La fourbure mieux la comprendre pour mieux la gérer

LA FOURBURE CHEZ LE CHEVAL ET LE PONEY
Mieux La Comprendre, Pour Mieux La Gérer
1) Comment dépister la fourbure ?
La fourbure est une maladie qui doit être prise très au sérieux par tout propriétaire d’équidé. Très douloureuse
elle peut avoir des conséquences graves voire fatales. C’est une urgence absolue et il ne faut pas la traiter à la
légère.
La fourbure provoque une très forte inflammation localisée aux 2 pieds antérieurs ou aux 4 pieds. Elle
se présente sous plusieurs formes : la forme aigue, la plus évidente, est caractérisée par une très forte douleur
des pieds qui empêche le cheval de se déplacer et le fige dans une attitude caractéristique (voir schéma),
reportant tout son poids sur l’arrière-main. Certains poneys ou ânes se couchent pour se soulager et ne veulent
plus se lever.
La fourbure chronique, plus délicate à détecter, va se manifester par une raideur de la démarche, parfois
une boiterie si un pied est plus atteint que l’autre, le cheval « marchant sur des œufs ». Les deux formes sont
très douloureuses et peuvent entraîner des séquelles graves au niveau des pieds, c’est pourquoi toute
anomalie de la démarche touchant plusieurs pieds doit immédiatement amener le propriétaire à consulter son
vétérinaire. En effet, plus tôt la fourbure sera prise en charge, moins les séquelles seront importantes.
Les poneys et les ânes sont particulièrement exposés à cette maladie souvent liée à un excès d’embonpoint.
2) Comprendre ce qui se passe dans le sabot du cheval fourbu
Le pied du cheval est une partie très richement irriguée par de multiples capillaires sanguins. La très forte
inflammation des tissus du pied lors de fourbure entraîne des perturbations circulatoires sévères ce qui crée
une très forte douleur et des lésions importantes des tissus mous, situés entre la paroi du sabot (la corne) et
l’os du pied (ou 3ème phalange). Ces tissus ont un rôle très important puisqu’ils solidarisent, par un système de
lamelles qui s’engrènent les unes dans les autres, l’os du pied et le sabot.
Cabinet Vétérinaire Cabinet Vétérinaire Equin – Drs I. PIGNARD & J. BLANCHARD
Route de la Brancheraie – 72200 Bazouges sur le Loir
Schéma de l’anatomie du pied et détail des lamelles
Lors de fourbure ces lamelles sont lésées et perdent leurs propriétés sur une partie plus ou moins étendue du
pied. Ceci a pour conséquence le détachement de la paroi du sabot de l’os du pied, qui bascule et vient
comprimer la sole. C’est ce qu’on appelle la « bascule de la 3ème phalange ». En fonction de la sévérité de l’accès
de fourbure, ces lésions sont plus ou moins étendues. C’est pourquoi les séquelles sont plus ou moins
importantes et varient de l’absence de modification du pied à la bascule plus ou moins sévère de la 3ème
phalange voire à la chute complète des sabots.
Schéma du pied fourbu descente et bascule de la 3ème phalange
3) Mettre en évidence les modifications du pied pour mieux les traiter
Pour évaluer l’état des pieds, un examen radiographique est réalisé par votre vétérinaire qui peut ainsi
déterminer si la paroi du sabot s’est détachée ou non de l’os du pied. Il va également évaluer le degré de bascule
en mesurant sur les clichés radiographiques l’angle entre la paroi du sabot et la 3ème phalange. Ainsi il peut
déterminer la gravité des dommages causés par la fourbure et donner un pronostic sur le retour possible à
une activité normale.
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Cet examen est pratiqué quelques jours après le début du traitement mis en place et permet de déterminer la
conduite à tenir en matière de parage et de ferrure.
Le suivi radiographique des structures du pied au cours du temps permettra d’adapter la ferrure et
l’exercice en fonction de leur évolution.
4) Connaitre les causes de la fourbure
Si l’on ne connaît pas encore tous les facteurs susceptibles de déclencher un accès de fourbure, un certain
nombre de facteurs favorisants sont bien identifiés. Une bonne gestion permet de prévenir le mieux possible la
fourbure, la traiter efficacement et éviter ensuite les récidives.
Les principaux facteurs favorisants sont :
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L’ingestion massive d’herbe au printemps ou à l’automne, l’ingestion massive de céréales
L’excès de poids
Une maladie infectieuse concomitante (par ex. métrite post-partum, pneumonie)
Une endotoxémie (toxines bactériennes libérées dans la circulation sanguine lors de coliques par ex.)
Un stress important
Une maladie métabolique, une maladie hormonale (exemple maladie de Cushing)
Les traitements anti-inflammatoires corticoïdes répétés
Le travail prolongé sur sols durs (endurance)
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5) Comment soulager efficacement le cheval fourbu ?
La fourbure est toujours une urgence et nécessite un examen vétérinaire dès que possible. En effet, la prise
en charge rapide du cheval fourbu permet d’éviter les séquelles graves évoquées précédemment.
L’examen vétérinaire permet de déterminer un ou plusieurs facteurs favorisants et de mettre en place un
traitement spécifique, si une maladie concomitante est détectée.
En phase aigüe, l’objectif principal est de supprimer la douleur par un traitement médical adapté et par la mise
en place d’un dispositif temporaire de soutien des pieds. L’utilisation du froid intense (cryothérapie) est
également envisageable. Souvent le propriétaire d’un cheval fourbu pense pouvoir le soulager par
l’administration d’aspirine. C’est un traitement inadapté et insuffisant pour soulager efficacement le
cheval.
Dans la phase aigüe, il est ne faut pas forcer le cheval à se déplacer et mettre à sa disposition une litière
souple et épaisse pour apporter du confort au niveau des pieds et lui permettre de se coucher si il en ressent le
besoin.
La gestion de l’alimentation est un élément essentiel. Les mesures extrêmes qui consistent à supprimer
toute alimentation pendant plusieurs jours sont à proscrire. Elles entraînent en plus d’un stress important pour
l’animal des troubles métaboliques qui peuvent conduire à des complications graves (coliques,
hypertriglycéridémie). En fonction du mode de vie de l’animal, le vétérinaire vous saura vous conseiller et vous
indiquer les aliments que votre cheval peut ou non manger. Pour l’animal vivant au pré, le changement
d’environnement est indispensable et l’accès à l’herbe déconseillé pendant une certaine période.
6) Que faire en cas de fourbure chronique ?
Le stade chronique suit le stade aigu. Il est caractérisé par une douleur moindre mais par un inconfort persistant
qui handicape le cheval dans sa vie de tous les jours ou empêche son retour à une activité sportive. Le
suivi médical du cheval fourbu chronique est essentiel pour améliorer son confort de vie et adapter le parage et
la ferrure, qui sont des éléments essentiels du traitement.
Le plus souvent, le stade chronique fait suite à un stade aigu qui n’a pas été géré correctement. Il peut aussi
s’installer chez les chevaux subissant des épisodes successifs de fourbure aigüe parce que tous les facteurs
favorisants n’ont pas été identifiés.
Une des causes de fourbure récidivante chez les chevaux âgés de 10 ans et plus est la maladie de
Cushing. Le dépistage de cette maladie se fait par un test sanguin simple, de préférence à l’automne, et permet
de mettre en place un traitement spécifique. Cette maladie est fréquente chez les chevaux fourbus puisqu’une
étude a déterminé que 70% des chevaux de plus de 10 ans atteints de fourbure sont également atteints par la
maladie de Cushing. Traiter cette maladie permet de supprimer les épisodes de fourbure récidivante.
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