APPROCHE HOMEOPATHIQUE DE LA PREMENOPAUSE
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APPROCHE HOMEOPATHIQUE DE LA PREMENOPAUSE
APPROCHE HOMEOPATHIQUE DE LA PREMENOPAUSE Dr Marielle CHARVET Gynécologue Homéopathe Plan La pré-ménopause: définition, déroulement, signes Les caractéristiques du traitement homéopathique Les médicaments Définition • La pré-ménopause ou péri-ménopause est une période intermédiaire qui permet de passer, chez une femme sans contraception chimique, d’un cycle régulier,à l’arrêt total des règles, en traversant des perturbations et des irrégularités plus ou moins importantes du cycle. • C’est une période de turbulence, d’anarchie hormonale dont l’importance et la durée est très variable selon les femmes. • Celle-ci s’étend des 1ers troubles du cycle jusqu’à l’arrêt complet des règles depuis 1 an, qui définit alors la ménopause confirmée. • Dans les pays occidentaux, la pré-ménopause commence habituellement entre 45 et 50 ans, parfois dès 40 ans. Elle dure entre 2 et 6 ans. • Si la ménopause arrive avant 45 ans on parlera de ménopause précoce et après 55 ans de ménopause tardive. Comment se déroule la pré-ménopause ? • Avec l’avancée en âge, les ovaires deviennent moins sensibles à la stimulation des hormones hypothalamo-hypophysaires • On peut distinguer 2 phases : • 1ère phase de carence en progestérone : les cycles deviennent dysovulatoires (ovulations de mauvaise qualité) ou anovulatoire. La progestérone est moins abondante et se crée alors un climat hormonal dit d’hyperoestrogénie relative. Ceci engendre tout un cortège de symptômes congestifs cycliques • gonflements douloureux des seins, • œdèmes des membres inferieurs ou œdème généralisé avec prise de poids, • parfois des signes d’hyperandrogénie (séborrhée, chute de cheveux, augmentation de pilosité). • 2ème phase de carence en œstrogènes, qui s’ajoute à la carence en progestérone. Elle peut entraîner • irrégularité des cycles plus importante, • bouffées de chaleur, chez 3 femmes sur 4, • fatigue, déprime, • sécheresse vaginale. Comment savoir si vous êtes en pré-ménopause ? L’entrée en pré-ménopause n’est pas toujours identique : • Elle peut commencer par quelques cycles irréguliers lors d’une période de fatigue, suivis d’un retour prolongé à la normale. • Au contraire elle peut être bruyante avec des bouffées de chaleur importantes et gênantes dès le début. • Ces divers symptômes traduisent la mise au repos progressive et irrégulière des ovaires (les taux hormonaux sont très fluctuants). • Aucun examen biologique ne peut permettre de prédire exactement quand aura lieu la ménopause et donc la fin de cette période anarchique et souvent péniblement vécu par les femmes . Les dosages hormonaux peuvent avoir un intérêt en cas d’hystérectomie. • La mise en route d’un traitement dépendra donc essentiellement de la clinique, c’est-àdire des symptômes de la patiente et de son ressenti. Mode d’action et intérêt du traitement homéopathique 1- Mode d’action • Le médicament homéopathique est choisi selon le principe de similitude : les mêmes choses qui ont provoqué le mal le guérissent. Il y a un parallélisme entre le caractère toxique d’une substance, et son caractère thérapeutique en dilution homéopathique. • Ex: la belladone provoque à dose toxique des fièvres avec rougeurs, sueurs et soif : on utilisera des dilutions de Belladonna pour traiter les fièvres avec ces symptômes. 2- Intérêt • Son efficacité fréquente, • Son innocuité: pas d’effets secondaires, • Son association possible à des traitements allopathiques à une période de la vie où les femmes peuvent présenter des pathologies constituant des contre-indications au traitement hormonal substitutif de la ménopause (THS). Le traitement homéopathique agit à plusieurs niveaux • Au niveau d’un traitement de fond, traitement de la personne, essayant de tenir compte de l’ensemble des pathologies et des modes réactionnels de chaque patiente. • Au niveau des différents symptômes de la pré-ménopause • Au niveau de la régulation hormonale Il n’y aura donc pas un seul traitement de la ménopause, mais un grand nombre de substances homéopathiques pourront au cas par cas : • soulager les symptômes pré-ménopausiques, • améliorer le vécu de cette période