Interview d`Asghar Farhadi, réalisateur de `A

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Interview d`Asghar Farhadi, réalisateur de `A
///////////// Sommaire /////////////
Cinéma
Musique
Hanna
Transformers 3 : La Face cachée de la Lune
Balada Triste de Trompeta
Bad Teacher
Brighton Rock
Trois
Blitz
Midnight in Paris
Kung Fu Panda 2 : The Kaboom of Doom
Insidious
Eu cand vreau sa fluier, fluier
Essential Killing
Une Séparation
The Prodigies 3D
Get Low
X-Men: First Class
James Blake
He Who Saw The Deep label
Absolute Dissident
O
Senior
Interpol
Barking
History of Modern
Strange weather, Isn't It?
Who We Touch
Mines
20TEN
The Runaway
Blood Like Lemonade
The Boxer
Where Did The Night Fall
Wait For Me Remixes
Compass
The Way of the Animals Powers
Speaking Parts From the Blazing Rows/ Tonnerre
Vendanges/ Balloons
DVD
Amer
Blackwater Fever / Un lac
Nömadak TX
Les Chemins de la Mémoire / / Ninõs
Stir of Echoes: The Homecoming
Rien à déclarer
Seconds Apart / Prowl
Dr. House saison 6
Damages - Saison 3
Californication - Saison 3
Même la pluie
Nude Nuns with Big Guns, Girl Slaves of... / Hard
Revenge Milly/ Hell's Ground / Made in Serbia
Bulletproof Gangster
Rabia
Carcasses
El Mal Ajeno
Blu-Rays
Une Vie de Chat
Un balcon sur la mer
Apocalypse Now - Edition définitve (3 Blu ray)
Les trois prochains jours
Le discours d'un Roi
Taxi Driver
Women Are Heroes
Devil
Winter's Bone
Monsters
Screamadelica Live (Primal Scream) - Blu ray + CD
audio
Vanishing on 7th Street
Suspiria / Inferno
Le Frelon Vert
Burlesque
The Tourist
Dossiers
Conan the Barbarian
arcus Nispel peut difficilement se voir
qualifier de réalisateur de films
d'auteur... Mais plutôt de géniteur de
semi-ratage ('Pathfinder') ou de remakes
casse-gueule ('Massacre à la
tronçonneuse', 'Vendredi 13')!
Interview d'Asghar Farhadi, réalisateur de
'A Separation'
Les gens sont toujours au centre des
films du réalisateur iranien Asghar
Farhadi. Un réalisateur qui parvient
également à placer ses personnages
dans des histoires passionnantes.
La Planète des singes : les origines
Alors qu'il n'affiche au compteur que le modeste
mais excellent 'Ultime Evasion'/ 'The Escapist', le
réalisateur anglais Rupert Wyatt nous revient
pourtant avec une production nettement plus
couteuse!
Interview avec Angelina Jolie
Nous connaissons tous Angelina Jolie au travers de
ses actions humanitaires, de ses adoptions, de son
mariage avec Brad Pitt, mais aussi des personnages
durs qu'elle incarne au cinéma. Aujourd'hui, elle
nous revient dans le rôle de Tigresse, un des Cinq
Cyclones dans Kung Fu Panda 2.
///////////// Cinéma /////////////
Hanna
Le début se veut intriguant. Dans un décor silencieux et lumineux une jeune fille file comme une flèche. Elle tire sur un
animal et commence à le désosser. Elle se jette avec beaucoup d'adresse sur l'homme qui surgit soudain derrière elle.
Hanna apprécie l'autonomie, apprise par son père, un ancien espion.
Aussi longtemps qu''Hanna' joue le jeu du suspens, il nous tient bien en haleine. La première confrontation avec la
méchante et glaciale Marissa, l'échappée spectaculaire, les premiers pas d'Hanna dans un monde qu'elle ne connait pas,
vous vous demandez comment tout cela va continuer.
Il ne faut pas longtemps avant de comprendre que le film ne brasse pas assez d'air frais. Eclatant et éblouissant, d'accord,
mais malheureusement trop superficiel. Le réalisateur Joe Wright, est un homme qui s'intéresse toujours plus au style (il
exhibe volontiers les plus grandes trouvailles visuelles) qu'au contenu. Dommage que les acteurs comme Cate Blanchett,
Saoirse Ronan et Eric Bana en soient les victimes. On notera le bon son des Chemical Brothers. (RN)
Film: 5/10, B.O.: 8/10
Date de sortie : 06 Juillet 2011
Durée: 111 min
Réalisé par: Joe Wright
Avec: Saoirse Ronan, Cate Blanchett, Eric Bana, Olivia Williams
Ruben Nollet
Transformers 3 : La Face cachée de la Lune
Dire que cette troisième partie de cette série populaire n'est pas si mauvaise n'implique pas que vous deviez vous
précipiter pour acheter vos tickets de cinéma. Voyez ceci plutôt comme un modèle "d'accident audiovisuel ayant fait
relativement peu de dommages collatéraux".
Avant toute chose, la rumeur selon laquelle le réalisateur Michael Bay a minimisé la nuance infantile semble tout sauf vrai.
Les parents de Sam Witwicky se comportent toujours comme des fous de la vitesse. Certains robots y perdent au moins
une douzaine de vis. Et certains acteurs secondaires - dont tout de même des pointures comme John Turturro, John
Malkovich et Frances McDormand - sont à certains moments complètement ridicules.
La plus grosse lacune est le choix porté par Bay sur James Cameron pour combler la technologie 3D. Ce qui en principe
devait donner des effets d'une profondeur vertigineuse, provoque principalement une migraine monumentale. Bien qu'on
puisse prétendre que le cinéaste ait voulu tempéré son style bazooka, la méthode cinématographique de l'homme frise le
ridicule, inconciliable avec la tendance 3D.
Que pouvons-nous encore défendre dans cette 3e suite ? Le spectacle apocalyptique dans la deuxième partie et la
première ligne d'intrigue convaincante au sujet de la relation entre Witwicky et sa voiture !
Ah oui, les lèvres effrayantes de Rosie Huntington-Whiteley reçoivent sans aucun doute le prix de l'effet spécial le plus
spectaculaire.
Film: 4/10, B.O.: 0/10
Date de sortie : 29 Juin 2011
Durée: 155 min
Réalisé par: Michael Bay
Avec: Shia LaBeouf, Tyrese Gibson, Frances McDormand, John Malkovich, Patrick Dempsey
Steven Tuffin
Balada Triste de Trompeta
Selon les experts, il existe 4 types de clowns. Les deux plus connus sont les augustes et les clowns blancs. Les deux
personnages se troublent dans 'Balada triste de trompeta' et se concurrencent face à l'affection de la belle trapéziste
Natalia. Ils ont un caractère complètement différent, (le Clown blanc est calme et introverti, son concurrent Sergio est
exubérant et assertif) mais sont tous deux très agressifs.
'Balada triste de trompeta' est aussi un film d'Àlex de la Iglesia, un réalisateur qui véhicule une image du monde explosive.
Selon ses dires, cela est du au fait qu'il ait grandi au milieu des attentats du groupe terroriste ETA. En tout cas, vous
pouvez difficilement parler d'un cinéma réservé, mais ce n'est pas non plus ce que cette histoire recherche. 'Balada triste
de trompeta' a le style et le ton de l'opéra, avec des scènes de grand guignol à la place de la musique. Ou comment
montrer un homme au prise avec son agressivité et qui puisse ressembler à un clown ?
En filigrane, de la Iglesia montre aussi un portrait de son pays déchiré par une guerre civile de laquelle Franco est sorti
victorieux (et dictateur) il y a 70 ans. (RN)
Film: 7/10, B.O.: 6/10
Date de sortie : 22 Juin 2011
Durée: 108 min
Réalisé par: Álex de la Iglesia
Avec: Antonio de la Torre, Carlos Areces, Carolina Bang, Santiago Segura, Fernando Guillén Cuervo, Fran Perea, Sancho
Gracia
Ruben Nollet
Bad Teacher
Cameron Diaz essaye dans cette comédie faiblarde de se comporter comme la soeur cadette du Père Noël de la Galerie
commerçante que Billy Bob Thornton peint dans l'inoubliable 'Bad Santa'. Elle traite ses élèves comme des chiens, se
montre rarement sobre en classe et fait son possible pour gagner de l'argent. Et elle en est bien obligée ayant été mise à
la porte par son fiancée riche mais repoussant.
Certes, les premières scènes de cette comédie pseudo-subversive fonctionnent et provoquent le rire. Quand Diaz montre à
ses élèves pour la énième fois le même film, vous ne pouvez vous retenir. Progressivement, le ton rebelle commence à
sonner faux et les comparaisons avec le film susmentionné deviennent frappantes.
En plus vous avez l'impression que le réalisateur Jake Kasdan (le fils du cinéaste Lauwrence) ne sait pas très bien le genre
de film qu'il veut réaliser. Ainsi les personnages secondaires joués par Jason Segel et Justin Timberlake s'écartent du sujet.
Le rôle du professeur reboutant à la Segel appartient clairement à l'univers de Judd Apatow, tandis que le gentil
enseignant de Timberlake rappelle les comédies de Mike Myers 'Austin Powers'.
Finalement Kasdan manque cruellement de timing comique. Ou comment autant de blagues qui manquent si souvent leur
cible !
Film: 4/10, B.O.: 0/10
Date de sortie : 22 Juin 2011
Durée: 95 min
Réalisé par: Jake Kasdan
Avec: Cameron Diaz, Lucy Punch, Jason Segel, Justin Timberlake, Phyllis Smith, John Michael Higgins, Dave Allen, Jillian
Armenante, Matthew J. Evans, Kaitlyn Dever
Steven Tuffin
Brighton Rock
Graham Greene est un vrai touche-à-tout. Bien qu'il soit surtout connu comme auteur, il a aussi travaillé un temps pour les
services secrets britanniques. Il n'a pas écrit que des livres, mais il a aussi réalisé des reportages de voyages et des pièces
de théâtre. Même son oeuvre littéraire n'a pas de dénominateur commun. Des adaptations cinématographiques de son
travail comme 'The Quiet American' et 'The End of the Affair' confirment cette diversité.
'Brighton Rock' - qui traite d'un jeune gangster qui veut assassiner le témoin d'un meurtre - forme le clash ultime entre la
fascination du thriller de Greene et les luttes catholiques. Il n'est donc pas étonnant que ce livre soit adapté pour le grand
écran. Ce film prend de l'ampleur grâce à la fantastique prestation du jeune Richard Attenborough.
Le scénariste-réalisateur Rowan Joffe s'est montré audacieux, a déplacé les faits des années quarante aux années soixante
et a pris le parti d'une approche stylisée inhabituelle. Tous les éléments sont en place pour du grand cinéma : le casting
(Sam Riley de 'Control'), les prises de vue magnifiques et le rythme entrainant.
Résultat : vous vous imaginez comme les personnages retournés au temps où le cinéma pouvait encore vraiment
enchanter !
Film: 8/10, B.O.: 0/10
Date de sortie : 22 Juin 2011
Durée: 111 min
Réalisé par: Rowan Joffe
Avec: Sam Riley, Helen Mirren, John Hurt
Steven Tuffin
Trois
Ces dernières années, le réalisateur allemand Tom Tykwer s'est impliqué dans des grosses productions internationales
comme 'Perfume', 'Heaven' et (quel symbole !) 'The International'. Dans 'Drei' il revient un peu au style et aux thèmes de
ses débuts. La tragi-comédie romantique est dans la lignée de 'Lola rennt' (un style visuel ludique) et 'Winterschläfer' ou
'Der Krieger und die Kaiserin' (le ton philosophique et l'importance du hasard), des histoires bien conçues sur des gens
ordinaires.
Le film empiète aussi sur un problème difficile à résoudre : les personnages ne sont pas d'emblée attachants. Pour me
décrire comme quelqu'un de superficiel, je n'ai pas nécessairement besoin de caractéristiques physiques. C'est vrai que
l'actrice principale Sophie Rois n'est pas spécialement à mon goût mais ce n'est rien. La beauté est par définition relative et
subjective.
La question principale est de savoir pourquoi le spectateur devrait s'intéresser à des personnages aussi odieux que le
couple au centre du film. La vie chaotique de personnes centrées sur leur nombril est le thème du film, mais si vous devez
constamment vous battre contre l'envie de fuir, vous pouvez difficilement parler d'un film réussi. (RN)
Film: 5/10, B.O.: 7/10
Date de sortie : 29 Juin 2011
Durée: 120 min
Réalisé par: Tom Tykwer
Avec: Sophie Rois, Devid Striesow en Sebastian Schipper
Ruben Nollet
Blitz
Le crâne dégarni, le regard farouche, le nez fracturé, la voix grinçante, le corps sec, Jason Statham s'est façonné son style
depuis 'Lock, Stock and Two Smoking Barrels' et d'autres films avec Guy Ritchie. On pourrait presque apposer un copyright
sur son front. Vous savez à quoi vous attendre dans un film avec Statham, et vous ne devez aussi rien attendre de plus.
Ce qui étonne dans 'Blitz' c'est qu'il essaie tout de même le thriller d'action, malheureusement - c'était prévisible - cela ne
lui réussit pas. Il tire l'inspiration du livre éponyme de l'écrivain irlandais Ken Bruen, qui a façonné toute une série
d'histoires autour du détective Brant (le personnage de Statham), un homme qui a sa propre idée de l'application de la loi.
