1 Chapitre 18 Paul A. Lamarche et Adriana Trigub Clover: La
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1 Chapitre 18 Paul A. Lamarche et Adriana Trigub Clover: La
Chapitre 18 Paul A. Lamarche et Adriana Trigub Clover: La propriété privée des organisations de santé : quels effets sur les services? 1 Table des matières Introduction 1- Pourquoi des effets différents selon le type de propriété ? 2- Aspects méthodologiques 3- Description des variables 4- Résultats - Comparaison des organisations sans but lucratif et des organisations à but lucratif - Comparaison des organisations publiques et des organisations à but lucratif - Comparaison des organisations publiques et des organisations sans but lucratif - Effets des services selon le type de propriété des organisations productrices 5- Implications des résultats - Implications théoriques - Implications pour le Québec Bibliographie Annexe : Liste des recherches retenues Liste des tableaux 2 Liste des tableaux Tableau 1 : Comparaison des organisations sans but lucratif et à but lucratif Tableau 2 : Comparaison des organisations publiques et à but lucratif Tableau 3 : Comparaison des organisations sans but lucratif et publiques Tableau 4 : Rang des organisations dans l’atteinte des effets selon le type de propriété 3 Introduction Le recours accru aux organisations privées de santé est avancé comme une solution aux difficultés que rencontre le système public de soins québécois. Les arguments en sa faveur sont entre autres l’accessibilité aux services et le contrôle des dépenses. Le recours accru à ces organisations est susceptible d’accroître la production totale de services et ainsi répondre à une partie de la demande qui s’exprime au système public et réduire les listes et temps d’attente. Leur productivité est aussi postulée supérieure aux organisations publiques. Les opposants de cette mesure considèrent que, pour assurer leur rentabilité, ces organisations se limiteront à offrir des services financièrement rentables mais pas nécessairement pertinents socialement. Les dépenses de santé ne seront pas mieux contrôlées parce que les cas les plus complexes et les plus coûteux demeureront ou seront transférés au système public. La recherche n’a pas encore démontré que ces organisations sont plus productives que les organisations publiques pour fournir des services de santé. Le présent chapitre entend apporter un éclairage à ce débat. Il présente une synthèse de recherches publiées récemment qui ont cerné les effets associés à la fourniture des services de santé selon trois types de propriété des organisations productrices : privée à but lucratif, privée sans but lucratif et publique. Il se divise en cinq parties. La première résume les raisons ou théories permettant d’escompter des effets différents selon le type de propriété des organisations. Les trois parties suivantes présentent respectivement la sélection, le résumé et l’analyse des recherches sélectionnées, l’opérationnalisation des variables et les résultats de cette synthèse. La dernière discute des implications des résultats pour l’avenir du système de soins québécois. 5- Pourquoi des effets différents selon le type de propriété ? Plusieurs raisons et théories sont proposées pour appréhender les effets des services associés au type de propriété des organisations productrices (Becker et Potter, 2002). La recherche du profit est la raison la plus souvent évoquée, la plus débattue mais aussi la plus acceptée comme influençant le comportement des organisations et les effets des services. Le profit est considéré l’incitation majeure des organisations à but lucratif surtout dans les théories économiques classiques. Il les incite à rechercher la plus petite combinaison de ressources permettant de satisfaire les clients. Ces organisations sont donc perçues comme étant plus performantes, plus rentables et plus productives que les organisations sans but lucratif (Clark, 1980 ; Cutler et Horwitz, 2000). Les organisations qui ne subissent pas l’influence du profit sont considérées presque naturellement comme non performantes et non productives (Gray et al., 1991 ; Hassan, 1996 ; Wilder, 1996). Mais, le profit est aussi vu comme pouvant inciter les organisations à adopter des comportements qui vont à l’encontre des intérêts d’autres acteurs. À titre d’exemples, il peut les inciter à facturer des frais maximum et même démesurés aux compagnies d’assurance et aux assurés (Sloan et al., 2001 ; Rotarius et al., 2005 ; 2006), à couper les dépenses en deçà de ce qui est requis pour maintenir la qualité des services (Parker et al., 1997) ou encore à ne pas référer des patients, sources de revenus, vers des services qui 4 pourraient leur être bénéfiques (Pushkal et al., 1999). L’influence du profit est certes reconnue mais son impact peut être différent selon les théories avancées. Les intérêts des détenteurs d’enjeux (stakeholders) constituent une autre raison permettant d’appréhender les effets des services selon le type de propriété des organisations. Un détenteur d’enjeux est une personne ou un groupe qui peut influencer ou être influencé par l’atteinte des objectifs d’une organisation (Freeman, 1984). Les intérêts des détenteurs d’enjeux des organisations à but lucratif sont perçus comme les incitant à maximiser le profit. Ceux des organisations sans but lucratif sont perçus comme les incitant à poursuivre et à maximiser l’atteinte d’objectifs à connotation davantage sociale tels la santé et le bien-être de la communauté, la qualité des services ou encore l’accès aux soins des plus démunis. Pour certains auteurs, ce n’est pas la recherche du profit qui