n° 279 Juillet - Septembre 2010

Transcription

n° 279 Juillet - Septembre 2010
Dépôt Bruxelles 8 - n° d’inscription : 106 - n° d’agréation : P204096
CEBO
Belgique-België
P.P.
1081 Bruxelles 8
1/9306
COMMISSION DE L’ENVIRONNEMENT DE BRUXELLES-OUEST asbl
Bulletin trimestriel
N° 279 : 40e année
Juillet - septembre 2010
Publié avec l’aide de la
Commune de Ganshoren
Secrétariat CEBO
Tél. : 02 893 09 91
[email protected]
Editeur responsable : Jean Rommes, avenue du Cimetière 5, 1083 Bruxelles
-1-
Punaise à bouclier
Avec un nombre d’espèces estimé entre 10
et 15 millions, les invertébrés représentent
plus de 99 % de la faune mondiale, laissant
loin derrière eux les 81.000 espèces de vertébrés. Dans le groupe des invertébrés terrestres, les insectes sont les plus abondants
avec plus d’1 million d’espèces connues.
Au Scheutbos, plusieurs centaines d’espèces
ont déjà été inventoriées. Vous pouvez les
découvrir en commandant un CD “arthropodes” contenant plus de mille photos. Il
vous suffit de virer 5 € au compte 0015426089-82 des Amis du Scheutbos (un CD
“plantes” est aussi disponible au même prix).
— Bernard de Cuyper
Insectes et
biodiversité
EDITORIAL
Le vallon du Molenbeek :
à faire classer ou affaire classée ?
Le Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale a pris récemment deux décisions
concernant la partie de la vallée du Molenbeek située à Ganshoren entre la ligne de
chemin de fer Bruxelles-Gand, la rue Vanderveken/rue au Bois et le ruisseau.
Depuis 2006, cette zone fait l’objet d’une demande de classement introduite par la
CEBO. Malgré l’avis favorable de la Commission Royale des Monuments et Sites, ce
n’est donc qu’en avril dernier que le Gouvernement bruxellois a décidé d’entamer officiellement la procédure de classement... sauf que la zone visée a été réduite au périmètre déjà repris en zone verte dans le Plan Particulier d’Affectation du Sol !
Les parcelles soustraites font l’objet d’une autre décision qui approuve le plan d’expropriation pour cause d’utilité publique de la Société de Développement pour la Région de
Bruxelles-Capitale (SDRB) qui entend y concrétiser une zone d’indutries urbaines. On peut
s’étonner et déplorer que le texte publié au Moniteur belge ne reprenne pas le souhait du
Gouvernement bruxellois de veiller à ce que la SDRB se conforme à sa promesse d’ériger le
zoning d’une manière durable et de l’intégrer dans l’environnement paysager et écologique,
tenant compte de la haute valeur biologique de la zone attenante et le fait qu’une attention
particulière doive être réservée à la gestion hydrologique.
En matière de mobilité, on peut déjà relever que cette décision pèsera sur l'étude d'incidence initiée par Infrabel dans le cadre de son projet de suppression des passages à niveau,
la solution sollicitée par la SDRB pour évacuer le charroi généré par la zone indutrielle
consistant en une circulation à deux bandes dans le passage de la rue Nestor Martin sous
le chemin de fer.
Jean Rommes
Président
Ophrys abeilles / Bijenorchis
— Bernard de Cuyper
Une végétation de grand intérêt biologique (ici,
des orchidées, espèces légalement protégées)
peut-elle persister dans une zone d’entreprises
urbaines ? Une vigilance sans faille devra tester la
réalité des bonnes intentions affichées dans le
cadre de l’année internationale de la biodiversité.
-2-
ACTIVITES
Visites guidées de la vallée du Molenbeek
les samedis 3 juillet, 7 août et 4 septembre
Découverte de deux réserves naturelles régionales :
le Poelbos et le marais de Jette.
