BORIS GARDINER : Soulful Experience (Dynamic 1970)
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BORIS GARDINER : Soulful Experience (Dynamic 1970)
BORIS GARDINER : Soulful Experience (Dynamic 1970) Byron et Boris : Pour le meilleur et le pire ! Après la série noire de cette fin d'année - déjà chargée en disparitions d'artistes majeurs de l'Atlantique noir - nous venons d'apprendre le décès du musicien et producteur jamaïcain Byron Lee (de son vrai nom Byron Aloysius Lee) des suites d'un cancer. Bassiste né le 27 juin 1935, il fonde les Dragonaires en 1957. Touche à tout : pop, rhythm & blues, calypso, mento, soca, et bien sur ska (sous les noms de Ska Dancers ou Ska Kings) il vient des quartiers chics et côtoie les milieux aisés de Kingston pour lesquels sa formation joue dans les clubs huppés et les hôtels. Lors de l'indépendance de l'île (1962), il touche le jack pot en apparaissant dans le film « James Bond 007 contre Dr. No ». En effet, Mr Lee n'échappe pas à la distinction de classe et de race, à peine feutré, qui à l'époque, sévie partout sur le nouveau continent : A la place des vrais fondateurs de la musique moderne jamaïcaine « les Skatalites », le gouvernement leurs préfèrent Les Dragonaires pour l'exposition universelle de N.Y. (1964)... A retenir : Les fameuses productions de son label Dynamic (WIRL - label de l'homme politique néo-libéral E. Seaga) avec des pointures comme Toots and the Maytals, The Blues Busters ou Ernest Ranglin. La crème du label nous est servie par l'incontournable collaborateur Boris Gardiner, grand magicien des arrangements pop/jazz sur des reprises reggae de standard. Jean Bernard BASSACH BLACK SLAVERY DAYS Clappers records were never meant to be entertainment, it's a weapon without compromise. Le label britannique Honest Jones (fondé entre autre par Damon Albarn, leader du groupe Blur et chanteur de Gorillaz) spécialisé dans la réédition d'albums obscurs, vient de re-sortir un ovni qui fait exception dans la galaxie du roots rock reggae: "Black Slavery Days", signé en 1975 par Jack Ruby, (producteur de "Marcus Garvey", "Garvey Ghost" et "Man In The Hills" de Burning Spear). C'est justement de l'un des inventeurs du terme Rockers (à l'origine du film du même nom) que nous viens cette perle sortie de derrière les fagots: the dub organizer de son vrais nom Lister Hewan-Lowe fondateur du label Clappers Records. Label iconoclaste si il en ait, cette compagnie indépendante officiant dans les années 70 à pour unique objet, la promotion des artistes et la préservation de la musique avec à sa tête un authentique rasta athée se revendiquent ouvertement du maoïsme ! Les artistes présent sur l'album font partie de la fine fleur des musiciens instrumentistes de l'âge d'or du reggae: Vin Gordon, Bobbie Ellis, Leroy "Horsemouth" Wallace, Robbie Shakespeare, Augustus Pablo, Tony Chin, Earl Chinna Smith, Elias Rodney (frère de Burning Spear)… Clappers produira seulement 5 album, tirés à une centaine d'exemplaires, renforçant son image de rare label mythique. Un album en forme de compilation qui se compose de 10 titres (dont 5 dubs) pour un son sans concessions. Assurément à ne pas oublié sur son île déserte. CLPS - 1975 - Black Slavery Days, Honest Jones records Jean Bernard Bassach. SOUL SYNDICATE - Harvest uptown, famine dowtown (Epiphany records 1977 - rééditon/la baleine) Plus connu pour leur collaboration aux côtés de chanteurs et toasters de renoms que pour les albums édités en leur nom propre, les Soul Syndicate représentent la formation instrumentale typique de la période dite du "roots rock reggae", au même titre que les Revolutionaries ils réalisent des sessions studios pour le compte des producteurs Winston ‘Niney’ Holness, Keith Hudson et Bunny Lee, ce dernier leur préférant le nom d’Aggrovators. En 1972 ils entament leur 1ère