'Blitz' est sans doute le roman de plus intéressant de la série car il confronte Brant avec les excès de son propre style, une
nuance qui donne aussi au film par moments un côté tranchant. En plus de Paddy Considine en tant que nouveau
coéquipier de Brant (et homosexuel) et Aidan Gillen en tant que personnage loufoque, 'Blitz' a aussi deux acteurs qui attire
l'attention dans chaque scène. A côté de leurs performances, la prestation de Statham devient faiblarde, ce qui gâche
malheureusement complètement le film. (RN)
Film: 5/10, B.O.: 5/10
Date de sortie : 22 Juin 2011
Durée: 97 min
Réalisé par: Elliot Lester
Avec: Jason Statham, Paddy Considine
Ruben Nollet
Midnight in Paris
Au départ, la misère semble à nouveau l'emporter. La manière dont Owen Wilson et Rachel McAdams campent leur
personnage - un scénariste américain et sa fiancée - fait penser aux répétitions d'une société d'acteurs amateurs
médiocres. Darius Khondji - le magicien de l'image derrière entre autres 'Delicatessen' et 'Se7en' - photographie Paris avec
le style de la carte postale sans relief. Et les dialogues tapent presque immédiatement sur les nerfs.
Au moment où le personnage de Wilson se perd dans une des nombreuses ruelles de la Ville des Amoureux, Allen change
radicalement de cap. Qu'il fonde son protagoniste dans le Paris des années '20 fait penser que le cinéaste newyorkais a
encore en lui des tendances anarchistes de ses premiers films comme 'Zelig' et 'Sleeper'. En outre, certains visages connus
et moins connus offrent le meilleur d'eux-mêmes comme la crème de la crème culturelle des 'twenties'.
Le pire est que la tonalité (auto) critique d'Allen est extrême. Ou qu'attendez-vous d'un type de 75 ans qui essaye de faire
jaillir du passé toute forme de nostalgie ?
Film: 6/10, B.O.: 0/10
Date de sortie : 15 Juin 2011
Durée: 100 min
Réalisé par: Woody Allen
Avec: Marion Cotillard, Adrien Brody, Carla Bruni, Owen Wilson
Steven Tuffin
Kung Fu Panda 2 : The Kaboom of Doom
Devenu le guerrier Dragon, Po vit aux côtés de ses héros de toujours, les Cinq Cyclones: Tigresse, Grue, Mante, Vipère et
Singe, et de son maître Shifu. Une existence de rêve, partagée entre moments épiques, mais aussi l'habituelle maladresse
et gloutonnerie de notre ami le panda. De quoi en faire baver plus d'un... Cette idyllique condition ne tarde pas à être mise
en péril. En effet, un nouvel ennemi part à la conquête de la Chine, et semble posséder une arme secrète et terrifiante, à
même d'annihiler les plus grands experts en matière de combat à mains nues. Une situation difficile, d'autant que lors d'un
premier affrontement avec les troupes du dangereux tyran, Po perd ses moyens, visiblement ému par un souvenir
traumatique et tétanisant. Oubliez l'argument 3D dont finalement on se masse allégrement, il est impeccable, mais pas
fondamentalement nécessaire, et souvenez-vous simplement de ceci: celles et ceux marqués positivement par le premier
volet de la franchise, en auront pour leur argent! Cette suite atteint sans se forcer son prédécesseur, et le surpasse même
par moments... L'action reste bluffante et l'humour omniprésent. Un véritable régal.
Film: 9/10, B.O.: 8/10
Date de sortie : 15 Juin 2011
Durée: 90 min
Réalisé par: Jennifer Yuh
Gauthier Keyaerts
Insidious
Curieusement ce réalisateur si novateur s'est montré depuis plutôt conservateur. Après avoir compilé les 3 'Saw', il a
réalisé le tout sauf original Dead Silence. Même son plus jeune enfant ne lui décernera par le prix de l'inventivité.
L'acteur de 'Watchmen' Patrick Wilson et l'actrice de 'X-Men: First Class' Rose Byrne incarnent un couple avec trois enfants,
deux garçons et une petite fille de quelques jours. Quand la famille emménage dans la nouvelle maison, elle semble
hantée. Ce soupçon s'avère vrai quand un des fils tombe dans un mystérieux coma. Une équipe de parapsychologues est
engagée pour trouver une issue.
'The Amityville Horror', 'Poltergeist', 'Don't Look Now', 'The Omen' et 'Paranormal Activity' sont quelques exemples du
genre plus subtils que cette absurdité sans inspiration. Avec comme cerise sur le gâteau une finale qui fait plus rire que
peur.
Film: 2/10, B.O.: 0/10
Date de sortie : 15 Juin 2011
Durée: 102 min
Réalisé par: James Wan
Avec: Patrick Wilson, Rose Byrne
Steven Tuffin
Eu cand vreau sa fluier, fluier
Que "If I want to whistle I whistle" semble remarquablement réaliste, naturel et crédible n'est pas surprenant. Le
réalisateur Florin Serban base son film sur une pièce de théâtre, mais il a tourné dans des lieux authentiques et fait jouer
presque tous les rôles secondaires par de vrais délinquants juvéniles. Ce sont des choix qui rendent ce drame carcéral plus
intense, et c'est peu dire.
"If I want to whistle I whistle" est comme l'histoire d'un chat pris au piège, avec un protagoniste qui commence à se sentir
de plus en plus mal, plus désespéré et par conséquent devient plus dangereux. La nouvelle que son jeune frère vient lui
apporter et la visite de sa mère, l'opportunisme d'un certain codétenu désagréable, le manque d'empathie de la direction
de la prison, tout cela rend la vie du personnage Silviu intenable et le pousse à franchir la limite.
Il sait très bien qu'il rend sa situation absolument impossible mais ne rien faire n'est pas envisageable. "If I want to whistle
I whistle" se contente de peu de mots, et cela est en soi la marque d'un bon film. (RN).
Film: 7/10, B.O.: 6/10
Date de sortie : 15 Juin 2011
Durée: 94 min
Réalisé par: Florin Serban
Avec: George Pistereanu, Ada Condeescu, Clara Voda, Mihai Constantin
Ruben Nollet
Essential Killing
A un moment dans 'Essential Killing', le protagoniste rêve de sa maison, sa femme et son enfant. C'est une scène fréquente
dans les histoires de gens qui traversent les tréfonds de l'enfer mais à la différence que la femme dans le rêve porte une
burqa. Je ne me souviens pas avoir déjà vu cela et je pense que c'est justement ce que le réalisateur Jerzy Skolimowski
avait à l'esprit. Dans les interviews, il peut bien dire que le contexte politique de ses histoires ne l'intéresse pas, il est
presque impensable d'imaginer que 'Essential Killing' exige du spectateur d'éprouver de la sympathie pour quelqu'un qui
est plutôt perçu traditionnellement comme un ennemi.
Il n'y a rien de mal à cela. Au contraire, cela donne de la profondeur au film. Si nous voulons aller de l'avant dans ce
monde, nous devons pouvoir nous mettre à la place des autres. Si 'Essential Killing' est clair sur une chose, c'est que nous
aspirons tous aux mêmes choses et que notre part d'animalité se réveille lorsqu'il s'agit de survivre.
'Essential Killing' est un film impressionnant et Vincent Gallo dans le rôle principal est tout aussi fascinant. Tout compte.
(RN)
Film: 8/10, B.O.: 6/10
Date de sortie : 08 Juin 2011
Durée: 83 min
Réalisé par: Jerzy Skolimowski
Avec: Vincent Gallo, Emmanuelle Seigner, ZachCohen
Ruben Nollet
Une Séparation
Inventif, entraînant, divertissant, ne sont pas vraiment les qualificatifs que l'on emploie habituellement pour décrire un film
iranien. Ils ont l'art de faire du cinéma qui pense et réfléchit, de raconter des histoires de pauvres gens ou des réflexions
métaphysiques sur la situation politique du pays. C'est vrai que nous avions l'habitude de ce genre de films iraniens dans
le passé mais "Une Séparation" montre avec brio tout autre chose.
Le réalisateur Asghar Farhadi n'est pas à son coup d'essai car son précédent 'About Elly' était déjà remarquable, une
comédie agréable qui virait à l'affaire de disparition fascinante. Dans "Une Séparation", il relève encore le niveau. L'histoire
d'une séparation banale aux conséquences surprenantes dresse un portrait étonnant de la société iranienne dans toutes ses
articulations et contradictions.
Ne vous effrayez pas de ces grands mots. Farhadi ne perd jamais de vue qu'il raconte d'abord l'histoire d'un groupe de
gens ordinaires qui essayent de faire de leur mieux. "Une Séparation" n'a pas de héros ou de méchants. Personne n'est noir
ou blanc. Tout le monde a raison à ses yeux et porte aussi une part de responsabilité. Du grand cinéma. (RN)
Film: 8/10, B.O.: 6/10
Date de sortie : 08 Juin 2011
Durée: 123 min
Réalisé par: Asghar Farhadi
Avec: Leila Hatami, Peyman Moadi, Shahab Hosseini, Sareh Bayat, Sarina Farhadi, Babak Karimi, Ali-Asghar Shahbazi
Ruben Nollet
The Prodigies 3D
Certes, tous les super héros ne sont pas aussi joyeux. A côté des situations espiègles des Quatre Fantastiques et des
couleurs rouge et bleu triomphantes de Superman, vous avez aussi le noir profond de Batman. Les personnages de 'The
Prodigies' vont encore plus loin. Ces adolescents paient leurs pouvoirs spirituels par des humiliations et des abus sans
jamais parvenir à lutter contre ceux-ci. Maintenant qu'ils se sont trouvés, il n'y a plus de limite à leurs talents et ils
menacent de se venger.
Si vous voyez ce que raconte l'adaptation du livre de jeunesse populaire de Bertrand Lentéric 'La nuit des enfants rois' de
1982, vous ne vous étonnerez pas qu'il soit devenu un film d'animation. L'action spectaculaire avait donné lieu à un film
impayable et les thèmes et l'histoire sombres ne valaient pas un grand intérêt commercial.
Le revers de la médaille est que 'The Prodigies' se situe entre deux chaises. Le côté fantastique dissuadera beaucoup
d'adultes, les enfants trouveront le style difficile. Le film n'en devient pas moins original, mais le public plus spécifique. (RN)
Film: 6/10, B.O.: 6/10
Date de sortie : 08 Juin 2011
Durée: 87 min
Réalisé par: Antoine Charreyron
Avec: Jeffrey Evan Thomas, Jacob Rosenbaum, Dante Bacote
Ruben Nollet
Get Low
Cela paraitra étrange mais 'Get Low' se base sur des faits réels. Il était une fois dans les années '30, dans une petite ville
du Tennessee, un vieil homme étrange reclus depuis longtemps qui organisa ses funérailles de son vivant. Et il invita ceux
qui voulaient le rencontrer. Au final plus de 10.000 hommes s'y rendirent.
'Get Low' comble ce point de départ avec un traumatisme passé et un secret que porte depuis déjà 40 ans le personnage
excentrique. Seule sa muse fidèle est au courant. Nous recevons au début du film un petit indice (une maison qui brûle de
laquelle s'échappe et s'encourt un homme) mais pour le reste le protagoniste Felix Bush reste longtemps un mystère.
'Get Low' ne peut pas se targuer d'une réalisation inventive ou d'une structure inhabituelle. C'est du cinéma à la lettre, ce
qui en soi n'est pas un inconvénient. Ce style traditionnel offre le temps de profiter de l'atmosphère typique de l'Amérique
du Sud et de jouir du délicieux accent des personnages.
La star du film est incontestablement le personnage principal de Robert Duvall. Après un demi-siècle, sa réputation ne
cesse de se confirmer, il continue d'étonner. Chapeau. (RN)
Film: 6/10, B.O.: 6/10
Date de sortie : 01 Juin 2011
Durée: 100 min
Réalisé par: Aaron Schneider
Avec: Robert Duvall, Sissy Spacek, Bill Murray, Lucas Black, Gerald McRaney, Bill Cobbs
Ruben Nollet
X-Men: First Class
Remettre sur des rails la franchise des 'X-men' n'était pas chose facile, après le travail de sape intégrale opéré par Bret
Ratner sur l'épouvantable et grotesque 'X-Men: l'affrontement final'. Soit une calamiteuse manière d'autodétruire
l'impressionnant travail mené précédemment par Bryan Singer! Pour parvenir à relancer la machine, les producteurs et
autres cadors hollywoodiens ont très intelligemment joué la carte de l'hybridation reboot / préquelle. On découvre donc ici
la jeunesse de Charles Xavier extrêmement proche de Mystique, et d'Erik Lehnsherr (sur fond concentrationniste), leur
rapprochement et la constitution du premier groupe de 'X-Men' (et de supervilains fédérés par Sébastian Shaw / Dr
Schmidt, interprété de manière hilare par Kevin Bacon), le tout sur fond de la Grande Histoire, vu que la majeure partie du
film prend comme contexte la crise des missiles cubains. Et il faut avouer que malgré des failles assez importantes (jeu
d'acteur parfois défaillant, clichés à la pelle, effets spéciaux bâclés,...) l'humour (réussi) et le crescendo de suspens et
d'action finissent par emporter le morceau. A défaut d'avoir retrouvé la superbe de Bryan Singer, difficilement égalable,
Matthew Vaughn ne s'en sort pas trop mal en fin de compte. Ne croyez pas les rumeurs hurlant au chef-d'oeuvre, mais par
contre, foncez vous délecter de ce moment de bravoure, qui malgré un début laborieux, vous laissera bouche bée.
