Sicile
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Sicile
SICILIA, à la botte de l’Italie Je connaissais une partie du Nord de l’Italie : - oct. 2005 : Milan /Vérone/ Venise + Bologne, en solo, 12 jours en voiture - juil 2007 : les CinqueTerre en camping 6 jours... Séduite par la gentillesse sincère des gens, la Moda Italianna & la bonne cuisine, cet hiver j’ai eu envie de découvrir le sud… -Noël 2010 : la Sicile... L’arrière saison m’a permis d’éviter la horde de touristes et l’étouffante chaleur de l’été, mais j’avoue qu’après un 1er aperçu, j’aurais plaisir à y retourner d’ici quelques années au printemps ou en tout début d’été, de nombreux sites gagnant à être vus à la belle saison, plus animés… Trapani la cité du sel, Erice cité médiévale perchée au nord Ouest, Caltagirone ville de la faïence et son escalier mythique illuminé chaque fin juillet, ainsi que les îles Eoliennes & leurs volcans m’attirent.. HISTOIRE & POLITIQUE J’ai choisi ce titre provocateur, car l'île pourrait bien être sous domination économique de leur « mama », le continent Italien… Comme beaucoup d'îles méditerranéennes, la Sicile a été envahie et colonisée déjà avant JC, par les grecs (nombreux temples et théâtres) ainsi que par les Romains, Byzantins, au IX par les Arabes et au XII ème siècle par les Normands, qui laissèrent derrière eux aussi des vestiges : églises, types de cultures, etc… 10 jours n’est rien comparé aux 3 ans où j’ai vécu sur l'île de Beauté, mais il m’a semblé reconnaître les stigmates de la Corse : à la « morte-saison » toute vie s’arrête, les habitants manquent cruellement de travail et d’occupations (surtout les jeunes : le long des voies ferrées, ils s’occupent à lancer des cailloux sur les trains, début de délinquance et surtout l’ennui…) Tant de Siciliens ont dû immigrer, quittant leur île contraints et forcés, cercle censé être protecteur mais hélas limitant…Le fait que la majeure partie des jeunes partent travailler ailleurs, empêche le développement d’activités sur place, une île « désertée » comme la Corse… Au moins, la Sicile a un riche patrimoine culturel et historique : elle est presque victime du succès des vieilles pierres, partout le sol laisse découvrir des chantiers, qui doivent nécessiter d’énormes dépenses pour déterrer et entretenir les sites… Il y a dans le mot « déserter » une souffrance, comme s’échapper d’une prison, alors les Siciliens auraient-ils sur leurs épaules le poids de leur attachement, des scrupules à avoir « abandonné » leur famille et la patrie natale ? Sur place je n’ai pas abordé le sujet de la mafia ni sur la politique interne, mais des connaissances d’ITER d’origine italienne, se sont montrés choqués par le comportement de leur ministre, s’affichant ouvertement dans la press-people, alors qu’on attend d’un gouvernant de s’affairer aux choses sérieuses… No comment. EMBLEME SICILIEN La Sicile est la plus grande île méditerranéenne, de 25 000 km2 Ses 3 pointes, les 3 façades maritimes et 3 chaînes de montagne sont représentées par le symbole des 3 jambes repliées. LE DEPART & L’ARRIVEE Le 22 décembre, partant en avion de Marseille je n’ai pas subi les problèmes d’aéroport comme les Parisiens ou Londoniens à la période des grandes Neiges… j’ai atterri à Palermo, après 2h de vol (par Ryanair, tarif 170€). Bien qu’arrivée de nuit, j’ai pressenti que le lieu où je me réveillerai, m’émerveillerait.. Je ne m’étais pas trompée : en ouvrant les volets, la vue sur la montagne et la baie de Sferracavallo. Peint par Tonino Un coin de Paradis à peine à 45mn de Palermo !