distingue surtout les organisations à but et sans but lucratif. Toutes les organisations tentent de générer un excédent des revenus sur les dépenses (profit). Les organisations sans but lucratif sont souvent considérées à cet égard comme des organisations à but lucratif déguisées (Steinberg, 1993 ; Weisbrod et Schlesinger, 1986 ; Weisbrod, 1998). Ce qui semble distinguer le plus ces organisations, c’est l’utilisation de cet excédent. Dans les organisations à but lucratif, cet excédent est versé principalement aux propriétaires ou aux actionnaires. Dans les organisations sans but lucratif, il doit être utilisé pour des finalités à connotation sociale afin de conserver les avantages, entre autres fiscaux, associés au statut sans but lucratif (Hansmann, 1996 ; Irving, 2000 ; Sloan et al., 2001). Les intérêts des détenteurs d’enjeux permettent donc de s’attendre à une meilleure performance sociale des organisations sans but lucratif comparativement aux organisations à but lucratif. La diversité des intérêts des détenteurs d’enjeux semble influencer la performance relative des organisations privées sans but lucratif et des organisations publiques. Aux yeux de plusieurs, ces deux organisations accomplissent sensiblement les mêmes fonctions. Toutefois, dans une société où les attentes et préférences des citoyens sont relativement homogènes, il semble avoir moins de justifications pour des organisations privées sans but lucratif surtout si les organisations publiques accomplissent leurs fonctions de manière satisfaisante. Dans des sociétés pluralistes, les organisations publiques peuvent satisfaire les attentes et préférences de la majorité des citoyens tout en laissant d’importants groupes insatisfaits. Dans ce contexte, les organisations sans but lucratif deviennent des remplacements ou des compléments intéressants aux organisations publiques (Weisbrod, 1997). Leur diversité permet de répondre simultanément et de façon satisfaisante à des attentes et des préférences de sous-groupes très variés de la population (Crampton et Lay-Yee, 2005). Les intérêts des gestionnaires sont aussi utilisés pour appréhender le comportement et la performance des organisations publiques. Leur influence est surtout mise en évidence par les théoriciens de la nouvelle administration publique. Ils considèrent que le principal intérêt des gestionnaires des organisations publiques est d’accroître les budgets dont ils sont responsables. Il en résulte un développement de ces organisations et une ampleur de leur budget qui sont supérieurs à ce qui est requis pour répondre aux besoins des consommateurs. Selon cette théorie, la performance et la productivité des organisations 5 publiques sont inférieures à celles des organisations à but lucratif mais aussi aux organisations sans but lucratif. Les imperfections du marché des services de santé sont aussi avancées comme facteur permettant d’appréhender la place et la performance des différentes organisations (Steinberg et Gray, 1993). Une première imperfection est la capacité limitée des patients d’apprécier la qualité des services qu’ils reçoivent. Cette imperfection est amplifiée par la présence de tiers payants qui fait en sorte que la personne qui reçoit les services n’est pas celle qui les paie. Ces imperfections diminuent les incitatifs des organisations à maintenir la qualité des services. Ce sont ces imperfections qui justifient et expliquent la présence des organisations sans but lucratif en santé (Sloan et al., 2001 ; Hart et al., 1997). Parce qu’elles n’ont pas d’obligation envers des actionnaires, elles ont moins d’incitatifs à utiliser ces imperfections à leur avantage. En présence d’imperfections du marché, les organisations sans but lucratif sont dites plus performantes que celles à but lucratif. Le profit Les intérêts Rationalité économique sociale La rationalité des organisations constitue une dernière raison (Weber, 1947). Il existe deux types de rationalité : économique et sociale. Ces deux rationalités sont deux faces de la même pièce : si l’une augmente, l’autre tend à diminuer. Cette théorie laisse donc présager que les organisations à but lucratif sont plus performantes économiquement et moins socialement. Les organisations sans but lucratif et publiques sont à l’inverse moins performant économiquement mais plus socialement. 2- Aspects méthodologiques Les recherches sur les effets des types de propriété des organisations prestataires de services de santé ont été répertoriées à partir des moteurs de recherche EconoLit, ISI Web of Science, PubMed et OVID Medline en utilisant des mots-clés reliant des types de propriété et des effets. Cent onze recherches ont ainsi été recensées, dont 24 ont été retenues. Elles répondent aux critères suivants : publiées en français, anglais ou espagnol entre les années 1997-2007, effectuées dans un ou des pays de l’Organisation de Coopération et de Développement Économique (OCDE); comparent des organisations privées à but lucratif, privées sans but lucratif et publiques sur au moins un effet concernant les patients, le personnel, les organisations ou les milieux dans lesquelles elles opèrent; contrôlent l’influence de caractéristiques des patients sur les effets les concernant et sont disponibles via la base de données Maestro de l’Université de Montréal. Pour chacune de ces recherches, les informations suivantes ont été recueillies : les objectifs poursuivis, les types de propriété analysés, les effets considérés, les caractéristiques des patients qui ont été contrôlées, les effets observés et les facteurs associés à ces effets. L’analyse des études a procédé en deux étapes. La première