faisant un strip-tease à des hommes béats devant elle est devenu un classique.
Conséquemment, les films pornographiques étaient davantage réservés aux hommes. De
nos jours, on a adapté une pour pornographie à la femme qui préfère souvent davantage
une histoire cohérente remplie d’émotion et non seulement que de sexe gratuit; on parle
alors d’érotisme.4 Les films pornographiques des temps modernes ont quelques lacunes
qui, pour certains, les feront courir à leur perte. La majorité de ces films plus récents se
consomment rapidement en réponse à la société qui veut tout avoir et maintenant. Le
consommateur de pornographie préférera les films aux livres puisqu’il n’aura pas à lire
plusieurs pages avant d’avoir ce après quoi qu’il attend. Les films, eux-mêmes coupés au
strict minimum, éliminent ainsi toute forme de séduction, il ne reste que le sexe. De plus,
les films pornographiques qui se disent représentants de la réalité ont perdu peu à peu de
cet aspect si on les compare aux films plus anciens. L’histoire, s’il y en a une, est bien
souvent stéréotypée et n’a guère de profondeur. C’est ainsi que certains films qui ont
comme but d’exciter ne deviennent qu’une guerre comédie. On présente des acteurs qui
sont payés pour faire supposément de façon naturelle l’acte de l’amour or, quoi de plus
faux qu’un acteur. La représentation de modèle sexuel exagéré démontre aussi le côté
paradoxal de la pornographie. L’homme est voyeur et ce phénomène peut être vérifié par
la popularité des téléréalités par exemple, la pornographie va tranquillement en ce sens.
L’avènement de la webcam favorise davantage les vidéos homemade dont les budgets
sont réduits, mais où les « acteurs » le font pour leur simple plaisir et où ils transmettent
le réalisme derrière ceux-ci : des vidéos « pornos », de gens normaux! 5
3
Laurent Martin, « Jalons pour une histoire culturelle de la pornographie en Occident », Le temps des
médias.
4
Marie-Françoise Hans et Gilles Lapouge, Les Femmes, la pornographie et l’érotisme, Paris, Éditions du
seuil, 1978.
5
Bernard Arcano, Le jaguar et le tamanoir, Québec, Boréal, 1991, 397 pages
Actuellement, la pornographie est dans chaque recoin de la société s’immisçant
dans les médias, sur Internet et dans la publicité bref, partout. L’accessibilité à la
pornographie est donc totale et n’importe quel jeune avec un ordinateur peut s’en
procurer. L’hypersexualisation particulièrement chez les jeunes des années 2000 peut être
favorisée par cette accessibilité. Un exemple de ce phénomène est les jeunes filles. On
parle donc de jeunes filles qui portent des décolletés plongeants et des J-strings alors
qu’elles n’ont pourtant rien encore à montrer. Les images des artistes féminines, certaines
chansons aux paroles explicites et les médias n’aident en rien à stopper ce phénomène.
Cependant, il ne transparait pas qu’à travers la mode vestimentaire, mais aussi à travers
les mœurs sexuelles des adolescents. On conseille donc la prévention auprès des jeunes et
des parents afin de les conscientiser au phénomène de l’hypersexualisation.6
6
Encyclopédie Wikipédia, Hypersexualisation, http://fr.wikipedia.org/wiki/Hypersexualisation.
Chapitre 2 : La sexualité actuelle dans l’Islam
Les différents systèmes politiques font en sorte que l’opinion sur certains grands
enjeux actuels soit partagée entre les pays ou même à l’intérieur de ceux-ci. Que ce soit à
propos de la une guerre, des soins de notre planète, de l’enseignement ou encore de
l’économie nationale ou mondiale, ces discussions sont bien souvent débattues entre
plusieurs idéologies. Les religions peuvent aussi influencer une société par rapport à
certains sujets. Parfois, cette dernière est si imposante par son nombre d’adeptes qu’elle
se trouve à être inter relié au gouvernement, c’est-à-dire que ses principes se font
respectés par le biais d’un groupe au pouvoir. Par exemple, en Inde, le conservatisme
religieux et le fondamentalisme hindou font une grande pression sur les décisions
politiques. Un autre exemple est celui de la religion islamique où la politique,
dépendamment des pays, est grandement influencée par les fondements religieux. La
vision de la sexualité en Orient est clairement définie par la religion musulmane. L’Islam
et l’ouverture à la sexualité sont-ils encore de nos jours un mythe plus qu’une réalité?