Film: 7/10, B.O.: 7/10
Date de sortie : 01 Juin 2011
Durée: 132 min
Réalisé par: Matthew Vaughn
Avec: James McAvoy, Michael Fassbender, Alice Eve, Nicholas Hoult, Kevin Bacon
Gauthier Keyaerts
///////////// DVD /////////////
Amer
'Amer' représente probablement la quintessence du "fanfilm", doublé d'une pertinence très geek et citative. Plus proche de
la "méta expérience" que du cinéma traditionnel, ce premier long-métrage belgo-français de Hélène Cattet et Bruno Forzani
représente une sorte de voyage quasi psychédélique au sein des grands moments du giallo et de ses morceaux
d'anthologie, devenus de véritables codes usés jusqu'à la corde. Et même s'il existe un fil conducteur, Ana, personne
rencontrée à différents moments de son existence, 'Amer' reste une oeuvre sensorielle, basée sur des archétypes: le
regard - effrayé, voyeur, victime -, une colorimétrie héritée du baroque, tendance Hammer / Bava / Argento, saturée de
nuances pures, la sensualité, et bien entendu l'arme blanche... sans oublier l'usage paroxysmique du son. Si l'ensemble
peine parfois à fonctionner, car très plastique et froid (mécanique?), il faut avouer que cette déclaration d'amour dépasse
largement la simple idée de remake ou de repiquages post-modernistes. Merci à Filmfreak de nous permettre ce
rattrapage, vu que le film était - notamment - déjà sorti en support domestique chez nos amis français. Un certain plaisir,
prolongé ici par deux courts-métrages.
Film: 6/10, Extras: 7/10
Sortie: 06/2011 - Durée: 90 min
Réalisé par: Hélène Cattet, Bruno Forzani - Avec: Cassandra Forêt, Charlotte Eugène-Guibbeaud, Marie Bos
Distributeur: Filmfreak
Extras: Courts-métrages
Gauthier Keyaerts
Blackwater Fever / Un lac
Passionnés de cinéma d'Art et Essai pur et dur, voici deux opus radicaux, chacun empruntant les voies de
l'expérimentation, mais bifurquant en matière de message. 'Blackwater Fever' (titre emprunté à une forme de
dégénérescence de la malaria) de Cyrus Frisch (' Waarom heeft niemand mij verteld dat het zo erg zou worden in
Afghanistan') - l'enfant sauvage du cinéma hollandais - propose une forme d'esthétisme granuleuse, lancinante, basée sur
la répétition et sa rupture. Un écrin éprouvant, restituant la fièvre dont est victime le personnage principal, errant sur des
routes non-identifiées, et croisant, atteint de cécité, les pires fléaux que l'humanité a pu engendrer: guerre, viols, meurtres
gratuits, famine, etc. Austère, sans concession, métaphorique, inconfortable... Pas plus de facilité du côté de 'Un lac', du
français Philippe Grandrieux... A fleur de peau, plus graphique que narratif, absorbant la lumière et la rationalité, cette
oeuvre sise au milieu d'un nulle part inquiétant, illustre le moindre soubresaut de l'âme, devenant un véritable
tremblement de terre. Étonnant et puissant, mais véritablement difficile et sans prise. La version obscure du cinéma de
Pierre Vinour.
Film: 7/10, Extras: 0/10
Sortie: 06/2011 - Durée: 0 min
Distributeur: Filmfreak
Gauthier Keyaerts
Nömadak TX
Igor Otxoa et Harkaitz Martínez ressuscitent un instrument traditionnel à deux doigts de disparaître, originaire leur Pays
Basque natal: le txalaparta, proche du xylophone et du balafon. Un étrange artefact musical, qui repose sur un principe
collaboratif. En effet: il faut être deux pour en jouer convenablement. Partant de ce principe de partage, nos amis basques
s'embarquent dans un audacieux tour du monde, afin de partager la musique et les vécus. Ils n'hésitent d'ailleurs pas à
s'aventurer en des lieux perdus, afin de rencontrer des ethnies quasi disparues, telles que les Adivasi (en Inde). Parfois
troublant de sincérité, 'Nömadak TX' assume totalement son statut d'amour universel, de profond humanisme, et de ponts
interculturels... Mais aussi de cartographe de civilisations en voie d'extinction.
Film: 7/10, Extras: 0/10
Sortie: 06/2011 - Durée: 90 min
Distributeur: Filmfreak
Gauthier Keyaerts
Les Chemins de la Mémoire / / Ninõs
Plus de 30 ans après la mort de Franco, l'Espagne commence à lever le voile sur cette terrible période et à rendre justice
aux victimes du franquisme. "Les chemins de la mémoire" rend compte de ce processus de deuil et de la fracture qui existe
dans la population quant au bilan et à l'héritage du Caudillo.
Le sort de l'ancienne prison madrilène symbolise la difficulté des Espagnols à gérer leur mémoire collective. Fallait-il
conserver ce chancre et en faire un lieu en hommage aux républicains qui s'y sont fait torturer? Ou fallait-il la détruire afin
de définitivement tourner la page? Ce documentaire fait partie intégrante du processus de prise de parole des victimes de
la dictature. Exhumant, au sens propre, les cadavres du passé grâce à aux archives de la dictature récemment ouvertes,
Patricio Guzman explore ce traumatisme et envisage la transmission de la mémoire et la justice comme les seuls moteurs
envisageables de paix et de réconciliation. Apre et passionnant.
Film: 8/10, Extras: 9/10
Sortie: 06/2011 - Durée: 96 min
Réalisé par: José Luis Peñafuerte - Avec: Francisco Etxeberría, Jorge Semprún, Marcos Ana, Emilio Silva, Natividad Rodrigo
Distributeur: Melimedias
Extras: interview, scènes coupées,...
David Morelli
Stir of Echoes: The Homecoming
Ex soldat des forces armées américaines parquées en Afghanistan, Ted Cogan revient parmi les siens meurtri,
physiquement et psychologiquement. Secoué lors d'une mission ayant mal tourné, au cours de laquelle il assista à un
massacre, et fut gravement blessé (d'où son retour), Ted gère difficilement le quotidien domestique rassurant enfin
retrouvé. Surtout qu'il est victime de violentes et effrayantes hallucinations. Mais sont-ce vraiment des images de l'esprit,
ou des esprits venus de l'au-delà afin de délivrer un message? Petit film, petit budget, réalisation sans atours... 'Stir of
Echoes 2' / 'Hypnose 2' (fausse "suite" à l'opus de 1999 avec Kevin Bacon) peine à trouver ses marques, à l'instar de son
personnage principal.
Film: 5/10, Extras: 0/10
Sortie: 06/2011 - Durée: 89 min
Réalisé par: Ernie Barbarash - Avec: Rob Lowe, Marnie McPhail, Ben Lewis
Distributeur: E1 Entertainment
Gauthier Keyaerts
Rien à déclarer
'Rien à déclarer'? Si seulement! Le spectateur ouvrant ce récent coffre à jouets de Dany Boon en sera pour sa bonne
humeur. Son nouveau bébé n'a pas la superbe de 'Bienvenue chez les ch'tis', carton quasi universel au box office, loin s'en
faut. Filmé de manière scolaire, joué comme une mauvaise pièce de boulevard par des acteurs soit absents, soit cabotins,
'Rien à déclarer' ressemble aux comédies 70's trop grand public. Mou, consensuel, pas particulièrement drôle, agaçant plus
que grinçant, Boon prouve ici les limites de son talent, et en arrive même à régresser au niveau du jeu d'acteur. Dommage
pour un gars aussi sympathique!
Film: 5/10, Extras: 6/10
Sortie: 07/2011 - Durée: 108 min
Réalisé par: Dany Boon - Avec: Benoît Poelvoorde, Boon, Chritel Pedrinelli, Joachim Ledeganck, Julie Bernard, Jean-Paul
Dermont, Karin Viard, François Damiens, Bouli Lanners, Eric Godon
Distributeur: Melimedias
Extras: Making of (73'), scènes coupées, bêtisier, ...
Gauthier Keyaerts
Seconds Apart / Prowl
Voici deux productions After Dark (cfr: 8 Films to Die For) sans véritable saveur. Assez similaires dans leur traitement
visuel, dans leurs effets de twist, dans l'énervant montage clipesque tape-à-l'oeil, 'The Prowl' et ses vampires et 'Seconds
Apart' aux vrais faux jumeaux "scanerriens" n'emballent pas vraiment. Le premier souffre d'un scénario anémique (d'où la
quête de sang?), et d'une réalisation en flatline... Le second, un peu plus aguichant, manque un peu de pêche, et ne laisse
pas le suspense s'installer, la moindre "nuance" étant grassement soulignée. Bref, pas hyper intéressant!
Film: 5/10, Extras: 0/10
Sortie: 06/2011 - Durée: 0 min
Réalisé par: Antonio Negret, Patrik Syversen - Avec: Orlando Jones, Edmund Entin; Ruta Gedmintas, Joshua Bowman
Distributeur: Paradiso
Gauthier Keyaerts
Dr. House saison 6
Chapeau: avoir tenu cinq saisons en fonctionnant sur le même principe systématique (un cas à traiter, des tâtonnements maladie auto-immune, lupus, cancer - et un tyran face à ses employés) sans que le public se lasse, c'est superbe. Faire
sortir Gregory House de son environnement protégé dans cette sixième saison était donc d'autant plus risqué, et pourtant,
c'est ce qui a redonné un nouveau kick à l'ensemble, tout en permettant au médecin le plus abject de l'histoire de devenir
quelqu'un d'appréciable. Ou comment prouver une fois de plus que dans cette série médicale, la médecine est plus que
certainement l'élément le moins important. Bravo.
Film: 8/10, Extras: 0/10
Sortie: 12/2010 - Durée: 390 min
Réalisé par: David Shore - Avec: Hugh Laurie, Lisa Edelstein, Omar Epps, Jennifer Morris
Distributeur: Universal
Extras: Featurettes, commentaires audio...
Adeline Weckmans
Damages - Saison 3
On a beau être fan absolu de Glenn Close (mon cas), avoir apprécié la première saison pour ce qu'elle était - une série de
qualité plus que supérieure, haletante, très intelligemment construite, excellemment jouée -, là, c'est trop. Ce qui marchait
auparavant est devenu bien trop systématique: la construction en flash-backs courts, tellement géniale dans la première
saison alourdit ici les choses, et on se retrouve du coup avec des indications temporelles constamment à l'écran, doublées
d'un changement de qualité d'image pour ceux qui n'auraient vraiment pas compris. Bilan? Insupportable, malgré la
fabuleuse Miz Close.
Film: 5/10, Extras: 0/10
Sortie: 03/2011 - Durée: 585 min
Réalisé par: A. Kessler Todd, Matthew Penn, Tony Goldwyn - Avec: Glenn Close, Rose Byrne, Zeljko Ivanek
Distributeur: Sony Pictures
Extras: Commentaires audio, scènes coupées
Adeline Weckmans
Californication - Saison 3
Ah, si seulement les gens savaient s'arrêter au bon moment... Si les frasques sexuelles et intellectuelles d'Hank Moody nous
ont intéressées lors de leur premier tour, son retour à une vie normale nous avait émus lors du deuxième. Mais là,
monsieur Moody, vous sombrez dans la caricature de vous-même. Choquer pour le plaisir, sans la moindre profondeur, et
en laissant loin derrière l'humour des saison précédentes, c'est triste. Peut-être que les scénaristes se sont dit que c'était
facile: il suffisait de montrer des scènes de beuveries et de cul pour plaire au public. Eh bien non, on aime aussi qu'il y ait
une histoire derrière, ne vous déplaise.
Film: 5/10, Extras: 0/10
Sortie: 05/2011 - Durée: 325 min
Adeline Weckmans
Même la pluie
Même la pluie. Derrière ce titre mystérieux se cache l'un des principaux sujets de ce film: la révolte menée par les
habitants d'un bidonville contre la privatisation de l'eau par une multinationale. Une privatisation qui pousse sa logique
jusqu'à interdire à cette population pauvre la collecte... de l'eau de pluie.
Iciar Bollan dissèque le comportement d'artistes "militants" face à un mouvement social qui tourne à l'émeute. "Même la
pluie" pointe assez subtilement, grâce à une interprétation impeccable, la fracture entre le discours consensuel en faveur
des droits fondamentaux et le comportement du citoyen qui doit les défendre concrètement, à ses risques et périls. Le film
n'est malheureusement pas exempt d'un manichéisme un peu irritant qui transforme à son corps défendant cette réflexion
sur la désobéissance civile en une charge un peu courte contre la privatisation des ressources naturelles. Une goutte d'eau
amère qui ne parvient pas à gâcher ce formidable film.
Film: 8/10, Extras: 7/10
Sortie: 07/2011 - Durée: 104 min
Réalisé par: Icíar Bollain - Avec: Luis Tosar, Gael García Bernal, Karra Elejalde
Distributeur: Melimedias
Extras: Making of, Inerview
David Morelli
Nude Nuns with Big Guns, Girl Slaves of... / Hard Revenge Milly/
Hell's Ground / Made in Serbia
Me voila particulièrement ennuyé... Je ne pense pas que le mariage entre particulier et sociétés commerciales soit possible.
Et pourtant, je dois vous avouer que je suis à deux doigts de passer chez nos amis de Filmfreaks pour demander leurs
mains! Oui, le vieux Bisseur et zédiste que je suis, le grand amateur de mauvais goût qui n'a jamais sommeillé (car éveillé)
en moi, craque en ce mois de juin! Comment pourrait-il en être autant, vu le paquet de films fous arrivés de chez nos ami
hollandais? Fous et totalement fauchés, bis et totalement assumés, un peu moisis mais vraiment fun (sans douleurs) à
regarder. Jugez du peu. Je commence par le double DVD made in Lollywood (Pakistanais), dévoué à un phénomène rare et
curieux en ces terres éloignées: soit le cinéma d'horreur! Vous en connaissez beaucoup vous des opus gores en
provenance du Pakistan? Double programme intelligent: d'une part 'Hell's Ground' (2007), une sorte d'hommage relecture
de 'Massacre à la tronçonneuse', 'Evil Dead' ou encore du mythe du zombie. Tout cela s'entrechoque avec humour, sans
trop de cohérence. Mais on s'en fout! C'est rafraîchissant, pas mal foutu et assez osé - culturellement parlant - il faut le
dire. D'autre part, on trouve le cultissime 'Dracula au Pakistan' (1967), auquel 'Hell's Ground' fait de nombreux clin d'yeux.
