Concevoir sa cuisine
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Concevoir sa cuisine
Dossier Dossier réalisé par La rédaction Concevoir sa cuisine La recette des pros © Goran Bogicevic - Fotolia.com Contraintes techniques, d’espace, d’hygiène et de sécurité, sans oublier le confort de travail, la fonctionnalité et la performance : voici quelques-uns des critères à prendre en compte en amont lors de la conception d’une cuisine professionnelle. Retrouvez les conseils des spécialistes en la matière dans ce dossier. L a constitution d’une équipe pluridisciplinaire et spécialisée est un préalable indispensable à tout projet et à la réussite de ce dernier. Composée d’un architecte, d’une équipe d’ingénierie regroupant les différents BET (Bureau d’Etudes Techniques électricité, fluides, climatisation-ventilation…), avec pour chef de file le BET « Grandes Cuisines », spécialiste qui connait et maîtrise tous les aspects techniques. « C’est la base de la réussite d’un concept de Grandes Cuisines », affirme Marcel Zardoni, Di28 recteur du Cabinet IR2A. Le rôle de l’architecte est également crucial car il propose une vision globale du projet architectural. « Nous travaillons sur cette partie de projet et sur ses rapports (sémantique, sensoriel, technique) avec le reste de manière itérative avec la maîtrise d’ouvrage, le consultant cuisine, le BET et les entreprises. La cuisine professionnelle constitue en elle même un projet complexe et notre rôle consiste à maîtriser l’ensemble des couches (programme, fonctionnalité, règlementation, confort, esthétique, budget, etc.) de manière à ce que chaque intervenant et chaque élément, de la phase étude à la réalisation par les entreprises, puisse participer harmonieusement à nourrir le Projet », explique Salim Sefrioui, Architecte chez Groupe 3 Architectes. Enfin, dans l’idéal, l’implication du Chef de cuisine est également souhaitable car il sera l’utilisateur final de l’installation. « Je donne mon avis directement au bureau d’architecture par rapport à mes expériences passées au sein d’autres cuisines, afin de trouver le compromis entre les différents services qui sont amenés à collaborer ensemble », témoigne ainsi Foued Amri, Chef Exécutif du Delano Marrakech. Ce dernier estime en effet qu’il ne faut pas hésiter à donner son avis ou recevoir un avis, dans un esprit d’étroite collaboration, de partage d’information et de dialogue. « Malheureusement, cette collaboration avec les utilisateurs finaux est la plupart du temps impossible, les projets étant souvent montés avant de savoir qui sera le Chef de cuisine et quelles sont ses habitudes de travail », regrette Jean-Marc Preciso, Area Sales Manager Africa & Middle East chez Capic. Définition des besoins Une fois cette équipe pluridisciplinaire en place, il s’agit d’analyser les objectifs de production (sur la base de la carte du restaurant) pour choisir les N°13 Janvier-Février 2013 systèmes techniques adéquats. Cette phase de programmation globale et multicritères doit prendre en compte, selon M. Zardoni, les éléments suivants : - Les approvisionnements en matières premières (fraîches ou sèches), d’où stockage idoine ; - Les phases de traitement des produits alimentaires ; - Les modes de cuisson ; - Les modes de distribution (liaison chaude ou froide) ; - Les modes de service (assiettes, plateaux repas, plateaux self service...) ; - Le traitement de la vaisselle et des déchets ; - L’occupation et les rotations dans la salle de restauration et les horaires d’ouverture. Ces critères permettent de calculer au plus juste les surfaces des postes de travail et les volumes de stockage nécessaires. « Cette définition ne peut être faite que par le BET ‘’Grandes cuisines’’ qui dispose de l’expérience et des outils informatiques. Tous les mètres carrés des locaux doivent être valorisés, sans excès ni manquement », renchérit M. Zardoni. Choix des équipements La conception d’une cuisine professionnelle, c’est aussi une question d’équipements. Que ce soit pour le