L`engagement bénévole des jeunes

Transcription

L`engagement bénévole des jeunes
L’
engagement bénévole des jeunes
analyses et recommandations
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Dominique Thierry Vice-président de France Bénévolat
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Réseau France Bénévolat, selon une méthode de recherche/action empirique, avec les éléments de
démarche suivants :
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Exclure Sud auprès de 2 groupes de 16 jeunes ;
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Inter Associative de France Bénévolat (voir compositions en annexes).
Pour mémoire, France Bénévolat a élaboré, en parallèle, un dossier « de bonnes pratiques ». Parfois,
cette étude y fait allusion en quelques lignes ; tous les exemples cités sont décrits de façon plus
complète dans ce 2° dossier, lui aussi mis en ligne sur www.francebenevolat.org .
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Sommaire
I. Les raisons de ce thème collectif et les constats de départ
II. Les enjeux du développementde l
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jeunes et les objectifs de France bénévolat
III. Lesspéci
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IV. La position des acteurs externes concernés
Annexes :
-
Composition des Comités
Bibliographie sélectionnée
Enquête FB Loiret auprès de petites associations
« Les jeunes existent-ils ? » : article de réflexion de Evelyne St Martin
3
I. Les raisons de ce thème collectif et les constats de départ
Le Réseau France Bénévolat a décidé de faire de « l
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Communiste, Action Catholique, « patronage, » Educat
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important ou moins pertinent.
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Le cas de la Pologne à cet égard est particulièrement intéressant : sous le régime communiste, le
bénévolat était quasiment obligatoire et encadré par les mouvements de jeunesse communistes. Le
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Bel exemple pour « notre vieux pays » où le bénévolat souffre encor
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où la représentation courante est que les associations sont monopolisées par les seniors, au moins en
matière de pouvoir !
Empiriquement et au quotidien, le Réseau France Bénévolat a un sentiment paradoxal :
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vieillissement de leurs bénévoles, avoir « besoin de sang neuf »…
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- enfin notre très grande difficulté, au sein même des missions de France Bénévolat, à
trouver des missions et des projets adaptés aux rythmes et aux souhaits des jeunes,
surtout quand ces demandes sont intégrées au sein de dispositifs pédagogiques et
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de vieux » est toutefois important, reproduisant en quelque sorte le schéma dominant de la
discrimination intergénérationnelle largement en vigueur dans les autres sphères de la
Société.
5
II.
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’
engagement
bénévole des jeunes et les objectifs 2008 de France Bénévolat
Pour le développement des solidarités au sein même des écoles, des milieux étudiants, des
milieux de travail et des territoires:
Trop de préjugés empêchent encore la compréhension des engagements des jeunes et des étudiants.
Par exemple, la vie associative est très développée dans les milieux étudiants et y assure des
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Un enjeu pédagogique : Encore trop souvent perçu comme présentant le risque de « distraire des
apprentissages fondamentaux »,l
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la solidarité commence à être perçu par certains responsables pédagogiques comme un élément
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des compétences indispensables dans toutes les situations professionnelles. Seules les dominantes
académiques, déductives et descendantes de nos approches pédagogiques françaises empêchent
une accélération de cette plus grande intégration entre engagements et pédagogie.
Heureusement, on peut déceler des évolutions et des premières expériences intéressantes dans
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très positive. A cet égard, la diffusion du « Passeport bénévole » de France Bénévolat peut être
un puissant levier de reconnaissance del
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les élèves y sont incités, parfois de façon obligatoire, à prendre un engagement associatif au sein du
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au même titre que les apprentissages plus classiques. Les Canadiens ont en effet découvert que bien
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es» ou plus instituées.
En France, on aurait pu espérer que les nouvelles lois sur le Volontariat Associatif et sur le Service
Civil Volontaire, au-delà de la sécurisation juridique de la situation des volontaires, allaient fortement
inciter à cet engagement pour une durée limitée. Elles devraient permettre aux jeunes, en particulier à
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2
« Les engagements bénévoles des étudiants » La Documentation Française –2003.
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La récente mission confiée à Luc Ferry, lui-même promoteur du dispositif « Envi
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compte :
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« instituées » : comme évoqué ci-dessus, il y a des progrès considérables à faire en la
matière. Ce point rejoint la « 3°mission » de France Bénévolat qui est d’
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associations adhérentes à une meilleure gestion de leurs ressources humaines
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de cette cible des jeunes. Spécifiquement, il est indispensable de mieux appréhender
la nature des missions bénévoles intéressant prioritairement les jeunes, les modes
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e 2008,en partenariat avec la
Caisse des Dépôts et Consignations).
Bien sur, le terme « jeunes » est vague. Même si on utilise la convention habituelle des moins
de25ans,i
lconvi
entd’
analyser et de prendre en compte spécifiquement plus finement au
moins 4 groupes distincts :
- « les très jeunes » : mineurs, collégiens et lycéens
- les étudiants (en distinguant Grandes Ecoles et Universités)
- les jeunes travailleurs
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« dans les quartiers dits difficiles ou prioritaires».
Au delà de ce découpage opérationnel, il est indispensabl
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anal
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catégorie sociale.La not
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yne Saint-Martin reprise en annexe 4 éclaire
fortement ce paysage complexe et insiste fortement sur les relations existant entre insertion
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’
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7
III.
Les spécificités del
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1.
Les travaux théoriques existants :
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l
’
engagement des jeunes sont plus limités, mais néanmoins significatifs (voir bibliographie en annexe),
en particulier :
- La FONDA y a consacré des travaux et un numéro 96 de la revue qui date de Mai 1993 (Il
est frappant, en relisant ce numéro, de constater qu’
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- Un rapport important a été consacré en 2003 àl
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i
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par Guillaume Houzel ;
- Un ouvrage de 2006, « Quandl
esj
euness’
engagent! » de Valérie Becquet et de Chantal
ii
de Linares
- Plusieurs articles de Valérie Becquet
- Les travaux du CNAJEP, synthétisés par Jean Bourrieau
- Une enquête menée en 2004 par le MRJC sur « L’
engagementassoci
at
i
fdesj
eunes»
- Un très important travail de Croix Rouge Française mené sur 2003/2004
- Une enquête de « L’
Obser
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e» (OVE) publié en Janvier 2008
Les conclusions de ces travaux sont largement convergentes, tout particulièrement sur
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- préférence pour les actions collectives en raison du poids du groupe
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besoin de résultats assez rapides,
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Guillaume Houzel a util
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expr
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ond’
un«engagement plus contractuel ».
La FONDA, dans le numéro 96 mentionné ci-dessus (voir article de synthèsedeGabr
i
eld’
El
l
oy»)
pose « la bonne question » : « Les associations de jeunesse des années 1990 sont-elles en mesure
de développer et de soutenir les pédagogies du volontariat (bénévolat), dans un environnement qui a
changé ? Les f
ami
l
l
es, l
’
écol
e, sont
-elles en état elles-mêmes d’
encour
ager un engagement
associatif ? ».
La FONDA pointe bien les problèmes essentiels : des associations aux mains des adultes, une
i
nsuf
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sancedepar
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agedupouv
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’
engagementquisej
ouet
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èst
ôt(
envi
r
on16
ans), des présupposés de la part des adultes sur les attitudes des jeunes, des formes
d’
i
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al
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i
on par certaines collectivités territoriales qui achètent la paix sociale par les
subv
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i
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i
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éd’
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equia15ans!
La Croix-Rouge Française insiste en particulier sur deux points :
8
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’
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ivité utile et « sympa ») est
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’
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, à un âge où la construction identitaire est évidemment
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’
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’
i
mpor
t
ancedel
’
éducat
i
onnonformelle ou expérientielle dans un contexte où la France,
plus que tout autre pays, continue à privilégier des formes pédagogiques académiques et déductives.
2.
Les r
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s de l
’
enquêt
e «BOB » (
Bar
omèt
r
e de l
’
opi
ni
on des
bénévoles) Recherches&Solidarités/France Bénévolat 2007/2008:
Cette enquête est une enquête en ligne à laquelle ont répondu presque 7000 bénévoles en 2007.