De quoi faire hurler de rire les spectateurs, et tuer une seconde fois Bram Stoker. Un menu sérieusement copieux et épicé!
Frontal et décalé, 'Made in Serbia' nous entraîne dans le monde du porno Serbe. Une odyssée incroyable, sexuellement
explicite, orchestrée par Mladen Djordjevic, réalisateur du très trash ' The Life and Death of a Porno Gang'. A ne pas mettre
entre toutes les mains... Généreux également en atours génitaux et poitrinaires, sérieusement anticatholique, saignant à
point et très 'Grindhouse' post Robert Rodriguez, ' Nude Nuns with Big Guns' fait marrer. Nul mais drôle, parfois corsé et
sans corset. Plus banal, mais pas inintéressant, 'Hard Revenge Milly' - délire en deux volets - explore la voie du cinéma
nippon cheap et ultra gore (tendance 'Tokyo Gore Police'). Mais dans le genre, il ne s'en sort pas trop mal, grâce à son côté
post apocalyptique à 2 euro. Et pour terminer cette exploration de l'immonde (pour les béotiens défenseurs du bon goût),
savourez donc aussi l'incunable 'Girl Slaves of Morgana Le Fay' / 'Morgane et ses nymphes', bluette saphique et "dénudée
de bon sens", dans la veine des travaux à la ramasse du sieur Jean Rollin. Sulfureux et délicieusement amateur. Bravo et
encore!
Film: 6/10, Extras: 6/10
Sortie: 06/2011 - Durée: 0 min
Distributeur: Filmfreak
Extras: Making of, Interview, scènes coupées, courts-métrages, 'Dracula au Pakistan' (bonus de Hell's Ground
Gauthier Keyaerts
Bulletproof Gangster
Voilà un curieux retitrage... En effet, vous connaissez peut-être ce 'Bulletproof Gangster' sous le nom 'Kill the Irishman'. Ce
petit rectificatif fait, le produit reste le même: soit un opus du niveau d'un téléfilm, enquillant les trombines de secondes
zones et les héros fatigués (Val Kilmer et son impressionnante surcharge pondérale!), et plus proche de la parodie que du
pur "gangsta movie". Naïf, assez mal troussé, mais pas forcément totalement insupportable, 'Bulletproof Gangster' fera
office de cale meuble, lors d'une soirée bancale. Vers l'insipide et en-deçà!
Film: 5/10, Extras: 0/10
Sortie: 05/2011 - Durée: 106 min
Réalisé par: Jonathan Hensleigh - Avec: Ray Stevenson, Christopher Walken, Vincent D'Onofrio, Val Kilmer
Distributeur: Universal
Gauthier Keyaerts
Rabia
Plutôt mal perçus par les locaux, Rosa et José-Maria, immigrés Sud-américains, vivent une histoire d'amour assez
rapidement chamboulée car broyée par un engrenage infernal. José-Maria veut en effet venger sa belle, subissant les
remarques déplacées de garagistes lorsqu'elle passe dans la rue. Mais suite à cette intervention musclée, il perd son
emploi. Voulant défendre sa cause face à un chef de chantier raciste et têtu, notre homme s'enflamme à nouveau, et tue par accident - son ex employeur. Une seule solution pour José-Maria en fuite: se cacher dans la masure luxueuse et
immense où travaille Rosa... sans la prévenir! Les mois passent, le ventre de Rosa s'arrondit, elle est enceinte de
José-Maria. Ce dernier reste caché, et survit tant bien que mal, observant sa compagne depuis le dernier étage de la
maison, tel un fantôme. S'il n'y a pas - concrètement - d'éléments fantastiques au coeur de 'Rabia', Il est pourtant aisé de
comprendre pourquoi Guillermo Del Toro est impliqué dans cet étrange long-métrage. La réalité rejoint, voire dépasse ici
l'épouvante!
Film: 6/10, Extras: 0/10
Sortie: 04/2011 - Durée: 89 min
Réalisé par: Sebastian Cordero - Avec: Gustavo Sanchez Parra, Martina Garcia, Concha Velasco
Distributeur: Paradiso
Gauthier Keyaerts
Carcasses
Oscillant, ou plutôt basculant du documentaire vers une étrange fiction, le film québécois 'Carcasses' a été présenté dans le
cadre de la quinzaine des réalisateurs du festival de Cannes 2009... Une place parfaite pour ce film aussi particulier que
naïf. Particulier en sa première partie, décrivant la vie d'un "ramasseur" compulsif, Jean-Paul Colmor, abritant sur son
immense terrain isolé du monde des tonnes de carcasses de véhicules et autres rebuts de la société. Une passion qui le
taraude, lui qui est toujours occupé à démonter l'une ou l'autre "chose", et parfois parvient à vendre quelques "antiquités".
Vivre seul, au gré de ses envies, Jean-Paul en jubile! Film naïf également, lorsque le réalisateur Denis Côté fait intervenir un
quatuor de trisomiques, venus chercher refuge en ce sanctuaire des objets devenus "inutiles". Cette seconde partie bat de
l'aile, et déforce un peu les propos de Denis... qui passe légèrement à côté de son sujet!
Film: 6/10, Extras: 0/10
Sortie: 05/2011 - Durée: 72 min
Distributeur: Filmfreak
Gauthier Keyaerts
El Mal Ajeno
Spécialisé dans la gestion de l'accompagnement de la douleur, généralement chez des malades arrivés en stade terminal
de maladies dégénératives, Diego se voit un jour confronté violemment avec le compagnon de l'une de ses patientes qui
vient de tenter de suicider. Menacé par une arme de poing, le médecin entend un coup de feu, s'effondre. Il est retrouvé
couvert de sang, en état de choc. Après cette expérience plus que traumatisante, Diego se rend compte qu'il a développé le
pouvoir de guérir, même les cas graves, par simple toucher. Mais il y a un lourd tribut à payer pour cette "bénédiction".
Grosse production pour public large, 'Le pacte du mal' séduira sans trop se forcer. Sauf si vous êtes allergiques aux gros
effets et à un discours extrêmement christique!
Film: 6/10, Extras: 0/10
Sortie: 06/2011 - Durée: 107 min
Réalisé par: Oskar Santos - Avec: Belén Rueda, Eduardo Noriega, Angie Cepeda,...
Distributeur: Melimedias
Gauthier Keyaerts
///////////// Blu-Rays /////////////
Une Vie de Chat
Zoé adore son fidèle compagnon félin Dino... Toujours présent de jour, afin de la réconforter de la mort de son papa,
ancien policier, et des absences fréquentes de sa maman, également commissaire pour la maréchaussée( aspirant à venger
la mort de son époux). De nuit, par contre, le chat mène une tout autre existence: il accompagne un as de la cambriole,
doublé d'un sacré talent de voltigeur. Ces différents mondes, jour et nuit, infantile et adulte, humain et animal, vont
s'entrecroiser petit à petit. Joliment réalisé, en bel à plat soigné (ouste la 3D artificielle),'Une vie de chat' mélange
différents tons (policier, critique sociale), et varie avec bonheur ses effets. Voilà un divertissement simple, mais assez
efficace, accompagné de maigres bonus. Ce qui en soi n'a quasi aucune importance!
Film: 6/10, Extras: 6/10
Sortie: 05/2011 - Durée: 63 min
Réalisé par: Alain Gagnol, Jean-Loup Felicioli - Avec: Dominique Blanc, Bernadette Laffont, Jean Benguigui, Patrick
Ridremont,...
Distributeur: Lumière
Extras: Making of, featurette
Gauthier Keyaerts
Un balcon sur la mer
Marc représente la fierté de la compagnie immobilière pour laquelle il travaille: toujours à l'heure, honnête, sans défauts,
... Une manne de qualités d'autant plus appréciables qu'il est le beau-fils du patron de la boîte. Tout va pour le mieux sous
le soleil du Sud de la France, jusqu'au jour où un fantôme, Cathy, semble surgir du passé: un amour d'enfance, vécu à
l'époque dans une Algérie en pleine révolution. La flamme passée refait surface, et Marc craque, malgré quelques petits
détails qui le font douter. Sous des aspects de thriller, Nicole Garcia nous emmène vers des univers ou les faux semblants,
la sensualité, la nostalgie s'entremêlent.
Film: 7/10, Extras: 0/10
Sortie: 05/2011 - Durée: 105 min
Réalisé par: Nicole Garcia - Avec: Jean Dujardin, Marie-Jozée Croze, Tony Servillo, Sandrine Kiberlain, Michel Aumont
Distributeur: Melimedias
Gauthier Keyaerts
Apocalypse Now - Edition définitve (3 Blu ray)
Autre mets de choix, et énorme chouchou du mois, 'Apocalypse Now' revient avec une édition haute-définition flairant
l'édition définitive! Les deux versions du film sont ici réunies, avec des masters d'une beauté désarmante, précis mais sans
artifices ou bidouillages d'images inutiles... De quoi rendre toute la subtilité lysergique et symbolique du travail de Francis
Ford Coppola, souvent stratifiées au coeur de plans contrastés et oniriques. Et oh joie, oh bonheur: 'Hearts of Darkness' making of de luxe fait partie du voyage. Nous pourrions nous en arrêter là, non? Et pourtant, il faut encore ajouter à ces
moments intenses de cinématographie un livre, richement illustré, de Jean-Baptiste Thoret, d'une petite centaine de pages,
et des suppléments costauds: interview inédite, commentaires audio, conversation entre Francis Ford Coppola et Martin
Sheen, scènes coupées, différentes featurettes, ... Bref, de quoi passer un nombre impensable de jours à déguster dans ses
moindres détails l'oeuvre filmique consacrée à la guerre du Vietnam la plus dense et réussie. Véritable trip hallucinatoire
avec l'enfer comme destination. Seul Werner Herzog a osé aller aussi loin dans le sacrifice artistique, avec notamment
'Fitzcarraldo'.
Film: 9/10, Extras: 10/10
Sortie: 06/2011 - Durée: 202 min
Réalisé par: Francis Ford Coppola - Avec: Martin Sheen, Dennis Hopper
Distributeur: Paramount / Melimedias
Extras: Deux versions du film, documentaire 'Heart of Darkness', interviews, scènes coupées...
Gauthier Keyaerts
Les trois prochains jours
John Brennan vit un cauchemar éveillé après l'arrestation sauvage de sa femme, sous les yeux de leur jeune fils... Accusée
d'avoir assassiné sa patronne, cette dernière ne comprend pas la situation, mais atterrit pourtant en prison - pour purger
une très lourde peine - sans passer par la case nouveau départ. Seul avec leur rejeton traumatisé par les événements,
John tente tous les recours légaux en son pouvoir, sans résultat. Fatigué, acculé, triste, John décide alors de tenter le tout
pour le tout: organiser l'évasion de son épouse. Remake du film français 'Pour elle', signé en son temps par Fred Cavayé
('A bout portant'), 'The Next Three Days' ressemble au décollage pénible de ces vieux avions lors des meetings aériens
pour nostalgiques: un spectacle touchant qui mélange pachydermie et grâce, suspens lié à une fragilité due à l'inévitable
érosion mécanique et légères moqueries. Ces éléments siéent à merveille à la réalisation maladroite de Paul Haggis,
fascinant mais au final, moyennement efficace.
Film: 6/10, Extras: 0/10
Sortie: 06/2011 - Durée: 132 min
Réalisé par: Paul Haggis - Avec: Russell Crowe, Liam Neeson, Olivia Wilde, Elizabeth Banks
Distributeur: E1 Entertainment
Gauthier Keyaerts
Le discours d'un Roi
La grande Histoire (d'Angleterre) et un grand homme, perçus par le filtre de l'émotionnel et de l'intime, quelle excellente
idée! Nous voilà donc confrontés à un problème de monarchie: à l'aube de la seconde Guerre Mondiale, le roi d'Angleterre
George V décède... Laissant comme héritier à la couronne son fils aîné Édouard, à l'esprit amoureux, loin des contingences
liées au pouvoir. Il fait même passer cet amour devant le protocole, et le respect de la volonté religieuse. Tapis dans son
ombre, son frère Albert ferait un bien meilleur meneur, si ce n'est qu'il souffre de graves bégaiements. Avec l'aide d'un
logopède, Albert va pourtant aller au-delà de ce handicap particulièrement lourd pour une personne publique. Une
excellente initiative, vu que les frasques de son grand-frère, devenu Édouard VIII, le pousseront à abdiquer. Économe mais
plein d'effets intelligents, superbement casté, 'Le discours d'un roi' devrait facilement fédérer tous les publics!
Film: 8/10, Extras: 6/10
Sortie: 06/2011 - Durée: 120 min
Réalisé par: Tom Hooper - Avec: Helena Bonham Carter, Colin Firth, Guy Pearce
Distributeur: Paradiso
Gauthier Keyaerts
Taxi Driver
Je ne vais pas vous faire l'insulte de sortir une nouvelle bordée de compliments à l'égard de 'Taxi Driver', tout - ou presque
- a été dit concernant ce chef-d'oeuvre absolu! Un récit sombre découlant à la fois de la dérive personnelle de Paul
Schrader (ici scénariste) début des 70's, et d'une pincée de 'L'étranger' d'Albert Camus. Un récit erratique, paranoïaque,
traumatique mis en images avec une puissance impensable par Martin Scorsese, habité par la dérive d'un Robert De Niro
sans concession, lui-même secondé avec talent par Jodie Foster, Harvey Keitel, ...