Ces deux sites font partie de la Zone Spéciale de Conservation
Natura 2000 de la Vallée du Molenbeek.
R.V. à 14 h
devant l’entrée de la
réserve du Poelbos,
av. du Laerbeek 112
à Jette
(face au terminus
UZ Brussel des bus
13, 14, 53).
Prévoir bottes ou
bonnes chaussures.
Chiens non admis.
Guide nature :
Jean Rommes
(02/893 09 91).
UZ Brussel
D’autres activités nature à Bruxelles ?
Consultez les sites internet www.bruxellesnature.be,
www.tournesol-zonnebloem.be et www.natagora.be
Journées du Patrimoine à Bruxelles
Pierre & Co : l’ancienne carrière du Poelbos
le samedi 18 septembre
À l'instar des bois voisins du Laerbeek et de Dieleghem, le Poelbos (9 hectares)
doit son existence à la plantation d'arbres à partir du XVIIe siècle dans une ancienne carrière de pierre de grès calcaire, après son exploitation par les moines de
l'Abbaye de Dieleghem. Différentes sources sourdant au fond du vallon alimentent
un étang de pêche ainsi que le marais de Jette contigu.
.
Visites guidées à 14 h (en français) et à 15 h 30 (en néerlandais) (durée : environ 1 h).
Lieu de départ : entrée de la réserve naturelle, avenue du Laerbeek 112 à Jette (en face du terminus des autobus de la STIB). Accès : bus 13, 14 et 53 (UZ Brussel).
Prévoir bottes ou chaussures de marche. Chiens non admis.
Organisation : Direction des Monuments et Sites en collaboration avec la CEBO et Natuurpunt.
-3-
ACTIVITES
Promenade dendrologique au Parc des Muses
le samedi 11 septembre
organisée par la Commune de Molenbeek-Saint-Jean
en collaboration avec la CEBO
Patrick Verhaeghe, biologiste et auteur de plusieurs brochures sur les
promenades dendrologiques à Bruxelles, fera découvrir les arbres
remarquables de ce parc molenbeekois et du parc Albert voisin.
R.V. à 14 h à l’entrée principale du parc (av. Brigade Piron, face à l'arrêt du tram).
Durée : environ 2 h. Contact : Jean Rommes (02/0893.09.91)
La Nuit Européenne des
Chauves-Souris
Européenne des Chauves Souris
le samedi 28 août
Venez vivre une balade au cœur de la nuit
à la rencontre de ces petites bêtes mystérieuses,
un spectacle garanti et une émotion sans pareille.
Watermael-Boitsfort
Auderghem
Projection vidéo, exposé-débat, balade nocturne. Stands info et documentation.
Inscription obligatoire ([email protected])
R.V. à partir de 20 h 30 au Domaine des
Silex, chemin des Silex 10. Bus 17 et 95
(Wiener). Tram 94. Gare de Boitsfort.
Pas de parking possible chemin des Silex
(Promenade Verte).
Contact : 0478/44.40.05 - [email protected]
Projection vidéo, balade nocturne.
Activité bilingue FR-NL.
R.V. à 20 h 30 au Rouge-Cloître.
Contact : Bruxelles Environnement-IBGE
(02/775.75.75 - [email protected])
groupe de travail chauves-souris de Natagora
Woluwe-Saint-Lambert
Anderlecht
Projection vidéo, exposé-débat,
balade nocturne.
R.V. à 20 h 30 à la plaine de jeux du
parc Malou au Chalet Malou.
Contact : Patrick Vanden Borre
(0478/97.95.10 –
[email protected])
Projection vidéo, exposé, balade nocturne.
R.V. au bar du club de Badminton de
Neerpede, rue des Lapins 32.
