SEMANA GRANDE

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SEMANA GRANDE
Semana 558 volet 10/12/07 10:24 Page 1
(Film Noirfilm)
PRIX : 1,50 € - N° 558
Notre ami Jean-Pierre Fabaron, grand historien de la tauromachie française, nous fait le plaisir de nous écrire quelques
précisions sur la corridas avec mise à mort pendant la guerre :
“À la suite de votre article “1945-1946 : la reprise” dans
Semana Grande du 26 novembre, je vous signale que pendant la dernière guerre, la mise à mort a été pratiquée dans
les arènes du Sud-Ouest. Il y eut à Bordeaux pendant l’occu-
pation allemande 10 courses hispano-portugaises avec mise
à mort autorisées (trois en 1942, six en 1943 et une en
1944). Dans ces courses, le picador était remplacé par un
rejoneador (pour la plus grande joie de Don Severo). Les toros
camarguais furent tués par José Piles (père de Roberto) pour
Madame Calais et les Bernal, Pulido, Paradas, Lagartito, Muñoz,
Vicente Jorda ou Cano ; même spectacle à Mont-de-Marsan
LUNDI 10 DÉCEMBRE 2007
en juillet 1943 et à Dax, le 15 août 1943. Soit 14 spectacles
taurins avec mise à mort en comptant les deux novilladas organisées pour les Allemands à Bayonne les 17 et 18 mai 1941
avec du bétail espagnol. Par contre, pendant la même période,
le Sud-Est ne donna que des courses libres ou des capeas. Ce
qui était autorisé dans le Sud-Ouest ne l’était-il pas dans le
Sud-Est ? Bizarre !”
ÉCHOS DU CALLEJÓN
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PRÉCISION SUR LES CORRIDAS DE LA GUERRE
. La Mexico fermée puis rouverte
. Nouveaux toreros pour Picamills
Les arènes de Mexico ont été fermées le 7 décembre par
les autorités de la capitale mexicaine, l’empresa n’ayant
pas respecté la parité règlementaire entre toreros mexicains
et toreros étrangers lors de la corrida du 2 décembre. Les
arènes ont été rouvertes le lendemain, l’empresa ayant fait
appel, et la corrida du 9 décembre a pu avoir lieu
normalement.
Antonio Picamills dirigera désormais les carrières du
matador Juan Ávila et du novillero Ismael Cuevas.
. Mort de Marino Gómez Escobar
Président de l’association des abonnés de arènes de Madrid
Abovent, Marino Gómez Escobar est décédé le 4
décembre, foudroyé par un infarctus. Il avait 66 ans.
C’était un homme sympathique et dynamique.
. Istres, dates et ganaderias
Les arènes d’Istres ont déjà fixé leurs dates et les
ganaderias pour la temporada 2008.
La feria aura lieu du 20 au 22 juin.
Le 20 juin, en nocturne, corrida portugaise avec des toros
de Fano. Le 21 juin, le matin, novillada non piquée de
Colombeau. L’après-midi, corrida de Cruz Madruga. Le 22
juin, à 11 heures, novillada piquée de Hoyo de la Gitana.
L’après-midi, corrida d’Escolar Gil.
Le dimanche 3 août, novillada des fêtes avec du bétail de
Piedras Rojas (Patrick Laugier). En octobre, festival taurin.
. Dates de Saint-Martin-de-Crau
La feria de Saint-Martin-de-Crau est prévue le 12 et le 13
avril 2008 dans les nouvelles arènes, en cours de
construction.
. Dates de Séville
Après la corrida du dimanche de Pâques, qui aura lieu le
23 mars, la feria de Séville se déroulera du 30 mars au
13 avril, les “farolillos” étant fixés du 7 au 13 avril.
Victorino Martín devrait faire combattre ses toros le jeudi 3
avril.
SEMANA GRANDE
N° 558 - LUNDI 10 DÉCEMBRE 2007
www.semana-grande.com
Édité par la Société Semana Grande au capital de 304,90 €.
Directeur et rédacteur : Marc LAVIE • AVIS AUX ORGANISATEURS : aucune personne ne peut se réclamer du journal sans l’accord explicite et préalable du directeur de la
publication. Impression : S.A.I. (Biarritz)
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Aucun service d’abonnement n’est pris par téléphone
. Autres transferts
Le matador Antón Cortés a rompu avec José Félix
González, qui dirigeait sa carrière cette année.