tournée en Jamaïque et en 1974 une tournée aux USA avec Big Youth et Donovan Carless. Aussi c'est l’incontournable guitariste Earl Chinna Smith qui est à l’origine avec son frère Warren de cette première production studio indépendante du groupe élaborée en 1977, au moment où l’essor du mouvement religieux rastafari dans les ghettos de Kingstown se conjugue avec l’invention du reggae moderne. Leur efficacité dans la construction de ce style musical unique est un savant dosage entre les musiques rythm & blues, reggae et traditionnel africain. A l’écoute de cet album, 2 titres attirent particulièrement notre attention. "Fade Away" standard soul de facture exceptionnelle où sur une lourde basse jouée par George ‘Fully’ Fullwood se pose agréablement la voix de Donovan Carless, chanteur attitré du groupe. Le deuxième, "Red, Gold and Green", développe le thème du nationalisme panafricain en plein essor dans les années 70 et révèle une texture sonore peu présente sur le marché des productions commerciales à destination du grand public. Notons que certains titres frôlent des arrangements funky/reggae hybrides comme "Mariwana" qui vise le jeune public de la classe moyenne nord américaine. Enregistré à Harry J (Kingston, JA) & Aquarius (Kingston, JA) & Indigo Ranch (Malibu, USA), 1977. www.cityhallrecords.com Jean Bernard Bassach. CLANCY ECCLES & THE DYNAMITES - Herbsman reggae Producteur émérite, promoteur de spectacles et militant politique il restera dans l’ombre jusqu’à sa mort survenue ce 30 juin 2005, des suites d'une crise cardiaque. Il est pourtant l’un des plus grands contributeurs à la musique reggae. Son heure de gloire se situe entre la 2ème moitié des années 60 et le début des 70’s, âge d’or de la musique populaire jamaïcaine. Entre les styles « rock steady » et « early/skinhead reggae » Entre autres, il produit des artistes tel que les « Dynamites » sur son propre label « Clandisc ». Il réalise surtout avec le chanteur trinidadien Lord Creator, le fameux tube reprit par UB40 « Kingston Town », disque de UB40 sur lequel, d’ailleurs, ne figure même pas son nom! En 1972, lors de la première campagne du socialiste Michael Manley, il organise un plateau d'artistes jamaïcains pour le PNP ce qui explique peut-être aussi qu’il n’est quasiment jamais réapparu sur le devant de la scène dans les années 80/90, période d’hégémonie pour la droite néolibérale jamaïcaine qui ne pardonne pas à ceux qui ont crus au socialisme dans les années 60/70... On conseillera pour approcher l’œuvre, une des compilations(aux pochettes horribles) Jamaican Gold avec des titres très divers, et, pour les néophytes, un album très soul produit par Clancy Eccles et chanté par Tito Simon. Enfin n’oublions pas le prolifique label de supermarché Trojan qui dispose d’une multitude de titres du producteur prodige sur d’innombrables compilations. CD Jamaican Gold : Clancy Eccles/Joshua's Rod Of Correction, 1967/83 CD Jamaican Gold : Clancy Eccles - Nyah Reggae Rock, 1969/70 CD Jamaican Gold : The Dynamites - The Wild Reggae Bunch, 1967/71 LP Trojan : Clancy Eccles & The Dynamites - Herbsman Reggae, 1970 LP Trojan Horse : Tito Simon - Just Tito Simon - Produit par Joe Sinclair & Clancy Eccles, 1973 Jean-Bernard Bassach. LAUREL AITKEN : The PAMA years ('69-'71) - grover rec. Né à Cuba en 1927, Laurel Aitken, migre en Jamaïque en 38. Il débute sa carrière dés les années 40 dans la chanson à thèmes autour du répertoire alors en vogue (Nat King Cole/Louis Jordan) qu’il adapte sur les styles boogie, R & B, soul, calypso, mento. Après avoir percé dans les charts dés 1957, il réalise le 1er single du label Island fondé par Chris Blackwell qui promotionne alors la musique jamaïcaine en GB et Laurel va être l’un de ses meilleurs chanteur/promoteur, en particulier dans le nouveau style musical élaboré au moment de