L’étude des différentes règles du texte sacré des musulmans et de la condition actuelle de
la femme permet d’établir le portrait des pays musulmans et de la sexualité.
Islam et Orient
Au commencement, l’Islam a été fondé par le prophète Mahomet, en Arabie au
VIIe siècle. Ce dernier aurait eu des visions de l’ange Gabriel qui lui aurait dicté le
Coran, parole divine des musulmans. La Mecque et Médine en Arabie Saoudite furent les
deux premières villes saintes de l’Islam. Cette religion monothéiste était opposée, lors de
ses débuts, au paganisme, religion arabe dominante. Le terme Islam signifie la
soumission à la volonté de Dieu. Cette religion où l’on naît musulman a connu une
grande popularité au tout début de sa création. Ensuite, une expansion politique et
religieuse s’est poursuivie jusqu’aux temps modernes. Par des conquêtes, la religion s’est
grandement répandue territorialement: du milieu Arabe aux frontières de l’Inde, jusqu’en
Afrique du Nord. Du VIIIe au XIe siècle, le développement intellectuel et scientifique du
monde islamique était fulgurant. De nos jours, le monde musulman est très important. En
effet, un quart des nations faisant partie de l’Organisation des Nations unies (ONU) sont
islamiques7 et la religion compte presque un milliard et demi d’adeptes, ce qui représente
environ 23% de la population mondiale8. Généralement, partout dans le monde, la
religion des musulmans est plutôt reconnue comme une identité culturelle plus qu’une
adhésion à ce groupe religieux.
Avant même d’aborder le sujet de la sexualité dans les pays islamistes, il est
important de comprendre l’importance du Coran dans la vie des musulmans puisqu’en
effet, ce qui règlemente la vie sexuelle des musulmans est les 114 chapitres du Coran. Ce
livre sacré gouverne la vie des musulmans : il définit les règles de pensée, le
comportement individuel et collectif, le code moral et juridique, etc. La Charia, issue du
Coran, est l’interprétation juridique et éthique du livre et correspond aux règles
religieuses et sociales que les musulmans doivent respecter. D’abord, il y a les cinq
piliers de la religion : témoignage de la foi en un seul dieu, la prière rituelle cinq fois par
jour, le jeûne pendant le « ramadan », l’aumône qui aide les pauvres et les orphelins puis
le pèlerinage à La Mecque que les croyants doivent faire au moins une fois dans leur vie.
Les chefs de la religion musulmane, les imams, muftis ou encore ayatollahs sont chargés
de veiller à l’application des lois. Avec le temps, de nouvelles revendications et de
nouveaux courants de pensée ont modifié quelque peu les principes de la Charia. En effet,
dans quelques pays, certaines mesures visant à moderniser l’Islam ont été introduites, non
sans opposition de groupes plus radicaux. C’est ainsi que la règlementation islamique est
stricte et que le sujet de la sexualité ne fait pas abstraction à celle-ci.
Les différences pour ce qui est de la culture et de l’ethnique dans le monde
musulman modifient les divers comportements face à la sexualité. À titre d’exemple, les
différents groupes extrémistes prônent une moralité sexuelle stricte, surtout envers les
femmes. Dans les années 1990, lorsque les talibans tentaient de contrôler l’ensemble du
territoire afghan, l’oppression envers les femmes était énorme, voire même quasi totale.9
D’ailleurs, il leur était interdit d’exercer leur profession et de sortir seules. Malgré la
7
Maria José Werebe, Organisation sociale, pratiques sexuelles et religion, Paris, Éditions L’Harmattan
2007, p.181.
