Le Bourgeois gentilhomme
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Le Bourgeois gentilhomme
Le Bourgeois gentilhomme une comédie-ballet de Molière et Jean-Baptiste Lully, mise en scène par Catherine Hiegel théâtre • grande salle • durée 2:15 jeu 29, ven 30 nov • 20h30 • sam 1er dec. • 20h Avec François Morel et une troupe de 29 personnes (comédiens, musiciens, danseurs, chanteurs, techniciens) décor Goury / costumes Patrice Cauchetier / lumières Dominique Borrini / chorégraphie Cécile Bon / direction musicale Benjamin Perrot / assistante à la mise en scène Natacha Garange / coiffures et maquillages Véronique Soulier-Nguyen Génial inventeur d’une comédie d’un nouveau genre, Molière avec « Le Bourgeois Gentilhomme », signe la plus accomplie des douze comédies-ballets qu’il écrira. Le thème commandé par le Roi qui souhaitait se moquer du peu de cas qu’un émissaire de « La Grande Porte » avait témoigné devant le faste de la Cour, est une turquerie. Et c’est merveille de voir comment Molière, malgré le poids de cette contrainte, fait jaillir autour de Monsieur Jourdain, la plus acérée, la plus franche et la plus libre de ses comédies. Quoi de plus éternel qu’un homme qui cherche à paraître un autre, à s’élever de sa condition, quitte à renier sa naissance et son milieu et ce bourgeois qui se rêve gentilhomme, est loin d’être un genre en voie de disparition. Le choix de François Morel dans le rôle titre, s’est imposé à moi comme une évidence. Sa force comique, toujours authentique et vraie, ses capacités de naïveté et d’étonnement, se glisseront à merveille dans l’étoffe de Monsieur Jourdain ! J’ai composé, autour de lui, une grande famille d’acteurs, de musiciens, danseurs et chanteurs ; ils seront plus de vingt complices à entraîner au bout de ses rêves et de sa folie, ce balourd enfantin qui se voulait un autre. Catherine Hiegel. Source dossier : Atelier théâtre actuel service éducatif - relations publiques • responsable Murielle Lluch 04 42 49 00 20 [email protected] • relations avec les écoles maternelles, élémentaires, visites du théâtre Roland Rondini 04 42 49 00 21 [email protected] • relations avec les collèges, lycées, l'enseignement supérieur, les associations Daphné Tréfeu 04 42 49 00 22 [email protected] • relations avec les C.E, les Maisons de quartiers, les associations Stéphanie de Cambourg 04 42 49 00 27 [email protected] ATELIER THÉÂTRE ACTUEL présente Le Bourgeois gentilhomme Une Comédie-ballet de Molière et Jean-Baptiste Lully Mise en scène par Catherine Hiegel Avec : François Morel et une troupe de 29 personnes (comédiens, musiciens, danseurs, chanteurs, techniciens) décor Goury / costumes Patrice Cauchetier / lumières Dominique Borrini / chorégraphie Cécile Bon direction musicale Benjamin Perrot / assistante à la mise en scène Natacha Garange coiffures et maquillages Véronique Soulier-Nguyen Le Bourgeois gentilhomme : documentation Note du metteur en scène Génial inventeur d’une comédie d’un nouveau genre, Molière avec « Le Bourgeois Gentilhomme », signe la plus accomplie des douze comédies-ballets qu’il écrira. Le thème commandé par le Roi qui souhaitait se moquer du peu de cas qu’un émissaire de « La Grande Porte » avait témoigné devant le faste de la Cour, est une turquerie. Et c’est merveille de voir comment Molière, malgré le poids de cette contrainte, fait jaillir autour de Monsieur Jourdain, la plus acérée, la plus franche et la plus libre de ses comédies. Quoi de plus éternel qu’un homme qui cherche à paraître un autre, à s’élever de sa condition, quitte à renier sa naissance et son milieu et ce bourgeois qui se rêve gentilhomme, est loin d’être un genre en voie de disparition. Le choix de François Morel dans le rôle titre, s’est imposé à moi comme une évidence. Sa force comique, toujours authentique et vraie, ses capacités de naïveté et d’étonnement, se glisseront à merveille dans l’étoffe de Monsieur Jourdain ! J’ai composé, autour de lui, une grande famille d’acteurs, de musiciens, danseurs et chanteurs ; ils seront plus de vingt complices à entraîner au bout de ses rêves et de sa folie, ce balourd enfantin qui se voulait un autre. Catherine Hiegel 2 Le Bourgeois gentilhomme : documentation Biographies Génial inventeur d’une comédie d’un nouveau genre, Molière signe avec Le Bourgeois Gentilhomme la plus accomplie des douze comédies-ballets qu’il écrira. Le thème commandé par le Roi, qui souhaitait se moquer du peu de cas qu’un émissaire de l’Empire ottoman avait témoigné devant le faste de la cour, est une turquerie. Et c’est merveille de voir comment Molière, dépassant le poids de cette contrainte, fait jaillir autour de Monsieur Jourdain, la plus acérée, la plus franche, la plus libre de ses comédies ! Quoi de plus universel chez l’homme que le désir de changer de condition, quitte à renier sa naissance et son milieu et ce bourgeois, qui se rêve gentilhomme, est prêt à toutes les transgressions pour assouvir son obsession du "paraître". François Morel, dans le rôle titre, s’est imposé à moi comme une évidence. Sa force comique, toujours authentique, ses capacités de naïveté, d’étonnement, mais aussi de soudaine humanité, se glisseront à merveille dans l’étoffe de Monsieur Jourdain. J’ai constitué autour de lui une grande famille d’acteurs, de musiciens, danseurs et chanteurs ; ils seront plus de vingt complices à précipiter au bout de ses rêves et de sa folie ce balourd enfantin qui se