Suivi du milieu marin en Palme Masque Tuba

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Suivi du milieu marin en Palme Masque Tuba
Suivi du milieu
marin en Palme
Masque Tuba
Guide méthodologique
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à condition que la source soit dûment citée. La reproduction à des fins commerciales, notamment en vue de la vente, est interdite sans autorisation écrite
préalable du détenteur des droits d’auteurs.
Responsable de la publication : MedPAN
Coordination : M. Mabari, MedPAN
Copyright : © 2014 - MedPAN, Parc national des Calanques, GIS Posidonie
Citation : Imbert M. , Bonhomme P. 2014. Suivi du milieu marin en Palmes Masque Tuba, Notes méthodologiques. Parc national des Calanques, CEN PACA, GIS Posidonie.
MedPAN Collection. 70 pp
Mise en page : Jérôme Bourgeix
Impression : Reprosystèmes, Toulon
Photo de couverture : M. Imbert, CEN PACA
Autres photos : Mathieu IMBERT et Jean Patrick DURAND sauf mention contraire.
Disponible auprès de: MedPAN
48 rue St Suffren
13006 Marseille
www.medpan.org
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COLLECTION
COLLECTION
Suivi du milieu marin
en Palme Masque Tuba
Notes méthodologiques
Date : 2014
Auteurs : Mathieu Imbert, Parc national des Calanques / CEN PACA
Avec le soutien de : Patrick Bonhomme, GIS Posidonie
Application des protocoles scientifiques sur le terrain :
Mathieu IMBERT, Christophe LAUZIER, Jean Patrick DURAND, Axel HAURIE,
Patrick BONHOMME, Adrien CHEMINEE, Marc VERLAQUE, Thierry THIBAUT,
Eric CHARBONNEL
Organismes scientifiques et gestionnaires d’Aires Marines Protégées
consultés :
Parc Marin de la Côte Bleue, Parc national de Port Cros, Réserve Naturelle de Cerbère
Banyuls, Groupement d’Intérêt Scientifique Posidonie, Observatoire Marin du Littoral
des Maures, Réserve Naturelle de Scandola, Réserve Naturelle des Bouches de
Bonifacio, Station de Recherche Océanographiques et sous marines (STARESO),
Station Marine de Sète, Association de défense de l’environnement et de la nature
des pays d’Agde (ADENA), Septentrion environnement, Institut Océanographique
Paul Ricard, Ecomers, Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer
(IFREMER), P2A Développement, Centre de Formation et de Recherche sur les
Environnements Méditerranéens (CEFREM), Agence des Aires Marines Protégées
(AAMP), Riserva Marina Miramare, Fondazione IMC International Marine Centre Onlus,
Università di Bologna, Mediterranenan Center for Enviromental Monitoring, Institute
For Marine Biology Kotor, Nacionalni park Brijuni.
Remerciements :
« Je tiens à remercier tous les scientifiques et gestionnaires d’aires marines
protégées qui ont pris le temps d’apporter leur expertise et leur conseil pour que ce
travail voit le jour. Je tiens plus particulièrement à remercier Patrick Bonhomme pour
son appui, ses conseils et sa très grande motivation. » Matthieu Imbert
SUIVI DU MILIEU MARIN EN PALME MASQUE TUBA
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COLLECTION
Chef de file
Parc national des Calanques
Dixième du nom, le Parc national des Calanques a été créé le 18 avril
2012 par décret du Premier ministre. Aux portes d’une agglomération
de près d’un million d’habitants, il est le premier en Europe à la fois
terrestre, marin et périurbain. Son coeur de zone couvre 8 500 ha à terre
répartis sur 3 municipalités et 43 500 ha en mer. tSes principales missions
sont de concilier la préservation des patrimoines
naturels et culturels du territoire avec les activités humaines ; accueillir,
informer et sensibiliser le public ; lutter contre les pollutions à terre et en mer.
Ce guide est le produit d’un petit projet financé par MedPAN en 2013 et
dont le bénéficiaire était le Conservatoire d’Espaces Naturels de PACA alors
en charge de la gestion du Parc Maritime des îles du Frioul qui depuis a été
reprise par le Parc national des Calanques.
>> > www.calanques-parcnational.fr/
4
Partenaires techniques
GIS Posidonie
Le GIS Posidonie est une structure associative rassemblant des universités et des gestionnaires en Méditerranée. Il vise à l’étude, la protection, la réhabilitation, la gestion,
l’information et la sensibilisation sur l’environnement marin, et en particulier sur les herbiers de Posidonie. Il a été créé en 1982 à l’initiative du Ministère français de l’environnement et du Parc National de Port-Cros. Ses activités se sont développées autour
de quatre grands axes: la recherche fondamentale et appliquée en écologie marine,
la coordination des programmes de recherche, l’expertise et le conseil en environnement et l’édition d’ouvrages scientifiques et grand-public. Le GIS Posidonie coordonne
les systèmes de surveillance de herbiers de Posidonie aux niveau régional et local. Il
intervient dans les sites protégés de la Méditerranée: Parc National de Port-Cros, les
réserves de Corse (France), Parc National de Zembra et de l’Ichkeul (Tunisie), le parc
national d’El-Kala (Algérie). Il réalise des inventaires faunistiques et floristiques, cartographies des populations, des études sur les écosystèmes et participe à l’exécution
des lignes maîtresses de l’installation et de la gestion. Le GIS Posidonie est basé à
Marseille, à Nice et Corte.
>> > http://mio.pytheas.univ-amu.fr/gisposidonie/
Agence des Aires Marines Protégées
L’Agence des aires marines protégées est un établissement public créé par la loi du 14
avril 2006 et placé sous la tutelle du ministère de l’Écologie, du Développement durable
et de l’Énergie. Il est dédié à la protection du milieu marin. L’Agence des aires marines
protégées a pour principales missions : l’appui aux politiques publiques de création et
de gestion d’aires marines protégées sur l’ensemble du domaine maritime français,
l’animation du réseau des aires marines protégées, le soutien technique et financier
aux parcs naturels marins, le renforcement du potentiel français dans les négociations
internationales sur la mer.
>> > www.aires-marines.fr
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Partenaires financiers
FFEM - Fonds Français pour l’Environnement Mondial
Au service de la politique française de coopération et de développement en matière
de protection de l’environnement mondial, le Fonds Français pour l’Environnement
Mondial (FFEM) subventionne des projets de développement durable en rapport avec
les accords multilatéraux environnementaux (AME) signés par la France. Il est l’un des
instruments de la politique française de coopération et de développement en matière
de changement climatique, de biodiversité, d’eaux internationales, de dégradation des
terres (incluant la désertification et la déforestation), de polluants organiques persistants
et de protection de la couche d’ozone..
>> > www.ffem.fr
Fondation MAVA pour la nature
Créée en 1994 par Luc Hoffmann, la Fondation MAVA traduit son engagement de
longue date en faveur de la conservation de la nature. Fondation philanthropique familiale basée en Suisse, elle se consacre exclusivement à la conservation de la biodiversité. Ses régions prioritaires d’intervention sont l’arc alpin et la Suisse, le bassinméditerranéen et la zone côtière d’Afrique de l’Ouest.
>> > fr.MAVA-foundation.org
Fondation Prince Albert II de Monaco
En juin 2006, S.A.S le Prince Albert II de Monaco a décidé de créer Sa Fondation
afin de répondre aux menaces préoccupantes qui pèsent sur l’environnement de notre
planète. La Fondation Prince Albert II de Monaco oeuvre pour la protection de l’environnement et la promotion du développement durable à l’échelle mondiale. La Fondation soutient les initiatives d’organisations publiques et privées dans les domaines de
la recherche, de l’innovation technologique et des pratiques conscientes des enjeux
sociaux.
>> > www.fpa2.com
Région PACA (Provence Alpes Côte d’Azur)
La Région Provence-Alpes-Côte d’Azur (France) est une assemblée élue qui gère et
exerce ses compétences sur son territoire notamment en matière économique et de
développement durable. La Région est un partenaire privilégié des projets qui contribuent à la fois à la préservation du milieu et à un développement économique. Elle
soutient aussi des projets qui concerne la Méditerranée dans son ensemble auprès de
tous les acteurs économiques et associatifs soit financièrement, soit en apportant sa
logistique et sa technicité.
>> > www.regionpaca.fr
Ville de Marseille
La ville de Marseille soutient les activités du réseau MedPAN depuis 2010.
>> > www.website.com
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COLLECTION
SUIVI DU MILIEU MARIN EN PALME MASQUE TUBA
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Sommaire
1. Préalables à la mise en œuvre d’un suivi........................................................................................................................15
1.1 Quelques définitions, quelques précautions...................................................................................................................15
1.2 Des suivis pour quels objectifs......................................................................................................................................15
2. La plongée libre dans le cadre de la gestion d’une AMP................................................................................................17
2.1 Le choix du matériel de plongée libre............................................................................................................................17
2.2 Notions concernant les mécanismes de l’apnée............................................................................................................19
2.3 Principes de sécurité....................................................................................................................................................20
3. Le matériel de suivi......................................................................................................................................................... 23
La prise de notes................................................................................................................................................................23
Les flotteurs lestés.............................................................................................................................................................23
La montre...........................................................................................................................................................................24
Le thermomètre..................................................................................................................................................................24
L’appareil photo..................................................................................................................................................................24
Le GPS................................................................................................................................................................................24
Le balisage permanent.......................................................................................................................................................25
Le matériel de mesure........................................................................................................................................................25
Les quadras........................................................................................................................................................................25
Le radeau...........................................................................................................................................................................26
4. Fiche méthodologique .....................................................................................................................................................28
Fiche méthodologique — 1..................................................................................................................................................29
Développez votre culture naturaliste !................................................................................................................................29
Fiche méthodologique — 2..................................................................................................................................................31
Comptage visuel des poissons. Le suivi d’espèces cibles..................................................................................................31
Matériel et méthodes..........................................................................................................................................................32
Exploitation des données....................................................................................................................................................35
Exercices d’entrainnement et pré-requis.............................................................................................................................35
Fiche méthodologique — 3..................................................................................................................................................39
Recrutement du genre Diplodus spp. sur les côtes rocheuses.
Identification et cartographie des nourriceries - Évaluation du recrutement annuel.......................................................39
Identification et cartographie des nourriceries.....................................................................................................................40
Evaluation annuelle de l’intensité d’installation et du recrutement.......................................................................................42
Vers un partage et une mutualisation des connaissances....................................................................................................44
Fiche méthodologique — 4..................................................................................................................................................47
Cartographie et évaluation de la vitalité de bioconcrétionnement. Encorbellements à Lithophyllum byssoides,
vermetides, Corallina elongata et Lithophyllum incrustans...............................................................................................47
Description d’un encorbellement à Lithophyllum byssoides.................................................................................................48
Cartographie des encorbellements......................................................................................................................................48
Evaluation de la vitalité ......................................................................................................................................................49
Les enseignements apportés par l’évaluation de la vitalité d’un encorbellement à L byssoides............................................50
D’autres bioconcrétionnements accessibles en PMT...........................................................................................................51
8
COLLECTION
Fiche méthodologique — 5..................................................................................................................................................53
Inventaire et suivi de Pinna nobilis......................................................................................................................................53
Le relevé d’observations de grande nacre...........................................................................................................................54
Évaluation quantitative des grandes nacres à l’échelle d’une baie.......................................................................................54
Suivi d’une population de le long de transects permanents.................................................................................................55
Fiche méthodologique — 6..................................................................................................................................................59
Cartographie de la limite supérieure de l’herbier à Posidonia Oceanica...........................................................................59
Le relevé de la limite supérieure sur le terrain.....................................................................................................................60
Représentation de la limite supérieure de l’herbier sur Google Earth...................................................................................60
Les stations d’échantillonnage............................................................................................................................................63
Fiche méthodologique — 7..................................................................................................................................................63
Suivi des populations de l’oursin comestible, Paracentrotus lividus, dans les fonds rocheux........................................63
Les comptages...................................................................................................................................................................64
Saisie et valorisation des données......................................................................................................................................65
5. Préalables à la mise en œuvre d’un suivi
5.1 Représentation cartographique de l’abondance d’algues et d’invertébrés du médiolittoral
et de l’infralittoral superficiel.........................................................................................................................................67
5.2 Observation de l’impact des usagers le long d’un sentier sous-marin...........................................................................68
5.3 Prélèvement de matériel biologique ou de sédiment.....................................................................................................69
5.4 Le recensement de macro-déchets présents sur le fond...............................................................................................69
5.5 Les espèces non indigènes, détection et inventaire.......................................................................................................70
SUIVI DU MILIEU MARIN EN PALME MASQUE TUBA
9
Index figures et tableaux
Figure 2 : Veste et pantalon de plongée de pêche sous-marine��������17
Figure 36 : Harmelin J.G., 2013. Formation au comptage visuel
des poissons. Oran, Habibas-Cap Blanc, 1-6 juin 2013���������������������32
Tableau 1 : Polyvalence apportée par les différentes épaisseurs
de combinaison���������������������������������������������������������������������������������17
Figure 37 : Plaque immergeable - côté « prise de notes »����������������33
Figure 38 : Plaque immergeable - côté « silhouettes taille réelle »���33
Figure 3 : Veste en néoprène lisse (refendu) à gauche et
en néoprène jersey à droite���������������������������������������������������������������17
Figure 39 : Le comptage et l’évaluation de la taille des poissons
se complique lorsque le nombre d’individus se multiplie�����������������33
Figure 4 : Palmes chaussantes moyenne voilure avec chaussons
et chaussures������������������������������������������������������������������������������������18
Tableau 5 : Exemple de tableau de terrain avec la liste d’espèces
cibles de l’AMP de la Gallite��������������������������������������������������������������34
Figure 5 : Palmes réglables avec bottillons���������������������������������������18
Figure 40 : Echelle de rugosité.......................................................... 33
Figure 6 : Palmes chaussantes grande voilure avec chaussons
et chaussures������������������������������������������������������������������������������������18
Figure 41 : Répartition des stations d’échantillonnage au sein
d’une AMP théorique�������������������������������������������������������������������������34
Figure 7 : Paire de gants��������������������������������������������������������������������18
Figure 42 : Fichier de saisie type tableur������������������������������������������35
Figure 8 : Le masque�������������������������������������������������������������������������18
Tableau 6 : Exemple de valorisation des données en vue
de mettre en évidence un effet réserve��������������������������������������������35
Figure 1 : Les suivis comme outil d’aide à la décision����������������������17
Figure 9 : Le tuba�������������������������������������������������������������������������������19
Figure 11 : La ceinture en caoutchouc avec boucle��������������������������19
Figure 43 : Les effets attendus de la protection des peuplements
de poisson BOUDOURESQUE C.F., CADIOU G., LE DIRÉAC’H L.,
2005. Marine protected areas : a tool for coastal areas
management. E. Levner et al. (eds.). Strategic management
of marine ecosystems, Springer publ., 29-52�����������������������������������35
Tableau 3 : Signes annonciateurs et description de la syncope
hypoxique en apnée (Oliveras, 1996)�������������������������������������������������20
Figure 44 : Couloir d’inventaire balisé lors de l’entrainement
des observateurs�������������������������������������������������������������������������������35
Figure 12 : Plongeurs et bouée de signalisation��������������������������������21
Figure 45 : Exercice d’évaluation de la taille des poissons���������������36
Figure 13 : Radeau permettant d’être vu et d’embarquer
du matériel����������������������������������������������������������������������������������������21
Figure 46 : Plongeurs réalisant un transect en binôme���������������������36
Figure 14 : Plaque immergeable côté recto avec règle graduée
et feuille immergeable�����������������������������������������������������������������������23
Figure 15 : Plaque immergeable côté verso avec un document
« silhouettes poisson » plastifié ��������������������������������������������������������23
Figure 48 : Les habitats ayant un rôle essentiel dans les étapes
clé du cycle de vie de certains poissons (Teleostei),
(Dessin modifié de Cheminée, 2012,
d’après Harmelin-Vivien, 1995)���������������������������������������������������������39
Figure 16 : Flotteur lest�������������������������������������������������������������������23
Figure 49 : Sar à museau pointu, Diplodus puntazzo������������������������40
Figure 17 : Montre d’apnée���������������������������������������������������������������24
Figure 50 : A gauche, sar à museau pointu, Diplodus puntazzo
A droite, sar à tête noire, Diplodus vulgaris���������������������������������������40
Figure 10 : Le baudrier����������������������������������������������������������������������19
Tableau 2 : Polyvalence apportée par les différents types
de palmes������������������������������������������������������������������������������������������18
Figure 18 : Montre étanche bon marché avec timer��������������������������24
Figure 19 : Thermomètre mercure�����������������������������������������������������24
Figure 20 : Appareil photo et son caisson étanche����������������������������24
Figure 21 : GPS portatif étanche��������������������������������������������������������24
Figure 51 : Sar commun, Diplodus sargus�����������������������������������������40
Figure 52 : Nourricerie de substrat hétérogène à graviers,
galets et petits blocs rocheux colonisés par des macrophytes���������40
Figure 22 : Borne en résine et l’amarre fixée à l’aide du mandrin����25
Figure 53 : Pré-sélection de sites potentiellement favorables
à l’installation de juvéniles����������������������������������������������������������������40
Figure 23 : Ruban gradué de 50 mètres avec enrouleur�������������������25
Figure 54 : Orthophoto�����������������������������������������������������������������������41
Figure 24 : Pied à coulisse en plastique��������������������������������������������25
Figure 55 : Trait de côte���������������������������������������������������������������������41
Figure 25 : Piges de 2 mètres graduées tous les 10 cm�������������������25
Figure 56 : Portions homogènes du linéaire côtier de la calanque
de la Crine�����������������������������������������������������������������������������������������41
Figure 26 : Compas����������������������������������������������������������������������������25
Figure 27 : Quadra en PVC subdivisé 4 carrés de 20 cm de côté������25
Figure 28 : Quadra de 20 cm de côté������������������������������������������������26
Figure 29 : Radeau avec pavillon rouge à diagonale blanche�����������26
Figure 30 : « Log obs » milieu marin de l’archipel du Frioul��������������29
Figure 31 : Renseignement des champs IPTC d’une photo���������������29
Figure 32 : à gauche Syngnathus typhle rondeleti observé le 30 mai
2011 dans la calanque de St Estève, à droite Eriphia verrucosa et
sa mue en premier plan observé le 7 septembre 2013 dans
la calanque de la Crine����������������������������������������������������������������������30
Figure 33 : à gauche Mola mola observé le 24 juin 2009 dans
la rade de Marseille, à droite Tursiops truncatus observés le
17 novembre 2011 dans la rade de Marseille�����������������������������������30
Figure 34 : à gauche Sepia officinalis, à droite Octopus vulgaris,
tous deux observés le 2 mai 2013 dans la calanque de la Crine������30
Tableau 4 : Liste des espèces cibles choisies pour les comptages
en PMT à la Galite (Ody D., et al., 2010)���������������������������������������������32
10
Figure 47 : Plongeurs comparant leurs observations������������������������36
COLLECTION
Tableau 7 : Caractérisation des portions homogènes de
la calanque de la Crine����������������������������������������������������������������������41
Figure 57 : Nourriceries potentielles de la calanque de la Crine�������41
Figure 58 : Juvéniles de Diplodus sargus������������������������������������������42
Figure 59 : Stade larvaire de Diplodus sargus,
RÉ, P., I. MENESES (2008), Early stages of marine fishes occurring
in the Iberian Peninsula, IPIMAR/IMAR: 282pp.
ISBN-978-972-9372-34-6�����������������������������������������������������������������42
Figure 60 : Livrées de Diplodus sargus au cours de son
développement (les tailles ne sont pas respectées). D’après
Lo Bianco et al., 1933, Fauna et flora del golfo di Napoli.�����������������42
Figure 60 : Nuage de Diplodus sargus�����������������������������������������������43
Figure 61 : Les particules en suspension gênent la détection
des juvéniles��������������������������������������������������������������������������������������43
Figure 62 : Silhouettes de taille réelle pour évaluer la taille
des juvéniles��������������������������������������������������������������������������������������43
Tableau 8 : Exemple de tableau de terrain���������������������������������������������������������������� 43
Figure 96 : Paramétrage du GPS�������������������������������������������������������������������������������� 60
Figure 63 : Plongeur réalisant un comptage des juvéniles ��������������������������������������� 44
Figure 97 : Le plongeur nage en suivant les contours de l’herbier��������������������������� 60
Figure 64 : Exemple de fichier de saisie (données fictives)�������������������������������������� 44
Figure 98 : Représentation de la limite d’herbier réalisée avec le GPS Garmin�������� 60
Figure 65 : Calcul de la densité totale de juvéniles par mètre
linéaire (données fictives)����������������������������������������������������������������������������������������� 44
Figure 99 : Représentation de la limite d’herbier réalisée avec le GPS Thales��������� 60
Figure 66 : Densité de juvéniles par mètre linéaire �������������������������������������������������� 44
Figure 100 : Représentation de la limite d’herbier avec le GPS Thales avec un post
traitement de la donnée�������������������������������������������������������������������������������������������� 60
Figure 67 : Densité de juvéniles par classe de taille������������������������������������������������� 44
Figure 101 : Faciès de surpâturage��������������������������������������������������������������������������� 64
Figure 68 : Distribution géographique de L. byssoides en Méditerranée
(Babbini & Bressan 1997)������������������������������������������������������������������������������������������ 47
Figure 102 : Fixation d’une borne sur le fond������������������������������������������������������������ 64
Figure 69 : Zonation de certaines formes de constructions biogéniques
en Méditerranée (Laborel, 1987)������������������������������������������������������������������������������� 47
Figure 104 : Prospection le long d’un couloir d’inventaire���������������������������������������� 64
Figure 70 : Coupe schématique d’un encorbellement à Lithophyllum byssoides
(Morhange et al., 1992)��������������������������������������������������������������������������������������������� 48
Figure 71 : Présence de colonies vivantes et mortes sur la surface
d’un encorbellement à L. byssoides�������������������������������������������������������������������������� 48
Figure 72 : Colonies vivantes et recouvrement algal épiphytique ���������������������������� 48
Figure 73 : Plaques de recrutement annuel��������������������������������������������������������������� 48
Figure 74 : Distibution des trottoirs à Lithophyllum byssoides dans l’Archipel
des Iles du Frioul������������������������������������������������������������������������������������������������������� 48
Figure 76 : Quadrat de 20 x 20 cm avec un maillage de 2 cm���������������������������������� 49
Tableau 9 : Pourcentage de recouvrement des différentes catégories��������������������� 49
Tableau 10 : Identification et répartition des catégories au sein d’un quadrillage
de 20 cm x 20 cm������������������������������������������������������������������������������������������������������ 49
Tableau 11 : Avantages et inconvénients des méthodes photographiques��������������� 50
Figure 77 : Exemple d’un quadra quadrillé en PVC���������������������������������������������������� 50
Figure 78 : Transect linéaire permanent identifié à l’aide d’une pointe rocheuse
caractéristique����������������������������������������������������������������������������������������������������������� 50
Figure 103 : Transect permanent matérialisé par un ruban gradué�������������������������� 64
Figure 105 : Mesure du test d’un oursin�������������������������������������������������������������������� 65
Tableau 12 : Exemple de tableau pour la collecte des données sur le terrain���������� 65
Figure 106 : Tableau de saisie����������������������������������������������������������������������������������� 65
Figure 107 : Evolution des densités moyennes d’oursins (ind./m²) dénombrés selon
deux classes de tailles (gros > 40 mm, petits < 40 mm) sur les 5 sites du quartier
maritime de Martigues (Bachet et al., 2010)������������������������������������������������������������� 65
Tableau 13 : Liste des espèces inventoriées lors d’études menées
par le professeur Meinesz����������������������������������������������������������������������������������������� 67
Figure 108 : Actinia equina���������������������������������������������������������������������������������������� 67
Figure 109 : Représentations cartographiques réalisées en 2001 à Port Cros
(Meinesz et al., 2001)������������������������������������������������������������������������������������������������ 68
Tableau 14 : Répartition et abondance des espèces et paramètres relevés sur
le littoral de l’îlot de la Gabinière (Port-Cros, Meinesz et al., 2001)�������������������������� 68
Figure 110 : Répartition des impacts par typologie d’usagers (Nageur, PMT =
Palme+masque+tuba, Tuba FM, Plongeur) – Sentier sous-marin de Peyrefite
(Paytot et al., 2009)���������������������������������������������������������������������������������������������������� 68
Figure 111 : Nageur PMT se tenant debout (© Réserve Cerbère-Banyuls)��������������� 68
Figure 79 : Evaluation du recouvrement de Corallina spp.���������������������������������������� 51
Figure 112 : Plongeur prélevant des oursins������������������������������������������������������������� 69
Figure 80 : Vue générale du corps de Pinna nobilis après avoir replié le côté gauche
du manteau. La branchie et le côté gauche du manteau sont coupés en partie
(d’après Czihak et Dierl, 1961).��������������������������������������������������������������������������������� 53
Figure 113 : Plongeur descendant à l’aide d’une gueuse������������������������������������������ 69
Figure 81 : Un individu colonisé par divers organismes�������������������������������������������� 54
Figure 82 : Prospection d’un site potentiel à Pinna nobilis, par trois plongeurs
depuis la surface������������������������������������������������������������������������������������������������������� 54
Figure 83 : Balisage temporaire de Pinna nobilis à l’aide de flotteurs lestés.
