couvre-feu - Jugend Debattiert
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couvre-feu - Jugend Debattiert
Etablissement secondaire de Vevey FAUT-IL INSTAURER UN COUVRE-FEU POUR LES JEUNES DE MOINS DE 16 ANS ? ? De plus en plus de communes, en Suisse et à l’étranger, introduisent (ou réintroduisent) dans les règlements communaux une heure au-delà de laquelle les jeunes (de moins de 14 ou 16 ans, cela varie) ne doivent plus être dans les rues non accompagnés. On appelle cela un «couvre-feu». Le but des autorités est d’abord de garantir le calme après 22 heures pour les habitants. En effet, des jeunes assemblés en plein air - surtout en été - peuvent faire du bruit : il y a de la musique, parfois des bagarres, le bruit des vélomoteurs qui démarrent, etc. De plus, la consommation d’alcool et/ou de drogues peuvent avoir lieu à ces occasions. Il s’agit donc, aux yeux des autorités qui prennent ces décisions, à la fois d’une mesure de prévention vis-à-vis des plus jeunes et de protection de la vie privée des voisins. Quel est l’enjeu aujourd’hui ? Pour des jeunes qui n’ont pas les moyens ou l’envie de fréquenter des établissements publics où les consommations coûtent cher et où leur présence n’est parfois pas souhaitée, les espaces publics (gares, parcs, préaux, arrêts de bus, etc. ) offrent des lieux de réunion facilement accessibles. Cependant, il y a parfois des déprédations, ces lieux peuvent devenir le point de contact de bandes ou de «dealers», etc. Une partie de la population urbaine ressent un «sentiment d’insécurité» croissant et fait souvent pression pour les autorités se montrent plus sévères visà-vis des «jeunes». L’efficacité de ces couvre-feu reste à démontrer et leur application n’est pas aisée, au moment où les effectifs de police semblent déjà insuffisants. http://www.mesnil-sellieres.com/ photo-100764-051213.couvre-feu_jpg.html Définition Couvre-feu : au Moyen-Age, la plupart des maisons dans les villes étaient en bois et les risques dʼincendie par conséquent très élevés. Chaque soir, une cloche ou une personne patrouillant dans les rues indiquait quʼil était temps de «couvrir le feu», cʼest-à-dire mettre un couvercle sur le foyer et garder ainsi le feu sous forme de braises et non plus de flammes vives. En temps de guerre ou de troubles politiques, cʼest une mesure dʼinterdiction absolue de circuler entre telle heure le soir jusquʼà telle heure le matin. Il sʼagit ainsi pour les autorités de contrôler la population civile. De nos jours, il sʼagit de règlements interdisant en général aux mineurs non accompagnés dʼêtre sur la voie publique au-delà dʼune certaine heure. ARGUMENTS CONTRE «De notre point de vue, il serait peut-être plus productif de chercher à s’attaquer à la cause des difficultés plutôt qu’à leurs symptômes. Chasser les jeunes d’une place publique ne fait souvent que déplacer le problème vers la commune voisine. Ces jeunes qui « trainent sur la voie publique » sont souvent ceux qui ne disposent pas de larges moyens pour s’offrir des loisirs plus élaborés mais couteux. Créer un espace où ils peuvent se retrouver en été sans craindre de perturber le voisinage, organiser des patrouilles régulières pour leur rappeler les règles élémentaires, envoyer sur le terrain des éducateurs de rue qui peuvent entamer le dialogue ou les orienter vers des activités plus éducatives, soutenir les maisons de jeunes ou les associations de terrain qui organisent des activités à leur intention, etc. sont des mesures qui ont peut-être plus de chance de produire des effets positifs à long terme. Il s’agirait alors d’une véritable politique de la jeunesse.» Prise de position de «Couples et famille», organisation chrétienne belge, mai 2012 «Un couvre-feu existe dans le Règlement de police actuel. J'ai d'ailleurs été interpellée par la police à 13 ans. De ce fait, je suis pour la suppression