Le ganadero Francisco Medina, qui créa la ganadería d’El
Ventorrillo, devient apoderado pour le jeune novillero
madrilène Pablo Lechuga.
Le novillero de la Mancha Fernando Tendero sera dirigé par
Francisco Romero Leal.
. Pepe Luis Segura se repose
Après avoir dirigé Jesulín de Ubrique jusqu’à la fin de sa
carrière, Pepe Luis Segura prend une année sabbatique et,
malgré les nombreuses propositions qu’il a reçues, il ne
devrait pas diriger de toreros en 2008.
. Colmenar en concours
Les arènes de Colmenar Viejo sont l’objet cet hiver d’un
appel d’offres pour leur direction.
. Soutien au comité de la feria
d’Arles
On attend le 18 décembre pour connaître le délibéré du
procès du président du comité de la feria d’Arles, Serge
Louis, poursuivi après la mort d’un spectateur lors d’une
“bandido” durant la feria arlésienne de 2005. Lors du
procès en appel soutenu le 17 octobre dernier devant le
Tribunal correctionnel de Tarascon, l’avocat général avait
requis non lieu et relaxe. De nombreuses personnalités,
élus et aficionados, étaient venues entourer Serge Louis à
l’appel de son comité de soutien.
. Les “repentirs” de Renaud
N’hésitant pas à arborer aujourd’hui des tee-shirts pour la
libération de Betancourt après avoir revêtu ceux à l’effigie
de Guevara, Renaud, aux idées affichées de gauche mais
au fisc en exil, n’en est pas à une reconversion près. Le 5
décembre, dans l’émission de Ruquier, le chanteur
désintoxiqué a déclaré qu’il était “pour l’interdiction aux
mineurs des antidépresseurs, des cigarettes et de cette
barbarie qu’est la corrida”.
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Le nerf de la guerre
. Une proposition des députés
communistes
Trois députés communistes de la région parisienne ont
déposé une proposition de loi à l’assemblée nationale
visant à “interdire l’accès aux arènes ou tout autre lieu où
est organisée une course de taureaux comportant la mise à
mort d’au moins un animal aux mineurs de quinze ans. Est
puni des peines prévues au présent article, le fait, pour le
gestionnaire du lieu où se déroule la course de taureaux et
pour son organisateur, d’enfreindre cette interdiction.”
Parmi les trois députés de cet ingénieux projet visant à
redresser la hauteur morale de la jeunesse, figure JeanPierre Brard, député communiste de Seine Saint-Denis.
Comme le suggère avec justesse André Viard dans Terres
Taurines”, “n’a-t-il donc pas assez à faire avec la jeunesse
de ses quartiers qu’il veuille aussi éduquer la nôtre ?”.
. Un vol direct pour Séville
Une nouvelle qui intéressera nombre d’aficionados du SudEst : la compagnie Eurociel propose un vol direct NîmesSéville. Renseignements au 04.67.65.01.01 ou sur leur
site : www.eurociel.net
LA FERIA
DE QUITO
•TROPHÉE “JESÚS
DEL GRAN PODER”
POUR DIEGO RIVAS
. Loto du club taurin Marc Serrano
•DEUX OREILLES
ET TROIS AVIS
POUR CASTELLA
Le loto annuel du club taurin Marc Serrano aura lieu le
dimanche 16 décembre à 15 h au-dessus de la grande
Bourse (4 bis boulevard des arènes à Nîmes).
•BEAUX ADIEUX
DE RINCÓN
. Le site actualisé
Après quelques problèmes en ligne, notre site internet est à
nouveau actualisé et remis à neuf. Vous trouverez le
sommaire de chaque numéro de Semana Grande à
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RUI FERNANDES
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558
L’UVTF
À BAYONNE
. Les premières ébauches des ferias de 2008, le déficit important annoncé par les
arènes de Bayonne pour l’année écoulée, ou encore les déclarations des divers
responsables de la feria de Mont-de-Marsan alimentent les tertulias de l’hiver taurin
français. Ici et là, on accuse les toreros vedettes d’avoir trop d’exigences et de demander
trop d’argent. Mais est-ce vraiment la raison de la crise ?