A gauche, vue du plomb placé à proximité de la nacre, à droite vue du flotteur
en surface������������������������������������������������������������������������������������������������������������������ 54
Figure 114 : Batterie de bateau, un déchet fortement polluant��������������������������������� 69
Figure 115 : Déchet inerte et concrétionné��������������������������������������������������������������� 69
Figure 116 : Liste noire des espèces envahissantes dans le milieu marin
(Otero, M. et al., 2013)����������������������������������������������������������������������������������������������� 70
Figure 117 : Fiche d’identité du crabe Percnon gibbesi�������������������������������������������� 70
Collection MedPAN���������������������������������������������������������������������������������������������������� 72
Figure 86 : Exemple de cartographie des grandes nacres, de l’herbier
de posidonie et de la ceinture de cystoseires réalisées sur l’archipel du Frioul������� 55
Figure 87 : Plongeur fixant une balise dans le substrat à l’aide d’une amarre.
Le marteau frappe la pousse amarre, placée au-dessus de l’amarre.
La pousse-amarre est retirée lorsque l’amarre est suffisamment enfoncée.����������� 55
Figure 90 : Lecture de la position d’un individu le long d’un transect permanent
et de la pige graduée.������������������������������������������������������������������������������������������������ 56
Figure 88 : Inventaire des grandes nacres le long d’un transect permanent������������ 56
Figure 89 : Prospection de deux plongeurs au sein d’un couloir d’inventaire
des grandes nacres��������������������������������������������������������������������������������������������������� 56
Figure 91 : Exemple de plaque en plastique codifiée avec le nombre 122
(García-March J.R. et Vicente N., 2006)��������������������������������������������������������������������� 56
Figure 92 : Mesures d’intérêt pour estimer la hauteur maximale de la coquille
(Ht) de Pinna nobilis (d’après García-March J.R. et Vicente N., 2006). ��������������������� 57
Figure 93 : Plongeur muni d’un compas prêt à mesurer une grande nacre.������������� 57
Figure 94 : Plongeur mesurant la largeur maximum d’une grande nacre à
l’aide du compas������������������������������������������������������������������������������������������������������� 57
Figure 95 : Mesure de l’écartement donné par le compas���������������������������������������� 57
SUIVI DU MILIEU MARIN EN PALME MASQUE TUBA
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COLLECTION
Introduction
En tenant compte de l’évolution naturelle des écosystèmes, le gestionnaire d’une Aire
Marine Protégée (AMP) doit trouver le juste équilibre entre la préservation des espèces et
des habitats et le développement durable des activités humaines.
En s’appuyant sur l’identification de problématiques, la définition d’hypothèses puis d’objectifs de préservation du patrimoine naturel, le gestionnaire élabore un plan de gestion
décliné en actions de gestion. Il oriente et ajuste la politique de gestion à partir d’études
et de suivis basés sur l’état de conservation des espèces et des habitats ainsi que sur le
contexte socio-économique.
Nous allons dans ce document nous intéresser à la caractérisation de suivis axés sur le
patrimoine naturel marin.
Nous pouvons distinguer deux niveaux complémentaires
dans l’étude des espèces et des habitats :
• les études scientifiques ponctuelles : pointues et exhaustives, elles permettent d’étudier un large champ
d’espèces et contribuent à affiner la connaissance du
patrimoine naturel marin par l’emploi d’une méthodologie complexe et parfois couteuse,
• les suivis scientifiques : méthodologiquement simples,
ils sont standardisés et scientifiquement validés tout en
étant facilement mobilisables et peu coûteux. Si la mise
en œuvre de tels suivis permettent de répondre à une
hypothèse de départ, ces derniers entrainent souvent
l’identification de nouveaux questionnements orientant
ainsi la réalisation de nouvelles études ponctuelles et
spécifiques.
La réalisation au préalable d’inventaires et d’études approfondies est un plus pour définir des protocoles de suivis à long terme.
Présent quotidiennement dans le cadre d’actions de
gestion, de surveillance, d’information et de sensibilisation, le gestionnaire est l’opérateur idéal pour la mise
en œuvre de suivis à long terme. Ces outils de suivi lui
permettront d’ajuster les actions de gestion et ou d’initier de nouvelles études plus poussées en fonction des
besoins. Les études ponctuelles et spécifiques peuvent
être réalisées en interne en fonction des compétences,
des moyens humains et matériels ou externalisées à une
équipe scientifique spécialisée.
L’observation in situ du milieu sous-marin nécessite la
mobilisation d’un matériel spécifique, le scaphandre autonome. Toutefois concernant les petits fonds côtiers,
nombre de suivis peuvent être mis en œuvre par l’emploi
d’un matériel simple et peu encombrant : les Palmes, le
Masque et le Tuba (PMT).
Le coût du matériel, le temps de mobilisation, le temps
passé sur le terrain, la surface de terrain couverte et la
communication entre les personnes sont autant d’avantages apportés par le PMT. Nous ne souhaitons pas
donner de limite de profondeur à la pratique du PMT,
toutefois il parait évident que les difficultés à la mise en
œuvre d’un protocole augmenteront très nettement avec
la profondeur. A cela s’ajoutera l’effet observateur tant
redouté par tout observateur naturaliste. Le scaphandre
devient alors indispensable dés lors que l’on s’éloigne de
la surface ( > 5 m). Les deux techniques sont complémentaires pour l’étude du milieu marin.
Nous proposons dans ce document un recueil de suivis méthodologiquement simples que le gestionnaire
pourra mettre en œuvre en interne et en PMT. Nous présenterons tout d’abord le rôle du suivi naturaliste dans le
cadre de la gestion d’une AMP puis les spécificités de
la plongée libre concernant le matériel, les mécanismes
de l’apnée et les principes de sécurité. Six notes méthodologiques illustrant le suivi d’espèces et d’habitats marins du médio et de l’infra littoral supérieur méditerranéen
détailleront des protocoles de terrain ; des pistes pour
l’exploitation des données seront également proposées.
Nous évoquerons enfin, cinq autres méthodes où le PMT
a été mobilisé lors de suivis menés dans différentes AMP.
Toutes ces méthodes devront être adaptées aux spécificités et problématiques de chaque AMP, un échange
avec les scientifiques concernant l’application des protocoles sera un plus conseillé.
Ce document constitue une première étape dans la réalisation d’un recueil méthodologique et n’est pas exhaustif
tant les espèces, les habitats et les problématiques de
gestion diffèrent d’un coin à l’autre de la méditerranée.
L’idée est d’initier une démarche collaborative au sein
des réseaux de gestionnaires (MedPAN et Agence des
Aires Marines Protégées) pour que ce travail puisse être
enrichi des expertises de chaque AMP.
SUIVI DU MILIEU MARIN EN PALME MASQUE TUBA
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COLLECTION
1. Préalables à la mise en œuvre
d’un suivi
1.1 Quelques définitions, quelques
précautions
L’approche naturaliste
L’approche naturaliste est essentielle dans la gestion
d’un espace naturel et permet au gestionnaire d’intuitivement percevoir des évolutions concernant l’état de
conservation du patrimoine naturel. Ces intuitions seront
confirmées ou infirmées par des suivis rigoureux. Le gestionnaire développe son sens de l’observation par une
pratique régulière du terrain lui permettant d’assurer une
veille environnementale efficace.
Pour cela, il est important que les observateurs acquièrent de l’expérience avant la mise en œuvre d’un suivi. En effet, les résultats d’un protocole peuvent être biaisés par la capacité et la connaissance des observateurs.
(Besnard A., Salles J.M., 2010).
Les inventaires et les suivis
Un inventaire naturaliste dresse un état des lieux à un
instant donné tandis qu’un suivi s’inscrit dans une démarche de veille régulière sur le moyen et le long terme
(Besnard A., Salles J.M., 2010). Pour une problématique
ou un questionnement donné, les suivis doivent permettre d’évaluer (Fiers V. et al., 2003) :
• la dynamique naturelle du milieu, son évolution directement liée aux actions de gestion,
• l’apparition de nouvelles contraintes, essentiellement
anthropiques susceptibles d’interférer avec le fonctionnement naturel du site.
Lors de la mise en œuvre d’un suivi, il est important de
limiter les biais pour garantir des résultats fiables et robustes afin que l’analyse des données dans le temps soit
pertinente (Besnard A., Salles J.M., 2010). Un protocole
rigoureux permettra d’atteindre cet objectif en définissant
précisément la stratégie d’échantillonnage. La stratégie d’échantillonnage
La définition de la stratégie d’échantillonnage est un préalable déterminant lors de la mise en œuvre d’un suivi.
La stratégie d’échantillonnage permet d’identifier et de
définir : (1) le choix du matériel biologique (en général lié
à la problématique de départ, mais il demande souvent
d’être affiné), (2) les moyens matériels et humains, (3) la
période et la fréquence d’acquisition des données, (4)
le nombre et la répartition des stations d’observations
ou de prélèvements. Ne pas oublier de tenir compte de
l’exploitation ultérieure des résultats dans le planning et
le budget prévisionnel.
Lors de l’élaboration de la stratégie d’échantillonnage, il
est important de penser à la reproductibilité de la collecte
de données (Fiers V. et al., 2003). Bien appréhender la
période et la fréquence des campagnes de terrain ainsi
que les moyens matériels et humains disponibles en routine et à long terme permettra de garantir une acquisition
de données rigoureuse dans le temps.
Assurer une prospection exhaustive à l’échelle d’une
AMP est rarement envisageable (contraintes techniques
et financières), l’échantillonnage est donc nécessaire
pour l’étude des espèces et des habitats qui se fera
via des méthodes statistiques. Il conviendra d’identifier
une série de petites zones représentatives de la diversité géographique, écologique et réglementaire de l’AMP.
Ces petites zones, nommées sous-unités ou stations,
constituent l’échantillon (Besnard A., Salles J.M., 2010).
Deux grands types d’échantillonnage existent : aléatoire
ou systématique parmi lesquels figurent plusieurs plans
d’échantillonnages (simple, stratifié, transect, temporel
etc.). Les concepts théoriques de ces plans d’échantillonnages ont été développés par plusieurs auteurs (ex.
Frontier, S. 1983, Scherrer, B. 1984, Besnard A., Salles
J.M., 2010).
Si statistiquement la méthode la plus rigoureuse consiste
à étudier les stations selon un tirage aléatoire pour chaque
campagne de terrain, nous conseillons pour un suivi temporel de conserver les mêmes stations à chaque période.
Développer une stratégie d’échantillonnage s’avère complexe, notamment concernant le choix et la répartition
des stations d’échantillonnage, une consultation de la
communauté scientifique est vivement recommandée.
1.2 Des suivis pour quels objectifs
Dans le processus de gestion d’une AMP, une série
d’étapes clé se succèdent. Les suivis interviennent à
deux de ces étapes. Ils engendrent une répétition standardisée de la collecte de données au cours du temps et
constituent un outil d’aide à la décision dans le cadre de
la programmation d’actions de gestion.
Les suivis permettent soit de répondre à un questionnement de l’ordre de l’évaluation de la gestion, soit d’assurer une veille environnementale (figure 1).
Aire Marine Protégée
Inventaires
Etudes
Diagnostic
Objectifs de gestion
Actions de gestion
Suivis
Suivis
Evaluation des actions
de gestion
- Dynamique naturelle du milieu
- Apparition de nouvelles
contraintes
Adaptation des actions
de gestion
Veille environnementale
Evaluation des actions
de gestion
Figure 1 : Les suivis comme outil d’aide à la décision
SUIVI DU MILIEU MARIN EN PALME MASQUE TUBA
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COLLECTION
2. La plongée libre dans le cadre
de la gestion d’une AMP
2.1 Le choix du matériel
de plongée libre
La réalisation de suivis naturalistes en plongée libre implique la mobilisation du matériel suivant : une combinaison, une paire de palmes, des chaussons, un masque,
un tuba et une ceinture de plomb. Le matériel devra permettre au plongeur de se mouvoir avec la plus grande aisance possible pour faciliter les observations naturalistes
et la mise en œuvre des protocoles.
La combinaison
Le choix d’une combinaison, se fait en fonction des
critères suivants :
• le budget disponible,
• l’utilisation envisagée,
• quand et où vais-je plonger.
Une combinaison est faite pour protéger le plongeur de
la perte de chaleur liée au milieu aquatique mais également pour le protéger de l’environnement marin (rochers,
animaux urticants etc.). En méditerranée, les conditions
de température sont très variables d’une région à l’autre,
ainsi que d’une saison à l’autre. Par exemple, à Marseille
les températures peuvent varier entre 11°C en hiver et
24°C en été.
Dans le cadre de suivis naturalistes, une grande polyvalence et souplesse sera demandée à la combinaison qui
sera utilisée parfois seulement depuis la surface (sans
immersion) et parfois avec des immersions. La combinaison doit faciliter :
• la prospection (mobilité de la tête et de la nuque),
• la réalisation de nombreux gestes avec le buste et les
bras,
• la nage (de grandes distances peuvent être parcourues).
L’idéal est de posséder différentes épaisseurs (3 mm,
5 mm, 7 mm) de combinaisons, pour pouvoir s’adapter
aux conditions de températures. La combinaison idéale
étant la combinaison la moins épaisse possible pour
pouvoir gagner en souplesse et en lest. Plus la combinaison est épaisse et plus il faut de plomb pour annuler
sa flottabilité.
Dans le cadre de suivis naturalistes, une certaine quantité
de matériel liée au protocole accompagne le plongeur.
Il est donc important pour ne pas être trop encombré,
d’adapter l’épaisseur de la combinaison afin de s’alléger le plus possible en plomb. De plus, posséder plusieurs combinaisons permet d’user moins rapidement le
matériel.
Toutefois le coût d’une combinaison n’est pas négligeable ! Il est possible de posséder une seule épaisseur,
la plus polyvalente étant 5 mm (Tableau 1). Cette épaisseur permet de travailler dans des eaux à 11°C en restant
toutefois bien dynamique ; mais il sera difficile de passer
plus d’une heure dans l’eau. Il est possible de prendre un
assortiment avec la veste plus épaisse que le pantalon.
Epaisseur
Eau froide
(11° à 14°)
Eau moyenne
(15° à 18°)
Eau chaude
(19° à >22°)
Mobilité
3 mm
+
++
+++
+++
5 mm
++
+++
++
++
7 mm
+++
++
+
+
Tableau 1 : Polyvalence apportée par les différentes épaisseurs de combinaison
Concernant les matériaux, il existe deux types de vêtements : néoprène lisse (ou refendu) ou néoprène jersey
(Figure 3).
Même si vous possédez déjà des combinaisons pour la
plongée en scaphandre, il est recommandé pour la plongée libre de s’orienter vers une combinaison de pêche
sous-marine qui sera plus souple, plus chaude pour une
même épaisseur et donc plus adaptée (figure 2).
Figure 3 : Veste en néoprène lisse (refendu) à gauche et en néoprène jersey à
droite
Pour l’intérieur de la combinaison, nous recommandons
le néoprène lisse (ou refendu) qui s’ajuste parfaitement
au corps et à la peau. Toutefois ce matériau étant plus
fragile que le jersey, il faudra manipuler la combinaison
avec précaution lors de l’habillage, cela demande impérativement qu’on se serve d’eau savonneuse ou de talc.
Figure 2 : Veste et pantalon de plongée de pêche sous-marine
Pour l’extérieur de la combinaison, le choix existe aussi
entre le néoprène lisse ou le néoprène jersey. Si le néoprène lisse assure une meilleure pénétration dans l’eau,
c’est un matériau fragile qui ne conviendra pas aux sui-
SUIVI DU MILIEU MARIN EN PALME MASQUE TUBA
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Les palmes et les chaussons
Les palmes chaussantes avec grande voilure ne sont
pas adaptées pour les suivis dans les petits fonds (Figure 6). Vous vous trouverez vite encombré(e). Les coups
de palmes sur le fond deviennent inévitables et risquent
de porter atteinte à la faune et la flore fixée, de soulever
du sédiment donc de perturber le protocole de terrain.
Les palmes utilisées pour l’apnée et la plongée libre en
général sont de grande taille pour offrir un maximum de
confort et d’efficacité au palmage.
Par contre, pour des suivis réalisés depuis la surface ou
pour des prospections sur de grandes distances, ces
palmes vous seront d’une grande utilité.
vis naturalistes, risquant de se déchirer lors de contacts
avec le milieu naturel ou avec le matériel. Le jersey est
plus adapté car plus résistant aux contacts avec la roche
et le matériel en général.
Pour les suivis naturalistes, le choix des palmes dépend
des critères suivants (Tableau 2) :
• efficacité de propulsion,
• encombrement dans les petits fonds (< 2m),
• polyvalence (avec bottillons).
Types de
palmes
Propulsion
Encombrement
Polyvalence* Chaussons
Palmes
chaussantes,
grande voilure
+++
+++
+
Uniquement
chausson
Palme réglable
+
+
+++
Chausson ou
bottillon
Palme
chaussante,
moyenne voilure
++
+
++
Uniquement
chausson
* : Mobilité en pleine eau ou dans les petits fonds, possibilité d’enlever facilement les palmes
et de marcher sur les rochers ou sur le fond, l’idéal étant d’avoir des bottillons à la semelle
renforcée.
Tableau 2 : Polyvalence apportée par les différents types de palmes
Nous conseillons des palmes chaussantes, qui présentent une très bonne tenue du pied, avec une voilure de
taille moyenne pour éviter l’encombrement et les coups
de palmes dans les petits fonds (Tableau 2, Figure 4).
Avec des palmes chaussantes il est impossible d’avoir
des bottillons, il faudra alors prévoir des chaussures pour
pouvoir marcher sans risquer d’abimer les chaussons ou
de se blesser.
Figure 6 : Palmes chaussantes grande voilure avec chaussons et chaussures
L’épaisseur du tissu néoprène pour les chaussons ou
bottillons sera comprise entre 3 à 5 mm. Pour les chaussons, le jersey à l’intérieur et à l’extérieur est bien adapté
à son utilisation.
Les gants
L’usage de gants peut être gênant
dans le cadre de suivis naturalistes
(Figure 7). En effet la manipulation du
matériel demande une certaine précision dans les gestes, par exemple
lors de l’usage d’un appareil photo
ou de la prise de notes.
Toutefois les gants ajoutent un confort
indiscutable pour des plongées en
eaux froides. Nous conseillons de
choisir des gants les plus ajustés
possibles et très souples. Nous choisirons là encore le jersey, plus résistant que le tissu lisse.
Figure 7 : Paire de gants
Le masque
Figure 4 : Palmes chaussantes moyenne voilure avec chaussons et chaussures
L’avantage des palmes réglables est le fait qu’on puisse
les chausser avec des bottillons avec lesquels il est possible de marcher sur des rochers ou autres sans risquer
de se faire mal (Figure 5). Cette configuration offre une
polyvalence très intéressante avec un équipement minimal lors des suivis dans les petits fonds.
Il conviendra de choisir un masque
d’apnée avec un volume réduit,
ceci facilitera votre apnée car
beaucoup moins d’air sera nécessaire pour compenser la perte de
volume qui se produit lorsque vous
vous immergez (Figure 8). Le choix
du masque devra se porter sur
celui offrant le meilleur champ de
vision possible.
Figure 8 : Le masque
Il faudra aussi vérifier au magasin que le masque soit
bien adapté à votre visage, il doit pouvoir tenir sans la
sangle de maintien, après avoir effectué une légère pression avec la main.
Ne pas oublier de dégraisser (liquide vaisselle, dentifrice
ou autre dégraissant) un masque neuf avant toute plongée pour éviter la buée.
Figure 5 : Palmes réglables avec bottillons
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COLLECTION
2.2 Notions concernant
les mécanismes de l’apnée
Le tuba
Il conviendra de choisir un tuba offrant
un diamètre relativement important,
de manière à ce que la ventilation ne
soit pas freinée. L’embout (silicone ou
caoutchouc) doit être confortable et
bien adapté à la bouche (Figure 9). Il
doit pouvoir s’enlever et se remettre
facilement dans l’eau d’une seule
main. Le tuba doit être relativement
souple pour ne pas faire mal une fois
glissé sous la sangle du masque.
Avant tout, rappelons que l’utilisation de la plongée libre
dans le cadre de la gestion d’une AMP a pour objectif
l’étude des espèces et des habitats et en aucun cas l’accomplissement de prouesses sportives. La sécurité des
plongeurs doit en permanence prévaloir à l’acquisition de
données.
Figure 9 : Le tuba
L’oxygénation des cellules de l’organisme est assurée
par la respiration qui conduit à l’échange oxygène – gaz
carbonique.
Le lest
Le lest est indispensable dès lors que l’on souhaite s’immerger. Même en surface, il permet d’enfoncer légèrement le corps dans l’eau, facilitant ainsi le palmage. Il faut
compter 2 kg pour tout corps, plus 1 kg pour chaque millimètre de combinaison. Ainsi pour une combinaison de
3 mm il faudra 5 kg, pour une combinaison de 5 mm 7 kg
et pour une combinaison de 7 mm 9 kg. Ces recommandations constituent une base théorique qu’il conviendra
d’adapter à la morphologie de chacun mais également
aux différents protocoles, notamment pour des suivis réalisés depuis la surface où il conviendra d’enlever 1 ou 2 kg
afin de moins se fatiguer lors de la nage.
Plusieurs types de ceintures existent sur le marché :
• le baudrier,
• la ceinture.
Le baudrier offre l’avantage de
bien répartir le lest sur le corps
et offre un confort très appréciable (Figure 10). Il existe maintenant des baudriers avec lesquels
on peut ajuster le lest (baudrier
en néoprène où les plombs se
glissent dans des poches). Attention, un baudrier ne s’enlève pas
facilement en cas de difficultés.
Figure 10 : Le baudrier
Nous conseillons une ceinture en caoutchouc avec
boucle en inox, ceinture « marseillaise » (Figure 11). Le
nombre de plombs est modulable. Ce type de ceinture
se largue très facilement en cas de nécessité.
Figure 11 : La ceinture en caoutchouc
avec boucle
La respiration
La respiration se décline en quatre temps (Dematteo A.,
2006) :
• la ventilation (respiration pulmonaire) permettant le renouvellement de l’O2 et le rejet du CO2,
• le passage des gaz de l’alvéole au sang,
• le transport des gaz par le sang,
• la respiration cellulaire pendant laquelle la cellule utilise
l’oxygène et rejette le CO2.
L’apnée
En plongée, l’apnée se définit comme un arrêt temporaire et volontaire des échanges gazeux entre les poumons et l’atmosphère (Dematteo A., 2006), en d’autres
termes l’arrêt de la ventilation. Les phénomènes physiologiques se produisant lors d’une apnée en immersion sont complexes et ne sont pas l’objet de ce travail.
Nous allons seulement présenter les sensations qu’il
est important de connaitre pour garantir la sécurité des
plongeurs.
