Interview d`Asghar Farhadi, réalisateur de `A
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Interview d`Asghar Farhadi, réalisateur de `A
///////////// Sommaire ///////////// Cinéma Musique Hanna Transformers 3 : La Face cachée de la Lune Balada Triste de Trompeta Bad Teacher Brighton Rock Trois Blitz Midnight in Paris Kung Fu Panda 2 : The Kaboom of Doom Insidious Eu cand vreau sa fluier, fluier Essential Killing Une Séparation The Prodigies 3D Get Low X-Men: First Class James Blake He Who Saw The Deep label Absolute Dissident O Senior Interpol Barking History of Modern Strange weather, Isn't It? Who We Touch Mines 20TEN The Runaway Blood Like Lemonade The Boxer Where Did The Night Fall Wait For Me Remixes Compass The Way of the Animals Powers Speaking Parts From the Blazing Rows/ Tonnerre Vendanges/ Balloons DVD Amer Blackwater Fever / Un lac Nömadak TX Les Chemins de la Mémoire / / Ninõs Stir of Echoes: The Homecoming Rien à déclarer Seconds Apart / Prowl Dr. House saison 6 Damages - Saison 3 Californication - Saison 3 Même la pluie Nude Nuns with Big Guns, Girl Slaves of... / Hard Revenge Milly/ Hell's Ground / Made in Serbia Bulletproof Gangster Rabia Carcasses El Mal Ajeno Blu-Rays Une Vie de Chat Un balcon sur la mer Apocalypse Now - Edition définitve (3 Blu ray) Les trois prochains jours Le discours d'un Roi Taxi Driver Women Are Heroes Devil Winter's Bone Monsters Screamadelica Live (Primal Scream) - Blu ray + CD audio Vanishing on 7th Street Suspiria / Inferno Le Frelon Vert Burlesque The Tourist Dossiers Conan the Barbarian arcus Nispel peut difficilement se voir qualifier de réalisateur de films d'auteur... Mais plutôt de géniteur de semi-ratage ('Pathfinder') ou de remakes casse-gueule ('Massacre à la tronçonneuse', 'Vendredi 13')! Interview d'Asghar Farhadi, réalisateur de 'A Separation' Les gens sont toujours au centre des films du réalisateur iranien Asghar Farhadi. Un réalisateur qui parvient également à placer ses personnages dans des histoires passionnantes. La Planète des singes : les origines Alors qu'il n'affiche au compteur que le modeste mais excellent 'Ultime Evasion'/ 'The Escapist', le réalisateur anglais Rupert Wyatt nous revient pourtant avec une production nettement plus couteuse! Interview avec Angelina Jolie Nous connaissons tous Angelina Jolie au travers de ses actions humanitaires, de ses adoptions, de son mariage avec Brad Pitt, mais aussi des personnages durs qu'elle incarne au cinéma. Aujourd'hui, elle nous revient dans le rôle de Tigresse, un des Cinq Cyclones dans Kung Fu Panda 2. ///////////// Cinéma ///////////// Hanna Le début se veut intriguant. Dans un décor silencieux et lumineux une jeune fille file comme une flèche. Elle tire sur un animal et commence à le désosser. Elle se jette avec beaucoup d'adresse sur l'homme qui surgit soudain derrière elle. Hanna apprécie l'autonomie, apprise par son père, un ancien espion. Aussi longtemps qu''Hanna' joue le jeu du suspens, il nous tient bien en haleine. La première confrontation avec la méchante et glaciale Marissa, l'échappée spectaculaire, les premiers pas d'Hanna dans un monde qu'elle ne connait pas, vous vous demandez comment tout cela va continuer. Il ne faut pas longtemps avant de comprendre que le film ne brasse pas assez d'air frais. Eclatant et éblouissant, d'accord, mais malheureusement trop superficiel. Le réalisateur Joe Wright, est un homme qui s'intéresse toujours plus au style (il exhibe volontiers les plus grandes trouvailles visuelles) qu'au contenu. Dommage que les acteurs comme Cate Blanchett, Saoirse Ronan et Eric Bana en soient les victimes. On notera le bon son des Chemical Brothers. (RN) Film: 5/10, B.O.: 8/10 Date de sortie : 06 Juillet 2011 Durée: 111 min Réalisé par: Joe Wright Avec: Saoirse Ronan, Cate Blanchett, Eric Bana, Olivia Williams Ruben Nollet Transformers 3 : La Face cachée de la Lune Dire que cette troisième partie de cette série populaire n'est pas si mauvaise n'implique pas que vous deviez vous précipiter pour acheter vos tickets de cinéma. Voyez ceci plutôt comme un modèle "d'accident audiovisuel ayant fait relativement peu de dommages collatéraux". Avant toute chose, la rumeur selon laquelle le réalisateur Michael Bay a minimisé la nuance infantile semble tout sauf vrai. Les parents de Sam Witwicky se comportent toujours comme des fous de la vitesse. Certains robots y perdent au moins une douzaine de vis. Et certains acteurs secondaires - dont tout de même des pointures comme John Turturro, John Malkovich et Frances McDormand - sont à certains moments complètement ridicules. La plus grosse lacune est le choix porté par Bay sur James Cameron pour combler la technologie 3D. Ce qui en principe devait donner des effets d'une profondeur vertigineuse, provoque principalement une migraine monumentale. Bien qu'on puisse prétendre que le cinéaste ait voulu tempéré son style bazooka, la méthode cinématographique de l'homme frise le ridicule, inconciliable avec la tendance 3D. Que pouvons-nous encore défendre dans cette 3e suite ? Le spectacle apocalyptique dans la deuxième partie et la première ligne d'intrigue convaincante au sujet de la relation entre Witwicky et sa voiture ! Ah oui, les lèvres effrayantes de Rosie Huntington-Whiteley reçoivent sans aucun doute le prix de l'effet spécial le plus spectaculaire. Film: 4/10, B.O.: 0/10 Date de sortie : 29 Juin 2011 Durée: 155 min Réalisé par: Michael Bay Avec: Shia LaBeouf, Tyrese Gibson, Frances McDormand, John Malkovich, Patrick Dempsey Steven Tuffin Balada Triste de Trompeta Selon les experts, il existe 4 types de clowns. Les deux plus connus sont les augustes et les clowns blancs. Les deux personnages se troublent dans 'Balada triste de trompeta' et se concurrencent face à l'affection de la belle trapéziste Natalia. Ils ont un caractère complètement différent, (le Clown blanc est calme et introverti, son concurrent Sergio est exubérant et assertif) mais sont tous deux très agressifs. 'Balada triste de trompeta' est aussi un film d'Àlex de la Iglesia, un réalisateur qui véhicule une image du monde explosive. Selon ses dires, cela est du au fait qu'il ait grandi au milieu des attentats du groupe terroriste ETA. En tout cas, vous pouvez difficilement parler d'un cinéma réservé, mais ce n'est pas non plus ce que cette histoire recherche. 'Balada triste de trompeta' a le style et le ton de l'opéra, avec des scènes de grand guignol à la place de la musique. Ou comment montrer un homme au prise avec son agressivité et qui puisse ressembler à un clown ? En filigrane, de la Iglesia montre aussi un portrait de son pays déchiré par une guerre civile de laquelle Franco est sorti victorieux (et dictateur) il y a 70 ans. (RN) Film: 7/10, B.O.: 6/10 Date de sortie : 22 Juin 2011 Durée: 108 min Réalisé par: Álex de la Iglesia Avec: Antonio de la Torre, Carlos Areces, Carolina Bang, Santiago Segura, Fernando Guillén Cuervo, Fran Perea, Sancho Gracia Ruben Nollet Bad Teacher Cameron Diaz essaye dans cette comédie faiblarde de se comporter comme la soeur cadette du Père Noël de la Galerie commerçante que Billy Bob Thornton peint dans l'inoubliable 'Bad Santa'. Elle traite ses élèves comme des chiens, se montre rarement sobre en classe et fait son possible pour gagner de l'argent. Et elle en est bien obligée ayant été mise à la porte par son fiancée riche mais repoussant. Certes, les premières scènes de cette comédie pseudo-subversive fonctionnent et provoquent le rire. Quand Diaz montre à ses élèves pour la énième fois le même film, vous ne pouvez vous retenir. Progressivement, le ton rebelle commence à sonner faux et les comparaisons avec le film susmentionné deviennent frappantes. En plus vous avez l'impression que le réalisateur Jake Kasdan (le fils du cinéaste Lauwrence) ne sait pas très bien le genre de film qu'il veut réaliser. Ainsi les personnages secondaires joués par Jason Segel et Justin Timberlake s'écartent du sujet. Le rôle du professeur reboutant à la Segel appartient clairement à l'univers de Judd Apatow, tandis que le gentil enseignant de Timberlake rappelle les comédies de Mike Myers 'Austin Powers'. Finalement Kasdan manque cruellement de timing comique. Ou comment autant de blagues qui manquent si souvent leur cible ! Film: 4/10, B.O.: 0/10 Date de sortie : 22 Juin 2011 Durée: 95 min Réalisé par: Jake Kasdan Avec: Cameron Diaz, Lucy Punch, Jason Segel, Justin Timberlake, Phyllis Smith, John Michael Higgins, Dave Allen, Jillian Armenante, Matthew J. Evans, Kaitlyn Dever Steven Tuffin Brighton Rock Graham Greene est un vrai touche-à-tout. Bien qu'il soit surtout connu comme auteur, il a aussi travaillé un temps pour les services secrets britanniques. Il n'a pas écrit que des livres, mais il a aussi réalisé des reportages de voyages et des pièces de théâtre. Même son oeuvre littéraire n'a pas de dénominateur commun. Des adaptations cinématographiques de son travail comme 'The Quiet American' et 'The End of the Affair' confirment cette diversité. 'Brighton Rock' - qui traite d'un jeune gangster qui veut assassiner le témoin d'un meurtre - forme le clash ultime entre la fascination du thriller de Greene et les luttes catholiques. Il n'est donc pas étonnant que ce livre soit adapté pour le grand écran. Ce film prend de l'ampleur grâce à la fantastique prestation du jeune Richard Attenborough. Le scénariste-réalisateur Rowan Joffe s'est montré audacieux, a déplacé les faits des années quarante aux années soixante et a pris le parti d'une approche stylisée inhabituelle. Tous les éléments sont en place pour du grand cinéma : le casting (Sam Riley de 'Control'), les prises de vue magnifiques et le rythme entrainant. Résultat : vous vous imaginez comme les personnages retournés au temps où le cinéma pouvait encore vraiment enchanter ! Film: 8/10, B.O.: 0/10 Date de sortie : 22 Juin 2011 Durée: 111 min Réalisé par: Rowan Joffe Avec: Sam Riley, Helen Mirren, John Hurt Steven Tuffin Trois Ces dernières années, le réalisateur allemand Tom Tykwer s'est impliqué dans des grosses productions internationales comme 'Perfume', 'Heaven' et (quel symbole !) 'The International'. Dans 'Drei' il revient un peu au style et aux thèmes de ses débuts. La tragi-comédie romantique est dans la lignée de 'Lola rennt' (un style visuel ludique) et 'Winterschläfer' ou 'Der Krieger und die Kaiserin' (le ton philosophique et l'importance du hasard), des histoires bien conçues sur des gens ordinaires. Le film empiète aussi sur un problème difficile à résoudre : les personnages ne sont pas d'emblée attachants. Pour me décrire comme quelqu'un de superficiel, je n'ai pas nécessairement besoin de caractéristiques physiques. C'est vrai que l'actrice principale Sophie Rois n'est pas spécialement à mon goût mais ce n'est rien. La beauté est par définition relative et subjective. La question principale est de savoir pourquoi le spectateur devrait s'intéresser à des personnages aussi odieux que le couple au centre du film. La vie chaotique de personnes centrées sur leur nombril est le thème du film, mais si vous devez constamment vous battre contre l'envie de fuir, vous pouvez difficilement parler d'un film réussi. (RN) Film: 5/10, B.O.: 7/10 Date de sortie : 29 Juin 2011 Durée: 120 min Réalisé par: Tom Tykwer Avec: Sophie Rois, Devid Striesow en Sebastian Schipper Ruben Nollet Blitz Le crâne dégarni, le regard farouche, le nez fracturé, la voix grinçante, le corps sec, Jason Statham s'est façonné son style depuis 'Lock, Stock and Two Smoking Barrels' et d'autres films avec Guy Ritchie. On pourrait presque apposer un copyright sur son front. Vous savez à quoi vous attendre dans un film avec Statham, et vous ne devez aussi rien attendre de plus. Ce qui étonne dans 'Blitz' c'est qu'il essaie tout de même le thriller d'action, malheureusement - c'était prévisible - cela ne lui réussit pas. Il tire l'inspiration du livre éponyme de l'écrivain irlandais Ken Bruen, qui a façonné toute une série d'histoires autour du détective Brant (le personnage de Statham), un homme qui a sa propre idée de l'application de la loi. 