20:30 : début des activités en néerlandais
21:15 : début des activités en français
Contact : Linde Galle (0499/59.45.95 –
[email protected])
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COMMUNIQUÉS
Les papillons bruxellois dans
un atlas
Les papillons sont en général très appréciés. Ces insectes aux couleurs chatoyantes non seulement nous égayent,
mais ce sont aussi d’excellents indicateurs
de la qualité de notre environnement. Ils
sont extrêmement sensibles aux changements environnementaux et réagissent
rapidement aux modifications qui peuvent
intervenir dans la gestion, à la pollution
par les engrais, à la sécheresse ainsi qu’à
d’autres facteurs pouvant avoir une
influence négative sur les milieux dans
lesquels ils apparaissent. Ils donnent
aussi très souvent des indices fiables sur
la présence d’autres espèces. Ainsi, un
peu partout dans le monde, l’évolution de
leurs populations est surveillée de façon
régulière.
Ces dernières années, la Région de Bruxelles-Capitale s’est attelée à répertorier les différentes espèces de faune et flore présentes à Bruxelles. Ainsi, des atlas de répartition sont
déjà parus pour les bryophytes, les lichens, les mammifères, les amphibiens et les reptiles
et, plus récemment, des atlas pour les plantes supérieures et pour les oiseaux nicheurs.
L’Atlas des papillons de jour de la Région de Bruxelles-Capitale est dans la lignée de
cet état des lieux de la biodiversité bruxelloise et apporte sa contribution à la politique relative à la protection des espèces.
Celui-ci peut être commandé au prix de 15 €
auprès du service Info de Bruxelles
Environnement (02/775.75.75 - www.bruxellesenvironnement.be).
Connaissez-vous le Jardin
d’abeilles de Jette ?
Les samedis 3 juillet, 7 août et 4 septembre, le Jardin d’abeilles (situé près de
la pépinière communale de Jette, avenue
du Laerbeek 120) est ouvert au grand
public de 13 h à 17 h. Des apiculteurs
amateurs vous y accueilleront et vous
expliqueront leur passion. Entrée gratuite.
On peut retrouver sur le site www.api-bxl.be le
détail des panneaux didactiques disposés au
Parc Roi Baudouin (phase 3) dans le cadre
d’un parcours “abeilles”.
-5-
Zone Spéciale de Conservation
Vallée du Molenbeek
Région de Bruxelles-Capitale
Chronique naturaliste
printemps 2010
Les migrations printanières de batraciens sont surtout focalisées sur les grenouilles et surtout les crapauds mais elles
concernent aussi les tritons. Des recensements effectués
en avril dans deux sites de la vallée du Molenbeek ont permis d’y confirmer la présence de 3 espèces : les tritons
alpestres, ponctués et palmés.
— Jean-Jacques Espinos
Superbe avec ses raies
noires sur fond rouge, la
punaise arlequin fréquente
les fleurs d’ombellifères,
notamment le cerfeuil sauvage, surtout aux endroits
chauds et très exposés au
soleil. Sa coloration avertirait les prédateurs de son goût désagréable.
— Bernard de Cuyper
Triton palmé
— Bernard de Cuyper
— Jean-Jacques Espinos
La mésange à longue queue est un des oiseaux les plus précoces dans la préparation de
sa reproduction. En mars, de nombreux nids ont été repérés, permettant le joli spectacle
de voir une mésange arriver avec une grande plume blanche et molle au bec, et attendre
que sa compagne ait terminé pour prendre son tour. L’édification du nid demande en
moyenne 18 jours, la moitié du temps pour la paroi externe, le reste pour le revêtement
intérieur. Ce petit chef-d’oeuvre se présente comme un oeuf allongé et vertical, percé
d’une ouverture latérale et circulaire dans sa partie supérieure.
-6-
Le retour du
rossignol
Dites philomèle.
Ne dites pas philomène !
La découverte de 3
postes de chant de
rossignols
philomèles au marais de
Jette-Ganshoren a
constitué ce printemps l’évènement
ornithologique.