Ici présenté dans une haute définition pour cinéphile, et non pour puriste du home studio clinique, 'Taxi Driver' retrouve
toutes ses nuances de lumières et couleurs, voire de profonds noirs, et un grain véritablement cinématographique
old-school du plus bel effet. Ajoutez à cela une tonne de bonus véritablement riches et ludiques. Qu'attendez-vous?
Film: 9/10, Extras: 8/10
Sortie: 06/2011 - Durée: 115 min
Réalisé par: Martin Scorsese - Avec: Robert De Niro, Jodie Foster, Leonard Harris, Albert Brooks, Harvey Keitel
Distributeur: Sony Pictures
Extras: Commentaires audio, Lecture interactive du scénario, Interviews, Le tournage de Taxi Driver
Gauthier Keyaerts
Women Are Heroes
A la fois documentaire, oeuvre d'art et commentaire politique sur le statut de la femme, "Women are Heroes" interroge
avec une grande originalité formelle les injustices absurdes qui entourent la condition féminine. Tourné aux quatre coins du
monde (Brésil, Inde, Kenya, Cambodge), il propose aux premières intéressées, les femmes, de parler de leurs frustrations,
de leurs rêves et de leur volonté de remettre en question les fausses évidences, les traditions opportunistes et les
habitudes machistes. Leurs témoignages, parfois bouleversants, est magnifiés par la mise en scène de leurs visages dans
les paysages urbains. Plutôt qu'un message lourdement revendicatif, JR choisi la voie plus subtile de l'impressionnisme et,
grâce à l'énergie trépidante qui se dégage de ces femmes et du rythme de la mise en scène, réussit un film
miraculeusement troublant et léger. "Women are Heroes" constitue un formidable hommage aux femmes et à leurs
combats quotidiens.
Film: 8/10, Extras: 0/10
Sortie: 06/2011 - Durée: 85 min
Distributeur: Melimedias
David Morelli
Devil
Le diable visiblement en manque d'inspiration déclenche une chutes de dominos, partant d'un suicide assez violent, à une
série de meurtres en milieu clos: la cage d'une ascenseur! Partant de ce pitch / scénario, initié et produit par M. Night
Shyamalan, le réalisateur John Erick Dowdle parvient à trousser un produit basiquement honnête, pas fondamentalement
mauvais. Par contre, la bondieuserie omniprésente, et culminante au final, plombe les bonnes intentions, les acteurs de
seconde zone pourtant corrects, les images parfois plutôt intéressantes. De quoi meubler une soirée de location vidéo sans
inspiration, ou autres films disponibles.
Film: 6/10, Extras: 0/10
Sortie: 06/2011 - Durée: 80 min
Réalisé par: John Erick Dowdle - Avec: Chris Messina, Logan Marshall-Green
Distributeur: Universal
Extras: Scènes coupées, featurettes, ...
Gauthier Keyaerts
Winter's Bone
Ree vit avec son jeune frère, sa petite soeur, et une mère à l'esprit défaillant, au beau milieu d'une forêt perdue dans un
coin reculé des États-Unis. Alors qu'elle tente péniblement de s'occuper de tout le monde, assumant problèmes de
scolarité, nourriture, mais aussi contact avec leur génitrice aux abonnés absents, elle apprend que son père a disparu après
être sorti de prison sous caution... une somme payée en hypothéquant la maison familiale. Ree doit donc retrouver son
paternel, sous peine perdre leur habitation. Elle fera tout pour y arriver, quitte à prendre de gros risques. Film aride dérivé
de l'oeuvre écrite de Daniel Woodrell, 'Winter's Bone' vous fera suffoquer par son intensité et son âpreté. Des qualificatifs à
ne pas prendre pour des défauts, bien au contraire... ici tout est unique et puissant, stylé et frontal. Ne loupez pas ce
moment dense et sombre, sans pour autant céder à un quelconque pathos. Fort.
Film: 9/10, Extras: 0/10
Sortie: 06/2011 - Durée: 100 min
Réalisé par: Debra Granik - Avec: Jennifer Lawrence, John Hawkes, Lauren Sweetser, Shelley Waggener, Kevin Breznahan
Distributeur: Paradiso
Gauthier Keyaerts
Monsters
Lors de sa retombée sur Terre, une sonde spatiale ramène avec elle une microscopique forme de vie... Après quelques
années, ce bout de métal perdu dans un no man's land sis entre le Mexique et les Etats-Unis, aura contaminé la localité,
donnant naissance à de monstrueuses créatures que tentent de contenir les deux gouvernements. Andrew Kaulder,
photographe de magazine, est bien décidé à capter des clichés de la guerre humano extra-terrestre, et des gigantesques
bestioles qui terrifient de plus en plus de monde! Mais alors qu'il s'active avec ferveur à cette tache devenue
obsessionnelle, Andrew doit "babysitter" la fille de son patron, blessée, afin de la ramener saine et sauve au bercail. Une
occasion professionnelle en or troquée contre un voyage plus compliqué qu'il n'aurait dû l'être! Rares sont les exemples de
films fantastiques où l'humain, ses relations et interactions, et les monstres auront aussi bien cohabité. Là où l'on pouvait
s'attendre à un festival d'images de synthèses et des scènes d'action à profusion, 'Monsters' fait la part belle à ses deux
personnages principaux, s'attarde sur le développement de leur relation et sentiments. Passionnant, touchant, et bien foutu
pour un budget moyen, 'Monsters' mérite son aura "culte".
Film: 9/10, Extras: 0/10
Sortie: 07/2011 - Durée: 94 min
Réalisé par: Gareth Edwards - Avec: Whitney Able, Scoot McNairy
Distributeur: A-film
Gauthier Keyaerts
Screamadelica Live (Primal Scream) - Blu ray + CD audio
Balancé en 1991, l'album 'Screamadelica' des Primal Scream change la face du monde musical, en tout cas celle des
amateurs de musique indé! Ce groupe avant cela catalogué "rock" de frimeur, au leader - Bobby Gillespie - faisant un
temps partie du giron 'Jesus and the Marychain', découvre les vertus inspirationelles des drogues et de l'acid house, alliées
aux riffs les plus clichés pratiqués (et déjà repiqués) par les Rolling Stones. 'Screamadelica' ne ressemble à pas
grand-chose de connu, et parvient à fédérer les univers du rock et des ravers, dansant sur des sons énormes. Le combo
s'entoure des bons et hallucinogéniques services d'Andrew Weatherall, de The Orb, mixe le dub (tendance énorme, sous
les doigts de Jah Wobble) , l'esprit du kraut (Can), le gospel, le blues, et explose les limites et les esprits. Du grand art,
qu'une tournée - que j'ai eu la chance de voir - sacre en beauté. Magnifique! Voici le Live "20 ans plus tard"... C'est
sympa, démesuré, mais ça reste l'ombre de ce que fut la véritable grosse claque de l'époque, et ne sort pas d'une certaine
tendance bien polie et surjouée qui rend le projet attachant, sans plus. Le set rock inclus en bonus n'est pas vraiment plus
convaincant.
Film: 7/10, Extras: 6/10
Sortie: 07/2011 - Durée: 208 min
Réalisé par: George Scott - Avec: Primal Scream
Distributeur: P.I.A.S.
Extras: Documentaire
Gauthier Keyaerts
Vanishing on 7th Street
Et arrivèrent les ténèbres qui dévorèrent la gent humaine... Sauf quelques "chanceux" qui portaient sur eux un artefact à
même de produire un peu de lumière. Les jours s'écoulent, de plus en plus courts, les nuits emplissent le ciel durant de
trop (et plus en plus) longues heures. Les ombres dévorent les survivants. Vous avez peur du noir, vous avez kiffé sur
l'argument de base de la saga 'Pulse'? Ceci pourrait bien vous intéresser! Sans atteindre des sommets de pertinence, ou
d'originalité, 'Vanishing on 7th Street' vaut bien une location vidéo, et un peu d'attention. Un agréable moment pour les
amateurs de fantastique pas trop blasés ou férus de gros budgets.
Film: 6/10, Extras: 0/10
Sortie: 07/2011 - Durée: 91 min
Réalisé par: Brad Anderson - Avec: Hayden Christensen, Thandie Newton, John Leguizamo, Jordan Trovillion
Distributeur: Dutch Filmworks
Gauthier Keyaerts
Suspiria / Inferno
Mais quelles merveilles que ces masters haute-définition des deux premiers volets de la trilogie des 'trois mères', réalisée
de main de maître es baroque, épouvante et autres effets gores / giallo de premier ordre, par un Dario Argento survolté.
Alors sacré grand pape de l'horreur - de qualité - transalpine, Argento offre au public 'Suspiria' en 1977, soit deux ans
après le sublime 'Les frissons de l'angoisse'. 'Suspiria' peut se targuer de mettre en place la jonction entre une certaine
école italienne du passé, niche de nombreuses oeuvres plastiquement hallucinantes, mêlant gothisme, sensualité, effroi, et
dont Mario Bava ou encore Riccardo Freda sont - entre autres - les fers de lance. Argento repique la photogénie saturée de
Bava, et la pousse à son extrême, immergeant ses acteurs dans des couleurs pures terrifiantes (l'ouverture d''Amer' y rend
hommage), il décadre comme un fou, jouant également du son comme d'une matière vivante et vivace (Tobe Hooper fait
de même quelques années plus tôt avec 'Massacre à la tronçonneuse)... Et bien entendu, s'abandonne à ses pêchés
mignons: l'alchimie, la sorcellerie, l'architecture, la peinture, etc. Un régal frôlant génie et perfection. Personnellement, je
reste médusé devant 'Suspiria' (bardé de bonus roboratifs), 'Inferno' (un peu moins bien traité) sentant déjà les 80's, et sa
perte de sens esthétique. Mais n'hésitez pas, offrez vous la paire, et évitez comme la peste le récent 'La Terza madre'.
Film: 8/10, Extras: 8/10
Sortie: 06/2011 - Durée: 0 min
Réalisé par: Dario Argento - Avec: Jessica Harper, Stefania Casini, Leigh McCloskey, Irene Miracle
Distributeur: Wild Side / Melimedias
Extras: Interviews, featurettes, ...
Gauthier Keyaerts
Le Frelon Vert
Après l'assassinat de son père, défunte figure tyrannique et directeur d'un journal, Britt Reid prend tout à fait
accidentellement la voie du super-héroïsme. Assisté par un technicien hors pair, maitre ès arts martiaux et ancien homme à
tout faire du défunt paternel, Britt ne tarde par à sortir la nuit pour "botter" les fesses aux grands méchants. Au départ jeu
infantile, cette quête vire au jeu de massacre, lorsqu'elle titille le mauvais tempérament, et écrase les platebandes d'un
dangereux maniaque et mafieux: Chudnofsky. Une variante de plus autour du thème - décidemment en pleine mutation du super-héros, irrévérencieux, détourné, et passionné: Gondry's style en plein!
Film: 7/10, Extras: 7/10
Sortie: 06/2011 - Durée: 90 min
Réalisé par: Michel Gondry - Avec: Seth Rogen, Jay Chou, Cameron Diaz, Christoph Waltz
Distributeur: Sony Pictures
Extras: Scènes coupées, commentaires audio,...
Gauthier Keyaerts
Burlesque
A ne pas laisser entre toutes les pattes, évidemment, mais si comme moi vous aimez les comédies musicales et les beaux
numéros de danse dans une ambiance cabaret sexy mais pas vulgaire, vous serez heureux. Ok, c'est parfois un peu dur de
voir que les deux stars ont absolument voulu un fifty-fifty en termes de chant, donc Cher comme Miss Aguilera ont droit à
leur moment de gloire, mais ceci mis à part, le film est joliment construit, et l'utilisation d'un montage plus moderne
permet de faire avancer l'histoire même pendant les parties chantées, ce qui est un sérieux plus. Donc, romantisme
mielleux, oui, belles gueules, oui, cabaret en plein, oui!
Film: 5/10, Extras: 0/10
Sortie: 04/2011 - Durée: 118 min
Réalisé par: Steve Antin - Avec: Christina Aguilera, Cher, Stanley Tucci, Cam Gigandet, Eric Dane, Kristen Bell
Distributeur: Sony Pictures
Extras: Documentaires, courts-métrages
Adeline Weckmans
The Tourist
Remake de l'excellent film français 'Anthony Zimmer' réalisé par Jérôme Salle, avec Sophie Marceau et Yvan Attal, 'The
Tourist' affiche glamour et ennui, humour poussif et poses excessives. Atteint de pré production houleuse, cette inutile
relecture fait la part belle à un numéro d'acteurs en roue libre de la part d'Angelina Jolie et Johnny Depp. Un couple
déséquilibré, qui fait pâle figure durant l'exposition lourdingue, et n'aboutit pas à grand-chose de plus par la suite.
Dommage, car par moment celle ou celui n'étant pas devenu(e) catatonique au bout des 20 premières minutes, ressentira
un petit frisson lié à quelques instants de bravoures, et autres morceaux d'action à teneur internationale. Une pelloche "Si
belle, si belle et inutile... Mais ce sont vos valeurs que je trouve futiles. Si belle, si belle et puérile. Mais ce sont vos discours
que je trouve infantiles." Merci Lio!
Film: 6/10, Extras: 6/10
Sortie: 05/2011 - Durée: 100 min
Réalisé par: Florian Henckel von Donnersmarck - Avec: Angelina Jolie, Johnny Depp, Timothy Dalton
Distributeur: Studio Canal
Extras: Featurettes, interview, commentaire audio,...