'Blitz' est sans doute le roman de plus intéressant de la série car il confronte Brant avec les excès de son propre style, une nuance qui donne aussi au film par moments un côté tranchant. En plus de Paddy Considine en tant que nouveau coéquipier de Brant (et homosexuel) et Aidan Gillen en tant que personnage loufoque, 'Blitz' a aussi deux acteurs qui attire l'attention dans chaque scène. A côté de leurs performances, la prestation de Statham devient faiblarde, ce qui gâche malheureusement complètement le film. (RN) Film: 5/10, B.O.: 5/10 Date de sortie : 22 Juin 2011 Durée: 97 min Réalisé par: Elliot Lester Avec: Jason Statham, Paddy Considine Ruben Nollet Midnight in Paris Au départ, la misère semble à nouveau l'emporter. La manière dont Owen Wilson et Rachel McAdams campent leur personnage - un scénariste américain et sa fiancée - fait penser aux répétitions d'une société d'acteurs amateurs médiocres. Darius Khondji - le magicien de l'image derrière entre autres 'Delicatessen' et 'Se7en' - photographie Paris avec le style de la carte postale sans relief. Et les dialogues tapent presque immédiatement sur les nerfs. Au moment où le personnage de Wilson se perd dans une des nombreuses ruelles de la Ville des Amoureux, Allen change radicalement de cap. Qu'il fonde son protagoniste dans le Paris des années '20 fait penser que le cinéaste newyorkais a encore en lui des tendances anarchistes de ses premiers films comme 'Zelig' et 'Sleeper'. En outre, certains visages connus et moins connus offrent le meilleur d'eux-mêmes comme la crème de la crème culturelle des 'twenties'. Le pire est que la tonalité (auto) critique d'Allen est extrême. Ou qu'attendez-vous d'un type de 75 ans qui essaye de faire jaillir du passé toute forme de nostalgie ? Film: 6/10, B.O.: 0/10 Date de sortie : 15 Juin 2011 Durée: 100 min Réalisé par: Woody Allen Avec: Marion Cotillard, Adrien Brody, Carla Bruni, Owen Wilson Steven Tuffin Kung Fu Panda 2 : The Kaboom of Doom Devenu le guerrier Dragon, Po vit aux côtés de ses héros de toujours, les Cinq Cyclones: Tigresse, Grue, Mante, Vipère et Singe, et de son maître Shifu. Une existence de rêve, partagée entre moments épiques, mais aussi l'habituelle maladresse et gloutonnerie de notre ami le panda. De quoi en faire baver plus d'un... Cette idyllique condition ne tarde pas à être mise en péril. En effet, un nouvel ennemi part à la conquête de la Chine, et semble posséder une arme secrète et terrifiante, à même d'annihiler les plus grands experts en matière de combat à mains nues. Une situation difficile, d'autant que lors d'un premier affrontement avec les troupes du dangereux tyran, Po perd ses moyens, visiblement ému par un souvenir traumatique et tétanisant. Oubliez l'argument 3D dont finalement on se masse allégrement, il est impeccable, mais pas fondamentalement nécessaire, et souvenez-vous simplement de ceci: celles et ceux marqués positivement par le premier volet de la franchise, en auront pour leur argent! Cette suite atteint sans se forcer son prédécesseur, et le surpasse même par moments... L'action reste bluffante et l'humour omniprésent. Un véritable régal. Film: 9/10, B.O.: 8/10 Date de sortie : 15 Juin 2011 Durée: 90 min Réalisé par: Jennifer Yuh Gauthier Keyaerts Insidious Curieusement ce réalisateur si novateur s'est montré depuis plutôt conservateur. Après avoir compilé les 3 'Saw', il a réalisé le tout sauf original Dead Silence. Même son plus jeune enfant ne lui décernera par le prix de l'inventivité. L'acteur de 'Watchmen' Patrick Wilson et l'actrice de 'X-Men: First Class' Rose Byrne incarnent un couple avec trois enfants, deux garçons et une petite fille de quelques jours. Quand la famille emménage dans la nouvelle maison, elle semble hantée. Ce soupçon s'avère vrai quand un des fils tombe dans un mystérieux coma. Une équipe de parapsychologues est engagée pour trouver une issue. 'The Amityville Horror', 'Poltergeist', 'Don't Look Now', 'The Omen' et 'Paranormal Activity' sont quelques exemples du genre plus subtils que cette absurdité sans inspiration. Avec comme cerise sur le gâteau une finale qui fait plus rire que peur. Film: 2/10, B.O.: 0/10 Date de sortie : 15 Juin 2011 Durée: 102 min Réalisé par: James Wan Avec: Patrick Wilson, Rose Byrne Steven Tuffin Eu cand vreau sa fluier, fluier Que "If I want to whistle I whistle" semble remarquablement réaliste, naturel et crédible n'est pas surprenant. Le réalisateur Florin Serban base son film sur une pièce de théâtre, mais il a tourné dans des lieux authentiques et fait jouer presque tous les rôles secondaires par de vrais délinquants juvéniles. Ce sont des choix qui rendent ce drame carcéral plus intense, et c'est peu dire. "If I want to whistle I whistle" est comme l'histoire d'un chat pris au piège, avec un protagoniste qui commence à se sentir de plus en plus mal, plus désespéré et par conséquent devient plus dangereux. La nouvelle que son jeune frère vient lui apporter et la visite de sa mère, l'opportunisme d'un certain codétenu désagréable, le manque d'empathie de la direction de la prison, tout cela rend la vie du personnage Silviu intenable et le pousse à franchir la limite. Il sait très bien qu'il rend sa situation absolument impossible mais ne rien faire n'est pas envisageable. "If I want to whistle I whistle" se contente de peu de mots, et cela est en soi la marque d'un bon film. (RN). Film: 7/10, B.O.: 6/10 Date de sortie : 15 Juin 2011 Durée: 94 min Réalisé par: Florin Serban Avec: George Pistereanu, Ada Condeescu, Clara Voda, Mihai Constantin Ruben Nollet Essential Killing A un moment dans 'Essential Killing', le protagoniste rêve de sa maison, sa femme et son enfant. C'est une scène fréquente dans les histoires de gens qui traversent les tréfonds de l'enfer mais à la différence que la femme dans le rêve porte une burqa. Je ne me souviens pas avoir déjà vu cela et je pense que c'est justement ce que le réalisateur Jerzy Skolimowski avait à l'esprit. Dans les interviews, il peut bien dire que le contexte politique de ses histoires ne l'intéresse pas, il est presque impensable d'imaginer que 'Essential Killing' exige du spectateur d'éprouver de la sympathie pour quelqu'un qui est plutôt perçu traditionnellement comme un ennemi. Il n'y a rien de mal à cela. Au contraire, cela donne de la profondeur au film. Si nous voulons aller de l'avant dans ce monde, nous devons pouvoir nous mettre à la place des autres. Si 'Essential Killing' est clair sur une chose, c'est que nous aspirons tous aux mêmes choses et que notre part d'animalité se réveille lorsqu'il s'agit de survivre. 'Essential Killing' est un film impressionnant et Vincent Gallo dans le rôle principal est tout aussi fascinant. Tout compte. (RN) Film: 8/10, B.O.: 6/10 Date de sortie : 08 Juin 2011 Durée: 83 min Réalisé par: Jerzy Skolimowski Avec: Vincent Gallo, Emmanuelle Seigner, ZachCohen Ruben Nollet Une Séparation Inventif, entraînant, divertissant, ne sont pas vraiment les qualificatifs que l'on emploie habituellement pour décrire un film iranien. Ils ont l'art de faire du cinéma qui pense et réfléchit, de raconter des histoires de pauvres gens ou des réflexions métaphysiques sur la situation politique du pays. C'est vrai que nous avions l'habitude de ce genre de films iraniens dans le passé mais "Une Séparation" montre avec brio tout autre chose. Le réalisateur Asghar Farhadi n'est pas à son coup d'essai car son précédent 'About Elly' était déjà remarquable, une comédie agréable qui virait à l'affaire de disparition fascinante. Dans "Une Séparation", il relève encore le niveau. L'histoire d'une séparation banale aux conséquences surprenantes dresse un portrait étonnant de la société iranienne dans toutes ses articulations et contradictions. Ne vous effrayez pas de ces grands mots. Farhadi ne perd jamais de vue qu'il raconte d'abord l'histoire d'un groupe de gens ordinaires qui essayent de faire de leur mieux. "Une Séparation" n'a pas de héros ou de méchants. Personne n'est noir ou blanc. Tout le monde a raison à ses yeux et porte aussi une part de responsabilité. Du grand cinéma. (RN) Film: 8/10, B.O.: 6/10 Date de sortie : 08 Juin 2011 Durée: 123 min Réalisé par: Asghar Farhadi Avec: Leila Hatami, Peyman Moadi, Shahab Hosseini, Sareh Bayat, Sarina Farhadi, Babak Karimi, Ali-Asghar Shahbazi Ruben Nollet The Prodigies 3D Certes, tous les super héros ne sont pas aussi joyeux. A côté des situations espiègles des Quatre Fantastiques et des couleurs rouge et bleu triomphantes de Superman, vous avez aussi le noir profond de Batman. Les personnages de 'The Prodigies' vont encore plus loin. Ces adolescents paient leurs pouvoirs spirituels par des humiliations et des abus sans jamais parvenir à lutter contre ceux-ci. Maintenant qu'ils se sont trouvés, il n'y a plus de limite à leurs talents et ils menacent de se venger. Si vous voyez ce que raconte l'adaptation du livre de jeunesse populaire de Bertrand Lentéric 'La nuit des enfants rois' de 1982, vous ne vous étonnerez pas qu'il soit devenu un film d'animation. L'action spectaculaire avait donné lieu à un film impayable et les thèmes et l'histoire sombres ne valaient pas un grand intérêt commercial. Le revers de la médaille est que 'The Prodigies' se situe entre deux chaises. Le côté fantastique dissuadera beaucoup d'adultes, les enfants trouveront le style difficile. Le film n'en devient pas moins original, mais le public plus spécifique. (RN) Film: 6/10, B.O.: 6/10 Date de sortie : 08 Juin 2011 Durée: 87 min Réalisé par: Antoine Charreyron Avec: Jeffrey Evan Thomas, Jacob Rosenbaum, Dante Bacote Ruben Nollet Get Low Cela paraitra étrange mais 'Get Low' se base sur des faits réels. Il était une fois dans les années '30, dans une petite ville du Tennessee, un vieil homme étrange reclus depuis longtemps qui organisa ses funérailles de son vivant. Et il invita ceux qui voulaient le rencontrer. Au final plus de 10.000 hommes s'y rendirent. 'Get Low' comble ce point de départ avec un traumatisme passé et un secret que porte depuis déjà 40 ans le personnage excentrique. Seule sa muse fidèle est au courant. Nous recevons au début du film un petit indice (une maison qui brûle de laquelle s'échappe et s'encourt un homme) mais pour le reste le protagoniste Felix Bush reste longtemps un mystère. 'Get Low' ne peut pas se targuer d'une réalisation inventive ou d'une structure inhabituelle. C'est du cinéma à la lettre, ce qui en soi n'est pas un inconvénient. Ce style traditionnel offre le temps de profiter de l'atmosphère typique de l'Amérique du Sud et de jouir du délicieux accent des personnages. La star du film est incontestablement le personnage principal de Robert Duvall. Après un demi-siècle, sa réputation ne cesse de se confirmer, il continue d'étonner. Chapeau. (RN) Film: 6/10, B.O.: 6/10 Date de sortie : 01 Juin 2011 Durée: 100 min Réalisé par: Aaron Schneider Avec: Robert Duvall, Sissy Spacek, Bill Murray, Lucas Black, Gerald McRaney, Bill Cobbs Ruben Nollet X-Men: First Class Remettre sur des rails la franchise des 'X-men' n'était pas chose facile, après le travail de sape intégrale opéré par Bret Ratner sur l'épouvantable et grotesque 'X-Men: l'affrontement final'. Soit une calamiteuse manière d'autodétruire l'impressionnant travail mené précédemment par Bryan Singer! Pour parvenir à relancer la machine, les producteurs et autres cadors hollywoodiens ont très intelligemment joué la carte de l'hybridation reboot / préquelle. On découvre donc ici la jeunesse de Charles Xavier extrêmement proche de Mystique, et d'Erik Lehnsherr (sur fond concentrationniste), leur rapprochement et la constitution du premier groupe de 'X-Men' (et de supervilains fédérés par Sébastian Shaw / Dr Schmidt, interprété de manière hilare par Kevin Bacon), le tout sur fond de la Grande Histoire, vu que la majeure partie du film prend comme contexte la crise des missiles cubains. Et il faut avouer que malgré des failles assez importantes (jeu d'acteur parfois défaillant, clichés à la pelle, effets spéciaux bâclés,...) l'humour (réussi) et le crescendo de suspens et d'action finissent par emporter le morceau. A défaut d'avoir retrouvé la superbe de Bryan Singer, difficilement égalable, Matthew Vaughn ne s'en sort pas trop mal en fin de compte. Ne croyez pas les rumeurs hurlant au chef-d'oeuvre, mais par contre, foncez vous délecter de ce moment de bravoure, qui malgré un début laborieux, vous laissera bouche bée. Film: 7/10, B.O.: 7/10 Date de sortie : 01 Juin 2011 Durée: 132 min Réalisé par: Matthew Vaughn Avec: James McAvoy, Michael Fassbender, Alice Eve, Nicholas Hoult, Kevin Bacon Gauthier Keyaerts ///////////// DVD ///////////// Amer 'Amer' représente probablement la quintessence du "fanfilm", doublé d'une pertinence très geek et citative. Plus proche de la "méta expérience" que du cinéma traditionnel, ce premier long-métrage belgo-français de Hélène Cattet et Bruno Forzani représente une sorte de voyage quasi psychédélique au sein des grands moments du giallo et de ses morceaux d'anthologie, devenus de véritables codes usés jusqu'à la corde. Et même s'il existe un fil conducteur, Ana, personne rencontrée à différents moments de son existence, 'Amer' reste une oeuvre sensorielle, basée sur des archétypes: le regard - effrayé, voyeur, victime -, une colorimétrie héritée du baroque, tendance Hammer / Bava / Argento, saturée de nuances pures, la sensualité, et bien entendu l'arme blanche... sans oublier l'usage paroxysmique du son. Si l'ensemble peine parfois à fonctionner, car très plastique et froid (mécanique?), il faut avouer que cette déclaration d'amour dépasse largement la simple idée de remake ou de repiquages post-modernistes. Merci à Filmfreak de nous permettre ce rattrapage, vu que le film était - notamment - déjà sorti en support domestique chez nos amis français. Un certain plaisir, prolongé ici par deux courts-métrages. Film: 6/10, Extras: 7/10 Sortie: 06/2011 - Durée: 90 min Réalisé par: Hélène Cattet, Bruno Forzani - Avec: Cassandra Forêt, Charlotte Eugène-Guibbeaud, Marie Bos Distributeur: Filmfreak Extras: Courts-métrages Gauthier Keyaerts Blackwater Fever / Un lac Passionnés de cinéma d'Art et Essai pur et dur, voici deux opus radicaux, chacun empruntant les voies de l'expérimentation, mais bifurquant en matière de message. 