La croissance d`une entreprise dépend de l`instruction de son créateur

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La croissance d`une entreprise dépend de l`instruction de son créateur
Nos conseils
Des réflexions pertinentes
La croissance
d’une entreprise
dépend de l’instruction
de son créateur
Institut Sage - Avril 2014
Vu du terrain
Institut Sage
Yvon Gattaz, vous êtes le fondateur de l’entreprise
industrielle spécialisée dans les composants
d’interconnexion Radiall, ancien président du Medef et
créateur de l’association Jeunesse et Entreprises. Quel
message souhaitez-vous transmettre à travers votre dernier
livre, La Double Révolution, paru aux éditions Eyrolles ?
Yvon Gattaz
Ancien président du MEDEF
En dévoilant les mystères de la création
d’entreprise, j’ai voulu prouver
à la jeunesse qu’il était possible
d’entreprendre en partant de rien, même
lorsque le contexte économique est
difficile. Quant aux jeunes dirigeants, à eux, je souhaite
leur transmettre cette volonté d’avancer et de grandir.
Institut Sage
Vous portez un regard très optimiste sur la création
d’entreprise. Comment se porte aujourd’hui
l’entrepreneuriat dans notre pays ?
Yvon Gattaz
Très bien. Durant 40 ans, nous avons été en queue de
peloton européen en matière de création d’entreprises.
Aujourd’hui, nous sommes les premiers de la classe. Grâce
à l’APCE (l’Agence pour la création d’entreprise) en 1996,
puis à la création du statut d’auto-entrepreneur en 2009,
nous avons franchi la barre des 400 000 créations, et nous
sommes même loin devant notre voisin allemand. Mais il en
aura fallu du temps et de l’énergie pour convaincre les
entrepreneurs en herbe à concrétiser leur projet. Cette
bataille pour la création, c’est la première de La Double
Révolution que j’explique dans le livre, oui, celle-ci, oui
nous l’avons gagnée. Enfin.
Institut Sage
Quel regard portez-vous sur la jeune génération
d’entrepreneurs ?
Yvon Gattaz
Je la trouve remarquable. Les fameux enfants rois que
Françoise Dolto a dépeint comme impatients, impulsifs,
insatisfaits et bien souvent paresseux, sont en réalité des
créatifs et des passionnés, même avec des écouteurs dans
les oreilles. Ces jeunes de la fameuses génération Y,
nés avec l’informatique, sont de vrais scientifiques.
Et c’est grâce à sa jeunesse que la France a sauté à pieds
joints dans le 21ième siècle. Avec le numérique, les
possibilités de créations se sont multipliées à l’infini.
Et l’innovation créatrice peut prendre de nombreuses
formes. Elle ne se limite pas à la seule découverte
technologique. On peut modifier un procédé de fabrication
ou améliorer un produit, un service et une application.
Institut Sage
Vous dites dans votre livre, qu’il est plus facile
d’entreprendre aujourd’hui. Les patrons ne sont pas tous
du même avis.
Yvon Gattaz
Je confirme, il est mille fois plus facile d’entreprendre
aujourd’hui. D’un point de vue administratif d’abord,
mais surtout d’un point de vue psychologique. La création
d’entreprise est devenue honorable. Lorsque mon frère
et moi, alors tout jeunes ingénieurs, avons lancé Radiall,
l’entreprise est née dans le fond d’une cour. Car à l’époque,
entreprendre était honteux, et encore plus pour un diplômé.
Institut Sage
Vous dites que si la France a gagné la bataille de la création
d’entreprises, elle a perdu celle de la croissance que vous
nommez la deuxième révolution…
Yvon Gattaz
Effectivement. Le cap que nous n’avons pas réussi à
franchir est celui de faire grandir nos PME. Alors que le
Japon compte 40% d’ETI (Entreprise de taille intermédiaire),
l’Allemagne 34% et les Etats-Unis 30%, nous
comptabilisons péniblement 5% d’ETI et 94% de PME !
Or c’est tout l’enjeu de la performance. Il faut que la France
se dote d’entreprises de croissance, capables de créer
de l’emploi et de s’imposer à l’international.
