Dictionnaire des gros mots : insultes, grossièretés

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Dictionnaire des gros mots : insultes, grossièretés
Dictionnaire des gros mots : insultes,
grossièretés et autres noms d'oiseaux
GENCOD : 9782353151660
PASSAGE CHOISI
«N'écoutez jamais ceux qui vous conseillent de répondre aux insultes par le mépris : il faut
répondre à l'insulte par l'insulte, voire la gifle ou le coup de pied. On ne défend pas son
honneur en s'asseyant dessus.»
Winston Churchill, 1947.
Mais comment faire, cher Winston ?
Injurier son prochain, même pour répondre à l'insulte par l'insulte, demande un minimum de
technique et de connaissances. Comme le disait naguère Michel Audiard à propos du cas
particulier des injures proférées par les automobilistes, «conduire à Paris est une question de
vocabulaire». Dès lors qu'on le possède, rien de plus facile que d'injurier son prochain, rien
de plus agréable aussi, rien de plus créatif et joyeux.
Nous verrons au fil des pages de ce dictionnaire, en parcourant les quelques centaines de
mots ou d'expressions qui le composent, que les injures - pourtant d'une grande diversité sont toutes plus ou moins formées selon les mêmes modèles.
Nous croiserons des injures par «animalisation» : l'injurié est ravalé au rang de l'animal, exclu
de l'humanité. Il est traité de singe, de vermine, cette manière de lui dénier son humanité est
souvent le fait d'injures racistes ou antisémites. Les «noms d'oiseaux» renvoient la personne
insultée au rang des perroquets bavards, des têtes de linottes stupides ou des paons
prétentieux.
Nous entendrons également des injures par «corporalisation» : l'injurié est assimilé à une
partie de l'anatomie humaine, et pas des plus nobles. Il est traité de tête de gland ou accusé
de chanter comme un pied.
Viennent encore des injures par «réification» : l'injurié est rabaissé au niveau des objets, on le
traite de serpillière ou de raclure de bidet.
Enfin, citons les injures par «dépréciation morale» : la moralité de l'injurié lui est déniée, à
moins qu'il ne soit simplement classé parmi les pauvres types.
Jurer n'est pas beaucoup plus difficile, c'est également une question de vocabulaire. Les
jurons n'en utilisent que trois grandes familles, celui de la sexualité, et particulièrement le
vocabulaire de la prostitution, celui de la scatologie et enfin celui de la religion. Des formules
telles que «putain de bordel de merde de nom de Dieu !» permettent de les utiliser tous.
La méchanceté et la grossièreté ont une histoire, dont l'usage des injures et des jurons est
l'une des manifestations. Nous allons la parcourir en découvrant les «gros mots» de la langue
française, de Gargantua et Henri IV à l'univers du rap et des disputes sur Internet. Nous en
profiterons pour découvrir l'immense imagination du personnel politique, en particulier des
parlementaires et des ministres de la République. Nous découvrirons au passage que l'on
s'insulte plus volontiers entre «amis» politiques qu'entre adversaires.
Tous les exemples cités dans ce dictionnaire sont authentiques. Nous avons renoncé au
plaisir d'en créer nous-même, et de jouer en toute impunité avec tous ces gros mots, ces
grossièretés, ces horreurs, pour aller chercher chez d'autres une phrase, quelques vers, une
citation... On croisera ici, il fallait s'y attendre, Brassens et Céline, Léon Daudet et Léon Bloy,
mais pas uniquement. Des exemples plus contemporains viendront illustrer les mots ayant
fait récemment leur entrée dans l'univers de l'insulte. Les chroniques des méchants
comiques salariés des émissions de télévision ou les débats - certes plus policés - des
dernières grandes élections nationales ont été la source de belles découvertes.
Les chanteurs de rap - à la grossièreté inouïe, mais à l'orthographe parfois hasardeuse - ont
été aussi parmi nos principaux pourvoyeurs, tout comme les anonymes contributeurs des
débats sur le web.
Nous aurions pu d'ailleurs illustrer ce dictionnaire en ne nous servant que d'exemples puisés
sur Internet, tant l'injure, la pire, l'abjection et la méchanceté y sont particulièrement à leur
aise... Nous y avons d'ailleurs trouvé quelques pépites, encore ignorées des dictionnaires
académiques.
Ce dictionnaire paraît en l'an 10 du «web 2.0», l'outil de la communication totale et de
l'interaction entre tous les utilisateurs, dont l'une des conséquences inattendues est bien ce
déferlement de haine et d'insultes qui submerge les blogs et les forums, les commentaires
d'articles mis en ligne et le moindre recoin d'un «espace de liberté» transformé en réceptacle
des pires bassesses. Les mots les plus orduriers, les plus épouvantables injures racistes,
antisémites, homophobes ou sexistes y fleurissent. Sur Internet, il apparaît normal d'injurier,
d'humilier, d'avilir... d'autant plus normal que ce sera sans risque. Bien caché derrière son
écran, l'internaute peut cracher son venin, décréter sous la photo innocente dont une
malheureuse adolescente a illustré son blog que c'est un thon, un cageot, une tasspée...
«C'est assez pratique de pouvoir faire mal sans prendre le contre-choc de l'empathie,
déplorait la bloggeuse Maïa Mazaurette. Les larmes de ces ados pas si jolies, on ne les verra
jamais...»
Le monde est méchant.
Il faut s'en défendre par des mots aussi tranchants que des armes. En voici quelques
centaines, bien affûtés, prêts à servir.
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