'Blackwater Fever' (titre emprunté à une forme de dégénérescence de la malaria) de Cyrus Frisch (' Waarom heeft niemand mij verteld dat het zo erg zou worden in Afghanistan') - l'enfant sauvage du cinéma hollandais - propose une forme d'esthétisme granuleuse, lancinante, basée sur la répétition et sa rupture. Un écrin éprouvant, restituant la fièvre dont est victime le personnage principal, errant sur des routes non-identifiées, et croisant, atteint de cécité, les pires fléaux que l'humanité a pu engendrer: guerre, viols, meurtres gratuits, famine, etc. Austère, sans concession, métaphorique, inconfortable... Pas plus de facilité du côté de 'Un lac', du français Philippe Grandrieux... A fleur de peau, plus graphique que narratif, absorbant la lumière et la rationalité, cette oeuvre sise au milieu d'un nulle part inquiétant, illustre le moindre soubresaut de l'âme, devenant un véritable tremblement de terre. Étonnant et puissant, mais véritablement difficile et sans prise. La version obscure du cinéma de Pierre Vinour. Film: 7/10, Extras: 0/10 Sortie: 06/2011 - Durée: 0 min Distributeur: Filmfreak Gauthier Keyaerts Nömadak TX Igor Otxoa et Harkaitz Martínez ressuscitent un instrument traditionnel à deux doigts de disparaître, originaire leur Pays Basque natal: le txalaparta, proche du xylophone et du balafon. Un étrange artefact musical, qui repose sur un principe collaboratif. En effet: il faut être deux pour en jouer convenablement. Partant de ce principe de partage, nos amis basques s'embarquent dans un audacieux tour du monde, afin de partager la musique et les vécus. Ils n'hésitent d'ailleurs pas à s'aventurer en des lieux perdus, afin de rencontrer des ethnies quasi disparues, telles que les Adivasi (en Inde). Parfois troublant de sincérité, 'Nömadak TX' assume totalement son statut d'amour universel, de profond humanisme, et de ponts interculturels... Mais aussi de cartographe de civilisations en voie d'extinction. Film: 7/10, Extras: 0/10 Sortie: 06/2011 - Durée: 90 min Distributeur: Filmfreak Gauthier Keyaerts Les Chemins de la Mémoire / / Ninõs Plus de 30 ans après la mort de Franco, l'Espagne commence à lever le voile sur cette terrible période et à rendre justice aux victimes du franquisme. "Les chemins de la mémoire" rend compte de ce processus de deuil et de la fracture qui existe dans la population quant au bilan et à l'héritage du Caudillo. Le sort de l'ancienne prison madrilène symbolise la difficulté des Espagnols à gérer leur mémoire collective. Fallait-il conserver ce chancre et en faire un lieu en hommage aux républicains qui s'y sont fait torturer? Ou fallait-il la détruire afin de définitivement tourner la page? Ce documentaire fait partie intégrante du processus de prise de parole des victimes de la dictature. Exhumant, au sens propre, les cadavres du passé grâce à aux archives de la dictature récemment ouvertes, Patricio Guzman explore ce traumatisme et envisage la transmission de la mémoire et la justice comme les seuls moteurs envisageables de paix et de réconciliation. Apre et passionnant. Film: 8/10, Extras: 9/10 Sortie: 06/2011 - Durée: 96 min Réalisé par: José Luis Peñafuerte - Avec: Francisco Etxeberría, Jorge Semprún, Marcos Ana, Emilio Silva, Natividad Rodrigo Distributeur: Melimedias Extras: interview, scènes coupées,... David Morelli Stir of Echoes: The Homecoming Ex soldat des forces armées américaines parquées en Afghanistan, Ted Cogan revient parmi les siens meurtri, physiquement et psychologiquement. Secoué lors d'une mission ayant mal tourné, au cours de laquelle il assista à un massacre, et fut gravement blessé (d'où son retour), Ted gère difficilement le quotidien domestique rassurant enfin retrouvé. Surtout qu'il est victime de violentes et effrayantes hallucinations. Mais sont-ce vraiment des images de l'esprit, ou des esprits venus de l'au-delà afin de délivrer un message? Petit film, petit budget, réalisation sans atours... 'Stir of Echoes 2' / 'Hypnose 2' (fausse "suite" à l'opus de 1999 avec Kevin Bacon) peine à trouver ses marques, à l'instar de son personnage principal. Film: 5/10, Extras: 0/10 Sortie: 06/2011 - Durée: 89 min Réalisé par: Ernie Barbarash - Avec: Rob Lowe, Marnie McPhail, Ben Lewis Distributeur: E1 Entertainment Gauthier Keyaerts Rien à déclarer 'Rien à déclarer'? Si seulement! Le spectateur ouvrant ce récent coffre à jouets de Dany Boon en sera pour sa bonne humeur. Son nouveau bébé n'a pas la superbe de 'Bienvenue chez les ch'tis', carton quasi universel au box office, loin s'en faut. Filmé de manière scolaire, joué comme une mauvaise pièce de boulevard par des acteurs soit absents, soit cabotins, 'Rien à déclarer' ressemble aux comédies 70's trop grand public. Mou, consensuel, pas particulièrement drôle, agaçant plus que grinçant, Boon prouve ici les limites de son talent, et en arrive même à régresser au niveau du jeu d'acteur. Dommage pour un gars aussi sympathique! Film: 5/10, Extras: 6/10 Sortie: 07/2011 - Durée: 108 min Réalisé par: Dany Boon - Avec: Benoît Poelvoorde, Boon, Chritel Pedrinelli, Joachim Ledeganck, Julie Bernard, Jean-Paul Dermont, Karin Viard, François Damiens, Bouli Lanners, Eric Godon Distributeur: Melimedias Extras: Making of (73'), scènes coupées, bêtisier, ... Gauthier Keyaerts Seconds Apart / Prowl Voici deux productions After Dark (cfr: 8 Films to Die For) sans véritable saveur. Assez similaires dans leur traitement visuel, dans leurs effets de twist, dans l'énervant montage clipesque tape-à-l'oeil, 'The Prowl' et ses vampires et 'Seconds Apart' aux vrais faux jumeaux "scanerriens" n'emballent pas vraiment. Le premier souffre d'un scénario anémique (d'où la quête de sang?), et d'une réalisation en flatline... Le second, un peu plus aguichant, manque un peu de pêche, et ne laisse pas le suspense s'installer, la moindre "nuance" étant grassement soulignée. Bref, pas hyper intéressant! Film: 5/10, Extras: 0/10 Sortie: 06/2011 - Durée: 0 min Réalisé par: Antonio Negret, Patrik Syversen - Avec: Orlando Jones, Edmund Entin; Ruta Gedmintas, Joshua Bowman Distributeur: Paradiso Gauthier Keyaerts Dr. House saison 6 Chapeau: avoir tenu cinq saisons en fonctionnant sur le même principe systématique (un cas à traiter, des tâtonnements maladie auto-immune, lupus, cancer - et un tyran face à ses employés) sans que le public se lasse, c'est superbe. Faire sortir Gregory House de son environnement protégé dans cette sixième saison était donc d'autant plus risqué, et pourtant, c'est ce qui a redonné un nouveau kick à l'ensemble, tout en permettant au médecin le plus abject de l'histoire de devenir quelqu'un d'appréciable. Ou comment prouver une fois de plus que dans cette série médicale, la médecine est plus que certainement l'élément le moins important. Bravo. Film: 8/10, Extras: 0/10 Sortie: 12/2010 - Durée: 390 min Réalisé par: David Shore - Avec: Hugh Laurie, Lisa Edelstein, Omar Epps, Jennifer Morris Distributeur: Universal Extras: Featurettes, commentaires audio... Adeline Weckmans Damages - Saison 3 On a beau être fan absolu de Glenn Close (mon cas), avoir apprécié la première saison pour ce qu'elle était - une série de qualité plus que supérieure, haletante, très intelligemment construite, excellemment jouée -, là, c'est trop. Ce qui marchait auparavant est devenu bien trop systématique: la construction en flash-backs courts, tellement géniale dans la première saison alourdit ici les choses, et on se retrouve du coup avec des indications temporelles constamment à l'écran, doublées d'un changement de qualité d'image pour ceux qui n'auraient vraiment pas compris. Bilan? Insupportable, malgré la fabuleuse Miz Close. Film: 5/10, Extras: 0/10 Sortie: 03/2011 - Durée: 585 min Réalisé par: A. Kessler Todd, Matthew Penn, Tony Goldwyn - Avec: Glenn Close, Rose Byrne, Zeljko Ivanek Distributeur: Sony Pictures Extras: Commentaires audio, scènes coupées Adeline Weckmans Californication - Saison 3 Ah, si seulement les gens savaient s'arrêter au bon moment... Si les frasques sexuelles et intellectuelles d'Hank Moody nous ont intéressées lors de leur premier tour, son retour à une vie normale nous avait émus lors du deuxième. Mais là, monsieur Moody, vous sombrez dans la caricature de vous-même. Choquer pour le plaisir, sans la moindre profondeur, et en laissant loin derrière l'humour des saison précédentes, c'est triste. Peut-être que les scénaristes se sont dit que c'était facile: il suffisait de montrer des scènes de beuveries et de cul pour plaire au public. Eh bien non, on aime aussi qu'il y ait une histoire derrière, ne vous déplaise. Film: 5/10, Extras: 0/10 Sortie: 05/2011 - Durée: 325 min Adeline Weckmans Même la pluie Même la pluie. Derrière ce titre mystérieux se cache l'un des principaux sujets de ce film: la révolte menée par les habitants d'un bidonville contre la privatisation de l'eau par une multinationale. Une privatisation qui pousse sa logique jusqu'à interdire à cette population pauvre la collecte... de l'eau de pluie. Iciar Bollan dissèque le comportement d'artistes "militants" face à un mouvement social qui tourne à l'émeute. "Même la pluie" pointe assez subtilement, grâce à une interprétation impeccable, la fracture entre le discours consensuel en faveur des droits fondamentaux et le comportement du citoyen qui doit les défendre concrètement, à ses risques et périls. Le film n'est malheureusement pas exempt d'un manichéisme un peu irritant qui transforme à son corps défendant cette réflexion sur la désobéissance civile en une charge un peu courte contre la privatisation des ressources naturelles. Une goutte d'eau amère qui ne parvient pas à gâcher ce formidable film. Film: 8/10, Extras: 7/10 Sortie: 07/2011 - Durée: 104 min Réalisé par: Icíar Bollain - Avec: Luis Tosar, Gael García Bernal, Karra Elejalde Distributeur: Melimedias Extras: Making of, Inerview David Morelli Nude Nuns with Big Guns, Girl Slaves of... / Hard Revenge Milly/ Hell's Ground / Made in Serbia Me voila particulièrement ennuyé... Je ne pense pas que le mariage entre particulier et sociétés commerciales soit possible. Et pourtant, je dois vous avouer que je suis à deux doigts de passer chez nos amis de Filmfreaks pour demander leurs mains! Oui, le vieux Bisseur et zédiste que je suis, le grand amateur de mauvais goût qui n'a jamais sommeillé (car éveillé) en moi, craque en ce mois de juin! Comment pourrait-il en être autant, vu le paquet de films fous arrivés de chez nos ami hollandais? Fous et totalement fauchés, bis et totalement assumés, un peu moisis mais vraiment fun (sans douleurs) à regarder. Jugez du peu. Je commence par le double DVD made in Lollywood (Pakistanais), dévoué à un phénomène rare et curieux en ces terres éloignées: soit le cinéma d'horreur! Vous en connaissez beaucoup vous des opus gores en provenance du Pakistan? Double programme intelligent: d'une part 'Hell's Ground' (2007), une sorte d'hommage relecture de 'Massacre à la tronçonneuse', 'Evil Dead' ou encore du mythe du zombie. Tout cela s'entrechoque avec humour, sans trop de cohérence. Mais on s'en fout! C'est rafraîchissant, pas mal foutu et assez osé - culturellement parlant - il faut le dire. D'autre part, on trouve le cultissime 'Dracula au Pakistan' (1967), auquel 'Hell's Ground' fait de nombreux clin d'yeux. De quoi faire hurler de rire les spectateurs, et tuer une seconde fois Bram Stoker. Un menu sérieusement copieux et épicé! Frontal et décalé, 'Made in Serbia' nous entraîne dans le monde du porno Serbe. Une odyssée incroyable, sexuellement explicite, orchestrée par Mladen Djordjevic, réalisateur du très trash ' The Life and Death of a Porno Gang'. A ne pas