l’indépendance de l’île: le ska. En débarquant en 1960 à Londres il change à jamais la face de cette musique. En effet depuis la 2ème Guerre Mondiale les jamaïcains sont la main d’œuvre Nouvrière d’un Empire Britannique incapable de faire face aux nouvelles aspirations de sa population, usée par la guerre et les privations. Cette main d’œuvre caribéenne qui comble la demande des industriels à aussi son pouvoir d’achat: C’est d’abord l’incontournable label Blue Beat (Melodic) qui va capter cette demande. Après une longue période chez Blue Beat, Laurel travaille pour EMI, Ska Beat, Nu Beat, Direct Records et Doctor Bird Records. La liste des titres d’avant-gardes qu’il réalise alors est sans communes mesures avec ses concurrents. Il performe autant dans les styles ska et rock steady que dans le reggae naissant, dont il est l’un des créateurs. Fin 60 il est particulièrement apprécié du jeune public anglais et arrive à transcender les clivages raciaux au sein de la classe ouvrière. Avec l’arrivée d’une nouvelle scène « revival » anglaise à la fin des années 70, il démarre une 2éme carrière qui le place à la source des artistes de référence. Décédé cet été à 78 ans, il n’a quitté la scène que contraint et forcé fin 2003, suite à une crise cardiaque. http://www.groverrecords.com Jean-Bernard Bassach. ALTON ELLIS : Arise black man 1968-1978 (Moll selecta 1999) Alton Ellis vient de nous quitter ce 10 oct. à l’âge de 74 ans. Considéré comme l’un des plus aimés et influents chanteur de Soul que la Jamaïque ait jamais connu. Sa carrière coïncide avec l’avènement de la musique moderne jamaïcaine et l’indépendance de l’île (1962). Il enregistre dés 1959 et réalise des singles ska pour Studio One. Au cours de L’âge d’or du rocksteady (1967-72), il s’approprie des sons de soul U.S qu’il adapte en chansons spécifiquement jamaïcaines. Pour le plus grand bonheur des aficionados de musiques afro-modernistes, Ellis réalise «Mr Soul of Jamaica» (LP-1968) qui fait de lui le leader incontestable et incontesté des chanteurs de rocksteady avec le label fondateur de ce style,Treasure Isle et Sunday coming (LP-1970), chez Studio One. Les perles rares réalisés pour Keith Hudson ou Lloyd « Matador » Daley au début des 70’s, dévoilent une autre facette de son talent: le chanteur romantique laisse la place au militant panafricaniste convaincu. Cette époque obscure pour beaucoup de grand artistes "early", éclaire le mieux sa personnalité de crooner. Une ambiance "deep & roots" sans égale. Inclus: Des enregistrements au Black Ark de L. Perry. Jean Bernard Bassach UPSETTERS - 14 Dub Blackboard Jungle (Auralux Recordings, Licensed from Lee Perry/SRD) (original - 1973/ré-édition 2004). Crédité comme l’une des œuvres fondatrices du style dub (au même titre que l’Aquarius dub, de Carlton Lee) cette ré-édition et passé relativement inaperçu dans le milieux des néophytes. Et pour cause : il n’y a qu’à voir le nombre démesuré de références éditées sous le nom de Lee Perry et/ou des Upsetters. Bref si vous ne connaissez pas encore le maître du dub, créateur de la formation des Upsetters (les énervés), plus connu sous le nom des Waillers, et si vous ne savez que choisir, de ce prolifique surréaliste de la musique jamaïcaine : n’hésitez plus c’est Le Black Board Jungle Dub qu’il vous faut à tout prix (enfin presque…). Non seulement l’album à était réédité dans son intégralité, mais en plus il est agrémenté de 4 titres inédits tous accompagné par la basse funky de Boris Gardiner dont le titre Happy Roots, tiré d’un titre des Upsetters, Bird in Hand lui-même inspiré de la musique d’un film sortie tout droit des productions indienne made in Bolliwood. Mixé pour la première fois dans son intégralité en stéréo (les concepteurs n’ont pas lésinés sur le mixage afin de restituer la texture sonore originale de l’œuvre), cette