physiologique, parfois difficile à vivre pour certaines d’entre nous. Les remèdes homéopathiques I- Les médicaments de fond ou de la personne II- Les médicaments symptomatiques III- Les médicaments de régulation hormonale IV- Exemple de traitement I- Les médicaments de fond ou de la personne (1/4) Ce médicament va tenir compte de l’ensemble de la pathologie et de l’état neuropsychique de la patiente. • ses antécédents gynéco-obstétricaux (grossesse, FCS, COP, SPM) • ses autres cibles pathologiques (circulatoires, digestives, neurologiques, hormonales) • ses grands traits typologiques (antécédents , âge, morphologie) • son comportement général LACHESIS : regroupe au maximum les signes rencontrés chez les femmes ménopausées Cible : action de prédilection sur les systèmes cardio-vasculaire et nerveux Sensations: congestion, bouffées de chaleur, constriction, suffocation en s’endormant Modalités: aggravée par le retard, l’insuffisance ou l’arrêt des règles, les émotions et la chaleur Autres cibles: troubles (coagulation, foie, muqueuses, peau (acné rosacée) et thyroïde) Typologie: tendance congestive, à l’HTA, aux phlébites, aux inflammations aigües Comportement : alternance entre phases d’excitation avec loquacité, méfiance, jalousie et phases d’abattement avec dépression, mutisme, anxiété I- Les médicaments de fond ou de la personne (2/4) PULSATILLA: Cible: système veineux Sensation: grande variabilité Modalités: aggravée par la chaleur, l’immobilité et améliorée par le mouvement continu, le frais, la consolation Autres cibles : les muqueuses: bronchites, vaginites Typologie : peau claire, marbrée et fine, insuffisance veineuse, engelure, SPM, peu de BdC Comportement: hyper-affective, caractère doux et timide, colères possibles, dépressions réactionnelles à la suite de séparation (deuil, divorce) SEPIA: Cibles: Sensations: Modalités: système circulatoire et tissu de soutien (ligaments) pesanteur pelvienne, bouffées de chaleur précédées ou suivi de sensation de froid aggravée par tout se qui augmente la stase veineuse et par la consolation, améliorée par le mouvement, la danse Autres cibles: muqueuses(sécheresse vaginale) et peau (acné rosacée) Typologie: femme plutôt mince, brune, yeux noirs, tâches brunâtres sur le visage, lèvres sèches et crevassées, tendance à l’herpès, aux troubles digestifs, à la migraine, à la stase veineuse, à la fatigue; Comportement: très active ou dépressive: refuse alors le contact et la consolation avec tendance à s’isoler . I- Les médicaments de fond ou de la personne SULFUR : Cibles: Sensations: Modalités: (3/4) circulatoires et métaboliques congestion (B de C, HTA, hémorroïdes), brûlures, démangeaisons aggravée par la chaleur et à 11h du matin améliorée par le frais et la reprise des règles Autres cibles: peau (rougeur, prurit, eczéma, urticaire), muqueuses (diarrhées matinales, rhinite, asthme) troubles articulaires(goutte, arthrose, arthrite) Typologie: sans caractéristique autre que la congestion Comportement: tendance aux excès (nourriture, alcool, tabac), plutôt optimiste, joviale I- Les médicaments de fond ou de la personne (4/4) PHOSPHORUS Cible: circulatoire Sensations: hypersensibilité sensorielle, brulures des paumes des mains, congestion ,vertige Modalités: aggravé le soir, par l’orage, couchée sur le coté G, par l’effort physique et intellectuel, par la chaleur Autres cibles: risques inflammatoires aigus et chroniques particulièrement foie ,rein, poumon, cœur Typologie: longiligne Comportement: alternance excitation et épuisement, hypersensible à l’environnement, fragile, hyperémotive. PLATINA Cible: Sensations: système nerveux, système hormonal féminin compression, étau, crampes, douleurs à variation progressive aggravées par le toucher et par les règles Autres cibles: système digestif (constipation, spasmes) Typologie: faux ongles, prothèses de sein, tendance aux douleurs ovariennes lors des règles, des ovulations, endométriose Comportement: spasmophile, anxio-dépressive, souvent hautaine, décompensation somatiques spasmodiques, syndrome pré-menstruel, prurit vulvaire, vaginisme. II- Les médicaments symptomatiques (1/6) 1. Sur les troubles des règles ou ménorragies Celles-ci par leur abondance et leur irrégularité inquiètent les