froid, la cuisson, la laverie, etc., le choix du bon matériel se reflète ultérieurement sur la qualité de la cuisine et son bon fonctionnement. « Les équipements de cuisine ont leurs propres caractéristiques techniques. Si en amont les besoins nécessaires au bon fonctionnement des appareils de cuisine ne sont pas réunis, nous aurons des dysfonctionnements lors de l’exploitation, qui seront difficiles à résoudre après la mise en service », explique Marcel Zardoni. Si le choix des équipements doit être parfaitement adapté à leurs futures fonctions, le matériel doit aussi répondre à des critères bien spécifiques, aussi bien au niveau de la qualité, de la capacité, du dimensionN°13 Janvier-Février 2013 nement, de l’emplacement ou du rendement énergétique, qu’au niveau du recyclage et du respect de l’hygiène et de l’environnement. Enfin, « dans la sélection des équipements ‘’grandes cuisines’’, il faut se baser sur des marques de renommée internationale ayant un revendeur durablement implanté sur le Maroc », conseille M. Zardoni. Selon lui, le choix Marque + Revendeur pérennise la réalisation lors des installations et aussi le service après vente. De plus, le recours à un consultant en cuisine dûment installé au Maroc permet de bénéficier de son orientation pour une réalisation d’un très bon niveau de qualité, dans les délais et avec un très bon rapport qualité-prix. Aménagement de l’espace et choix des matériaux La règle de base présidant à l’aménagement d’une cuisine est la marche en avant. « Le respect du principe de marche en avant, des règles HACCP prenant en compte les risques dès le choix des matériaux de construction utilisés jusqu’en bout de chaîne, la façon de délivrer les repas, permet largement de répondre à tout projet Grande Cuisine », indique M. Preciso. L’espace doit donc être aménagé de façon séquentielle afin de respecter cette marche en avant et de bien organiser la circulation des produits, du personnel, de la vaisselle et des déchets. Le plan doit également déterminer l’emplacement des différents postes de travail – réception des marchandises, cuisson, distribution, laverie… - et zones de préparation et de stockage pour les différents produits : crémerie, viandes, poissons, légumes, pâtisserie… « Ces zones doivent être bien distinctes, que ce soit au niveau du stockage (il faut utiliser une armoire frigorifique pour chaque produit ou une seule armoire avec séparations, et respecter les températures de stockage), ou sur les tables de préparation et de découpe », précise Ali Hemini, Administrateur de Maresca Hôtels. Enfin, les annexes comme les vestiaires et sanitaires du personnel ne doivent pas être négligées, tout comme les éléments procurant un confort de travail : ergonomie des postes de travail, espaces suffisants de circulation, aération, éclairage adapté, etc. Quant aux matériaux utilisés, ils doivent respecter les normes d’hygiène, de sécurité, et, de plus en plus, environnementales. Le choix d’une couleur claire facilitera le contrôle du nettoyage et de l’état de propreté. « En tenant compte de la HQE, la première démarche serait de limiter les nuisances de chantier. Pour cela, nous devons employer des matériaux manufacturés », explique Marcel Zardoni. Quelques exemples de ce type de matériaux : - Murs : panneaux sandwichs, panneaux PVC… ; - Portes et huisseries : ces éléments doivent à la fois être très robustes pour supporter l’usage intensif et ergonomiques, tout en étant conformes en termes de sécurité et d’hygiène ; - Sols : carrelage U4P4 R12 anti-glissant, résine époxy avec incorporation de quartz (absence de joint)… ; - Plafonds : panneaux de 600 X 600 modulaires en acier laqué blanc (faci29 lement nettoyables et démontables). Lots techniques Au niveau de la réalisation proprement dite de l’installation, la première étape, très importante, consiste à réaliser les fondations et le dallage, en y intégrant tous les réseaux techniques : électricité, ventilation, circulation des fluides… Ainsi, pour les effluents, une