pièce sonore, sans équivalence, donne à écouter la collaboration de Lee Perry avec l’autre co-créateur du dub : King Tubby assassiné par balle devant sa maison en 1989… Jean Bernard Bassach. DEADBEAT Something borrowed… (Scape 2004/la baleine) Après avoir vue et écouté un de ses lives Barcelone, il y a quelques mois, nous avions été très fortement impressionné par le travail de ce Canadien sur le très bon Label allemand - Scape. Cela fait longtemps que le dub électronique cherche, avec plus au moins de bonheur à être convaincant. Avec POLE, TSE et DEADBEAT on a bien envi de croire c’est le cas maintenant. Tout au long des 10 titres qui composent ce disque on retrouve très naturellement toutes les composantes propres au genre « dub ». Une basse lourde et présente prend d’autant plus sa place dans un bon club barcelonais équipé d’un bon sound-system, le skank et les divers blips passés dans des chambres d’échos et autres delays faisant le reste. Le mariage avec la technologie se fait alors sans aucun problème. Le choix des éléments et des couleurs de chaque titre est cohérent et de très bon goût ; la solidité des constructions, la pertinence des développements ne peuvent finir de convaincre l’auditeur. A écouter en priorité les 2 « tubes » : White out et le très bon Fixed elections ! Artificiel. www.scape-music.de A PLACE CALLED JAMAICA vol. 2 Bunny “Striker” Lee (Les disques Makasound, 2005) Deux ans après la compilation « A Place Called Jamaica Part.1 », qui présentait une sélection des plus belles productions de Derrick Harriott, le label Makasound récidive avec le second volume de cette collection. Cette fois-ci, c’est le producteur Bunny " Striker " Lee qui est à l’honneur, autre figure incontournable de l'industrie musicale jamaïcaine des années 60 et 70. En effet, « A Place Called Jamaïca Part.2 » nous offre une sélection très pointue de 17 titres reggae roots enregistrés entre 1967 et 1979 aux studios WIRL, Dynamic, Treasure Isle, Joe Gibbs et Channel One. Tout commence par l’hallucinant "Great Musical Battle" sur le riddim Take Five, Derrick Morgan y commente un match de boxe virtuel entre Clement « Coxsone » Dodd et Bunny Lee (déclaré vainqueur par KO). S'ensuivent des reprises surprenantes tel que le classique des Beatles « I Wanna Hold Your Hand » interprété par Glen Adams, mais aussi le langoureux « Gypsy Woman » de Curtis Mayfield repris par Slim Smith and the Uniques. Lloyd Clarke, quant à lui, offre une interprétation personnelle et réussie du « Summertime » de Gerschwin. « A Place Called Jamaïca Part.2 » propose également d’autres pépites, telles que le classique "Wreck Up My Life" de Leroy Smart, la version de "No Woman No Cry » de Taper Zukie, ou encore « The Village », un des seuls morceaux que Gregory Isaacs ait enregistré pour Bunny Lee. Sans oublier quelques belles productions réalisées pour d’autres artistes populaires de l’époque : Barry Brown, Max Romeo, Cornell Campbell, Horace Andy, Dillinger et Big Joe ! Ainsi, cette compilation est une excellente démonstration des nombreux talents de producteur de Bunny « Striker » Lee, qui ne l’oublions pas est également à l’origine du morceau « Better must come » de Delroy Wilson, devenu l’hymne de la campagne électorale pour le PNP (People’s National Party) de Michaël Manley en 1972. Respect ! Jean-Bernard Bassach. EARL CHINNA SMITH & IDRENS Inna de Yard (Makasound 2009) Makasound est la preuve vivante de la maturité des labels indépendants hexagonaux. Une aventure qui débute par la volonté de 2 frenchies d'éditer le chanteur Winston Mc Anuff. Personne ne voulait prendre le risque de le sortir à la capitale des suffisants de la french touch... Qu'à cela ne tienne, ils créaient leur propre structure. Un pari gagné pour ce duo de mercenaires qui voient leurs prods diffusés dans les avions de la