femmes et les amènent à consulter. Un examen clinique et paraclinique complet est indispensable pour éliminer une lésion organique maligne rare, ou plus souvent des fibromes ou des polypes nécessitant parfois un traitement spécifique. En l’absence de ces lésions il s’agit de symptômes fonctionnels de la ménopause. a. Ménorragies de sang foncé SECALE CORNUTUM : règles de sang noir, parfois abondantes, mais surtout très longues, suivies d’un écoulement noirâtre qui peut persister jusqu’aux règles suivantes, avec fréquemment des douleurs de faux travail. Elles sont aggravées par le moindre mouvement et par la chaleur, améliorées par le froid. CHINA : surtout efficace sur les troubles qui accompagnent ou suivent l’hémorragie : fatigue, pâleur, hypotension, faiblesse, acouphènes, troubles de la vue, sueurs au moindre effort. CROCUS SATIVUS : règles de sang noir, coagulées en filaments et qui durent trop longtemps. II- Les médicaments symptomatiques (2/6) b. Ménorragies de sang rouge vif SABINA : règles en avance, abondantes, prolongées, flot de sang rouge brillant parfois mélangées de caillots noirâtres, aggravées par le moindre mouvement, accompagnées de douleurs paroxystiques du pubis au sacrum. TRILLIUM PENDULUM : règles abondantes, prolongées, en avance (souvent tous les 15 jours), aggravées par le mouvement, avec des douleurs sacro-iliaques améliorées par un bandage serré. S’y associent palpitations, bourdonnements d’oreille et tendance syncopale. ARNICA : les règles s’accompagnent de sensation de contusion, de courbatures, de douleurs musculaires, aggravées par les secousses et le mouvement, améliorées par le repos. ERIGERON : la ménorragie est accompagnée de problèmes urinaires (cystite, hématurie) ou d’irritations rectales. BOVISTA : les règles sont en avance, abondantes, coulant surtout la nuit, avec diarrhée prémenstruelle. MILLEFOLIUM : métrorragies de sang rouge, brillant, fluide, SANS douleurs, survenant au repos comme au mouvement. PHOSPHORUS : dans toute hémorragie de sang rouge vif II- Les médicaments symptomatiques (3/6) 2. Les troubles circulatoires a) Les bouffées de chaleur : symptôme le plus fréquemment rencontré b) L’hypertension a) Dans les bouffées de chaleur, nous retrouverons LACHESIS, SULFUR,SEPIA… déjà vus en traitement de fond, mais aussi: BELLADONNA : BdC prédominent à la tête, à début et fin brusques, avec sueurs profuses du visage. GLONOINUM : mêmes symptômes, avec des palpitations cardiaques plus marquées SANGUINARIA CANADENSIS : BdC du visage et du cou, avec rougeur circonscrite des joues au niveau des pommettes, sensations d’oreilles brûlantes, parfois ces sensations s’étendent aux paumes des mains et plantes des pieds. AMYLIUM NITROSUM : BdC suivies de sensation de froid sur tout le corps avec sueurs abondantes. II- Les médicaments symptomatiques (4/6) 2. Les troubles circulatoires Les bouffées de chaleur L’hypertension: plus rare, mais se révèle souvent à la ménopause b) Dans l’hypertension, il s’agit souvent d’une hypertension spasmodique dont l’importance dépend de l’état nerveux de la personne IGNATIA : femmes hypersensibles, réagissant très fort aux contrariétés quotidiennes avec de nombreux symptômes paradoxaux : comme des nausées améliorées en mangeant, fous rires si elles sont tristes, hypertension labile (syndrome de la blouse blanche), boule à la gorge. NUX VOMICA : femmes autoritaires, hyperactives, irascibles, ne supportant pas la contradiction. Aiment le café, les excitants. Ont une somnolence après les repas et sont améliorées par une courte sieste. AURUM MURIATICUM : femmes au visage congestif, particulièrement irascibles, sujettes à l’anxiété, à la dépression, à la mélancolie. Elles présentent des palpitations, des bouffées congestives à la tête et à la poitrine, symptômes améliorés par le frais, bien qu’elles soient frileuses. VERATRUM VIRIDE : pousses d’hTA avec afflux de sang au visage, impression de battements artériels ressentis dans tout le corps, malgré un pouls lent. II- Les médicaments symptomatiques (5/6) 3) Les troubles ostéo-articulaires Ils surviennent souvent chez des femmes qui avaient une arthrose préexistante, mais qui était peu gênante. En dehors des remèdes classiques d’arthrose comme: SULFUR IODATUM, TUBERCULINUM