la chine d`apres mao-4 avril 2015

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la chine d`apres mao-4 avril 2015
 Groupe « Au fil de nos lectures » : CR du 14 avril 2015 Etaient présents : Amicie de Balorre, Béatrice Valentin, Jacqueline Jouven, Nicole Jeanson, Arnaud de Balorre, Bernard Martel Sujet : La Chine d’après Mao J’ai eu envie de parler de la Chine d’il y a un siècle à travers divers témoignages (« Mémoires d’une dame de cour dans la Cité interdite », « Mémoires d’un eunuque dans la cité interdite », « Mémoires de Reginald F. Johnston » précepteur britannique du dernier empereur, « Pu-­‐Yi, j’étais empereur de Chine »). La vie dans le Cité interdite, tout le monde la connaît plus ou moins. Cependant, avant d’être dame de cour ou eunuque, ces personnes vivaient comme les Chinois vivaient : les villages, les familles, les notables, les gens fortunés, les grandes exploitations. Ceux-­‐ci avaient tout pouvoir sur les autres – pauvres et archi-­‐pauvres –
qu’ils exploitaient, torturaient. Le mensonge, la délation, la corruption, la flatterie étaient les lois de cette société. La dame de cour n’était qu’une servante corvéable à merci -­‐ l’eunuque avait été castré contre son gré au prix de souffrances indicibles. Le jouet et le prisonnier des traditions millénaires de la cour mandchoue a été le dernier empereur, Pu-­‐Yi, abdiqué à 11 ans et « transformé » par le parti communiste. La sottise, la superstition, l’étroitesse d’esprit de son entourage avaient fait de lui un invalide caractériel qu’il décrit lui-­‐même dans ses Mémoires. Son précepteur anglais avait trouvé en lui un adolescent sensible, intelligent. Pu-­‐Yi a eu beaucoup de mal à devenir un homme normal. Il est resté dix ans prisonnier du parti communiste après sa désastreuse expérience japonaise, et a subi – bien sûr-­‐ un lavage de cerveau bien mis au point. Mais il n’a pas été torturé. Les Japonais ne l’ont pas tué. Il a terminé sa vie comme jardinier. D’après ce que l’on sait actuellement par les media, le pouvoir en Chine est tout aussi arbitraire et la délation fonctionne ainsi que la cruauté. N’y aurait-­‐il donc rien de changé ? O n nous montre aussi autre chose, heureusement. Ce peuple plein de sensibilité, de patience, de respect pour les anciens ne peut que nous impressionner favorablement. Chine, le grand bond dans le brouillard Gabriel Grésillon (correspondant en Chine des Echos), Stock, 2013 Parler de « grand bond » au sujet de la Chine est un lieu commun. En revanche, le brouillard qu’évoque G. Grésillon est tout autre chose que les phénomènes relativement bien connus de pollution de l’air dans les villes (parmi les dix villes à l’atmosphère la plus malsaine, huit seraient situées en Chine), des eaux et des terres agricoles. Sans minimiser la puissance de la Chine (2ème puissance économique mondiale ; 1er commerçant du monde) quelque 550 millions de personne sorties de la pauvreté ; des capitaux qui irriguent le monde ; un taux de croissance proche de 10%), Grésillon y relève un grand nombre de vives tensions ; en outre les recettes qui ont permis la croissance de la Chine ces dernières années ne fonctionnent plus. Des réformes sont indispensables et Pékin en paraît convaincu. Face à une telle situation, un esprit occidental ne peut que préconiser de libéraliser l’économie et de favoriser la consommation des ménages. En fait, sous la direction du Président Xi Jinping, que Grésillon surnomme "l’Empereur", aucun indice pour l’instant ne paraît orienter la Chine dans ces directions, tout au contraire, ce qui provoque la perplexité de l’auteur face à l’avenir de la Chine, qu’il qualifie de « brouillard », au terme d’une analyse touffue où les fils de l’exposé sont parfois difficiles à suivre. Né en 1960 à Hangzhou (Zhejiang), Yu Hua a reçu en 2008 le prix Courrier international du meilleur livre étranger pour Brothers. Vivre ! Son premier roman, adapté au cinéma par Zhang Yimou, s’est vu décerner le Grand Prix du jury au Festival de Cannes 1994. Ce roman-­‐fleuve, écrit en 2005 et traduit en 2008 (1000 pages en édition Babel), couvre 50 ans de la vie d’un bourg, de la Révolution Culturelle à nos jours. Les héros sont comme deux frères, le père de l’un a épousé la mère de l’autre. L’un est une fripouille, l’autre est doux et paisible comme son père. Ils sont si unis que rien ne peut les séparer. La révolution culturelle les laisse orphelins et c’est la débrouille pour ne pas mourir : les jours maigres ils n’ont que leur salive à déguster. Adultes, ils tombent amoureux de la même femme, tout s’écroule, leur destiné est a jamais séparée. Un bon gros mélo ?, Non, mais une fresque aux nombreux personnages d’un réalisme et d’une épaisseur qui en font les vrais héros de cette épopée, une démonstration de l’évolution de la Chine passant en quelques décennies de l’état médiéval à la fièvre économique et informatique, de l’obéissance aveugle à la frénésie de l’argent et du sexe. Du sexe, il y en a, voire du porno, la spiritualité ancestrale se délite dans le matériel et le prosaïque. Le rythme de l’écriture s’adapte aux événements allant de la logorrhée bileuse et brutale au lyrisme poétique, toujours dans la simplicité et souvent avec humour, le chinois passant avec le même excès du rire aux larmes Un grand roman d’amour, de haine, de souffrance, de cruauté, d’absurde… d’humanité. Qiu Xiaolong « Cité de la Poussière Rouge » Liana Levi Ed. Titre original : Years of Red Dust 2008 Traduction française 2008. Roman-­‐récit de cinquante-­‐six années de la vie d’un quartier (« cité ») de Shanghai. Il débute en 1949 avec la fuite de Tchang Kai-­‐Tchek et s’achève dans les débuts du « capitalisme communiste » en 2005 en passant par les années noires de la « révolution culturelle ». La vie de quelques personnages de cette cité est racontée. On les voit ballotés par les grands coups erratiques de gouvernail du « Grand Thimonnier » et leurs conséquences le plus souvent tragiques sur les habitants, pour la plupart des « petites gens ». Chaque chapitre, daté et classé chronologiquement, commence par un compte rendu officiel enthousiaste des succès de la république populaire et de ses habitants pour l’année indiquée. Puis on suit chaque personnage dans sa traversée chaotique des trois périodes : installation de la société communiste, révolution culturelle, entrée dans le capitalisme de l’état communiste. Le ton est badin, distancié, faussement candide, jamais explicitement critique. Ce livre m’a fait penser au récent film de Zhang Yimou (cité aussi dans l’analyse précédente) : « Coming home » qui paraît en être une illustration. Prochaine réunion : « Revisiter » un livre qui a enchanté notre jeunesse Le 12 mai 2015 à 14h30, mda 8, 23 rue Vernet. Mao Zedong et les artistes contemporains (Œuvres vues dans des musées français et allemands)