Toutes les questions peuvent être croisées par âges, par sexe et par secteur associatif. Trois
résumés portant spécifiquement surl
’
âgedes bénévol
es,l
’
âgedu pr
emi
er engagement des
répondants et sur l
’
or
i
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nedel
eurengagement3 sont repris ci-après :
L’
âgedesbénévol
esrépondants :
Petites
associations
(-50
adhérents)
Associations
Moyennes
(50/150
Adhérents)
Grandes
Associations
(+150
adhérents)
Ensemble
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25/40
40/55
55/60
60/65
+65
Ensemble
34%
30%
30%
23%
22%
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28%
19%
21%
26%
26%
24%
23%
23%
47%
49%
44%
51%
54%
63%
49%
100%
100%
100%
100%
100%
100%
100%
Très clairement, plus on avance en âge, et plus on a de chances de se trouver dans une grande
association : seulement 47% des 18-25 ans, mais 63% des plus de 65 ans y sont engagés. Par
ailleurs et inversement, 34% des jeunes bénévoles se trouvent dans une petite association, cette
proportion baissant à 23% ent
r
e55et60ans,etj
usqu’
à15% chezl
espl
usde65ans.
Les jeunes sont-ils plus tentés par une expérience dans un plus petit organisme, pour leur premier
engagement ? Sont-ils plus enclins à créer eux-mêmes leur association, ce quiexpl
i
quer
ai
tqu’
onles
retrouve majoritairement dans les petites structures ?
Les grandes associations procèdent-elles beaucoup plus par cooptation de bénévoles de la même
génération ? Y aurait-il un effet secteur, les jeunes allant plutôt vers des domaines dans lesquels
dominent les petits organismes ?
L’
âgedupr
emi
erengagement:
Par
miceuxquiontauj
our
d’
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e18et25ans,54% ontconnul
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spasbénévoles avant
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Et ce qui montre aussi
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ecitoyen.
Vous souvenez-vousdel
’
âgedevot
r
epr
emi
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Avant 18 ans
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25/40
40/55
55/60
60/65
+ 65 ans
40/45 ans
55/60 ans
60/65 ans
+ de 65 ans
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24%
34%
19%
-
21%
17%
22%
23%
18%
-
19%
17%
19%
13%
19%
12%
-
16%
14%
17%
11%
14%
15%
12%
3
Pour avoir la totalité des résultats, consulter « La France bénévole 2008 » sur les sites de
Recherches&Solidarités ou de France Bénévolat
9
Ensemble
100%
100%
100%
100%
Un bénévole de 40 - 55anssurci
nq(
19%)s’
estengagéapr
ès40ans.C’
estl
ecasde41% des
bénévoles de 55 à 60 ans, de 44% des 60 –65 ans, et de 52% des plus de 65 ans. On voit aussi que
pr
èsd’
unbénévol
esurci
nqde55–60ans(
18%)s’
estengagéapr
ès55ans,quec’
estl
ecas de 31%
des bénévoles de 60 –65 ans, et de 41% des plus de 65 ans.
Les facteurs déclenchant de l
’
engagement:
Vous souvenez-vous de ce qui a déclenché votre premier engagement ?
En% sel
onl
’
âgedur
épondant
(Choix multiples possibles)
Tradition familiale
Histoire
personnelle
(malade,
handi
capé…)
Sollicitation par amis ou association
locale
Sollicitation
par
réseau
ou
association nationale
Evènement relaté par les médias
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nd’
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i
vi
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I
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nami
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’
association
Vous avez accompagné vos enfants
Réponse à un problème local
Vous souhai
t
i
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r
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personnes
Vous souhaitiez mettre en pratique
des
valeurs
philosophiques,
personnelles ou religieuses
Lor
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i
ons d’
act
i
vi
t
és
professionnelles
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25/40
40/55
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20
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17
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19
19
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34
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29
24
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7
7
10
9
11
3
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28
0
20
23
5
38
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5
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23
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19
18
25
24
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16
15
18
19
3
46
15
11
24
27
2
39
16
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20
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30
30
24
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30
30
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4
6
21
29
34
.
Premier constat : Quelquesoi
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i
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’
associ
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i
on: 28% de choix entre 18 et 25 ans,
pour une moyenne nettement inférieure à 20%.
Cela peut donner à penser un peu rapidement à une diminution des déclenchements altruistes au
bénéfice des déclenchements individuels égoïstes. Mais attention, cela varie selon les secteurs de
l
’
engagement
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prennent place dans le collectif (respectivement 41%, 40% et 44%, chiffres largement au-dessus des
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Second constat : L’
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ami
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on des
contraintes et des attentes différentes à chaque étape de la vie.
La tradition familiale ne constitue plus le seul socle du premier engagement des répondants. Les
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esf
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32%). Enfin, les hommesenr
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l
es
souhaitaient rencontrer de nouvelles personnes (24%). Cela peut donner à penser un peu rapidement
à une diminution des déclenchements altruistes au bénéfice des déclenchements individuels égoïstes.
Cel
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t
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en pratique ses/des valeurs qui prennent place dans le collectif (respectivement 41%, 40% et 44%,
10
chiffres largement au-dessus des pourcentages des autres f
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sme(trouver une occupation pour soi) constituent le
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3.
Les jeunes fonctionnent souvent entre eux et sur des types de
projets précis
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avec la FONDA confirment bien cette analyse : l
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facteur de construction identitaire est essentiel,sur
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…)ou sontcont
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d «entre soi », la question
essentielle étant les conditions du passage « de l
’
ent
r
e soi à l
’
avec les autres ». Quelles
passerelles ? Quelle dynamique ? Quelle pérennisation ?
Voir dans « le dossier Expériences » tout particulièrement : Unis-Cité, ANIMAFAC, Juniors
Associations, AFEV et APJC.
4.
Des jeunes qui acceptent des démarches de coopération
intergénérationnelle, mais dans des conditions précises :
Les coupures générationnelles sont certainement plus fortes en France que dans les autres pays
développés, à tout le moins que dans les pays du Sud où la coopération intergénérationnelle fait
partie des Valeurs.
L’
or
i
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Ent
r
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rde1975ar
égl
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es
indispensables mutations industrielles et économiques à partir des préretraites (publiques,
conventionnelles ou privées). Selon une expression de R. Lion « On est devenu vieux de plus en plus
jeune ! » Al
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eunedepl
usenpl
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eux» !
L’
association Accordages (voir www.accordages-intergeneration.com), association fondée en 2000
pour recenser, développer et valoriser les pratiques de solidarité intergénérationnelle, note
qu'historiquement, les démarches intergénérationnelles ont émané principalement de ceux qui
travaillent au côté des personnes âgées, et à qui le monde gériatrique, clos sur lui-même, semblait
invivable en l'état.
Des ponts ont d'abord été établis entre le monde des retraités et celui des loisirs culturels. Certaines
maisons de retraite ont établi une coopération avec les maisons de quartier, permettant un ancrage
dans la vie locale culturelle et associative.
Voir dans « le dossier Expériences » tout particulièrement : Accor
dages,Cœur
sen Fêt
e,Se
Canto et FISAA.
Cequiestt
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l
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’
act
i
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Dans la démarche Unis-Cités, parmi les chantiers pris en charge, il y a obligatoirement une action
auprès de personnes âgées. L’
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aquel
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jeunes ont le plus de réticences au départ et le meilleur souvenir à posteriori.
11
5.
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5.1)
Des milieux éducatifs et une pression sociale qui ne favorisent pas
l
’
engagement:
Le débat existe depuis le XIX° siècle au sein de « l
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éducat
i
on» ?). La figure emblématique et largement mythique des « hussards de la République »
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econt
enudu«Tour de France de deux enfants » …l
’
un
des plus gros tirages de librairie français ! Plus récemment, relire les différents rapports du
Commissariat du Plan entre 1960 et 1990).
Nous sommes très loin des pratiques banalisées, en particulier celles des pays anglo-saxons, tels que
rappelées au début de ce document.
Les « bonnes pratiques » i
dent
i
f
i
ées au cour
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enquêt
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everde deux
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ndi
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duel
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es
sociologues appellent « les marginaux sécants » : des professeurs, parfois des proviseurs
ou principaux de collèges, fréquemment – mais pas exclusivement- au sein de
l
’
’
ensei
gnement pr
i
v
é…. Les motivations de ces enseignants sont clairement
éducatives, au sens le plus noble du terme.