RESIDUUM, BRYONIA et RHUS TOXICODENDRON, 2 grands remèdes sont fréquemment indiqués en pré-ménopause : KALIUM CARBONICUM : patientes lasses, anémiques, frileuses, avec ballonnements digestifs, essoufflement, palpitations, infiltration œdémateuse des chevilles voire surpoids. Les douleurs sont lancinantes, brûlantes aggravées par le repos, le froid, améliorées par le mouvement. NATRUM SULFURICUM : personnes beaucoup plus corpulentes, avec obésité prédominant sur le ventre et le bas du corps, ralenties, déprimées. Les douleurs sont aggravées par l’humidité, le froid, améliorées par le mouvement lent et prédominent en région lombaire, hanches et genoux. SILICEA : femmes au contraire plutôt maigres, avec tendance à la déminéralisation. Sueurs abondantes (pieds),caries dentaires, taches blanches sur les ongles. CALCAREA CARBONICA : femmes déminéralisées, fatiguées, mais « bien en chair » II- Les médicaments symptomatiques (6/6) 3) Les troubles nerveux Hyperexcitabilité, irritabilité, insomnie, tendance dépressive, humeur vite changeante. Les principaux remèdes que nous avons déjà vus ont une action sur les troubles nerveux: LACHESIS, SEPIA, SULFUR, THUYA, IGNATIA, NUX VOMICA, AURUM MURIATICUM 4) La sécheresse vaginale et cutanée, très fréquente en ménopause, mais parfois déjà perçue en pré-ménopause, et qu’il est important de traiter. • On a déjà vu l’action de FOLLICULINUM en basse dilution, de SEPIA ou LYCOPODIUM. • On rappelle ici l’intérêt des règles hygiéno-diététiques et d’une alimentation suffisamment riche en omega3,boire au moins 1l d’eau par jour. • Mais nous proposons souvent des ovules ou crèmes locales contenant de petites quantités d’oestrogènes ou des substances hydratantes, apaisantes(CALENDULA) qui viennent pallier la carence locale. En effet celle-ci peut rendre l’acte sexuel douloureux, voire impossible. Ces traitements vont alors permettre la poursuite ou la reprise d’unions sexuelles satisfaisantes pour les 2 membres du couple, si ceux-ci le désirent. III- Les médicaments de régulation hormonale Il s’agit de dilutions d’hormones : œstrogènes (Folliculinum), progestérone (Progesteronum), FSH, LHRH FOLLICULINUM sera donné au début en 15 ou 30 CH, pour avoir un effet freinateur en période d’hyper-œstrogénie (diminue les règles hémorragiques). Puis on le donnera en 9 CH à effet simplement régulateur, en période d’hypo-œstrogénie débutante. Et enfin on pourra le donner en 4 ou 5 CH pour agir sur les signes de carence oestrogénique: la sécheresse vaginale et les bouffées de chaleur à l’approche de la ménopause, puis en ménopause. PROGESTERONUM sera au contraire donné en basse dilution pour avoir un effet stimulant : 5 CH, 4 CH ou même 8 DH. FSH sera donnée en 15 ou 30 CH pour limiter l’augmentation de cette hormone hypophysaire (FSH) qui augmente parce que les ovaires deviennent moins sensibles à sa stimulation. LHRH hormone hypothalamique, sera donnée plus tard en 15 ou 30 CH si les bouffées de chaleur persistent après 1 an. IV- Exemple de traitement • Me X 48 ans consulte car ses règles régulières jusque là se sont rapprochées puis espacées, sont devenues plus longues et plus abondantes. Des B de C sont apparues depuis 6 mois de plus en plus gênantes. Elle se réveille en sueur plusieurs fois par nuit. Elle se sent fatiguée le matin, énervée le soir et supporte moins bien ses proches, elle est plus émotive, sa tension s’est un peu élevée, elle se sent gonflée au niveau des jambes et de la taille et ne supporte plus rien qui serre. Elle a souvent trop chaud et craint le soleil. • Nous donnerons: FOLLICULINUM 30 1 fois par semaine pour diminuer l’hyper-oestrogénie PROGESTERONUM 5 CH à 8 DH, 15 jours par mois, pour compenser la carence en progestérone IGNATIA 15 CH chaque matin pour l’émotivité LACHESIS 9 CH 5 gr le soir pour les B de C, l’HTA, la congestion CONCLUSION • Le traitement homéopathique a une place de choix dans l’arsenal thérapeutique de la pré-ménopause de part son efficacité fréquente et son innocuité. Il peut être utilisé seul ou associé à des médicaments de phytothérapie ou des compléments alimentaires. • S’il n’est pas suffisamment efficace, et en l’absence de contreindication , le traitement substitutif de la ménopause pourra lui succéder.