mettre entre toutes les mains... Généreux également en atours génitaux et poitrinaires, sérieusement anticatholique, saignant à point et très 'Grindhouse' post Robert Rodriguez, ' Nude Nuns with Big Guns' fait marrer. Nul mais drôle, parfois corsé et sans corset. Plus banal, mais pas inintéressant, 'Hard Revenge Milly' - délire en deux volets - explore la voie du cinéma nippon cheap et ultra gore (tendance 'Tokyo Gore Police'). Mais dans le genre, il ne s'en sort pas trop mal, grâce à son côté post apocalyptique à 2 euro. Et pour terminer cette exploration de l'immonde (pour les béotiens défenseurs du bon goût), savourez donc aussi l'incunable 'Girl Slaves of Morgana Le Fay' / 'Morgane et ses nymphes', bluette saphique et "dénudée de bon sens", dans la veine des travaux à la ramasse du sieur Jean Rollin. Sulfureux et délicieusement amateur. Bravo et encore! Film: 6/10, Extras: 6/10 Sortie: 06/2011 - Durée: 0 min Distributeur: Filmfreak Extras: Making of, Interview, scènes coupées, courts-métrages, 'Dracula au Pakistan' (bonus de Hell's Ground Gauthier Keyaerts Bulletproof Gangster Voilà un curieux retitrage... En effet, vous connaissez peut-être ce 'Bulletproof Gangster' sous le nom 'Kill the Irishman'. Ce petit rectificatif fait, le produit reste le même: soit un opus du niveau d'un téléfilm, enquillant les trombines de secondes zones et les héros fatigués (Val Kilmer et son impressionnante surcharge pondérale!), et plus proche de la parodie que du pur "gangsta movie". Naïf, assez mal troussé, mais pas forcément totalement insupportable, 'Bulletproof Gangster' fera office de cale meuble, lors d'une soirée bancale. Vers l'insipide et en-deçà! Film: 5/10, Extras: 0/10 Sortie: 05/2011 - Durée: 106 min Réalisé par: Jonathan Hensleigh - Avec: Ray Stevenson, Christopher Walken, Vincent D'Onofrio, Val Kilmer Distributeur: Universal Gauthier Keyaerts Rabia Plutôt mal perçus par les locaux, Rosa et José-Maria, immigrés Sud-américains, vivent une histoire d'amour assez rapidement chamboulée car broyée par un engrenage infernal. José-Maria veut en effet venger sa belle, subissant les remarques déplacées de garagistes lorsqu'elle passe dans la rue. Mais suite à cette intervention musclée, il perd son emploi. Voulant défendre sa cause face à un chef de chantier raciste et têtu, notre homme s'enflamme à nouveau, et tue par accident - son ex employeur. Une seule solution pour José-Maria en fuite: se cacher dans la masure luxueuse et immense où travaille Rosa... sans la prévenir! Les mois passent, le ventre de Rosa s'arrondit, elle est enceinte de José-Maria. Ce dernier reste caché, et survit tant bien que mal, observant sa compagne depuis le dernier étage de la maison, tel un fantôme. S'il n'y a pas - concrètement - d'éléments fantastiques au coeur de 'Rabia', Il est pourtant aisé de comprendre pourquoi Guillermo Del Toro est impliqué dans cet étrange long-métrage. La réalité rejoint, voire dépasse ici l'épouvante! Film: 6/10, Extras: 0/10 Sortie: 04/2011 - Durée: 89 min Réalisé par: Sebastian Cordero - Avec: Gustavo Sanchez Parra, Martina Garcia, Concha Velasco Distributeur: Paradiso Gauthier Keyaerts Carcasses Oscillant, ou plutôt basculant du documentaire vers une étrange fiction, le film québécois 'Carcasses' a été présenté dans le cadre de la quinzaine des réalisateurs du festival de Cannes 2009... Une place parfaite pour ce film aussi particulier que naïf. Particulier en sa première partie, décrivant la vie d'un "ramasseur" compulsif, Jean-Paul Colmor, abritant sur son immense terrain isolé du monde des tonnes de carcasses de véhicules et autres rebuts de la société. Une passion qui le taraude, lui qui est toujours occupé à démonter l'une ou l'autre "chose", et parfois parvient à vendre quelques "antiquités". Vivre seul, au gré de ses envies, Jean-Paul en jubile! Film naïf également, lorsque le réalisateur Denis Côté fait intervenir un quatuor de trisomiques, venus chercher refuge en ce sanctuaire des objets devenus "inutiles". Cette seconde partie bat de l'aile, et déforce un peu les propos de Denis... qui passe légèrement à côté de son sujet! Film: 6/10, Extras: 0/10 Sortie: 05/2011 - Durée: 72 min Distributeur: Filmfreak Gauthier Keyaerts El Mal Ajeno Spécialisé dans la gestion de l'accompagnement de la douleur, généralement chez des malades arrivés en stade terminal de maladies dégénératives, Diego se voit un jour confronté violemment avec le compagnon de l'une de ses patientes qui vient de tenter de suicider. Menacé par une arme de poing, le médecin entend un coup de feu, s'effondre. Il est retrouvé couvert de sang, en état de choc. Après cette expérience plus que traumatisante, Diego se rend compte qu'il a développé le pouvoir de guérir, même les cas graves, par simple toucher. Mais il y a un lourd tribut à payer pour cette "bénédiction". Grosse production pour public large, 'Le pacte du mal' séduira sans trop se forcer. Sauf si vous êtes allergiques aux gros effets et à un discours extrêmement christique! Film: 6/10, Extras: 0/10 Sortie: 06/2011 - Durée: 107 min Réalisé par: Oskar Santos - Avec: Belén Rueda, Eduardo Noriega, Angie Cepeda,... Distributeur: Melimedias Gauthier Keyaerts ///////////// Blu-Rays ///////////// Une Vie de Chat Zoé adore son fidèle compagnon félin Dino... Toujours présent de jour, afin de la réconforter de la mort de son papa, ancien policier, et des absences fréquentes de sa maman, également commissaire pour la maréchaussée( aspirant à venger la mort de son époux). De nuit, par contre, le chat mène une tout autre existence: il accompagne un as de la cambriole, doublé d'un sacré talent de voltigeur. Ces différents mondes, jour et nuit, infantile et adulte, humain et animal, vont s'entrecroiser petit à petit. Joliment réalisé, en bel à plat soigné (ouste la 3D artificielle),'Une vie de chat' mélange différents tons (policier, critique sociale), et varie avec bonheur ses effets. Voilà un divertissement simple, mais assez efficace, accompagné de maigres bonus. Ce qui en soi n'a quasi aucune importance! Film: 6/10, Extras: 6/10 Sortie: 05/2011 - Durée: 63 min Réalisé par: Alain Gagnol, Jean-Loup Felicioli - Avec: Dominique Blanc, Bernadette Laffont, Jean Benguigui, Patrick Ridremont,... Distributeur: Lumière Extras: Making of, featurette Gauthier Keyaerts Un balcon sur la mer Marc représente la fierté de la compagnie immobilière pour laquelle il travaille: toujours à l'heure, honnête, sans défauts, ... Une manne de qualités d'autant plus appréciables qu'il est le beau-fils du patron de la boîte. Tout va pour le mieux sous le soleil du Sud de la France, jusqu'au jour où un fantôme, Cathy, semble surgir du passé: un amour d'enfance, vécu à l'époque dans une Algérie en pleine révolution. La flamme passée refait surface, et Marc craque, malgré quelques petits détails qui le font douter. Sous des aspects de thriller, Nicole Garcia nous emmène vers des univers ou les faux semblants, la sensualité, la nostalgie s'entremêlent. Film: 7/10, Extras: 0/10 Sortie: 05/2011 - Durée: 105 min Réalisé par: Nicole Garcia - Avec: Jean Dujardin, Marie-Jozée Croze, Tony Servillo, Sandrine Kiberlain, Michel Aumont Distributeur: Melimedias Gauthier Keyaerts Apocalypse Now - Edition définitve (3 Blu ray) Autre mets de choix, et énorme chouchou du mois, 'Apocalypse Now' revient avec une édition haute-définition flairant l'édition définitive! Les deux versions du film sont ici réunies, avec des masters d'une beauté désarmante, précis mais sans artifices ou bidouillages d'images inutiles... De quoi rendre toute la subtilité lysergique et symbolique du travail de Francis Ford Coppola, souvent stratifiées au coeur de plans contrastés et oniriques. Et oh joie, oh bonheur: 'Hearts of Darkness' making of de luxe fait partie du voyage. Nous pourrions nous en arrêter là, non? Et pourtant, il faut encore ajouter à ces moments intenses de cinématographie un livre, richement illustré, de Jean-Baptiste Thoret, d'une petite centaine de pages, et des suppléments costauds: interview inédite, commentaires audio, conversation entre Francis Ford Coppola et Martin Sheen, scènes coupées, différentes featurettes, ... Bref, de quoi passer un nombre impensable de jours à déguster dans ses moindres détails l'oeuvre filmique consacrée à la guerre du Vietnam la plus dense et réussie. Véritable trip hallucinatoire avec l'enfer comme destination. Seul Werner Herzog a osé aller aussi loin dans le sacrifice artistique, avec notamment 'Fitzcarraldo'. Film: 9/10, Extras: 10/10 Sortie: 06/2011 - Durée: 202 min Réalisé par: Francis Ford Coppola - Avec: Martin Sheen, Dennis Hopper Distributeur: Paramount / Melimedias Extras: Deux versions du film, documentaire 'Heart of Darkness', interviews, scènes coupées... Gauthier Keyaerts Les trois prochains jours John Brennan vit un cauchemar éveillé après l'arrestation sauvage de sa femme, sous les yeux de leur jeune fils... Accusée d'avoir assassiné sa patronne, cette dernière ne comprend pas la situation, mais atterrit pourtant en prison - pour purger une très lourde peine - sans passer par la case nouveau départ. Seul avec leur rejeton traumatisé par les événements, John tente tous les recours légaux en son pouvoir, sans résultat. Fatigué, acculé, triste, John décide alors de tenter le tout pour le tout: organiser l'évasion de son épouse. Remake du film français 'Pour elle', signé en son temps par Fred Cavayé ('A bout portant'), 'The Next Three Days' ressemble au décollage pénible de ces vieux avions lors des meetings aériens pour nostalgiques: un spectacle touchant qui mélange pachydermie et grâce, suspens lié à une fragilité due à l'inévitable érosion mécanique et légères moqueries. Ces éléments siéent à merveille à la réalisation maladroite de Paul Haggis, fascinant mais au final, moyennement efficace. Film: 6/10, Extras: 0/10 Sortie: 06/2011 - Durée: 132 min Réalisé par: Paul Haggis - Avec: Russell Crowe, Liam Neeson, Olivia Wilde, Elizabeth Banks Distributeur: E1 Entertainment Gauthier Keyaerts Le discours d'un Roi La grande Histoire (d'Angleterre) et un grand homme, perçus par le filtre de l'émotionnel et de l'intime, quelle excellente idée! Nous voilà donc confrontés à un problème de monarchie: à l'aube de la seconde Guerre Mondiale, le roi d'Angleterre George V décède... Laissant comme héritier à la couronne son fils aîné Édouard, à l'esprit amoureux, loin des contingences liées au pouvoir. Il fait même passer cet amour devant le protocole, et le respect de la volonté religieuse. Tapis dans son ombre, son frère Albert ferait un bien meilleur meneur, si ce n'est qu'il souffre de graves bégaiements. Avec l'aide d'un logopède, Albert va pourtant aller au-delà de ce handicap particulièrement lourd pour une personne publique. Une excellente initiative, vu que les frasques de son grand-frère, devenu Édouard VIII, le pousseront à abdiquer. Économe mais plein d'effets intelligents, superbement casté, 'Le discours d'un roi' devrait facilement fédérer tous les publics! Film: 8/10, Extras: 6/10 Sortie: 06/2011 - Durée: 120 min Réalisé par: Tom Hooper - Avec: Helena Bonham Carter, Colin Firth, Guy Pearce Distributeur: Paradiso Gauthier Keyaerts Taxi Driver Je ne vais pas vous faire l'insulte de sortir une nouvelle bordée de compliments à l'égard de 'Taxi Driver', tout - ou presque - a été dit concernant ce chef-d'oeuvre absolu! Un récit sombre découlant à la fois de la dérive personnelle de Paul Schrader (ici scénariste) début des 70's, et d'une pincée de 'L'étranger' d'Albert Camus. Un récit erratique, paranoïaque, traumatique mis en images avec une puissance impensable par Martin Scorsese, habité par la dérive d'un Robert De Niro sans concession, lui-même secondé avec talent par Jodie Foster, Harvey Keitel, ... Ici présenté dans une haute définition pour cinéphile, et non pour puriste du home studio clinique, 'Taxi Driver' retrouve toutes ses nuances de lumières et couleurs, voire de profonds noirs, et un grain véritablement cinématographique old-school du plus bel effet. Ajoutez à cela une tonne de bonus véritablement riches et ludiques. Qu'attendez-vous? Film: 9/10, Extras: 8/10 Sortie: 06/2011 - Durée: 115 min Réalisé par: Martin Scorsese - Avec: Robert De Niro, Jodie Foster, Leonard Harris, Albert Brooks, Harvey Keitel Distributeur: Sony Pictures Extras: Commentaires audio, Lecture interactive du scénario, Interviews, Le tournage de Taxi Driver Gauthier Keyaerts Women Are Heroes A la fois documentaire, oeuvre d'art et commentaire politique sur le statut de la femme, "Women are Heroes" interroge avec une grande originalité formelle les injustices absurdes qui entourent la condition féminine. Tourné aux quatre coins du