a consisté à regrouper les indicateurs qui portent sur les mêmes effets. Cette étape est nécessaire parce que les mêmes indicateurs servent à apprécier, selon les études, des effets différents. La deuxième étape consiste à agréger les résultats. Elle consiste, pour chacun des effets 6 analysés, à apprécier la performance des organisations de chaque type de propriété en comparaison à celle des deux autres types de propriété. Cette appréciation est faite sur la base du pourcentage des observations qui révèlent une performance supérieure, égale ou inférieure des organisations d’un type de propriété par rapport à celle d’un autre type de propriété. Une observation est une comparaison des organisations de deux types de propriétés sur un indicateur d’un effet donné. Les tableaux 1 à 3 présentent les pourcentages des observations qui permettent d’apprécier les effets associés aux organisations sans but lucratif (SBL) comparativement aux organisations à but lucratif (BL) et aux organisations publiques (PUB) ainsi qu’aux organisations publiques comparativement aux organisations à but lucratif. Ils présentent aussi le nombre d’études et d’observations sur lesquelles repose cette appréciation. Plus ces nombres sont élevés, plus ces appréciations sont considérées fiables et valides. 3- Description des variables Dans les articles sélectionnés, trois types de propriété sont analysés : publique, privée sans but lucratif et privée à but lucratif. Les organisations publiques appartiennent à une instance gouvernementale de niveau national, subnational (état, région ou province) ou local. Ces organisations sont sans but lucratif. Les organisations privées sans but lucratif appartiennent à des corporations privées caritatives, religieuses ou communautaires. Leur but n’est pas le profit, mais bien de desservir les milieux dans lesquels elles s’insèrent. Elles sont dirigées par des conseils d’administration qui sont composés généralement de représentants de leur milieu d’appartenance qui y siègent bénévolement. Les organisations privées à but lucratif appartiennent à des corporations privées en vue de faire des profits en offrant des services. Les effets sont regroupés en trois grandes catégories. La première catégorie regroupe les effets reliés à la santé des personnes c’est-à-dire à l’efficacité (Slee et al., 2001). Deux types d’efficacité sont considérés : l’efficacité-santé et l’efficacité-services. L’efficacitésanté réfère à la contribution des services à l’amélioration et au maintien de la santé des personnes et des populations (Pineault et Daveluy, 1996). Dans le cadre de cette synthèse, elle est appréciée par la mortalité, les risques de décès, les taux de survie, la morbidité et la fonctionnalité physique et cognitive des personnes. L’efficacité-service est appréciée par la contribution des services de santé au contrôle de maladies. Dans le cadre de cette synthèse, elle porte plus spécifiquement sur l’asthme, le diabète et l’hypertension. La deuxième catégorie d’effets qualifie l’expérience de soins des personnes. Elle regroupe les indicateurs reliés à l’accessibilité, la globalité, la qualité et la réactivité des services. L’accessibilité réfère à la facilité d’entrer en contact avec les services de santé (Pineault et Daveluy, 1996). Elle comprend trois dimensions. L’accessibilité organisationnelle réfère à la facilité avec laquelle les services sont obtenus. Elle est généralement mesurée par les délais pour l’obtention des services. L’accessibilité financière réfère à la fourniture de services à des clientèles financièrement vulnérables. L’accessibilité culturelle réfère à la fourniture de services aux minorités culturelles. La globalité indique la gamme de services offerts par les organisations productrices. Plus la 7 gamme de services est large plus la globalité est grande. Dans de tels cas, les services offerts débordent les services médicaux de nature purement curative. Elle peut inclure des services préventifs ou palliatifs ainsi que des services sociaux ou communautaires ou encore des services aux aidants naturels. La qualité réfère au degré avec lequel les services sont conformes aux normes professionnelles, guides de pratique et lignes directrices qui prévalent au moment de l’étude ainsi qu’à leur pertinence c’est-à-dire à la justesse du service compte tenu de la condition de la personne (Slee et al., 2001). L’appréciation de la qualité repose généralement sur l’avis de professionnels ou d’experts. La réactivité réfère au degré avec lequel les attentes et préférences des personnes sont rencontrées et satisfaites (OMS, 2000). Dans le cadre de cette étude, elle est appréciée selon le point de vue de trois acteurs : les utilisateurs des services, le personnel qui les fournit et les milieux dans lesquels s’insèrent les organisations productrices. La réactivité des utilisateurs est appréciée par leur satisfaction des services reçus ou du respect manifesté à leur endroit par le personnel des organisations. La réactivité du personnel soignant est appréciée par leur degré de satisfaction au travail, la collaboration perçue entre les professionnels et leur sentiment d’autonomie et de contrôle de leur pratique. La réactivité du milieu regroupe les indicateurs déterminant le degré avec lequel les organisations prennent des mesures pour orienter les services vers la satisfaction des besoins des membres du milieu, pour informer et être imputable envers le milieu et pour analyser ou traiter les plaintes formulées par les membres de ce milieu. La troisième catégorie regroupe les indicateurs d’effets à consonance financière ou économique. Elle comprend les indicateurs