8
Encyclopédie Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_pays_avec_population_musulmane.
9
Maria José Werebe, Organisation sociale, pratiques sexuelles et religion, Paris, Éditions L’Harmattan
2007, p.193.
variance des traditions et des interprétations dans chaque pays, comme pour les groupes
radicaux, la vie quotidienne des musulmans citée par le Coran est très proche de la
réalité.
Règles et commandements moraux
La sexualité islamique n’a pas comme seul but la reproduction, car le plaisir dans
l’acte a une très grande importance. En outre, contrairement au chrétien asexué dans le
paradis, le musulman connaitrait un orgasme infini, puisque le paradis correspond à la
satisfaction absolue et totale des désirs de l’homme : « Nul ne peut se sentir affranchi s’il
ne l’est d’abord au plan sexuel. »10 Les règles morales du Coran à l’égard de la sexualité
ressemblent à celles du christianisme, la différence c’est qu’elles sont appliquées avec
une rigueur distincte. L’Islam condamne l’adultère, la masturbation, la bestialité, la
fellation, la fornication et la prostitution. Toutefois, les actes condamnés comme ceux
nommés précédemment sont moins réprimandés chez les hommes que chez les femmes.
Voici les règles de la vie sexuelle des musulmans que le Coran détermine :
- L’hygiène corporelle est un aspect indispensable de la vie quotidienne des musulmans,
car selon le prophète Mahomet, la pureté corporelle est essentielle. Avant les prières, les
musulmans doivent se purifier par des ablutions. La purification est aussi obligatoire
après toute émission de sperme, qu’elle soit provoquée par l’acte sexuel ou en dormant.
De même, l’homme doit se purifier lors d’une pénétration sans éjaculation.
- Les menstruations de la femme sont considérées comme impures. C’est pour cette
raison que pendant les règles, la femme ne peut prier et doit rompre le jeûne auquel elle
s’adonne s’il y a lieu. Le mari peut toutefois embrasser sa femme et jouir de son corps,
sauf des parties génitales.
- La circoncision est une pratique adaptée par les musulmans : c’est un signe d’alliance
avec Allah pour les garçons de 1 à 14 ans. La circoncision est l’une des cinq exigences
traditionnelles de la perfection du musulman avec entre autres la taille de la moustache et
10
Idem, p.214.
des ongles, l’épilation du pubis et des aisselles. Du côté des filles, l’excision et
l’infibulation (la couture des petites lèvres) constituent des coutumes anciennes qui,
parfois, sont maintenues par simple tradition plus que par obligation religieuse. Ces
mutilations sont pratiquées en particulier chez les jeunes filles de 3 à 10 ans dans les pays
musulmans africains.
- Le Coran soutient aussi fortement que les relations sexuelles hors mariage telles que
l’homosexualité sont totalement réprouvées.11 Lors d’un mariage, l’homme doit obtenir le
consentement de la femme et les mariages forcés sont absolument interdits par le Coran.
Pourtant, les mariages forcés viennent de traditions ancestrales et il est courant dans
certains pays que les pères arrangent l’union entre leurs enfants. Le mariage a comme
buts premiers la procréation et le plaisir. Les relations sexuelles dans le mariage, comme
il est écrit dans le livre de la parole, doivent apporter une jouissance réciproque. En effet,
l’homme doit satisfaire son épouse alors que la femme ne doit pas se refuser à son mari.