voulait un autre. Catherine Hiegel " Nous ne nous contentons pas de la vie que nous avons en nous et en notre propre tête : nous voulons vivre dans l’idée des autres une vie imaginaire. " Pascal (pensée 5) 3 © Bernard Richebé Metteur en scène Le Bourgeois gentilhomme : documentation François Morel ! Un mètre soixante-dix neuf pour 82 kilogrammes, que j’ai vu grimper à 98 lors d’une conversation avec Raymond Devos et descendre à 63 dans une joute avec Darry Cowl, (j’étais chargé des costumes de rechange). Empathique, en un mot, François Morel. D’où son sens aigu de la joie humaine, comme de la douleur, et sa drôlerie au service de cette ambivalence. Drôle de drôlerie, regardez bien : toute la surface se gondole sur fond de mélancolie. C’est son point commun avec mon oncle Bourvil. Cela dit, Bourvil, n’était pas mon oncle, mais le préfacier doit se servir au passage, c’est la loi du genre. Nous nous sommes connus sur un tournage, François et moi. Sans doute le plus petit nombre d’entrées de l’histoire du cinéma. Nous aurions dû nous entretuer dans la recherche du responsable. Au lieu de quoi nous ne nous sommes plus quittés. Amis, nous sommes devenus. L’amitié a deux fonctions : nous préserver des tentations du social (nous nous préférons), et nous reposer des vigilances de l’amour (nos sentiments réclament très peu d’entretien). C’est une amitié, entre deux bavards qui prennent plaisir à se taire ensemble, comme dit la chanson. Je ne précise pas que la chanson en question est de François Morel, parce que ses chansons ont sans doute déjà essaimé quantité d’expressions dont on dira un jour : « comme dit la chanson », sans préciser « de Morel », lequel s’en foutra tout à fait, vu qu’il a toujours eu le sens du terme. Daniel PENNAC 4 © Bernard Richebé Dans le rôle de Monsieur Jourdain Le Bourgeois gentilhomme 1 Le Bourgeois gentilhomme Le Bourgeois gentilhomme Le bourgeois gentilhomme, comédie-balet faite à Chambort, pour le divertissement du Roy, 1673 Auteur Molière Genre Comédie-ballet Nb. d'actes Durée approximative 5 3h55 Musique de scène Jean-Baptiste Lully Lieu de parution versailles Date de parution 1670 Date de la 1re représentation en français 14 octobre 1670 Lieu de la 1re représentation en français Château de Chambord Compagnie théâtrale Troupe de Molière Le Bourgeois gentilhomme est une comédie-ballet de Molière, en cinq actes (comportant respectivement 2, 5, 16, 5 et 6 scènes)[1] en prose (sauf les entrées de ballet qui sont en vers), représentée pour la première fois le 14 octobre 1670, devant la cour de Louis XIV, au château de Chambord par la troupe de Molière. La musique est de Jean-Baptiste Lully, les ballets de Pierre Beauchamp, les décors de Carlo Vigarani et les costumes turcs du chevalier d'Arvieux. Dans cette pièce, Molière se moque d'un riche bourgeois qui veut imiter le comportement et le genre de vie des nobles. Ce spectacle est très apprécié par la Cour et Louis XIV qui le redemande plusieurs fois. Dès la fin du XIXe siècle, une parenté indéniable entre Le Bourgeois gentilhomme et L'Apprenti gentilhomme de Francisco Manuel de Melo est signalée.[réf. nécessaire] Le Bourgeois gentilhomme 2 Un chef-d'œuvre du genre Cette pièce incarne le genre de la comédie-ballet à la perfection et reste l'un des seuls chefs-d'œuvres de ce genre noble qui ait mobilisé les meilleurs comédiens et musiciens du temps (avec Lully notamment). L'une des raisons du succès qu'elle remporta immédiatement est le goût de l'époque pour ce qu'on appelait les turqueries. L'Empire ottoman était alors un sujet de préoccupation universel dans les esprits et on cherchait à l'apprivoiser. L'origine de l'œuvre est liée au scandale provoqué par l'ambassadeur turc Soliman Aga, qui, lors de sa visite à la cour de Louis XIV en 1669, avait affirmé la supériorité de la cour ottomane sur celle du Roi-Soleil. Intrigue Monsieur Jourdain « Suivez-moi, que j'aille un peu montrer mon habit par la ville. » (Acte III scène 1) Étant un bourgeois, M. Jourdain entend acquérir les manières des gens de qualité. Il décide de commander un nouvel habit plus conforme à sa nouvelle condition et se lance dans l'apprentissage des armes, de la danse, de la musique et de la philosophie, autant de choses qui lui paraissent indispensables à sa condition de gentilhomme. Il courtise Dorimène, amenée sous son toit par son amant, un comte autoritaire, qui entend bien profiter de la naïveté de M. Jourdain et de Dorimène. Sa femme et Nicole, sa servante, se moquent de lui, puis s'inquiètent de le voir aussi envieux, et tentent de le ramener à la réalité du prochain mariage de sa fille Lucile avec Cléonte. Mais ce dernier n'étant pas gentilhomme, M. Jourdain refuse cette union. Cléonte décide alors d'entrer dans le jeu des rêves de noblesse de M. Jourdain, et avec l'aide de son valet Covielle, il se fait passer pour le fils du Grand Turc. Il obtient ainsi le consentement de M. Jourdain, qui se croit parvenu à la plus haute noblesse après avoir été promu « Mamamouchi » lors d'une cérémonie turque burlesque organisée par les complices de Covielle. Le Bourgeois gentilhomme 3 Personnages M. Jourdain est un personnage créé et joué par Molière lui-même. C'est le personnage principal du récit, il est l'étudiant en « gentilhommerie ». Il est amoureux de la marquise Dorimène. M. Jourdain est un personnage unique dans l'ensemble de l'œuvre de Molière ; il représente une vie imaginaire. Il aime