L’évolution de leur
population nicheuse
— Thierry Tancrez
à Bruxelles a connu
une dégradation marquée depuis le début des années
1990, passant de 15 à 3 couples. Il faut d’ailleurs remonter à 1987 pour retrouver une telle densité dans la vallée
du Molenbeek !
Ces rossignols nous ont non seulement gratifiés de leur
chant pendant la journée mais leur ardeur infatigable se
poursuivait aussi la nuit, la concurrence se limitant
alors à quelques rousserolles.
Rossignols et pouillot ibérique
La présence en Europe de 2 espèces “jumelles” de rossignols
(le “philomèle” à l’ouest et le “progné” à l’est) serait due aux
glaciations. L’avancée des glaciers aurait divisé l’aire de répartition de l’espèce ancestrale, les populations évoluant indépendamment durant tout le temps que dure la séparation.
De manière générale, les caractères de l’une ou des deux
populations ainsi constituées peuvent alors diverger au point
que, après le retrait des glaciers, si ces espèces se trouvent
de nouveau en contact, elles peuvent entrer en compétition.
Un autre exemple du processus évolutif par lequel de nouvelles espèces vivantes apparaissent a été donné ce printemps par l’observation exceptionnelle en Forêt de Soignes
d’un pouillot ibérique. Cette espèce qui vit principalement en
Espagne est proche du pouillot véloce et n’est présente en
France que dans l’ouest des Pyrénées où on la considérait
comme une sous-espèce. Pratiquement impossible à distinguer à la vue, les deux formes diffèrent par le chant et, suite
à des analyses de génétique moléculaire, sont considérées
actuellement comme des espèces différentes.
Pour expliquer l’origine du
nom des deux espèces européennes de rossignols, il faut
avoir recours à la mythologie
grecque.
Philomèle et Procné étaient
les filles de Pandion, roi
légendaire d’Athènes. Procné
épousa Térée, roi de Thrace.
Ce dernier tomba amoureux
de Philomèle, l’enleva et la
séquestra dans une forteresse
retirée, lui coupant la langue.
Mais Philomèle réussit à
représenter ses souffrances
sur une tapisserie qu’elle fit
parvenir à Procné.
Cherchant à se venger, celleci tua son fils pour priver
Térée d’héritier et servit à son
mari la chair de l’enfant. Á la
fin du repas, Philomèle apporta la tête du garçon pour que
Térée comprenne ce qui
s’était passé : il dégaina alors
son épée pour tuer les soeurs
mais fut changé en huppe par
les dieux, irrités de cette trop
sanglante affaire !
Philomèle, elle, fut métamorphosée en hirondelle (privée
de langue, elle pouvait simplement pousser de petits
cris) et Procné en rossignol,
se lamentant sans cesse sur la
mort de son fils.
La confusion devait cependant s’installer lorsque les
auteurs latins affirmèrent le
contraire !
Merci aux observateurs :
Luc Boon, Bernard de Cuyper, Hugues
De Gernier, Jean-Jacques Espinos,
Florence Gelbgras, Erik Meerschaut,
Adriaan Seynaeve et Martine Wauters.
Envie d’en savoir plus ? Consultez les sites internet
www.observations.be et http://brusselsbirding.forumotion.com
En y encodant vos données et en y plaçant vos photos, vous nous permettrez
d’alimenter une prochaine chronique consacrée à l’été 2010.
-7-
ORCHIDEES
La grande listère se dévoile
L’épipactis à larges feuilles (breedbladige wespenorchis) et la listère ovale (grote keverorchis)
constituent nos deux orchidées les plus communes mais, alors que la première ne fleurit
pratiquement qu’en été, la seconde commence
dès fin avril à livrer à nos regards ses petites
fleurs verdâtres nectarifères. L’odeur quelque
peu musquée de celles-ci attirent une vaste
gamme d’insectes, surtout des hyménoptères
(fourmi1, tenthrède, ichneumon2) mais aussi
des diptères et de petits coléoptères ou, plus
curieusement, des orthoptères telle cette jeune
sauterelle ponctuée (struiksprinkhaan)3 (voir
photos ci-dessous).