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critères de recrutement des entreprises, sur une logique de compétences, avec autant
d’
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ences, accor
dée « aux savoir faire
sociaux »,qu’
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et
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i
ci
t
edest
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projets, dans ou pour des associations devient, un moyen de développement de ces
savoirs faire sociaux. La motivation institutionnelle est prioritairement pédagogique.
LeMRJC,danssonenquêt
e de2004,soul
i
gned’
aut
r
esobst
acl
es:
- les parcours chaotiques des jeunes : changement de situation personnelle, mobilité,
nécessi
t
é d’
avoir « des petits boulots » pour mener ses études (y compris au niveau
scol
ai
r
e)
…
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onsoci
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éussi
t
escol
ai
r
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l
e.Mêmesil
’
engagementsembl
e
plutôt un facteur qui favorise la réussite scolaire (sans que nous en ayons la preuve
absolue !), les pressions sociales et familiales vont plutôt contre ce qui « détournerait »
d’
uner
éussi
t
eauxexamens!
Voir dans « le dossier Expériences » tout le chapitre III spécifiquement consacré aux
expér
i
encesdesét
abl
i
ssement
sd’
ensei
gnement
.
5.2)
Deux « modèles »depédagogi
edel
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usanci
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eauxannées1930ets’
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oppédansl
es
années 1950. A cet égar
d,l
’
exempl
eduMRJC (
MouvementRur
aldesJeunesChr
ét
i
ens)estt
y
pi
que.
Le MRJC se réfère explicitement, pour lui-même, à un modèle militant initié dans les années 1930, qui
per
dur
e.Onpar
tdev
al
eur
spar
t
agées,d’
anal
y
sescol
l
ect
i
v
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l
i
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voir, juger, agir » del
’
Act
i
onCat
hol
i
que)
,d’
engagementexpl
i
ci
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i
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i
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concrètes.
Surcemodèl
eonpar
l
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ant
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engagement
,ausensgénér
i
que,qued’
engagementbénév
ol
e.I
l
faut rappeler à cet égard le rôle des mouvements de jeunesse, tels que le scoutisme, ou le
Mouv
ementdel
’
Act
i
onPopul
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r
e(
MJC,Cent
r
esSoci
aux,
…)quij
ouentparai
l
l
eur
sunr
ôl
epl
usl
ar
ge
de formation « dite non formelle ». Les engagements politiques, syndicaux ou associatifs se
conf
ondentd’
ai
l
l
eur
sf
r
équemment
.
12
Un modèle plus inductif :
4
Onpar
td’
act
i
onsconcr
èt
esetdescompét
encesdesj
eunessurl
er
egi
st
r
e: « on a besoin de vous »
On retrouve la notion de pédagogie expérientielle, évoquée au dessus et soulignée avec beaucoup
d’
i
mpor
t
anceparl
’
ét
udedel
aCr
oi
x-Rouge Française. (
Lest
er
mesd’
engagementetdebénév
ol
at
,
souvent, ne sont mêmes pas prononcés, car à ce stade parfois non compréhensibles, voire largement
ringards !). Les jeunes découvrent leur utilité dans l
’
act
i
onetl
eurr
econnai
ssancedansl
er
egar
ddes
bénéficiaires (Exemples de FISAA ou « des vélos » Pom Pao de l
’
Ecol
e desMi
nesde Par
i
s,
…).
Commedéj
àsoul
i
gné,c’
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abor
dl
ar
econnai
ssancedesoiquiconst
i
t
uel
epr
emi
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f
etdecet
engagement, en particulier pour les jeunes issus de milieux défavorisés.
L’
enquêt
e menée parAr
ab Az
edi
ne aupr
èsd’
une quar
ant
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i
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l
esdemot
i
v
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i
onsàl
’
engagement:l
’
engagementpourl
esaut
r
esetl
’
engagement
pour soi, remettant en exergue la théorie du « don et contre don » mise en évidence par Marcel
Mauss dès 1925 :
Résultats
70%
Nombre de fois où la
raison est citée en
première position
12
Lesouhai
td’
êt
r
eut
i
l
eàl
as
oci
et
éetd’
agi
r 27
pour les autres
L’
épanouissement personnel
25
67,5%
10
62,5%
6
L’
ac
qui
si
t
i
on
d’
une
ex
pér
i
ence
préprofessionnelle
Rencont
r
erd’
aut
r
esper
sonnesetf
ai
r
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activité
La reconnaissance sociale
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Sans que le MRJC tire formellement cette conclusion, il semble bien que, lorsque le facteur familial
ne joue pas ou peu, il faille la conjonction des deux autres facteurs pour déclencher
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On doit se réinterroger sur la place occupée par les grands mouvements éducatifs, en particulier les
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Educat
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Pour le scoutisme, on trouvera ci après une réflexion de Dominique Girard, Délégué Général des
Eclaireurs et Eclaireuses de France :
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ils ne sont plus « bénéficiaires » mais acteurs !
13
Je qualifierai le bénévolat de nos Mouvements de scoutisme comme engagé et militant. Les
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un projet éducatif porteur de sens et de
valeurs. La traduction peut-êt
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guidisme les plus grandes internationales de jeunesse).Le scoutisme permet une véritable relation
intergénérationnelle Les équipes locales réunissent à la fois des jeunes et des adultes de 17 à 77
ans. Même si nous devons constater que les plus jeunes sont plutôt engagés sur les niveaux
pédagogiques et les plus anciens sur les niveaux structurels et politiques. Le scoutisme peut
apparaître original dans le champ de l
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professionnalisé pour des mouvements de cette dimension nationale.
Les points forts :desengagement
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politique par des bénévoles. Des mouvements de jeunesse où la place donnée aux jeunes est
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depuis sa création il y a bientôt 100 ans. Ecole de la responsabilité et de la citoyenneté, cela laisse
des traces importantes quant àl
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Les difficultés : l’
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« cadres éducatifs » adultes, garantissant la stabilité de la structure locale et contribuant à insuffler le
sens du projet.
6.
Quelques conclusions en termes recommandations sur la
« pédagogi
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engagement » :
1)
Partir des désirs, voire des activités, des jeunes
Le terme même de « bénévolat » ne raisonne pas nécessairement clairement dans la tête des jeunes,
au-delà
même
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représentation
parfois
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Les jeunes vont souvent partir de ce qu’
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la suite du tremblement de terre du Printemps 2003. Toute la question est à la fois de pérenniser
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La Croix-Rouge confirme cette analyse. Cette association estime ne pas avoir trop de difficultés pour
attirer des jeunes (21 % des bénévoles ont moins de 27 ans). Elle estime que c’
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2)
Respecter les rythmes sociaux
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et trouver des activités compatibles avec ceux-ci.
Au quotidien, France Bénévolat est confronté à cette question, à la limite insupportable, de ne pas
trouver des missions répondant à des demandes de jeunes : créneaux horaires spécifiques, pendant
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jeunes sont de plus en plus mobiles. Derrière ces truismes, il faut accepter que les jeunes
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des ressources humaines ». De ce point de vue, la « démarche de projet » est plus adaptée que la
notion de « fonctionnement permanent »L’
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3) Identifier des missions, voire des projets, spécifiques
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projets spécifiques délégués à des groupes de jeunes les attirent plus facilement que par le biais
classique de missions bénévoles individuelles.
Un fonctionnement efficace: la délégation de projet.
Plutôt que d'intégrer des jeunes dans les équipes constituées, ce qui peut s'avérer difficile, nous
l'avons vu, un fonctionnement plus souple a fait ses preuves : on offre aux jeunes de participer à
l'action de l'association, avec les moyens de l'association, mais à leur rythme. Ainsi, on offre aux
jeunes de choisir un projet, et de bénéficier de l'expérience de l'association, c'est une incitation à la
prise d'autonomie.
La participation des jeunes aux instances de décision de l'association :
15
Cette étape nécessaire dans l'implication des jeunes bénévoles est mise en place à des degrés très
différents selon les associations. Certains n'ont pas entamé une réflexion sur ce sujet, d'autres sont à
la recherche du meilleur mode d'intégration (Unicef), d'autres ont vécu l'ouverture (Secours
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que,APJC,Juni
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…)etenvivent les bénéfices.
Dans certaines associations, les jeunes sont réfractaires à intégrer le CA : à les écouter, c'est parfois
que la forme qu'il prend est trop formelle, trop longue, ou même au pire, trop tournée autour de
questions de pouvoir.