les flatteries nobiliaires et y croit, aspirant à devenir gentilhomme. Il est vaniteux, naïf et capricieux. Mme Jourdain est, dans l'ensemble des personnages féminins de Molière, une figure singulière. Elle apparaît dans peu de scènes de la comédie, et quand cela arrive, c'est toujours pour s'opposer à son mari soit en face, soit par des coups bas. C'est le personnage le plus « vieux jeu » de la pièce, mais elle n'est jamais ridiculisée et a quand même joué un rôle d'intrigante envers monsieur Jourdain à la fin de l'histoire. Lucile est la fille de M. Jourdain. Elle représente dans cette pièce, un des principaux contrastes. Elle garde les aspects fragiles de la jeune fille amoureuse, naïve. Monsieur Jourdain : J'enrage. Nicole : De grâce, Monsieur, je vous prie de me laisser rire. Hi, hi, hi. Le Bourgeois gentilhomme (gravure de Moreau le jeune) Nicole, la servante, forte de son rire et de son caractère paysan, parle devant son maître d'une façon décontractée et sans complexe, comme la plupart des servantes apparaissant chez Molière. Cléonte est le cliché de l'amoureux honnête homme, devenu dans Le Bourgeois gentilhomme, un jeune libertin jouant un amoureux transi prêt à tout pour que son amour soit réciproque, même à se déguiser en imaginaire fils du Grand Turc. Covielle est le valet de la pièce, il est à Cléonte ce que Nicole est à Lucile. Mais son rôle bascule : il n'est plus le valet balourd et devient le maître de la comédie de la « turquerie ». Dorante joue un rôle déconcertant. Intrigant et sans scrupule, c'est aussi le complice du piège organisé par Covielle et Cléonte. Dorimène est une veuve qui se permet de tout faire, malgré tous les efforts de M. Jourdain. Elle sous-entend à l'acte III qu'elle va épouser Dorante et confirme ses dires à l'acte IV. Le Maître de musique est un homme pratiquant l'art pour gagner de l'argent. Il considère M. Jourdain comme un moyen facile de s'enrichir, et s'oppose en cela au Maître à danser, qui profite des largesses de son élève mais voudrait qu'il soit capable d'apprécier la danse à sa juste valeur. Le Maître d'arme enseigne le maniement du fleuret à monsieur Jourdain. Très sûr de lui et de la supériorité de la science du combat, il provoquera une dispute entre lui, le Maître à danser et le Maître de musique par son mépris pour leurs arts. L'ensemble tournera à la bagarre quand le Maître de philosophie, plus rhéteur que véritable philosophe, décrètera la suprématie de ce qu'il appelle philosophie, quand on voit qu'il ne fait qu'apprendre à monsieur Jourdain les mouvements des lèvres intervenant dans la prononciation des voyelles et de quelques-unes des consonnes. Le Bourgeois gentilhomme 4 Expression populaire Dans l'acte II, scène IV, Monsieur Jourdain apprend, au cours d'un échange avec son maître de philosophie, qu'il dit de la prose depuis longtemps, sans le savoir : « Par ma foi ! il y a plus de quarante ans que je dis de la prose sans que j'en susse rien, et je vous suis le plus obligé du monde de m'avoir appris cela. » Par extension, Monsieur Jourdain désigne quelqu'un pratiquant une activité sans même avoir connaissance de son existence. Représentations Cette pièce fut représentée pour la première fois le 14 octobre 1670, devant la cour de Louis XIV, au château de Chambord par la troupe de Molière. En 2006, Alain Sachs en donna une représentation en décors et costumes modernes avec Jean-Marie Bigard dans le rôle de Monsieur Jourdain. En 2009, la compagnie des voyages imaginaires, de Philippe Car en propose une adaptation dans laquelle une partie des rôles sont interprétés par des pantins et des robots. Cette transcription de l'intrigue dans l'univers du théâtre japonais Bunraku innove également par sa distribution très réduite, les acteurs manipulant les autres personnages animés, et le Grand Turc devenant le Grand Truc. Le spectacle complet a été repris en 2010 à Versailles, dans une production de Vincent Dumestre et de Benjamin Lazar. Musique Par l'Advent Chamber Orchestra 1. Ouverture 2. Gravement 3. Sarabande 4. Bourrée 5. Gaillarde Canarie 6. Gavotte 7. Loure 8. Air des Espagnoles 9. Menuet 1 & 2 10. Chaconne des Scaramouche, Trivelins Le Bourgeois gentilhomme : documentation La presse en parle 23/01/2012 Un bourgeois en apesanteur Catherine Hiegel a fréquenté longtemps sa maison... elle n'a donc pas de mal à tutoyer Molière. Un Molière de tradition. « Le Bourgeois gentilhomme » qu'elle a créé à Orléans et qu'elle présente depuis la mi-janvier à Paris sent bon son XVII e siècle, comme « L'Avare » qu'elle a mis en scène il y a deux ans à la Comédie-Française, lorsqu'elle en était encore la doyenne. Le même décorateur est à l'oeuvre : Goury, les costumes somptueux sont signés du grand Patrice Cauchetier. C'est la fête à la Porte Saint-Martin, comme jadis à Versailles... On donne même à son « Bourgeois » un léger avantage sur « L'Avare ». La comédie-ballet est donnée dans toute sa plénitude : Lully est de la partie, avec ses airs et ses ballets. Il s'agit donc d'un spectacle total, avec danseurs, musiciens et chanteurs, auquel Catherine Hiegel sait donner du liant et du rythme. Mais, surtout, il y a quelque chose d'adolescent, de débridé dans ce « Bourgeois ». La troupe est jeune, enthousiaste et donne l'impression de vouloir faire la fête, de s'approprier cette « comédie musicale » hors d'âge - pour se faire plaisir et faire plaisir au public-roi. Goury utilise intelligemment