pente régulière doit permettre le bon écoulement des eaux. Les siphons et changements de direction des tuyaux seront équipés de regards. « Un réseau de vidange sous dallage comporte des règles strictes de conception. Toute erreur est difficilement rattrapable et entraine des bouchages et des problèmes olfactifs, contraires à l’hygiène et au HQE », insiste M. Zardoni. Ces lots techniques doivent évidemment être confiés à des spécialistes dans chaque domaine. La ventilation, même si elle ne constitue pas un outil de production à proprement parler, est une autre pièce maîtresse dans une cuisine professionnelle, cette dernière constituant un environnement de travail difficile. Outre la captation de la chaleur dégagée par les appareils de cuisson ou de réfrigération, elle permet d’évacuer les odeurs et gaz de combustion, de réguler l’hygrométrie et la température ambiante, de renouveler l’air vicié, bref de maintenir un confort de travail pour le personnel. Dans le cas particulier de l’aménagement d’un restaurant dans 30 un immeuble, l’accord du syndicat de l’immeuble est nécessaire et, pour limiter les problèmes d’odeurs, un conduit allant jusqu’au toit peut être mis en place pour rejeter odeurs et fumées. « Or, ce conduit peut gêner l’esthétique de l’immeuble. Dans ce cas, une autre solution efficace consiste à utiliser des caissons à charbon actif. Leur rôle est d’absorber les odeurs et les fumées et de dégager de l’air chaud propre », révèle M. Hemini. Duo « Hygiène-Sécurité » Outre les règles techniques de base, la conception d’une cuisine professionnelle doit combiner d’autres éléments fondamentaux. La conception de la cuisine doit être réalisée avec des matériaux faciles à nettoyer et tenir compte de la sécurité du personnel (sol antidérapant par exemple) et de la sécurité contre les incendies, par le recours à un cloisonnement de la cuisine par des murs et des portes coupe-feu notamment. « En tant qu’architecte, je ne vois pas de contradiction majeure entre hygiène et sécurité. Par exemple, il est possible de climatiser un local à poubelles à travers des parois coupe-feu. De même, il existe des portes coupefeu spécifiques pour les locaux à forte hygrométrie comme la plonge », ajoute Salim Sefrioui. Facilité de nettoyage, respect de la marche en avant, utilisation de l’inox alimentaire au lieu du bois, disponibilité de points d’eau et de poubelles, évacuation immédiate des déchets, séparation des circuits et nettoyage après chaque service… sont autant de règles à suivre afin de garantir la propreté de la cuisine. « Il faut également penser à mettre en place des vestiaires pour le personnel, car ce dernier utilise gé- néralement les toilettes pour se changer », ajoute Ali Hemini. Par ailleurs, toutes ces règles ne peuvent être respectées sans une formation adéquate. « L’hygiène et la sécurité dans une cuisine sont assurées essentiellement par une formation poussée du personnel et sa sensibilisation aux différentes règles, notamment le nettoyage et la désinfection, l’étiquetage, le rangement, la chaîne du froid, l’HACCP, etc. », affirme Pierre Caligaris, Directeur Commercial Export de Eberhardt Frères France. En outre, il faut respecter les températures des locaux et des produits, la chaîne du froid, …, et ce en continu jusqu’à la présentation du plat au client. « Dans les cuisines modernes, les postes froids, comme les chambres froides positives ou négatives et les laboratoires de traitement des produits frais, sont tout aussi importants que les postes chauds de cuisson », affirme Marcel Zardoni. Enfin, certains restaurateurs optent de plus en plus pour des laboratoires qui assurent la production et distribuent dans les points de vente. « Au niveau hygiène et sécurité, c’est l’idéal », estime Mourad El Jai, Manager de Horeco Line. Pensez durable ! Hygiène et sécurité doivent donc être présentes dans la conception d’une cuisine et respectées lors de sa mise en service. Le développement durable estil également pris en considération ? « Le