de ce couvre-feu. Les jeunes de 14 ans sortent pour aller voir un match, qui n'est pas une manifestation spécialement destinée aux adolescents, idem pour le cinéma et les concerts. Je ne comprends pas pourquoi ce serait à la Commune de décider à la place des parents les règles qui doivent être imposées aux enfants. Cette question ne concerne que les parents.». Charlotte Garbani, membre du parlement communal de Bienne, débat du 7.6.2012 «Selon vous, un couvre-feu ne résoudrait donc rien... Oui et non. Car si on l’instaurait à 22 h et qu’un incident survenait à 21 h 45, on ne serait guère avancé. A l’inverse, cette éventualité replace les parents devant leurs responsabilités. Ils doivent se remobiliser, ce sont les acteurs privilégiés de l’éducation. Nous observons clairement un relâchement de l’autorité parentale. Et dès que les enfants ne sont plus contrôlés, ils risquent de déraper..» Question à O. Guéniat, à l’époque chef de la police neuchâteloise, Femina, 4.4.2008 NON AU COUVRE-FEU POUR LES ENFANTS ! «Si des enfants commettent des délits ou sont livrés à eux-mêmes, c’est parce que leurs familles sont confrontées à de graves difficultés. Le plus souvent, ces difficultés sont liées à la précarité, à l’exclusion économique et sociale, à l’enclavement de certains quartiers, de certaines villes. Elles produisent des dysfonctionnements et des désordres familiaux dans lesquels les parents se débattent, sans pouvoir toujours faire face à l’éducation de leurs enfants. Face à des problèmes aussi complexes qui nécessiteraient avant tout des dispositifs ambitieux de prévention et d’éducation, un couvre-feu est une mesure totalement inefficace.». Prise de position du syndicat français des employés de la protection judiciaire de la jeunesse, 4.11.2009 triste le 14.05.2009 13:24 @souris Il y a 15 ans en arrière a Lausanne nous les jeunes ont avait une forêt et des terrains de bascket en bonne Etat. De nos jour les place de jeux sont remplacé par des Parkings. Internaute in 20Minutes online, 14.5.2009 ARGUMENTS POUR «Chacun sait que des jeunes mineurs sont de plus en plus impliqués dans la délinquance et dans les phénomènes de bandes. Décider qu'un mineur de 12 ou 13 ans, déjà mis en cause dans une affaire de délinquance, soit protégé contre la mauvaise influence des voyous et interdit de sortir le soir, ce n'est que l'application de la simple logique» F. Lefèbvre, porte-parole de l’UMP (parti de droite français), 4.11.2009 «Le gouvernement a raison de vouloir prendre des mesures pour lutter contre la délinquance des mineurs car la sécurité est un droit fondamental pour les honnêtes citoyens dans un pays démocratique. La délinquance est un véritable fléau et les honnêtes citoyens en ont assez de vivre dans l'insécurité. Ils ne veulent plus être les otages des délinquants (cambriolages, le soir on n'ose plus sortir tard sans se faire agresser, insécurité dans les transports publics, dégradations dans les immeubles, etc....).» Aurélien, internaute in LeParisien.fr, 4.11.2009 Mardi 3 Novembre 2009, au cours d'une réunion organisée avec des élus de la majorité présidentielle, Brice Hortefeux (ministre français) a lancé l'idée "d'un couvre feu ciblé sur de mineurs délinquants" de moins de 13 ans. Pour se justifier le ministre s'est appuyer sur les chiffres de la délinquance des mineurs en déclarant : "La part des mineurs dans la délinquance a augmenté de près de 5% en un an, pour atteindre 18%", il ajoute aussi que cette délinquance des mineurs est "de plus en plus violente, avec l'apparition d'armes blanches et d'armes létales". C'est donc pour ces raisons qu'il se dit "de plus en plus partisan d'une mesure qui aurait le mérite de la simplicité, de la lisibilité et de l'efficacité: qu'un jeune de moins de 13 ans qui aurait déjà commis un acte de délinquance ait une interdiction de sortie nocturne s'il