(ou 2h de bus/train selon le traffic) dans un endroit nommé miraculeusement « l’ile de la Féminité » ( isola di Femmine)…tout un programme ! Par 22 degré le 1er jour, je n’ai pas résisté : chaussures de randonnée aux pieds, j’ai loué un vélo et me suis aventurée du joli port de pêche jusqu’au « Bout du Coq » (Capo Gallo) réserve de plongée et chemins escarpés (altitude 600 mètres maxi), avec criques & végétation luxuriante : cactus, aloés, palmiers, plantes méditerranéennes,… A l’auberge de Baia di Corallo (« baie de corail ») l’été on peut aussi partir en canoë. Tonino le sympathique réceptionniste propose d’emmener les clients sur un bateau, pour des rand-« eau » nnées subaquatiques… je n’ai pas testé, mais il m’a parlé de coins merveilleux qui m’ont donné … l’eau à la bouche ! D’autres îles sont réputées : Ustica 2h au nord de Palermo, les îles Eoliennes entourées de récifs aux fonds sublimes. Bref, à parcourir donc pour moi, un de ces jours… HEBERGEMENT : J’avais réservé au préalable mes auberges de jeunesse (budget entre 13 & 20€ en dortoir mais certaines proposent des chambre double (camera matrimoniale) à 50€ la nuit : je tiens ma liste à votre disposition, car souvent situées en plein centre ville, ou près de la gare, donc bien pratiques : on peut y cuisiner, faire sa lessive et les réceptionnistes sont fort sympas, conseillant pour découvrir chaque ville ; c’est l’ancienne de l’hôtellerie qui vous parle, les auberges de jeunesse n’ont pas le chic des hôtels, mais elles donnent un coup de …jeunes, permettant des échanges sympas entre routards, et surtout la décontraction !) TRANSPORT & RENCONTRES : Comme la plupart de mes voyages, j’ai opté pour l’itinérance, changeant de lieux tous les 2 jours, en utilisant bus & trains… J’ai passé beaucoup de temps à vérifier les horaires, attendre les transports, à cause des fêtes et jours fériés il y en avait moins fréquemment… Mais après discussion avec 2 françaises qui avaient loué une voiture et galéré malgré un GPS pour trouver leur route, et au vu du traffic dans Palermo, incro-ya-ble-ment dangereux…tout ceci m’a fait comprendre que les moyens de transport étaient judicieux : me permettant de me reposer à regarder les paysages, et aussi une merveilleuse occasion de croiser des gens différents tout au long de mon parcours, italiens ou autres, parfois un échange furtif sur un quai de gare (une jeune indienne travaillant à domicile mais dans des conditions d’esclave moderne, ou discussions avec des gens logés à l’auberge : Mel & Simon Londoniens en vacances, et Cécilia aussi Anglaise (nom prédestiné !) venue y travailler et avec qui j’ai beaucoup échangé… Sur un quai de gare, rencontre avec un octogènaire Sicilien rigolo et attendrissant, qui avait vécu 20 ans en Bavière (à Donauworth, ça ne s’invente pas ! principal site d’ Eurocopter… il avait travaillé dans une usine différente…), avec lequel j’ai pu donc parler l’Allemand et philosopher, lui me donnant des conseils avisés de vieux monsieur respectueux à la jeune femme qu’il voulait comme « protéger des aléas de la vie »… on s’est quittés avec émotion par de grandes embrassades. Le côté extravagant, ostentatoire des italiens du Sud est touchant...Ça fait partie de leur personnalité, ils parlent fort , peu discrets (ça peut choquer) mais souvent ils sont spontanés et bons-vivants… J'ai aussi sympathisé avec 2 chefs de gare adorables, Achille et Mario, qui m’ont invitée à partager leur « panetone » (brioche de la période de Noel) et un peu de vin blanc… La barrière du train - pardon de la langue ( !) - ne nous a pas empêché de bien rire ensemble!! Ce qui m’évoque ici quelques vers d’un poëme écrit en 1993, avant mon départ d’Alsace pour le Québec : « comme un coquillage voyage au gré des marées, je m’attache et me détache (…) j’emporte et je laisse à la fois, un peu des autres, un peu de moi… ».. C’était la séquence Emotion de Mlle Culot !! Sans ces rencontres fugaces ou échanges plus profonds, mon voyage n’était rien (niente) ce sont les relations humaines tissées qui font le monde…ou le défont. LANGUES & TRADITION LOCALE Je ne parle pas l’italien (bien qu’en Corse, il y en avait beaucoup) mais ma connaissance de l’Espagnol m’aidant + le Français de racine latine, je me suis débrouillée et ai compris des bribes de conversations, surtout qu’en voyage on utilise toujours les mêmes mots… PETIT LEXIQUE : prego : s’il vous plait Grazie mile : merci beaucoup biglietti : billet aqua calda /freda : eau chaude /froide Signore Autista, espeta: Monsieur le chauffeur, attendez… Attention