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Nos conseils
Des réflexions pertinentes
Institut Sage
Comment expliquez-vous que les entreprises n’arrivent
pas à grandir ?
Yvon Gattaz
Nous entretenons, en France, ce que j’appelle le culte
de l’ourson. Plus il est petit, plus nous le choyons.
Plus il souffre, plus nous l’adorons. C’est pourquoi, nous
le maintenons sous perfusion, via des aides en tout genre,
pour qu’il survive.
Une entreprise qui vivote grâce aux subventions, ne pourra
jamais grandir. Au mieux elle continuera à survivre, mais
sans aucun projet de développement. A l’inverse, en
Allemagne et aux Etats-Unis, on laisse mourir les
entreprises boiteuses pour ne soutenir que celles qui sont
capables de poursuivre leur croissance. Nous devons
parvenir à faire changer les mentalités. La croissance est
inévitable, car toutes les entreprises qui ne grossissent pas
finissent par mourir.
Et puis la croissance a une qualité unique, elle permet
d’effacer les erreurs, quelles que soient celles qu’un
dirigeant peut commettre, mauvais investissement, surplus
de stocks, sureffectifs ou endettement. Au delà des
mentalités, l’autre frein à la création d’ETI, est le fameux
seuil social. Il s’est créé dans notre pays les clubs des 9
et des 49, parce que le marché du travail reste encore trop
rigide. Or le passé l’a prouvé, la flexibilité crée des emplois.
La suppression de l’autorisation administrative de
licenciement, un combat que j’ai gagné, alors Président
du CNPF (ancien Medef) en 1986, a permis en dix-huit mois
de sauver 246 000 emplois et de créer 129 000 nouveaux
postes, soit un total de 375 000 emplois sauvés. Enfin la
dernière raison qui pousse les entreprises à rester naines,
est cette peur permanente qui habite l’entrepreneur : peurs
juridiques, fiscales et sociales.
Institut Sage
Quelle est la clé pour faire grandir les entreprises ?
Yvon Gattaz
Nous gagnerons cette révolution par l’enseignement
supérieure. En effet, les enquêtes que nous avons menées
à Jeunesse et Entreprises, l’association que j’ai créée et que
je préside, nous ont prouvé que le taux de croissance des
nouvelles entreprises était étroitement lié au niveau
d’instruction des fondateurs. C’est une révolution capitale.
Curieusement, il en est de même pour le taux de survie
des nouvelles entreprises au bout de cinq ou dix ans.
Mon théorème est le suivant : le taux de croissance d’une
nouvelle entreprise dépend du niveau d’instruction de son
créateur. Il faut donc que nos élites sortent des autoroutes
des administrations et des grandes entreprises pour
prendre les grandes nationales de la création d’entreprise.
La France a besoin d’eux.
Institut Sage
Sans diplôme, peut-on encore créer en France ?
Yvon Gattaz
Bien sûr que c’est possible. Car pour entreprendre, il faut
avoir, avant tout, des qualités de réception, compréhension,
analyse et mémoire. Mais également des qualités
d’émission, imagination, créativité, combativité, ténacité
et charisme. En sorte, des qualités qui ne servent à réussir
ni dans les universités, ni dans les grandes écoles.
Institut Sage
Peut-on entreprendre sans argent ?
Yvon Gattaz
Le manque d’argent devient souvent un mythe et peut
même être un prétexte pour ne pas se lancer dans l’aventure
entrepreneuriale. Je n’ai jamais rencontré de projet
d’entreprise de qualité qui n’ait pu se réaliser par manque
de fonds.
Institut Sage
Quels conseils donneriez-vous à un entrepreneur en herbe ?
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Yvon Gattaz
D’abord, d’entreprendre jeune. Ensuite, trouver le créneau
ou le produit innovant pour pouvoir vendre cher et dégager
ainsi des marges importantes. Enfin, sortir de sa zone
de confort et prendre des risques. L’entrepreneuriat
est une aventure ô combien passionnante.
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