Cette présence insolite rappelle la découverte
récente effectuée par des chercheurs universitaires de La Réunion qui ont filmé de nuit une
orchidée endémique de cette île à l’aide de
caméras infrarouges et ont pu ainsi observer un
cas unique de pollinisation de la fleur par une
sauterelle à la recherche de nectar.
Si le nom de cette orchidée rend hommage à
Martin Lister, médecin et naturaliste anglais du
XVIIe siècle, l’autre appellation de “double
feuille” fait allusion à la présence à la base de la
hampe de deux grandes feuilles, ovales à arrondies, presque opposées.
Toutes les photos illustrant cette page ont été réalisées
par Bernard de Cuyper.
1
2
3
Vous souhaitez recevoir ce bulletin en couleurs sous forme électronique ?
Rien de plus simple : envoyez un e-mail en mentionnant “OK bulletin”
à l’adresse suivante : [email protected]
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Amis du Scheutbos/Vrienden van het Scheutbos
www.scheutbos.be
Jean Leveque - 0496/53.07.68 - [email protected]
Programme d'activités
Samedi 3 juillet, 10 h : Fauche d’été
Munissez-vous d'une paire de gants de jardinage et de bonnes grosses chaussures. Tout le reste sera fourni par les Amis du Scheutbos qui vous attendent à
l'entrée nord du site, rue de la Vieillesse heureuse, à 100 m de l'arrêt Elbers du
bus 84. Pour le pique-nique, Les Amis fourniront les sandwiches et les boissons
(vous inscrire). Visite guidée l'après-midi pour
ceux qui le désirent et en sont encore capables.
Dimanche 18 juillet, 10 h :
Visite guidée thématique : les papillons diurnes.
— B. de Cuyper
Guides : Jean Leveque et Francis Coenen. En cas
de mauvais temps, thème de remplacement prévu.
Guide : Fabian Deck. Reconnaissance des
diverses espèces présentes; cela saute et chante
au Scheutbos.
Dimanche 15 août, 10 h :
Visite guidée thématique : les milieux aquatiques.
Guide : Guy Trompet. Notre célèbre spécialiste
vous plongera dans les milieux humides du
Scheutbos. La combinaison de plongée n'est
cependant pas obligatoire.
Dimanche 12 septembre, 10 h :
Visite guidée thématique : arbres en fruits.
Guides : Bernard Delloye et Jean Leveque. A la
demande de quelques habitués, nous ajouterons
au thème du fruit, celui de la reconnaissance
des arbres par les feuilles.
Dimanche 3 octobre, 10 h à 14 h :
Nettoyage, fauche et pique-nique.
Voir nos prochaines éditions !
Souci
Dimanche 8 août, 10 h :
Visite guidée thématique : les sauterelles et criquets.
Visites guidées
thématiques
R-V à la cabane des gardiens du
Parc, au bout de la RUE
Scheutbosch (PAS l'avenue). La
rue donne sur le bd Mettewie, en
face du bd Machtens. Bus 86 (terminus) et 49 (arrêt Machtens).
Dimanche 19 septembre,
de 10 h à 18 h :
fête de la mobilité au Karreveld
organisée par la Commune de
Molenbeek-Saint-Jean.
Nous y tiendrons un stand où, entre
de nombreuses choses à encore
décider, vous aurez l'occasion de
goûter à la soupe d'orties.
Plus de détails en septembre sur
www.scheutbos.be
-9-
Le roi du Scheutbos
Non, il ne s'agit pas de moi, bien que ma calvitie galopante me donne une tête couronnée. Le roi, c'est
le chêne pédonculé, fortement présent dans toutes les zones du Scheutbos. Le gland se trouve au bout
d'un long pédoncule, alors que la feuille, sessile, n'a pas de pétiole.