monde (Brésil, Inde, Kenya, Cambodge), il propose aux premières intéressées, les femmes, de parler de leurs frustrations, de leurs rêves et de leur volonté de remettre en question les fausses évidences, les traditions opportunistes et les habitudes machistes. Leurs témoignages, parfois bouleversants, est magnifiés par la mise en scène de leurs visages dans les paysages urbains. Plutôt qu'un message lourdement revendicatif, JR choisi la voie plus subtile de l'impressionnisme et, grâce à l'énergie trépidante qui se dégage de ces femmes et du rythme de la mise en scène, réussit un film miraculeusement troublant et léger. "Women are Heroes" constitue un formidable hommage aux femmes et à leurs combats quotidiens. Film: 8/10, Extras: 0/10 Sortie: 06/2011 - Durée: 85 min Distributeur: Melimedias David Morelli Devil Le diable visiblement en manque d'inspiration déclenche une chutes de dominos, partant d'un suicide assez violent, à une série de meurtres en milieu clos: la cage d'une ascenseur! Partant de ce pitch / scénario, initié et produit par M. Night Shyamalan, le réalisateur John Erick Dowdle parvient à trousser un produit basiquement honnête, pas fondamentalement mauvais. Par contre, la bondieuserie omniprésente, et culminante au final, plombe les bonnes intentions, les acteurs de seconde zone pourtant corrects, les images parfois plutôt intéressantes. De quoi meubler une soirée de location vidéo sans inspiration, ou autres films disponibles. Film: 6/10, Extras: 0/10 Sortie: 06/2011 - Durée: 80 min Réalisé par: John Erick Dowdle - Avec: Chris Messina, Logan Marshall-Green Distributeur: Universal Extras: Scènes coupées, featurettes, ... Gauthier Keyaerts Winter's Bone Ree vit avec son jeune frère, sa petite soeur, et une mère à l'esprit défaillant, au beau milieu d'une forêt perdue dans un coin reculé des États-Unis. Alors qu'elle tente péniblement de s'occuper de tout le monde, assumant problèmes de scolarité, nourriture, mais aussi contact avec leur génitrice aux abonnés absents, elle apprend que son père a disparu après être sorti de prison sous caution... une somme payée en hypothéquant la maison familiale. Ree doit donc retrouver son paternel, sous peine perdre leur habitation. Elle fera tout pour y arriver, quitte à prendre de gros risques. Film aride dérivé de l'oeuvre écrite de Daniel Woodrell, 'Winter's Bone' vous fera suffoquer par son intensité et son âpreté. Des qualificatifs à ne pas prendre pour des défauts, bien au contraire... ici tout est unique et puissant, stylé et frontal. Ne loupez pas ce moment dense et sombre, sans pour autant céder à un quelconque pathos. Fort. Film: 9/10, Extras: 0/10 Sortie: 06/2011 - Durée: 100 min Réalisé par: Debra Granik - Avec: Jennifer Lawrence, John Hawkes, Lauren Sweetser, Shelley Waggener, Kevin Breznahan Distributeur: Paradiso Gauthier Keyaerts Monsters Lors de sa retombée sur Terre, une sonde spatiale ramène avec elle une microscopique forme de vie... Après quelques années, ce bout de métal perdu dans un no man's land sis entre le Mexique et les Etats-Unis, aura contaminé la localité, donnant naissance à de monstrueuses créatures que tentent de contenir les deux gouvernements. Andrew Kaulder, photographe de magazine, est bien décidé à capter des clichés de la guerre humano extra-terrestre, et des gigantesques bestioles qui terrifient de plus en plus de monde! Mais alors qu'il s'active avec ferveur à cette tache devenue obsessionnelle, Andrew doit "babysitter" la fille de son patron, blessée, afin de la ramener saine et sauve au bercail. Une occasion professionnelle en or troquée contre un voyage plus compliqué qu'il n'aurait dû l'être! Rares sont les exemples de films fantastiques où l'humain, ses relations et interactions, et les monstres auront aussi bien cohabité. Là où l'on pouvait s'attendre à un festival d'images de synthèses et des scènes d'action à profusion, 'Monsters' fait la part belle à ses deux personnages principaux, s'attarde sur le développement de leur relation et sentiments. Passionnant, touchant, et bien foutu pour un budget moyen, 'Monsters' mérite son aura "culte". Film: 9/10, Extras: 0/10 Sortie: 07/2011 - Durée: 94 min Réalisé par: Gareth Edwards - Avec: Whitney Able, Scoot McNairy Distributeur: A-film Gauthier Keyaerts Screamadelica Live (Primal Scream) - Blu ray + CD audio Balancé en 1991, l'album 'Screamadelica' des Primal Scream change la face du monde musical, en tout cas celle des amateurs de musique indé! Ce groupe avant cela catalogué "rock" de frimeur, au leader - Bobby Gillespie - faisant un temps partie du giron 'Jesus and the Marychain', découvre les vertus inspirationelles des drogues et de l'acid house, alliées aux riffs les plus clichés pratiqués (et déjà repiqués) par les Rolling Stones. 'Screamadelica' ne ressemble à pas grand-chose de connu, et parvient à fédérer les univers du rock et des ravers, dansant sur des sons énormes. Le combo s'entoure des bons et hallucinogéniques services d'Andrew Weatherall, de The Orb, mixe le dub (tendance énorme, sous les doigts de Jah Wobble) , l'esprit du kraut (Can), le gospel, le blues, et explose les limites et les esprits. Du grand art, qu'une tournée - que j'ai eu la chance de voir - sacre en beauté. Magnifique! Voici le Live "20 ans plus tard"... C'est sympa, démesuré, mais ça reste l'ombre de ce que fut la véritable grosse claque de l'époque, et ne sort pas d'une certaine tendance bien polie et surjouée qui rend le projet attachant, sans plus. Le set rock inclus en bonus n'est pas vraiment plus convaincant. Film: 7/10, Extras: 6/10 Sortie: 07/2011 - Durée: 208 min Réalisé par: George Scott - Avec: Primal Scream Distributeur: P.I.A.S. Extras: Documentaire Gauthier Keyaerts Vanishing on 7th Street Et arrivèrent les ténèbres qui dévorèrent la gent humaine... Sauf quelques "chanceux" qui portaient sur eux un artefact à même de produire un peu de lumière. Les jours s'écoulent, de plus en plus courts, les nuits emplissent le ciel durant de trop (et plus en plus) longues heures. Les ombres dévorent les survivants. Vous avez peur du noir, vous avez kiffé sur l'argument de base de la saga 'Pulse'? Ceci pourrait bien vous intéresser! Sans atteindre des sommets de pertinence, ou d'originalité, 'Vanishing on 7th Street' vaut bien une location vidéo, et un peu d'attention. Un agréable moment pour les amateurs de fantastique pas trop blasés ou férus de gros budgets. Film: 6/10, Extras: 0/10 Sortie: 07/2011 - Durée: 91 min Réalisé par: Brad Anderson - Avec: Hayden Christensen, Thandie Newton, John Leguizamo, Jordan Trovillion Distributeur: Dutch Filmworks Gauthier Keyaerts Suspiria / Inferno Mais quelles merveilles que ces masters haute-définition des deux premiers volets de la trilogie des 'trois mères', réalisée de main de maître es baroque, épouvante et autres effets gores / giallo de premier ordre, par un Dario Argento survolté. Alors sacré grand pape de l'horreur - de qualité - transalpine, Argento offre au public 'Suspiria' en 1977, soit deux ans après le sublime 'Les frissons de l'angoisse'. 'Suspiria' peut se targuer de mettre en place la jonction entre une certaine école italienne du passé, niche de nombreuses oeuvres plastiquement hallucinantes, mêlant gothisme, sensualité, effroi, et dont Mario Bava ou encore Riccardo Freda sont - entre autres - les fers de lance. Argento repique la photogénie saturée de Bava, et la pousse à son extrême, immergeant ses acteurs dans des couleurs pures terrifiantes (l'ouverture d''Amer' y rend hommage), il décadre comme un fou, jouant également du son comme d'une matière vivante et vivace (Tobe Hooper fait de même quelques années plus tôt avec 'Massacre à la tronçonneuse)... Et bien entendu, s'abandonne à ses pêchés mignons: l'alchimie, la sorcellerie, l'architecture, la peinture, etc. Un régal frôlant génie et perfection. Personnellement, je reste médusé devant 'Suspiria' (bardé de bonus roboratifs), 'Inferno' (un peu moins bien traité) sentant déjà les 80's, et sa perte de sens esthétique. Mais n'hésitez pas, offrez vous la paire, et évitez comme la peste le récent 'La Terza madre'. Film: 8/10, Extras: 8/10 Sortie: 06/2011 - Durée: 0 min Réalisé par: Dario Argento - Avec: Jessica Harper, Stefania Casini, Leigh McCloskey, Irene Miracle Distributeur: Wild Side / Melimedias Extras: Interviews, featurettes, ... Gauthier Keyaerts Le Frelon Vert Après l'assassinat de son père, défunte figure tyrannique et directeur d'un journal, Britt Reid prend tout à fait accidentellement la voie du super-héroïsme. Assisté par un technicien hors pair, maitre ès arts martiaux et ancien homme à tout faire du défunt paternel, Britt ne tarde par à sortir la nuit pour "botter" les fesses aux grands méchants. Au départ jeu infantile, cette quête vire au jeu de massacre, lorsqu'elle titille le mauvais tempérament, et écrase les platebandes d'un dangereux maniaque et mafieux: Chudnofsky. Une variante de plus autour du thème - décidemment en pleine mutation du super-héros, irrévérencieux, détourné, et passionné: Gondry's style en plein! Film: 7/10, Extras: 7/10 Sortie: 06/2011 - Durée: 90 min Réalisé par: Michel Gondry - Avec: Seth Rogen, Jay Chou, Cameron Diaz, Christoph Waltz Distributeur: Sony Pictures Extras: Scènes coupées, commentaires audio,... Gauthier Keyaerts Burlesque A ne pas laisser entre toutes les pattes, évidemment, mais si comme moi vous aimez les comédies musicales et les beaux numéros de danse dans une ambiance cabaret sexy mais pas vulgaire, vous serez heureux. Ok, c'est parfois un peu dur de voir que les deux stars ont absolument voulu un fifty-fifty en termes de chant, donc Cher comme Miss Aguilera ont droit à leur moment de gloire, mais ceci mis à part, le film est joliment construit, et l'utilisation d'un montage plus moderne permet de faire avancer l'histoire même pendant les parties chantées, ce qui est un sérieux plus. Donc, romantisme mielleux, oui, belles gueules, oui, cabaret en plein, oui! Film: 5/10, Extras: 0/10 Sortie: 04/2011 - Durée: 118 min Réalisé par: Steve Antin - Avec: Christina Aguilera, Cher, Stanley Tucci, Cam Gigandet, Eric Dane, Kristen Bell Distributeur: Sony Pictures Extras: Documentaires, courts-métrages Adeline Weckmans The Tourist Remake de l'excellent film français 'Anthony Zimmer' réalisé par Jérôme Salle, avec Sophie Marceau et Yvan Attal, 'The Tourist' affiche glamour et ennui, humour poussif et poses excessives. Atteint de pré production houleuse, cette inutile relecture fait la part belle à un numéro d'acteurs en roue libre de la part d'Angelina Jolie et Johnny Depp. Un couple déséquilibré, qui fait pâle figure durant l'exposition lourdingue, et n'aboutit pas à grand-chose de plus par la suite. Dommage, car par moment celle ou celui n'étant pas devenu(e) catatonique au bout des 20 premières minutes, ressentira un petit frisson lié à quelques instants de bravoures, et autres morceaux d'action à teneur internationale. Une pelloche "Si belle, si belle et inutile... Mais ce sont vos valeurs que je trouve futiles. Si belle, si belle et puérile. Mais ce sont vos discours que je trouve infantiles." Merci Lio! Film: 6/10, Extras: 6/10 Sortie: 05/2011 - Durée: 100 min Réalisé par: Florian Henckel von Donnersmarck - Avec: Angelina Jolie, Johnny Depp, Timothy Dalton Distributeur: Studio Canal Extras: Featurettes, interview, commentaire audio,... Gauthier Keyaerts ///////////// Musique ///////////// James Blake (James Blake) Cantonnée pendant des années à de discrètes caves londoniennes, la scène dubstep sort son pâle visage à l'air libre pour profiter, via les sampling de Rhianna, les sonorités du nouveau Radiohead et des figures montantes comme Magnetic Man, des sunlights du mainstream. Avec son premier album, James Blake devrait confirmer cette tendance tout en lui proposant une direction novatrice et emballante. Adepte du less is more, le crooner met en avant sa voix, suave et mélancolique, fille de James Buckley et Antony Hegarty, en l'entourant... de trois fois rien. Ici des loops rythmiques minimalistes, ici d'un piano lunaire et, surtout, un peu partout, d'un silence lumineux et fragile. A plusieurs reprises, le jeune londonien touche au sublime (le soulfull "Wihlems Scream" où rôde le fantôme de Marvin Gaye, "I never learnt to Share", prêche extatique à l'auto-tune). Cet album antispectaculaire n'est certes pas parfait et bégaye quelque peu sur la longueur. Mais il en émane une grâce, palpable et irradiante, qui le rend à la fois unique et énigmatique. A écouter à la pointe de l'aube. CD: 9/10 Genre: Rock Label: A&M - Distribution: Universal Music David Morelli I Like Trains (He Who Saw The Deep label) Sombres, mélodramatiques, rimbaldiens. Voilà les images, prometteuses de densité émotionnelle et d'élans lyrico-dépressifs, qui venaient à l'esprit à l'écoute de l'excellent premier EP 'Progress Reform', publié en 2006. Quatre ans et deux albums plus tard, les iLikeTrains font du surplace dans leur petite flaque de larmes. Promenant ostentatoirement leur mal de vivre sur les traces de Sigur Ros, Editors et autres And Also the Trees, les wagons du quatuor peinent à nous transporter dans les profondeurs de l'âme humain. Ils y réussissent parfois de belle manière comme sur le bouleversant crescendo de 'Sea of Regrets' ou le morceau d'ouverture 'When We Were Kings' aux relents post-rock. Pour le reste, le groupe de Leeds décline mollement son vague à l'âme, porté par la voix monocorde de Guy Bannister et des violons envahissants. Creuser toujours le même sillon ne fait pas le mineur de fonds, surtout s'il n'en sort que de trop rares pépites. LT: And Also the trees, 'Virus Meadow' CD: 6/10 Genre: Pop, Rock David Morelli Killing Joke (Absolute Dissident) Groupe mythique pour les adorateurs de métal, néo ou gothique, toujours fers de lance d'un esprit punk destroy et "findumondiste", énorme du riff, et dansant à sa manière, Killing Joke ne cesse de renaître (30 ans au compteur)! Ceux qui assistèrent à leur double soirée de concerts prodigués l'année passée à l'AB vous le diront: le combo était au comble de sa forme, affichant son line-up de base avec une fougue et une fierté contagieuse. Leur premier album, éponyme, est devenu mythique, 'Ha' reste un des lives les plus électrisants captés à ce jour, 'Love Like Blood' fait toujours danser les romantiques (ou nioukaks comme dirait l'autre), 'Eighties' hurler de joie, et l'album 'Pandemonium' a changé la face du métal... et la suite (dont une collaboration avec Dave Grohl) n'a pas à démériter. 