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Sociologie N°2, vol. 4 | 2013 Varia Annexe 1 : Présentation de l’enquête Mobgay (2007) Marianne Blidon et France Guérin-Pace Éditeur Presses universitaires de France Édition électronique URL : http://sociologie.revues.org/1835 ISSN : 2108-6915 Édition imprimée Date de publication : 3 juillet 2013 ISSN : 2108-8845 Référence électronique Marianne Blidon et France Guérin-Pace, « Annexe 1 : Présentation de l’enquête Mobgay (2007) », Sociologie [En ligne], N°2, vol. 4 | 2013, mis en ligne le 15 juin 2015, consulté le 10 octobre 2016. URL : http://sociologie.revues.org/1835 Ce document a été généré automatiquement le 10 octobre 2016. © tous droits réservés Annexe 1 : Présentation de l’enquête Mobgay (2007) Annexe 1 : Présentation de l’enquête Mobgay (2007) Marianne Blidon et France Guérin-Pace Têtu Le choix d’une enquête par Internet 1 Pour mettre en ligne le questionnaire, il fallait trouver un média pourvu d’un site dynamique ayant un rayonnement national, s’adressant à la fois aux gays et aux lesbiennes et touchant la population la plus large possible en termes d’âge ou de profil social. Le magazine Têtu s’est imposé comme le média spécialisé le plus visible et le plus reconnu sur le plan national1. D'après une enquête de l'OJD ‑ Office de Justification de la Diffusion ‑ pour l'année 2001, il a un tirage d'environ 70 000 exemplaires en augmentation constante et une diffusion payée de 35 000 exemplaires, dont 7 000 abonnés avec un taux de reprise en main de 4 personnes différentes par exemplaire, soit une audience totale de 172 000 lecteurs chaque mois. 2 L’aide technique fournie par le webmaster du site Tetu.com a été décisive pour la réussite du projet. D’une part, parce qu’il a rendu le questionnaire interactif. D’autre part, parce qu’il a mis en place sur le site même de Têtu des éléments incitatifs pour y répondre (popup, lien visible sur la page d’accueil et sur toutes les pages d’actualité, annonce du sondage et lien dans la newsletter quotidienne). Des procédures de contrôle ont été mises en place afin d’éviter les réponses multiples (blocage des adresses IP) et d’éviter des réponses contradictoires ou incomplètes (par exemple la modalité « femme » conduisait aux modalités « hétérosexuelle », « bisexuelle » ou « lesbienne »). Sociologie, N°2, vol. 4 | 2013 1 Annexe 1 : Présentation de l’enquête Mobgay (2007) Des biais de sélection limités 3 Le choix d’un questionnaire auto-administré sur Internet comporte les mêmes biais de sélection des répondants du fait de l’accès à ce type de ressources que les enquêtes Presse gay (encadré 1). Encadré 1 : L’équipement des foyers français en micro-informatique et en accès à Internet D’après les données de Médiamétrie et de l’enquête INSEE 2005 sur les conditions de vie des ménages, plus de 50 % des foyers français sont équipés d’un ordinateur. Les taux d’équipement varient en fonction des caractéristiques de ces foyers, à savoir l’âge du chef de famille, son niveau de diplôme et dans une moindre mesure son niveau de vie. Les dimensions technique et cognitive restent des éléments discriminants en matière d’équipement. 7 % de personnes seraient réfractaires. Notons que la dimension économique trouve une contrepartie dans l’importance des réseaux de cybercafé et d’échoppes qui proposent des services multimédias. 37 % des foyers français bénéficient d’un accès à Internet. Parmi les raisons de non équipement, 30 % des ménages ne savent pas s’en servir, tandis que 11 % des ménages y ont accès dans d’autres endroits, 59 % jugent ne pas en avoir besoin. Ces différentes données tendent à montrer qu’une enquête par Internet, comme une enquête presse gay, cible de façon privilégie les classes les plus favorisées en terme de capital culturel et dans une moindre mesure de capital économique. La localisation géographique des répondants n’apparaît par contre pas comme un facteur discriminant dans la mesure où elle n’est pas corrélée à l’âge ou au niveau de diplôme. 