n'est pas accompagné d'un adulte". En outre, pour M.Hortefeux le fait de laisser un mineur de 12 ou 13 ans qui a déjà commis des délits se promener tout seul, à la nuit tombée "alimente les bandes, la violence et les trafics de drogue". http://tpe-justicedesmineurs.centerblog.net/ «À l'origine, nous souhaitions lutter contre l'utilisation des mineurs dans le cadre de la mendicité et des trafics de drogue. Les aînés envoient souvent leurs petits frères vendre de l'herbe car ils risquent moins pénalement», explique un collaborateur du maire d'Antibes, avant de préciser que «cet arrêté, qui est quasiment entré dans les mœurs, a permis aux forces de police de poser des limites». in LeFigaro.fr., 10.7.2009 «J'ai 50 ans ,j'ai souvent répété quand j'étais ado(16 17 ans) que mes parent me gonflaient mais aujourd'hui je les remercie d'avoir été "sévères". Je n'ai eu le droit d'aller en boite accompagnée de mes cousines plus âgées qu'à 18 ans avec permission jusqu'à minuit. Mon fils qui a aujourd'hui 27 ans n'a jamais trainé dans les rues au-delà de 20 h. quand il avait 17 ans et apparemment cela ne l'a jamais dérangé. Pour moi jusqu'à 14 ans c'est toujours un enfant qui doit dormir la nuit pour avoir le cerveau clair le lendemain.» Fritzoune, internaute in LeFigaro.fr., 5.11.2009 INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES Quelques chiffres.... «En réalité, les chiffres officiels montrent plutôt que les infractions diminuent: les crimes commis par des individus de moins de 18 ans ont baissé de 12% entre 1999 et 2005. Les ados commettent donc moins de délits graves. La part des délinquants de moins de 18 ans a atteint des minima en 2004 et en 2005. Ce sont les taux les plus bas enregistrés ces vingt-cinq dernières années.» O. Guéniat, à l’époque chef de la police neuchâteloise, Femina, 4.4.2008 Art. 51 - Protection de la jeunesse 1 Du 1er avril au 30 septembre, il est interdit aux enfants de moins de 16 ans d'errer dans les rues après 22 heures. Cette limite est ramenée à 21 heures pour la période allant du 30 septembre au 1er avril. En cas d'infraction, les parents ou les personnes à la garde desquelles les enfants ont été confiés sont punissables. Règlement de police de Bienne, 13.3.1977 Statistiques françaises Le couvre-feu pour ados déclaré illégal La justice décrète illégal le couvre-feu instauré dans une commune de la banlieue zurichoise. Les jeunes en âge de scolarité obligatoire ont l’interdiction de se réunir dans les rues et les lieux publics après 22 h à Dänikon. Cette décision, prise par l’assemblée communale le 18 juin 2008, est déclarée illégale par le Tribunal administratif du canton de Zurich (...) La plainte était soutenue par les Jeunesses socialistes (JUSO) du canton, qui se félicitent du jugement rendu par le Tribunal administratif. Ils disent espérer que les autorités communales «entendront raison». «Lundi prochain, nous discuterons pour savoir si le cas doit être transmis au Tribunal fédéral», déclare Daniel Zumbach, président de la commune. 20Minutes online, 14.5.2009 En comparant l'évolution de la délinquance totale (et qui mêle donc mineurs et majeurs) et celle de la part de la délinquance des moins de 18 ans au sein de cette délinquance totale, on s'aperçoit que contrairement a ce qui est annoncé à travers les discours politiques, la part des mineurs n'augmente pas mais au contraire baisse. En effet, on observe sur le graphique ci-dessus présentant l'évolution du nombre de personnes mises en cause et la proportion de mineurs dans la statistique de police de 1974 à 2007 que la part des mineurs dans l'ensemble des personnes mises en cause par la police et la gendarmerie est passé de 22% en 1998 à 18% en 2007. http://tpe-justicedesmineurs.centerblog.net/ http://atom-of-the-end.cowblog.fr/couvre-feu-lasolution-298477.html Dossier réalisé par C. Loertscher, ES Vevey, 2012