Nos plus vieux chênes se trouvent dans la chênaie-charmaie du petit bois nord. Ils sont à peine centenaires, alors que le chêne peut vivre jusqu'à 1100 ans. D'où son utilisation comme symbole de la longévité, de l'endurance et de la stabilité dans de nombreuses cultures européennes, des Romains aux
Celtes en passant par les Germains. Les allemands n'ont-ils pas choisi un rameau de chêne pour illustrer leurs centimes d'Euro ? Espoir déçu de stabilité monétaire... Mentionnons aussi les noces de chêne :
80 ans (faut se marier tôt, et pas s'entretuer).
Le bois est très dur et riche en tanins. Les amateurs de vin le savent; les insectes aussi, mais ils apprécient beaucoup moins. Sa solidité en a fait un matériau idéal pour la menuiserie, et l'a aussi recommandé à l'attention des bourreaux au Moyen-Age : peu de chance que le poids des pendus casse les
branches. Le roi saint Louis rendait justice sous un chêne : indice d'un remarquable esprit pratique.
Robin des Bois, lui, avait choisi un chêne pour y construire son logement dans la forêt de Sherwood.
Pour pallier à sa mauvaise réputation tannique auprès des insectes gastronomes, le chêne a rendu ses
feuilles, bourgeons, fleurs et fruits beaucoup plus
attrayants : on compte pas moins de 85 espèces galligènes (qui provoquent une réaction caractéristique du
tissu végétal pour fournir à leurs larves le gîte et le couvert) et 100 espèces de mineuses (dont les larves consomment l'intérieur de la feuille, compris entre ses deux
faces) ; 115 chenilles de papillons broutent les feuilles. Si
toutes ces larves se mettaient à chanter, ce serait le resto
du choeur. Voir les quelques photos.
Sans compter les écureuils, les geais et bien d'autres animaux qui, en échange d'une bonne bouchée de gland,
assurent leur rôle de disséminateurs du chêne.
Un arbre vraiment accueillant. Sauf pour les pendus.
J.L.
- 10 -
Le curry de renouées : rapport des survivants
Le 22 avril, 5 arracheurs téméraires ont goûté le curry dont la recette a été publiée dans le
numéro précédent du bulletin CEBO. Pas mauvais du tout. Deux choses doivent être corrigées
dans la recette publiée :
1. il faut peler les pousses, comme les asperges
2. la cuisson totale ne peut dépasser 1 minute, les renouées fondant très vite.
En outre, nous avons eu du mal à trouver des jeunes pousses suffisamment épaisses pour être
pelées. Dans les stations traitées périodiquement par arrachage, les pousses sont trop chétives
et nous avons dû nous rabattre sur une station non traitée. En soi, une excellente nouvelle qui
s'ajoute à la couleur rouge des feuilles dans les stations traitées, signe évident de perte de chlorophylle,
et à la réintroduction spontanée des plantes indigènes.
J.L.
La berce du Caucase
(encore elle)
Malgré toute l'estime que j'ai pour les pompiers, j'en
ai autant pour le personnel du service plantations de
la Commune de Molenbeek-Saint-Jean, qui n'hésite
pas à enfiler des combinaisons protectrices impressionnantes et inconfortables (mais absolument
nécessaires) pour venir arracher cette plante invasive
qui, combinée avec les UV, provoque de graves brûlures. Merci, les gars !
J.L.
Il court, il court,
le lièvre
— Magalie Tomas Millan
Plusieurs observations de
lièvres ont été effectuées ce
printemps au Scheutbos.
C’est l’occasion de rappeler
que ce sympathique coureur
aux longues oreilles avait été
choisi comme symbole par
les premiers défenseurs du
site. Dans la Région de
Bruxelles-Capitale, la présence du lièvre est liée aux dernières zones rurales périphériques (Neerpede).
J.R.
- 11 -
104 espèces d'oiseaux à Molenbeek… dont un nouveau
couple nicheur de Faucons pèlerins près du Scheutbos !