reliés à la productivité et à la rentabilité financière des organisations. La productivité est le rapport entre les services produits et les ressources utilisées à leur production (Contandriopoulos et al., 2000). Elle est appréciée à partir de la quantité, du type et de la nature des ressources utilisées pour produire les services ou pour prendre en charge un problème de santé, un épisode de soins, une personne ou une population. Dans certaines études, elle est apprécié globalement à l’aide d’un indice global : « efficience technique ». Dans d’autres études elle est appréciée à partir de certaines de ses composantes : les coûts totaux ou administratifs, la durée moyenne de séjour en centres hospitaliers ou la substitution de services hospitaliers par des services ambulatoires. Dans le cadre de cette revue, des coûts totaux ou administratifs moins élevés, des durées de séjour moins longues en centres hospitaliers ou une substitution plus grande des services institutionnels par des services ambulatoires sont considérés comme une meilleure productivité. La rentabilité financière des organisations est appréciée à partir de la différence entre les montants chargés aux patients et les coûts des services. Plus cette différence est grande, plus l’organisation est dite rentable. 6- Résultats Les résultats sont présentés en deux temps. Les effets associés aux organisations selon deux types propriétés sont présentés tour à tour. Ces comparaisons sont ensuite synthétisées afin d’ordonnancer les trois types de propriété des organisations selon leur degré d’atteinte des effets analysés. 8 Comparaison des organisations sans but lucratif et des organisations à but lucratif Le tableau 1 présente les effets des services produits par les organisations sans but lucratif en comparaison aux organisations à but lucratif. Les résultats concernant des composantes spécifiques de la productivité reposent sur un nombre limité d’études et d’observations. Insérer le Tableau 1 La majorité des observations (57 %) pointe vers une efficacité égale des services offerts par ces deux types d’organisations. Lorsqu’une inégalité est observée, elle est presque toujours en faveur des organisations sans but lucratif. Trente-huit pourcent des observations révèlent une efficacité supérieure des services offerts par les organisations sans but lucratif comparativement à 5 % qui indique une supériorité des organisations à but lucratif à cet égard. L’efficacité des services des organisations sans but lucratif est donc égale ou supérieure aux organisations à but lucratif. Un fort pourcentage d’observations pointe vers une accessibilité supérieure des organisations sans but lucratif (66 %) comparativement aux organisations à but lucratif. Uniquement 4 % des observations pointent vers une supériorité des organisations à but lucratif. La supériorité des organisations sans but lucratif concerne surtout les composantes financières et culturelles de l’accessibilité. La globalité des services et la réactivité sont supérieures dans les organisations sans but lucratif. Près de quatre-vingt pourcent des observations pointent dans cette direction pour chacun de ces effets. Toutefois, la réactivité des patients est égale entre ces organisations. Il en est autrement de la réactivité du personnel et des communautés. Leur réactivité est plus grande au sein des organisations sans but lucratif comparativement aux organisations à but lucratif. La qualité des services est supérieure dans les organisations sans but lucratif. Plus de 60 % des observations pointent dans cette direction, et ce, pour chacune des dimensions considérées : conformité aux normes professionnelles et pertinence. Ces observations révèlent donc que les organisations sans but lucratif sont plus performantes que les organisations à but lucratif sur toutes les composantes de l’expérience de soins que sont l’accessibilité, la globalité, la réactivité et la qualité. Près de la moitié des observations révèlent une productivité supérieure des organisations sans but lucratif (46 %) comparativement aux organisations à but lucratif. Par contre, 54 % des observations pointent respectivement vers une égalité de la productivité de ces organisations (27 %) ou vers une productivité supérieure des organisations à but lucratif (27 %). Cette agrégation des observations cache certaines variations de la performance des organisations selon les différentes composantes de la productivité. La performance des organisations sans but lucratif est supérieure sur toutes les composantes de la productivité à l’exception des coûts administratifs. L’efficience technique est plus grande (63 %), les coûts totaux plus faibles (46 %), les durées moyennes de séjour en centres hospitaliers plus courtes (50 %) et la substitution de services hospitaliers par des services ambulatoires plus grande (100 %). Par contre, les coûts administratifs y sont plus élevés (75 %). 