Lors d’une apnée, des contractions croissantes du
diaphragme apparaissent. Les sensations ressenties par
le plongeur au cours d’une apnée se résument à deux
phases successives (Lin Y.C., 1987 in Dematteo A.,
2006) :
• phase facile : entre le début de l’apnée et les premières
contractions du diaphragme, le plongeur ne ressent
aucune contraction pénible,
• phase de lutte : les contractions du diaphragme entrainent un resserrement du thorax à l’origine « d’une
soif d’air » très intense.
La mise en œuvre d’un suivi ne doit jamais inciter le plongeur à entrer en phase de lutte. Les plongeurs atteignant
cette phase sont des apnéistes de haut niveau qui ont
pour objectif de dépasser leurs limites.
Les signes annonciateurs de la syncope
La syncope hypoxique est : « une perte de connaissance
brutale et transitoire, spontanément résolutive avec un
retour rapide à un état de conscience normal, s’accompagnant d’une perte du tonus postural. Elle est la conséquence d’une ischémie cérébrale globale et passagère »
(Blanc JJ., 2006 in Dematteo, 2006).
La syncope n’est pas grave en soi mais lorsqu’elle survient en mer, cela peut entrainer une noyade. Elle peut
survenir sous l’eau (le plus souvent à quelques mètres
de la surface) ou en surface même après la reprise
ventilatoire.
A titre d’indication, les signes annonciateurs et la des-
SUIVI DU MILIEU MARIN EN PALME MASQUE TUBA
19
cription de la syncope sont décrits dans le tableau 3 ciaprès. Ce tableau décrit les sensations perçues par des
apnéistes entrainés ayant pour objectif de réaliser une
performance physique. En respectant quelques principes
Ressenti personnel
de base (paragraphe suivant), vous pourrez utiliser l’apnée au travail en toute sécurité et éviter tout risque de
syncope.
Signes extérieurs
Avant l’apnée
•picotements des extrémités
•sensations de flottement
•excitation importante
Au fond
•sensation de confort inhabituel
•disparition de l’envie de respirer ou de remonter
•sentiment que la remontée va être longue
•sentiment de panique
•durée excessive
•agitation ou relâchement anormaux
A la remontée
•lourdeur ou chaleur dans les muscles des cuisses
•scotomes* ou rétrécissement du champ visuel
•confort prolongé ou, au contraire, pénibilité anormale
•avant la syncope :
-- largage de ceinture
-- mouvements rapides et désordonnés, non raisonnés,
traduisant l’angoisse de l’apnéiste
-- recherche anxieuse d’une aide visuelle (surface, regard d’un
apnéiste de sécurité)
•pendant la syncope :
-- lâcher de bulles très important
-- mouvements réflexes d’oscillation
-- arrêt de palmage, apnéiste immobile, peut couler ou remonter
suivant la flottabilité
En surface
•après la syncope :
-- amnésie
-- négation de l’épisode
•avant la syncope :
-- pâleur du visage
-- cyanose
-- hypotonie ou hypertonie
-- regard vide, ne captant pas l’extérieur, panique dans le regard
-- secousses musculaires, gestes saccadés
-- difficulté à saisir le câble
•pendant la syncope :
-- ralentissement ou arrêt ventilatoire (reprise respiratoire
spontanée ou après stimulation cutanée et/ou bouche à
bouche)
-- pas d’arrêt cardiovasculaire initial
-- troubles du tonus (hypo ou hypertonie) pouvant précéder des
mouvements tonico-cloniques brefs
*Scotome : désigne une lacune immobile dans le champ visuel due à l’absence de perception dans une zone de la rétine
Tableau 3 : Signes annonciateurs et description de la syncope hypoxique en apnée (Oliveras, 1996)
2.3 Principes de sécurité
L’utilisation de la plongée libre dans le cadre de la gestion
d’une aire marine protégée implique le respect de règles
de sécurité qui peuvent être dictées par un règlement intérieur et ou encadrées par le code du travail national. Ce
sera à chaque AMP d’adapter les conditions de travail
des employés en fonction de la réglementation nationale.
Nous allons ici présenter quelques principes de base
pour que les campagnes de terrain se déroulent en toute
sécurité.
Conditions physiques des plongeurs
Les plongeurs doivent être en bonne santé et ne présenter aucune contre-indication définitive ou temporaire à
la pratique de l’apnée. Pour cela, les plongeurs doivent
subir un examen médical régulier (annuel). L’organisme
doit être ménagé par un matériel en bon état et adapté à
chaque plongeur.
L’avantage d’une sortie en PMT est qu’elle peut être
longue. Toutefois, il faudra prévoir une alimentation en
conséquence pour anticiper les dépenses énergétiques
liées à l’effort physique. Une bonne alimentation permet-
20
COLLECTION
tra également de lutter contre le froid. Bien s’hydrater
avant et pendant la campagne de terrain est également
important pour compenser les pertes d’eau (Heran N.,
2009).
Le nombre et le comportement des plongeurs
En fonction des protocoles de terrain, le nombre de plongeurs est variable. Toutefois un nombre minimum de
deux plongeurs doit être respecté. Les plongeurs doivent
toujours pouvoir se porter assistance par binôme et donc
rester en contact visuel.
Dans le cas des apnées :
Si des immersions sont nécessaires, les plongeurs s’immergent l’un après l’autre et doivent pouvoir atteindre
sans difficulté la même profondeur pour pouvoir se porter assistance. L’hyperventilation pouvant jouer un rôle
dans l’apparition d’une syncope est à proscrire (Dematteo A., 2006 ; Heran N., 2009). Les plongeurs doivent
être à l’écoute de leur corps et savoir détecter les alertes
physiologiques : crampes, essoufflement, tremblements,
picotements, sensation de bien-être, transpiration, douleur, soif (Heran N., 2009). Les cadences d’apnée ne
doivent pas être trop élevées. Pour cela les plongeurs
privilégieront des apnées à tour de rôle, ce qui leur permettra d’augmenter la durée de récupération entre deux
apnées. La volonté de performance doit être proscrite à
tout prix.
Contrairement au scaphandre autonome qui place
tout observateur sur un pied d’égalité, la plongée libre
fait appel aux capacités physiques des plongeurs. Ces
capa­cités seront variables suivant les jours et sont fonction du potentiel naturel de chacun.
Rappelons qu’un suivi n’aura de valeur que si les données peuvent être comparées dans le temps. Ainsi, lors
de la définition du protocole de terrain, la capacité physique des plongeurs moyens est à prendre en compte
plutôt que celles des plongeurs performants.
Météo
Les conditions météorologiques et de mer condition­
neront la sécurité et la qualité des observations. Il faut
donc anticiper et prévoir la campagne de terrain en fonction de la météo, qui doit être consultée jusqu’à la mise
en œuvre du suivi. Si par malchance, les conditions météo viennent à se dégrader pendant une campagne de
terrain, celle-ci doit être simplement annulée et reportée
ultérieurement.
BIBLIOGRAPHIE
Besnard A. & J.M. Salles, 2010. Suivi scientifique d’espèces animales. Aspects méthodologiques essentiels pour l’élaboration de
protocoles de suivis. Note méthodologique à l’usage des gestionnaires de sites Natura 2000. Rapport DREAL PACA, pôle Natura
2000. 62 pages.
Dematteo A., 2006. La syncope hypoxique en apnée sportive : description, facteurs favorisants, Thèse en vue du Diplôme d’Etat de
Docteur en Médecine, Université de Rennes 1, Faculté de Médecine,
2006.
Fiers V., 2003. Etudes scientifiques en espaces naturels. Cadre
méthodologique pour le recueil et le traitement de données naturalistes. Cahier technique de l’ATEN numero 72. Réserves Naturelles
de France. Montpellier : 96 p.
Frontier S., 1983. Stratégie If échantillonnage en écologie, Masson
éd., Paris, 492 p.
Heran N., 2009. Formation ATEN, Les conditions physiques nécessaires pour travailler en apnée, 11p.
Oliveras G., Bulletin de médecine subaquatique et hyperbare, 1996,
tome 6, p.133
Scherrer, B. 1984. Biostatistique. Gaëtan Morin Editeur, Boucherville. 850 p.
Balisage de la zone d’intervention
Un plongeur nageant à la surface de l’eau ne se voit pas
et d’autant plus avec l’apparition d’un petit clapot. Il est
donc impératif qu’il se déplace en surface au moyen
d’une bouée de signalisation réglementaire (Figure 12).
D’autre part l’utilisation d’un radeau permettra de transporter du matériel, il pourra dans ce cas faire office de
bouée de signalisation (Figure 13).
Figure 12 : Plongeurs et bouée de signalisation
Figure 13 : Radeau permettant d’être vu et d’embarquer du matériel
SUIVI DU MILIEU MARIN EN PALME MASQUE TUBA
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COLLECTION
3. Le matériel de suivi
Le matériel de terrain, indispensable pour un relevé
de données standardisées, va du simple support de
prise de notes au matériel plus sophistiqué de géoréférencement tel qu’un GPS.
Ce matériel doit en plus être adapté à la spécificité
du milieu marin; rincé à l’eau douce après chaque
utilisation, le matériel résistera dans le temps. Nous
allons présenter ici le matériel utilisé dans les différentes fiches méthodologiques.
Pour la fixation des feuilles sur la plaque, utilisez une
règle graduée en aluminium (que l’on trouve facilement
dans un commerce vendant des fournitures de bureau)
de 30 cm. Fixez la règle à la plaque à l’aide d’une visserie
inox dont les écrous sont de format papillon. Les feuilles
seront glissées sous la règle puis plaquées à l’aide d’un
¼ de tour des écrous papillons. Une simple cordelette
tendue en bas de la plaque empêchera les feuilles immergeables de se soulever, les feuilles se plaqueront par
capillarité (Figure 14 et 15).
La prise de notes
• La plaque immergeable
La prise de note sous l’eau se fait avec un simple critérium et un support en plastique PVC rigide. S’il existe
dans le commerce des plaques de ce type, elles sont
en général de petite taille et relativement couteuse. Lors
d’un suivi, de nombreuses observations sont à renseigner, une plaque de format A4 voir un peu plus grande
apportera plus de confort. Pour cela, commandez des
plaques auprès d’un fabriquant de plastique PVC, vous
pourrez les faire prédécouper à la taille voulue. Plus le lot
commandé sera important plus vous pourrez faire baisser le prix. Une commande à l’échelle de plusieurs AMP
peut être une solution. Lorsque vous allez contacter et
expliquer au fournisseur l’usage des plaques en PVC, il
est possible qu’il vous réponde qu’on ne peut écrire dessus. Faites-vous envoyer un échantillon, dans la majorité
des cas le critérium adhère. Pour rendre la plaque encore
plus adhérente, vous pouvez la frotter avec du papier
de verre fin ou une éponge abrasive. L’épaisseur de la
plaque doit être d’au moins 4 mm pour être suffisamment rigide. Une matière à éviter : le plexiglas sur lequel
le critérium n’adhère que très moyennement.
• Les feuilles immergeables et les documents plastifiés
Pour un suivi, souvent la préparation d’un tableau vous
aidera à organiser la saisie des données de manière à
n’oublier aucun paramètre. Cette saisie se fait alors sur
une ou plusieurs feuilles immergeables fixées à la plaque.
Dans le cas d’une observation particulière et hors suivi,
vous pourrez la renseigner sur la plaque.
Les feuilles que l’on trouve dans le commerce sont de
format A4, la plaque immergeable doit donc être plus
grande de quelques centimètres en hauteur et en largeur.
Ces feuilles sont souples, en plastique, très résistantes et
un critérium adhère très bien dessus. Elles peuvent être
blanches ou transparentes. Il est tout à fait possible d’imprimer (imprimante laser) sur des feuilles immergeables
que ce soit de simples tableaux ou des fonds de carte.
Prenez soin de choisir la bonne référence de papier, car
plusieurs qualités existent et certaines ne permettent pas
d’impression. Ce type de feuilles se trouve chez des fournisseurs de supports d’affichage et est généralement référencé de la manière suivante « film blanc 120 µm mat
résistant aux intempéries ».
Figure 14 : Plaque immergeable
côté recto avec règle graduée et
feuille immergeable
Figure 15 : Plaque immergeable
côté verso avec un document
« silhouettes poisson » plastifié
De l’autre côté de la plaque vous pouvez fixer des documents plastifiés (avec une plastifieuse classique) représentant une carte de la zone, des silhouettes de poisson taille réelle ou autre en fonction des besoins. Les
documents plastifiés résistent très bien aux immersions
répétées dans le temps, mais ils perdent leur étanchéité
si vous les transpercez. Ces supports seront maintenus par des rondelles en inox et la cordelette tendue.
L’avantage d’un document plastifié par rapport à une
feuille immergeable imprimée est sa rigidité facilitant la
manipulation dans l’eau. Il est par contre impossible
d’écrire dessus.
Les flotteurs lestés
Pour baliser temporairement une observation (telle
qu’une grande nacre) le temps d’une photo ou d’une
cartographie, une zone d’étude ou autre, l’emploi de flotteurs lesté est très pratique.
Ces flotteurs peuvent être fabriqués à l’aide d’une
mousse compacte que l’on peut par exemple découper dans une « frite » de natation ou avec un flotteur de
pêche. Fixez ensuite une cordelette d’au moins 5 mètres
au bout de laquelle se trouvera un plomb de pêche de
150g (Figure 16).
Figure 16 : Flotteur lesté
SUIVI DU MILIEU MARIN EN PALME MASQUE TUBA
23
La montre
Il est important d’avoir une montre lors de vos sorties en
PMT ne serait-ce que pour connaitre l’heure et le temps
de sortie. Il existe des montres spécialisées pour la pratique de l’apnée. Capables de calculer les profils de plongée effectués (temps et profondeur de chaque immersion) de façon instantanée ou rétroactive, de vous donner
la température de l’eau etc. Ces montres sont performantes mais couteuses (Figure 17). Vous pouvez alors
porter votre choix sur une montre étanche bon marché
(Figure 18). Le principal étant qu’elle soit étanche pour
une profondeur de 100m garantissant une robustesse
suffisante. Autre détail important, la montre doit posséder
une fonction « timer » pour des observations réalisées de
façon chronométrées. Le « bip » du timer doit être relativement puissant pour pouvoir vous avertir que le temps
est écoulé sans avoir à vous en préoccuper.
Figure 17 : Montre d’apnée
Figure 18 : Montre étanche bon marché
avec timer
Le thermomètre
Un thermomètre mercure en plastique fonctionne très
bien et vous apportera la précision souhaitée (Fig. 19).
Figure 19 : Thermomètre mercure
L’appareil photo
Les appareils photos ont depuis l’apparition du numérique considérablement évolué et permettent l’acquisition d’un très grand nombre de photographies à faible
coût. Ce sont devenu des outils indispensables dans la
gestion d’une AMP permettant soit de communiquer et
sensibiliser par la réalisation de photographies esthétiques, soit de réaliser des suivis scientifiques (évolution
du paysage et des habitats, surfaçage etc.) ou encore
de constater des infractions (police des pêches, de la
nature et de l’eau).
Figure 20 : Appareil photo et son caisson étanche
La lumière est l’une des clés de la photographie. En milieu sous-marin, la lumière décroit très rapidement avec
24
COLLECTION
la profondeur, il est alors nécessaire d’employer des
optiques à large ouverture focale permettant de contrebalancer un temps de pose trop long. Les boîtiers reflex
gèrent parfaitement ces contraintes mais sont très chers,
leurs caissons aussi. De plus, au-delà d’une certaine profondeur la majorité des couleurs disparaissent laissant
l’impression que tout est bleuté, un éclairage artificiel,
matériel très coûteux, encombrant et difficile à maîtriser
devient alors indispensable.
Dans les petits fonds côtiers, ces contraintes sont beaucoup moins importantes et l’usage d’un simple appareil
photo compact possédant toutefois un mode sous-marin
permettant dans certains cas de « réchauffer » les photos produira des photos d’une très bonne qualité. Renseignez-vous auprès de magasins spécialisés ou sur des
forums, de nombreux appareils compacts ou bridges ont
fait leur preuve et offrent souvent la possibilité de filmer
en haute définition. Il n’est pas nécessaire de prendre les
caissons de marques spécialisées, en général plus chers.
Les caissons (Figure 20) nécessitent un entretien soigneux et un usage rigoureux pour éviter de noyer votre
appareil dont l’issue est toujours fatale. Il est vivement
conseillé de tester le caisson dans l’eau sans l’appareil
pour s’assurer de son étanchéité. Placer l’appareil dans le
caisson et fermer le avant d’aller sur le terrain pour écarter
tout incident.
Pour éviter la formation de buée, il est très important de
ne pas faire subir de chocs thermiques à votre matériel.
Pour cela éviter de placer le matériel au soleil avant d’aller dans l’eau et installez systématiquement un sachet de
sel de dessiccation dans le caisson. Nous conseillons de
vous équiper d’une petite glacière rigide, vous pouvez y
ajouter de la mousse compact ou simplement placer le
matériel enroulé dans une serviette. Votre matériel sera
ainsi à l’abri du soleil et protégé de tous chocs lors du
transport.
L’acquisition de photos est grandement facilitée depuis
l’ère du numérique, le nombre de photos devient vite très
conséquent. Il est important d’anticiper l’archivage, en
constituant une base de données photographique.
Il existe maintenant des boîtiers compacts étanches
pouvant résister à une profondeur d’un peu plus de
10 mètres. Ce type d’appareils offre l’avantage de ne pas
avoir à s’encombrer d’un caisson, ces appareils sont du
coup très polyvalent.
Le GPS
Le géo-référencement des données
est grandement facilité par un GPS
portatif. Nous conseillons l’usage d’un
récepteur GPS étanche à la précision
sub-métrique permettant la collecte
de données SIG très précises (Figure
21). Ce type d’appareil permet d’éditer et d’exporter facilement des données (espèces, habitats, transects ou
carrés permanents, macro-déchets
etc.) à des fins d’analyse dans un Système d’Information Géographique.
Même s’il est étanche, nous
conseillons de placer le GPS dans une
pochette étanche sur le radeau qui
vous accompagne.
Figure 21 : GPS
portatif étanche
Le balisage permanent
Baliser un transect ou un carré permanent est possible
grâce à l’usage de bornes géodésiques. Ces bornes
sont prévues pour être fixées dans le sédiment de façon
pérenne grâce à une amarre en acier galvanisé munie
de tiges en acier qui se déploient dans le sol pour éviter
l’arrachement. Ces bornes se fixent à l’aide d’un marteau et d’un mandrin prévu à cet effet (Figure 22).
• Les piges graduées
Ces gabarits rigides vous seront utiles pour établir la
largeur d’un couloir d’inventaire. Vous pouvez vous
en fabriquer aux longueurs que vous désirez avec des
tubes en PVC. Vous pouvez leur ajouter des repères
métriques à la précision que vous souhaitez à l’aide de
ruban adhésif coloré (Figure 25). Ceux utilisés pour isoler des fils électriques font très bien l’affaire.
Figure 22 : Borne en résine et l’amarre fixée à l’aide du mandrin
Moins coûteux et parfois plus pratique, vous pouvez utiliser en guise de bornes des tiges en acier que vous
tordrez en U et planterez dans le sédiment à l’aide d’un
marteau.
Le matériel de mesure
Figure 25 : Piges de 2 mètres graduées tous les 10 cm
• La cordelette graduée et plombée
Que ce soit pour mesurer une distance lors de la mise
en place d’un transect, la profondeur d’une crique, les
mensurations d’un organisme marin, le naturaliste mobilise régulièrement du matériel de mesure. En fonction
de besoins spécifiques, des outils peuvent être fabriqués et étalonnés ; par exemple établir la largeur d’un
couloir d’inventaire.
Utile pour mesurer la profondeur dans les petits fonds,
fixez un plomb au bout d’une cordelette que vous tiendrez à la verticale pour mesurer la profondeur d’un fond
de crique. Vous pouvez soit reporter la mesure sur un
ruban pour connaitre la hauteur d’eau, soit graduer la
cordelette à la précision voulue à l’aide de petits nœuds
que vous pouvez colorer avec de la peinture ou du
vernis.
• Les rubans gradués
• Le compas
Les rubans gradués souvent de grandes tailles servent
en général à mesurer des distances le long d’un transect. Nous conseillons l’usage de rubans en plastique
souple avec enrouleur (Figure 23). En fonction des
protocoles, il sera pratique de posséder plusieurs longueurs (10 m, 20 m, 30 m, 50 m etc.)
La hauteur hors sédiment d’une grande nacre peut se
mesurer facilement à l’aide d’un compas dont l’écartement sera reporté sur une règle. Cet outil peut se fabriquer facilement avec deux tassots en bois, que vous
fixerez à l’aide d’une vis et d’un écrou papillon (Figure
26). Les pointes du compas sont faites à l’aide de clous.
Figure 26 : Compas
Figure 23 : Ruban gradué de 50 mètres avec enrouleur
• Le pied à coulisse
Le pied à coulisse est très utile pour prendre les mensurations d’un organisme marin tel que le test d’un oursin.
Nous conseillons de vous munir d’un pied à coulisse en
plastique (Figure 24), dont la précision peut-être inférieure au millimètre.
Figure 24 : Pied à coulisse en plastique
Les quadras
Placés aléatoirement ou non, les quadras permettent
de réaliser des mesures au sein de surface connue. Les
tailles varient généralement de 20 à 40 cm selon les besoins. Ils peuvent être fabriqués à l’aide de tube PVC
et de raccord coudé à angle droit (Figure 27). Pour le
rendre moins encombrant lors du transport, placez un
tendeur élastique au sein de chaque pièce pour pouvoir
démonter le quadra sans que les pièces ne se désolidarisent. Le quadra peut être subdivisé par un tendeur
élastique. Un quadra peut également être fabriqué à
l’aide d’un double mètre de maçon.
Figure 27 : Quadra en PVC subdivisé 4 carrés de 20 cm de côté
SUIVI DU MILIEU MARIN EN PALME MASQUE TUBA
25
Les quadras peuvent également comporter un maillage
pour utiliser la méthode des points contacts (Figure 28).
Ce maillage est réalisé à l’aide d’une corde en nylon relativement épaisse.
Figure 28 : Quadra de 20 cm de côté
Le radeau
Le radeau est très pratique permettant d’embarquer une
grande diversité de matériel. Il peut être mouillé à proximité de la zone d’intervention grâce à un plomb de 1 kg
accroché au bout d’une corde (Figure 29). Il est important
que le radeau possède un pavillon alpha ou une croix de
St André ou un pavillon rouge à diagonale blanche pour
signaler la présence de plongeurs.
Figure 29 : Radeau avec pavillon rouge à diagonale blanche
26
COLLECTION
4. Fiches méthodologiques
SUIVI DU MILIEU MARIN EN PALME MASQUE TUBA
27
28
COLLECTION
Renseigner une observation
Toutes les observations naturalistes sont intéressantes à
noter et peuvent s’avérer être très utiles à long terme à
partir du moment où elles sont renseignées avec rigueur.
Il faut profiter d’être sur le terrain dans le cadre de la mise
en œuvre d’un protocole ou d’une mission de surveillance
pour noter les observations que vous ferez de manière
opportune. Certaines de vos observations concerneront
des espèces rares ou alors rarement observées, d’autres
des espèces communes, ou encore des comportements
singuliers ou des phénomènes rarement observés tel que
la floraison d’un herbier de Posidonie. Vous pourrez aussi
détecter la présence d’espèces non indigènes qu’il sera
alors particulièrement important de suivre pour juger de
son caractère invasif ou non.
Développer votre curiosité pour les observations naturalistes, essayer de restituer et comprendre ces observations feront de vous une sentinelle efficace de votre AMP.
Les observations naturalistes collectées en dehors
d’un cadre protocolaire doivent à minima renseigner les
champs suivants :
• date : par exemple le 3 juin 2013 (éventuellement
l’heure),
• lieu : nom de l’AMP, lieu-dit (nom d’une crique par
exemple),
• auteur de l’observation,
• espèce : pour une observation de faune ou de flore,
la détermination de l’espèce doit être certaine, sinon il
faut le préciser. L’espèce doit être mentionnée en latin avec le nom de l’auteur pour écarter tout risque de
synonymie,
• abondance : nombre d’individus si possible ou alors
recouvrement.