'Absolute Dissent', 13e album studio des Killing Joke, marque également le retour du quatuor originel. On y retrouve une sorte de résumé de la carrière des gars: guitares rageuses, chant transcendant, percus et basses métronomiques, assortis de quelques étonnants slow tempo. Loud! CD: 7/10 Genre: Metal, hard rock, hard core, Rock Label: Spinefarm Records - Distribution: V2 Gauthier Keyaerts Oval (O) Au départ combo allemand formé en 1991, alors trio (Markus Popp, Sebastian Oschatz, et Frank Metzge), Oval sort un album - déjà visionnaire - sur la label Ata Tak en 1993. Une sorte de chaînon manquant entre l'acception en recherche du krautrock (Neu! en ligne de mire) et les futures stars d'une pop indépendante héritière de cette exploration musicale typiquement germanique, telles que Kreidler ou To Rococo Rot, voire l'esprit Kitty Yo. Bien entendu, Oval rallie la clique Mille Plateaux (le label mythique créé en 1993 par Achim Szepanski), puis rejoint l'écurie Thrill Jockey. Le groupe se réduit rapidement à une unité solo: Markus Popp, roi de l'art fragmentaire, musical et installationiste. Popp s'allie à la cause de son ami et "concurrent" dans l'élégance electronica Jan St. Werner, membre de Mouse on Mars (autre formation incontournable), histoire de former le fabuleux projet Microstoria. Puis digresse au sein de Gastr De Sol (album Camoufleur), ou encore de So (avec Eriko Toyoda). Bref, laissons l'exhaustivité de côté, le pédigrée ici décrit dépote suffisamment! Après un insupportable hiatus, Popp nous assène coup sur coup 'Oh' et 'O'... respectivement E.P. et album. Deux perles, sises entre la pop futuriste, et le design sonore. Léger, intriguant, mutant, entre le post rock et l'electronica tendance, parfois génial, souvent brillant. 'O' c'est une évidence à acquérir d'urgence! CD: 9/10 Genre: Pop, Electronica, Experimental Label: Thrill Jockey - Distribution: Konkurrent Gauthier Keyaerts Royksopp (Senior) Le pari couillu du duo norvégien de tenter un follow up instrumental radicalement différent du sautillant 'Junior' était, a priori, remarquable. A postériori, les neuf morceaux de dream pop ambientale et sombre risquent de ne pas être remarqués par grand monde. Insipides et chichiteux, 'Senior est aussi excitant qu'un trajet dans le luxueux ascenseur d'un home de vieux nantis. Bon sang, mais c'est madame Laurent que l'on assassine! Et elle aura bien besoin de Télésecours pour ne pas sombrer dans une dépression comateuse provoquée par cet agrégat d'élégant ennui. On en viendrait presque à regretter le dernier Air tant il ne se passe rien ici. Et lorsque l'électro-cardiogramme tente une pulsation, comme sur 'Triky 2', revisitation peu inspirée de 'Junior, c'est Jean-Michel Jarre qui pointe son nez. 'Senior est la bande originale idéale pour accompagner un documentaire sur la neurasthénie. Débranchez les sonotones! LT: Brian Eno,'Music for Airports' CD: 3/10 Genre: Dance, Electronica Label: Virgin - Distribution: Pias David Morelli Interpol (Interpol) Les accents lyriques et pas toujours convaincants de 'Our love to admire' avaient décontenancé pas mal de fans de la première heure. Interpol tente, avec cet album éponyme, un salvateur retour aux sources. Sans égaler, loin de là, la beauté irradiante de leur exceptionnel premier album, le désormais trio (le bassiste a quitté le groupe juste après l'enregistrement) réinvestit l'exploration du côté obscur de l'âme avec classe, sobriété et sans donner l'impression de resservir la soupe. Le fantôme de Ian Curtis semble moins planer sur les compos des new-yorkais même si, à l'image de sa pochette, celles-ci évoquent les brisures mélancoliques, les cicatrices toujours béantes et autres tourments dépressifs. Armés de guitares chirurgicales posées sur des basses au galop, Interpol insuffle à ses mélodies une énergie du désespoir qui transperce même la carapace des mélodies plus faiblardes. Interpol continue à (se) chercher et c'est très bien ainsi. Listen to : The National, 'Boxer' CD: 7/10 Genre: Pop, Rock Label: Cooperative Music - Distribution: EMI David Morelli Underworld (Barking) Le sixième album d'Underworld, groupe majeur sinon essentiel de l'electronica, est une claque. Dans le mauvais sens du terme. Leurs deux derniers albums, ainsi que leur production, copieuse, exclusivement accessible sur le web, démontrait une volonté authentique, à défaut d'être toujours convaincante, de continuer à explorer les recoins en friche de la musique électronique. Ce 'Barking' donne surtout l'impression que le duo tente, de manière par trop opportuniste, de revenir sur le devant de la scène en ressortant les synthés vintage pour surfer, comme tant d'autres, sur cet interminable revival 80's dans laquelle la scène techno semble s'être majoritairement engluée. Résultat des courses: un album bancal où se cotoient les beaux restes (le single 'Scribble', impeccable), le correct ('Grace', 'Between stars'), le remplissage arty et le carrément embarrassant ('Always loved a film', hit eurodance en puissance). 'Barking' n'est pas à la hauteur du pedigree. LT:Orbital,'Insides' CD: 5/10 Genre: Electro Label: Underworld.live - Distribution: V2 David Morelli Orchestral Manoeuvres in the Dark (History of Modern) Souvenez-vous le mythique groupe électro OMD s'était reformé et avait donné un concert à l'Olympia, à Paris, en mai 2007. Ils avaient joué l'intégralité de leur meilleur album, "Architecture and Morality" (1981), puis en seconde partie avait interprété leurs plus grands succès. Aujourd'hui, 14 ans après le reformation et 30 ans après "Electricity", OMD sort un album ! Les fans trentenaires voire quarantenaires devraient apprécier. Sentimentalement. Musicalement, c'est autre chose. Certes, ces pionniers refont leur "History of Modern" avec un panel de sons électro impressionnant. Des synthés à la Kraftwerk aux lignes de basse à la Moroder. Les voix d'Andy McCluskey et de Paul Humphreys ont gardé de la fraîcheur et de l'éclat ; mais musique et voix sont perdues dans un flot continu de choeur (balancer les bras svp) quasi sur la même note dans tout l'album. Le single "If you want it" l'illustre bien. Une "histoire" qui ne restera pas dans les annales. CD: 7/10 Genre: Pop, Electro Label: Blue Noise - Distribution: Pias Frédéric Jarry Chk Chk Chk (Strange weather, Isn't It?) Le nouvel album des !!! (prononcez tchk tchk tchk) est à la fois très excitant et un chouia décevant, soufflant, d'une manière tempérée qu'on ne leur connaissait pas, le bouillant et le tiède. Bouillant, "Strange Weather, Isn t It?" l'est sans aucun doute quand les tchk lâchent les brides de leurs chevaux disco punk funk. "The Most certain Sure", "Wannagain Wannagain" et surtout le bien nommé "The Hammer", tuerie discoïde à rendre Vitalic vert de jalousie, prouvent que les tchk en ont encore dans le short. Le reste de l'album, s'il est loin de démériter en proposant des mélodies solides et nerveuses, déçoit, à l'image de la mélodie proprette du single "AM/FM", par son aspect plus lisse, plus sage et étrangement désabusé. Sans doute est-ce dû à la période chaotique qu'a traversé le groupe (départ de deux musiciens et du second chanteur John Pugh, décès accidentel du batteur) et qui a failli mettre un point final à son existence. Dans ces conditions, ce premier album en quatre ans semble presque tenir du miracle. On attend néanmoins les !!! là où leurs morceaux prennent toute leur démesure festive: sur scène. En espérant que désormais, le groupe soit au beau fixe. Listen to: Zongamin, 'Fleshtapes' CD: 7/10 Genre: Electro, Pop Label: Warp - Distribution: V2 David Morelli The Charlatans (Who We Touch) Seuls survivants de la scène Baggy avec Primal Scream, les Charlatans sont surtout associés à l'incontournable 'Only one I know'. Pourtant, en 15 ans, le quintet indie n'a pas chômé et a sorti, et dans une indifférence totale en dehors de la perfide Albion, une série de galettes d'excellente facture. Le petit dernier 'Who we Touch', est de cette même veine. Il débute sans crier gare par un déluge de guitares chaotiques tendant à prouver que les vétérans ont encore la pêche, S'ils calment néanmoins rapidement le tempo, c'est pour offrir une belle brochette de mélodies pop rock, efficaces et souvent mélancoliques, portées par des guitares en verve et un orgue apportant densité et emphase (le beau 'Trust in Desire' et son crescendo, la ballade 'Your pure soul'). Le tout s'achève par un morceau caché aux relents southern rock scandé par un prêtre habité par le démon. Les Charlatants sont indubitablement un groupe à (re)découvrir. LT: Ian Brown, 'Solarized' CD: 7/10 Genre: Pop Label: Cooking Vinyls - Distribution: V2 David Morelli Menomena (Mines) Le merveilleux "Queen Black Acid", bouleversant de limpidité, pose dès le départ l'ambition de ce trio de Portland: dynamiter les mélodies pop et, avec une virtuosité d'orfèvre confondante, orner, chaque fragment de la plus belle parure qui soit, pour aboutir, une fois ordonnancés, à des morceaux évidents, parfaits et... différents. Portés par des arrangements aussi variés (saxo, piano, glockenspiel...) qu'élégants et qui ont le bon goût de ne jamais prendre la pose pour damer le pion à la mélodie - et quelles mélodies! -, Menemona enfile avec une facilité déconcertante ses perles. Qu'elles soient de lumière (les entrelacs vocaux de 'Dirty cartoon') ou en acier délicatement forgé ("TAOS" scellant la rencontre de Hendrix et de Elbow), 'Mines' ne souffre d'aucun temps mort. Long en bouche et d'une variété sonore remarquable, Menomena propose rien de moins qu'un des albums indispensables de 2010. LT: Flaming Lips, 'The Fearless Freaks' CD: 9/10 Genre: Pop Label: City Slang - Distribution: V2 David Morelli Prince (20TEN) C'est l'histoire d'un mec qui fait un tour à vélo, un samedi (le 10 juillet 2010) de canicule. Passant devant une librairie, il se demande s'il reste une copie du quotidien 'Het Nieuwsblad', dans lequel se retrouve inséré le nouvel album de Prince (oups, de unpronounceable symbol). Curieux (ben un album de machin chose à 1,40 euro, ça le fait), le cycliste s'approprie l'objet "collector" en devenir. Il glisse alors dans la poche son bermuda le CD, et se colle la gazette dans le dos. Quelques kilomètres et litres de sueur plus tard, il revient à son domicile. Le Cd a pris un coup d'humidité, et un quart de page du journal est imprimé au-dessus de son arrière-train. Ce gusse, vous l'aurez compris, c'est moi. Un ex fan d'un talentueux artiste qui fut un temps dénommé Prince, vibrant encore régulièrement aux accords du monstrueux album 'Sign O the Times', et de ses prédécesseurs. '20 Ten', annoncé comme le retour à certaines sources ('1999', 'Purple Rain', etc.) n'est pas la bombe attendue. L'amiral Nelson ressort avec ferveur ses rythmique flangées et sautillantes, ses gros accords dégoulinants de