9 Enfin, toutes les observations révèlent une rentabilité financière supérieure des organisations à but lucratif comparativement aux organisations sans but lucratif. Cette rentabilité supérieure est attribuable tout au moins en partie aux charges plus élevées facturées aux patients (92 %) et à une présence moins grande de ressources humaines (100 %) de toutes sortes : médecins, personnel infirmier et autres. Comparaison des organisations publiques et des organisations à but lucratif Le tableau 2 présente les effets des services produits par les organisations publiques en comparaison aux organisations à but lucratif. La mesure de ces effets repose généralement sur un nombre limité d’articles et d’observations. Plus de la moitié des observations (54 %) révèle une efficacité supérieure des organisations publiques comparativement aux organisations à but lucratif. Une proportion importante des observations (46 %) pointe vers l’égalité de l’efficacité de ces deux types d’organisations. Toutefois, aucune observation (0 %) ne révèle une supériorité des organisations à but lucratif sur les organisations publiques. Ceci concerne autant l’efficacité-santé que l’efficacité-services. Il est conclu que les organisations publiques ont une efficacité au moins égale sinon supérieure aux organisations à but lucratif. Un fort pourcentage des observations pointent vers une accessibilité supérieure des organisations publiques (71 %) comparativement aux organisations à but lucratif. Cette supériorité concerne surtout les composantes financières et culturelles de l’accessibilité. Les observations ne permettent pas de différencier la globalité des services offerts par ces organisations. Des pourcentages presque identiques d’observations pointent vers la supériorité de l’une et de l’autre organisation à cet égard. La réactivité des organisations publiques est supérieure à celle exprimée envers les organisations à but lucratif. La réactivité des patients est égale entre ces deux types d’organisations. La réactivité du personnel et des communautés est plus grande au sein des organisations publiques comparativement aux organisations à but lucratif. La qualité des services est supérieure dans les organisations publiques comparativement aux organisations à but lucratif. Quatre-vingt pourcent des observations en témoignent. Il est conclu que les organisations publiques ont une performance supérieure aux organisations à but lucratif en ce qui concerne l’accessibilité et la qualité des services ainsi que la réactivité. Ces organisations ont une performance égale quant à la globalité des services offerts. Insérer le Tableau 2 La productivité des organisations publiques est supérieure (55 % des observations) à celle des organisations à but lucratif. Cette plus grande productivité est observée surtout en ce qui concerne la substitution des services hospitaliers par des services ambulatoires (100 %), l’efficience technique (83 %) et aussi les durées moyennes de séjour (50 %). Elle est inférieure aux organisations à but lucratif en ce qui a trait aux coûts administratifs (67 %). Elle est aussi inférieure (40 %) ou égale (40 %) en ce qui concerne les coûts totaux. 10 Toutes les observations révèlent une rentabilité financière supérieure des organisations à but lucratif comparativement aux organisations publiques (100 %). Cette rentabilité supérieure est attribuable, tout au moins en partie, aux charges plus élevées facturées aux patients (100 %) et à une moins grande présence de ressources humaines de toutes sortes : médecins, personnel infirmier et autres (100 %). Comparaison des organisations publiques et des organisations sans but lucratif Le tableau 3 présente les effets des services produits par les organisations sans but lucratif en comparaison aux organisations publiques. Ces résultats reposent généralement sur un nombre limité d’articles et d’observations. Insérer le Tableau 3 Toutes les observations pointent vers l’égalité de l’efficacité des services offerts par les organisations sans but lucratif et les organisations publiques. L’accessibilité aux services des organisations sans but lucratif est soit égale (50 % des observations) ou supérieure (42 %) à celle des organisations publiques. Elle est rarement inférieure (8 %). La globalité des services est supérieure dans les organisations sans but lucratif comparativement aux organisations publiques (75 %). La réactivité est égale entre ces deux types d’organisations, et ce, autant auprès des patients, des professionnels qui y travaillent que des communautés dans lesquelles elles œuvrent. Les observations ne permettent pas de différencier ces organisations quant à la qualité de leurs services. Près de la moitié (46 %) des observations révèlent une qualité des services égale de ces organisations. De plus, près du quart des observations révèlent une qualité supérieure des services des organisations sans but lucratif et près de l’autre quart révèlent une supériorité des organisations publiques à cet égard. Il est conclu que les organisations sans but lucratif ont une globalité des services plus large ainsi qu’une accessibilité et une productivité égales ou supérieures aux organisations publiques. Ces deux types d’organisations sont égaux en ce qui concerne l’efficacité, la réactivité et la qualité des services. La productivité des organisations sans but lucratif est inférieure (48 %) ou égale (44 %) à celle des organisations publiques. Elle est rarement supérieure (8 %). Les coûts administratifs y sont plus élevés (100 %) et l’efficience technique plus faible (57 %). Les durées moyennes de séjour en centres hospitaliers, les coûts totaux et la substitution des services hospitaliers par des services ambulatoires sont égaux ou supérieurs à ce qui est observé dans les organisations publiques. La rentabilité est plus élevée (50 %) ou égale (50 %) dans les organisations sans but lucratif comparativement aux organisations publiques. Cette rentabilité supérieure semble être attribuable uniquement aux charges plus élevées facturées aux patients. Effets des services selon le type de propriété des organisations productrices 11 Le tableau 4 récapitule les effets associés aux organisations de santé selon leur type de propriété. Il ordonne les trois types d’organisation selon le degré observé d’atteinte de chacun des effets. Le rang 1 signifie une atteinte plus élevée. L’absence de rang signifie la non disponibilité d’observation sur cet effet pour ce type d’organisation. Des rangs égaux signifient une performance égale de ces organisations sur cet effet. Insérer le Tableau 4 Aucun type d’organisation n’est associé à l’atteinte la plus élevée de tous les effets. Toutefois, les organisations sans but lucratif sont associées à l’atteinte la plus élevée du plus grand nombre d’effets. Elles obtiennent le premier rang sur 5 des 7 effets analysés. Les organisations publiques suivent de très près. Elles obtiennent ou partagent le premier rang pour 4 de ces effets. Ce qui ressort clairement, c’est que les organisations à but lucratif obtiennent le premier rang uniquement sur un seul effet : la rentabilité. Elles obtiennent le dernier rang sur 6 des 7 effets analysés. 