développement durable fait partie de notre quotidien, dans le travail de tous les jours, et dans la plupart des cuisines professionnelles », répond Foued Amri. © IR2A © Capic Dossier • Réalisation du dallage d’un cuisine avec regard de sol et réservations plomberie N°13 Janvier-Février 2013 N°13 Janvier-Février 2013 c’est aussi le rendement énergétique. « En tant que constructeur toujours tourné vers l’avenir, Capic n’a de cesse d’améliorer les rendements de ses appareils de cuisson, tout en proposant des puissances gaz ou électriques moindres », déclare pour sa part JeanMarc Preciso. Lorsqu’on pense développement durable, c’est aussi le traitement et le recyclage des huiles et des graisses qui vient à l’esprit. La réglementation environnementale oblige l’installation de bacs à graisses avant le rejet des eaux usées dans le réseau public. Ali Hemini ajoute : « il y a aussi une innovation qui concerne l’économie des huiles de friture. Aujourd’hui, il existe des friteuses qui filtrent elles-mêmes l’huile, ce qui permet de la changer moins souvent. » Le Top Ten des erreurs et leurs remèdes! Plus ou moins fréquentes, les erreurs © Arjun Kartha Selon lui, il s’agit d’effectuer quelques actions comme le tri sélectif, l’économie d’eau, l’utilisation de plaques d’induction, etc. « Nous remarquons chez nos clients le désir d’investir sur des dispositifs qui leur permettent de réduire leurs frais d’exploitation, comme l’isolation des parois et du sol, l’utilisation de panneaux solaires pour le chauffage de l’eau, etc. », indique Salim Sefrioui. D’autre part, l’aspect environnement peut être pris en compte dès le choix des équipements. « Certains fabricants fabriquent des fours recyclables à 90% », indique, à titre d’exemple, Pierre Caligaris. Outre les fours, l’utilisation de gaz 100% écologiques dans le froid, notamment le R600 et le R290, permet d’assurer le respect de l’écologie et l’économie d’énergie, car ces gaz réfrigérants ont un potentiel de réchauffement global proche de 0 et plus de 1.000 fois inférieur à celui de certains fluides ! Le développement durable, commises dans la conception des cuisines professionnelles sont fortement corrélées à l’expérience du restaurateur, selon qu’il soit expérimenté ou débutant. Ces derniers ont tendance à omettre des détails qui sont pour le moins importants. Tout d’abord, il faut savoir que les architectes ne sont pas forcément connaisseurs du métier de restaurateur. Ainsi, on risque de se retrouver avec une cuisine plus décorative que professionnelle, d’autant plus si on doit l’adapter au plan de l’architecte, comme l’explique Mourad El Jai. Or pour obtenir une cui- 31 © Agence Beguin & Macchini Architectes - photo Hervé Abbadie Dossier • Restaurant Universitaire Paris-Dauphine : une cuisine ouverte en collectivité. sine pratique et fonctionnelle, il est nécessaire de s’appuyer sur l’expertise d’un spécialiste. « Le restaurateur doit faire appel à un cuisiniste avant l’architecte-décorateur car l’efficacité vient avant l’esthétique ! », souligne Ali Hemini. De plus, les professionnels du CHR s’accordent sur un non respect généralisé de la marche en avant et pointent du doigt de sérieux problèmes d’ampérage, par méconnaissance des besoins réels du Chef. « Au départ, les personnes en charge des installations ignorent combien d’éléments comprendra la cuisine. Après, ils rajoutent des spécificités alors qu’ils n’ont pas nécessairement fait des installations électriques pour cela », explique M. El Jai. Un mauvais dimensionnement et une évalution erronnée des besoins réels du chef ne peuvent qu’engendrer des soucis lors de l’installation des équipements et au cours de leur utilisation. « Pour nos machines, nous avons souvent des erreurs d’aération et d’emplacement des coins chaud/froid », témoigne Aziz Bouhartan, Africa Export Area Manager chez Infrico. De plus, le suréquipement peut induire un manque d’espace qui empêcherait de travailler dans de bonnes conditions. Malheureusement par souci d’économie, certains