• le type de milieu dans lequel l’espèce a été observée,
• nature de l’observation : vu, mort, échoué, prélevé etc.,
• météo (force et direction du vent, nébulosité) et état de
la mer,
• profondeur,
• remarques : l’observateur pourra ici décrire l’observation, des faits marqua nts (par exemple un poisson à
la livrée atypique), il pourra faire passer ses émotions !
• photos : avec de la chance, les observations peuvent
être immortalisées par une photo.
Dans le cas d’une espèce que vous ne connaissez pas,
essayez sur le terrain de décrire l’espèce (animal, végétal, taille, couleurs, comportements etc.) et les conditions
d’observation le plus précisément possible pour essayer
de l’identifier de retour au bureau à l’aide de guides, collègues, réseaux etc.
A titre d’exemple, vous sont présentées quelques observations naturalistes autour de l’archipel du Frioul (Figure
30) saisies dans un tableur Excel.
Figure 30 : « Log obs » milieu marin de l’archipel du Frioul
Les photos
Les photos constituent à elles seules une base de données d’espèces et d’habitats qu’il convient d’archiver
avec rigueur. Plusieurs types de métadonnées accompagnent les fichiers photos : EXIF et IPTC. Les données EXIF sont renseignées automatiquement à chaque
nouvelle prise de vue : paramètres de prise de vue
(vitesse d’obturation, ouverture du diaphragme etc.),
date et heure de la photo (vérifiez que votre appareil
soit correctement paramétré). Les métadonnées IPTC
se remplissent ultérieurement, il s’agit d’informations
concernant l’auteur, le copyright, et des informations
descriptives (sujet, mots clés etc.). Ces métadonnées
peuvent être lues et mises à jour par de nombreux logiciels d’édition d’image.
Sélectionnez la ou les photos puis clic droit => propriétés => détails (Figure 31). Pour les informations communes à plusieurs photos, remplissez les champs par
lot en sélectionnant les photos concernées. Les figures
32,33 et 34 illustrent des observations réalisées autour
de l’archipel du Frioul (Marseille, France).
Figure 31 : Renseignement des champs IPTC d’une photo
En plus de la détermination des espèces, une base de
données d’observations naturalistes apportera avec le
temps des enseignements sur la biologie et l’écologie
des espèces.
SUIVI DU MILIEU MARIN EN PALME MASQUE TUBA
29
FICHE MÉTHODOLOGIQUE — 1
Développez votre culture naturaliste !
Figure 32 : à gauche Syngnathus typhle rondeleti observé le 30 mai 2011 dans la calanque de St Estève,
à droite Eriphia verrucosa et sa mue en premier plan observé le 7 septembre 2013 dans la calanque de la Crine
Figure 33 : à gauche Mola mola observé le 24 juin 2009 dans la rade de Marseille,
à droite Tursiops truncatus observés le 17 novembre 2011 dans la rade de Marseille
Figure 34 : à gauche Sepia officinalis, à droite Octopus vulgaris, tous deux observés le 2 mai 2013 dans la calanque de la Crine
30
COLLECTION
FICHE MÉTHODOLOGIQUE — 2
Comptage visuel des poissons
Le suivi d’espèces cibles
Introduction
Le comptage visuel des poissons est une technique
non destructrice initiée dans les années 1970 (Harmelin-Vivien et Harmelin, 1975) et développée dans
le milieu des années 1980 (Harmelin-Vivien et al.,
1985) pour étudier les peuplements de poissons.
Les travaux scientifiques menés dans les Aires Marines Protégées (AMP) ont depuis permis de mettre
en évidence les effets de la protection des peuplements ichtyologiques (e.g. Harmelin, 1987, Garcia-Rubies et Zabala, 1990 ; Francour, 1994 ; Harmelin-Vivien et al., 2008). Les plus significatifs sont
(Harmelin, 1999) : (1) une augmentation de la diversité spécifique avec un retour d’espèces nobles devenues rares parce que particulièrement prisées par
la pêche, (2) une augmentation de l’abondance des
individus, (3) le retour à une structure de taille du
peuplement équilibrée avec la présence de grands
individus, (4) un changement du comportement des
poissons qui recolonisent les petits fonds côtiers
suite à l’arrêt de la pression de la chasse et de la
pêche à la ligne depuis le bord.
fonds rocheux où se pratiquent plusieurs modes de
pêche, plus ou moins sélectifs, professionnels ou
non (Harmelin, 1999).
A partir d’une liste d’espèces cibles, la méthode de
comptage décrite ci-après aura pour objet de quantifier la fréquence d’observation des espèces cibles, le
dénombrement des individus et l’évaluation de leurs
tailles. Les prospections seront réalisées depuis la
surface dans les petits fonds côtiers rocheux et ou
mixtes.
Le suivi d’une liste d’espèces cibles pourra renseigner sur les effets de la protection, mais également
sur l’impact de la pêche. Le choix des espèces suivies constitue le facteur déterminant (Harmelin et al.,
1995 ; Harmelin, 1999).
Plusieurs études utilisant la méthode de comptage
visuel pour évaluer les effets de la protection sur
les peuplements de poisson ont mis en évidence la
vulnérabilité de certaines espèces par rapport à la
pêche, faisant émerger le concept d’espèces cibles
(e.g. Bell, 1983 ; Garcia-Rubies & Zabala, 1990, Polunin & Roberts, 1993). Les effets de la pêche sur
les peuplements de poisson ne sont pas identiques
suivant les espèces, particulièrement sur les petits
SUIVI DU MILIEU MARIN EN PALME MASQUE TUBA
31
Matériel et méthodes
Le choix des espèces cibles
La connaissance des activités de pêche de l’AMP est
un préalable indispensable pour l’élaboration d’une liste
d’espèces cibles. Aucune liste n’est ici proposée, le choix
est en effet dépendant des spécificités taxonomiques
propres à chaque façade du bassin méditerranéen. Le
choix des espèces se fera de manière concertée entre
Aires Marines Protégées et scientifiques connaissant
la zone. Ce choix sera facilité si une étude des peuplements ichtyologiques a été au préalable réalisée.
Le nombre d’espèces de la liste est généralement restreint, compris entre 10 et 15 espèces, mais peut atteindre 25 espèces selon la capacité des agents à détecter et identifier les espèces.
A titre d’exemple, est présentée ci-dessous (tableau 4)
la liste des espèces cibles retenues pour l’AMP de la
Gallite.
Diplodus sargus
Sar commun
Diplodus puntazzo
Sar à museau pointu
Diplodus vulgaris
Sar à tête noire
Dentex dentx
Denti*
Spondyliosoma cantharus
Canthare*
Labrus merula
Labre merle
Labrus viridis
Labre vert
Sciaena umbra
Corb
Epinephelus marginatus
Mérou brun
Epinephelus costae
Badèche*
Mycteroperca rubra
Mérou royal
Seriola demerlii
Sériole*
* : espèce actuellement rare
Tableau 4 : Liste des espèces cibles choisies pour les comptages en PMT à
la Galite (Ody D., et al., 2010)
Quelques précautions sont à prendre en compte :
• ne pas choisir d’espèces strictement cryptiques (Murena helena, Conger conger, etc.) peu accessibles
visuellement,
• ne pas choisir d’espèces dont l’identification pourrait
être ambigüe,
• ne pas oublier les espèces pour le moment rares ou
absentes qui le seront moins, suite à la mise en place
d’une protection.
Il est impératif d’adopter une nage lente et régulière pour
conserver une longueur de transect identique à chaque
réplicat. Nous recommandons l’utilisation d’une montre
avec timer sonore, afin d’être prévenu que le temps est
écoulé sans être obligé de regarder systématiquement
sa montre. Hormis les montres d’apnée, il existe des
montres étanches bon marché possédant cette fonction
(cf. fiche matériel).
La largeur du transect doit être fixée en fonction des
conditions générales de visibilité de l’AMP. Dans le cas
d’une AMP où l’eau est très claire, cette largeur peut
être fixée à 6 mètres, le maximum étant 8 mètres. Précisons que les AMP utilisant cette méthode préconisent
des couloirs de 4 à 5 mètres. Une fois déterminée et mesurée, la largeur du transect est évaluée visuellement à
chaque transect.
Concernant la profondeur, les prospections peuvent être
réalisées sur des fonds compris entre 0 et 8 mètres,
8 mètres étant le maximum préconisé. L’identification et
l’observation de certains poissons depuis la surface deviennent en effet compliquées à partir d’une certaine profondeur (absorption des couleurs, livrée moins visible).
Nous verrons dans le paragraphe 3 comment :
• déterminer une largeur de transect,
• s’entraîner à réaliser des parcours chronométrés.
Les comptages visuels sont réalisés
depuis la surface
Le comptage visuel en palmes masque tuba se fera
uniquement depuis la surface. Les apnées sur le fond
sont fortement déconseillées pour éviter tout biais dans
l’échantillonnage (influence le comportement du poisson, concentration pendant le comptage, capacités physiques des plongeurs variables). Exceptionnellement une
apnée courte peut être faite pour s’assurer de l’identification d’une espèce inconnue. Mais il faudra alors ajouter
le temps de l’apnée au temps général pour garder une
surface d’échantillonnage constante.
Evaluation de la taille des individus :
L’évaluation de la taille d’un poisson n’est pas une chose
aisée et demande de l’entraînement. La taille évaluée est
la longueur totale et non pas celle arrêté au pédoncule
caudal. La mesure des poissons sera évaluée par classe
de taille, une précision de 2 cm peut être obtenue lors
des phases d’entraînement.
Le couloir d’inventaire
Afin d’évaluer l’abondance des espèces cibles (nombre
d’individus par unité de surface), les comptages seront
réalisés sur une unité standard d’échantillonnage (Harmelin-Vivien et al., 1985). Ceci permettra de pouvoir
comparer dans le temps et dans l’espace des stations
de comptage. Il est préférable de choisir des surfaces de
comptage relativement petites et de multiplier les comptages pour permettre une analyse statistique (Ody D. et
al., 2010).
Nous préconisons une longueur de comptage de 30
mètres. Il est possible de se référer à un temps de parcourt pour éviter de mesurer systématiquement les transects et ainsi alléger le protocole. Nous avons évalué que
3 minutes sont nécessaires pour parcourir les 30 mètres.
32
COLLECTION
Figure 36 : Harmelin J.G., 2013. Formation au comptage visuel des poissons.
Oran, Habibas-Cap Blanc, 1-6 juin 2013
pourra noter pour chaque espèce si le poisson est :
1 : très fuyant,
2 : fuyant,
3 : indifférent,
4 : curieux.
Informations supplémentaires à collecter
La présence des espèces étudiées va en partie être
conditionnée par différents facteurs qu’il convient de
noter à chaque opération de comptage afin de préciser
l’interprétation des résultats.
Figure 37 : Plaque immergeable côté « prise de notes »
Figure 38 : Plaque immergeable côté « silhouettes taille réelle »
• l’écartement donné par votre pouce et votre index est
une longueur fixe qui pourra vous être utile,
• les exercices d’évaluation en entraînement (paragraphe 3).
Comptage du nombre d’individus :
Le comptage est facilement réalisé pour des groupes allant jusqu’à 30 individus. Au-delà, vous pourrez utiliser
des classes d’abondance, (Harmelin-Vivien et Harmelin,
1975) :
• de 31 à 50 individus
• de 51 à 100 individus
• de 101 à 200 individus
• de 201 à 500 individus
Ainsi, la date, la tranche horaire de comptage, la température de l’eau et l’habitat seront autant de facteurs qui
influenceront la présence des poissons. La météo (soleil,
nuageux, pluvieux), le vent (échelle Beaufort et orientation), l’état de la mer (calme, peu agitée, agitée), la visibilité et la profondeur auront une influence sur la qualité
des observations.
La description de l’habitat sera réalisée pour chaque
transect de la manière suivante :
• pourcentage de sable/gravier/galet,
• pourcentage d’herbier à posidonie,
• pourcentage de roche.
Pour la roche, une précision doit être apportée quant à
la rugosité. Nous entendons par rugosité : la structure
physique de l’habitat rocheux qui gagnera en complexité
plus son volume sera important et ses anfractuosités seront nombreuses.
Nous proposons pour cela une échelle de 0 à 4 selon la
figure ci-dessous :
Pour l’exploitation des données, on prendra alors la médiane de chaque classe. Une fois que vous serez aguerris aux comptages, il vous sera possible de compter
les poissons plus précisément sans tenir compte des
classes d’abondance.
0 : roche plate,
1 : petits blocs éparses,
2 : petits blocs amassés,
3 : association de petits blocs et de gros blocs,
4 : association de petits blocs et de gros blocs formant un volume important avec une
complexité de failles, d’anfractuosités et de surplombs maximale (l’habitat rocheux
exceptionnel !).
Figure 40 : Echelle de rugosité
Exemple d’informations collectées sur la plaque immergeable pour décrire l’habitat le long d’un transect :
20HP 80R / 3
Figure 39 : Le comptage et l’évaluation de la taille des poissons se complique
lorsque le nombre d’individus se multiplie
Ce qui signifie : 20 % de fond d’herbier à Posidonie,
80 % de fond rocheux dont la rugosité est de 3.
Description du comportement du poisson
La profondeur sera évaluée pour chaque transect tandis
que la visibilité sera valable pour une station à une date
donnée.
Afin de mieux caractériser la station d’étude et la pression de pêche sous-marine du site, le comportement du
poisson sera évalué. En effet la pêche sous-marine est
une technique qui met en contact visuel le pêcheur et
le poisson qui conserve alors une distance de sécurité
(Ody D., et al., 2010). Dans une zone protégée, le poisson aura au contraire un comportement beaucoup plus
indifférent à l’approche d’un plongeur.
A chaque station et à l’issue des différents transects, on
SUIVI DU MILIEU MARIN EN PALME MASQUE TUBA
33
FICHE MÉTHODOLOGIQUE — 2
Pour évaluer la taille d’un poisson, plusieurs outils
peuvent être utilisés :
• la règle fixée sur la plaque immergeable donne de bons
repères même si le poisson est un peu éloigné,
• une feuille immergeable avec la représentation de silhouettes de poisson en longueur réelle offre des repères
très précieux et souvent déterminant,
Ces deux paramètres seront évalués selon les classes
suivantes :
Profondeur (échelle de 1 à 4)
Visibilité (échelle de 1 à 3)
0 à 2 mètres
visibilité < 5 mètres
2 à 4 mètres
5 mètres < visibilité < 10 mètres
4 à 6 mètres
visibilité > 10 mètres
6 à 8 mètres
Préparation de la plaque immergeable
Pour faciliter la prise de note, nous vous conseillons de
préparer un tableau où toutes les informations seront
retranscrites. Ce tableau facilitera la relecture et la saisie des données de retour au sec. Les colonnes correspondent aux transects et les lignes aux espèces cibles.
Comme nous le précisons dans le paragraphe consacré
au matériel, nous conseillons l’emploi de papier immergeable qui sera fixé sur la plaque à l’aide de la règle graduée. Vous pourrez ainsi préparer plusieurs feuilles. Préparez autant de lignes que d’espèces cibles et inscrivez
le nom de chaque espèce. Répartissez les espèces par
famille et conservez le même ordre pour vous repérer
plus facilement.
Date :
Météo :
Vent :
Heure début :
Visibilité :
Mer :
T°C eau :
Heure fin :
…
Comportement
Transect n°
1
2
3
L’échantillonnage
Proposer un schéma d’échantillonnage commun à plusieurs AMP n’est pas envisageable car directement liés
à l’intensité d’échantillonnage possible (moyens humains
et temps disponible) aux questionnements, aux problématiques et aux orientations de gestion.
Nous recommandons toutefois un échantillonnage répartit de façon homogène au sein de l’AMP en prenant soin
de visiter l’ensemble des grands secteurs. Cela ne signifie pas une visite exhaustive de tous les petits fonds mais
une répartition homogène de stations d’échantillonnage
au sein de grands secteurs : géographiques et règlementaires (Figure 41)
Station :
Figure 41 : Répartition des stations d’échantillonnage au sein d’une AMP
théorique
Les transects seront répliqués aléatoirement au minimum
10 fois au sein de chaque station d’échantillonnage. Les
stations doivent être situées sur des petits fonds rocheux
ou mixtes suffisamment grands pour permettre la réalisation de répliquas en préservant l’indépendance des
échantillons (Daniel B., et al., 2002). Les répliquas temporels sont un plus pour affiner la représentativité des
données.
Habitat
Profondeur
Diplodus sargus
Diplodus puntazzo
Diplodus vulgaris
Dentex dentex
La profondeur devra être la plus constante possible le
long d’un même transect.
Spondyliosoma
cantharus
Selon la bathymétrie, les transects seront réalisés parallèlement (profondeur augmentant rapidement) ou perpendiculairement (petits fonds étendus) à la côte.
Labrus merula
Labrus viridis
Sciaena umbra
Pour un suivi annuel ou pluriannuel, la période de fin d’été
et de début d’automne est généralement privilégiée.
Epinephelus
marginatus
Conditions d’échantillonnage
Epinephelus costae
Mycteroperca rubra
Seriola demerlii
Tableau 5 : Exemple de tableau de terrain avec la liste d’espèces cibles de l’AMP
de la Gallite
L’échantillonnage doit se dérouler dans de bonnes conditions météo et de mer pour s’assurer d’avoir la meilleure
visibilité possible et garantir la sécurité des plongeurs. Si
une mauvaise visibilité ne permet pas de respecter la largeur du couloir d’inventaire, la plongée doit être reportée.
Nous recommandons l’échantillonnage à deux observateurs par station pour qu’ils puissent se porter assistance
en cas de difficulté. Cela permettra d’échantillonner une
station plus rapidement. Attention toutefois à conserver
une distance suffisante pour garantir l’indépendance des
échantillons.
34
COLLECTION
Approche par espèce
Pourcentage d’espèces cibles observées toutes
tailles confondues (Harmelin, 1999)
Saisie de la donnée
Abondance des individus
Pourcentage d’espèces cibles observées en ne
considérant que les gros individus (Harmelin, 1999)
De retour au bureau, vient le temps de la saisie et du
stockage des données. Vous pouvez conserver les
feuilles immergeables, ce qui constituera une sauvegarde
précieuse en cas de problème informatique. Il est important de saisir les données rapidement après la campagne
de terrain, les observations sont encore fraîches dans
votre esprit ce qui pourra parfois aider la relecture des
données. La saisie des données sera ensuite réalisée
sur un tableur type Excel®. L’idéal pour l’exploitation des
données étant l’utilisation d’un Système de Gestion de
Base de Données (type Access®).
Attention de ne pas saisir vos données sous forme de
résultat, cela empêchera toute exploitation par la suite.
En colonne saisissez les différentes informations imposées par le protocole, les lignes correspondent à chaque
nouvelle donnée. Il faudra ressaisir à chaque ligne les
données communes à une station ainsi que celles communes à un transect, même si c’est fastidieux (Figure
42). Afin d’éviter tout risque d’erreur de saisie, nous
conseillons l’emploi de liste déroulante pour les champs :
météo, mer, visibilité, espèce, nombre et comportement.
Nombre total d’individus par espèce toutes tailles
confondues par unité de surface
Approche par démographie Proportion des gros individus par espèce (Harmelin,
1995)
Structure du peuplement par espèce : nb total
d’individus par classes de taille (Harmelin, 1995)
Tableau 6 : Exemple de valorisation des données en vue de mettre en évidence
un effet réserve
Adultes
des
deux
sexes
Œufs,
larves
Immatures
Un seul
sexe
Ponte
Adultes
(surpopulation) :
spillover
Faible
production
d'œufs
par de
petites
femelles
Zone
surexploitée
Démographie
équilibrée
Forte
production
d'œufs
par de
vieilles
femelles
Zone périphérique Aire Marine Protégée
Figure 43 : Les effets attendus de la protection des peuplements de poisson
BOUDOURESQUE C.F., CADIOU G., LE DIRÉAC’H L., 2005. Marine protected
areas : a tool for coastal areas management. E. Levner et al. (eds.). Strategic
management of marine ecosystems, Springer publ., 29-52
Exercices d’entrainnement et pré-requis
Figure 42 : Fichier de saisie type tableur
Les données présentées dans le tableur Excel® ci-dessus ne sont pas issues d’observations de terrain et sont
indiquées à titre d’illustration.
Une exploitation simple peut ensuite être réalisée sur Excel® à l’aide de tableau « croisé dynamique ».
Quelques pistes pour valoriser vos données
Voici quelques enseignements (Tableau 6) que l’on pourra tirer du jeu de données. Encore une fois, ce sera à
chaque gestionnaire d’orienter l’échantillonnage en fonction de son propre questionnement et des problématiques de gestion auxquelles il est confronté.
Dans chaque cas, il conviendra de comparer les stations
entre elles en particulier lorsqu’elles sont issues de zones
gérées différemment (zone protégée vs zone pêchée).
D’autre part, il sera possible de suivre l’évolution du peuplement de poissons dans le temps, ce qui sera particulièrement intéressant après la mise en place d’une protection. Les effets de la protection aussi appelés « effet
réserve » ont été étudiés autour de nombreuses AMP, ils
sont rappelés sur la figure 43.
Etalonnage du couloir d’inventaire
Pour déterminer et mesurer la surface du couloir que
vous adopterez sur votre AMP, vous pouvez procéder
comme suit en déroulant tout d’abord un décamètre de
30 m sur le fond. Des flotteurs lestés sont ensuite disposés de part et d’autre du décamètre. Ecartez les à égale
distance du décamètre jusqu’à obtenir une largeur de
couloir raisonnable pour assurer l’identification des poissons. Mesurez enfin à l’aide d’un deuxième décamètre la
largeur du couloir. Ce couloir sera ensuite estimé visuellement pour chaque transect. Vous pouvez vous entraîner
à visualiser le couloir sur un parcourt balisé en plaçant
des flotteurs lestés de part et d’autre de votre décamètre. Parcourez-le en nageant lentement et régulièrement de manière à couvrir la distance en 3 min.
Flotteurs
Lestés
Largeur max :
8 mètres
Décamètre
30 mètres
Largeur max : 8 mètres
Figure 44 : Couloir d’inventaire balisé lors de l’entrainement des observateurs
SUIVI DU MILIEU MARIN EN PALME MASQUE TUBA
35
FICHE MÉTHODOLOGIQUE — 2
Exploitation des données
Ce balisage n’est valable que pour un entraînement lors
du calibrage de la surface d’échantillonnage. La mise
en place du balisage n’est pas envisageable lors d’un
échantillonnage car il pourrait influencer le comportement des poissons et donc biaiser les observations. Une
fois cet entraînement accompli, vous pouvez tester votre
capacité à parcourir les 30 mètres en 3 minutes en réalisant un parcours non balisé que vous mesurerez une fois
terminé.
En PMT, la communication est très facile en surface,
n’hésitez donc pas à partager et confronter vos observations (taille et nombre d’individus, évaluation de la rugosité). L’entraînement en binôme ou en petit groupe est
indispensable au début de chaque nouvelle saison de
terrain pour calibrer les observations.
Evaluation de la taille des individus
Pour obtenir une précision de 2 cm, il est nécessaire
de s’entraîner sur des silhouettes ou des objets de différentes tailles correspondant à des formes corporelles
standard (fusiforme, oblongue, serpentiforme, posés sur
le fond à différentes distances.
Vous pouvez également vous entraîner en repérant sur le
fond la place occupée par un poisson dont vous voulez
connaître la taille. Le rouget est une espèce qui se prête
bien à cet exercice. Prenez des repères physiques au niveau de son museau et de sa queue puis mesurez l’écartement de ces repères avec votre plaque immergeable
(Figure 45).
Figure 46 : Plongeurs réalisant un transect en binôme
Figure 47 : Plongeurs comparant leurs observations
Identification des espèces
Avant tout effort d’échantillonnage, les agents de terrain
doivent apprendre à reconnaitre les espèces cibles retenues pour le suivi. Il existe plusieurs guides d’identification des poissons marins, attention aux guides ne proposant que des photos. Il est important pour identifier
un poisson que la photo soit accompagnée d’un dessin
et des informations décrivant la distribution et le mode
de vie de l’espèce. Voici quelques références reconnues
pour leur fiabilité :
• Guide d’identification des poissons marins Europe et
Méditerranée, Patrick LOUISY, 2002
• Poissons de Méditerranée, Jean Georges HARMELIN,
Sandrine RUITTON, 2013,
• Guide FAO d’Identification des Espèces (http://www.
fao.org/docrep/009/x0170f/x0170f00.HTM)
Figure 45 : Exercice d’évaluation de la taille des poissons
36
COLLECTION
FICHE MÉTHODOLOGIQUE — 2
BIBLIOGRAPHIE
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poissons dans le site Natura 2000 des Calanques et de l’Archipel
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ichthyofauna in the Scandola natural reserve (Corsica, Northwestern
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Sci. Mar. 54 : 317-328.