5- Implications des résultats Les résultats de cette analyse ont des implications autant théoriques que pratiques. Les implications théoriques concernent le degré avec lequel ils confirment ou infirment les attentes des différentes théories quant aux effets des organisations selon le type de propriété. Les implications pratiques sont les orientations qui en découlent et que le Québec devrait privilégier pour apporter des solutions aux problèmes que rencontre son système de soins. Implications théoriques Cette analyse n’apporte qu’un support mitigé à la théorie qui voit dans la recherche du profit le facteur incitant les organisations à but lucratif à une plus grande performance, productivité et rentabilité. Elle n’apporte aucun soutien à la meilleure performance des organisations à but lucratif. Au contraire, ce sont ces organisations qui sont les moins performantes. Elles sont moins performantes sur tous les effets à connotation sociale telles que l’efficacité, l’accessibilité, la globalité, la réactivité et la qualité. Elles ne sont pas les plus performantes sur tous les effets à connotation économique. Elles sont les moins performantes sur toutes les composantes de la productivité. Elles sont les plus performantes uniquement en ce qui à trait à la rentabilité. Toutefois, contrairement à ce qu’avance cette théorie, cette rentabilité n’est assurée que par des charges plus élevées aux patients et non par une meilleure productivité. Il est alors logique de croire que les charges additionnelles ont pour principaux, et possiblement uniques, bénéficiaires les propriétaires de ces organisations. Cette analyse laisse aussi entrevoir que les organisations de santé les plus performantes sont mues par des objectifs autres que le profit. Elle apporte un solide appui aux théories qui entrevoient les intérêts des détenteurs d’enjeux des organisations sans but lucratif comme les incitant à poursuivre et à maximiser l’atteinte d’objectifs à connotation davantage sociale. Ce sont ces organisations qui sont les plus performantes quant à 12 l’efficacité, l’accessibilité, la globalité, la réactivité et la qualité des services. Elle apporte aussi un appui aux théories qui présument que les organisations tentent de générer un excédent des revenus sur les dépenses. Ce qui distingue le plus les organisations à but et sans but lucratif c’est l’utilisation de cet excédent. Les organisations sans but lucratif obtiennent la deuxième meilleure performance quant à la rentabilité. Tout comme dans les organisations à but lucratif, cette rentabilité est assurée par des charges plus élevées aux patients. Les excédents des revenus sur les dépenses semblent toutefois être utilisés principalement au bénéfice des patients. Cette analyse n’apporte aucune évidence à l’appui de la théorie de la nouvelle administration publique qui laisse entrevoir que les organisations publiques sont moins performantes à cause des intérêts des gestionnaires qui les incitent à développer leurs organisations et les budgets qu’ils gèrent bien au-delà de ce qui est requis pour satisfaire les besoins de leurs utilisateurs. La performance de ces organisations suit de très près celle des organisations sans but lucratif. De plus, ce sont ces organisations qui performent le mieux quant aux coûts totaux et aux coûts administratifs. Cette analyse ne permet pas d’expliquer la différence de performance des organisations sans but lucratif et des organisations publiques. Elles semblent poursuivre des objectifs similaires. Elles performent de façon équivalente en ce qui a trait à l’efficacité et à la réactivité. Les organisations publiques performent mieux en ce qui a trait à l’accessibilité financière et à la productivité. Les organisations sans but lucratif performent mieux sur les autres effets analysés et particulièrement la rentabilité. Aucune différenciation n’a été faite du degré d’hétérogénéité des sociétés dans lesquelles ces organisations opèrent. Aucun lien n’a donc été établi entre l’hétérogénéité des sociétés et la performance de ces deux types d’organisations. Cette analyse apporte un certain appui aux théories qui avancent qu’en présence d’imperfections du marché des services de santé, les organisations sans but lucratif sont plus performantes que celles à but lucratif. Elle procure aussi un certain appui aux théories qui présument que les organisations à but lucratif sont plus susceptibles d’utiliser ces imperfections à leur avantage. Leur rentabilité relative peut constituer un exemple de ce type de comportement. Enfin, l’analyse n’apporte pas d’appui au caractère mutuellement exclusif de l’atteinte des objectifs économiques et des objectifs sociaux des organisations. La performance des organisations à but lucratif s’inscrit le plus dans la pensée de cette théorie. Ces organisations performent relativement moins bien en ce qui concerne les objectifs à connotation plus sociale et mieux dans l’atteinte d’un des objectifs à connotation économique : la rentabilité. La performance des deux autres types d’organisations n’appui que très partiellement cette théorie. Les organisations sans but lucratif sont les plus performantes dans l’atteinte des objectifs à connotation sociale et aussi dans l’atteinte des objectifs économiques. Elles sont les deuxièmes plus rentables. Elles performent donc bien sur les deux types d’objectifs. Les organisations publiques sont les deuxièmes plus performantes dans l’atteinte des objectifs à connotation sociale et aussi dans l’atteinte de l’un des objectifs à connotation économique à savoir la productivité. 