Ce sont donc des remises en question essentielles pour toute association : si des jeunes s'impliquent
dans l'action de l'association et adhèrent au projet, pourquoi refusent-ils de s'impliquer dans les prises
de décision ?
- L'obstacle vient-il des jeunes, trop volatiles ou consommateurs ?
- Peut-on repenser la forme que prend la prise de décision ?
- Souhaite-t-on vraiment inclure des jeunes ? L'a-t-on déjà proposé à un jeune ?
- participation des mineurs ?
- majorité éventuelle ?
Démarrage du projet: il faut mettre à disposition, ouvrir des possibilités, mais si les jeunes ne
reprennent pas le projet, mieux vaut renoncer, car le projet ne peut pas être téléguidé.
Il y a donc un travail préalable sur l'attractivité du projet.
4) Reconnaître les compétences acquises
Encore plus que toutes les catégories de bénévoles, les jeunes ont besoin de reconnaissance des
compétences acquises dans leur engagement bénévole, parce que cette reconnaissance est en tant
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Parce que tout parcours professionnel ou bénévole s’
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réorientation professionnelle et recherche d’
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ynonymes de précarisation, mais aussi de
déqualification.
16
IV. La position des acteurs externes concernés:
1.
Des systèmes éducatifs peu impliqués, malgré des réalisations
ponctuelles remarquables :
Institutionnellement, les systèmes éducatifs sont peu impliqués ;c’
estmêmecequi frappe le plus
quand nous nous comparons aux pays de référence (Voir analyses infra).
Etpour
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importe que la communauté éducative accompagne et soutienne les élèves dans leurs actions. Ainsi,
il est particulièrement souhaitable que les établissements proposent, valorisent et accompagnent les
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une entreprise, et surtout une circulaire du 29 août 2001 encourage la reconnaissance des
engagements associatifs étudiants
(http://www.education.gouv.fr/botexte/bo010906/MENS0101700C.htm ). Par ailleurs, il convient de se
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La démarche la plus structurée a été le programme « Env
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de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative promeut le programme « Envi
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accompagner les jeunes de 11 à 30 ans, quelle que soit leur situation, à toutes les
étapes de leur projet, dans tous les domaines.
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expér
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ence;
- promouvoir une image positive des jeunes dans la société, acteurs à part entière de son
développement social, culturel et économique.
Des outils méthodologiques et des conseils sont disponibles sur le site www.enviedagir.fr, et partout
en France, les directions régionales et départementales de la jeunesse et des sports ainsi que les 800
Poi
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Appui«Envi
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r» informent et accompagnent les jeunes de façon personnalisée. La
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aussi une caractéristique de la méthode.
En 2007, plus de 3 000 projets ont été soutenus, représentant plus de 15 000 bénéficiaires directs. 45
000 jeunes ont été touchés par les événements de sensibilisation organisés dans toute la France
dur
antl
’
année.
Sources :
http://www.enviedagir.fr
http://www.jeunesse-sports.gouv.fr (rubrique jeunesse)
Exemple du « Programme Humacité » del
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la Société, chaque élève durant son cursus doit réaliser un projet « Humacité » (mission à caractère sociale,
sociétal et/ou humanitaire). Le dispositif a été mis en place depuis la rentrée 2007. Les projets sont réalisés sous
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(une journée par semaine sur 9 mois)
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Sciences Po Paris et France Bénévolat ont signé un accord de partenariat en juin 2007. Ce partenariat porte
prioritairement, mais non exclusivement, sur le dispositif « Projets collectifs » des étudiants de Master 1 (4°
année) qui existe maintenant depuis environ 5 ans.
Dans le dispositif «Projets collectifs »,l
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juin, doivent prendre en charge et réaliser un véritable projet. Ce projet est évalué (environ 8% des crédits à
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au-delà de démarches
individuelles très intéressantes), car cette dimension de la formation de la personnalité apparaît comme un
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Des initiatives qui partent des élèves :l
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«Les Gazols »).
Ces associations sont très actives pour proposer des missions bénévoles aux étudiants : soit missions
individuelles (exemple : accompagnement scolaire), soit missions collectives (exemple : forte
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Les Directions des 8 Ecoles sont bien sur au courant de ces initiatives, les encouragent mais
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ennentpas.«Les Gazols » sont mêmes assez sourcilleux de leur indépendance ; ils indiquent
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2.
Les associations instituées
Les associations dites « instituées » à la fois disent regretter de ne pas avoir assez de jeunes et ont
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- mettre en place une communication adaptée,
- identifier des projets adaptés,
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Identifier et respecter des projets spécifiques proposés par des jeunes,
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- mettre en place des dispositifs de valorisation des compétences et de reconnaissance de
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ne serait-il pas du côté des adultes plus que du côté des jeunes ? » « L’
engagementdes
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endre aux adultes à écouter ! ».
L’
enquêt
emenée par les jeunes étudiantes du Loiret (voir annexe 3), rédigée avec un certain
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au-delà de contraintes objectives (disponibilité de temps, nécessité
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spécifiques pour attirer et intégrer des jeunes. Bien pire, certaines ont du mal à comprendre la
question.
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est
également penché sur cette question.
On peut résumer ces travaux et notre propre enquête au sein du tableau ci-après (voir en particulier
les travaux de Jean Bourrieau pour le CNAJEP en 2003 et les travaux du Centre Européen du
Volontariat) :
Champs
Postures et attitudes
Gouvernance
Ce qui fait obstacle à
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engagementdesj
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-méfiance à priori avec des
stéréotypes du type : «Le jeune
ne
respecte
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ses
engagements, est désordre,
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-instrumentalisation (on attribue
aux jeunes les tâches les plus
banales et les plus ingrates),
-relation au savoir et savoir faire
(en
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seniors de perdre leur pouvoir
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-absence de jeunes au CA (ou
« Le jeune alibi »)
-non reformulation du Projet
associatif (qui va de soi dans la
tête des anciens)
-fonctionnement
institutionnel
lourd (débats de notables et de
pouvoir)
Cequif
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sel
’
engagement
des jeunes
- a priori de confiance
-ambiance conviviale et festive
-reconnaitre leurs savoir faire
spécifique et être contents de
les avoir
- réappropriation/reformulation
du Projet associatif (pourquoi
on est ensemble)
-place significative des jeunes
dans les instances (avec
formation à la prise de parole)
-formation spécifique au tutorat
chez les seniors
-reconnaissance
de
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compétences acquises (avec
une certaine solennité)
19
Fonctionnement opérationnel
-missions individuelles dans -délégation
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-valorisation des projets réussis
-respecter les rythmes et
disponibilités des jeunes
-être
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individuels (transports, repas,
consommables
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,Children's Participation: From Tokenism to Citizenship (Participation des
enfants : du geste symbolique à la citoyenneté), Innocenti essays, n°4, UNICEF, 1992.
Les trois premiers échelons dits de non-participation :
1. La manipulation : cette notion décrit les situations où les enfants ou les jeunes sont
entraînés à par
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2. La décoration : l
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opération.
3. La politique de pure forme : dans cette situation, les enfants ou les jeunes ont
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eurs opinions.
Les cinq échelons de la participation :
20
4. Désignés mais informés : les enfants ou les jeunes comprennent les objectifs du projet, ils
savent qui a pris les décisions concernant leur implication et pourquoi, ils ont un rôle réel, et ils
sont volontaires.
5. Consultés et informés : le projet est conçu et mené par des adultes mais les enfants ou
les jeunes en comprennent le processus de réalisation et leurs opinions sont prises au sérieux.
6. Projet initié par des adultes, décisions prises en concertation avec des enfants ou
des jeunes : i
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les décisions sont partagées avec les enfants ou les jeunes.
7. Projet initié et mené par des enfants ou des jeunes.
8. Projet initié par des élèves/étudiants, décisions prises en concertation avec des
adultes.
3.
Les collectivités territoriales et les acteurs locaux :
Sauf exception, tous les élus territoriaux sont maintenant totalement convaincus de la place
irremplaçable des associations dans le maintien du lien social et le développement des
solidarités locales.
De fait, les associations, extrêmement diversifiées,sonten si
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bénévoles, « carburant essentiel » du développement associatif.