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Ecology 16 : 233-250.
HARMELIN J.-G., 1999. Visual assessment of indicator fish species
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méthode d’évaluation «in situ» de la faune ichtyologique. Trav. Sci.
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GALZIN R., LEJEUNE P., BARNABE G., BLANC F., CHEVALIER R.,
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Ecol. (Terre Vie), Fr. 40 : 467-539.
HARMELIN-VIVIEN M., LE DIREACH L., BAYLE-SEMPERE J.,
CHARBONNEL E., GARCIA-CHARTON J.A., ODY D., PEREZ-RUZAFA A., RENONES O., SANCHEZ-JEREZ P., VALLE C., 2008. Gradients of abundance and biomass across reserve boundaries in six
Mediterranean marine protected areas: Evidence of fish spillover ?
Biological Conservation, 141 : 1829-1839
JOUVENEL J.-Y., 1997. Ichtyofaune de la côte rocheuse des Albères (Méditerranée N.-O., France). Thèse de Doctorat d’Océanologie Biologique de l’E.P.H.E., label Européen, 280 pp.
ODY D., HARMELIN J.G., LE DIREACH L., BONHOMME P., ROUANET E., LELONG P., GARCIA CHARTON J., TILLMAN M., 2010.
Comptage de poisson et évaluation de la biomasse halieutique dans
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SUIVI DU MILIEU MARIN EN PALME MASQUE TUBA
37
38
COLLECTION
FICHE MÉTHODOLOGIQUE — 3
Recrutement du genre Diplodus spp.
sur les côtes rocheuses
Identification et cartographie des nourriceries - Évaluation du recrutement annuel
Introduction
Le cycle de vie de la majorité des poissons marins
littoraux est complexe, se partageant entre une
phase de dispersion larvaire pélagique et une phase
adulte benthique relativement sédentaire. C’est le
cas des sparidés et plus précisément du genre Diplodus (Harmelin-Vivien et al., 1995) à partir duquel
nous allons illustrer cette fiche technique.
La phase de reproduction a lieu dans des eaux plus
profondes que celles fréquentées habituellement par
les adultes. Une fois libérés, les œufs sont fécondés
en pleine eau, s’ensuit alors une période larvaire, la
phase de dispersion (Harmelin-Vivien et al., 1995).
Puis les larves colonisent des habitats particuliers
qualifiés de nourricerie dans des eaux très superficielles (Harmelin-Vivien et al., 1995). Elles subissent
alors une transformation morphologique jusqu’au
stade juvénile leur permettant de s’adapter à leur
nouvelle vie benthique (Jouvenel, 1997); c’est la
phase d’installation.
La phase de recrutement correspond à l’incorporation des juvéniles au sein des populations adultes
(mature sexuellement) (Shapiro, 1987 in Pastor 2008).
Figure 48 : Les habitats ayant un rôle essentiel dans les étapes clé du cycle de
vie de certains poissons (Teleostei), (Dessin modifié de Cheminée, 2012, d’après
Harmelin-Vivien, 1995)
Les nourriceries sont essentielles pour la conservation
des espèces et particulièrement pour le genre Diplodus
où elles sont utilisées successivement par différentes
espèces (Cheminée et al., 2011) parmi lesquelles Diplodus puntazzo, Diplodus vuldaris et Diplodus sargus, et
représentent une valeur économique significative (Jouvenel, 1997 ; Vigliola, 1997).
Il est donc primordial que le rôle des nourriceries soit
pris en considération dans les orientations de la gestion et de l’aménagement et la zone côtière (Cheminée,
2012) pour les protéger de l’artificialisation du littoral et
ainsi préserver leur fonctionnalité.
Nous proposons tout d’abord une méthodologie permettant l’identification et la cartographie des nourriceries, puis dans un second temps, l’évaluation annuelle de l’intensité d’installation et du recrutement des
juvéniles.
SUIVI DU MILIEU MARIN EN PALME MASQUE TUBA
39
Identification et cartographie
des nourriceries
Trois étapes successives sont nécessaires pour l’identification et la cartographie des nourriceries :
• présélection de sites potentiellement favorables à
l’installation,
• caractérisation et cartographie des habitats favorables,
• installation de juvéniles au sein des habitats favorables.
Figure 49 : Sar à museau pointu, Diplodus puntazzo
Pré-sélection de sites potentiellement favorables
à l’installation
Selon les travaux de Garcia-Rubies et Macpherson
(1995) et Harmelin-Vivien et al. (1995), en Méditerranée,
les habitats de nourriceries pour le genre se situent au
niveau de l’infralittoral dans des eaux très superficielles
abritées. Ils correspondent à des sites en pente douce,
de substrat hétérogène de galets, de sables ou de graviers et de petits et moyens blocs rocheux. La couverture
par les macrophytes peut être variable.
Figure 50 : A gauche, sar à museau pointu, Diplodus puntazzo
A droite, sar à tête noire, Diplodus vulgaris
Figure 52 : Nourricerie de substrat hétérogène à graviers, galets et petits blocs
rocheux colonisés par des macrophytes
Figure 51 : Sar commun, Diplodus sargus
Dans ses travaux sur les nourriceries, Cheminée et al.
(2011) propose de présélectionner des sites potentiellement favorables sur la base d’analyse de photographies
aériennes. En se référant à la connaissance de la structure des nourriceries à Diplodus spp. étudiées en 1995
(site abrité en pente douce, de substrat hétérogène), les
sites favorables sont identifiés, ceux défavorables sont
écartés.
Par exemple, sur la photo ci-dessous (Figure 53, archipel du Frioul, Marseille), les cercles rouges pointent des
zones de couleurs très claires en fond de crique, il s’agit
alors très certainement de petits fonds en pente douce,
relativement abrités, sites favorables. Au contraire, les
croix blanches indiquent des zones sombres et relativement ouvertes. Ces fonds sont défavorables parce que
trop abrupts et trop exposés aux vents dominants.
Figure 53 : Pré-sélection de sites potentiellement favorables à l’installation de
juvéniles
40
COLLECTION
Une visite des sites pré-sélectionnés est nécessaire pour
caractériser les habitats, ce qui permettra ensuite d’identifier et cartographier ceux comme étant favorables à
l’installation de juvéniles.
La caractérisation des habitats est réalisée au sein de
portions homogènes du linéaire côtier. A l’aide d’un SIG,
dessinez le trait de côte à partir d’une orthophoto de
votre zone d’étude. Nous préconisons une échelle de
travail de 1:7000 qui sera suffisamment précise pour cet
exercice.
côtier (> 20 m),
• un substrat homogène de roche,
• une pente supérieure à 40°,
• une profondeur supérieure à 2 mètres,
• une exposition de type agité.
A titre d’exemple, voici la caractérisation des habitats
réalisés pour la calanque de la Crine sur l’archipel du
Frioul. La calanque a été découpée en portions homogènes (Figure 56), dont les caractéristiques ont été décrites dans le tableau 7.
Fixez d’un côté de votre plaque immergeable l’orthophoto (Figure 54) plastifiée et de l’autre le trait de côte
correspondant, (Figure 55) imprimé sur une feuille immergeable. Préparez autant de cartes que de sites sélectionnés en conservant la même échelle de travail.
Figure 56 : Portions homogènes du linéaire côtier de la calanque de la Crine
Figure 54 : Orthophoto
Figure 55 : Trait de côte
L’orthophoto étant plus détaillée, il vous servira à vous
repérer sur la carte « Trait de côte ». Placez-vous à 2
mètres de la côte puis nagez parallèlement au linéaire.
Toutes les mesures doivent être réalisées à cette distance (écartement des deux bras). Segmentez ensuite
le trait de côte en portions homogènes puis relevez pour
chaque portion les caractéristiques suivantes :
• tombant : présence ou non,
• pente : 0-20°, 20-40°, 40-60°, >60°, surplomb,
• substrat : sable, gravier, galets, blocs, roches, herbier,
nu (si absence de macrophytes),
• exposition : calme, moyen, agité,
• profondeur : mesurée à l’aide d’une cordelette graduée
plombée.
La profondeur et la pente sont évaluées à l’aplomb du
plongeur. La profondeur peut être variable au sein d’une
même portion. Reportez vos observations sur une feuille
immergeable à part.
Portion
Tombant Pente Substrat
Profondeur Exposition
1
oui
F
R+B+H
1,3 à 1,7
Moyen à agité non
Favorable
2
oui
D
S+GAN+GR
0,70
Moyen à agité non
3
non
D à M R+H
1
Moyen
non
4
non
D
S+GR+GA+B
0,30
Calme
oui
5
non
D
R+H
0,60
Calme
non
6
non
D
SA+GR+B
0,30
Calme
oui
7
oui
D
R
0,30
Calme
non
8
non
D
GA+B
0,20
Calme
oui
9
non
D
GAN+H
0,40
Agité
non
10
oui
M à A R+GA
1,5 à 3
Agité
non
Tableau 7 : Caractérisation des portions homogènes de la calanque de la Crine
Cette caractérisation a permis d’identifier 3 zones favorables à l’installation de juvéniles. Ces nourriceries potentielles sont identifiées sur la figure 57.
Le substrat est évalué selon les tailles suivantes (Cheminée, 2004), la règle graduée fixée sur la plaque immergeable servira de repère :
• sable : < 1 cm,
• graviers : > 1 cm,
• galets : > de 6 cm,
• blocs : > 15 cm,
• roche : surface rocheuse non individualisée en blocs.
En fonction de la nature des caractéristiques (tombant,
pente, substrat, exposition, profondeur) relevées pour
chaque portion homogène, les nourriceries potentielles
sont identifiées puis cartographiées.
Figure 57 : Nourriceries potentielles de la calanque de la Crine
Si une de ces caractéristiques est présente, la partie de
côte n’est pas validée :
• un tombant supérieur à 2 mètres de profondeur,
• un substrat homogène de sable sur un grand linéaire
SUIVI DU MILIEU MARIN EN PALME MASQUE TUBA
41
FICHE MÉTHODOLOGIQUE — 3
Caractérisation et cartographie des habitats
favorables
Installation de juvéniles au sein d’habitats
favorables
Une dernière visite de terrain au moment de la phase
d’installation sera réalisée sur les habitats favorables.
Cela permettra de vérifier la présence ou non de juvéniles. Cette phase de validation s’avère essentielle pour
qualifier les habitats de nourriceries. En effet, certains
habitats peuvent avoir un potentiel d’accueil intéressant,
sans qu’aucun juvénile ne s’y installe, par exemple en raison d’un hydrodynamisme défavorable.
D. sargus est l’espèce sur laquelle on s’appuiera pour
valider l’installation de juvéniles dans les micro-habitats
sélectionnés. En effet, cette espèce présente plusieurs
avantages par rapport à d’autres espèces : (1) les juvéniles s’installent dans des petits fonds très accessibles,
(2) se cantonnant entre 0 et 2 mètres de profondeur,
(3) les arrivées de juvénile se produisent au début de la
saison estivale et (4) se concentrent sur une période de
temps relativement courte (Garcia-Rubies et Macpherson, 1995 ; Harmelin-Vivien et al., 1995), (5) les juvéniles
s’installent en nombre relativement important, (6) restant
affectés à une localité (Jouvenel, 1997).
Figure 60 : Livrées de Diplodus sargus au cours de son développement (les tailles
ne sont pas respectées). D’après Lo Bianco et al., 1933, Fauna et flora del golfo
di Napoli.
Après la vérification de la présence de juvéniles, il est
alors possible de calculer le linéaire côtier occupé par
les nourriceries, sur la base de la cartographie réalisée.
Pour cette raison, une échelle identique doit être adoptée entre les différents sites présélectionnés. Vous pourrez ainsi évaluer la potentialité d’accueil des juvéniles à
l’échelle de votre AMP ou zone d’étude.
ATTENTION…
Lors d’une année où l’intensité de l’installation est particulièrement faible, certaines nourriceries n’accueilleront pas
ou peu de juvéniles. Seul un suivi reconduit sur plusieurs
années permettra d’écarter tel ou tel linéaire de côte.
Figure 58 : Juvéniles de Diplodus sargus (photo Adrien Cheminée)
Précisons aussi que lors d’une phase d’installation dont
l’intensité est particulièrement forte, une nourricerie peut
se retrouver saturée. Dans ce cas, une partie des juvéniles
sera alors obligée de s’installer dans des zones périphériques moins favorables. Pour autant, ne cartographiez
pas à nouveau les nourriceries, en fonction de vos observations de poisson.
RAPPEL
D’autre part, si à l’échelle d’une région, les caractéristiques ne sont pas théoriquement favorables à l’installation de juvéniles, ces derniers peuvent s’installer au sein
de zones telles que des endiguements rocheux. Si aucune
portion du linéaire côtier n’est favorable, une prospection
est à réaliser dans un second temps au sein de zones
endiguées.
Evaluation annuelle de l’intensité d’installation
et du recrutement
Figure 59 : Stade larvaire de Diplodus sargus, RÉ, P., I. MENESES (2008),
Early stages of marine fishes occurring in the Iberian Peninsula, IPIMAR/IMAR:
282pp. ISBN-978-972-9372-34-6
42
COLLECTION
Beck et al., (2001) évalue la valeur d’une nourricerie
par rapport au succès du recrutement (importance du
nombre de juvéniles ayant rejoint la population adulte).
La valeur d’une nourricerie dépend de facteurs biotiques
(par ex. alimentation en larves, prédation, compétition
etc.), abiotiques (par ex. profondeur, paramètres physico-chimiques etc.) et paysagers (par ex. configuration spatiale, connectivité avec les habitats de populations adultes etc.). Ces facteurs auront un impact sur le
nombre d’arrivants, sur la croissance et le taux de mortalité des juvéniles et enfin sur le nombre de juvéniles qui
rejoindra les populations adultes. Evaluer la valeur d’une
nourricerie demande un travail de terrain et d’analyse très
important difficilement envisageable dans le cadre d’un
suivi réalisé en routine.
Les dates d’installation des juvéniles de Diplodus sargus, se situent entre mi-mai et fin juin (Garcia-Rubies et
Macpherson, 1995 ; Haremelin-Vivien, 1995 ; Jouvenel,
1997). Les juvéniles s’installent dans les nourriceries par
cohortes relativement groupées en quelques jours (Jouvenel, 1997). Le pic d’installation correspond au nombre
maximal de juvéniles installés (Jouvenel, 1997) et dont la
valeur représente l’intensité d’installation pour une année
donnée. Le recrutement a lieu entre la mi-août et début
septembre (Macpherson, 1998).
Nous entendons par recrutement, le nombre total d’individus présents dans les nourriceries avant leur dispersion vers les populations adultes. Cette date correspond
à la fin de la période d’installation et prend en compte
une partie de la mortalité. Cette valeur correspond donc
au nombre de juvéniles potentiellement capables de rejoindre les populations adultes.
Une rapide visite de quelques nourriceries à la fin du
mois de mai vous permettra de confirmer ou non l’arrivée
de nuages de juvéniles de 1 cm (Figure 60). Par la suite,
deux comptages exhaustifs des juvéniles seront réalisés
(cas de la côte nord occidentale de la méditerranée) :
• l’un mi-juin situé après le pic d’installation,
• l’autre début août situé avant le départ des recrues
vers les populations adultes.
Ces dates, issues de travaux réalisés sur la côte nord
occidentale de la Méditerranée, constitue une base théorique. Selon les années et les régions du bassin méditerranéen, les dates d’installation des juvéniles peuvent
varier. Un ajustement sera nécessaire en fonction de
l’observation de nuages d’individus d’1 cm. Il faudra placer le premier comptage une dizaine de jours après l’observation de ces nuages, le deuxième comptage environ
un mois et demi après.
FICHE MÉTHODOLOGIQUE — 3
Nous proposons, pour chaque site favorable d’évaluer
de façon simplifiée : (1) l’intensité annuelle d’installation
des juvéniles, (2) le recrutement annuel.
Figure 61 : Les particules en suspension gênent la détection des juvéniles
Pour la prospection du linéaire côtier de chaque nourricerie, on adoptera une nage lente et régulière de manière
à ne pas compter deux fois les mêmes individus. Vous
rapporterez vos observations à la distance du linéaire
côtier. La densité de poissons se calculera par mètre linéaire. Tout comme le comptage des poissons adultes,
une évaluation directe de l’abondance des juvéniles sera
réalisée en sachant qu’une certaine approximation apparait au delà de 20 individus.
La taille des individus est évaluée au demi-centimètre
près, entre 0 et 4 cm de longueur. Les silhouettes de
taille réelle et la règle fixée sur la plaque sont utilisées
comme repère.
Figure 62 : Silhouettes de taille réelle pour évaluer la taille des juvéniles
Préparez un tableau sur une feuille immergeable pour
noter vos observations et fixez également la cartographie des nourriceries à échantillonner. Les colonnes correspondent aux différentes classes de tailles, les lignes
aux nourriceries. Attention de donner un numéro unique
à chaque nourricerie.
Date :
Site 1
Température
de l’eau :
Météo
10
15
20
25
30
35
40
45
50
55
10
15
20
25
30
35
40
45
50
55
Nourricerie 1
Nourricerie 2
Nourricerie 3
…
Site 2
Figure 60 : Nuage de Diplodus sargus (© Adrien Cheminée)
Nourricerie 4
Nourricerie 5
Protocole de terrain
La tranche horaire à laquelle les nourriceries sont prospectées doit être comprise entre 11:00 et 15:00, correspondant au milieu de la journée. Attention pour les deux
périodes de comptage, l’ensemble des nourriceries doit
être visité si possible le même jour ou sur un nombre de
jours très réduit et cumulé. Il conviendra de cibler une
fenêtre météo favorable pour plusieurs jours consécutifs.
Les conditions de mer et de visibilité doivent être optimales, les poissons que vous allez compter sont petits et
peuvent rapidement être confondus avec des particules
en suspension (Figure 61).
Nourricerie 6
…
Tableau 8 : Exemple de tableau de terrain
SUIVI DU MILIEU MARIN EN PALME MASQUE TUBA
43
Vous pourrez ensuite réaliser une représentation graphique par exemple sous la forme d’histogrammes.
Densité de juvéniles par mètre linéaire
4
3,5
3
Moyenne
2,5
2
1,5
Figure 63 : Plongeur réalisant un comptage des juvéniles (© Adrien Cheminée)
1
0,5
Exploitation de l’échantillonnage
Saisie et stockage des données
La saisie des données est réalisée sur un tableur tel qu’indiqué ci-dessous (Figure 64). En colonne sont renseignés
les différents paramètres, les lignes correspondent aux
nourriceries. Notez le nombre de poissons observé par
classe de taille.
0
Calanque 1
Calanque 2
Calanque 3
Figure 66 : Densité de juvéniles par mètre linéaire
Vous pourrez également comparer vos stations entre
elles en regroupant les juvéniles par classe de taille ; petit, moyen et grand, par exemple.
3
Moyenne
2,5
2
1,5
1
0,5
Figure 64 : Exemple de fichier de saisie (données fictives)
Valorisation des données
Pour la comparaison de stations entre elles, vous veillerez à réaliser au moins trois réplicas, ces derniers se devant d’être indépendants et identiques en termes de caractéristiques. Les stations peuvent être des calanques ;
les différentes nourriceries pré-identifiées au sein de
chacune d’entre elles pourront être considérées comme
autant de réplicas. Vous calculerez les densités de juvéniles par mètre linéaire pour chaque transect (nourricerie).
Ce linéaire peut être calculé à l’aide d’un SIG en conservant la même échelle de travail que pour la cartographie :
1:7000.
Figure 65 : Calcul de la densité totale de juvéniles par mètre linéaire (données
fictives)
0
Petit
Moyen
Calanque 1
Grand
Petit
Moyen
Grand
Petit
Calanque 2
Moyen
Grand
Calanque 3
Figure 67 : Densité de juvéniles par classe de taille
Exemple de sujet d’étude
Evaluer l’impact de la fréquentation (bateaux régulièrement beachés, plages très fréquentées etc.) sur l’intensité de l’installation et du recrutement.
La même évaluation peut être faite par rapport à une
pollution.
Vers un partage et une mutualisation
des connaissances
Le genre Diplodus spp. est communément représenté
à l’échelle de la Méditerranée. Ces espèces ont une
forte valeur commerciale pour la pêche artisanale. D’un
point de vue écologique, les sars sont des prédateurs
d’oursins, ils limitent ainsi le surpâturage des zones
rocheuses. En protégeant les habitats essentiels pour
les juvéniles et en encadrant les activités de pêche des
populations adultes, les AMP permettent le retour d’une
structure démographique équilibrée des populations de
poissons et l’exportation d’œufs et de larves hors de
leurs frontières (effet réserve). Les AMP œuvrent ainsi
pour la ­dynamisation de la pêche aux petits métiers.
Une mutualisation des moyens, des données et des
connaissances à l’échelle de plusieurs AMP amplifierait
l’efficacité de leurs actions. Plusieurs équipes scientifiques travaillent sur le recrutement et sont très motivés
pour appuyer toute initiative.
44
COLLECTION
FICHE MÉTHODOLOGIQUE — 3
BIBLIOGRAPHIE
BECK, M.W., HECK, K.L., ABLE, K.W., CHILDERS, D.L., EGGLESTON, D.B., GILLANDERS, B.M., HALPERN, B., HAYS, C.G.,
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d’Océanologie de Marseille – Station marine d’Endoume. 44p.
SUIVI DU MILIEU MARIN EN PALME MASQUE TUBA
45
FICHE MÉTHODOLOGIQUE — 4
Cartographie et évaluation de la vitalité
de bioconcrétionnement
Encorbellements à Lithophyllum byssoides, vermetides, Corallina elongata
et Lithophyllum incrustans
Introduction
Le terme bioconcrétionnement désigne des formations biologiques solides. De nombreux organismes
marins dont certaines algues rouges fixent le calcaire
dissout dans l’eau de mer pour construire leur squelette (Valesi G. et Pergent-Martini C., 2011).
C’est le cas de Lithophyllum byssoides, une espèce
relativement commune dans le Nord-Ouest de la
Méditerranée (Figure 68) et sur la partie Nord-Est
de l’Atlantique (Verlaque, 2010). Dans la plupart des
cas, cette algue ne forme pas de bourrelets mais
simplement des placages de thalles de 20 à 30 cm
de diamètre. La formation d’encorbellements (ou de
corniches) n’a lieu que sur un substrat dur rocheux
situé sur des côtes très battues, exposées aux vents
dominants (Gravez V. et Boudouresque C.F., 2003).
Marseille qui estimaient que ce phénomène était cohérent avec la montée du niveau de la mer enregistrée au
cours du 20ème siècle (Verlaque, 2010). A ce titre, les
encor­bellements à L. byssoides constituent un indicateur
de la qualité des eaux de surface (à court terme) et du
niveau de la mer (à long terme). . Les encorbellements
à Lithophyllum byssoides constituent un habitat à statut Natura 2000 : habitat élémentaire 1170-12 Roche
médio­littorale inférieure.
Après avoir présenté la morphologie des encorbel­lements
à L. byssoides, nous verrons comment les cartographier,
évaluer leur vitalité et les informations apportées par leur
suivi : pollution organique ou chimique, remontée du niveau de l’eau.
Nous évoquerons pour finir d’autres bioconcrétion­
nements accessibles en PMT : les trottoirs à Vermets, les
bourrelets à Corallina spp. et les trottoirs à Lithophyllum
incrustans.
Figure 68 : Distribution géographique de L. byssoides en Méditerranée (Babbini &
Bressan, 1997)
Les encorbellements à L. byssoides se développent sur
une bande étroite du médiolittoral inférieur, juste au-dessus du niveau de la mer. Ils sont exposés aux pollutions
atmosphériques et aux pollutions marines (Verlaque,
2010).