restaurateurs privilégient des installations rudimentaires à l’avis d’un consultant, dont les services sont 32 peut-être plus coûteux mais qui pourraient éviter des erreurs encore plus chères à réparer ! Par ailleurs, « il faut faire appel à des professionnels pour l’installation électrique et avoir une installation digne d’un restaurant », recommande M. El Jai. Dans ce qui suit, Salim Sefrioui attire l’attention sur trois points à ne pas négliger : • Finir l’accès à la chambre froide négative par une pente pour éviter une marche aux chariots, dans le cas où un décaissé n’est pas prévu lors des études /chantier du gros-œuvre… • Ne pas subir les éléments préfabriqués des meubles de distribution qui engendrent une esthétique non contrôlée et des détails de transition lamentables. Il est possible d’éviter cela en dessinant le tout comme un ensemble cohérent en se concentrant sur les détails. • Intégrer architecturalement les groupes de froid à proximité des cuisines sans quoi ces groupes finissent sur des équerres en façade, ce qui n’est pas valorisant pour le projet. Enfin, inutile de rappeler que le bois – qu’on retrouve encore dans certaines cuisines - est interdit d’usage. « Il est donc nécessaire de recourir à l’inox 304 L ou 316 qui est alimentaire et facile à nettoyer », précise Ali Hemini. Rassurez-vous, il y a moyen de contourner ces inepties en s’appuyant sur le célèbre proverbe : mieux vaut prévenir que guérir ! « Il ne faut pas hésiter à anticiper les problématiques liées à tout projet de création de cuisine, aussi modeste soit-il », conseille Jean-Marc Preciso. « Ces erreurs peuvent être facilement évitées par une étude sérieuse en amont de la réalisation confiée à un bureau d’études compétent et surtout spécialisé en cuisines professionnelles », remarque Pierre Caligaris. Pour sa part, Foued Amri ajoute qu’une bonne communication entre l’ensemble des équipes est indispensable à la réussite du projet. Quand la cuisine suit la mode ! De nouvelles tendances voient le jour en matière de cuisines. Le design s’épure et les cuisines s’ouvrent sur la salle. Séparées seulement par un vitrage ou ouvertes en show cooking, elles laissent entrevoir les préparations des chefs. Une cuisine qui se veut convi- Les erreurs à ne pas commettre selon le Cabinet IR2A • Le trop et le peu nuisent à la fonctionnalité d’une cuisine. Il faut donc avant tout trouver l’équilibre des surfaces et volumes, et souvent convaincre l’investisseur pour avoir des surfaces supplémentaires si nécessaire. • Etudier et limiter les couloirs de circulation : ce ne sont pas des espaces de transformation proprement dit, mais des lieux de passage. Ceux-ci ne doivent pas entraîner un surcoût à la construction et ensuite un surcoût à la maintenance. • Dans la mesure du possible, la cuisine doit être au même niveau que la salle de restauration, à défaut avoir des moyens efficaces de liaison et communication (monte–charges et interphones). • Les accès aux locaux « Cuisine » doivent être limités et proches les uns des autres, cela pour un contrôle efficace (personnel, livraison marchandises…). • Une cuisine ne doit pas être une source de nuisance (bruits , odeurs, circulation et stationnement de véhicules). N°13 Janvier-Février 2013 © Eberhardt Frères viale et permet aux professionnels de se rapprocher de leur clientèle, tout comme le show-cooking. « La tendance est de cuisiner devant le client, ce qui permet un échange client/cuisine. Aujourd’hui, les cuisines sont devenues des œuvres d’art », souligne Foued Amri. Autre avantage d’une cuisine ouverte : la propreté doit être impeccable ! « Ce principe est une garantie de transparence et de niveau de qualité vis-à-vis des clients », affirme M. Zardoni. Ouvrir sa cuisine ne va pas sans contrainte. Ainsi, il faut veiller à éviter le passage des odeurs et fumées dans la salle en cas d’ouverture complète. « L’architecte a un rôle prépondérant pour la scénographie des espaces de distribution/exposition. Ce design doit intégrer une