. À Bayonne, on dit que Castella a été le torero le mieux payé de la temporada.
Mais il a assuré aussi les deux seuls “pleins” de l’année, hormis la corrida à cheval, qui
constitue un spectacle différent destiné à un public également différent. Le gros problème
de Bayonne est de ne pas avoir de feria. Sur cinq jours suivis, avec un quasi plein assuré
par les abonnements, une feria gagne avec un ou deux cartels pauvres ce qu’elle peine
à équilibrer avec les vedettes. Un mauvais choix de date, une ou deux corridas de trop et
quelques erreurs de communication auront fait basculer les comptes bayonnais dans le
rouge. Mais là comme ailleurs, ce n’est pas en se dispensant des vedettes qu’on va faire
revenir le public. Comme le disait le père Dangou à notre photographe Bernard, encore
enfant, avec Ordóñez, Camino et Viti, “j’ai un cartel qui me coûte cher mais je suis
tranquille pour la taquilla... Mais dimanche prochain, avec Tinín et El Pireo, alors là mon
petit, je me fais vraiment du souci !”
. Sont-ils vraiment les plus chers ? Aussi paradoxal que cela puisse paraître, l’un
des toreros les moins chers de la temporada 2007 a été José Tomás. Il a pourtant été le
mieux payé, le plus exigeant, le pire de capricieux... mais son seul nom a suffit à afficher
le “no hay billetes” à chacun de ses passages. S’il a fait fortune sans combler d’or ceux
qui l’engageaient, il ne leur aura pas fait perdre d’argent. Surtout aussi mal accompagné
qu’il était dans la plupart des cartels...
. Ceux qu’on ne voit jamais. Qu’on le croit solide ou éphémère, fragile ou
inconstant, Talavante a été le principal triomphateur à Madrid et à Séville en début de
saison. Je ne me suis pas gêné pour écrire dans ces colonnes les réserves que je faisais à
son égard. Mais sauf à Nîmes, où Casas est l’un des derniers à programmer ce qui lui
plaît, on ne l’aura pas vu en France. Attendons son déclin... On me dit que Cayetano est
un torero glamour, un produit de marque, rien de profond... Peut-être. Je ne souhaite pas
le voir dix fois. Mais une, ce serait trop demander ? Au moins une fois en France, ne
serait-ce que pour se faire une certaine idée ? J’arrête là la liste, on va croire que je
postule à quelque chose en cette période de diverses campagnes...
. Le nerf de la guerre. Dans les coulisses, cela demeure le cachet des vedettes.
Castella maintient ses prétentions de 2007 et on sait déjà que ça coince sérieusement pour
son engagement lors de la prochaine feria de Pâques à Arles, dont il a été pourtant le
triomphateur numérique au printemps dernier. À moins d’un retournement spectaculaire
de dernière minute, Castella ne devrait pas faire le paseo sur les bords du Rhône en mars
prochain. Il faut préciser également que si Sébastien était l’attraction majeure du début de
saison 2007, d’autres noms rivalisent aujourd’hui auprès du grand public, parmi lesquels
son principal rival français, Juan Bautista, qui a gravi tout un escalier en quelques mois.
Le tableau actuel des toreros offre de nombreuses possibilités de combinaisons attractives.
Derrière les solides valeurs que sont José Tomás, Enrique Ponce, El Juli, sans oublier
l’imprévisible Morante ou El Cid, il y a les Perera, Talavante, Manzanares, Adame, etc.
Beaucoup de noms interchangeables. Pas mal de cartels de luxe à servir. Chers ? Peutêtre. Rentables ? Sans doute. Pas pire, en tous cas, que les corridas modestes n’attirant
pas plus de trois mille personnes. À perdre de l’argent, autant le faire en s’amusant.
Marc LAVIE
(Film Noirfilm)
RESEÑA des TOROS. 1. “Correcuerda”, n° 206, negro bragado, 442
kg (né en décembre 03). 2. “Torero”, n° 246, negro, 427 kg (né
en mai 04). 3. “Pajarero”, n° 181, colorado, 427 kg (né en janvier
04). 4. “Nene”, n° 217, burraco, 465 kg (né en mai 04). 5. “Barbaverde”, n° 225, castaño, 400 kg (né en mai 04). 6. “Ventero”,
n° 191, negro bragado, 498 kg (né en février 04).