Gauthier Keyaerts
///////////// Musique /////////////
James Blake (James Blake)
Cantonnée pendant des années à de discrètes caves londoniennes, la scène dubstep sort son pâle visage à l'air libre pour
profiter, via les sampling de Rhianna, les sonorités du nouveau Radiohead et des figures montantes comme Magnetic Man,
des sunlights du mainstream. Avec son premier album, James Blake devrait confirmer cette tendance tout en lui proposant
une direction novatrice et emballante. Adepte du less is more, le crooner met en avant sa voix, suave et mélancolique, fille
de James Buckley et Antony Hegarty, en l'entourant... de trois fois rien. Ici des loops rythmiques minimalistes, ici d'un
piano lunaire et, surtout, un peu partout, d'un silence lumineux et fragile. A plusieurs reprises, le jeune londonien touche
au sublime (le soulfull "Wihlems Scream" où rôde le fantôme de Marvin Gaye, "I never learnt to Share", prêche extatique à
l'auto-tune). Cet album antispectaculaire n'est certes pas parfait et bégaye quelque peu sur la longueur. Mais il en émane
une grâce, palpable et irradiante, qui le rend à la fois unique et énigmatique. A écouter à la pointe de l'aube.
CD: 9/10
Genre: Rock
Label: A&M - Distribution: Universal Music
David Morelli
I Like Trains (He Who Saw The Deep label)
Sombres, mélodramatiques, rimbaldiens. Voilà les images, prometteuses de densité émotionnelle et d'élans
lyrico-dépressifs, qui venaient à l'esprit à l'écoute de l'excellent premier EP 'Progress Reform', publié en 2006. Quatre ans
et deux albums plus tard, les iLikeTrains font du surplace dans leur petite flaque de larmes. Promenant ostentatoirement
leur mal de vivre sur les traces de Sigur Ros, Editors et autres And Also the Trees, les wagons du quatuor peinent à nous
transporter dans les profondeurs de l'âme humain. Ils y réussissent parfois de belle manière comme sur le bouleversant
crescendo de 'Sea of Regrets' ou le morceau d'ouverture 'When We Were Kings' aux relents post-rock. Pour le reste, le
groupe de Leeds décline mollement son vague à l'âme, porté par la voix monocorde de Guy Bannister et des violons
envahissants. Creuser toujours le même sillon ne fait pas le mineur de fonds, surtout s'il n'en sort que de trop rares
pépites. LT: And Also the trees, 'Virus Meadow'
CD: 6/10
Genre: Pop, Rock
David Morelli
Killing Joke (Absolute Dissident)
Groupe mythique pour les adorateurs de métal, néo ou gothique, toujours fers de lance d'un esprit punk destroy et
"findumondiste", énorme du riff, et dansant à sa manière, Killing Joke ne cesse de renaître (30 ans au compteur)! Ceux qui
assistèrent à leur double soirée de concerts prodigués l'année passée à l'AB vous le diront: le combo était au comble de sa
forme, affichant son line-up de base avec une fougue et une fierté contagieuse. Leur premier album, éponyme, est devenu
mythique, 'Ha' reste un des lives les plus électrisants captés à ce jour, 'Love Like Blood' fait toujours danser les
romantiques (ou nioukaks comme dirait l'autre), 'Eighties' hurler de joie, et l'album 'Pandemonium' a changé la face du
métal... et la suite (dont une collaboration avec Dave Grohl) n'a pas à démériter. 'Absolute Dissent', 13e album studio des
Killing Joke, marque également le retour du quatuor originel. On y retrouve une sorte de résumé de la carrière des gars:
guitares rageuses, chant transcendant, percus et basses métronomiques, assortis de quelques étonnants slow tempo. Loud!
CD: 7/10
Genre: Metal, hard rock, hard core, Rock
Label: Spinefarm Records - Distribution: V2
Gauthier Keyaerts
Oval (O)
Au départ combo allemand formé en 1991, alors trio (Markus Popp, Sebastian Oschatz, et Frank Metzge), Oval sort un
album - déjà visionnaire - sur la label Ata Tak en 1993. Une sorte de chaînon manquant entre l'acception en recherche du
krautrock (Neu! en ligne de mire) et les futures stars d'une pop indépendante héritière de cette exploration musicale
typiquement germanique, telles que Kreidler ou To Rococo Rot, voire l'esprit Kitty Yo. Bien entendu, Oval rallie la clique
Mille Plateaux (le label mythique créé en 1993 par Achim Szepanski), puis rejoint l'écurie Thrill Jockey. Le groupe se réduit
rapidement à une unité solo: Markus Popp, roi de l'art fragmentaire, musical et installationiste. Popp s'allie à la cause de
son ami et "concurrent" dans l'élégance electronica Jan St. Werner, membre de Mouse on Mars (autre formation
incontournable), histoire de former le fabuleux projet Microstoria. Puis digresse au sein de Gastr De Sol (album
Camoufleur), ou encore de So (avec Eriko Toyoda). Bref, laissons l'exhaustivité de côté, le pédigrée ici décrit dépote
suffisamment! Après un insupportable hiatus, Popp nous assène coup sur coup 'Oh' et 'O'... respectivement E.P. et album.
Deux perles, sises entre la pop futuriste, et le design sonore. Léger, intriguant, mutant, entre le post rock et l'electronica
tendance, parfois génial, souvent brillant. 'O' c'est une évidence à acquérir d'urgence!
CD: 9/10
Genre: Pop, Electronica, Experimental
Label: Thrill Jockey - Distribution: Konkurrent
Gauthier Keyaerts
Royksopp (Senior)
Le pari couillu du duo norvégien de tenter un follow up instrumental radicalement différent du sautillant 'Junior' était, a
priori, remarquable. A postériori, les neuf morceaux de dream pop ambientale et sombre risquent de ne pas être remarqués
par grand monde. Insipides et chichiteux, 'Senior est aussi excitant qu'un trajet dans le luxueux ascenseur d'un home de
vieux nantis. Bon sang, mais c'est madame Laurent que l'on assassine! Et elle aura bien besoin de Télésecours pour ne pas
sombrer dans une dépression comateuse provoquée par cet agrégat d'élégant ennui. On en viendrait presque à regretter le
dernier Air tant il ne se passe rien ici. Et lorsque l'électro-cardiogramme tente une pulsation, comme sur 'Triky 2',
revisitation peu inspirée de 'Junior, c'est Jean-Michel Jarre qui pointe son nez. 'Senior est la bande originale idéale pour
accompagner un documentaire sur la neurasthénie. Débranchez les sonotones! LT: Brian Eno,'Music for Airports'
CD: 3/10
Genre: Dance, Electronica
Label: Virgin - Distribution: Pias
David Morelli
Interpol (Interpol)
Les accents lyriques et pas toujours convaincants de 'Our love to admire' avaient décontenancé pas mal de fans de la
première heure. Interpol tente, avec cet album éponyme, un salvateur retour aux sources. Sans égaler, loin de là, la
beauté irradiante de leur exceptionnel premier album, le désormais trio (le bassiste a quitté le groupe juste après
l'enregistrement) réinvestit l'exploration du côté obscur de l'âme avec classe, sobriété et sans donner l'impression de
resservir la soupe. Le fantôme de Ian Curtis semble moins planer sur les compos des new-yorkais même si, à l'image de
sa pochette, celles-ci évoquent les brisures mélancoliques, les cicatrices toujours béantes et autres tourments dépressifs.
Armés de guitares chirurgicales posées sur des basses au galop, Interpol insuffle à ses mélodies une énergie du désespoir
qui transperce même la carapace des mélodies plus faiblardes. Interpol continue à (se) chercher et c'est très bien ainsi.
Listen to : The National, 'Boxer'
CD: 7/10
Genre: Pop, Rock
Label: Cooperative Music - Distribution: EMI
David Morelli
Underworld (Barking)
Le sixième album d'Underworld, groupe majeur sinon essentiel de l'electronica, est une claque. Dans le mauvais sens du
terme. Leurs deux derniers albums, ainsi que leur production, copieuse, exclusivement accessible sur le web, démontrait
une volonté authentique, à défaut d'être toujours convaincante, de continuer à explorer les recoins en friche de la musique
électronique. Ce 'Barking' donne surtout l'impression que le duo tente, de manière par trop opportuniste, de revenir sur le
devant de la scène en ressortant les synthés vintage pour surfer, comme tant d'autres, sur cet interminable revival 80's
dans laquelle la scène techno semble s'être majoritairement engluée. Résultat des courses: un album bancal où se cotoient
les beaux restes (le single 'Scribble', impeccable), le correct ('Grace', 'Between stars'), le remplissage arty et le carrément
embarrassant ('Always loved a film', hit eurodance en puissance). 'Barking' n'est pas à la hauteur du pedigree.
LT:Orbital,'Insides'
CD: 5/10
Genre: Electro
Label: Underworld.live - Distribution: V2
David Morelli
Orchestral Manoeuvres in the Dark (History of Modern)
Souvenez-vous le mythique groupe électro OMD s'était reformé et avait donné un concert à l'Olympia, à Paris, en mai
2007. Ils avaient joué l'intégralité de leur meilleur album, "Architecture and Morality" (1981), puis en seconde partie avait
interprété leurs plus grands succès. Aujourd'hui, 14 ans après le reformation et 30 ans après "Electricity", OMD sort un
album ! Les fans trentenaires voire quarantenaires devraient apprécier. Sentimentalement. Musicalement, c'est autre
chose. Certes, ces pionniers refont leur "History of Modern" avec un panel de sons électro impressionnant. Des synthés à
la Kraftwerk aux lignes de basse à la Moroder. Les voix d'Andy McCluskey et de Paul Humphreys ont gardé de la fraîcheur
et de l'éclat ; mais musique et voix sont perdues dans un flot continu de choeur (balancer les bras svp) quasi sur la même
note dans tout l'album. Le single "If you want it" l'illustre bien. Une "histoire" qui ne restera pas dans les annales.
CD: 7/10
Genre: Pop, Electro
Label: Blue Noise - Distribution: Pias
Frédéric Jarry
Chk Chk Chk (Strange weather, Isn't It?)
Le nouvel album des !!! (prononcez tchk tchk tchk) est à la fois très excitant et un chouia décevant, soufflant, d'une
manière tempérée qu'on ne leur connaissait pas, le bouillant et le tiède. Bouillant, "Strange Weather, Isn t It?" l'est sans
aucun doute quand les tchk lâchent les brides de leurs chevaux disco punk funk. "The Most certain Sure", "Wannagain
Wannagain" et surtout le bien nommé "The Hammer", tuerie discoïde à rendre Vitalic vert de jalousie, prouvent que les
tchk en ont encore dans le short. Le reste de l'album, s'il est loin de démériter en proposant des mélodies solides et
nerveuses, déçoit, à l'image de la mélodie proprette du single "AM/FM", par son aspect plus lisse, plus sage et étrangement
désabusé. Sans doute est-ce dû à la période chaotique qu'a traversé le groupe (départ de deux musiciens et du second
chanteur John Pugh, décès accidentel du batteur) et qui a failli mettre un point final à son existence. Dans ces conditions,
ce premier album en quatre ans semble presque tenir du miracle. On attend néanmoins les !!! là où leurs morceaux
prennent toute leur démesure festive: sur scène. En espérant que désormais, le groupe soit au beau fixe. Listen to:
Zongamin, 'Fleshtapes'
CD: 7/10
Genre: Electro, Pop
Label: Warp - Distribution: V2
David Morelli
The Charlatans (Who We Touch)
Seuls survivants de la scène Baggy avec Primal Scream, les Charlatans sont surtout associés à l'incontournable 'Only one I
know'. Pourtant, en 15 ans, le quintet indie n'a pas chômé et a sorti, et dans une indifférence totale en dehors de la perfide
Albion, une série de galettes d'excellente facture. Le petit dernier 'Who we Touch', est de cette même veine. Il débute sans
crier gare par un déluge de guitares chaotiques tendant à prouver que les vétérans ont encore la pêche, S'ils calment
néanmoins rapidement le tempo, c'est pour offrir une belle brochette de mélodies pop rock, efficaces et souvent
mélancoliques, portées par des guitares en verve et un orgue apportant densité et emphase (le beau 'Trust in Desire' et
son crescendo, la ballade 'Your pure soul'). Le tout s'achève par un morceau caché aux relents southern rock scandé par
un prêtre habité par le démon. Les Charlatants sont indubitablement un groupe à (re)découvrir. LT: Ian Brown, 'Solarized'
CD: 7/10
Genre: Pop
Label: Cooking Vinyls - Distribution: V2
David Morelli
Menomena (Mines)
Le merveilleux "Queen Black Acid", bouleversant de limpidité, pose dès le départ l'ambition de ce trio de Portland:
dynamiter les mélodies pop et, avec une virtuosité d'orfèvre confondante, orner, chaque fragment de la plus belle parure
qui soit, pour aboutir, une fois ordonnancés, à des morceaux évidents, parfaits et... différents. Portés par des
arrangements aussi variés (saxo, piano, glockenspiel...) qu'élégants et qui ont le bon goût de ne jamais prendre la pose
pour damer le pion à la mélodie - et quelles mélodies! -, Menemona enfile avec une facilité déconcertante ses perles.
