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Humour
Vinci
À partager au second degré
Élie
Semoun
Avec À partager, Élie Semoun s’attaque à des sujets délicats
que seul un second degré bien maîtrisé peut rendre drôles,
comme on le verra au Vinci le 22 avril.
en l’imprégnant de second degré
(voir, là encore, feu Desproges).
C’est ce que fait Élie Semoun.
Les monstres qu’il décrit, s’ils
font rire (jaune, souvent), apparaissent dès lors pour ce qu’ils
sont, des gens peu fréquentables
que l’humour met en lumière,
mais en lumière crue. Les utiliser
pour faire rire, c’est les caricaturer. Et l’on sait qu’une caricature
vaut souvent, si elle est bonne,
le jugement d’un tribunal.
L’autodérision aussi
C’est donc avec ce recul
que l’on regardera, le 22 avril
au Vinci, le maire fasciste qui
veut transformer la bibliothèque
en musée de la cochonnaille et
la MJC en stand de tir ou l’atroce
Fabrice, patronne de spa,
personnages tous plus infects
les uns que les autres.
Mais prendre du recul, c’est aussi
voir derrière certaines plaisanteries l’affection qu’Élie Semoun
porte à ceux qu’il charrie, comme
le handicapé moteur dragueur.
C’est aussi apercevoir la
sensibilité de l’artiste, celle qu’il
cache derrière une grosse dose
d’autodérision. S’il a intitulé son
spectacle À partager c’est aussi
parce qu’il se livre à son public
avec autant de franchise
qu’il dessine ses personnages.
Face aux tristes travers
de notre société qu’il met
en scène, Élie Semoun applique
peut-être tout simplement
cette autre maxime : « L’humour
est la politesse du désespoir.»
Vendredi 22 avril à 20 h
Auditorium François 1er
Vinci Tours
Prix des places : 30, 36 et 39 €
Billetterie sur
www.tours-evenements.com
et dans les points
de vente habituels.
© Photo Clémence Demesme
« On peut rire de tout, mais pas
avec n’importe qui », disait Pierre
Desproges, lors d’une audience
très particulière du Tribunal des
flagrants délires. Si l’on applique la
sentence aux comiques professionnels, elle reste vraie. Tout
le monde ne peut pas s’attaquer à
certains sujets délicats, l’humour
en bandoulière et la fanfaronnade au fusil, sans risquer de
verser dans le mauvais goût (au
pire) ou la gaudriole (au mieux).
Donc, quand Élie Semoun annonce
qu’il va inviter dans ses sketches
un djihadiste débutant ou un
pédophile de retour de Thaïlande,
on peut se demander si celui
qui œuvrait pour l’œcuménisme
racial dans Qu’est-ce
qu’on a fait au Bon Dieu ?
n’est pas en train de basculer
dans la même ornière que
son ancien complice Dieudonné.
Ce serait oublier que le meilleur
moyen de rire de tout est
de foncer plein pot vers l’ennemi
et de raconter l’histoire
Élie Semoun,
ou l’art de maîtriser
le second degré avec humour.