. Mexico
. Dimanche 2 DÉCEMBRE. Plaza Mexico. Temps ensoleillé. Faible entrée. Toros mexicains de Rancho Seco,
correctement présentés, encastés et âpres, pour le rejoneador Rui FERNANDES, en veste ivoire brodée d’or
(une oreille et ovation) Antonio BARRERA, lilas et or
souligné de noir (silence et division) Leopoldo CASASOLA, vermillon et or (une oreille et ovation).
Président : Roberto Andrade. Casasola remplaçait Israel
Tellez. Le rejoneador portugais Rui Fernandes se présentait à Mexico. Il a dédié le 4e à Monica Serrano.
Le premier toro, du rejoneador, sauta dans le callejón.
Casasola a dédié le 6e à Sergio Hernández, ganadero
de Rancho Seco. L’un des articles du règlement mexicain, selon lequel le cartel aurait dû intégrer un rejoneador mexicain, a été violé et l’empresa soumise à
une sanction.
PORTA GAIOLA À CHEVAL...
En recevant le quatrième toro à la porte du toril et
en clouant le premier rejón sur un simple écart, le
blond rejoneador Rui Fernandes a dressé le public
de la Plaza Mexico. Il avait été très brillant face au
premier, dont il avait coupé une juste oreille après
une mort rapide.
L’autre triomphateur de la journée fut Leopoldo
Casasola, le torero mexicain de Texcoco, qui surmonta une dure épreuve, tirant une faena vibrante
d’un toro difficile qui le prit sans mal à trois reprises,
lui déchirant le pantalon en lui ôtant d’entrée la
cape des mains, puis en fin de faena et lors de l’estocade. Cette lutte pathétique de Casasola gagna le
coeur de l’afición de la capitale et un cartilage prima
son effort. Il fut encore courageux face au dernier,
qu’il tomba d’une épée horizontale.
Antonio Barrera reçut son premier par une larga à
genoux mais ne parvint pas à transmettre sur les
vingt bonnes charges que possédait le pensionnaire
de Rancho Seco. Il ne put convaincre davantage au
cinquième, sérieux et encasté, subissant un échec
avec l’épée du descabello.
RESEÑA des TOROS. 1. (rejones) “Banquero”, n° 954, cárdeno oscuro,
505 kg (né en juillet 03). 2. “Tapatío”, n° 169, 471 kg (né en septembre 02). 3. “Pintor”, cárdeno, 478 kg (né en
octobre
03). 4.
Ruiz
Miguel
(rejones) “Huerfanito”, n° 185, 543 kg. 5. “Melocotón”, n° 275,
colorado ojinegro, 495 kg (né en décembre 03). 6. “Copetito”, n°
174, 515 kg (né en décembre 03).
. Lima (Pérou)
. Dimanche 2 DÉCEMBRE. Plaza de Acho. Quatrième
et dernière corrida de la feria du Christ aux Miracles.
2/3 entrée. 5 toros de Teófilo Gómez et 1 de Fernando de la Mora (1er) pour Freddy VILLAFUERTE (sifflets et un avis avec bronca) Miguel Angel PERERA
(silence et tour de piste) Sebastián PALOMO (un avis
avec silence et ovation).
Perera, qui remplaçait El Juli, a perdu avec l’épée les
bénéfices d’une grande faena au cinquième.
. Guayaquil (Équateur)
Trois moments de la blessure de Jesulín.
2
. Dimanche 9 DÉCEMBRE. 1/2 entrée. 2 toros de
Puchalitola pour le rejoneador Guillermo JARRÍN (silence
et une oreille). 2 toros de San Luis (1er et 2e) et
1948 : LES OMBRES
DE MANOLETE
24 corridas intégrales ont eu lieu pendant les six mois d’une
temporada française 1948 ouverte le 25 avril à Arles et terminée le 24 octobre à Nîmes. Seulement trois novilladas avec
picadors ont eu lieu à Éauze, Alès et Soustons.
Le matador le plus sollicité est Agustín Parra “Parrita”, avec
9 contrats. Il devance Antonio Bienvenida (6), Pepín Martín
Vázquez (5), Julián Marín, Antonio Caro et Paquito Muñoz
(4). Parmi les débuts en France, on note ceux de Luis Miguel
Dominguín (le 31 août à Dax), Manolo González (le 14 juillet
à Bordeaux), Paquito Muñoz (le 20 juin à Nîmes) et Isidro
Marín (le 25 juillet à Soustons).