Qu'elles soient de lumière (les entrelacs vocaux de 'Dirty cartoon') ou en acier délicatement forgé ("TAOS" scellant la
rencontre de Hendrix et de Elbow), 'Mines' ne souffre d'aucun temps mort. Long en bouche et d'une variété sonore
remarquable, Menomena propose rien de moins qu'un des albums indispensables de 2010. LT: Flaming Lips, 'The Fearless
Freaks'
CD: 9/10
Genre: Pop
Label: City Slang - Distribution: V2
David Morelli
Prince (20TEN)
C'est l'histoire d'un mec qui fait un tour à vélo, un samedi (le 10 juillet 2010) de canicule. Passant devant une librairie, il se
demande s'il reste une copie du quotidien 'Het Nieuwsblad', dans lequel se retrouve inséré le nouvel album de Prince (oups,
de unpronounceable symbol). Curieux (ben un album de machin chose à 1,40 euro, ça le fait), le cycliste s'approprie l'objet
"collector" en devenir. Il glisse alors dans la poche son bermuda le CD, et se colle la gazette dans le dos. Quelques
kilomètres et litres de sueur plus tard, il revient à son domicile. Le Cd a pris un coup d'humidité, et un quart de page du
journal est imprimé au-dessus de son arrière-train. Ce gusse, vous l'aurez compris, c'est moi. Un ex fan d'un talentueux
artiste qui fut un temps dénommé Prince, vibrant encore régulièrement aux accords du monstrueux album 'Sign O the
Times', et de ses prédécesseurs. '20 Ten', annoncé comme le retour à certaines sources ('1999', 'Purple Rain', etc.) n'est
pas la bombe attendue. L'amiral Nelson ressort avec ferveur ses rythmique flangées et sautillantes, ses gros accords
dégoulinants de synthé, et beaucoup de squelettes mélodiques empruntés à ses anciennes tueries, provoquant des
cascades de suées et de coups de reins. Ici tout sonne donc à l'ancienne, mais par contre, côté mélodique, rien de très bon
à se mettre sous la dent. Ne dépensez pas trop d'énergie pour acquérir ce coup de nostalgie inutile, et actuellement hors
commerce (mais soldé sur le net).
CD: 5/10
Genre: Funk
Gauthier Keyaerts
The Magic Numbers (The Runaway)
Les Magic Numbers sont une anomalie, un anachronisme dans l'univers agité et souvent cynique de la scène indie anglaise.
La paire de frères et de soeurs qui composent ce combo folk rock proposent une nouvelle fois d'éteindre nos GSM et de
couper la connexion internet. Ils nous donnent rendez vous dans le jardin (ou près d'une botte de foin s'il y en a une pas
loin), de nous coucher sur le sol, un brin d'herbe (ou de foin si...) en bouche et, les yeux levés vers le ciel, de profiter du
moment, de déconnecter. Déconnecté. Voilà le terme qui sied le mieux à ce troisième album qui fuit sans courir les modes
éphémères et nous invite à retrouver, en mordant dans leur émouvante madeleine à base de mélodies fraiches et
revigorantes, des bribes de la sérénité optimiste des seventies. "The Runaway" n'est pas un album nostalgique mais une
magnifique fuite en avant sur fond de "feel good songs" dans la lignée des Mama's and the Papa's, des Bee Gees et du rock
west Coast. Les Magic Numbers sont une anomalie. Une anomalie magique dont "The Runaways" est le sésame.
CD: 8/10
Genre: Rock, Pop
David Morelli
Morcheeba (Blood Like Lemonade)
"'Blood Like Lemonade', c'est l'album que nous aurions dû réaliser après 'Big Calm', en 1998, mais nous avions besoin
d'explorer d'autres horizons pour pouvoir revenir à notre habitat naturel", a reconnu Paul Godfrey, l'un des 2 frères
fondateurs du groupe trip hop de Douvres, Morcheeba. A la question de savoir quel son caractérise ce 7ème album, Skye
Edwards, la chanteuse des débuts mythiques du groupe, répond: "cela sonne Morcheeba bien sûr!". Ce qui est vrai mais
pas si évident, après les errances, heureuses et surtout malheureuses du groupe. Ici, retour aux mélodies légères
douces-amères, comme l'évoque le 1er single 'Even Though' avec sa guitare sèche, ses micro-scratch hip hop, très fin
années'90. La programmation electro flirte toujours avec le blues, la folk et même la country. La voie de Skye, enfin de
retour, a gagné en profondeur, même si le ton est plus pop que soul dans ce road-movie étrange où la musique très chill,
contraste avec des paroles de violence et de sang. Perso, 'Self Made Man' exprime le mieux ce paradoxe, très séduisant.
Comme l'opus.
CD: 9/10
Genre: Lounge
Label: Pias - Distribution: Pias
Frédéric Jarry
Kele Okereke (The Boxer)
La premiere vertu de cet album solo du chanteur de Bloc Party est d'être clair quant aux objectifs: faire danser jusqu'à
l'épuisement, des boîtes les plus huppées New York aux campings les plus beauf de la mer du Nord (et vice-versa, y a pas
de raison). Un objectif qui a son importance lorsqu'on se remémore avec une pointe d'agacement le dernier album - raté des Blocs Party qui ressemblait, de base, à leur traditionnel album de remix et sous-utilisait leur pourtant excellent
batteur. Un peu difficile à digérer pour les fans de la première heure qui voient encore en Bloc Party un groupe post punk
crédible plutôt qu'un groupe dance rock assez quelconque. Jouant à fond les basses et sans ambiguïté la carte electro,
Okereke réussit indéniablement sous coup. 'The Boxer' est agressif, puissant et les rythmiques et sonorités africaines, les
mélodies efficaces et la voix de Oreke apportent un supplément d'âme. Il y a des hits à la clé: le single, 'Tenderoni' et
surtout 'Rise' et ses basses monstrueuses façon Vitalic, sont des tueries. On succombe. LT: Vitalic, 'OK Cowboy'
CD: 7/10
Genre: Electro, Rock
Label: Wichita - Distribution: V2
David Morelli
UNKLE (Where Did The Night Fall)
Après deux albums de très haute tenue ('War Stories' et 'End titles'), Unkle marque sévèrement le coup avec ce 'Where Did
The Night Fall'. Jusqu'alors à l'avant-garde d'une scène électronique explorant les profondeurs du rock (et inversement) et
tentant, avec la morgue d'explorateurs sonores intrépides, de faire fusionner l'hermétique (Les Beatles, le rap et le trip hop
dans un même mix, couillu), ce cinquième album sort avec une date de péremption déjà dépassée. 'Where Did The Night
Fall' trace en ligne droite dans un sillon électronique/dark wave fréquenté depuis bien longtemps sans tenter d'en influencer
la direction. Unkle, qui a perdu en cours de route Richard File au profit(?) de l'ex-Psychonaut Pablo Clements, livre un
album froid, répétitif et -horreur- prévisible auquel il ne semble croire qu'à moitié. Le splendide 'Another Night Out' qui
clôture l'album laisse néanmoins planer l'espoir d'une reprise en main prochaine. LT: Siouxie and the Banshees, 'The
Rapture'
CD: 5/10
Genre: Electronica, Pop, Experimental
David Morelli
Moby (Wait For Me Remixes)
Sorti pile il y a un an, "Wait for Me" était le 9ème et très attendu album studio du producteur américain Moby, qui depuis la
fin des années'80 (Voodoo Child) mixe avec génie qualité musicale et succès planétaire. L'opus plutôt "ambient" et très
mélodique, tout en cordes et notes au piano, n'hésitant pas sur les choeurs et les voix filtrées, vient d'être "remixé" par les
meilleurs producteurs house et techno du moment. On passe sans transition du downtempo aux beats dansants, ce qui veut
dire que les remixes ne s'adresseront peut-être pas au même public que la musique du Moby d'après "Play". D'autant plus
que les meilleurs remixes ne sont pas ceux de Tiesto, Laurent Wolf ou de Carl Cox, mais bien d'artistes plus underground
comme Popof, Paul Kalkbrenner, Savage Skulls et surtout, Gui Borrato. En bonus, un 2ème CD où Moby renoue avec
l'électro puisque c'est lui qui mixe les remixes, avec brio.
CD: 8/10
Genre: Electro, House
Label: Little Idiot - Distribution: Pias
Frédéric Jarry
Jamie Lidell (Compass)
Voici sans doute l'album le plus abouti de Jamie Lidell, du moins le mieux équilibré. On avait découvert le bonhomme dans
un univers apocalyptique assez bruitiste et on l'avait vu évoluer vers une soul-funk de plus en plus propre, de moins en
moins folle. Pas avare et encore moins pudique en interview, Lidell avoua s'être un peu perdu artistiquement; la faute à
une vie personnelle un peu tumultueuse, ces dernières années. Il a depuis déménagé de Berlin à New-York, s'est pris la
mort de Michael Jackson (l'une de ses idoles!) dans les gencives et a choisi comme collaborateurs rapprochés du jour Beck
et Chris Taylor (de Grizzly Bear). Résultat du franchiment de ce nouveau cap : un album à la fois soul et bruitiste, déviant
et accessible, cohérent et barré, où la voix exceptionnelle du bonhomme se pose sur du funk certes bordélique mais
toujours entraînant.
CD: 8/10
Genre: Soul, Funk, Electronica
Label: Warp - Distribution: V2
Serge Coosemans
Zu (The Way of the Animals Powers)
Avoir un album de ZU à se mettre sous la dent, c'est toujours une excellente nouvelle! Mais "attention", 'The Way of the
Animals Powers' n'est pas une nouveauté, mais la ressortie d'une plaque ayant vu initialement le jour sur le label italien
Xeng. Déconstruites, mais pas forcément agressives, les compos hantant cette oeuvre fleurent bon une certaine folie,
cadrée et maîtrisée. Un travail impressionnant, où le trio transalpin est épaulé par Fred Lonberg-Holm (Valentine Trio, Peter
Brötzmann, Chicago Tentet, etc.). Le plaisir auditif (morceaux superbes et nouveau mastering opéré par James Plotkin) se
double d'un plaisir tactile: soit le contact d'un bon gros vinyle 180 grammes!
CD: 8/10
Genre: Electro-Pop
Label: Public Guilt Records - Distribution: Mandaï
Gauthier Keyaerts
LEO (88 Man)/ The Healthy and the Badass Motherfucker/ ROOM
204 (Speaking Parts From the Blazing Rows/ Tonnerre
Vendanges/ Balloons)
Le label nantais Kythibong nous a glissé sous l'oreiller trois petite gâteries à se mettre dans le lecteur CD... La première
(sans ordre d'importance, mais bien de situation dans la pile "à chroniquer") passée en revue sera donc les exploits
soniques du duo Leo (88 Man), joliment folk. Comparé à d'illustres homologues étasuniens (Smog, Lambchop, Giant
Sands...), le duo développe ici un son pop-folk plutôt joli, mais jamais vraiment totalement prenant, car peut-être un
chouïa trop bien pensé, et poli. Healthy Boys (and the Motherfucker), malgré un nom de groupe crasseux, reste tout autant
sous le charme de l'acoustique. L'E.P. ici présenté rassemble quatre morceau de Benjamin Nerot accompagné de quelques
amis (ex Bastards), enregistrés en résidence. Ne cherchez pas le tonnerre, ni la vengeance... Duo bétonné et armé, Room
204 continue à explorer les transgressions du bruit en formation minimale. Plutôt sympa! Petite précision: les fans de vinyls
commanderont via la France. Pour l'édition CD il faudra passer par la case Japon (Stiff Slack).
CD: 6/10
Genre: Folk, Rock
Label: Kythibong Records - Distribution: Mandaï
Gauthier Keyaerts
///////////// Dossiers /////////////
Conan the Barbarian
Marcus Nispel peut difficilement se voir qualifier de
réalisateur de films d'auteur... Mais plutôt de géniteur de semi-ratage ('Pathfinder') ou de remakes casse-gueule ('Massacre à la tronçonneuse',
'Vendredi 13')! Le voilà qui s'attaque une fois de plus à un classique indéboulonnable: 'Conan le barbare'. Une guerre des trônes dans laquelle
Nispel risque de perdre encore un peu plus de crédibilité? L'avenir nous le dira... Mais n'est pas Zack Snyder qui veut, et ce n'est nullement un
blasphème de penser que ce paquebot prend l'eau avant son largage.
Mais revenons-en à notre saigneur favori... 'Conan le Barbare' ou 'Conan le Cimmérien' voit le jour en 1932, sous la plume de Robert E. Howard
dans une histoire publiée dans le "pulp" Weird Tales.... Ainsi nait l'heroic-fantasy, un style toujours à l'honneur auprès de nombreux geeks
amateurs de jeux vidéos ou de rôles. Mais aussi des amateurs de bandes-dessinées (éditées par Marvel Comics puis chez Dark Horse), et autres
cinéphiles, notamment grâce à la cinglante incarnation de Conan mis en boîte en 1981 par John Milius, révélant une musculeuse star en devenir:
Arnold Schwarzenegger. Ce dernier remettra le couvert à plusieurs reprises, soit dans la peau du cimmérien, ou de personnages proches de
celui-ci: 'Conan le destructeur', 'Kalidor',... Pour en revenir à John Milius, force est de reconnaître que s'attaquer à son impeccable vision de
l'univers de Howard frôle l'inconscience, ou la mission suicidaire! En effet, 'Conan le barbare' n'a pas tardé à devenir le maître étalon d'un
sous-genre cinématographique encore d'actualité (ne fut-ce qu'à travers l'adaptation des livres de Tolkien) de nos jours, de par une perfection à
tous les étages.
Schwarzy affiche une plastique démesurée qui sied
parfaitement au personnage, son jeu peu subtil en rajoute une couche! Il se voit "secondé" par des acteurs hors pair: James Earl Jones, Max von
Sydow, ... Milius n'hésite par à se lancer dans la pure barbarie quand c'est nécessaire, ou encore à faire appel à un érotisme fumeux, mélangé
parfois à de la sorcellerie. Les combats à l'épée déchirent, transcendés par la puissante musique de Basil Poledouris.
Évidemment, tout cela ne laisse pas trop de latitude à Nispel! D'autant que son acteur principal, Jason Momoa, la nouvelle incarnation de Conan,
nous prouve semaine après semaine qu'il a le charisme d'une crotte de nez géante à la voix gutturale... Pour preuve, c'est lui qui interprète avec
un sérieux papal et un non-talent provoquant des fous-rires, Khal Drogo dans la série 'Game of Thrones'! Les bandes-annonces ne sont pas trop
rassurantes. Mais allez, nous ferons un détour par les salles obscures malgré tout, afin de ne pas louper les quelques moments forts certainement
présents, tout comme dans 'Pathfinder'. Un film moyen, mais pas totalement dénué de charme, et un peu vite passé à la trappe malgré tout.