au faux-ami tel fermata signifiant «arrêt de bus» alors que je pensais que c’était «fermé» ! J’ai réussi à suivre un spectacle de « Pupi » durant plus d’1heure ½ (je m'épate moi-même) pour m’imprégner d’une des plus anciennes traditions Siciliennes... Le théâtre de Guignol à Lyon n’a qu’à bien se tenir ! Les marionnettes Siciliennes s’inspirent d’histoires chevaleresques du Moyen-Age, naissance du romantisme, avec preux chevaliers livrant batailles à l’épée pour délivrer de gentesdemoiselles… Dans les campagnes on ne savait pas lire, aussi le théâtre itinérant présentaient l’histoire sur de grands panneaux, genre bandesdessinées (comme un feuilleton, pour présenter l’évolution de l’intrigue) et les représentations pouvaient durer des semaines voire des mois, en maintenant les spectateurs en haleine… Les séries Américaines à rebondissement et suivies quotidiennement à la télé, n’ont rien inventé !! GASTRONOMIE : Le poisson y est très présent, les principales villes étant situées au bord de mer : sardines, espadon, anguilles…j’en oublie une quantité. La culture des agrumes y est importante (citrons, cédrat E-NOR-MES et oranges délicieuses) sur les marchés, on trouve Figues de barbarie et légumes variés comme les artichauds et le broccoli de toutes les couleurs et tailles ! L’aubergine se mange sous toutes ses formes : frite en beignets, marinée dans l’huile, dans les sauces des pâtes.. Les Antipastis (entrées froides) sont composées de tomates séchées, champignons marinés, (fungine), et petits légumes à l’huile, d’aubergines ou poivrons grillées… Vraiment typique de la Sicile, ce sont des boulettes de riz fourrées d’une sauce tomates (Arancine ) … Les glaces sont délicieuses, ne pas manquer surtout celle à la pistache (production et récolte originaire au village de BRONTE, autour de l’Etna). Pour les vins, j’ai testé un muscat de Siracuse, et du vin de l’Etna.. et bien sûr le «Limoncello» liqueur de citron à boire bien glacée ! A déguster aussi les fromages ; comme le «scamorza » en forme de poire un peu fumé qu’on fait fondre dans la cuisine.. Plat traditionnel : les pastas aux sardines (sarde). Sans oublier les pizzas… Usage à connaitre : les restaurants facturent les couverts : verre, serviette, couverts et pain, en supplément sur votre note, ne soyez pas surpris..(souvent 2€ par pers) TOUR DE SICILE EN 10 JOURS (cependant 2 à 3 semaines serait plus profitable pour envisager de découvrir l’île dans son entier) 1ère Etape : PALERMO La circulation dans la capitale est un véritable spectacle : impressionnant ! Les siciliens ne respectent pas vraiment les feus rouges, et s’emballent vite au volant, klaxonnant pour circuler ; le policier au carrefour qui tente de mettre de l’ordre dans cette cacophonie /capharnaüm, a bien du mérite… Pour fuir le bruit et la ville grouillante, j’ai trouvé refuge dans le havre de paix d'un cloitre arabo-byzantin, me suis perdue volontairement dans le dédale de quartiers populaires dans les marchés et ruelles étriquées (sûrement pour se protéger de la chaleur de l’été, les immeubles sont construits de telle façon à ne pas laisser le soleil descendre ni illuminer les passages) au linge séchant aux fenêtres, jardins à la végétation luxuriante, artères de grands magasins.. Contrastes choquant comme dans toute grande ville, entre la richesse de l’histoire ou vitrines du présent, et la vie sombre du quotidien…. Il m’a été insupportable de voir les poubelles débordant dans Palerme, jouxtant des façades d’églises et de palais opulents .. La pauvreté flagrante côtoyant la richesse indécente. A vrai dire, le début de mon séjour ne m’a pas beaucoup plu : un choc culturel que j’ai assimilé au fur et à mesure que je découvrais le reste de l’île, et d’autres aspects qui me l’ont fait apprécier malgré cela !! Village de pêcheur de Cefalu (1h de train de Palermo) et sa cathédrale arabo-normande à flanc de falaise etape 2 : CATANIA la noire De par sa proximité avec le volcan, les bâtiments et pavements de la ville sont principalement en pierre de lave, donc noirs. L’ambiance