D’autre part, un niveau de développement de L. byssoides au-dessus d’encorbellements morts a été constaté dans quelques endroits de la réserve naturelle de
Scandola en Corse (France) (Verlaque, 2010). Le même
phénomène a été rapporté par Laborel et al. (1994b) à
1 : Lithophyllum byssoides rim,
2 : Vermetid algal rim,
3 et 4 : Corallina / Lithophyllum incrustans rims,
5 : Cladocora banks,
6 et 7 : Algal « coralligenous » bank.
Figure 69 : Zonation de certaines formes de constructions biogéniques en
Méditerranée (Laborel, 1987)
SUIVI DU MILIEU MARIN EN PALME MASQUE TUBA
47
Description d’un encorbellement à Lithophyllum
byssoides
Situés dans des petites criques ou des fissures exposées
à la houle du large, la hauteur et la largeur des encorbellements peuvent localement s’amplifier (Picard, 1954;
Blanc et Molinier 1955).
L’organisation interne d’un encorbellement à L. byssoides
est constituée de trois parties différentes (Blanc et Molinier, 1955) :
• une couche externe poreuse de vivant, de quelques
centimètres d’épaisseur, reposant sur une couche non
consolidée de thalles morts et localisée sur les surfaces
supérieures et verticales de l’encorbellement,
• en interne, une succession de plusieurs couches durcies résultant d’un dépôt sédimentaire (durci) remplissant les interstices entre les lamelles,
• une surface inférieure érodée qui est morte et abondamment colonisée par des organismes infralittoraux
(=subtidaux).
Figure 72 : Colonies vivantes et recouvrement algal épiphytique
Figure 73 : Plaques de recrutement annuel
Cartographie des encorbellements
La cartographie des encorbellements est réalisée en parcourant l’ensemble du linéaire côtier à l’aide d’une petite
embarcation selon la méthode CARLIT développée dans
le cadre de la directive européenne cadre sur l‘eau (Ballesteros et al., 2007).
Figure 70 : Coupe schématique d’un encorbellement à Lithophyllum byssoides
(Morhange et al., 1992)
L byssoides forme des amas de type coussin dont le
diamètre varie en général entre 8 et 15 cm (les valeurs
extrêmes étant 4 et 45 cm). D’une hauteur de 1 à 2 cm
ces formations sont composées de lamelles dressées et
imbriquées au sein d’un ensemble d’enchevêtrements
denses et anastomosés (Verlaque, 2010).
Dans un environnement humide et ombragé, les colonies vivantes de L. byssoides sont de couleur rose foncée à mauve (Verlaque, 2010). Au contraire, les colonies
mortes deviennent grisâtres à blanches (Figure 71).
Des plaques sans relief de la même couleur rose foncée
que des colonies vivantes de plus d’un an peuvent être
observées, il s’agit d’un recrutement annuel (photo 40).
Figure 71 : Présence de colonies vivantes et mortes sur la surface
d’un encorbellement à L. byssoides
48
COLLECTION
A l’aide d’une carte de la zone d’étude (carte marine ou
photo aérienne ou orthophoto), la présence d’encorbellements est notée au fur et à mesure des observations.
Seule la présence d’encorbellements est notée, laissez de côté les thalles de ne formant pas de bour­relet.
L’échelle de la carte devra être suffisamment grande
pour permettre la prise en compte des plus petits encorbellements (< 1 m de long). Une échelle de 1:5000 est
préconisée (Ballesteros et al., 2007). Seuls les encorbellements dépassant 50 cm linéaire seront cartographiés.
La longueur et la largeur de chaque encorbellement sont
mesurées. La position par rapport au zéro biologique
­(limite entre médio- et infralittoral) sera également notée.
On note la limite des algues infralittorales (ça sera le plus
souvent celles de corallines).
Selon la configuration de la côte et la taille de votre bateau, il vous sera alors plus facile de réaliser les mesures
en PMT.
Figure 74 : Distibution des trottoirs à Lithophyllum byssoides dans l’Archipel
des Iles du Frioul
FICHE MÉTHODOLOGIQUE — 4
Evaluation de la vitalité
La vitalité d’un encorbellement à L. byssoides, se mesure sur sa face supérieure et éventuellement sur sa
face frontale lorsque l’encorbellement occupe une position haute sur le littoral (secteur à très fort hydrodynamisme) (Verlaque, 2010).
Le principe est d’évaluer selon un échantillonnage aléatoire ou permanent, le pourcentage de recouvrement
des différentes catégories que sont : les colonies vivantes (V), le recrutement annuel (R), les colonies mortes
(M), les portions colonisées par des algues épiphytes (A)
et les portions vides (trous d’origine biologique ou architecturale) (T).
Un échantillonnage à l’automne
L’évaluation de la vitalité d’un encorbellement à L. byssoides doit se faire dans des conditions climatiques particulières. L’aspect des encorbellements à L. byssoides
évolue au cours d’une année, en fonction de l’humidité
apportée par les vagues, de la température et de l’éclairement (Verlaque, 2010). La période hivernale et ses fréquents coups de mer rendent les campagnes de terrain
difficiles (rappelons que les encorbellements sont situés
sur des côtes r­ocheuses très battues !). Inversement, la
période estivale présente des conditions de mer souvent
idéales mais le soleil brûlant et les hautes températures
provoquent un des­sèchement et un blanchiment de L.
byssoides, il devient alors impos­sible de différencier les
portions vivantes des mortes. Verlaque (2010) a montré lors d’une étude de la vitalité de au printemps, que
la différenciation entre des portions vivantes de et des
portions mortes était entravée par la couleur délavée de
vivant et par le bloom d’algues molles du médiolit­toral.
L’automne est donc la période la plus favorable pour
évaluer la vitalité de L. byssoides, le mois d’octobre étant
le meilleur. Il faut de plus choisir une météo très favorable
avec si possible des conditions de hautes pressions atmosphériques afin de travailler avec un niveau d’eau relativement bas.
Figure 76 : Quadrat de 20x20 cm avec un maillage de 2 cm
L’évaluation de la vitalité de l’encorbellement au sein de
chaque carré de 2 cm x 2 cm du quadrat sera retranscrite selon les catégories suivantes :
V
Colonies vivantes
31 %
R
Recrutement annuel
7 %
M
Colonies mortes
11 %
A
Recouvrement algal épiphytique
28 %
T
Trou
23 %
Tableau 9 : Pourcentage de recouvrement des différentes catégories
Dans chaque carré, ce sera la catégorie correspondant
à la majorité de la surface (50% et plus) qui sera notée.
Selon la figure 76, on obtient la représentation suivante :
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
A
A
A
A
T
T
T
A
A
A
A
B
A
T
V
V
T
T
A
A
A
A
C
M
M
V
V
T
T
T
A
A
A
D
T
V
M
V
V
T
T
A
A
A
E
T
T
A
A
V
R
T
A
A
A
F
T
V
V
V
V
R
A
A
A
A
G
V
V
V
V
T
T
T
T
R
A
Evaluation de la vitalité à partir de photographies
H
M
V
V
V
V
M
V
V
R
M
Placez sur l’encorbellement un repère métrique pour
connaître l’échelle de l’image. Il est préférable d’utiliser
un ruban gradué (ou autre) de couleur plutôt sombre
pour éviter une surexposition.
I
V
V
V
M
M
M
T
T
R
V
J
V
V
V
V
T
M
R
R
M
V
Réalisez ensuite une prise de vue plongeante de la surface de l’encorbellement en prenant soin de faire apparaître le ruban gradué dans la partie basse de la photo.
De retour devant votre ordinateur, améliorez si besoin le
contraste des couleurs puis dessiner un quadrillage par
exemple de 20 cm x 20 cm avec un maillage de 2 cm
(Figure 75). Aidez-vous pour cela de l’échelle donnée par
le ruban gradué.
Une autre méthode consiste à placer un quadrat de taille
connue sur l’encorbellement puis de photographier la
surface couverte par le quadrat en le faisant apparaître
sur les extrémités de la photo. La même analyse sera
ensuite suivie.
Tableau 10 : Identification et répartition des catégories au sein d’un quadrillage de
20 cm x 20 cm
Les résultats des taux de recouvrement seront exprimés
en pourcentages de la surface totale échantillonnée et
ramenés à la surface totale de l’encorbellement à L. byssoides.
Plutôt que d’évaluer la surface de recouvrement au sein
de chaque carré, vous pouvez simplement tenir compte
des intersections des droites. L’identification du recouvrement sera réalisée au niveau de chaque point donné
par ces intersections.
Dans le cas d’un encorbellement étroit, il sera tout à fait
possible de suivre la même méthodologie avec le seul
ruban gradué. A l’aide de vos photographies, vous déterminerez alors les différentes catégories (V, R, M, A, T)
par exemple tous les cm le long d’un transect linéaire de
1 mètre.
Concernant l’analyse de la photo, deux autres méthodes
existent. L’une dite « méthode de surfaçage », elle est
SUIVI DU MILIEU MARIN EN PALME MASQUE TUBA
49
très précise et consiste à digitaliser la photo. Un logiciel tel
que CPCE (Kohler et Gill, 2006) calcule les surfaces occupées par telle ou telle catégorie. Si cette méthode s’avère
être la plus fiable, elle n’en n’est pas moins très longue
à mettre en œuvre et nécessite une très bonne qualité
d’image. L’autre dite « Random Point Count Methodology: RCPM » consiste en une analyse selon des points placés de façon aléatoire sur la photo. Cette méthode rapide
dans sa mise en œuvre et valide statistiquement présente
un certain avantage mais demande un nombre de réplicats relativement important. D’autre part, il y a un risque
de mauvaise estimation de la catégorie la plus rare (soit
sous-estimée, soit surestimée).
Méthodes
Avantages
Digitalisation
• Estimation très fiable, • Travail long à réaliser
proche de la réalité
• Nécessité d’avoir une très bonne
qualité d’image
Inconvénients
• Dans le cas de suivis répétés,
nécessité d’avoir des quadrats
permanents très bien localisés car la
fiabilité et l’interprétation en dépendent
RCPM
facilement repérables (pointes, trous etc.) plutôt que d’implanter des marques qui artificialiseraient le site.
• Mise en œuvre rapide • Mauvaise estimation des espèces
rares (soit sous-estimées, soit
• Méthode objective
surestimées)
• Validité statistique
• Nombre de réplicats nécessaires
dépendant de la biodiversité
Tableau 11 : Avantages et inconvénients des méthodes photographiques
Evaluation in situ
La méthodologie sera exactement la même que ci-dessus sauf que l’évaluation sera réalisée sur le terrain à
l’aide d’un quadrat quadrillé (Figure 77) et ou d’un ruban
gradué. Il vous suffira de poser le quadrat ou le ruban (de
façon aléatoire ou selon des repères permanents) sur la
surface de l’encorbellement puis de déterminer les catégories V, R, M, A, T. Vous aurez au préalable préparé un
quadrillage numéroté sur votre plaque immergeable qui
vous servira à noter vos observations.
Figure 78 : Transect linéaire permanent identifié à l’aide d’une pointe rocheuse
caractéristique
Les enseignements apportés par l’évaluation
de la vitalité d’un encorbellement à L byssoides
Les encorbellements à L. byssoides
comme indicateurs de la qualité de l’eau
Situés sur la partie inférieure du médiolittoral, les encorbellements peuvent être soumis à différentes pollutions
qu’elles soient d’origine tellurique (eaux de ruissellement)
ou qu’elles proviennent de la mer.
Pollution organique
Dans le cas de pollutions organiques, un phénomène
d’eutrophisation peut favoriser des espèces telles que les
algues vertes ou les moules. La présence ou l’absence
sera systématiquement notée ainsi que les espèces
ou genre (dans le cas de détermination impossible). Le
pourcentage de recouvrement de ces organismes sera
évalué selon la méthode décrite dans le paragraphe 3.
Pollution chimique
Une fréquentation très importante de navire de plaisance,
de fret ou autre avec rejets d’eaux usées peuvent avoir
une incidence sur la vitalité d’encorbellements à L. byssoides. Il n’est pas possible d’attribuer une baisse de
la vitalité d’un encorbellement à une pollution chimique
sans réaliser une analyse de l’eau. En cas de doute des
prélèvements d’eau de mer pour analyse seront nécessaires pour confirmer ou non les hypothèses.
Figure 77 : Exemple d’un quadra quadrillé en PVC
La configuration de certains encorbellements (étroits et/
ou encaissés) vous empêchera de réaliser des photographies de qualité. L’échantillonnage sera alors réalisé
en couplant la méthode photographique et la méthode
d’évaluation in situ.
Que ce soit un échantillonnage permanent ou aléatoire, il
faudra prévoir au moins 20 réplicats par encorbellements.
Dans le cadre d’un échantillonnage permanent, sélectionnez des zones comportants des reliefs caractéristiques
50
COLLECTION
Le piétinement des encorbellements
à L. byssoides
Selon les cas, les encorbellements peuvent servir à des
usagers tels que des kayakistes à débarquer sur la côte.
Une fréquentation et un piétinement très importants
peuvent mettre à mal ces formations remarquables.
L’accès à ces portions de côte doit être encadré par le
gestionnaire qui veillera à empêcher le piétinement des
encorbellements.
Il sera intéressant de réaliser des évaluations de la vitalité
le long de transects permanents situés sur des encorbel-
Selon la méthode décrite dans le paragraphe 3, une évaluation de la vitalité sera réalisée en veillant aux parties
blanches et lisses (fraîchement arrachées). Un encorbellement fortement piétiné présentera une baisse de bourrelets crêtés. Selon les cas, une visite annuelle sera nécessaire sur les zones les plus problématiques.
La vitalité des encorbellements à L. byssoides
comme indicateurs de la remontée du niveau
de la mer
Les effets les plus marquants concernant la remontée du
niveau de la mer s’observeront sur les encorbellements
les plus proches du niveau marin.
C’est la hauteur du ressac qui conditionne la hauteur
du 0 biologique (donné par la limite Coralline - L. byssoides). Celle-ci varie en fonction de la morphologie des
fonds marins (haut-fonds) et de la côte (petites criques
très étroites, fissures etc.).
Dans le cas d’une petite crique encaissée, la partie extérieure de l’encorbellement sera plus basse et donc plus
exposée que celle située en fond de crique.
D’autres bioconcrétionnements accessibles
en PMT
Hormis les encorbellements à L. byssoides, il existe plusieurs autres bioconcrétionnements en Méditerranée. En
effet, trois autres formations de surface et sub-surface
peuvent être distinguées au niveau du littoral (Laborel,
1987) :
• trottoir à Vermets
• bourrelets à Corallina spp.
• trottoir à Lithophyllum incrustans
Si l’évaluation de la vitalité de ces concrétionnements est
complexe, leur cartographie avec leurs principales caractéristiques est tout à fait envisageable.
Nous attirons l’attention sur le fait que l’identification de
certaines formations peut être complexe. Aussi nous
conseillons la consultation de spécialistes avant d’initier
tout type de suivi.
Les trottoirs à Vermets
Cette formation est en partie construite à partir d’une association de deux espèces : un gastéropode de la famille
des Vermetidés, Dendropoma (Novastoa) petraemum
(Monterosato), souvent désigné dans la littérature sous le
nom de Vermetus cristatus et une algue calcaire Corallinacée, Negoniolithon brassica-florida (Harvey) Setchell &
L.R.Mason (= Negoniolithon notarisi (Dufour) G.Hamel &
M.Lemoine) (Laborel, 1987).
Le ratio entre les deux espèces est très variable en fonction des conditions environnementales.
La morphologie des concrétionnements à Vermets est
variable, trois types de formations peuvent être distingués (Laborel, 1987) :
• trottoir ou plateforme : issu de l’érosion d’une roche
tendre
• atoll : issu d’une complexe combinaison de forces
constructives et érosives
• corniches : le long de falaises verticales, ces formations
s’apparentent aux encorbellements à Lithophyllum
byssoides
Figure 79 : Evaluation du recouvrement de Corallina spp.
Le développement de Corallina spp sur la partie haute
d’un encorbellement est le signe d’une remontée du
niveau de la mer. En effet ces espèces se développent
habituellement sur la partie basse de l’encorbellement,
niveau beaucoup plus exposé à l’immersion par le ressac. Le recouvrement de Corallina spp est évalué en notant les mesures indiquées sur le schéma ci-dessus. Les
mesures (2) et (3) sont notées à au moins 3 reprises le
long de la longueur (1).
Un retour sur site tous les 5 ans suffira pour constater
une éventuelle évolution.
Les concrétions à Vermets apparentés à des peuplements tropicaux, sont inféodées à des eaux chaudes
et se rencontrent plutôt dans le bassin oriental de la
Méditerranée.
Tout comme les encorbellements à L. byssoides, les trottoirs à vermets sont sensibles aux pollutions marines et à
la dégradation mécanique par piétinement.
Les corniches à Corallina spp.
Les corniches à sont édifiées par le développement très
dense de corallines retenant dans leurs thalles calcaires
des quantités importantes d’éléments détritiques. Ces
éléments sont cimentés par l’algue encroûtante Phymatolithon lenormandii (Areschoug) W.H.Adey (= Lithothamnion lenormandii (Areschoug) Foslie)(Molinier, 1955).
Ces formations, inféodées aux roches verticales, peuvent
se rencontrer sous les encorbellements à L. byssoides.
Elles ne sont pas strictement situées près de la surface et
peuvent se rencontrer à quelques mètres de profondeur.
Répartition : situées à proximité de la surface, les corniches à Corallina spp. sont soumises aux pollutions de
surface.
SUIVI DU MILIEU MARIN EN PALME MASQUE TUBA
51
FICHE MÉTHODOLOGIQUE — 4
lements connus pour servir au débarquement d’usagers.
Les usagers peuvent être aussi des pêcheurs à pied.
Les trottoirs à Lithophyllum incrustans
Présente depuis la partie supérieure de l’infralittoral
jusqu’à quelques mètres de profondeur, cette algue
encroûtante peut dans une zone très battue former de
petits encorbellements.
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52
COLLECTION
Introduction
Endémique de la mer méditerranée, la grande nacre,
Pinna nobilis, est l’un des coquillages les plus grands
existant dans le monde. Pouvant atteindre 1 mètre
de hauteur c’est un mollusque bivalve qui fait partie de l’ordre des Mytiloïdes et de la superfamille des
Pinnacées (Vicente N., 1984).
La grande nacre vit le plus souvent fixée dans la
matte de l’herbier de Posidonie mais on la retrouve
également dans des environnements très variés tels
que l’herbier de Cymodocée, de la matte morte ou
des fonds de maërl et parfois sur des fonds de blocs
rocheux pour des populations en bonne santé (García-March J.R. et Vicente N., 2006).
Pinna nobilis vit plus ou moins enfoncé par la pointe
de sa coquille dans le sédiment, en fonction de l’hydrodynamisme (Vicente N., 1986). Elle se fixe par les
filaments du byssus qui sont collés soit à des racines
et des rhizomes de Posidonies, soit à du sable, des
galets et autres en fonction de la nature du substrat
(García-March J.R. et Vicente N., 2006).
FICHE MÉTHODOLOGIQUE — 5
Inventaire et suivi de Pinna nobilis
ses valves des espèces commensales telles que la crevette Pontonnia pinnophylax ou le crabe Pinnotheres
pinnotheres (Vicente N. et Moreteau J.C., 1989). Les
individus se rencontrent dans les petits fonds côtiers
dès les premiers mètres jusqu’à des profondeurs allant
jusqu’à 40 mètres voir 60 mètres (Templado et al., 2004
in García-March J.R. et Vicente N., 2006).
En raison d’impacts anthropiques tels que l’aména­
gement du littoral, la destruction des herbiers de Posi­
donie, la pêche au chalut, l’ancrage des bateaux, le
ramas­sage en tant qu’objet souvenir, ou la pêche pour la
consommation de sa chair, les effectifs de Pinna nobilis
ont considérablement diminué ces dernières décennies,
notamment sur la côte méditerranéenne septentrionale
(Vicente N. et Moreteau J.C., 1991 ; García-March J.R.
et Vicente N., 2006).
La longévité et la vie sédentaire des individus font de
­Pinna nobilis un bon indicateur de la qualité des milieux
littoraux méditerranéens. Sensible aux pollutions marines et aux dégradations mécaniques, la réapparition
et le maintien d’individus dans les petits fonds est signe
de bonne santé du littoral (Vicente N. et al., 2002). La
grande nacre bénéficie d’un statut de protection à différents niveaux : Annexe 2 de la convention de Barcelone,
Annexe 4 de la directive Habitat Faune-Flore, arrêté du
26 novembre 1992 fixant la liste de la faune marine protégée sur le territoire français.
Etant donné que les individus de Pinna nobilis se situent
à des profondeurs plus ou moins importantes, le PMT ne
permettra pas la détection d’individus au-delà d’une certaine profondeur. La détection sera également délicate
en PMT au sein d’un herbier de Posidonie.
Figure 80 : Vue générale du corps de Pinna nobilis après avoir replié le côté
gauche du manteau. La branchie et le côté gauche du manteau sont coupés en
partie (d’après Czihak et Dierl, 1961).
La grande nacre constitue un support pour de nombreux
organismes épibiontes (photo 44) et peut accueillir entre
Toutefois, il sera pertinent de noter et de cartographier
systématiquement les individus observés lors de votre
présence sur le terrain. Sans réaliser de prospections
­exhaustives, ces observations enrichiront la connaissance
du patrimoine naturel de votre site.
Dans le cas de la détection d’un site favorable au recru­
tement et au développement de cette espèce, nous
SUIVI DU MILIEU MARIN EN PALME MASQUE TUBA
53
­ llons voir comment réaliser une estimation quantitative
a
de la population d’une part et réaliser un suivi temporel
d’autre part.
Prospection
Il est possible d’estimer la taille d’une population de
Pinna nobilis à l’échelle d’une crique ou d’une baie en
réalisant des prospections depuis la surface. Les limites
de cette prospection seront conditionnées par la profondeur et la clarté de l’eau. La prospection peut raison­na­
blement s’étendre sur des fonds de 8 à 10 mètres, dans
le cas d’une bonne visibilité et de milieux ouverts.
Trois plongeurs ou plus vont prospecter la zone d’étude
définie en effectuant des allers retours, suivant des amers
pris depuis la surface. Les plongeurs sont alignés et
nagent à égale distance les uns des autres en maintenant une corde tendue entre eux (Figure 82). La distance
qui sépare les plongeurs sera comprise entre 2 et 3 m.
Figure 81 : Un individu colonisé par divers organismes
Le relevé d’observations de grande nacre
Lors de votre présence sur le terrain, il vous arrivera
d’observer des grandes nacres sans que vous ne soyez
à la recherche de cette espèce. Malgré tout, ces observations méritent d’être relevées avec le plus grand soin
possible. Les paramètres à renseigner sur votre plaque
immergeable sont les suivants :
• date
• nom de la crique ou de la zone ou de la pointe ­rocheuse
la plus proche,
• substrat,
• profondeur,
• détails caractéristiques dans le paysage environnant,
• distance approximative à la côte,
• réalisez une mesure de la hauteur hors-sédiment à
l’aide de la règle fixée sur votre plaque immergeable.
Figure 82 : Prospection d’un site potentiel à Pinna nobilis, par trois plongeurs
depuis la surface
Chaque fois qu’un individu de grande nacre est observé sur le fond, les plongeurs s’arrêtent et balisent son
empla­cement à l’aide d’un flotteur lesté (photos 46 et
47). Chaque nacre est ainsi balisée au fur et à mesure
des observations. Cela permet d’éviter de créer des doublons durant la phase de prospection.
Si vous avez un appareil photo lors de l’observation :
• des photos de la nacre,
• des photos de la côte en vous mettant à l’aplomb de
la nacre.
Si vous avez un GPS lors de l’observation :
• coordonnées du point GPS en vous plaçant à l’aplomb
de la grande nacre.
L’accumulation de ces observations dans le temps pourra vous aider à identifier des zones favorables au développement de cette espèce.