Parrita à Nîmes.
Manolete a été tué l’été précédent. Son ombre plane sur la
temporada 1948. Les Sévillans, en avril, croient décelé en
Frasquito une réincarnation du “monstruo”. Frasquito ne paraîtra qu’une seule fois en France, en 1949 à Bordeaux, et ne
sera qu’un feu de paille. Celui qu’on surnomme “l’ombre de
Manolete” est Parrita, qui a calqué son style vertical sur celui
du Cordouan, même si ses capacités de muletero n’arrivent
pas à la cheville de Manuel Rodríguez. Il est notamment le
grand triomphateur des fêtes de la Madeleine à Mont-de-Marsan, où débute en France Pepe Luis Vázquez. Parrita torée les
deux corridas organisées au Plumaçon. Après son triomphe du
dimanche, obtenant les oreilles et la queue d’un Buendía, il
est engagé le surlendemain pour remplacer Luis Miguel, indisponible, et coupe à nouveau une queue. Pour la corrida du 21
juillet à Mont-de-Marsan, Robert Soldevilla fait ses débuts d’alguacil : il reste, soixante ans plus tard, à ce poste, avec une
indéniable personnalité. Parrita coupe également quatre oreilles
et deux queues le 16 mai à Nîmes, devant des toros de Moura
ne donna pas plus de 207 kilos de viande en moyenne... ce
qui correspond aujourd’hui à peine au “trapío” d’une novillada non piquée.
Ce n’est seulement que le 31 août à Dax apparaît pour la première fois en France le vrai successeur de Manolete, Luis Miguel
Dominguín. Vêtu d’ivoire et or, il fait le paséo entre Pepe Luis
Vázquez et Agustín Parra “Parrita” pour combattre des toros
de Domingo Ortega.
Huit corridas sur les vingt-quatre célébrées sont agrémentées
par la prestation d’un (ou d’une) rejoneador (a). Si Conchita
Cintrón reste la vedette incontestée de la tauromachie à cheval, se présentant notamment à Nîmes, Béziers et Vic-Fezensac, deux cavaliers espagnols se présentent dans notre pays :
le duc de Pinohermoso (à Bayonne) et surtout Álvaro Domecq
y Díez, fils d’éleveur andalou et lui-même ganadero à Jerez,
qui torée à Bordeaux (le 13 juin) puis à Arles (le 19 septembre).
Conchita reste l’attraction majeure
et son seul nom a le pouvoir de
remplir les arènes. Le critique bordelais Don Severo n’hésite pas à
la comparer à Belmonte.
Álvaro Domecq, comme tous les
membres de sa dynastie, est
issue d’une vieille famille française. Les Domecq sont, en effet,
originaires de Sauveterre en
Béarn. Plus exactement d’Usquain, dans les Pyrénées Atlantiques, où ils possèdent encore
quatre propriétés. Peu après la
révolution française, Pedro
Domecq Lembeye s’associe avec
un certain Haurie pour faire du
cognac en Espagne. Ils sont ruinés par les guerres napoléoniennes, mais Domecq garde
Jerez sa bodega à Jerez. Il y
envoie son fils, Pedro Pascual
Domecq Loustau, qui s’installe
définitivement en Andalousie. Il
aura cinq filles et un fils : Juan
Pedro Domecq y Núñez de Villavicencio, lequel achètera le
célèbre élevage du duc de Veragua en 1929.
L’art de Pepín Martín Vázquez, Álvaro Domecq à Bordeaux.
dont la brillante carrière sera fauchée par une grave blessure à Valdepeñas, illumine les jour- Le 6 juin a lieu aux arènes d’Alès une novillada avec picadors
nées du 17 mai à Vic et du 4 juillet à Arles, où sa deuxième - échappant à toutes les statistiques de l’époque - à l’occasion
faena, face à un toro portugais d’Emilio Infante da Camara, du congrès mondial de la soie. Dans des arènes combles, Chato
est un modèle.
de Movera - qui a renoncé à l’alternative avant de voir sa carLe 26 septembre à Nîmes, c’est le matador portugais Manolo rière freinée par une blessure à Montargis - Niño de la Estrella
Dos Santos qui laisse une forte impression par des séries de et Jaime Torres affrontent des novillos de la ganadería frannaturelles citées de face devant le dernier exemplaire d’Ata- çaise du Tenque. Le jeune rejoneador Lescot travaille les novilnasio Fernández. “On y applaudit à la fois le classicisme, la los de Jaime Torres. Le spectacle se termine par un grand chatechnique, le courage serein, réfléchi, et la sincérité la plus hut.
absolue” écrira Artillero dans Midi Libre.