du marché aux poissons est indescriptible, fabuleuse. L’emblême de la ville est un éléphant il m’a été expliqué –mais à vérifier- que les Romains qui l’assiégèrent, montaient ses animaux… J’ai aussi visité le musée du cinéma, situé juste à côté de la gare, dans une ancienne usine réaffectée, le Cimeterepassionnant avec la rétrospective de l’image ou dessin et son évolution, depuis la préhistoire jusqu’à nos jours… Parmi les films d’anthologie, « le clan des Siciliens » avec Delon et Gabin, et « le Guépard » Omar Sharif et encore Delon… et plus récemment (1988) « le grand Bleu » aurait été filmé sur l’île… Les réceptionnistes de l’auberge de Catane, Hugo le québécois d’origine sicilienne et Marcello le natif d’ici, m’ont été d’une grande aide pour modifier mes étapes et tout arranger avec les auberges suivantes.Je leur suis reconnaissante de leur patience et gentillesse. etape 3 : Tour du volcan ETNA en train pour un prix raisonnable (6€) et 5 heures de transport, les villages de montagne ne méritant pas vraiment l’arrêt, à part BRONTE pour ses friandises à la pistache… j’ai eu la chance d’observer le géant de 3 269 mètres, enneigé à cette période, mais rapidement pris dans le brouillard dès l’aprèsmidi… C’était le lendemain de Noël, et les familles faisaient la balade, avec qui j’ai échangé paroles et bonbons, dans la bonne humeur… etape 4 : TAORMINA la haute… et hautaine ! Pour atteindre la cité, l’autocar a pris au moins 10 virages escarpés, frisant presque le record du tour de France à l’Alpe d’Huez… Ne pas manquer le fameux théâtre grec depuis lequel la vue sur la côte et l’Etna quand il veut bien montrer le bout de son sommet…Assister à un spectacle doit être fabuleux ; absolument « bellissimo » =très beau!! Ruelles escarpées accrochées à la roche, quelques beaux palais, ainsi qu’un château et un autre village surplombant la mer, un téléphérique pour rejoindre les plages, et des boutiques de luxe…inabordables ! un certain charme avec son pavé polychrome, damier de pierres de Siracuse (blanches) et de pierre de l’Etna (lave noire)… L’hôtellerie est réputée être la plus chère d’Europe, avec des palaces aux terrasses à la vue imprenable. J’ai eu la malchance par un temps pluvieux/humide, de séjourner dans une auberge non chauffée (patronne sacrément radine !) où j’ai pu me réfugier sous 5 couvertures pour la nuit… le fait qu’en hiver les dortoirs ne soient pas pleins, a eu du bon !! On aperçoit la pointe de la botte italienne, le bout du continent en face… traversée en ferry possible pour rejoindre Naples + Pompéi ou Rome, au moins 500 km… etape 5 : SIRACUSE & ile Ortygia coup de train, et 2 h plus tard, j’arrivais dans une auberge ultra-moderne, et localisée juste à côté de la gare : on pose les bagages et on s’aventure dans des ruelles aux balcons en fer forgé, boutiques d’artisan branchés, bars sympas et pas cher indiqués par le réceptionniste Salvatore, adorable et parlant super bien le français (ouf !) ; acteur professionnel « recyclé » il a l’intention de créer son propre B&B , je lui souhaite pleine et rapide réussite dans son projet. Je l’ai invité à découvrir la Provence, j’espère un jour à mon tour le conseiller sur les bons plans de la région, ravie de lui rendre la pareille… etape 6 : AGRIGENTO vallée des temples Pour finir et rejoindre la capitale, le jour du réveillon et veille de mon retour, j’ai pris 2 autocars, en faisant une petite déviation indispensable par un site gréco-romain, vue dans de belles conditions ensoleillées… etape 7 : come-back à PALERMO ou retour à la case départ Dernière journée où j’ai savouré le calme de mon « paradis perdu » avec un bon roman, à Sferracavallo , le petit port où j’avais fait ma 1ère étape sicilienne… ****** Je suis rentrée à Aix le 1 er janvier 2011, des étoiles dans les yeux et du baume au cœur : je la croyais pauvre, mais la SICILE est riche de son peuple, avec de beaux endroits restants à découvrir… valérie plus de photos ou récits de voyage, sur mon site www.aix-plore-provence.com ( page EXPLORE EUROPE + page FRANCAIS : voyages)