Pour répondre au besoin sans cesse croissant de bénévoles, en quantité et qualité, pour augmenter
ce que les sociologues appellent « l
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existent : les seniors et les jeunes, cequin’
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euxdessuites qui seront données à ce travail de 2008.
A noter toutefois une expérience très intéressante portée par le Conseil Général de Seine St Denis
(voir chapitre VI du « Dossier Expériences ») et la démarche très complète de la Ville de Laval
(Québec) (voir chapitre VII du même dossier), ainsi que les projets de la Ville de Paris.
4.
La situation du Réseau France Bénévolat :
Sur les 13 000 bénévoles potentiels reçus physiquement en 2007 dans les 260poi
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Réseau France Bénévolat, hor
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ans, soit plus de 3000 personnes.Nousn’
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orientés.
Certains Centres ont des coopérations déjà bien instituées ou en cours de montage avec des
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Besançon/Doubs, Reims,…)
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Loiret…)
.
On peut commencer à établir une forme de typologie de ces actions selon :
la dominante en en matière de finalités (pédagogique ou éducative),
- le fonctionnement des projets (individuel ou collectif),
21
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Voir chapitre V spécifique du « dossier Expériences »
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Pédagogique : Mines de
Paris, Sciences Pô Paris,
Cresci Evry,…
Individuelle :
ESC
La
Rochelle,
Ecole
Alsacienne, Arts et Métiers
Aix, AFEV Nord, Ecole
Pigier de Toulouse,...
Collective : Sciences Pô
Paris, Arts et Métiers Paris,
Ecole Centrale, Ecole des
Mines de Paris,
…
Educative :
ESC
La
Rochelle, Ecole Centrale,
Lycées et Collèges de
l
’
Essonne, Ecole Alsacienne,
Université Besançon, AFEV
Nord, Ecoles Arts et Métiers,
Sciences
Pô
Aix
en
Provence, Université de
Picardie,…
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ves de…, ou por
t
age
par
…
Jeunes : Ecoles Arts et Métiers,
AFEV Nord,
…
Enseignants : Lycées et collèges
del
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Essonne,
Directions
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ssement
s:
ESC La Rochelle, Sciences Pô
Paris, Ecole des Mines de Paris,
Ecole Centrale, Université de
Besançon,
Université
de
Picardie…
22
Conclusions : des recommandations pour aller plus loin :
1.
Une recommandation générale qui concerne tous les acteurs :
donner aux jeunes une meilleure information sur le Monde
associatif et sur
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uni
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On reste très frappé par une méconnaissance du tissu associatif local, de sa diversité, des
opportunités. Ce constat ne concerne malheureusement pas que les jeunes, mais est particulièrement
net pour cette cat
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en partant des « bonnes pratiques » repérées (Exemples de la coopération Unis-Cité/FB Savoie,
démarche « Tr
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td’
Union », coopération avec les MJC…)
.La meilleure communication est celle
qui est portée par des jeunes avec des supports mis au point par des jeunes (Exemple
« Capitaine de soirée » de la Prévention Routière).
Il est indispensable de donner la parole aux jeunes,denepasdonnerl
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constitue un support de démultiplication et de réflexion auprès des acteurs clés : le Monde éducatif,
les associations instituées et les collectivités territoriales.
2.
Pour les associations instituées :s’
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Les constats sont globalement sévères. Il appartiendra bien sur au Réseau France Bénévolat de les
relayer et de faire travailler, collectivement et localement ses associations adhérentes, sans discours
moralisateur ou mortifère, mais en mettant les associations devant leur responsabilité et en
valorisant au maximum les bonnes pratiques.
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« autour du 5/12/2008 » soient largement cent
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ad’
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travail de longue haleine à mener sur plusieurs années.
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par France Bénévolat Loiret.
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estmani
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est
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econcept« de délégation de projet » qui
constitue un levier fort, dans sa double dimension décrite ci-dessus : délégation opérationnelle et/ou
dél
égat
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agouver
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’
associ
at
i
on.
3.
Pour les systèmes éducatifs, passer de bonnes pratiques de
terrain à une Politique nationale où la pédagogie expérientielle
23
aurait toute sa place, tant sur les registres pédagogique que
éducatif :
A ce stade et sous cette forme, cette recommandation apparait bien comme une pétition de
principe ! Pour être clairs, France Bénévolat ne sait pas aller plus loin que le travail très empirique
d’
expér
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nengagédepui
s3ansetdedi
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usi
ondebonnespr
at
i
ques.
La sortie du « Rapport Ferry » sur le Service Civil Volontaire, la Conférence Nationale de la Vie
associative voulue par le Président de la République, la perspective que « l
’
engagementbénévol
e»
soit considéré Grande Cause Nationale 2009 constituent à l
’
évi
dence des opportunités très
prometteuses d’
une action publique de grande envergure.
4.
Pour les collectivités territoriales, favoriser les dispositifs de
portage de projets par des les jeunes et favoriser les pratiques de
coopération intergénérationnelles dans les deux sens :
Pour ce qui concerne les pr
oj
et
sdesj
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lestcl
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squeEnv
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Agi
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Juniors Associations sont particulièrement adaptés, mais les jeunes vivent très mal le manque
fréquent, à priori, de confiance de la part des élus territoriaux (voir analyses de Juniors
Associ
at
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Bénévolat/Moderniser sans Exclure).
France Bénévolat ne peut que se féliciter que des Collectivités Territoriales se soient emparées du
« Passeport Bénévole » et souhaite le promouvoir de façon très volontariste (Conseil Général des
BouchesduRhône,Vi
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sont une cible privilégiée, par leur besoin de reconnaissance et de valorisation.
Pour ce qui concerne les pratiques de coopération intergénérationnelle, un long chemin reste à faire,
tant au sein de la gouvernance associative que dans le portage de projets de solidarité locale. France
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eunaxedetravail prioritaire pour les années à venir.
Des ponts ont d'abord été établis entre le monde des retraités et celui des loisirs culturels. Certaines
maisons de retraite ont établi une coopération avec les maisons de quartier, permettant un ancrage
dans la vie locale culturelle et associative.
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problématique globale.
24
Annexe 1
Composition du Comité de Pilotage « ad hoc » et de la Commission Inter
Associative :
Comité de Pilotage :
Structures
FB national
FONDA
CPCA
DDJS 92
ANIMAFAC
Maison des Initiatives Etudiantes (MIE Paris)
Juniors Associations
UNICEF
Unis Cités
Cotravaux
Eclaireurs et éclaireuses de France
Prévention Routière
Accordages
Secours Catholique
Moderniser Sans Exclure Sud
Caisse des Dépôts et Consignations
Recherches et Solidarités
France Bénévolat Somme
DR PACA de France Bénévolat
Commission Inter associative FB
Ecole Centrale de Paris
APJC
Noms
Dominique Thierry
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Erik Lavarde
Valérie Floch
Florian Prussak
Thomas Rogé
Thierry Crosnier
Carole Reminny
Stéphen Cazade
Véronique Busson
Jean-François Lévy
Guillaume Pennequin
Mohammed Malki
Thomas Chanteau
Michael Diebold
Khalid Ezzinbi
Cécile Bazin
Alain Alméras
André Goncalves
Evelyne St Martin
Lisa Carrière
Franck Gautier
Commission Inter Associative :
Bernard Gousset Vice-président de France Bénévolat
Marie de Beaufort Secours Catholique
Pierre Birambeau ADEMA
Pierre Blein UNIOPSS
Michel Bonfils VS Art
Anne-Marie Cohen-Tanugi Solidarités Féminines
Eliane Goudet France Bénévolat
Benoit Berny Croix-Rouge Française
Pierre Rivière Association des Paralysés de France
Bernard Touboul France Bénévolat 92
25
Annexe 2
Bibliographie sélectionnée
Valérie Becquet, Chantal de Linarés : « Quandl
esj
euness’
engagent! » 2006
Guillaume Houzel : « Les engagements bénévoles des étudiants » Documentation Française 2003
Revue FONDA : numéro 96 de 1993
Enquête MRJC 2004 : « L’
engagementassoci
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Travaux Croix-Rouge Française de 2003/2004
Enquête OVE de Janvier 2008
Jean-Claude Richez "l
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rde Li
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Kebaïli Cécilia, Mayol Pierre, « Entretien avec Mgr Dubost », Agora débats/jeunesse, no 9, 1997,
pp. 35-40 ; et pour une perspective plus générale : Lambert Yves, « Des changements dans
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Eur
ope etde l
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e», Revue française de sociologie, no 2, 2004, pp.