Le 26 juillet sont inaugurées les arènes de Soustons par une
Le 12 septembre est présenté à Bordeaux le fameux cartel novillada avec du bétail de Martínez Elizondo pour A. Flores,
des trois gitans : Cagancho, Gitanillo de Triana et Albaícin, qui Isidro Marín et Curro Relámpago. Le 15 août, c’est au tour de
avaient été les acteurs d’une corrida en mai aux arènes madri- Nogaro (Gers), haut lieu de la course landaise, de célébrer
lènes de Vista Alegre. Au Bouscat, face à des toros peu braves une novillada sans picadors avec des novillos de Berthet pour
de Muriel, les artistes ne sont guère inspirés et seul Cagancho
le rejoneador Charles Fidani et les novilleros Paco Roldán et
est à créditer d’un effort face au quatrième.
Manolo Ortiz.
Le même jour, 12 septembre, lors d’un festival à Bayonne,
Le 7 août en nocturne dans les arènes d’Arles, le jeune protorée le grand torero mexicain Rodolfo Gaona. Il alterne avec
dige Carlos Corpas porte pour la première fois le costume de
d’autres glorieuses figures : Antonio Márquez, Carlos Arruza,
lumières. Avec son frère Paco, les deux Corpas vont être les
Rafaelillo et El Vito. Ce festival devait avoir lieu à Madrid mais
protagonistes de nombreuses novilladas économiques où leur
n’a pû y être célébré à cause du conflit hispano-mexicain.
fraîcheur et leur créativité d’enfants toreros enchantera le public.
Gaona, sexagénaire, pose même une paire de banderilles.
Leur carrière chez les seniors ne sera pas à la hauteur des espéEn parlant de festival, un autre a lieu au profit des prisonniers
rances suscitées par leur époque de gamins.
de guerre le 8 août à Saint-Vincent-de-Tyrosse avec des novillos de Lamamié de Clairac pour Carlos Arruza, Morenito de Notons, au chapitre exotique, la tenue de deux courses les 10
Talavera, Curro Caro, Rafael Ponce “Rafaelillo” et Niño de la et 11 juillet en Bretagne, à Guingamp, dans des arènes dites
Estrella. Le grand triomphe est pour Arruza qui, par amitié pour “de la Tour d’Auvergne”, organisées par Etienne Pouly, avec
Dangou, accepte de toréer ce festival et tue deux novillos pour le rejoneador Charles Fidani, Jaime Blanch (en simulacre) et
remplacer Canitas. Il se montre éblouissant face au dernier et le matador Paco Bernal (en mise à mort), ce dernier ayant
renoncé à l’alternative prise à Nîmes en 1945 avant de s’emcoupe les oreilles et la queue.
Le 30 mai a lieu à Éauze la première novillada répertoriée barquer pour le Venezuela.
M.L.
dans cette ville avec Sergio del Castillo, Vicente Fauro et Chaves
(à suivre)
Flores face à du bétail de Lescot.
7
Bulletin à découper et à envoyer avant le 21 décembre 2007 à : SEMANA GRANDE – B.P. 519 – 64010 PAU CEDEX
. Dimanche 9 DÉCEMBRE. Corrida sans picadors ni
mise à mort. Arènes couvertes. 1/4 entrée. Novillos
de La Dehesilla (propriété de José Luis Pereda), faibles
et nobles, pour JESULÍN de UBRIQUE, mandarine et
argent (ovation, tour de piste et blessure) PEDRITO de
PORTUGAL, vert buvard et or (tour de piste, tour de
piste et tour de piste).
Mano a mano sans sobresaliente. Président : Antonio
Berrocal Rodríguez.