contrainte de sécurité importante: l’écran de cantonnement des fumées », souligne ainsi M. Sefrioui. Cet écran, qui peut être vitré et donc invisible, consiste en une séparation verticale placée en sous-face du plancher haut et qui s’oppose à l’écoulement latéral des fumées et gaz de combustion. Du côté des équipements un certain renouveau est également constaté. N°13 Janvier-Février 2013 Une des tendances fortes est ainsi la présence de tiroirs réfrigérés intégrés à un piano de cuisson ou fourneau monobloc, permettant d’avoir les ingrédients frais à portée de main. Le four est de plus en plus à part des autres éléments de cuisson, parfois encastrable dans un meuble ou dans un mur, et facilitant le travail. « Ces fours sont facilement lavables grâce à un nettoyage automatique », avance Mourad El Jai. L’accent est mis sur les équipements qui économisent les huiles de fritures, notamment des friteuses dotées d’un système de vidange ou de filtration. En termes de matériaux, la bonne qualité environnementale des produits est de plus en plus prise en compte, même si l’inox reste le matériau de référence, notamment en froid. Par contre en chaud, l’induction est un procédé de cuisson innovant, « alliant la sécurité avec la rapidité, la précision, l’économie et le confort de travail », précise Pierre Caligaris. Un coût très variable Le coût d’une cuisine profession- nelle dépend de beaucoup de critères (local existant ou à créer, choix des matériaux, qualité et durabilité du matériel…) et reste « très variable en fonction du budget qualitatif que l’investisseur est prêt à mettre dans le projet », souligne M. Preciso. Les experts (cuisinistes ou bureaux d’étude) doivent faire montre de pédagogie et de persuasion pour convaincre les hôteliers et les restaurateurs. En effet, comme le démontre M. Caligaris, « on peut trouver actuellement des devis qui vont du simple au double. Mais il ne faut pas oublier que l’investissement initial, en choisissant des produits économes en électricité et de bonne facture (solides et bien pensés), peut faire économiser beaucoup d’argent dans le futur. » Le recours à un consultant spécialisé se paye également mais permet de s’épargner bien des déconvenues. En résumé, mieux vaut investir dans une étude professionnelle, une installation et du matériel de qualité pour éviter d’avoir à payer l’addition plus tard ! A quoi ressemble la cuisine idéale ? Bien choisir sa cuisine professionnelle n’est pas aussi facile qu’il n’y paraît. Une cuisine professionnelle idéale doit répondre à certaines règles. Des professionnels nous donnent quelques conseils. Grâce à une conception qui sera le fruit du travail d’une équipe pluridisciplinaire, la cuisine idéale doit parfaitement répondre au cahier des charges. Selon Mourad El Jai, « elle doit être la plus grande possible par rapport à l’espace disponible et la mieux ordonnée, en séparant les éléments froids des éléments chauds, avec une bonne extraction, des équipements robustes et adéquats. » D’un point de vue organisationnel, une cuisine optimale fait le meilleur usage de l’espace pour offrir une grande surface de travail et de rangement, rangements qui doivent être accessibles et pensés pour faciliter le travail. « La cuisine idéale serait une grande cuisine tout en ligne, très bien équipée et ordonnée, dans laquelle on retrouvera la table du chef appelé aussi aquarium », précise ainsi le Chef Foued Amri. Outre ces aspects, la cuisine idéale doit également prendre en considération les nuisances acoustiques et l’éclairage : « elle offrirait aux cuisiniers de voir le jour à travers des fenêtres, et éventuellement de voir son public dans la salle », propose l’architecte Salim Sefrioui. Bref, la cuisine idéale combine les facteurs humains, matériels et financiers : « la cuisine idéale à la fois pour les hommes et les équipements est celle qui permet de sortir un produit fini de qualité avec une optimisation des investissements et des hommes. Chacun y est à sa place », résume Pierre Caligaris. 33