DANS 150 ANS

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DANS 150 ANS
DANS 150 ANS
"Dans 150 ans, on s’en souviendra pas, de ta première ride, de nos mauvais choix, de la vie qui nous
baise, de tous ces marchands d’armes, des types qui votent les lois là-bas au gouvernement, de ce monde
qui pousse, de ce monde qui crie, ... Dans 150 ans, on s’en souviendra pas, de la vieillesse qui prend, de
leurs signes de croix, de l’enfant qui se meurt, des vallées du tiers monde ... "
Ce sont là quelques extraits d’une chanson de Raphaël, poète et chanteur tout à la fois. Chanson
mélancolique, mais ô combien véridique. Que restera-t-il en effet de notre actualité dans 150 ans ?
Vous et moi, nous ne serons de toute façon plus là, pour voir et entendre ce que diront de nous, les
historiens et éditorialistes du temps futur.
"Dans 150 ans, on n’y pensera même plus, à ce qu’on a aimé, à ce qu’on a perdu ... finir tous dans la
terre, mon dieu ! Quelle déconvenue. Regarde ces squelettes qui nous regardent de travers, et ne fais pas
la tête, ne leur fais pas la guerre, il leur restera rien de nous, pas plus que d’eux, j’en mettrais bien ma
main à couper ou au feu"
Pour Raphaël, comme pour une grande majorité d’entre nous, une conclusion s’impose : "Alors souris."
C’est-à-dire vis, aujourd’hui ! Profite de la vie maintenant, parce que dans 150 ans de toutes façons tu ne
seras plus là.
Il y a une froide lucidité dans les paroles de ce poème, mais on peut aussi y entendre la résignation et le
fatalisme, parce que d’une part nous ne pouvons rien changer à l’échéance de notre propre mort, "Finir
tous dans la terre, mon dieu ! Quelle déconvenue." ... et d’autre part, parce que nous sommes impuissants
à changer le court de l’histoire d’un présent qui semble bien gris et qui pèse lourd sur le cœur du poète
qui voit les "marchand d’armes, les gouvernements, le monde qui crie, l’enfant qui meurt, les vallées du
tiers monde, la course solennelle qui condamne sans ciller".
"Souris ... vidons nos bières" chante Raphaël.
Faut-il détourner les yeux face à la souffrance des hommes ? Faut-il se taire devant l’absurdité d’un
monde qui déploie tant de puissance pour augmenter ses profits et qui fait si peu –et si mal– pour que
reculent la misère et la violence ?
Face à la réalité de notre temps, nous sommes devenus fatalistes sinon indifférents.
Oui il faut profiter de la vie ! Tout faire pour être heureux est une bien noble tâche et je ne serai jamais le
dernier à m’appliquer à cultiver ce qui, dans ma vie, fait mon bonheur. Mais il n’y a de bonheur possible
qu’à le vivre en société. Nous ne vivons pas sur une île déserte ou dans le silence d’un désert, mais bien
au milieu des hommes.
Je peux fermer les yeux sur ces images de violence qui ne cessent de les brûler. Je peux boucher mes
oreilles pour ne plus entendre les cris de la colère ou les râles de la souffrance, mais la réalité du temps
présent n’en sera pas changé pour autant. J’aimerais que dans 150 ans, on puisse dire que notre génération
a su réagir et que le monde en a été changé... mais autour de moi, je ne vois que résignation, fatalisme et
un égoïsme forcené qui nous poussent à protéger une illusoire richesse et une utopique sérénité. "Alors
souris".
Dieu, lui, ne s’est pas résigné à notre sort. Très souvent on le pointe du doigt en l’accusant d’être le
responsable de la souffrance des hommes, ou de ne pas intervenir pour la faire cesser. Mais que dirionsnous d’un Dieu qui nous priverait de la liberté de l’aimer ou de le haïr. Un poète grec à un jour écrit ceci :
"Dieu peut tout, sauf nous forcer à l’aimer".
"Du haut du ciel, l’Eternel regarde la terre. Il voit tous les humains, dit un psaume qui poursuit ainsi : De
son trône, il observe tous les habitants de la terre. Il a formé leur cœur à tous, et il reste attentif à chacun
de leurs actes." (Psaume 33:13-15)
Dieu n’est pas indifférent à notre vie, il ne s’est jamais résigné au saccage de sa création. Ce n’est pas
Dieu qui est l’auteur de tous les maux de notre temps... Comment d’ailleurs peut-on aujourd’hui accuser
une personne dont on rejette la présence et jusqu’à l’existence ? N’est-ce pas une façon que les hommes
utilisent pour décliner leur propre responsabilité ?
A l’opposé du spectacle quotidien de la comédie humaine, le Psaume nous dit que "Dieu aime la justice et
la droiture. L’amour de l’Eternel remplit la terre." ... L’amour de Dieu remplit la terre, mais nous ne
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savons pas ou ne voulons pas le voir et le reconnaître, parce qu’il faudrait alors reconnaître nos propres
égarements et tout faire pour changer.
Face à la réalité de notre vie et de nos révoltes, encore une fois, Dieu aurait pu hausser les épaules et nous
tourner le dos. C’est pourtant encore lui qui va faire le premier pas en venant à notre rencontre en la
personne de Jésus-Christ. Mais de lui aussi les hommes n’ont pas voulu, puisqu’ils l’ont supprimé.
Pourtant, comme l’annonçait le prophète Esaïe : "Ce sont nos souffrances qu’il a portées, C’est de nos
douleurs qu’il s’est chargé... Il était transpercé à cause de nos crimes, écrasé à cause de nos fautes ; Le
châtiment qui nous donne la paix est (tombé) sur lui, Et c’est par ses meurtrissures que nous sommes
guéris... l’Éternel a fait retomber sur lui la faute de nous tous."
"Dans 150 ans, on s’en souviendra pas, de nos mauvais choix, de la vie qui nous baise" chante Raphaël.
Je ne connais pas vos choix personnels. Quant à moi, j’ai définitivement choisi de dire "oui" à l’amour de
Dieu qui s’est totalement révélé en Jésus-Christ... et ça, c’est une réalité qui durera bien plus que 150 ans,
puisque c’est pour l’éternité que cet amour m’a été donné.
Didier Roca
"Dans 150 ans"
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