Jesulín de Ubrique fut pris en toréant le 5e, souffrant
d’un coup de corne au creux poplité gauche et une
lésion et à la main gauche nécessitant des examens
radiologiques. Il fut soigné à l’infirmerie par le docteur
Gomes Estevez avant d’être évacué en ambulance vers
l’hôpital.
La corrida était accompagnée musicalement par la guitarre flamenca de Francisco Morales “El Pulga” et par
un chanteur, alternant avec les paso-dobles classiques
de l’orchestre (Banda 14 de Janeiro).
Corrida télévisée par Castilla-La Mancha TV.
DOULOUREUX ADIEU DE JESULÍN.
Paradoxe des carrières : Jesulín toréait pour la dernière fois en habit de lumières. Est-ce que les historiens futurs retiendront cette corrida comme sa
dernière ? Ce fut un spectacle à la mode portugaise,
sans mise à mort ni picadors. Les toros, qui étaient
des novillos, étaient règlementairement épointés. Et
ce dernier rendez-vous confina à l’intimité, car ce
Jesulín qui a attiré tant de foules dans sa période
prospère toréa cette dernière corrida devant des
gradins aux trois quarts vides.
Comme on le dit souvent, si les toros ne meurent pas
au Portugal, les toreros peuvent, eux, y mourir. Ce
fut le cas de Carnicerito de México, ce torero mexicain installé en Europe qui affronta tous les aurochs
de son époque et qui tomba au cours de ce genre de
spectacle. Pour Jesulín, il y eut plus de peur que de
mal, mais il quitta par la piste sur une civière, puis
dans l’ambulance des “bombeiros voluntarios”.
Le théâtre de ce douloureux adieu était les modernes
arènes d’Elvas, appelées Coliseu José Rondão de
Almeida, inaugurées en octobre 2006. Des arènes
de 4 500 places, avec un toit amovible analogue à
celui de Saint-Sébastien ou Logroño. Des arènes
confortables, avec des sièges individuels, abritant
de nombreux spectacles autres que les courses de
taureaux.
Mais dans cette atmosphère hivernale, il y eut pourtant quelques moments de dégustation, lorsque la
muleta de Jesulín ou de Pedrito inspira les artistes
et le flamenco, devant les toros faibles et suaves de
José Luis Pereda. Ce fut le cas au deuxième toro,
auquel Pedrito, dans son style de porcelaine qui
anima les novilladas de 1993, dessina deux séries
droitières lentes, basses, d’une extrême douceur. Ce
fut le cas au troisième, un bon toro roux auquel
Jesulín récita, dans un style magistral, le numéro
EN AMÉRIQUE
Meilleure ganadería :...................................................................................................................................................................................................................
. Elvas
d’immobilité qui a fait sa gloire, enchaînant les
passes, par gestes lents et posés, sur un petit mètre
carré. On en oublia pendant quelques instants ce
soleil noir de la mélancolie qui baignait les arènes
hivernales d’Elvas.
Le cinquième, qui devait être le dernier toro de sa
carrière, fut aussi faible que les autres. Et c’est un
autre sujet de réflexion : les toros non piqués tombent aussi. Ou même tombent davantage. On y
reviendra. Ce toro noble mais court, freinant par
manque de force et non par vice, mit en difficultés
le banderillero Lebrija. Jesulín tenta peu à peu, en
distance et en rythme, de s’accorder sans parvenir
à canaliser la charge du Pereda. Et sur une tentative de naturelle, en quittant sa position, il fut accroché et soulevé par la corne logée dans le creux
poplité du genou gauche du torero. En le jetant au
sol, elle fit tourner le genou, et donna l’impression
d’une entorse. Jesulín, au sol, hurla sa douleur. Il
ne releva pas. Une civière l’amena à l’infirmerie,
puis dans l’ambulance quelques minutes après. C’est
ainsi que se terminait la carrière d’un torero qui,
jadis, fit courir les foules. Dans une sombre nuit
portugaise, un soir d’hiver.
Meilleur rejoneador : ...................................................................................................................................................................................................................
AU PORTUGAL
LES CORRIDAS DE L’APRÈS-GUERRE
Meilleur matador de toros : .........................................................................................................................................................................................................
SEMANA PASADA
TROPHÉES “SEMANA GRANDE” 2007 en France
Semana 558 volet 10/12/07 10:24 Page 2