compagnie Air Jamaïca ! ‘’Inna de Yard’’ est un concept épuré qui joue sur l'ambiance roots et conviviale d'une court de maison caribéenne. Quelques musiciens flirtent avec le jazz. Une guitare sèche sur fond de percussions nyabingi et le tour est joué. Ne nous y trompons pas, la personnalité des invités est la clef du succès. Le dernier opus de cette série présente l'irremplaçable Earl Smith surnommé Chinna du fait de son métissage. Après le 1er album de cette série il récidive au côté de pointures vocales telles que les Viceroys ou les Congos. Guitariste hors norme, il est connu pour sa participation au sein de la formation Soul Syndicate. Son nom apparaît sur plus de 500 albums. Autant dire qu'il est l'un des gardiens du bon goût jamaïcain. LINVAL THOMPSON - Inna di Yard Absent des studios depuis près de vingt ans, le chanteurproducteur Linval Thompson fait son grand retour en sortant un album acoustique de neuf titres sur le label français « Inna de yard » (Makasound ). Il s’agit là du troisième opus de cette collection, qui s'inscrit dans la suite logique des précédents (cf. Earl « Chinna » Smith et Kiddus I). L’idée de cette série est en effet de mettre en avant des chanteurs à voix sur des compositions musicales acoustiques relativement épurées. Pour rappel, Linval Thompson a fait ses premiers pas en studio à New-York en 1972 au cours de son premier long séjour hors de Jamaïque. Il y enregistre et produit son premier morceau : « Good gracious woman ». De retour en Jamaïque, il travaille sur de nouveaux enregistrements avec les producteurs Lee Perry et Phill Pratt. C’est ensuite l’avènement en 1976 avec Bunny Lee et le tube « Don’t cut off your dreadlocks ». A l’émergence du rub-a-dub à la charnière des années 70 et 80, Linval a sa place parmi les producteurs leaders de ce style que sont Jah Life, Henry « Junjo » Lawes et son frère Melon. Il enregistre alors des albums avec tous les artistes de cette nouvelle scène à commencer par Barrington Levy (« Poor man style »), Eek-A-Mouse, Tristan Palmer, Sammy Dread, Barry Brown, ou encore Wayne Wade. Mais également avec des anciens comme Johnny Osbourne, The Viceroys, The Meditations, Horace Andy, Freddie McGregor, ou Freddie McKay… Ces production lui offrent des succès internationaux retentissants. Au milieu des années 80, à l’ère du digital, Linval Thompson quitte la production et se contente par la suite d’exploiter son catalogue, jusqu’à aujourd’hui... Sir Linval Thompson nous présente ainsi son nouvel album « Inna de yard », enregistré à Kingston, pour lequel il s’est entouré de grands noms de la musique jamaïcaine tels que Earl « Chinna » Smith (guitare), Kiddus I (percussions), Jah Youth (percussions), Lloyd Palmer (clavier), Derrick Hinds (cuivres), etc. Les morceaux qui composent cette session acoustique sont pour l’essentiel des reprises de classiques du chanteur. On redécouvre « Good gracious woman », « Jah Jah dreader than dread », « Train to Zion » ou encore le rare « Inna de hills », dont les versions sont parfois légèrement différentes de la version originale, c’est le cas notamment pour le titre « Jah guiding star ». De nouveaux morceaux ont également été composés pour l’occasion, tel que « Mercy mercy mercy », « Hit them with the one drop », ainsi que le titre qui conclu l’album, « Gimme Back ». Il s’agit là d’un long morceau (plus de douze minutes) où l’on retrouve en featuring Israel Voice pour une très belle combinaison particulièrement roots. En effet, l’ensemble des compositions de Sir Linval Thompson, qu’elles se trouvent sur « Inna de yard » ou sur d’autres opus, reflètent l’esprit roots et mystique de leur auteur. Les thèmes rastas sont récurrents dans les lyrics de Linval : Jah, la Ganja, les Dreadlocks, etc... Pour lui, la musique reggae est indissociable de la religion rastafari. Un autre thème