Petit flash-back. C'est en 2005* qu'à la demande de la Commune, le Fonds d'Intervention
pour les Rapaces (FIR) a placé un nid artificiel au sommet d'un bâtiment situé à quelques battements d'aile du Scheutbos. Depuis, quelques Faucons pèlerins avaient été observés dans le
ciel molenbeekois, mais sans aboutir à une nidification. Fin décembre 2009, un couple était
venu parader et marquer son territoire au-dessus du
site, mais il s'était montré tellement discret depuis
qu'on pensait qu'il était parti convoler sous d'autres
cieux (d'autant plus qu'un couple a été brièvement
signalé à Anderlecht). Les trois fauconneaux en pleine
forme ont été bagués et munis d'une puce électronique
par l'Institut royal des Sciences naturelles de Belgique,
partenaire privilégié de la Commune (notamment pour
l'élaboration du plan communal de gestion écologique).
Ce couple est le troisième recensé en Région bruxelloise, après ceux de la Cathédrale des Sts-Michel et
Gudule et de l'Eglise St-Hubert à Boitsfort.
Ce printemps également, la Commune de Molenbeek a lancé un projet en faveur du Martinet
noir, en partenariat avec le "GT Hirondelles" de Natagora : une vingtaine de nichoirs ont été
installés sur deux bâtiments en plein centre de la commune (l'un appartenant à la Commune,
l'autre à la maison de quartier Bonnevie). Le but est de sensibiliser le public aux problèmes
de cette espèce cavernicole à l'heure où les primes (rénovation de façades, isolation) incitent
tout un chacun à colmater le moindre trou.
Enfin, signalons que pas moins de 104 espèces d'oiseaux ont été recensées à Molenbeek depuis
l'été 2007 ! Au Scheutbos, le compteur au 1/06/10 atteint 95 espèces (dernière venue : la
Rousserolle verderolle). Mais ne croyez pas pour autant que le reste de la commune soit un
désert de biodiversité ! Infos : "L'avifaune sauvage de Molenbeek-Saint-Jean : rapport 2009"
(cette année, avec listes d'espèces par sites et par saison) (Infos : [email protected], 0499/58.80.15 - www.molenbeek.be, rubrique Environnement).
M.W.
* Voir bulletin CEBO n° 261 : www.scheutbos.be/31DerniersBulletins.htm
Le Faucon pèlerin est l'animal le plus rapide au monde. Si, en vol horizontal, à la poursuite d'une proie, il atteint
la vitesse de 100 km/h, en piqué vertical, il peut en effet atteindre 400 km/h ! Ce rapace dont l'envergure à l'âge
adulte est de 85 cm pour les mâles et de 115 cm pour les femelles, se nourrit presque uniquement d'oiseaux qu'il
capture en vol. A son menu, toutes sortes d'oiseaux : de la plus petite comme la Rousserolle effarvatte, d'une dizaine de grammes seulement, à la plus lourde comme le Pigeon ramier qui dépasse les 500 grammes. Le Pigeon
domestique, très nombreux en ville, semble être la proie la plus fréquemment capturée par les Pèlerins.
Ce fabuleux rapace avait disparu de Belgique au début des années 1970, tant en raison des pesticides que du
trafic de rapaces. Il est réapparu dans notre pays en 1994, grâce à l'interdiction du DDT et d'autres produits
toxiques et grâce aux efforts de passionnés investis dans sa protection. Infos : www.fauconspelerins.be
- 12 -
© Martine Wauters
Ce printemps, trois jeunes Faucons pèlerins sont nés à proximité du Scheutbos, dans le nichoir
que la Commune de Molenbeek avait fait placer en 2005. Une excellente surprise en cette Année
internationale de la Biodiversité ! Plusieurs autres événements ont marqué l'actualité ornithologique au Scheutbos… et ailleurs dans cette commune, plus verte qu'on ne le croit.