Dépendamment des pays, l’utilisation de la contraception est permise dans l’Islam. Le
Coran autorise à l’homme de demander le divorce lorsque la vie en commun avec son
épouse est impossible. La femme a droit de demander la rupture du mariage seulement
dans des cas exceptionnels. Une autre caractéristique du mariage islamique est le droit
attribué aux hommes de pratiquer la polygamie. Mahomet écrit dans le Coran qu’un
homme peut avoir jusqu’à quatre épouses. La justification de la polygamie est que
l’homme a des besoins sexuels plus importants que ceux de la femme donc, il ne peut se
contenter d’une seule épouse. Cette dernière pratique a été abolie en Tunisie et est
maintenant plus rare dans les pays islamiques. Dans le thème du mariage, un homme peut
se marier avec une femme non musulmane, tandis qu’il est totalement interdit pour une
femme islamique de faire de même. Le thème du mariage dans le monde musulman est
débattu dans certains pays. En Iran, on autorise même un mariage temporaire entre deux
personnes afin de justifier leurs relations sexuelles en dehors d’une union. Ce type de
mariage est plus répandu dans le milieu étudiant.
11
Dans le Coran, seulement l’homosexualité masculine est évoquée et celle-ci est grandement reprochée.
Toutefois, les positions actuelles sur le sujet varient selon les pays.
La place de la femme
Comme dans la religion du christianisme, l’amour humain occupe une place bien
importante au sein de l’Islam. En fait, le Coran affirme l’égalité entre tous, sauf qu’il
attribue à la femme une position d’infériorité. Cette contradiction peut être expliquée en
raison de la discrimination des femmes qui provient principalement des sociétés
patriarcales et non spécialement de la religion. Quoi qu’il en soit, certaines traditions,
malgré la grande nuance entre les pays musulmans, permettent à l’homme de battre sa
femme et d’avoir une autorité absolue sur elle. D'ailleurs, la quasi-disparition de la
présence physique de la femme par le port du voile est un signe dominant de l’oppression
de la femme dans la société islamique. De plus, un témoignage féminin vaut la moitié de
celui d’un homme selon une parole du prophète Mahomet qui aurait énoncé que la femme
a moins de raison et de foi qu’un homme. En somme, la maternité est la fonction noble de
la femme. La différence entre la position de la femme en ville et en milieu rural change
aussi la perception que les hommes ont d’elles, principalement en raison de l’éducation.
Évidemment, cette image de la femme inférieure est celle que le Coran ordonne et qui est
respectée par certains groupes ou pays radicaux, mais l’évolution de cette représentation
se fait peu à peu. En Syrie, en Lybie et en Égypte le droit de vote aux femmes a été
accordé au XXe siècle tandis qu’au Koweït, le droit de vote vient d’être accordé aux
femmes en 2005.12 Dans deux pays, une femme a été à la tête du gouvernement, au
Bangladesh et au Pakistan, à l’encontre de plusieurs mouvements traditionalistes.
Cependant, dans ce même pays, le Bangladesh, une écrivaine a été menacée de mort
puisqu’elle dénonçait dans ses œuvres les injustices faites envers les femmes. Plusieurs
mouvements féministes tentent d’afficher leur mécontentement envers leur situation
sociale dans différents pays musulmans.
Enfin, l’influence occidentale qui continue à se faire sentir de plus en plus dans le
monde islamique, que ce soit par les médias ou Internet, ébranle peu à peu le monde
musulman. Les imams se sont mobilisés entre autres au sujet de la pornographie qui est
de plus en plus facile d’accès. Il est interdit pour l’homme et pour la femme de regarder
le corps d’autrui, par un écran, même avec consentement de cette personne. La liberté de
12
Idem, p.228.
la femme vis-à-vis la politique, le côté social et la sexualité que l’Occident affiche et qui
fait tranquillement son chemin vers l’Orient peut-elle seulement déranger les autorités
musulmanes ou peut-elle au contraire, aider à la condition féminine dans les pays
radicaux? Les principes stricts sur la sexualité du Coran seront évidemment difficiles à
révolutions dans les pays ou la politique et la religion islamique radicale occupent une
place importante.
BIBLIOGRAPHIE
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http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_pays_avec_population_musulmane, (Page
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MERNISSI, Fatema, L’amour dans les pays musulmans, Paris, Éditions Albin Michel,
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