La Planète des singes : les origines
Alors qu'il n'affiche au compteur que le modeste mais
excellent 'Ultime Evasion' / 'The Escapist', le réalisateur anglais Rupert Wyatt nous revient pourtant avec une production nettement plus couteuse,
fantastique, et basée sur le matériel de Pierre Boulle. Vous l'aurez compris, Wyatt se met en mode simiesque, et s'attaque à l'intrigante saga 'La
planète des singes', lui offrant une préquelle. Une perspective forcément proche de l'actuel 'X-Men: Le Commencement'. Un choix excellent,
laissant la porte ouverte à l'imaginaire, sans se ramasser des hordes de fans transis hurlant au blasphème. Sort peu envieux que connut Tim
Burton.
'La Planète des singes : les origines' s'attarde donc sur la
source d'une certaine fin du monde, en tout cas du règne des humains, remplacés au final par leurs grands ancêtres les singes. Tout commence
par des recherches menées par le docteur James Franco (Will Rodman) pour vaincre la maladie d'Alzheimer. Malgré les réticences de ses
supérieurs, suite au constat que ces recherches altèrent (pourtant positivement) l'activité cérébrale, le docteur continue ses manipulations sur un
bébé primate du nom de Caesar, notant rapidement d'immenses changements intellectuels et comportementaux. Petit à petit, l'animal va mener
son espèce à dominer le monde. Un changement social global, déjà amorcé dans les volets de trois à cinq de la franchise 70's ('Les Évadés de la
planète des singes' - 1971, 'La Conquête de la planète des singes' - 1972, 'La Bataille de la planète des singes' - 1973), "dégénérescences" de
l'excellent film de Franklin J. Schaffner, sorti lui en 1968. Un coup d'oeil sur les bandes-annonces qui circulent procure le grand frisson! En effet,
l'une d'entre-elles commence assez moyennement, repiquant son ambiance sonore déprimante sur celle de '28 jours plus tard', évolué vers un
véritable festival de tension et d'effets spéciaux (signés Weta Workshop) hallucinants. Le début de l'affrontement humains / singes semble
afficher des proportions totalement épiques. Nous aurions donc plutôt tendance à être confiants concernant cette sortie...
Interview d'Asghar Farhadi, réalisateur de 'A Separation'
Les gens sont toujours au centre des films du réalisateur iranien Asghar Farhadi. Un réalisateur qui parvient également à placer ses personnages
dans des histoires passionnantes.
Il n'est pas donné à tous d'apprécier les films iraniens, mais dans le cas de 'A Separation' vous pouvez mettre tous vos a priori de côté. Cette
histoire de divorce qui part totalement en vrille, est intrigante, légère, intelligente et drôle. Farhadi sait comment prendre son public par la peau
du cou, le fasciner deux heures durant, et pour ce faire, nul besoin de sang, d'explosions gigantesques ou autres manoeuvres de diversion. Ce
réalisateur de 39 ans, qui a démarré sa carrière au théâtre pour ensuite mettre le cap sur la radio et la télévision, et a rapidement connu le
succès sur grand écran avec des films comme 'Beautiful City,' 'Fireworks Wednesday' et 'About Elly', sait que ce qui importe, ce sont l'intrigue et
les personnages.
L'idée de votre film précédent, 'About Elly' vous est venue alors que vous pensiez à l'image d'un homme attendant au bord de la mer que les
vagues lui rendent le corps de sa femme. 'A Separation' est également né d'une idée aussi visuelle?
Farhadi: En fait, oui. J'ai vu un homme en train de laver le corps de son père souffrant de la maladie d'Alzheimer. Ca a été le point de départ.
S'ensuit un scénario particulièrement ingénieux. Vous saviez dès le départ où vous vouliez aller avec cette histoire?
Farhadi: Non, cette image est restée hanter mon esprit. Je me demandais qui était cet homme. Pourquoi lavait-il son père? Où est sa femme? Je
ne savais pas où ce scénario allait me conduire. Je me suis laissé emporter par l'histoire. Quand j'y pensais, je ne savais pas ce que ça allait
devenir. Je me suis d'abord concentré sur l'intrigue et quand elle a trouvé sa place, j'ai essayé de développer certains thèmes.
L'histoire vous a-t-elle surpris?
Farhadi: Non. J'étais curieux, mais les options prises ne m'ont pas surpris. 'A Separation' est quand même dans la droite ligne de mes autres
films. Je pense que l'on sent que c'est la même vision du monde qui le sous-tend.
J'ai reconnu plusieurs acteurs de 'About Elly'. Est-ce une manière de souligner que vos films forment un tout?
Farhadi: Non, je trouve simplement que ce sont des acteurs particulièrement forts. C'est pour cela que j'ai de nouveau fait appel à eux. Je serais
fou de ne pas le faire. Quand je dis que 'A Separation' est dans la lignée de ce que j'ai fait, je veux surtout dire qu'en tant que réalisateur et
scénariste, je n'impose pas ma vision. Je préfère dissimuler mon avis.
En même temps, le film s'appelle 'A Separation'. Ce qui dévoile le thème principal?
Farhadi: L'un des thèmes principaux, ce sont les relations entre les gens, et plus particulièrement au sein d'un couple. On pourrait aussi dire que
le thème plus général parle de moralité et d'éthique.
'A Separation' se développe presque comme une histoire de détective, tout comme dans 'About Elly'. Le spectateur reçoit une série d'indications
qui se succèdent et au final forment un ensemble logique.
Farhadi: Les deux films comprennent effectivement un élément de mystère. On a envie de savoir comment ça va se régler. Et ce mystère se
compose de plein de petits éléments et événements.
Ce genre d'histoire est totalement différent de ce qu'on a l'habitude de voir du cinéma iranien. Soit des films très introspectifs, soit de films qui se
déroulent à la campagne. Essayez-vous de montrer que le cinéma iranien a autre chose à offrir?
Farhadi: Je fais moi-même partie de la classe moyenne urbaine iranienne. C'est mon monde. Je comprends mieux ces gens-là. Il est normal que
je raconte des histoires à leur propos. La plus grande partie de la population iranienne appartient d'ailleurs à cette classe moyenne urbaine.
On ne dira pas que c'est de sa faute, mais les présomptions occidentales n'ont-elles pas quelque chose à voir avec le succès des films d'Abbas
Kiarostami dans les festivals étrangers? Il est quand même le premier à avoir plu.
Farhadi: Evidemment, ce n'est pas de sa faute. Kiarostami est quelqu'un de très proche de la nature, qui possède un regard très naturel. Du coup,
il préfère les histoires se passant à la campagne. S'il faut rejetter la faute sur quelqu'un, ce sont les festivals internationaux qui placent tous les
Iraniens dans un même panier, et n'imaginent pas que nous avons aussi des problèmes complexes face auxquels nous nous débattons. A leurs
yeux, tous les Iraniens ont un monde imaginaire très simple.
Quels genres de films va voir monsieur tout le monde en Iran?
Farhadi: On peut séparer les visiteurs de cinéma en deux catégories. L'une ne voit le cinéma que comme de la distraction pure. L'autre, surtout
des jeunes, attend de la détente, mais veut aussi réfléchir. Ce deuxième groupe est assez grand. Je peux le constater aux chiffres de
fréquentation de mes propres films.
Faites-vous surtout des films pour cette deuxième catégorie?
Farhadi: Lors de l'écriture, je cherche toujours une histoire que tous les Iraniens pourraient comprendre. C'est mon premier souci.
Vous donnez une image très diversifiée de la vie en Iran. On y voit comment les Iraniens savent profiter de la vie, mais aussi bien dans 'Beautiful
City' que dans 'A Separation' on a l'impression qu'en Iran, on peut acheter une vie. Après un crime, on peut s'en sortir en mettant une certaine
somme d'argent sur la table.
Farhadi: Je ne vais pas dire que je suis pour, mais il existe en Iran une chose qui s'appelle 'dieh', c'est l'argent du sang, que l'assassin paye à la
famille de la victime. Si elle est d'accord, elle laisse tomber la plainte. On peut évidemment discuter de l'honnêteté de cette tradition, ou du fait
que cela ne semble poser aucun problème vis-à-vis de la loi, mais c'est la réalité.
Dans 'A Separation' vous présentez un juge particulièrement compréhensif, quelqu'un qui va plus loin que le simple "la loi c'est la loi". Avez-vous
voulu donner un visage humain aux autorités?
Farhadi: Le système judiciaire est très vaste. Le rôle du juge est de représenter la loi et l'expliquer. Lorsque les victimes et les coupables ne sont
pas d'accord avec la loi, le juge essaye de convaincre tout le monde que c'est la loi qui leur rend justice. J'ai voulu montrer que l'on peut
transcender la loi et voir l'aspect humain. C'est ce que le spectateur doit faire.
Ruben Nollet
Interview avec Angelina Jolie
Nous connaissons tous Angelina Jolie au travers de ses actions
humanitaires, de ses adoptions, de son mariage avec Brad Pitt, mais aussi des personnages durs qu'elle incarne au cinéma. Aujourd'hui, elle nous
revient dans le rôle de Tigresse, un des Cinq Cyclones dans Kung Fu Panda 2. Le film raconte l'histoire de Po (Jack Black) qui a réalisé son rêve en
devenant le Guerrier Dragon qui protège, avec ses amis les Cinq Cyclones - Tigresse, Grue, Mante, Vipère et Singe et d'autres maîtres de Kung
Fu, la vallée de la paix. Mais sa nouvelle vie est menacée par l'arrivée d'un redoutable ennemi qui tente de conquérir la Chine et veut anéantir le
Kung Fu à l'aide d'une arme secrète.
Lisez ici ce qu'Angelina Jolie pense de la violence dans un film pour enfants, des valeurs du Kung Fu et de la façon dont ses enfants adoptés
réagissent au fait que, dans le film, Po a été adopté par une oie.
Dans le film, le père de Po est une oie et c'est comme ça que nous savons que Po a été adopté. Le premier film abordait à peine le thème de
l'adoption, au contraire de ce deuxième film. Que pensez-vous de la manière dont on parle ici de l'adoption aux enfants?
Angelina Jolie:
J'ai emmené ma famille voir le film et ils l'ont trouvé formidable et nous avons beaucoup ri. Je me suis demandée s'ils me
poseraient encore des questions à propos de la partie sur l'adoption, mais des mots comme 'adoption' et 'orphelinat' sont des
mots joyeux dans notre famille et ils sont habitués à ce genre de conversations. Ils ont donc trouvé cela d'autant plus chouette
et ils étaient fiers aussi d'être davantage comme Po.
Ce qui est beau dans cette histoire c'est qu'elle véhicule un certain nombre de messages très forts, dont le premier est qu'on peut être ce qu'on
veut, peu importe à quoi on ressemble ou d'où on vient. Cela donne un sentiment de confiance en soi pour trouver qui on est et cela donne le
sentiment que cela n'a aucune importance ce qu'on a vécu dans son enfance, ce qui compte c'est qui on choisit d'être dans la vie. Dans ce film, il
s'agissait aussi énormément de la famille. Et la famille, c'est là où il y a l'amour à la fin de la journée. Ce sont autant de sujets plutôt lourds et
c'est formidable de pouvoir les traiter dans ce film.
Avez-vous le sentiment que des films comme Kung Fu Panda vous intéressent davantage parce que vous avez six enfants à la maison?
Jolie:
Je pense que nous sommes, en fait, tous de grands enfants au fond de nous et que nous voulons tous jouer et c'est pourquoi
nous trouvons cela tellement amusant de faire ce genre de films. Mais du fait que mes enfants appartiennent à des catégories
d'âges très différentes, de 2 à 10 ans, c'était certainement une bonne occasion de faire quelque chose que nous trouvions tous
amusants et c'est pourquoi, quand je travaillais sur ce film, je le faisais aussi pour eux.
Kung Fu Panda est, en fait, un film qui contient beaucoup de violence. Que pensez-vous, en tant que mère, de la façon dont la violence est
présentée aux enfants?
Jolie:
Je pense qu'il faut tout d'abord bien connaître ses enfants. Les uns sont prêts pour ça plus tôt que les autres et certains le
comprennent aussi plus tôt que d'autres. Je ne vois vraiment pas ce film comme trop violent, au contraire. Dans Kung Fu,
d'ailleurs, tout tourne autour de la question de trouver le calme intérieur et de battre l'ennemi en lui renvoyant son énergie
négative au lieu de renchérir dans la violence. Mes fils pratiquent tous un sport de combat parce que la violence fait partie de la
vie d'un petit garçon. Les garçons voudront toujours jouer à se bagarrer ou se battre entre eux et je trouve important qu'ils
apprennent comment gérer cela avec discipline et respect. Je pense que c'est une erreur d'ignorer que cela fait partie de l'être
humain, et certainement des jeunes garçons. J'essaie ainsi de les guider à travers cette phase et de leur apprendre à éviter le
combat, mais à se défendre si nécessaire.
Dans ce film, mais dans d'autres films aussi, vous jouez beaucoup de femmes agressives, beaucoup de femmes fatales, pouvez-vous nous dire
d'où ça vient? Quel est l'alter-ego derrière ça?
Jolie:
En réalité, je suis tout simplement une maman qui passe ses soirées à changer des langes et à faire des coloriages, mais je me
sens émotionnellement et physiquement très attirée par les femmes fortes et les personnages bien trempés. Je me sens aussi
très attirée par des gens qui se battent pour quelque chose, je suis sensible à la justice et l'injustice. Cela a toujours été
davantage ce sentiment-là plutôt que de vouloir 'simplement' jouer les dures. J'ai eu la chance de débuter ma carrière à une
période où les femmes pouvaient jouer ces rôles.
Merci à Way To Blue.