Évaluation quantitative des grandes nacres
à l’échelle d’une baie
Le choix du site
La répartition des individus est variable et dépend des
para­mètres environnementaux. Ainsi dans des conditions
à fort hydrodynamisme, les individus seront plutôt situés à
l’abri d’un herbier de Posidonie qu’à l’extérieur de celui-ci.
Les densités de Pinna nobilis seront plus élevées dans
des zones abritées que dans des zones exposées
(García-­March J.R. et Vicente N., 2006). Vos observations ainsi que toutes données antérieures et tous signalements (structures de plongée ou autres) fiables constitueront une base de connaissance utile à l’identification
de sites où l’espèce est bien représentée.
54
COLLECTION
Figure 83 : Balisage temporaire de Pinna nobilis à l’aide de flotteurs lestés.
A gauche, vue du plomb placé à proximité de la nacre, à droite vue du flotteur
en surface
Une fois la prospection terminée, le nombre d’individus
est compté, la taille de la population est ainsi estimée.
Le nombre de Pinna nobilis peut être sous-évalué selon
la nature des fonds, notamment dans le cas d’un recouvrement par un herbier de posidonie dense. Pour éviter
une sous-évaluation trop importante des petites classes
de taille difficiles à observer, seuls les individus d’une
taille supérieure à 5 cm sont pris en compte.
Matérialisation des transects
Il est possible de réaliser une cartographie des individus
recensés à l’aide de la carte des principaux habitats de
la zone d’étude (Figure 84). Cette carte est dessinée sur
une plaque immergeable à l’aide d’un papier calque. Si
cette méthode manque de précision pour un suivi des
indi­vidus dans le temps, elle permet de rapidement évaluer la répartition des nacres au sein de la zone d’étude
et d’identifier des zones favorables à l’implantation de
transects permanents pour un suivi plus fin des individus.
En fonction de la précision que l’on veut atteindre, les
coordonnées des points GPS de chaque individu sont
relevées en plaçant le GPS à l’aplomb des nacres.
Le principe est de placer sur le fond des couloirs d’inventaires de surface connue. La longueur peut dépendre des
sites et du choix d’échantillonnage. Concernant la largeur, nous conseillons de ne pas dépasser les 2 mètres
par prospecteurs. Le recensement des nacres au sein de
ces surfaces d’échantillonnages doit être exhaustif.
Le début et la fin du parcours seront matérialisés par une
balise de géomètre (balise, amarre et pousse amarre)
ou un fer à béton fixé dans le substrat (Figure 87). Vous
pouvez ajouter un bout avec un flotteur entre deux eaux,
afin de retrouver plus facilement vos points fixes. Prenez
les coordonnées GPS de chacun des points fixes, ainsi
que toutes les informations qui vous sembleront utiles
pour les retrouver. Des photos d’amères peuvent également être réalisées, surtout si la côte est découpée
et dispose de repères géographiques dans un second
plan, ce qui permettra de pouvoir avoir des points d’alignement précis.
Figure 85 : Report de la position des individus de nacres observés sur le terrain
sur un fond de carte
Figure 86 : Exemple de cartographie des grandes nacres, de l’herbier de
posidonie et de la ceinture de cystoseires réalisées sur l’archipel du Frioul
Suivi d’une population de le long de transects
permanents
Le choix du site
Figure 87 : Plongeur fixant une balise dans le substrat à l’aide d’une amarre.
Le marteau frappe la pousse amarre, placée au-dessus de l’amarre. La pousseamarre est retirée lorsque l’amarre est suffisamment enfoncée.
Le site d’étude sera choisi en fonction de son potentiel
de recrutement et de développement pour l’espèce. La
détection de Pinna nobilis dans un herbier de Posidonie
est délicate surtout en présence de petits individus et
d’un herbier dense. Les milieux ouverts tels que les fonds
de matte morte, favorables au recrutement de cette
espèce, seront à privilégier pour un suivi en PMT.
L’évaluation quantitative présentée dans le paragraphe
ci-dessus vous aidera à identifier les sites propices à
l’installation de transects permanents pour un suivi temporel des nacres.
Le suivi d’une population permettra d’évaluer l’impact
d’actions de gestions sur la population de nacres telles
que l’interdiction du mouillage forain ou encore la mise en
place d’un sentier sous-marin.
SUIVI DU MILIEU MARIN EN PALME MASQUE TUBA
55
FICHE MÉTHODOLOGIQUE — 5
Valorisation des données
Un ruban gradué est déroulé puis tendu entre les deux
extrémités du transect. Les prospections sont réalisées
parallèlement de part et d’autre du transect en déplaçant
une pige graduée (Figure 88). Les couloirs gauche et
droite peuvent être prospectés simultanément par deux
plongeurs.
Cette méthodologie permet d’obtenir des densités de
nacres : le nombre de nacres recensées est exprimé pour
une surface de 100 m². Le calcul de la densité permettra
des comparaisons entre sites aux conditions environnementales identiques, gérés différemment (zone d’interdiction du mouillage par exemple). Un retour sur site,
après un cycle annuel permettra d’actualiser la carto­
graphie et de suivre l’évolution de la population dans le
temps (nombre d’individus et croissance des individus).
Même si cette méthode permet de situer précisément les
individus, il est conseillé pour un suivi dans le temps de
marquer les individus à l’aide d’une petite plaque munie
d’un code unique.
Marquage des individus
Figure 88 : Inventaire des grandes nacres le long d’un transect permanent
Les prospections peuvent être réalisées depuis la surface, toutefois de courtes apnées à vitesse lente au-­
dessus des fonds permettront d’améliorer l’observation
des nacres (Figure 89). Le plongeur pourra bien évidement faire des poses, pour cela il suffira de déposer la
pige sur le fond afin de matérialiser la zone déjà prospectée. Lors de l’apnée suivante, il pourra reprendre la
prospection exactement à l’endroit où il s’était arrêté.
La technique de marquage-recapture permet le suivi d’individus dans le temps. Ce marquage sera parti­
culièrement utile en présence de plusieurs individus.
Attention toutefois à ce que le marquage soit suffisamment discret pour ne pas rendre la présence de la nacre
trop évidente. Le taux de mortalité des nacres juvéniles
étant assez élevé (Vicente N. et Moreteau J.C., 1991),
seuls les individus ayant dépassé la taille de 10 cm sont
marqués.
Les marquages doivent être résistants tout en étant inoffensifs pour les individus. Le principe est d’utiliser une
petite plaque de plastique sur laquelle est noté un numéro d’identifiant unique de l’individu. La plaque est fixée
par une cordelette de façon lâche autour de la nacre au
niveau du sédiment (García-March J.R. et Vicente N.,
2006). Pour éviter l’effacement de l’identifiant par le fooling, un marquage codifié peut être utilisé (Figure 91).
Figure 91 : Exemple de plaque en plastique codifiée avec le nombre 122 (GarcíaMarch J.R. et Vicente N., 2006)
Figure 89 : Prospection de deux plongeurs au sein d’un couloir d’inventaire des
grandes nacres
Pour chaque individu rencontré le long du couloir, les
coordonnées données par le ruban et la pige graduée
sont notées. L’axe des abscisses (X) est donné par la
pige et l’axe des ordonnées (Y) par le ruban gradué. Le
côté gauche est noté avec un abscisse négatif alors que
le côté droit est noté avec un abscisse positif (Figure 90).
Figure 90 : Lecture de la
position d’un individu le long
d’un transect permanent et
de la pige graduée.
56
COLLECTION
Mensuration des individus
Même si vous n’avez pas pour objectif d’étudier la croissance des grandes nacres, nous conseillons de prendre
les mensurations des individus selon la méthode décrite
ci-dessous. Cela ne prend pas beaucoup de temps et
ces données vous seront utiles le jour où vous voudrez
réaliser un suivi plus fin.
Ci-dessous sont décrits les éléments qui seront nécessaires à la réalisation d’un suivi précis de la taille des
individus.
La hauteur totale des individus (hauteur sédiment + hauteur hors sédiment) ne peut être mesurée directement,
sans avoir à arracher la nacre à son substrat, ce qui est
déconseillé car cela pourrait fortement perturber par
la suite la croissance et la survie des individus. Afin de
palier cette contrainte, trois mesures sont réalisées afin
d’estimer la hauteur totale d’une grande nacre (GarcíaMarch J.R. et Vicente N., 2006), il s’agit de :
• la largeur maximale (W),
FICHE MÉTHODOLOGIQUE — 5
• la largeur minimale (w) (mesurée au niveau du sédiment),
• la hauteur hors sédiment (UL).
Figure 93 : Plongeur muni d’un compas prêt à mesurer une grande nacre.
b : courbure ;
h : longueur de la partie enfouie ;
Or : orientation de l’ouverture ;
UL : longueur non enfouie ;
W : largeur maximale ;
w : largeur minimale.
Figure 92 : Mesures d’intérêt pour estimer la hauteur maximale de la coquille (Ht)
de Pinna nobilis (d’après García-March J.R. et Vicente N., 2006).
D’après les études menées sur les populations de
grandes nacres dans les AMP, trois formules permettant
de retro-calculer la hauteur totale (Ht) d’une nacre ont été
déterminées (Garcia-March J.R. et Vicente N., 2006) :
• équation de Gaulejac & Vicente (1990) : Ht = 2,186 W
+ 1,6508,
• équation de Garcia-March & Ferrer (1995) : h = 1,79 W
+ 0,5 avec (Ht = h + UL),
• équation de Garcia-March (2006) : Ht = 1,29 W1,24
Figure 94 : Plongeur mesurant la largeur maximum d’une grande nacre à l’aide
du compas
Afin de valider les formules précédentes, celles-ci doivent
être testées à l’aide de nacres mortes complètes (intégrité de la coquille) ramassées sur le terrain.
L’hydrodynamisme influence fortement la croissance des
grandes nacres. Aussi, il est impératif d’en tenir compte
lors de l’étude de la croissance de populations (GarcíaMarch J.R. et Vicente N., 2006).
Pour de plus amples informations, se référer au protocole d’étude et de surveillance des populations de dans
des Aires Marines Protégées édité par MedPAN et MEPA
(2006).
Figure 95 : Mesure de l’écartement donné par le compas
Pour réaliser les mesures des nacres sur le terrain, nous
conseillons l’emploi d’un compas de grande dimension,
muni des deux pointes à ses extrémités (Figure 93).
L’utilisation du compas permettra de facilement pouvoir
obte­nir la dimension souhaitée de la nacre en encartant
ses branches. La lecture de la mesure sera réalisée en
reportant la distance d’écartement des deux branches
sur la règle graduée de la plaque immergeable.
SUIVI DU MILIEU MARIN EN PALME MASQUE TUBA
57
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Océanographique Paul Ricard Publ., 2002, p.111-116.
58
COLLECTION
Introduction
La posidonie (Posidonia oceanica), reconnue habitat
d’intérêt prioritaire par la communauté européenne
et protégée par la loi dans de nombreux pays, est
l’une des espèces clé des fonds méditerranéens. La
posidonie est une plante photosynthétique qui se développe dès les premiers mètres (pour la limite supérieure) et entre 15 et 40 mètres de profondeur (pour
la limite inférieure) en fonction de la clarté de l’eau.
La posidonie est une phanérogame marine constituée
de tiges rampantes ou dressées en général ­enfouies
dans le sédiment (rhizomes) et terminées par des
groupes de feuilles que l’on nomme faisceaux (Boudouresque C.F. et Meinesz A., 1982). La densité importante des feuilles et le lacis des rhizomes constituent un piège à sédiment. Le lacis de rhizomes (peu
putrescibles après leur mort) et colmaté par du sédiment forme un ensemble très solide, dénommé, la
matte (Molinier et Picard, 1952 ; Boudouresque C.F.
et Meinesz A., 1982). La croissance des rhizomes
est très lente, environ quelques centimètres par an.
La progression d’un front d’herbier, grâce à la croissance des rhizomes rampants (plagiotropes), est de
l’ordre de 3 à 4 cm/an en moyenne (Caye, 1980).
Endémiques de la mer méditerranée, les herbiers
de posidonie jouent un rôle important à différents
niveaux :
• production importante d’oxygène,
• stabilisation des fonds meubles,
• protection des côtes de l’érosion,
• refuge et rôle de nourricerie pour de nombreuses
espèces marines,
• captage du CO2,
• fixation des sédiments (clarté de l’eau).
En partie garante des ressources marines exploitées par
FICHE MÉTHODOLOGIQUE — 6
Cartographie de la limite supérieure
de l’herbier à Posidonia Oceanica
la pêche aux petits métiers mais également de la qualité
du littoral et donc du maintien de la fréquentation touristique, les herbiers de Posidonie ont un rôle économique
majeur (Boudouresque., 2006).
Les herbiers subissent de nombreuses pressions d’origine anthropique et ont beaucoup régressé. Les principales pressions sont (Boudouresque., 2006) :
• ouvrage maritime,
• rechargement des plages,
• déblais de dragage – déchets solides (macro-déchets),
• balisage des activités nautiques,
• ancrages,
• aquaculture (ferme piscicole et mytiliculture),
• canalisations sous-marine,
• rejet d’une station d’épuration.
En raison de la croissance très lente des herbiers de posi­
donie, les techniques de suivi doivent être très précises
pour pouvoir noter une évolution. A part dans le cas d’un
récif barrière, le PMT ne permettra pas d’atteindre cette
précision et le scaphandre autonome sera plus adapté.
L’étude de la vitalité d’un herbier de posidonie est complexe et nécessite le monitoring de plusieurs paramètres.
Par exemple l’étude de la densité de faisceaux nécessite
des comptages sous-marin répétés qu’il convient de faire
en scaphandre autonome même dans le cas d’un herbier
peu profond (sauf dans le cas précis d’un récif barrière
ou récif affleurant) pour éviter les biais d’observation.
Toutefois, l’outil PMT peut venir en complément de plusieurs autres dans le cadre du suivi d’un herbier. La
carto­graphie de la limite supérieure est facilement accessible grâce à l’excellente qualité des images aériennes.
Cependant, certaines zones peuvent être mal couvertes
ou présenter une mauvaise définition. Dans d’autres cas,
une confusion avec un autre substrat tel que la roche
infralittorale peut se produire. Une vérité terrain en PMT
permettra de clarifier et de valider le type de situations.
SUIVI DU MILIEU MARIN EN PALME MASQUE TUBA
59
Le relevé de la limite supérieure sur le terrain
Le suivi de la limite supérieure va être réalisé à l’aide d’un
GPS. Ce type d’outil est plus ou moins précis, le choix
sera fait en fonction des besoins du suivi et du budget ! Cette technique permet de parcourir de grands ensembles en peu de temps. Comme toujours, les conditions météos et de visibilité seront déterminantes pour un
relevé de qualité. Placez le GPS en mode « trace » et
paramétrez-le pour acquérir des points avec un intervalle
de temps court, toutes les secondes, si la mémoire du
GPS le permet. Le GPS est ensuite placé dans un contenant étanche (souple ou rigide) et déposé sur le radeau.
reconnu, il suffira de charger, par le biais de l’onglet « ouvrir », le fichier de données en précisant le type du fichier
(format GPS). Si le format n’est pas pris en charge par
Google Earth, les principaux fabricants de GPS actuels
mettent à disposition un logiciel dédié (Mapsource pour
les GPS Garmin par exemple) de visualisation des données. Ce logiciel permet également de transformer le format d’enregistrement de base en un format d’exportation Google Earth (type kml ou kmz).
Sur les figures 98, 99 et 100, trois représentations de
la même limite d’herbier sont présentées. Elles ont été
acquises avec deux GPS de précision différente (Garmin (précision 5 à 10°) et Thales). En ce qui concerne
le GPS Thales, deux tracés ont été obtenus, le premier
sans traitement de la donnée (précision de 1 à 5 m) et le
second avec un post traitement de la donnée (précision
infra-­métrique). Le post-traitement est réalisé à l’aide du
logiciel GPS. Il réalise une correction des coordonnées
géographiques en prenant en compte, à posteriori, la position précise des satellites au moment de l’acquisition
(position satellitale). La position des satellites est téléchargée directement à partir du logiciel GPS.
Figure 96 : Paramétrage du GPS
Le plongeur nage ensuite en poussant le radeau et en
restant le plus précisément possible à l’aplomb de
l’herbier, en suivant les contours et circonvolutions de
l’herbier.
Figure 98 : Représentation de la limite d’herbier réalisée avec le GPS Garmin
Figure 97 : Le plongeur nage en suivant les contours de l’herbier
Figure 99 : Représentation de la limite d’herbier réalisée avec le GPS Thales
Si dans l’exemple ci-dessus, la profondeur n’est pas très
importante, vous pouvez envisagez de réaliser ce suivi
sur des fonds bien plus importants (10 - 15 mètres, voire
plus selon les conditions locales de visibilité). Evidemment, plus la profondeur sera importante, plus vous perdrez en précision.
Représentation de la limite supérieure de
l’herbier sur Google Earth
La trace de l’herbier que vous aurez enregistrée sur votre
GPS pourra être visualisée sur l’application gratuite de
Google Earth. Chaque GPS enregistre une trace dans un
format de données qui peut ou non être reconnu directement par Google Earth. Si le format est directement
60
COLLECTION
Figure 100 : Représentation de la limite d’herbier avec le GPS Thales avec
un post traitement de la donnée
Cette méthode permet de cartographier des limites
d’herbier peu ou mal couvertes par les photographies
FICHE MÉTHODOLOGIQUE — 6
aériennes. Pour un suivi plus fin de l’herbier de Posidonie (vitalité etc.), nous recommandons la consultation des
nombreux ouvrages consacrés à l’étude et la conservation de cette espèce tels que :
• Boudouresque et al., 2006 - Préservation et conservation des herbiers à Posidonia oceanica, Accord
Ramoge.
• Noël et al., 2012 - Cahier technique du gestionnaire Analyse comparée des méthodes de surveillance des
herbiers de posidonie, Cartocean, Virtual Dive.
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SUIVI DU MILIEU MARIN EN PALME MASQUE TUBA
61
Introduction
L’oursin comestible, est une espèce commune des
petits fonds rocheux méditerranéens. Appartenant à
l’embranchement des échinodermes et à la famille
des échinidés, l’oursin comestible est un organisme
marin présentant un test circulaire entièrement
­recouvert de piquants. Le test des adultes est compris entre 4 cm et 7 cm. La couleur des individus
varient du vert olive au brun en passant par différentes nuances de violet mais n’est jamais noir ce
qui permet de le distinguer de son proche parent,
Arbacia lixula. Inféodés aux fonds de faibles profondeurs, l’oursin comestible se retrouve sur des fonds
hétérogènes comme les fonds rocheux ou l’herbier
de Posidonie, la matte et parfois sur fond sableux de
détritique. Sa présence est conditionnée par la présence de macrophytes qui constituent sa principale
source de nourriture.
Cette espèce est particulièrement appréciée pour ses
qualités gustatives dans une large partie de la Méditerranée (Le Direac’h, 1987). Dans certaines régions,
malgré l’encadrement de la pêche, la densité des
­individus de cette espèce est en déclin comme c’est
le cas dans la région marseillaise (Bachet et al., 2011).
Au contraire, dans d’autres régions, des densités
très importantes provoquent des paysages de surpâturage. Ces densités anormalement importantes
peuvent être le résultat de plusieurs phénomènes.
Si des conditions climatiques peuvent favoriser une
ponte exceptionnelle, un déficit de prédation au
stade larvaire planctonique puis au stade juvénile
benthique est souvent mis en avant pour expliquer
une prolifération d’oursins (Breen et Mann, 1976 ;
Tegner et Dayton, 1981). Les deux principaux prédateurs en Méditerranée sont les sars Diplodus spp. et
la girelle Coris julis (Hereu et al., 2005 ; Goni et al.,
2000).
En Méditerranée, au niveau de l’infralittoral supérieur,
Parocentrus lividus joue un rôle déterminant dans la
dynamique du phytobenthos en étant l’un des principaux herbivores. Ainsi une petite population équilibrée favorisera un accroissement de l’hétérogénéité et de la diversité spécifique de la végétation.
Au contraire, lorsque les densités augmentent, les
algues dressées et la faune associée sont peu à peu
remplacés par des communautés algales encroûtantes peu diversifiées. Un stade final où les roches
sont mises à nues peut survenir lorsque la prédation
par P. lividus devient très intense avec un faciès de
surpâturage (Verlaque, 1987).
Le suivi temporel des densités de cette espèce
s’avère donc très intéressant :
• en terme de gestion de la ressource lorsque l’espè­
ce est exploitée,
• en terme de veille écologique pour évaluer d’éventuels déséquilibres (surabondance ou effon­drement
du nombre d’individus.
Les stations d’échantillonnage
Dans ce chapitre, nous avons repris les méthodes standardisées existantes et utilisées en routine depuis plus de
20 ans au Parc Marin de la Côte Bleue (Bachet et al.,
2011). Ainsi, en raison du du caractère agrégatif de l’espèce, nous déconseillons un échantillonnage aléatoire
qui demanderait un nombre de répliquas très importants
pour que les résultats soient statistiquement valables.
De plus pour un suivi dans le temps, il sera judicieux
pour que les données soient comparables de réaliser les
comptages le long de transects permanents.
Le choix des stations
Nous préconisons pour un échantillonnage en PMT de
choisir des zones peu profondes (<3 mètres) et réparties sur des milieux majoritairement rocheux. Les zones
où le recouvrement de l’herbier de Posidonie est important rendent la détection des oursins difficiles en PMT.
Ainsi, les transects les plus profonds (>3 mètres) et où
le recouvrement de l’herbier de Posidonie dépasse les
SUIVI DU MILIEU MARIN EN PALME MASQUE TUBA
63
FICHE MÉTHODOLOGIQUE — 7
Suivi des populations de l’oursin comestible,
Paracentrotus lividus, dans les fonds rocheux
10 % doivent être réservés au scaphandre autonome. Le
PMT vient donc en complément du scaphandre et vous
permettra d’étendre l’échantillonnage aux petits fonds
rocheux superficiels où la pression de pêche est la plus
importante.
La longueur et la largeur des transects devront être établies en amont et seront les mêmes pour tous les transects. Nous prendrons ici le cas d’une longueur de 25
mètres et d’une largeur de 2 mètres (1 mètre de chaque
côté du ruban). Tendez un ruban gradué entre les deux
bornes de manière à matérialiser le transect sur le fond.
Le cas du suivi des populations pêchées,
Nous conseillons de choisir les stations en concertation
avec les pêcheurs qui sauront vous indiquer les secteurs
les plus représentatifs de l’activité sur le secteur. Les
stations seront ensuite réparties de façon homogène le
long du linéaire côtier de votre AMP. A chaque station, il
conviendra de baliser au moins 2 transects permanents.
Le cas du suivi des populations pour assurer une veille
environnementale,
Le choix des stations dépendra ici de votre questionnement (équilibre prédateurs-oursins, impact des oursins
sur les communautés algales etc.). Vous pourrez par
exemple comparer une station, en réserve, où le poisson
est protégé de la pêche à une station, hors réserve, où la
pêche est autorisée. Une prospection en PMT depuis la
surface vous permettra d’identifier des zones favorables
à l’implantation de transects au sein des stations que
vous aurez préalablement choisies. Il sera intéressant de
recenser et de suivre les faciès de surpâturage.
Figure 101 : Faciès de surpâturage
Les transects permanents
Chaque transect sera balisé au début et à la fin du parcours par un fer à béton planté dans le sédiment ou
par la fixation d’une borne de géomètre ou par la pose
d’une simple dalle en béton ou un parpaing. La position
des bornes peut être relevée grâce au point GPS pris à
l’aplomb de chacune.
Figure 103 : Transect permanent
matérialisé par un ruban gradué
Les comptages
Le protocole de terrain
Les comptages sont réalisés à l’aide d’une pige de 2 m
déplacée en son centre le long du ruban. Chaque oursin
rencontré le long de ce couloir d’inventaire sera compté
et mesuré. La mesure correspond au diamètre du test
sans les piquants. La mesure des oursins peut se faire
selon deux classes de taille : « supérieure » ou « inférieure » à une taille limite qui peut être la taille minimale
de capture. Il est alors conseillé de choisir une taille limite
légèrement inférieure à la taille minimale de pêche de manière à ce que la taille « inférieure » ne concerne que les
oursins non exploités. Seuls les oursins apparents sont
comptabilisés, la recherche au creux de cavités ou en retournant des blocs rocheux est proscrite. Les comptages
se font à deux plongeurs : l’un s’occupe de prospecter,
compter et mesurer les oursins, l’autre prend les notes.