les toiles peintes et le carton-pâte (...). Patrice Cauchetier s'en donne à coeur joie dans le style précieux XVIIe et les délires exotiques de la turquerie. Les belles lumières de Dominique Borrini créent une atmosphère onirique. Parti au petit trot, le spectacle s'emballe dans la seconde partie et la fête tourne à l'ivresse. Catherine Hiegel négocie parfaitement ce virage de la farce à la folie, instillant ce soupçon de noirceur sauvage, qui rend le personnage de Monsieur Jourdain plus douloureux que grotesque. Hilarant François Morel François Morel assume avec brio la névrose de son personnage : balourd ravi, stupide avec ferveur, les yeux écarquillés comme un fumeur d'opium. Sa descente aux enfers du ridicule, il la vit comme une montée au ciel, pensant gravir un à un les échelons de la « gentilhomme attitude ». Jusqu'à être élevé au rang de « grand mamamouchi », dans une mascarade où il croit donner la main de sa fille au Grand Turc, qui n'est autre que le jeune Cléonte grimé - le fiancé qu'il a lui-même éconduit. Morel-Jourdain fait rire, en suscitant la sympathie du public. Imperméable aux coups de bâton et aux moqueries, il irradie sous son turban de pacotille. Il a quitté le réel, habite totalement son rêve. Extatique, il ne touche plus terre. Dans leur genre, les autres personnages sont aussi déjantés : Marie-Armelle Deguy campe avec gourmandise une Madame Jourdain hystérique. Emmanuel Noblet (Dorante, le noble intrigant) et Héloïse Wagner (Dorimène, la riche veuve) forment un couple snob infernal. Les fiancés Camille Pélicier (Lucile) et Gilian Petrovski (Cléonte), comme les domestiques Géraldine Roguez (Nicole) et David Migeot (Covielle) ont le diable au corps... Les jeunes gens se dédoublent pour jouer les rôles savoureux de maîtres d'armes, de danse et de musique. Quant à Alain Pralon, il incarne à merveille le maître de philosophie arrogant et roué. Depuis toujours, l'homme a oublié d'être sage. Dans ce « Bourgeois » de gala, le divertissement n'occulte jamais la satire. Philippe Chevilley 5 Le Bourgeois gentilhomme : documentation 18/01/2012 François Morel, un délicieux Monsieur Jourdain Au Théâtre de la Porte-Saint-Martin, le comédien venu de la troupe des DeschampsDeschiens, humoriste, chroniqueur sur France Inter, chanteur inspiré, joue le rôletitre du Bourgeois Gentilhomme de Molière avec une malice et une cocasserie originales. C'est un poète. On ne le changera pas. C'est un poète et il illumine le grand plateau du Théâtre de la Porte-Saint-Martin de la candeur d'un homme amoureux. Endossant la monumentale robe de chambre d'Indienne de Monsieur Jourdain dans Le Bourgeois Gentilhomme, François Morel incarne un personnage plus touchant que ridicule, plus enfantin que caractériel, une sorte de Pierrot Lunaire dont le cœur s'est enflammé pour une belle Marquise. Mis en scène par Catherine Hiegel, qui fut des années durant une étoile de la ComédieFrançaise, le spectacle bénéficie d'une production fastueuse avec son orchestre baroque, ses danseurs, ses musiciens et la musique superbe de Lully. C'est la comédie-ballet telle que Molière la présenta au Roi Louis XIV à Chambord le 14 octobre 1670. Danseurs chanteurs et musiciens sont intégrés complètement au spectacle et lui donnent ses rythmes, son allégresse. Mais le déploiement spectaculaire ne serait rien sans une interprétation à la hauteur de cette œuvre irrésistible qui, même si on la connaît souvent très bien, continue d'étonner, de surprendre. Catherine Hiegel a réuni des comédiens de talent sûr, avec ce clin d'œil à la Maison Molière en la personne d'Alain Pralon, le maître de philosophie. Dans la partition casse-gueule de Madame Jourdain (elle rouspète et s'époumone contre les folies de son époux), Marie-Armelle Deguy est excellente (elle aussi est passée par le conservatoire et le Français). Dorante, qui exploite la générosité de Monsieur Jourdain, possède l'élégance déliée d'Emmanuel Noblet, qui joue également le volcanique maître d'armes tandis que Dorimène, sa maîtresse (la «belle marquise d'amour» de Jourdain!) est composée avec une réjouissante coquetterie par Héloïse Wagner. Saluons également Camille Pélicier, piquante Lucile, Géraldine Roguez, énergique Nicole, et Gilian Petrovski et David Migeot, maître de musique et maître à danser qui sont également Cléonte et Covielle. Mais évidemment, au centre, le grand François Morel nous enchante. Il touche lorsqu'il est heureux d'apprendre, il serre le cœur lorsqu'on le voit grugé par les arnaqueurs, on souffre car on croit à son amour… Mais rassurez vous, Monsieur Jourdain a la légèreté d'un enfant… et d'ailleurs après la Turquerie, il a des ailes Morel ! Armelle Héliot 6 Le Bourgeois gentilhomme : documentation 1er février 2012 Dans deux théâtres parisiens, enfants et adultes rient de bon cœur aux efforts d'un zigoto étrangement fagoté s'escrimant, grimaces à l'appui, à prononcer les voyelles de l'alphabet. Il s'agit de Monsieur Jourdain, bien sûr : « un bon bourgeois assez ridicule dans toutes ses manières », fait dire Molière à l'un des personnages du Bourgeois gentilhomme. Deux Jourdain en concurrence ? Celui que joue François Morel, à la Porte-SaintMartin, est irrésistiblement naïf, ahuri, enfantin. La mise en scène joyeuse de Catherine Hiegel évoque le théâtre de tréteaux : décor discret, orchestre de chambre pour faire résonner les airs de Lully. La chorégraphie soignée devient jolie sarabande