synthé, et beaucoup de squelettes mélodiques empruntés à ses anciennes tueries, provoquant des cascades de suées et de coups de reins. Ici tout sonne donc à l'ancienne, mais par contre, côté mélodique, rien de très bon à se mettre sous la dent. Ne dépensez pas trop d'énergie pour acquérir ce coup de nostalgie inutile, et actuellement hors commerce (mais soldé sur le net). CD: 5/10 Genre: Funk Gauthier Keyaerts The Magic Numbers (The Runaway) Les Magic Numbers sont une anomalie, un anachronisme dans l'univers agité et souvent cynique de la scène indie anglaise. La paire de frères et de soeurs qui composent ce combo folk rock proposent une nouvelle fois d'éteindre nos GSM et de couper la connexion internet. Ils nous donnent rendez vous dans le jardin (ou près d'une botte de foin s'il y en a une pas loin), de nous coucher sur le sol, un brin d'herbe (ou de foin si...) en bouche et, les yeux levés vers le ciel, de profiter du moment, de déconnecter. Déconnecté. Voilà le terme qui sied le mieux à ce troisième album qui fuit sans courir les modes éphémères et nous invite à retrouver, en mordant dans leur émouvante madeleine à base de mélodies fraiches et revigorantes, des bribes de la sérénité optimiste des seventies. "The Runaway" n'est pas un album nostalgique mais une magnifique fuite en avant sur fond de "feel good songs" dans la lignée des Mama's and the Papa's, des Bee Gees et du rock west Coast. Les Magic Numbers sont une anomalie. Une anomalie magique dont "The Runaways" est le sésame. CD: 8/10 Genre: Rock, Pop David Morelli Morcheeba (Blood Like Lemonade) "'Blood Like Lemonade', c'est l'album que nous aurions dû réaliser après 'Big Calm', en 1998, mais nous avions besoin d'explorer d'autres horizons pour pouvoir revenir à notre habitat naturel", a reconnu Paul Godfrey, l'un des 2 frères fondateurs du groupe trip hop de Douvres, Morcheeba. A la question de savoir quel son caractérise ce 7ème album, Skye Edwards, la chanteuse des débuts mythiques du groupe, répond: "cela sonne Morcheeba bien sûr!". Ce qui est vrai mais pas si évident, après les errances, heureuses et surtout malheureuses du groupe. Ici, retour aux mélodies légères douces-amères, comme l'évoque le 1er single 'Even Though' avec sa guitare sèche, ses micro-scratch hip hop, très fin années'90. La programmation electro flirte toujours avec le blues, la folk et même la country. La voie de Skye, enfin de retour, a gagné en profondeur, même si le ton est plus pop que soul dans ce road-movie étrange où la musique très chill, contraste avec des paroles de violence et de sang. Perso, 'Self Made Man' exprime le mieux ce paradoxe, très séduisant. Comme l'opus. CD: 9/10 Genre: Lounge Label: Pias - Distribution: Pias Frédéric Jarry Kele Okereke (The Boxer) La premiere vertu de cet album solo du chanteur de Bloc Party est d'être clair quant aux objectifs: faire danser jusqu'à l'épuisement, des boîtes les plus huppées New York aux campings les plus beauf de la mer du Nord (et vice-versa, y a pas de raison). Un objectif qui a son importance lorsqu'on se remémore avec une pointe d'agacement le dernier album - raté des Blocs Party qui ressemblait, de base, à leur traditionnel album de remix et sous-utilisait leur pourtant excellent batteur. Un peu difficile à digérer pour les fans de la première heure qui voient encore en Bloc Party un groupe post punk crédible plutôt qu'un groupe dance rock assez quelconque. Jouant à fond les basses et sans ambiguïté la carte electro, Okereke réussit indéniablement sous coup. 'The Boxer' est agressif, puissant et les rythmiques et sonorités africaines, les mélodies efficaces et la voix de Oreke apportent un supplément d'âme. Il y a des hits à la clé: le single, 'Tenderoni' et surtout 'Rise' et ses basses monstrueuses façon Vitalic, sont des tueries. On succombe. LT: Vitalic, 'OK Cowboy' CD: 7/10 Genre: Electro, Rock Label: Wichita - Distribution: V2 David Morelli UNKLE (Where Did The Night Fall) Après deux albums de très haute tenue ('War Stories' et 'End titles'), Unkle marque sévèrement le coup avec ce 'Where Did The Night Fall'. Jusqu'alors à l'avant-garde d'une scène électronique explorant les profondeurs du rock (et inversement) et tentant, avec la morgue d'explorateurs sonores intrépides, de faire fusionner l'hermétique (Les Beatles, le rap et le trip hop dans un même mix, couillu), ce cinquième album sort avec une date de péremption déjà dépassée. 'Where Did The Night Fall' trace en ligne droite dans un sillon électronique/dark wave fréquenté depuis bien longtemps sans tenter d'en influencer la direction. Unkle, qui a perdu en cours de route Richard File au profit(?) de l'ex-Psychonaut Pablo Clements, livre un album froid, répétitif et -horreur- prévisible auquel il ne semble croire qu'à moitié. Le splendide 'Another Night Out' qui clôture l'album laisse néanmoins planer l'espoir d'une reprise en main prochaine. LT: Siouxie and the Banshees, 'The Rapture' CD: 5/10 Genre: Electronica, Pop, Experimental David Morelli Moby (Wait For Me Remixes) Sorti pile il y a un an, "Wait for Me" était le 9ème et très attendu album studio du producteur américain Moby, qui depuis la fin des années'80 (Voodoo Child) mixe avec génie qualité musicale et succès planétaire. L'opus plutôt "ambient" et très mélodique, tout en cordes et notes au piano, n'hésitant pas sur les choeurs et les voix filtrées, vient d'être "remixé" par les meilleurs producteurs house et techno du moment. On passe sans transition du downtempo aux beats dansants, ce qui veut dire que les remixes ne s'adresseront peut-être pas au même public que la musique du Moby d'après "Play". D'autant plus que les meilleurs remixes ne sont pas ceux de Tiesto, Laurent Wolf ou de Carl Cox, mais bien d'artistes plus underground comme Popof, Paul Kalkbrenner, Savage Skulls et surtout, Gui Borrato. En bonus, un 2ème CD où Moby renoue avec l'électro puisque c'est lui qui mixe les remixes, avec brio. CD: 8/10 Genre: Electro, House Label: Little Idiot - Distribution: Pias Frédéric Jarry Jamie Lidell (Compass) Voici sans doute l'album le plus abouti de Jamie Lidell, du moins le mieux équilibré. On avait découvert le bonhomme dans un univers apocalyptique assez bruitiste et on l'avait vu évoluer vers une soul-funk de plus en plus propre, de moins en moins folle. Pas avare et encore moins pudique en interview, Lidell avoua s'être un peu perdu artistiquement; la faute à une vie personnelle un peu tumultueuse, ces dernières années. Il a depuis déménagé de Berlin à New-York, s'est pris la mort de Michael Jackson (l'une de ses idoles!) dans les gencives et a choisi comme collaborateurs rapprochés du jour Beck et Chris Taylor (de Grizzly Bear). Résultat du franchiment de ce nouveau cap : un album à la fois soul et bruitiste, déviant et accessible, cohérent et barré, où la voix exceptionnelle du bonhomme se pose sur du funk certes bordélique mais toujours entraînant. CD: 8/10 Genre: Soul, Funk, Electronica Label: Warp - Distribution: V2 Serge Coosemans Zu (The Way of the Animals Powers) Avoir un album de ZU à se mettre sous la dent, c'est toujours une excellente nouvelle! Mais "attention", 'The Way of the Animals Powers' n'est pas une nouveauté, mais la ressortie d'une plaque ayant vu initialement le jour sur le label italien Xeng. Déconstruites, mais pas forcément agressives, les compos hantant cette oeuvre fleurent bon une certaine folie, cadrée et maîtrisée. Un travail impressionnant, où le trio transalpin est épaulé par Fred Lonberg-Holm (Valentine Trio, Peter Brötzmann, Chicago Tentet, etc.). Le plaisir auditif (morceaux superbes et nouveau mastering opéré par James Plotkin) se double d'un plaisir tactile: soit le contact d'un bon gros vinyle 180 grammes! CD: 8/10 Genre: Electro-Pop Label: Public Guilt Records - Distribution: Mandaï Gauthier Keyaerts LEO (88 Man)/ The Healthy and the Badass Motherfucker/ ROOM 204 (Speaking Parts From the Blazing Rows/ Tonnerre Vendanges/ Balloons) Le label nantais Kythibong nous a glissé sous l'oreiller trois petite gâteries à se mettre dans le lecteur CD... La première (sans ordre d'importance, mais bien de situation dans la pile "à chroniquer") passée en revue sera donc les exploits soniques du duo Leo (88 Man), joliment folk. Comparé à d'illustres homologues étasuniens (Smog, Lambchop, Giant Sands...), le duo développe ici un son pop-folk plutôt joli, mais jamais vraiment totalement prenant, car peut-être un chouïa trop bien pensé, et poli. Healthy Boys (and the Motherfucker), malgré un nom de groupe crasseux, reste tout autant sous le charme de l'acoustique. L'E.P. ici présenté rassemble quatre morceau de Benjamin Nerot accompagné de quelques amis (ex Bastards), enregistrés en résidence. Ne cherchez pas le tonnerre, ni la vengeance... Duo bétonné et armé, Room 204 continue à explorer les transgressions du bruit en formation minimale. Plutôt sympa! Petite précision: les fans de vinyls commanderont via la France. Pour l'édition CD il faudra passer par la case Japon (Stiff Slack). CD: 6/10 Genre: Folk, Rock Label: Kythibong Records - Distribution: Mandaï Gauthier Keyaerts ///////////// Dossiers ///////////// Conan the Barbarian Marcus Nispel peut difficilement se voir qualifier de réalisateur de films d'auteur... Mais plutôt de géniteur de semi-ratage ('Pathfinder') ou de remakes casse-gueule ('Massacre à la tronçonneuse', 'Vendredi 13')! Le voilà qui s'attaque une fois de plus à un classique indéboulonnable: 'Conan le barbare'. Une guerre des trônes dans laquelle Nispel risque de perdre encore un peu plus de crédibilité? L'avenir nous le dira... Mais n'est pas Zack Snyder qui veut, et ce n'est nullement un blasphème de penser que ce paquebot prend l'eau avant son largage. Mais revenons-en à notre saigneur favori... 'Conan le Barbare' ou 'Conan le Cimmérien' voit le jour en 1932, sous la plume de Robert E. Howard dans une histoire publiée dans le "pulp" Weird Tales.... Ainsi nait l'heroic-fantasy, un style toujours à l'honneur auprès de nombreux geeks amateurs de jeux vidéos ou de rôles. Mais aussi des amateurs de bandes-dessinées (éditées par Marvel Comics puis chez Dark Horse), et autres cinéphiles, notamment grâce à la cinglante incarnation de Conan mis en boîte en 1981 par John Milius, révélant une musculeuse star en devenir: Arnold Schwarzenegger. Ce dernier remettra le couvert à plusieurs reprises, soit dans la peau du cimmérien, ou de personnages proches de celui-ci: 'Conan le destructeur', 'Kalidor',... Pour en revenir à John Milius, force est de reconnaître que s'attaquer à son impeccable vision de l'univers de Howard frôle l'inconscience, ou la mission suicidaire! En effet, 'Conan le barbare' n'a pas tardé à devenir le maître étalon d'un sous-genre cinématographique encore d'actualité (ne fut-ce qu'à travers l'adaptation des livres de Tolkien) de nos jours, de par une perfection à tous les étages. Schwarzy affiche une plastique démesurée qui sied parfaitement au personnage, son jeu peu subtil en rajoute une couche! Il se voit "secondé" par des acteurs hors pair: James Earl Jones, Max von Sydow, ... Milius n'hésite par à se lancer dans la pure barbarie quand c'est nécessaire, ou encore à faire appel à un érotisme fumeux, mélangé parfois à de la sorcellerie. Les combats à l'épée déchirent, transcendés par la puissante musique de Basil Poledouris. Évidemment, tout cela ne laisse pas trop de latitude à Nispel! D'autant que son acteur principal, Jason Momoa, la nouvelle incarnation de Conan, nous prouve semaine après semaine qu'il a le charisme d'une crotte de nez géante à la voix gutturale... Pour preuve, c'est lui qui interprète avec un sérieux papal et un non-talent provoquant des fous-rires, Khal Drogo dans la série 'Game of Thrones'! Les bandes-annonces ne sont pas trop rassurantes. Mais allez, nous ferons un détour par les salles obscures malgré tout, afin de ne pas louper les quelques moments forts certainement présents, tout comme dans 'Pathfinder'. Un film moyen, mais pas totalement dénué de charme, et un peu vite passé à la trappe malgré tout. La Planète des singes : les origines Alors qu'il n'affiche au compteur que le modeste mais excellent 'Ultime Evasion' / 'The Escapist', le réalisateur anglais Rupert Wyatt nous revient pourtant avec une production nettement plus couteuse, fantastique, et basée sur le matériel de Pierre Boulle. Vous l'aurez compris, Wyatt se met en mode simiesque, et s'attaque à l'intrigante saga 'La planète des singes', lui offrant une préquelle. Une perspective forcément proche de l'actuel 'X-Men: Le Commencement'. Un choix excellent, laissant la porte ouverte à l'imaginaire, sans se ramasser des hordes de fans transis hurlant au blasphème. Sort peu envieux que connut Tim Burton. 