307-338.
Sur les jeunes et le mouvement alter mondialiste, voir Pleyers Geoffrey, « De Gênes à Évian, les
jeunes dans la mouvance alter mondialiste », L’
annéesoci
al
e,2004,pp.167-187.
Ion Jacques, « Gr
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engagement», dans Roudet Bernard (dir.),
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.«Débats Jeunesses », Paris/Marly-le-Roi,
pp. 53-64 et Ion Jacques, « La fin des militants »,L’
At
el
i
er
,Par
i
s,1997.
La société du risque, Aubier, Paris, 2000, cité dans Labadie Francine,
Ragi Tariq, « Les jeunes et la politique », Agora débats/jeunesse, no 30, 2002, p. 19.
Jean Bourrieau « La participation associative des jeunes » étude de la Commission Jeunesse du
CNAJEP 2003
Labadie Francine, « Modernité et engagement des jeunes », communi
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26
Annexe 3
Enquête FB Loiret 2008
« L’
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Enquête réalisée par Pauline SAINT MARTIN et Julie BRUNETEAU, stagiaires chargées de
communication pour France Bénévolat Loiret.
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nous avons dû effectuer un stage qui servira ensuite à valider notre diplôme.
Nous avons répondu à une annonce parue sur le site de la faculté concernant un stage en
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de celui-ci, nous avons constaté que nous postulions toutes les deux au même stage. La Présidente
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afin de déterminer l
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Quelques jours avant le début de notre stage, nous avons rencontré Marie Journois, stagiaire chargée
de communication au siège de France Bénévolat à Paris, venue tout spécialement un après midi afin
de nous définir plus en détails notre mission, de nous faire découvrir son travail et de nous faire part
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associations.
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si les associations orléanaises étaient prêtes à accueillir des jeunes bénévoles, quelles missions elles
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DEMARCHE :
Lors de notre première semaine de stage nous avons rencontré Rose-Marie, accueillante et chargée
du suivi des associations pour France Bénévolat Loiret, qui nous a donné une liste des associations
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avons même effectué des entretiens par téléphone.
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déroulée, la plupart ont pris le temps de nous recevoir et étaient très intéressés par notre enquête. A
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Malgré un accueil chaleureux, nous avons quand même été confrontées à quelques refus. En effet
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De plus, certaines associations ont mal interprété notre venue dans leurs locaux et ont pensé que
nous étions présentes en tant que bénévoles pour leur venir en aide ponctuellement. Il a donc fallu
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PREMIERS RESULTATS :
Pendant 5 semaines les rendez vous se sont succédés, nous allons donc à présent reprendre chaque
point du questionnaire afin de synthétiser au mieux les réponses obtenues des associations.
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nous avons rencontré des petites associations qui comptaient une dizaine de bénévoles mais aussi
des associations nationales ayant une antenne dans la région et qui regroupaient forcément
beaucoup plus de membres actifs.
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écédemment, elle diffère selon chaque association.
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Dans la grande majorité des cas, les associations ne comptent que très peu de jeunes de 15 à 25 ans
dans leurs effectifs.Cer
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associations orléanaises deux à trois jeunes sur vingt bénévoles. Pour celles qui en ont recruté, les
jeunes sont chargés de la même mission que les autres. Il nous semblait pertinent de préciser
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En ce qui concerne la formation des bénévoles, chaque association a sa propre politique. Les
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De plus, des groupes de paroles et des rendez vous avec des psychologues sont souvent organisés
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remplir leur mission et tenir leur engagement.
Le recrutement des bénévoles se fait essentiellement par le « bouche à oreille »,quial
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bien fonctionner pour certaines associations.
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De plus, toutes les associations que nous avons rencontrées participent à des manifestations
publiques, comme « Rentrée en Fête » à Orléans qui a lieu tous les ans début septembre. Ces
associations assurent aussi des permanences à la maison des associations d’
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ont aussi précisé que France Bénévolat les aidait ponctuellement à trouver de nouveaux bénévoles.
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durée indéterminée. Les associations accueillent volontiers ces personnes tout en sachant que
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Cela dépend de la disponibilité des gens, il est évident que les retraités sont beaucoup plus présents
que les personnes salariées. Mais une association a besoin de tout le monde pour pouvoir avancer.
28
Les responsables des associations sont des bénévoles qui occupent cette fonction depuis au moins
deux ans.
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Concernant la présence de jeunes au sein des associations, ces dernières ne sont pas du tout contre
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Ensuite, il nous a parut intéressant de questionner les associations sur leur vision de la jeunesse
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jeunesse est indispensable à leur pérennité etsedemandentquel
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de sensibiliser les jeunes au bénévolat.
De plus, toujours selon les associations, les jeunes pourraient apporter beaucoup de choses au
bénévolat. En effet, elles nous ont confié que des jeunes bénévoles pourraient apporter de nouvelles
compétences, puisque la nouvelle génération est très portée sur les nouvelles technologies, comme
internet par exemple. Ils pourraient également apporter un nouveau point de vue sur la façon de gérer
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Puis, pour conclure nos entretiens, nous avons interrogés les associations sur les raisons pour
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Cette question a posé beaucoup de problèmes à nos interlocuteurs car elle a été parfois mal
comprise. Les réponses que nous avons obtenues sont donc parfois très vagues. Toutefois, nous
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dans une association demande une motivation personnelle forte. Toutes ont également conscience
que le premier frein à la participation des jeunes est le manque de temps libre dû à leurs études. De
plus, certaines associations abordent des sujets lourds et graves qui nécessitent une expérience de la
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nous renseigner sur les activités bénévoles proposées dans leurs locaux et afin de pouvoir interroger
quelques jeunes, bénévoles ou non, et ainsi avoir leur point de vue sur leur rapport au bénévolat.
Ainsi, nous avons interrogé une trentaine de jeunes de 16 à 22 ans. Nous sommes allées à la
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dans une association, ce que cela leur avait apporté, leurs motivations et que représentait le
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Pourtant, les jeunes semblent disposer de temps libre, ou pourraient en dégager, mais selon leurs
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Pour ceux qui seraient intéressés, ils sont plus attirés par du volontariat international, dans le but de
voyager et de monter des projets très concrets.
Par ailleurs, lorsque nous avons demandé à ces jeunes ce que représentait le bénévolat, les premiers
mot
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Nous nous sommes ensuite rendues au lycée Saint Paul Bourdon Blanc, un établissement
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a«fracture du numérique ».
Les élèves des filières technologiques construisent ainsi eux-mêmes des ordinateurs qui ont ensuite
envoyés à Madagascar afin que la population puisse combler son retard dans les nouvelles
technologies. De plus, le repas du partage a été instauré tous les ans chaque Vendredi Saint. Les
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locale choisie par les élèves durant la semaine de la solidarité.
CONCLUSI
ONSDEL’
ENQUÊTE:
Durant ces six semaines de stage au sein de France Bénévolat Loiret nous avons pu analyser en
détails les questionnaires que nous avons soumis aux différentes associations de la région orléanaise.
Ainsi nous avons pu noter que la population jeune au sein des associations est quasi nulle. Ils
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peu de temps libre et ils sont aussi très mobiles du fait de leurs études qui les obligent parfois à quitter
la région.
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pas sûr de pouvoir compter sur eux longtemps. Par ailleurs lorsque les jeunes réussissent à trouver
du temps libre ils le consacrent à une activité rémunérée afin de financer leurs études et de payer leur
logement.
De plus, les jeunes sont très mal informés des activités associatives autour de chez eux ce qui ne
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Par ailleurs, les associations que nous avons rencontrées nous ont fait part de leur désir de recruter
les jeunes afin de renouvel
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donc pas du fait que les jeunes soient inexistants au sein de leurs effectifs. Pourtant, cette situation
constitue un vrai paradoxe, car on sait la difficulté grandissante pour certaines associations de trouver
de nouveaux bénévoles, mêmes retraités.
De plus, le côté « intergénérationnel » pourrait avoir des conséquences tout à fait bénéfiques pour
une association.
Cela permettrait par exemple de monter de nouveaux projets, de sensibiliser de nouvelles personnes,
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les jeunes, et que donc une population bénévole trop vieillissante pouvait être un point « négatif » à
leur image.