à l'acte V - celui de la « turquerie », la supercherie dont Monsieur Jourdain, rêvant d'ascension sociale, est une facile victime. Moins de faste dans la petite salle du Théâtre 14 : des costumes et des danses presque ringards, mais un acteur en liberté, Marcel Maréchal, qui se met en scène lui-même. Son Jourdain réjouissant n'est plus tout à fait candide : c'est un vieux clown manipulateur, un excentrique qui affirme le droit de s'habiller en « mamamouchi » dans son salon - et tant pis si sa famille coincée n'y voit qu'extravagance. Sa « folie » le rend même meilleur : « J'étais en humeur de dire de jolies choses, et jamais je ne m'étais senti tant d'esprit », dit-il, comme touché par la grâce, à l'issue de son dîner avec l'inaccessible marquise. Et si Jourdain avait raison de vouloir quitter sa condition ? A méditer en attendant le troisième Bourgeois de la saison, celui que montera Denis Podalydès, en juin, au Bouffes du Nord... Aurélien Ferenczi 7 Le Bourgeois gentilhomme : documentation 22 décembre 2011 IL EST LE BOURGEOIS GENTILHOMME Morel chez Molière À Monsieur Jourdain, l’ancien des Deschiens donne son humour, sa tendresse et sa popularité. Rencontre à Orléans Il met en scène les merveilleux « Instants critiques », vient d’écrire une nouvelle chanson pour Juliette Gréco et, dans « Le Bourgeois Gentilhomme », il suit les conseils de son père : « Continue à faire rire, François ! » Il en rêvait, il le fait : à la fin du « Bourgeois gentilhomme », il s’envole, ébahi, au ciel du théâtre entre des cumulonimbus de carton-pâte. Si Monsieur Jourdain fait de la prose sans le savoir, François Morel, lui, sait très bien pourquoi il joue Molière dans une production du théâtre privé de la Porte Saint-Martin, montée sur son nom (sur l’affiche, à lui dévolue, il offre en gros plan son bon sourire). D’abord, ce rôle le changeait de sa sympathique « petite entreprise » - entendez des spectacles taillés sur mesure, pour lui ou ses amis. Ensuite, il se savait en bonne compagnie : Catherine Hiegel, grande comédienne, ex-sociétaire de la Comédie-Française, le dirige dans une mise en scène mordante de la comédie-ballet de Molière et Lully. Vêtu d’indienne, de soie rouge et de volutes de dentelle sur fond de toiles peintes, François Morel trône en Monsieur Jourdain au milieu de vingt danseurs, chanteurs et acteurs. Il s’enchante à prendre des cours avec un philosophe irrésistible qui sait de plus manier le fleuret (Alain Pralon, ex du Français lui aussi), à contredire une Madame Jourdain en acier trempé (Marie-Armelle Deguy), et à séduire une Dorimène (Héloïse Wagner) qui, selon l’idée géniale de Catherine Hiegel, pour être une grande dame, est d’abord une cocotte de luxe… Ce Monsieur Jourdain naïf qui tente de changer de classe en empruntant à la culture « de la haute » avait tout pour séduire Morel qui passe, comme il le dit lui-même, pour « un brave type, un peu lunatique ». Quant au chroniqueur de France-Inter, qui s’emploie à ce que « même ceux qui ne votent pas comme moi aient quand même envie de m’écouter jusqu’au bout », on devine qu’il aimerait bien désinhiber les spectateurs intimidés par le théâtre classique. « Le rire et l’humour ne sont jamais incompatibles avec l’intelligence », dit-il, un matin de décembre, au pied d’une des nombreuses statues de Jeanne d’Arc que compte Orléans, ville de naissance de son « Bourgeois gentilhomme ». Dans son panthéon personnel, il y a Guy Bedos, Zouc et Raymond Devos. Mais aussi Louis Seigner, le Jourdain légendaire de la Comédie-Française. François Morel ne prétend pas jouer dans la même catégorie, mais il touche, il amuse, sans jamais faire rigoler gras. Dans son « Bourgeois gentilhomme », le pouvoir de l’argent, et celui de la supériorité culturelle, est un plat qui se mange froid, et où le rire tient chaud. Odile Quirot 8 Le Bourgeois gentilhomme : documentation 28 janvier 2012 Monsieur Jourdain ce monstre Avant d’aller revoir, au Théâtre 14, Marcel Maréchal dans le rôle de Monsieur Jourdain, qui lui est familier et dont il fait un vieil enfant roué, on avait hâte de découvrir à la fois la version que donne du personnage François Morel et le travail de Catherine Hiegel sur la pièce, qui la monte avec des moyens importants dans son exacte configuration de comédie-ballet. C’est en effet un « grand spectacle » que nous offre la Porte Saint-Martin. Un authentique spectacle populaire, brillant, jeune, lumineux, joyeux avec plus de vingt artistes, acteurs, musiciens, chanteurs, mais sans bling-bling excessif, sans préciosité, sans vulgarité. Un spectacle de facture classique, mais avec une tonalité astucieusement moderne pour ce qui est de la scénographie, du décor, de la chorégraphie. On attendait donc François Morel. C’est gagné. Il est conforme à ce que l’on pressentait, il est lui-même. Pas de fatuité, pas de méchanceté. Bonhomme, sympathique, rond, une candeur d’imbécile heureux. Lou Ravi. Il donne au personnage une humanité inhabituelle, c’est original et touchant. On est presque tenté en le voyant d’aimer Jourdain. Mais cette humanité, c’est celle de Morel. Car en vérité, ce bourgeois parvenu est un monstre. Et l’on aime bien le regard que porte Hiegel sur le texte de Molière. Il est exact, sans pitié. La pièce est d’une cruauté implacable à laquelle personne n’échappe, à l’exception de Madame Jourdain, symbole de la sagesse et de la raison et qu’interprète très justement Marie-Armelle