'La Planète des singes : les origines' s'attarde donc sur la source d'une certaine fin du monde, en tout cas du règne des humains, remplacés au final par leurs grands ancêtres les singes. Tout commence par des recherches menées par le docteur James Franco (Will Rodman) pour vaincre la maladie d'Alzheimer. Malgré les réticences de ses supérieurs, suite au constat que ces recherches altèrent (pourtant positivement) l'activité cérébrale, le docteur continue ses manipulations sur un bébé primate du nom de Caesar, notant rapidement d'immenses changements intellectuels et comportementaux. Petit à petit, l'animal va mener son espèce à dominer le monde. Un changement social global, déjà amorcé dans les volets de trois à cinq de la franchise 70's ('Les Évadés de la planète des singes' - 1971, 'La Conquête de la planète des singes' - 1972, 'La Bataille de la planète des singes' - 1973), "dégénérescences" de l'excellent film de Franklin J. Schaffner, sorti lui en 1968. Un coup d'oeil sur les bandes-annonces qui circulent procure le grand frisson! En effet, l'une d'entre-elles commence assez moyennement, repiquant son ambiance sonore déprimante sur celle de '28 jours plus tard', évolué vers un véritable festival de tension et d'effets spéciaux (signés Weta Workshop) hallucinants. Le début de l'affrontement humains / singes semble afficher des proportions totalement épiques. Nous aurions donc plutôt tendance à être confiants concernant cette sortie... Interview d'Asghar Farhadi, réalisateur de 'A Separation' Les gens sont toujours au centre des films du réalisateur iranien Asghar Farhadi. Un réalisateur qui parvient également à placer ses personnages dans des histoires passionnantes. Il n'est pas donné à tous d'apprécier les films iraniens, mais dans le cas de 'A Separation' vous pouvez mettre tous vos a priori de côté. Cette histoire de divorce qui part totalement en vrille, est intrigante, légère, intelligente et drôle. Farhadi sait comment prendre son public par la peau du cou, le fasciner deux heures durant, et pour ce faire, nul besoin de sang, d'explosions gigantesques ou autres manoeuvres de diversion. Ce réalisateur de 39 ans, qui a démarré sa carrière au théâtre pour ensuite mettre le cap sur la radio et la télévision, et a rapidement connu le succès sur grand écran avec des films comme 'Beautiful City,' 'Fireworks Wednesday' et 'About Elly', sait que ce qui importe, ce sont l'intrigue et les personnages. L'idée de votre film précédent, 'About Elly' vous est venue alors que vous pensiez à l'image d'un homme attendant au bord de la mer que les vagues lui rendent le corps de sa femme. 'A Separation' est également né d'une idée aussi visuelle? Farhadi: En fait, oui. J'ai vu un homme en train de laver le corps de son père souffrant de la maladie d'Alzheimer. Ca a été le point de départ. S'ensuit un scénario particulièrement ingénieux. Vous saviez dès le départ où vous vouliez aller avec cette histoire? Farhadi: Non, cette image est restée hanter mon esprit. Je me demandais qui était cet homme. Pourquoi lavait-il son père? Où est sa femme? Je ne savais pas où ce scénario allait me conduire. Je me suis laissé emporter par l'histoire. Quand j'y pensais, je ne savais pas ce que ça allait devenir. Je me suis d'abord concentré sur l'intrigue et quand elle a trouvé sa place, j'ai essayé de développer certains thèmes. L'histoire vous a-t-elle surpris? Farhadi: Non. J'étais curieux, mais les options prises ne m'ont pas surpris. 'A Separation' est quand même dans la droite ligne de mes autres films. Je pense que l'on sent que c'est la même vision du monde qui le sous-tend. J'ai reconnu plusieurs acteurs de 'About Elly'. Est-ce une manière de souligner que vos films forment un tout? Farhadi: Non, je trouve simplement que ce sont des acteurs particulièrement forts. C'est pour cela que j'ai de nouveau fait appel à eux. Je serais fou de ne pas le faire. Quand je dis que 'A Separation' est dans la lignée de ce que j'ai fait, je veux surtout dire qu'en tant que réalisateur et scénariste, je n'impose pas ma vision. Je préfère dissimuler mon avis. En même temps, le film s'appelle 'A Separation'. Ce qui dévoile le thème principal? Farhadi: L'un des thèmes principaux, ce sont les relations entre les gens, et plus particulièrement au sein d'un couple. On pourrait aussi dire que le thème plus général parle de moralité et d'éthique. 'A Separation' se développe presque comme une histoire de détective, tout comme dans 'About Elly'. Le spectateur reçoit une série d'indications qui se succèdent et au final forment un ensemble logique. Farhadi: Les deux films comprennent effectivement un élément de mystère. On a envie de savoir comment ça va se régler. Et ce mystère se compose de plein de petits éléments et événements. Ce genre d'histoire est totalement différent de ce qu'on a l'habitude de voir du cinéma iranien. Soit des films très introspectifs, soit de films qui se déroulent à la campagne. Essayez-vous de montrer que le cinéma iranien a autre chose à offrir? Farhadi: Je fais moi-même partie de la classe moyenne urbaine iranienne. C'est mon monde. Je comprends mieux ces gens-là. Il est normal que je raconte des histoires à leur propos. La plus grande partie de la population iranienne appartient d'ailleurs à cette classe moyenne urbaine. On ne dira pas que c'est de sa faute, mais les présomptions occidentales n'ont-elles pas quelque chose à voir avec le succès des films d'Abbas Kiarostami dans les festivals étrangers? Il est quand même le premier à avoir plu. Farhadi: Evidemment, ce n'est pas de sa faute. Kiarostami est quelqu'un de très proche de la nature, qui possède un regard très naturel. Du coup, il préfère les histoires se passant à la campagne. S'il faut rejetter la faute sur quelqu'un, ce sont les festivals internationaux qui placent tous les Iraniens dans un même panier, et n'imaginent pas que nous avons aussi des problèmes complexes face auxquels nous nous débattons. A leurs yeux, tous les Iraniens ont un monde imaginaire très simple. Quels genres de films va voir monsieur tout le monde en Iran? Farhadi: On peut séparer les visiteurs de cinéma en deux catégories. L'une ne voit le cinéma que comme de la distraction pure. L'autre, surtout des jeunes, attend de la détente, mais veut aussi réfléchir. Ce deuxième groupe est assez grand. Je peux le constater aux chiffres de fréquentation de mes propres films. Faites-vous surtout des films pour cette deuxième catégorie? Farhadi: Lors de l'écriture, je cherche toujours une histoire que tous les Iraniens pourraient comprendre. C'est mon premier souci. Vous donnez une image très diversifiée de la vie en Iran. On y voit comment les Iraniens savent profiter de la vie, mais aussi bien dans 'Beautiful City' que dans 'A Separation' on a l'impression qu'en Iran, on peut acheter une vie. Après un crime, on peut s'en sortir en mettant une certaine somme d'argent sur la table. Farhadi: Je ne vais pas dire que je suis pour, mais il existe en Iran une chose qui s'appelle 'dieh', c'est l'argent du sang, que l'assassin paye à la famille de la victime. Si elle est d'accord, elle laisse tomber la plainte. On peut évidemment discuter de l'honnêteté de cette tradition, ou du fait que cela ne semble poser aucun problème vis-à-vis de la loi, mais c'est la réalité. Dans 'A Separation' vous présentez un juge particulièrement compréhensif, quelqu'un qui va plus loin que le simple "la loi c'est la loi". Avez-vous voulu donner un visage humain aux autorités? Farhadi: Le système judiciaire est très vaste. Le rôle du juge est de représenter la loi et l'expliquer. Lorsque les victimes et les coupables ne sont pas d'accord avec la loi, le juge essaye de convaincre tout le monde que c'est la loi qui leur rend justice. J'ai voulu montrer que l'on peut transcender la loi et voir l'aspect humain. C'est ce que le spectateur doit faire. Ruben Nollet Interview avec Angelina Jolie Nous connaissons tous Angelina Jolie au travers de ses actions humanitaires, de ses adoptions, de son mariage avec Brad Pitt, mais aussi des personnages durs qu'elle incarne au cinéma. Aujourd'hui, elle nous revient dans le rôle de Tigresse, un des Cinq Cyclones dans Kung Fu Panda 2. Le film raconte l'histoire de Po (Jack Black) qui a réalisé son rêve en devenant le Guerrier Dragon qui protège, avec ses amis les Cinq Cyclones - Tigresse, Grue, Mante, Vipère et Singe et d'autres maîtres de Kung Fu, la vallée de la paix. Mais sa nouvelle vie est menacée par l'arrivée d'un redoutable ennemi qui tente de conquérir la Chine et veut anéantir le Kung Fu à l'aide d'une arme secrète. Lisez ici ce qu'Angelina Jolie pense de la violence dans un film pour enfants, des valeurs du Kung Fu et de la façon dont ses enfants adoptés réagissent au fait que, dans le film, Po a été adopté par une oie. Dans le film, le père de Po est une oie et c'est comme ça que nous savons que Po a été adopté. Le premier film abordait à peine le thème de l'adoption, au contraire de ce deuxième film. Que pensez-vous de la manière dont on parle ici de l'adoption aux enfants? Angelina Jolie: J'ai emmené ma famille voir le film et ils l'ont trouvé formidable et nous avons beaucoup ri. Je me suis demandée s'ils me poseraient encore des questions à propos de la partie sur l'adoption, mais des mots comme 'adoption' et 'orphelinat' sont des mots joyeux dans notre famille et ils sont habitués à ce genre de conversations. Ils ont donc trouvé cela d'autant plus chouette et ils étaient fiers aussi d'être davantage comme Po. Ce qui est beau dans cette histoire c'est qu'elle véhicule un certain nombre de messages très forts, dont le premier est qu'on peut être ce qu'on veut, peu importe à quoi on ressemble ou d'où on vient. Cela donne un sentiment de confiance en soi pour trouver qui on est et cela donne le sentiment que cela n'a aucune importance ce qu'on a vécu dans son enfance, ce qui compte c'est qui on choisit d'être dans la vie. Dans ce film, il s'agissait aussi énormément de la famille. Et la famille, c'est là où il y a l'amour à la fin de la journée. Ce sont autant de sujets plutôt lourds et c'est formidable de pouvoir les traiter dans ce film. Avez-vous le sentiment que des films comme Kung Fu Panda vous intéressent davantage parce que vous avez six enfants à la maison? Jolie: Je pense que nous sommes, en fait, tous de grands enfants au fond de nous et que nous voulons tous jouer et c'est pourquoi nous trouvons cela tellement amusant de faire ce genre de films. Mais du fait que mes enfants appartiennent à des catégories d'âges très différentes, de 2 à 10 ans, c'était certainement une bonne occasion de faire quelque chose que nous trouvions tous amusants et c'est pourquoi, quand je travaillais sur ce film, je le faisais aussi pour eux. Kung Fu Panda est, en fait, un film qui contient beaucoup de violence. Que pensez-vous, en tant que mère, de la façon dont la violence est présentée aux enfants? Jolie: Je pense qu'il faut tout d'abord bien connaître ses enfants. Les uns sont prêts pour ça plus tôt que les autres et certains le comprennent aussi plus tôt que d'autres. Je ne vois vraiment pas ce film comme trop violent, au contraire. Dans Kung Fu, d'ailleurs, tout tourne autour de la question de trouver le calme intérieur et de battre l'ennemi en lui renvoyant son énergie négative au lieu de renchérir dans la violence. Mes fils pratiquent tous un sport de combat parce que la violence fait partie de la vie d'un petit garçon. Les garçons voudront toujours jouer à se bagarrer ou se battre entre eux et je trouve important qu'ils apprennent comment gérer cela avec discipline et respect. Je pense que c'est une erreur d'ignorer que cela fait partie de l'être humain, et certainement des jeunes garçons. J'essaie ainsi de les guider à travers cette phase et de leur apprendre à éviter le combat, mais à se défendre si nécessaire. Dans ce film, mais dans d'autres films aussi, vous jouez beaucoup de femmes agressives, beaucoup de femmes fatales, pouvez-vous nous dire d'où ça vient? Quel est l'alter-ego derrière ça? Jolie: En réalité, je suis tout simplement une maman qui passe ses soirées à changer des langes et à faire des coloriages, mais je me sens émotionnellement et physiquement très attirée par les femmes fortes et les personnages bien trempés. Je me sens aussi très attirée par des gens qui se battent pour quelque chose, je suis sensible à la justice et l'injustice. Cela a toujours été davantage ce sentiment-là plutôt que de vouloir 'simplement' jouer les dures. J'ai eu la chance de débuter ma carrière à une période où les femmes pouvaient jouer ces rôles. Merci à Way To Blue.