13 Elles sont toutefois les moins performantes quant à la rentabilité. Il semble donc possible de concevoir des organisations qui sont très performantes autant pour l’atteinte des objectifs sociaux qu’économiques. Implications pour le Québec Les résultats de cette synthèse ont des implications importantes sur les organisations de santé à privilégier dans l’avenir au Québec. La première implication est qu’il n’y a aucune raison reliée aux effets pour les patients, pour les professionnels et pour les milieux qui justifie le recours accru aux organisations privées à but lucratif. Au mieux, ces organisations produisent des effets qui sont égaux à ceux qu’obtiennent les organisations sans but lucratif et les organisations publiques. Au pire, elles produisent des effets qui leurs sont inférieurs. Le seul effet positif associé à ce type d’organisation et qui n’est certes pas négligeable est sa rentabilité financière. Toutefois, les seuls bénéficiaires de cet avantage sont les propriétaires de ces organisations : pas les utilisateurs des services, ni les professionnels qui y travaillent et ni les communautés dans lesquelles elles œuvrent. Si l’objectif poursuivi est d’accroître la rentabilité financière des propriétaires des organisations de santé, le recours aux organisations à but lucratif est la voie. Par contre, si les effets recherchés sont autres, le recours accru aux deux autres types d’organisations semble être la voie à suivre. Cette implication est importante pour le Québec compte tenu qu’un très fort pourcentage des services médicaux est offert dans des cliniques médicales de propriété privée. Pour estimer l’ampleur de cette implication, il faut distinguer les cliniques médicales privées à but lucratif des cliniques privés que Robert Evans (1984) nomme « pas uniquement à but lucratif ». Les premières ont le profit comme principal objectif. Ce sont ces cliniques qui ne présentent aucun avenir pour le Québec. Elles pourraient être identifiées sur la base des frais complémentaires ou accessoires qu’elles facturent aux patients. Plus ces frais sont élevés, plus elles sont susceptibles d’être vraiment à but lucratif. Les autres cliniques sont des lieux de pratique des médecins. Leur objectif principal est susceptible d’être de fournir des services adéquats à la clientèle tout en permettant aux médecins de gagner honorablement leur vie. Ce ne sont pas ces dernières organisations qui sont visées ici. La deuxième implication est d’orienter les décisions vers la conception et l’expérimentation d’organisations privées sans but lucratif. Les établissements du réseau de la santé et des services sociaux du Québec sont légalement des établissements publics au sens de la loi sur les services de santé et des services sociaux. Toutefois, ils sont dotés d’une entité juridique distincte du ministère de la Santé et des Services sociaux. Certains ont même une corporation propriétaire qui désigne des membres au conseil d’administration de l’établissement. Ils possèdent alors certaines des caractéristiques des établissements privés sans but lucratif. Dans les faits toutefois, compte tenu de leur entière dépendance financière du ministère de la Santé et des Services sociaux et de leur obligation de se soumettre à ses directives, ces établissements sont considérés, et se comportent, comme des organisations publiques. Si tel est le cas, il y a dans les faits très 14 peu d’organisations privées sans but lucratif impliquées dans la fourniture de services professionnels et particulièrement de services médicaux au Québec. Les résultats de cette synthèse doivent inciter à orienter la réflexion et les efforts vers la conception, l’expérimentation et le développement de réelles organisations de santé privées sans but lucratif au Québec. Une première avenue est de permettre aux centres de services de santé et de services sociaux (CSSS) d’agir réellement comme des organisations sans but lucratif en leur permettant d’offrir, moyennant une tarification, des services professionnels qui ne sont pas couverts par les régimes publics d’assurance. De plus, dans la mesure où les assurances duplicatives sont permises aux Québec, ces établissements devraient aussi pouvoir offrir les mêmes chirurgies à des patients qui sont prêts à en assumer les coûts personnellement ou via leur assurance privée que celles qui pourraient être financées publiquement et offertes par des cliniques à financement privé. Les hôpitaux communautaires américains et certains hôpitaux anglais (Hospital Trusts) ont justement cette possibilité d’être financés simultanément par des fonds publics (Medicare et Medicaid) et des fonds privés (assurances privées). Cette double provenance de fonds est susceptible d’augmenter la rentabilité financière des organisations québécoises qui en a grandement besoin. Leur statut d’organisations sans but lucratif les oblige à utiliser cette rentabilité