Deguy. Le reste n’est que ridicule et médiocrité. Le couple Dorante-Dorimène est très réussi (Emmanuel Noblet et Héloïse Wagner). Les maîtres sont excellemment caricaturés dans leur enflure bouffonne. Plus qu’une comédie, Le Bourgeois gentilhomme est une farce, un réquisitoire absolu contre la vanité bourgeoise, le mépris des grands et la bêtise humaine. Sous le masque comique, c’est une œuvre sombre, que vient éclairer pour les besoins de la cause mondaine la légèreté de la danse et de la musique, et que vient ponctuer une mascarade tragique. L’image de Monsieur Jourdain, dépouillé avec violence de sa magnificence, réduit à la nudité et à la solitude, est très éloquente. François Morel la traduit avec une forte vérité. Un chef d’œuvre servi par un excellent spectacle. Philippe Tesson 9 Le Bourgeois gentilhomme : documentation 11/01/2012 Monsieur Jourdain, ce bon bourgeois qui se rêve gentilhomme, n'est pas prêt de se démoder… La pièce de Molière gardera tout son propos tant que des miroirs aux alouettes attireront l'être humain. Catherine Hiegel nous a concocté une petite merveille où se mélangent avec intelligence, classicisme et modernisme. Il n'y a rien de péjoratif dans ce « classicisme » car il est au service du texte et des comédiens. Comme cela l'était pour « L'avare », sa dernière mise en scène au Français. Mais ici, la comédie est sur le ton de la farce et de ce fait, Mme Hiegel déploie une créativité débordante d'humour et de trouvailles scéniques. C'est aussi une comédie-ballet, l'ancêtre de la comédie musicale, donc cela danse sur scène et la musique de Lully est jouée en direct. Quant aux décors, costumes, lumières, l'ensemble brille de mille couleurs. Dans la belle salle du Cado d'Orléans, où le spectacle a été créé, grands et petits étaient à la fête. François Morel a revêtu le costume de ce naïf bourgeois avec tout le talent qu'on lui connaît. Il a un sens du comique à la Bourvil, où la facétie cache une grande sensibilité. Une mimique, une rupture, un geste, un regard, et nous voilà pris au piège de son interprétation. D'autant plus que ce rôle lui va à merveille… Autour de lui, Catherine Hiegel a réuni une véritable troupe composée de comédiens, danseurs et musiciens. Ils sont parfaits, et pardon de ne pas pouvoir tous les citer… Marie-Armelle Deguy incarne avec esprit une Madame Jourdain terrestre. Alain Pralon philosophe avec malice. David Migeot, Emmanuel Noblet, Gilian Petrovski endossent plusieurs rôles, et pas des moindres, exhibant toute la richesse de l'art théâtral. Camille Pélicier est une adorable jeune première. Héloïse Wagner joue à la perfection la futile Dorimène. Quant à Géraldine Roguez, délicieuse Nicole, elle se sort haut la main de la fameuse scène du rire. Un régal. Marie-Céline Nivière 1er février 2012 TT (…) La mise en scène de Catherine Hiegel, avec une trentaine d'acteurs, danseurschanteurs et un ensemble baroque, a tout du show fastueux de haut vol. Dans le rôle de monsieur Jourdain, François Morel est le centre brillant d'un spectacle qui ridiculise la culture snob et les aspirations bling-bling. Émouvant dans son désir d'apprendre, poète amoureux, candide dans ses rapports avec des professeurs arrogants et cruels, il est toujours drôle avec légèreté. Autour de lui, Catherine Hiegel a réuni une belle équipe. Marie-Armelle Deguy est excellente en épouse bourgeoise furibarde ; Alain Pralon fait un maître de philosophie insupportable de suffisance, mais Héloïse Wagner (Dorimène), Camille Pélicier-Brouet (Lucile) et les autres jouent également très bien. Sylviane Bernard-Gresh 10 Le Bourgeois gentilhomme : documentation Un Monsieur Jourdain attachant et touchant d'humanité. Mis en scène par Catherine Hiegel, François Morel dessine un portrait tendre du fou Monsieur Jourdain. C’est l’une des comédies les plus populaires de Molière, les plus traduites dans le monde. Cela ne l’a pas empêchée d’être classée longtemps (mais n’est-ce pas encore souvent le cas ?) dans le registre de ses œuvres mineures, loin des pièces comme "Tartuffe", "Dom Juan" et autres "Misanthrope" ! Créé le 14 octobre 1670 à la demande du roi pour ses fêtes à Chambord, Le Bourgeois gentilhomme ne saurait se réduire, cependant, à un simple divertissement. Par delà l’histoire cocasse d’un drapier, nouveau riche pris de la folie de frayer avec l’aristocratie, se dessine le portrait d’une personnalité plus complexe, parvenu sans culture, certes, mais aussi brave homme, dont le seul tort est de vouloir vivre ses désirs maintenant qu’il en a les moyens. Ceci explique sans doute la fascination que ce bourgeois ne cesse d’exercer sur les comédiens. Après Raimu, Louis Seigner, Jacques Charron, Fernand Raynaud, Jérôme Savary, Michel Robin ! (sans oublier Michel Galabru et Michel Serrault au cinéma !), c’est au tour de François Morel d’endosser le rôle en même temps que sa belle robe à indienne, comme en « portent les gens de qualité » . Un Monsieur Jourdain tout en justesse, en nuances, en humanité Dirigé par Catherine Hiegel qui signe une mise scène d’un classicisme ballottant entre noirceur et merveilleux, son bourgeois est un Monsieur Jourdain tout en justesse, en nuances, en humanité. Dur en affaires (n’a-t-il pas gagné le pouvoir et l’argent ?), mais aussi d’une naïveté touchante lorsqu’il se laisse entraîner dans ses délires qui ne sont que rêves d’enfant. Des rêves qui virent à l’illusion plus forte que le réel dans l’extraordinaire « turquerie » finale et son ballet des Nations façon Indes galantes fascinantes et inquiétantes. C’est alors qu’aux accords de l’ensemble baroque La Rêveuse d’Orléans, flanqué d’un haute-contre, un baryton et une soprano réveillant les accords composés par Lully pour cette « comédie-ballet», François Morel, devenu « mammouchi », s’élève dans les airs, la mine béate. Abandonnant à leur sort, sur la misérable terre, femme, enfants, professeurs, marquise!, tous interprétés par une distribution se mesurant à son aune : Camille Pélicier, Gilian Petrovski, Géraldine Roguez, David Migeot et surtout, Marie-Armelle Deguy (Madame Jourdain) et Alain Pralon, le maître de philosophie ! Didier Méreuze 11 Le Bourgeois gentilhomme : documentation 16 novembre 2011 De très longs applaudissements et de nombreux rappels ont salué, hier soir, la première représentation de la nouvelle création du Cado. Un enchantement. Voici un spectacle complet dont on ressort charmé. Charmé et heureux. Depuis hier soir, la comédie-ballet de Molière « Le bourgeois gentilhomme », mise en scène par Catherine Hiegel, est donnée au théâtre d’Orléans. Un beau moment de divertissement. Car tout, ici, concourt au sourire, au rire et à la bonne humeur. Et en premier lieu, le personnage de Monsieur Jourdain interprété par François Morel, tout simplement excellent dans le rôle de cet homme cherchant à paraître un autre et à s’élever de sa condition. Drôle et touchant en bourgeois qui se veut gentilhomme. Vraiment, quel plaisir de réentendre la pièce de Molière : la fameuse leçon de philosophie, le billet « Belle marquise vos beaux yeux me font mourir d’amour » jusqu’à la cérémonie finale du grand mamamouchi... Durant près de 2 h 30, François Morel et ses complices, musiciens, danseurs et comédiens (Alain Pralon en maître de philosophie, Marie-Armelle Deguy en Madame Jourdain...), nous régalent de leurs rêves et de leur folie. Julie Poulet-Sevestre 22/01/2012 (…) La production de la Porte-Saint-Martin avec le CADO d'Orléans où est né le spectacle, est cossue : orchestre, chanteurs, danseurs font de la comédie-ballet de Molière et Lully, une fête de qualité. Dans le rôle de Monsieur Jourdain, François Morel. Il est mis en scène par Catherine Hiegel. François Morel est un poète, très personnel, très imaginatif. Son Jourdain a la candeur d'un enfant. Il est si heureux de découvrir le monde, le savoir. Il est amoureux de Dorimène. Et cela lui donne une légèreté merveilleuse. Un interprète tout en nuances, très personnel. Un doux, un tendre, dans la lignée de Roland Bertin qui le joua au Français dans la somptueuse mise en scène de Jean-Luc Boutté. Armelle Héliot 12 Le Bourgeois gentilhomme : documentation Janv. 2012 Le Théâtre de la Porte Saint Martin regarde cette saison du côté de la maison de Molière en proposant une version fastueuse du "Bourgeois Gentilhomme" mis en scène par l'ancienne doyenne de la Comédie Française, Catherine Hiegel elle-même. Cette comédie ballet, qui allie l'écriture de Molière aux musiques de Lully, est propre a déployer les dispositifs scéniques les plus extravagant. Catherine Hiegel signe néanmoins une mise en scène très classique qui souligne particulièrement l'aspect farce de cette comédie au demeurant fort divertissante. Décors, musique, costumes de Patrice Cauchetier, performances vocales de l'Ensemble baroque La rêveuse et danses parfaitement intégrées au spectacle, semblent sortis du spectacle originel présenté au Roi Soleil, dans un premier degré bling-bling assumé. François Morel rêvait depuis longtemps d'incarner Monsieur Jourdain, ce bourgeois épris de grandeurs jusqu'à la folie, dispensant son argent à une armée de profiteurs chargés de l'instruire ou de l'introduire et sombrant peu à peu dans un ridicule qui ira jusqu'au grotesque. Ce rôle semble en effet taillé sur mesure pour l'ancien Deschiens qui compose pour le Grand Mamamouchi Jourdain un personnage dans la lignée de ce qu'il a pu faire auparavant: naïf, ahuri, presque enfantin, avec des irruptions de violences autoritaires frôlant parfois l'absurde. Si la pièce repose évidemment grandement sur cette interprétation, Catherine Hiegel a su également s'entourer d'habiles comédiens, tel Alain Pralon, sociétaire de la Comédie Française, qui incarne un maitre de philosophie éclairé ou encore Géraldine Rodez qui campe une Nicole dans la ligne directe du génie comique de Molière. Ce Bourgeois Gentilhomme est une farce burlesque qui fait la part belle au divertissement, laissant un peu de côté le comique incisif et spirituel de Molière. On espérait de la part de Catherine Hiegel une mise en scène un peu plus inspirée. Il n'en demeure pas moins un très bon moment de théâtre. Les deux heure trente, plus entracte, que durent le spectacle passent très rapidement et sont ponctués sans cesse des rires d'un public tout acquis au frasques moréliennes jusqu'à l'apothéose finale, grandiose. Cécile B. B. 13 Le Bourgeois gentilhomme : documentation 31/01/2012 Répondant au souhait de divertissement du roi Louis XIV, cette comédie de Molière fut créée le 14 octobre 1670 à Chambord. Depuis, elle a fait l’objet de très nombreuses mises en scène en France et à travers le monde, bien qu’elle ne soit pas considérée comme une œuvre majeure de l’auteur de Don Juan, Tartuffe, L’Avare ou du Misanthrope. Nouveau riche sans culture, Monsieur Jourdain, rêve d’intégrer la noblesse et ainsi devenir “ un homme