La taille des oursins est mesurée et communiquée à la
personne qui note en surface.
Pour rendre compte du caractère agrégatif de l’espèce,
les individus sont comptabilisés le long de 5 tronçons de
5 mètres chacun.
A chaque transect correspondra un numéro unique.
Figure 104 : Prospection le long d’un couloir d’inventaire
Figure 102 : Fixation d’une borne sur le fond
64
COLLECTION
La saisie
La saisie pourra être réalisée sur un tableur ou via un
SGBD. Dans le cas d’un tableur, comme toujours,
chaque ligne correspond à une nouvelle donnée, chaque
champ doit être renseigné à chaque ligne pour une analyse efficace.
Figure 105 : Mesure du test d’un oursin
La mesure peut être réalisée à l’aide d’une réglette ou
d’un pied à coulisse. Une fois mesurés, les oursins sont
replacés sur le fond à l’endroit de leur découverte.
En présence d’une population particulièrement abondante telle que sur la figure 101 les oursins ne seront pas
remontés à la surface, ils seront comptés et leurs taille s
évaluées grâce à la règle fixée sur la plaque immergeable
par de rapides immersions.
Pour le suivi d’une population pêchée, un comptage
en début et en fin de chaque saison de pêche sera nécessaire. Dans le cas d’une veille environnementale, un
comptage par an suffira.
Une caractérisation des transects pourra être réalisée
pour chaque tronçon de 5 mètres :
• profondeur (début et fin de transect),
• orientation,
• nature du substrat (sable/gravier, roche, herbier, algue)
et pourcentage de recouvrement de chacun),
• rugosité (dans le cas de fonds rocheux),
• exposition.
Préparation de la plaque immergeable
Figure 106 : Tableau de saisie
Valorisation des données
Ramenés à une surface, le comptage des oursins permet
de calculer des densités, comme la densité moyenne
d’individus par m². Ainsi à une date donnée, vous pourrez calculer :
• Nb moyen d’individus par m² = (Nb total d’individus) /
(Surface totale échantillonnée),
• Nb moyen de petits individus par m² = (Nb total petits) /
(Surface totale échantillonnée),
• Nb moyen de gros individus par m² = (Nb total gros) /
(Surface totale échantillonnée).
Les mêmes calculs peuvent être réalisés à l’échelle de
station pour pouvoir les comparer entre elles. Vous pourrez enfin suivre l’évolution dans le temps des densités
d’oursins à l’échelle de votre zone d’étude (exemple du
suivi mené au Parc Marin de la Côte Bleue, figure 107).
La préparation d’un tableau vous facilitera la collecte des
données sur le terrain.
Date
Transect n° Test >
Test <
Transect n° Test >
Test <
taille limite taille limite
taille limite taille limite
0à5m
0à5m
5 à 10 m
5 à 10 m
10 à 15 m
10 à 15 m
15 à 20 m
15 à 20 m
20 à 25 m
20 à 25 m
Transect n° Test >
Test <
Transect n° Test >
Test <
taille limite taille limite
taille limite taille limite
0à5m
0à5m
5 à 10 m
5 à 10 m
10 à 15 m
10 à 15 m
15 à 20 m
15 à 20 m
20 à 25 m
20 à 25 m
Figure 107 : Evolution des densités moyennes d’oursins (ind./m²) dénombrés
selon deux classes de tailles (gros > 40 mm, petits < 40 mm) sur les 5 sites du
quartier maritime de Martigues (Bachet et al., 2010)
…
Tableau 12 : Exemple de tableau pour la collecte des données sur le terrain
SUIVI DU MILIEU MARIN EN PALME MASQUE TUBA
65
FICHE MÉTHODOLOGIQUE — 7
Saisie et valorisation des données
BIBLIOGRAPHIE
BACHET F., MONIN M., CHARBONNEL E., BRETTON O., CADVILLE B., 2011 – Suivi de l’évolution des populations d’oursins comestibles (Paracentrotus lividus) sur la Côte Bleue – Résultats des
comptages en septembre 2011. Rapport Parc Marin de la Côte
Bleue et Comités Locaux des Pêches de Martigues et Marseille,
septembre 2011, 18 pp.= 1-18.
BREEN P.A et MANN K.H., 1976. Changing lobster, abundance and
the destruction of kelp beds by sea urchins. Mar.. Biol., Deutsch.,
34 : 137 – 142.
GONI R., HARMELIN-VIVIEN M., BADALAMENTI F., LE DIREAC’H
L., 2000. Introductory guide to methods for selected ecological
studies in marine reserves. GIS Posidonie publ., Marseille, 1-112.
HEREU B., ZABLA M., LINARES C., SALA E., 2005. The effects of
predator abundance and habitat structural complexity on survival of
juvenile sea urchins. Marine Biology, 146, 293-299.
TEGNER M.J. et DAYTON P.K., 1981. Population structure, recruitment and mortality of two sea urchins (Strongylocentrotus franciscanusand S. purpuratus) in kelp forest. Mar. Ecol. Progr. Ser. Deutsch.,
5 : 255 – 268.
VERLAQUE. M., 1987. Relations entre (Lamarck) et le phytobenthos
de Méditerranée Occidentale. Colloque international sur et les oursins comestibles, BOUDOURESQUE C.F. éd. GIS Posidonie publ.,
Marseille, 5-36.
66
COLLECTION
5. Autres méthodes,
autres possibilités en PMT
L’outil PMT permet au gestionnaire d’avoir un regard
sur les petits fonds côtiers de façon simple et efficace. Nous allons présenter ici une série d’exemples
pour lesquels le PMT pourra être mobilisé dans le
cadre de la gestion d’une AMP. Ces exemples sont
moins détaillés que dans les fiches méthodologiques
car ils n’ont pas fait l’objet de mise en application
lors de la réalisation du projet. Les méthodologies
ont été identifiées lors des entretiens menés avec
gestionnaires et scientifiques et sont issues d’études
menées au sein d’AMP. Elles sont efficaces et illustrent bien les possibilités apportées par le PMT
pour la gestion d’une AMP.
5.1 Représentation cartographique
de l’abondance d’algues et
d’invertébrés du médiolittoral et
de l’infralittoral superficiel
La frange du médiolittoral et de l’infralittoral superficiel est
soumise à des conditions environnementales très hostiles. La houle et les fortes variations de température, de
lumière et de salinité sont en effet très contraignantes,
seuls les organismes marins adaptés à ce type de milieu
s’y développent. Cet étage est particulièrement soumis
aux pressions anthropiques telles que les pollutions d’origine tellurique, les pollutions de surface, le piétinement
ou le prélèvement.
La sélection des espèces à inventorier pourra être réalisée avec le concours de scientifiques pour identifier
celles qui seront les plus pertinentes en fonction des problématiques rencontrées. Si dans certains cas la visite
de ces sites sera possible à pied, dans d’autres, le PMT
sera indispensable (cas de parois rocheuses verticales
ou très encaissées).
A titre d’exemple, voici la liste des espèces (tab. 13) retenues lors d’études menées dans le Parc national de Port
Cros (Ile de Bagaud, Ilots du Rascas et de la Gabinière,
France) et dans la Réserve naturelle des Bouches de Bonifacio (Ile Lavezzi, Ilots et littoral de la pointe di u Cappicciolu à la pointe de Spérone, France).
Faune
Flore
Cnidaires
Algues pérennantes
Actinia schmidti
Lithophyllum byssoides
Mollusques gastéropodes
Cystoseira amantacea var. stricta
Patella ferruginea
Rissoella verruculosa
Stramonita haemastoma
Ulva sp.
Arthropodes
Enteromorpha sp.
Pachygrapsus marmoratus
Cystoseira compressa
Eriphia verrucosa
Tableau 13 : Liste des espèces inventoriées lors d’études menées par
le professeur Meinesz
Figure 108 : Actinia equina
Ces espèces sont choisies pour :
• leur caractère particulier permettant de caractériser un
milieu. Par exemple Cystoseira amantacea var. stricta
se trouve principalement sur des secteurs soumis à un
fort hydrodynamisme,
• leur sensibilité à la pollution des eaux de surface. Les
crabes Eriphia verrucosa et Pachygrapsus marmoratus
sont sensibles aux hydrocarbures.
• leur caractère nitrophile. Le développement important
de Ulva sp. et Enteromorpha Sp. permet d’identifier
une pollution organique.
• leur statut de protection. Par exemple, Patella ferruginea est rare et protégée en France.
Lors de ces études, les espèces ont été recensées en y
attribuant des classes d’abondance (propres à chaque
espèce) et cartographiées le long d’un linéaire côtier
découpé en secteur de 20 mètres, à une échelle de
1 : 1 000ème.
Lors de l’étude menée à Port-Cros en 2001, le linéaire
occupé par les macrophytes (Cystoseira amantacea var.
stricta, Cystoseira compressa et Rissoella verruculosa)
a été mesuré de la manière suivante : classe 1 pour un
recouvrement de 0 à 5 m, classe 2 pour 5 à 10 m et
classe 3 pour > 10 m. Les chlorophytes (Enteromorpha
sp. et Ulva sp.) ont été recensées selon les classes : 0,2
à 3 m, 3 à 5 m et plus de 5 m. La rhodophyte calcaire,
a été recensée selon les classes : 1 à 5 m, 5 à 10 m et
plus de 10 m en distinguant les formations suivantes :
• les thalles isolés (en forme de demi sphères éparses et
de faible diamètre : 3 à 10 cm),
• les thalles coalescents (formant un placage continu peu
épais et peu large),
• les encorbellements (placage épais formés par la croissance continue des thalles).
Concernant Actinia schmidti , trois classes ont été retenues selon leur abondance : 1 à 10, 11 à 30 et plus de
30 individus. Aucune distinction entre petits et grands
individus n’a été faite. Le plus grand diamètre de chaque
individu de Patella ferruginea a été mesuré au pied à
coulisse.
Concernant les crabes Eriphia verrucosa et Pachygrpsus
SUIVI DU MILIEU MARIN EN PALME MASQUE TUBA
67
marmoratus, le nombre total de chaque individu observé
a été recensé pour chaque secteur de 20m. Le comptage de ces deux espèces ne peut être exhaustif compte
tenu de leur rapidité et de leur caractère fuyant.
Les représentations cartographiques ainsi obtenues apportent des éclairages quant à la répartition et l’abondance des espèces et permettront d’évaluer tout futur
impact. Le découpage sectoriel du linéaire côtier apporte
une précision très intéressante en matière de gestion.
de suivre systématiquement le même parcours et pourra
même changer de site selon les cas. Dans ce cas de figure, l’impact sur les fonds ne sera plus limité.
Dans le cas d’un sentier aménagé où les usagers découvrent les fonds sans encadrement, la situation peut devenir plus problématique. Si la volonté du sentier est de
faire découvrir un parcours où les richesses marines sont
préservées, l’aménagement aura pour effet de concentrer et augmenter la fréquentation sur un lieu bien précis
risquant ainsi de porter atteinte aux espèces et habitats.
En amont, le choix du site à équiper est donc déterminant pour que ce dernier soit suffisamment profond et
ainsi que les usagers ne soient pas tentés de se tenir debout par exemple.
Pour repérer les gestes problématiques les plus couramment accomplis par les usagers et ainsi adapter la gestion du sentier et les recommandations faites aux pratiquants, des observations peuvent être faites en PMT par
un agent de l’AMP.
Figure 109 : Représentations cartographiques réalisées en 2001 à Port Cros
(Meinesz et al., 2001)
La présence de goudron sur le liseré côtier est notée pour
chaque secteur tout comme celle des macro-déchets.
Date des relevés
Juillet 2001
Nombre de secteurs
70
Numéros des secteurs
De 979 à 1048
Linéaire total
1392 m
var.
508 m
Cystoseira compressa
3,5 m
:boules, encorbellements
689 m 98 m
Rissoella verruculosa
789 m
sp.
4m
Actinia schmidti
377
Patella ferruginea
1
Stramonita haemastoma
12
Eriphia verrucosa
19
Pachygrapsus marmoratus
67
Goudron
1m
Macro-déchets
5m
Tableau 14 : Répartition et abondance des espèces et paramètres relevés sur
le littoral de l’îlot de la Gabinière (Port-Cros, Meinesz et al., 2001)
A titre d’exemple, voici le protocole réalisé pour le sentier
sous-marin de la réserve naturelle de Cerbère-Banyuls
(Payrot et al. 2009). Durant la saison estivale, un agent
de la réserve s’est rendu plusieurs fois par jour sur le sentier sous-marin à raison de 45 minutes par visite. Pour
chaque type d’usagers qu’il soit simple nageur, en PMT,
équipé d’un Tuba FM (équipement particulier du sentier
de la réserve de Banyuls) ou plongeur en scaphandre
autonome, l’agent notait les gestes suivant : main, coup
de palmes, pied posé, palmage vertical, déplacement
cailloux, nourrissage, petite pêche, prélèvement, dérangement d’animaux, photo sous-marine.
Les résultats de ce suivi, présentés dans la figure 110,
ont permis aux gestionnaires de la réserve d’adapter
l’encadrement des usagers et les messages de sensibilisation en insistant sur les gestes recensés lors du suivi.
Figure 110 : Répartition des impacts par typologie d’usagers (Nageur, PMT =
Palme+masque+tuba, Tuba FM, Plongeur) – Sentier sous-marin de Peyrefite
(Paytot et al., 2009)
5.2 Observation de l’impact des
usagers le long d’un sentier
sous-marin
Le sentier sous-marin est un outil d’éducation à l’environnement et a pour objectif de sensibiliser et faire découvrir les richesses des petits fonds côtiers au plus grand
nombre.
Un sentier sous-marin peut ne pas être aménagé, il s’agira alors d’un guide qui apportera toutes les explications
quant aux espèces rencontrées et encadrera les usagers
pour que ces derniers adoptent un comportement respectueux des fonds marins. Le guide ne sera pas obligé
68
COLLECTION
Figure 111 : Nageur PMT se tenant debout (© Réserve Cerbère-Banyuls)
5.3 Prélèvement de matériel biologique
ou de sédiment
Le cas de la veille écologique d’Ostreopsis ovata
Certains suivis nécessitent le prélèvement d’espèces
marines. C’est le cas pour l’étude d’une algue micro­
scopique Ostreopsis ovata. Cette espèce non-indigène
d’origine tropicale se développe en Méditerranée et parfois dans des concentrations telles qu’elle peut causer
des problèmes sanitaires.
Cette espèce épi-benthique se développe sur sub­
strat rocheux ou sur des macrophytes. L’accumulation
des toxines d’Ostreopsis ovata dans les tissus des oursins est étudiée sur plusieurs sites de la côte française.
Pour cela des prélèvements en PMT de Parocentrus lividus sont régulièrement réalisés dans des lieux identifiés
comme favorables au développement de cette espèce.
Selon les besoins, des prélèvements d’eau et de macrophytes sont également réalisés.
5.4 Le recensement de macro-déchets
présents sur le fond
La présence de macro-déchets sur les fonds marins
peuvent, en fonction de leur nature polluante ou non
et de leur emplacement, porter atteinte aux espèces et
aux habitats, mais également nuire aux usagers de la
mer (baigneurs, plaisanciers et pêcheurs). En fonction
de leur volume, de leur poids et de leur nature, certains
déchets ne pourront être évacués en PMT, ni même en
scaphandre. Un recensement précis de ces déchets
permettra en fonction de leur nature et du budget disponible, de prioriser les zones à nettoyer et de mandater
une entreprise spécialisée pour l’enlèvement des d
­ échets
qui s’avèreront les plus problématiques. Précisons que
certains déchets ne nécessiteront pas d’être évacués
s’ils sont non polluants, présents depuis longtemps et
fortement concrétionnés.
Figure 114 : Batterie de bateau, un déchet fortement polluant
Figure 112 : Plongeur prélevant des oursins
Prélèvement de sédiments
La réalisation de carottages est tout à fait possible en
PMT. Elle peut se faire sur des fonds plus ou moins importants selon les capacités du plongeur. Notons que
l’utilisation d’une gueuse (qui peut être simplement du
plomb amarré à une corde) facilitera la descente du plongeur. La gueuse est remontée une fois le plongeur revenu
à la surface.
Le carottage est réalisé avec un tube en plexiglas et refermé par le plongeur au fond avec un bouchon en liège.
Figure 115 : Déchet inerte et concrétionné
Un recensement en PMT depuis la surface peut être rapidement fait sur l’ensemble du linéaire côtier. La clarté de
l’eau déterminera la profondeur maximale pour laquelle
les déchets seront détectés.
La prospection peut être réalisée à la palme avec un
radeau tracté pour transporter le matériel nécessaire :
plaque immergeable, appareil photo, corde plombée,
décamètre. Cette prospection peut également être faite
avec une embarcation qui tirera le plongeur.
Figure 113 : Plongeur descendant à l’aide d’une gueuse
Voici les différentes informations qu’il conviendra de noter
pour chaque déchet rencontré :
• description du déchet : câble, corps mort, pneu, batterie, etc.,
• photo : prendre un ou deux clichés dont vous noterez
le numéro,
• taille : approximatif,
• polluant : oui ou non,
SUIVI DU MILIEU MARIN EN PALME MASQUE TUBA
69
• concrétion : oui ou non,
• profondeur : donnée par une corde plombée, un profondimètre ou la sonde d’un bateau,
• substrat : sable, herbier, roche etc.,
• coordonnées GPS : prises à l’aplomb du déchet,
• lieu-dit : nom de la crique, de la baie, ou de la pointe la
plus proche.
5.5 Les espèces non indigènes,
détection et inventaire
Surveillance des espèces envahissantes marines dans les
aires marines protégées (AMP) méditerranéennes, guide
pratique et stratégique à l’attention des gestionnaires
Fiches d’information sur les espèces envahissantes
CRUSTACÉS
Reproduction
Ci-dessous, deux bases de données synthétisant les
connaissances concernant les espèces non indigènes et
envahissantes :
• Delivering Alien Species Inventories for Europe (DAISIE), http://www.europe-aliens.org,
• Atlas of exotic species in the Mediterranean. The mediterranean science comission (CIESM), http://www.
ciesm.org.
La figure ci-dessous présente un exemple de fiche
d’identité issu de ce guide.
Nom scientifique :
Percnon gibbesi
Principales caractéristiques
d'identification
Ce crabe mimétique relativement petit peut mesurer
jusqu'à 3 cm de diamètre. Son corps est plat et carré
avec une surface lisse. Sa carapace est d'un vert brunâtre
et ses longues pattes aplaties sont cerclées de petits
bracelets jaune doré. La surface ventrale est pâle. Les
pattes ambulatoires possèdent une rangée d'épines le
long du bord d'attaque. Les pédoncules oculaires et les
pinces sont orange ; chez les femelles, les pinces sont
petites tandis que chez les mâles, elles sont grandes et
inégales.
Nom commun : crabe plat des oursins
Rangées d'épines sur les pattes ambulatoires
Identification
La prospection des petits fonds permettra de noter la
présence ou l’absence d’espèces à caractère invasif. Un
suivi plus fin pourra être engagé en fonction des problématiques rencontrées.
Une fiche d’identité par espèce est proposée et détaille
les informations suivantes :
• Principales caractéristiques d’identification,
• Habitat et éléments d’identifications sur le terrain,
• Reproduction,
• Bref historique de son introduction et de ses voies
d’accès,
• Impacts écologiques,
• Impacts économiques,
• Options en matière de gestion,
• Pour en savoir plus.
Illustration
Leur recensement, leur signalisation aux réseaux de
spécialistes et le suivi de leur développement sont par
contre très utiles pour améliorer la connaissance des mécanismes en jeu et sensibiliser les usagers lorsque ces
derniers sont susceptibles de participer à leur expansion
sans le vouloir. Se renseigner auprès des réseaux sur
l’apparition de nouvelles espèces à proximité de votre
AMP doit être un réflexe important.
Figure 116 : Liste noire des espèces envahissantes dans le milieu marin
(Otero, M. et al., 2013)
Stolon
Historique
Certaines espèces non-indigènes peuvent dans certaines conditions devenir invasives. En effet, elles
trouvent toutes les conditions pour se développer dans
leur nouveau milieu sans qu’aucun facteur limitant ne s’y
oppose. Les gestionnaires sont souvent désarmés face à
ces phénomènes complexes qu’il est difficile de stopper.
Habitat et éléments d'identification
sur le terrain
Cette espèce est présente sur les littoraux rocheux, dans
les crevasses des rochers ou sur des structures
construites par l'homme comme les ports et les marinas,
à des profondeurs de 0,5–4 m.
Reproduction
La présence de femelles œuvées a été enregistrée de mai à
septembre, et des crabes juvéniles (longueur de carapace ≤
1,5 cm) peuvent être observés d'octobre à mars, indiquant
que ce crabe se reproduit pendant les mois d'été et que le
recrutement a lieu tout au long de l'hiver.
Percnon gibbesi. Photo : E. Azzurro
Edité par MedPAN, cet ouvrage dresse un état des lieux
concernant la répartition et le caractère invasif des différentes espèces non indigènes de Méditerranée.
Nous vous invitons à vous y référer pour mettre en place
un protocole de surveillance et de signalement au sein de
votre AMP. Les campagnes de terrain pourront être réalisées en PMT pour tous les petits fonds de votre AMP. La
figure ci-dessous dresse la liste noire des espèces marines invasives de méditerranée proposée par ce guide.
Cette liste concerne les espèces les plus problématiques
et dont l’identification peut être assurée par des non spécialistes. Ces espèces pourront être ciblées dans un programme de suivi et de surveillance.
70
COLLECTION
Percnon gibbesi. Photo : A. Lodola
Percnon gibbesi. Photo : E. Azzurro
Surveillance des espèces envahissantes marines dans les AMP méditerranéennes: guide pratique et stratégique à l'attention des gestionnaires
Figure 117 : Fiche d’identité du crabe Percnon gibbesi
87
BIBLIOGRAPHIE
MEINESZ A., COTTALORDA J.-M., CHIAVERINI D., DE VAUGELAS
J., 2001b. Représentation cartographique de l’abondance de que
lques algues et invertébrés du littoral de l’îlot de Bagaud (PN PORTCROS). Ed. LEML-UNSA / GIS Posidonie , 10 pp +ann.
MEINESZ A., COTTALORDA J.-M., CHIAVERINI D. & DE VAUGELAS J., 2001c. Représentation cartographique de l’abondance de
que lques algues et invertébrés du littoral de l’île de Cavallo (archipel
des Lavezzi). Contrat d‘étude entre : L’Association de gestion des
Réserves Naturelles des îles Cerbicales et Lavezzi et le groupement
d’intérêt Scientifique (GIS) Posidonie. Ed. LEML-UNSA », 114 pp.
PAYROT J, HARTMAN V., RIVAS E., 2009 - Suivi de la fréquentation et de l’impact du sentier sous-marin de Peyrefite (Réserve
naturelle marine de Cerbère – Banyuls) - Année 2008 - 2009
Collection MedPAN
La collection MedPAN est adaptée au contexte méditerranéen.
Elle regroupe des publications développées par différents acteurs
de la communauté des AMP méditerranéenne sous une charte
graphique commune.
La collection MedPAN est une initiative de l’association MedPAN
et de plusieurs partenaires dont le CAR/ASP, le WWF, l’UICN
Méditerranée, ACCOBAMS, l’Agence Française des Aires Marines
Protégées et le Conservatoire du Littoral. Elle est éditée par
MedPAN, le réseau des gestionnaires d’Aires Marines Protégées en
Méditerranée.
Réseau des gestionnaires d’Aires Marines Protégées en Méditerranée
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COLLECTION
www.medpan.org
Date : 11/2014 - Version : X
La collection MedPAN est une série de publications destinées
aux gestionnaires d’Aires Marines Protégées et aux autres acteurs
en Méditerranée. Elle vise à partager des recommandations,
des informations pratiques, des retours d’expérience et
des synthèses sur les thèmes clé relatifs aux AMP.