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Ainsi, nous avons par exemple rencontré des associations qui souhaitaient sensibiliser un public
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30
Ce cas est un exemple vraiment représentatif puisque les associations manquent cruellement
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En revanche, si le souhait des associations est de sensibiliser un public à leur cause, alors des
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alors dans une démarche beaucoup plus profonde de recrutement et de sensibilisation de potentiels
bénévoles.
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Mais malheureusement ce que proposent les associations ne leur convient pas, cela ne correspond
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personnes travaillant au sein de France Bénévolat Loiret ,mais aussi grâce à chaque personne que
nous avons rencontrée dans les différentes associations. De plus cela a été un travail très enrichissant
personnellement puisque nous avons rencontré de nombreuses associations ayant chacune un but
différent.
En effet chaque personne interrogée nous a ainsi fait partager ses convictions, ses désirs ainsi que
ses propres interrogations concernant le futur associatif.
Cette étude nous a donc beaucoup enrichi que ce soit personnellement ou professionnellement
notamment pour la suite de nos études.
En effet nous avons été très bien encadrées et accueillies, ce qui nous a aidé pour réaliser cette
enquête.
31
Annexe 4
« Les jeunes existent-ils ? »
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-Martin pour France Bénévolat Février 2008)
Introduction :
Définir ce que nous entendons par « jeunes » et explorer la littérature produite sur le sujet me semble
être un préalable juste.
En effet :
– Doit-on considérer « La jeunesse » comme un groupe social en tant que tel ? Comment alors
définir cette « population »:t
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sociales ? système de valeurs ?...
– La jeunesse doit-el
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e» (entrée dans la vie
active, accès au logement, vie de couple, parentalité) sont désorganisés dans leur
déroulement, parfois précipités ou au contraire retardées voire compromis dans leur
permanence, les notions de « jeune »etd’
«adulte » ont-elles la même teneur (expérience,
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mentque«les adultes » les cantonnent hors de leur monde
voire les instrumentalisent au lieu de les intégrer à part entière et dans des rôles qui vaillent
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– Cette approche si elle vaut peut-être pour certains jeunes qui ont pris pour attitude de se
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leur engagement dans des causes ou des projets, aux valeurs qui les rassemblent ou les
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« ensemble » en prenant en compte leurs différences sur ces différents points.
– Enfin nous ne pouvons pas éluder que le concept de bénévolat dans un contexte où les
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Doit-on considérer la jeunesse en tant que groupe social ?
La production académique en sociologie se divise entre des théories qui font de la jeunesse un
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« quelque chose de plus en plus fort est commun à tous les jeunes ».
Certains établissent un lien entre type de Société et forme de jeunesse. L’
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comportement, in Le
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’
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, recherches pluridisciplinaire, Paris, La documentation Française,
1996, page 122.
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modèles.
La jeunesse se voit attribuer des valeurs culturelles spécifiques. Après la deuxième guerre mondiale,
les mouvements de jeunesse sont marqués par des couleurs religieuses et politiques (jeunesse
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différentes.
De 1957 à 1967, apparaissent des mouvements collectifs de révolte « sauvage ». Le phénomène de
« bandes » de jeunes est observé et la j
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De 1967 à 1975, les courants idéologiques portés par la jeunesse étudiante, remettent en cause et
ébranlent, par des actions révolutionnaires, les institutions politiques, culturelles, éducatives et la
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est: inadéquation entre formation et emploi, précarité, chômage,
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e«critique », considèrent que cette catégorie est vide de sens.
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universalistes et globalisantes constituent des exempl
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puisque fondées sur des tendances à mythifier la jeunesse.
Ainsi la thèse du « jeunisme » est, selon lui, de nature à per
pét
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jeunesse homogène culturellement ou idéologiquement et par conséquent uniformément disposée à
aborder positivement ou négativement le monde du travail ou de la professionnalisation8.
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montrée menaçante et capable, pendant un temps, de déborder les institutions républicaines.
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Les jeunes : des acteurs qui diversifient leurs stratégies faces à des
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eunessedes«sans
diplôme » mais en portant sur elle un regard qui, au delà de la description de la galère vécue par les
jeunes et de leurs sentiments de rejet ou de rage, permet de révéler toutes les formes de stratégies
qu’
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ERIKSON développe également cette idée.
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Selon les auteurs, les facteurs conjoncturels de notre société contraignent les jeunes à mobiliser
toutes leurs ressources pour préserver ou améliorer leur sort. De ce fait, les comportements des
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Leur étude fait apparaître que les jeunes ne se reconnaissent pas dans une identité collective qui les
lierait en un groupe social du faitdel
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par la « rage » à travers la délinquance, le non respect des codes
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empêchent de trouver des solutions efficaces, rapides et concrètes pour leur faciliter la vie. Ils
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Selon les auteurs, deux raisons majeures expliqueraient le développement des comportements
individualistes.
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Paradoxalement, la réussite professionnelle, les salaires élevés sont valorisés par les normes
sociales. Aussi, il est moins naturel de faire comme « ceux »dumi
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« Fin de siècle début de vie, voyage au pays des 18-25 ans », Paris, Syros Alternative, 1990.
10 Cf. François DUBET : « La galère : jeunes en survie », Paris, FAYARD, 1987.
11
Page 142.
34
D. LINHART et A. MALAN décrivent, dans leur ouvrage, les comportements des jeunes qui visent,
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autant plus attendus que leur parcours du combattant les a longuement et péniblement bridés :
amélioration de leur condition, épanouissement au travail, accès au confort matériel, à
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D. Linhart et A. Malan ont identifié quatre « logiques » qui président aux stratégies déployées par les
jeunes dans leur insertion.
1)LA LOGIQUE DE LA NECESSITE :
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exemples cités par D. LINHART. et A. MALAN décrivent des jeunes en emploi précaire ou très peu
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La peur du chômage inhibe toute tentative de dynamique professionnelle. Toute leur énergie est
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déchargent entre eux leur insatisfaction.
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répétitives mais aussi pour développer leur capacité de travail. Ils cherchent à évoluer dans
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solitaire. La sortie de la galère résulte davantage d’
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Dans les exemples cités par D. LINHART et A. MALAN, ils visent fréquemment les
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personnelle, ne fonctionne plus ni vis à vis des collègues ni des systèmes de reconnaissance et
de rétribution.
3) LE DIFFEREMMENT :L’
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heureuse pourrait-on dire. Ils goûtentd’
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Fréquemment, ils prolongent leurs études en suivant la voie toute tracée de leur réussite antérieure
davantage qu’
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i
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sée: « bons en maths »,i
l
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i
r
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dans les grandes écoles, comptant sur la carte de visite que leur procurera « d’
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r
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.
.». Le
prestige peut être une de leurs valeurs ou de celles de la famil
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ent
s.I
l
s
suivent alors ce choix comme un marché tacite pour jouir en contrepartie de ce temps accordé.
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ogi
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i
l
ssuivent consiste à capitaliser des expériences enrichissantes, des diplômes, qui les
guideront et augmenteront leurs chances - pensent-ils - face aux opportunités. Ils cherchent à
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i
runecer
t
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4) L’
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SSEMENT: Y ARRIVER :
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i
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l
sse
fixent des étapes, des délais, et préparent scrupuleusement les différentes phases. Animés par une
12
Page 111.
36
forte détermination, ils ne reculent devant aucune difficulté, trouvent des moyens. Une fois les études
terminées, ils cherchent à négocier rapidement leur insertion. Ils sont obstinés, pragmatiques,
autonomes.
I
l
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La jeunesse en tant que processus de maturation :
La notion de jeunesse est dans ce cas apparentée à la période de l
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multidimensionnel qui lie des données objectives, chaque individu est unique, à des sentiments
subjectifs. Ainsi l
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13
multiples facettes .
La psychologie montre bien que l’
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âge crucial au regard de ce double mouvement.
14
Erik. H. ERIKSON , s’
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medetournant nécessaire, de moment crucial, dans le développement lorsque
celui-ci doit choisir entre des voies parmi lesquelles se répartissent toutes les ressources de
15
croissance, de rétablissement et de différenciation ultérieure .
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run potentiel idéologique dans lequel il trouvera
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eaffirmé par ses pairs, confirmé par ses maîtres, et inspiré par des modes de
16
vie qui en vaillent la peine .