de qualité ”. Pour se faire, il engage des maîtres pour s’ouvrir à la connaissance de la musique, de la danse, des armes et de la philosophie. Il tente d’imiter les usages de la classe enviée jusque dans ses vêtements et accessoires - devenant adepte du “bling - bling” avant la lettre – et tombe amoureux d’une jeune marquise, sans hésiter à dilapider sa fortune, mettre en danger son ménage ou sacrifier le bonheur de sa fille. Un personnage qui a tenté bon nombre de comédiens au fil de ces dernières années, de Louis Seigner et Jacques Charon à Jérôme Savary ou Michel Robin. Aujourd’hui, c’est au tour de François Morel d’interpréter le rôle de ce bourgeois prenant ses rêves pour des réalités. Il lui apporte dans un mélange nuancé de naïveté et d’humour - parfois aux limites du surréalisme – et jusque dans l’expression de ses excès tyranniques et de ses illusions, une attachante humanité. Comédienne de grand talent, Catherine Hiegel a fréquenté Molière à maintes occasions durant ses quatre décennies passées à la Comédie-Française. Comme interprète, mais également en réalisant trois mises en scène de ses œuvres (Le Misanthrope, Georges Dandin, L’Avare). En assurant hors de cette institution, une nouvelle version du Bourgeois, elle n’a pas tenté une relecture de la pièce mais s’être surtout attachée, parfois avec malice, à rester fidèle à l’esprit festif de cette comédie – ballet. Profitant des moyens importants offerts par cette production du Cado-Orléans, la représentation intègre, dans le décor allégorique de Goury, (toile peinte et moulages kitch), une vingtaine de comédiens, danseurs, chanteurs et musiciens. Les musiques composées par Lully étant interprétées avec application par l’ensemble de musique baroque orléanais La Rêveuse. Dans les costumes colorés de Patrice Cauchetier, qui semblent répondre à l’univers illusoire de Monsieur Jourdain, l’interprétation autour de François Morel est surtout marquée par la présence de Marie – Armelle Deguy ( tonique Madame Jourdain), Alain Pralon ( jubilant maître de philosophie) ou Géraldine Roguez (piquante Nicole). (…) Jean Chollet 14 Le Bourgeois gentilhomme : documentation 23 février 2012 Si vous n’avez plus de temps à perdre et que les pantalonnades de fond de scène et autres estramaçonnantes niaiseries parisiennes vous courent le haricot, allez vous en carrer séant, séance tenante, dans les velours du Théâtre de la Porte-Saint-Martin. Vous n’avez pu les manquer tant on les loue : François Morel et la formidable Mme Hiegel se vengent des tartuffes de scène en montant un « Bourgeois » bigrement bon. Quelle mouche, se prend-on à penser en sortant, piqua la Comédie-Française d’avoir remercié, sans trop d’ambages, cette Catherine Hiegel-là. Quand on voit ce que cette fée accomplit comme miracle en un lieu tout aussi doré et tapissé, néanmoins rival de la maison de Molière, qui pantoufle gentiment avec un Goldoni oubliable. Ce théâtre est celui de la Porte-Saint-Martin. Elle y fait entrer son savoir-faire, ses amis, de remarquables jeunes comédiens et du talent. Un décor somptueux et, comble, conçu pour les comédiens. Des entrées, des sorties en veux-tu en voilà, ménagées entre des toiles peintes, tendues en cyclo, une « tournette » pour les musiciens à la viole, au clavecin et au théorbe, et dix idées de ce genre à la minute. Certains portent leurs Bourgeois à bout de bras, elle le porte aux nues… littéralement, car François Morel finit suspendu dans ses nuages, flottant dans sa sainte nigauderie… et porté par la bonté des comédiens qui l’entourent, la grâce des dieux du théyââtre semblant avoir touché la quinzaine de comédiens et danseurs au diapason. Distinguons tout de même Géraldine Roguez dans le rôle de la servante Nicole, Emmanuel Noblet dans le rôle de Dorante. Et encore Héloïse Wagner dans le rôle de la cruche Dorimène. Des perles. Et c’est peu dire qu’ils ne prennent pas le temps de les enfiler : deux heures vingt, et le spectacle est plié. Plié façon origami : avec art, joliment et d’un seul morceau. Alain Pralon en formidable camelot du savoir Tout au cordeau. En subtilités cependant, à l’image de l’interprétation de François Morel, béatifié en Jourdain magnifique, gagnant l’Olympe des benêts après avoir fait souffrir sa famille et rêvé tromper sa moitié. Lui, qui pourtant connaît mieux qu’aucun marchand le prix des choses, se laissera donc rouler dans la farine, gruger, duper, abuser, berner. Mené par le bout du nez par le maître de philosophie (Alain Pralon en formidable camelot du savoir) ou baladé par le maître à « dancher » (David Migeot), tantôt enfant candide, tantôt calculateur funeste, le dictateur aux petits pieds se consolera en devenant mamamouchi aux longues babouches. Son pied, manifestement, Morel le prend en explorant le rire sous toutes ses coutures, du jaune au franc, en passant par le piquant… Et Catherine Hiegel fait de ce pied un nez : joli pied de nez à ces ronflantes maisons de théâtre, qui innovent en rond et se barbent ellesmêmes. Cette grande dame monte, et montre, avec brio de quel bois elle se chauffe, en faisant brûler les planches par des seigneurs de l’art drama’. Le bon peuple eût-il de tels gentilshommes plus souvent chargés de ses menus plaisirs, sans doute bouderait-il moins fauteuils et strapontins, ici pris d’assaut. Quitte à donner, à son tour, dans le « bourgeois », en appréciant qu’on le régale ! ¶ Olivier Pansieri et Cédric Enjalbert 15