4 Dans les deux cas, la population visée est une population qui affirme son orientation sexuelle. En effet, répondre volontairement à un questionnaire intitulé « les parcours géographiques des gays et des lesbiennes » est un acte d’affirmation de son orientation sexuelle2. L’anonymat garanti par ce mode de recueil des données, à l’inverse d’un questionnaire téléphonique ou d’un entretien de visu, permet de mobiliser une population moins visible et qui ne fréquente pas nécessairement les espaces communautaires. Dans les deux cas, les répondants sélectionnés ont un niveau de diplôme plus élevé que la moyenne et une moyenne d’âge moins élevée. « Ainsi, les différentes enquêtes auprès des homosexuels masculins, pour constituer les échantillons d’étude, utilisent des moyens (par voie de presse, ou directement dans des lieux de rencontre, par boule de neige ou encore par téléphone) permettant à la population cible de s’inclure sur la base du volontariat et d’une auto-évaluation de son appartenance à la population d’étude. De ce fait, des biais systématiques sont introduits dans les enquêtes qui ne permettent pas de calculer des grandeurs et des moyennes représentatives de la population “cible”. Ces biais de sélection se retrouvent dans toutes les enquêtes, qu’elles soient transversales ou longitudinales et quel que soit le mode de recrutement. […] Ces biais ont une influence directe sur les caractéristiques socio-démographiques des répondants : les enquêtes recrutent principalement les individus les mieux insérés dans la Sociologie, N°2, vol. 4 | 2013 2 Annexe 1 : Présentation de l’enquête Mobgay (2007) société. Dans toutes les enquêtes, en effet, on retrouve les hommes dont le profil sociodémographique est similaire. Ils se caractérisent par un haut niveau d’études, appartiennent aux classes moyennes supérieures, et résident dans les grandes agglomérations. Les classes d’âge comprises entre les 25 et 45 ans sont les plus représentées, avec une grande difficulté à recruter des hommes se situant au début ou en fin de carrière sexuelle, ou ceux qui vivent en marge de la communauté gay »3. 5 En l’absence de population de référence, les autres enquêtes fournissent un point de repère et un élément de comparaison, sans qu’aucune ne puisse prétendre être représentative. Toutefois, si la question de la représentativité a un sens pour étudier une population, elle n’en a pas par rapport à la dimension longitudinale des parcours. 6 L’objectif de l’enquête n’était pas de quantifier les parcours, mais, d’une part, d’en observer le contenu et la diversité et, d’autre part, d’analyser le lien entre parcours, représentations et pratiques d’espaces géographiques différenciés. Des questions classiques portant sur les pratiques des lieux les plus emblématiques permettaient d’approcher le mode de vie. D’autres questions moins classiques, notamment sur le dévoilement public de son intimité permettaient de compléter ce panorama tout en apportant des éléments nouveaux à cette question essentiellement traitée sous l’angle théorique et qualitatif. Prolongements de l’enquête NOTES 1. Il diffuse à 50 000 exemplaires et disposait alors d’un système d’information important via notamment une newsletter quotidienne envoyée gratuitement à toute personne inscrite sur le site. 2. Parmi les différents critères utilisés pour caractériser la population homosexuelle (les pratiques sexuelles déclarées, l’attirance pour les personnes de même sexe, les modes de vie, l’identification à la communauté homosexuelle), c’est la définition de soi en tant que gay, lesbienne ou bisexuel/le qui m’intéresse. 3. Lert F., Plauzolles P., « Apports des enquêtes quantitatives dans la connaissance des comportements sexuels et préventifs chez les homosexuels et bisexuels masculins », L’homosexualité au temps du sida, Paris, ANRS, 2003, p. 56 à 58. Sociologie, N°2, vol. 4 | 2013 3