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Claude DUBAR interroge sur ce point : Commentpenserl
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dans un premier emploi devient précaire ou provisoire pour de nombreux jeunes et que les
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le stade terminale de PIAGET ? ERIKSON sur ce point relie également développement individuel et
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s
i
t
é
Paris X Nanterre. L’
i
de
nt
i
t
épe
r
s
onnelle in SCIENCES HUMAINES - hors série N° 15 : Identité, identités,
déc./Janv. 1997.
14
Erik. H. ERIKSON. Adol
e
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r
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i
npa
rJ
os
e
ph
NASSET et Claude-Louis COMBET. Paris, Flammarion, 1972.
15
Idem. page 11.
16
Idem. pages 135 et 162.
17
Idem. page 28.
37
environnement : La di
scussi
on sur l
’
i
dent
i
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é ne peutsépar
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a cr
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ssance per
sonnel
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e des
18
changements sociaux .
19
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une di
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aude LEVY-LEBOYER
ajoute que : pl
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r
el
es
chocs affectifs et plus il est équilibré, à condition que les différents aspects de sa personnalité soient
bien intégrés entre eux.
Le rôle de la Société est donc, selon ERIKSON, de lui aménager un certain moratoire
psychosocial, c’
estàdi
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ions diverses, accordée par
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edescompor
t
ement
sdontl
’
about
i
ssementestuneconfirmation plus
ou moins solennelle par la société de cet engagement.
ERIKSON insiste particulièrement sur le rôle de la société et des adultes vis-à-vis des adolescents : Il
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i
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’
i
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i
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éponde... et...
qu’
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uiaccor
del
afonction et le statut d’
uneper
sonnedontl
acr
oi
ssanceetl
at
r
ansf
or
mat
i
on
progressives prennent une signification au regard de ceux qui commencent eux-mêmes a prendre
20
une signification pour lui .
Not
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r
el
’
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t
ent
i
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e danger de cristalliser les comportements adoptés par les
jeunes durant « la crise » d’
adol
escence etde l
es cataloguer une fois pour toute, à l
’
ai
de de
diagnostics rapides et de jugements sociaux qui ignorent les conditions dynamiques spéciales de
21
l
’
adol
escence .
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souvent parce que la société sous-est
i
meàquelpoi
ntl
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exehi
st
oi
r
ed’
unenf
anta
22
réduit, chez le jeune, sa possibilité de choisir plus tard un changementd’
i
dent
i
t
é.
Le travail, notamment, est présenté par ERIKSON et la psychologie en général, comme lieu privilégié
deconf
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i
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adol
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ui
.Que les
capaci
t
ésd’
un adol
escentr
égr
essent ou non à des conflits infantiles dépend, dans une mesure
significative de la qualité des possibilités de récompenses que peut lui offrir le groupe de ses pairs
aussibi
enquedesmodespl
usf
or
mel
sparl
esquel
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i
cl
’
i
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erunpassage du
jeu social à l
’
expér
i
encedu travail et à passer des rites du travail à des engagements définitifs...
Les objectifs du travail ... renforcent aussi le fonctionnement du moi en offrant une activité
23
constructive avec des outils et des matériaux réels cette fois et dans une réalité communautaire .
Les thématiques de l
’
i
dent
i
t
éet de la socialisation, se retrouvent également en psychosociologie et
en sociologie.
Les concept
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t
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également pour fonction de rendre siennes les règles sociales, qui sont par définition extérieures à
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’
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.
.Cet
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suppose la primaut
é de l
a soci
ét
é sur l
’
i
ndi
vi
du . Le concept de socialisation suscite des
questionnements et des théories qui se contredisent.
18
19
20
21
22
23
24
E.H. ERIKSON. Op. cit. page 19.
Docteur ès Lettres et Sciences humaines en Psychologie et Psychologie du travail.
E.H. ERICKSON. Op. cit. page 163.
Idem. page 137.
Idem page 167.
Idem, pages 172 à 179.
R. BOUDON, et alii. Dictionnaire de la sociologie, Paris, éditions Larousse, 1990, page 181.
38
Cer
t
ai
nsavancentl
’
hypot
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asoci
al
i
sat
i
onestunpr
ocessusdeconditionnement,c’
estl
e
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courant représenté par DURKHEIM , PERCHERON, PASSERON et BOURDIEU. Ces derniers
26
dével
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’
i
déequel
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gnementestl
’
i
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umentparl
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’
i
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du à enr
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essour
ces cogni
t
i
ves ou à
modifier ses attitudes normatives. Ainsi une distinction fondamentale est introduite par BERGER et
LUCKMAN, entre socialisation primaire (
acqui
seaucour
sdel
’
enf
ance)etsocialisation secondaire
(qui résulte des réajustements produits et optimisés au fil des expériences nouvelles). La capacité
d’
unsuj
et
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ersescondui
t
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ésul
t
e,sel
oncet
t
eopt
i
que,dudegr
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intériorisation de son
mode de socialisation primaire.
La réversibilité de celui-ci dépend de ses capacités affectives et cognitives à remettre en question les
r
epr
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tappuyéj
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al
or
s.
MERTON introduit la notion de groupe de référence qu’
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lopposeau gr
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appar
t
enance.Cette
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hèse s’
appui
e égal
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’
i
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on peut être différenciée par rapport aux
val
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appar
t
enance.
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que de l
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e s’
i
nt
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esse aux
phénomènes qui se produisent entre sujets et groupes. Ainsi la constitution des opinions, les
phénomènesd’
i
nf
l
uence,l
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t
i
t
udesetl
eschangement
ssoci
auxsont notamment étudiés par cette
discipline.
28
Selon Carmel CAMILLERI l
’
i
dent
i
t
éremplit certaines fonctions. Elle est intimement liée à la
production des rapports sociaux. Définir autrui serait en réalité unet
ent
at
i
v
ed’
i
mmobi
l
i
sat
i
onde
ce rapport en faveur de celui à qui cela profite.L’
i
dent
i
t
éattribuée serait un instrument de fixation des
rapports sociaux, un puissant vecteur de la production idéologique ayant recours à la falsification de
29
l
’
i
dent
i
t
ér
éel
l
eparréduction ou par confusion . Ainsi toutes formations générales, y compris les
syst
èmesl
espl
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humai
nser
et
our
nentcont
r
el
uis’
i
l
snesontpassanscesse
réappropriés par le sujet concret.
BECKER,s’
esti
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ér
essédepl
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èsauphénomènedemise en conformité.Sel
onl
uil
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at
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r
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but
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eles sujets ainsi
définis à s’
i
dent
i
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i
eract
i
vementàl
’
i
dent
i
t
équi
l
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f
ect
ée.
THOMAS parle du principe de la prédiction créatrice : quand les hommes considèrent quelque chose
comme réelle, elle le devient dans ses conséquences. Selon MERTON, enfin, se réalise un
model
agedel
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.Cf. Claude
DUBAR. Op. cit. pages 65-66.
26
Pierre BOURDIEU et Jean-Claude PASSERON. La reproduction, éléments pour une théorie du
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, Paris, Les éditions de Minuit, 1970. 279 pages.
27
R. BOUDON, F. BOURRICAUD. Dictionnaire critique de la sociologie, Paris, P.U.F. 2éme édition,
1986, pages 527 à 534.
28
Professeur de psychologie sociale, Université René DESCARTES à Paris.
29
Carmel CAMILLERI.I
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ein Identités
collectives et changements sociaux, sous la direction de Pierre TAP, colloque international, Toulouse, éditions
Privat, 1979, page 339.
30
Cf. Claude DUBAR. Op. Cit. page 113.
39
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31
prisme de la relation à autrui . MEAD insiste sur le risque constant de dissociation du soi qui
32
accompagne la socialisation ainsi : Plus on est soi-même mieux on est intégré à un groupe . Le
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primaire, identité secondaire, identité réelle, identité virtuelle) détermine les chances de continuité ou
les risques de rupture. Lorsque cette dernière se produit on peut arriver à des altérations
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31
Gustave-Nicolas FISCHER. Les concepts fondamentaux de la psychologie sociale, Paris, éditions
DUNOD, BORDAS, 1987, page 167.
32
Claude DUBAR. Op. cit. pages 97 à 98.
33
Idem. page101.
40