accrue aux bénéfices des patients et des communautés qu’elles desservent et non de leurs propriétaires. De telles initiatives ont d’ailleurs déjà été formulées au Québec (Institut de cardiologie de Montréal). Elles n’ont toutefois pas été expérimentées compte tenu des réactions négatives qu’elles ont suscitées à cette époque. Une autre avenue est de permettre l’émergence de coopératives de consommateurs en matière de fourniture de services de santé. Ces coopératives se développent beaucoup au Québec mais dans des domaines complémentaires aux services offerts par les établissements à financement public. Leur rôle est important mais reste encore marginal par rapport à l’ensemble des services offerts par le système de soins québécois. Cette avenue consiste à permettre, inciter et supporter le développement de telles coopératives au Québec. Ces coopératives pourraient être propriétaires de cliniques médicales sans but lucratif et recruter leur propre personnel incluant des médecins. Ces coopératives pourraient obtenir leurs fonds de trois sources : les cotisations annuelles des membres pour avoir droit aux services offerts; les régimes publiques d’assurance pour la fourniture de services assurés à des personnes couvertes et les assurances privées pour l’obtention de services complémentaires. Il est à souligner que les HMO (Health Maintenance Organisations) américains ont initialement été formées sur la base de coopératives de consommateurs de santé. Les effets obtenus par les premières formes de HMO faisaient l’envie des américains. De plus, de telles propositions ont déjà été formulées au Québec : les organisations de services intégrés de santé (Brunelle, Ouellet et Montreuil, 1988). À cette époque, des caisses de retraites s’étaient montrées intéressées à développer de telles organisations pour desservir leurs membres. Une dernière avenue consiste à permettre, inciter et supporter l’expérimentation d’autres formes d’organisations de santé à financement public au Québec. Actuellement, il en existe qu’une seule forme. Tous les établissements de santé relèvent du gouvernement du 15 Québec et en sont financés. Certaines expériences étrangères, particulièrement dans les pays scandinaves et nordiques, laissent croire que des organisations de santé offrant des services de première ligne et relevant du niveau local de gouvernement sont associées à des effets bénéfiques pour les utilisateurs et leur milieu. Certaines initiatives se sont développées au Québec qui reposent sur une forte implication des autorités municipales (Turso, St-Étienne des Gré). Des propositions plus formelles ont aussi été formulées pour confier à une MRC la fourniture de services de première ligne (MRC RimouskiNeigette). Il y a donc un fondement québécois à cette alternative. Ces propositions sont formulées simplement pour ouvrir le débat actuel entourant les types d’organisations de santé à privilégier au Québec. Ce débat repose de plus en plus sur l’affirmation que l’avenir de système de santé québécois passe par un recours accru aux organisations privées à but lucratif. Il n’y a aucun fondement empirique à cette affirmation. Ces propositions sont formulées surtout pour orienter le débat vers des pistes qui, sur la base d’observations empiriques, semblent prometteuses pour le Québec. Toutes ces pistes alternatives ont fait l’objet de propositions et de discussions au Québec par le passé. Elles sont formulées pour que des efforts aussi grands soient déployés pour concevoir, initier et appuyer l’expérimentation de ces propositions que ceux déployés à promouvoir le recours accru aux organisations à but lucratif de santé. L’avenir du système de santé du Québec en dépend. La troisième implication est que le type de propriété des organisations semble être une condition nécessaire mais non suffisante pour assurer une bonne performance de leur part. Les observations présentées révèlent des associations entre la performance et le type de propriété des organisations, mais elles révèlent aussi d’importantes variations de la performance d’organisations ayant le même type de propriété. Ces observations laissent présager que d’autres facteurs s’ajoutent au type de propriété pour influencer la performance de ces organisations. Des efforts doivent être déployés pour cerner ces facteurs sur une base scientifique et expérimenter leur influence sur la performance des organisations de santé québécoises. Des pistes intéressantes se dégagent d’une analyse des caractéristiques des huit systèmes de soins les plus performants aux États-Unis (Brunelle, 2006). Cette liste peut constituer le point de départ à l’identification de ces facteurs. Ce qui est déjà clair, c’est que la performance des organisations ne dépend pas d’une seule, mais bien de plusieurs caractéristiques qui sont mises ensemble de façon cohérente. 16 Bibliographie Becker, R. et Potter, J. (2002), « Organisational Rationality Performance, and Social Responsibility: Results from the Hospital Industry », J Health Care Finan, vol. 29, no 1, p. 23-48. Brunelle, Y. (2006), Retour sur certains indicateurs comparés : du mieux, du pire et du plus troublant, Présentation au 25ième Colloque Jean-Yves Rivard, Université de Montréal. Brunelle, Y., Ouellet, D. et Montreuil, S. (1988), Des Organisations de soins intégrés de santé (OSIS) au Québec, Québec, Direction générale de la planification et de l’évaluation, Ministère de la santé et des services sociaux. Clark, R. C. (1980), « Does the Nonprofit Form Fit the Hospital Industry? », Harvard Law Review, vol. 93, p. 1416-1489. Contandriopoulos, A.-P. et al. 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