semble également important aux yeux du chanteur, il s’agit des femmes. En effet, on retrouve sur « Inna de yard » le premier titre composé par Linval, « Good gracious woman », qu’il rechante ici pour la première fois. On se souvient aussi du classique "Shouldn't Lift Your Hand » (sorti en 1983 sur l'album "Baby Father") qui condamne les violences subies par les femmes. Auteur conscient, producteur de génie et chanteur talentueux, Linval Thompson nous revient enfin après toutes ces années ! L’album « Inna de yard » constitue ainsi un projet intéressant où l’on redécouvre une partie de l’œuvre de Linval, et notamment des grands classiques, en version acoustique. On peut toutefois regretter le fait qu’il ne soit seulement composé de neuf titres, et que le chanteur-producteur ne nous offre pas plus de nouvelles compositions…Toutefois, le retour de cette belle voix du reggae reste un plaisir pour nos oreilles, d’autant plus avec ce type de production qui a pour vocation de mettre les talents du chanteur Linval Thompson au tout premier plan. WILLI WILLIAMS - From Studio One to Drum Street (Drum Street 2000) « From Studio One to Drum Street » retrace le parcours artistique de Willi Williams, dont la douce voix a été un élément fort du label de Coxsone dans les années 70, jusqu’à ce qu’il quitte Studio One pour s'établir seul et créer son propre label Drum Street. Surnommé « l’Armagideon Man », il est le producteur et auteur du tube internationnal « Armagideon Time » (Armagideon est le combat final entre le Bien et le Mal inscrit dans la Bible). Les références mystiques sont récurrentes dans les chansons de Williams, à travers lesquelles il exprime ses idéaux et sa philosophie. « La réalité, c'est de ça dont la musique doit parler » explique t-il. Sur « From Studio One to Drum Street », on retrouve ainsi des titres qui abordent des thèmes comme l’unité africaine ("Unification"), l’oppression et la famine ("Give me bread") ou encore l’exploitation ("Blue color worker"). Musicalement, cette anthologie est une ballade entre reggae roots et versions dub, que l’on doit à l’ingénieur son Sid Bucknor alias Scientist. Williams a en effet su collaborer avec des artistes talentueux, notamment lorsqu’il travaillait chez Studio One. On retrouve ici les Wailers, Jackie Mitoo, Vivian Jackson, Delroy Wilson et Robbie Shakespeare. Bref, des références de qualité qui confortent l’idée que ce LP est indispensable pour tous les amoureux de la musique reggae ! Annietha Gastard MARLENA SHAW « The Spice of Life » 1969 - Cadet Marlena Shaw, née en 1942 dans l'état de New York, a grandit dans une famille de musiciens. Elle est initiée toute jeune à la musique jazz par son oncle, le trompettiste Jimmy Burgess, qui va même jusqu’à la faire chanter à l’Apollo Theater de Harlem, alors qu’elle n’a que 10 ans! Sa carrière commence vraiment dans les années 60, grâce à des collaborations jazz, avec notamment Howard Mc Ghee, et plus tard l'orchestre de Count Basie. En 1967, Marlena ouvre son répertoire musical lorsqu’elle signe chez Cadet, une division de la Chess. L’album « The spice of life », qui sort en 1969, est ainsi un mélange d’influences soul, blues et jazz, qui bénéficie des arrangements de Richard Evans. Sa voix douce et sensuelle s’exprime à merveille sur des titres tels que « Liberation Conversation » ou « California Soul » (samplé, entre autres, par DJ Shadow et Cut Chemist). De plus, elle porte à travers cet album un message politique fort. Le morceau « Woman of the ghetto », magnifique hymne aux femmes noires, en est une belle illustration. Il faut également citer sa version du titre “I wish I knew (how it would feel to be free)”, qui tend musicalement vers le gospel. « The spice of life » peux donc être considéré comme un classique de la musique noire américaine, à se procurer d’urgence, si ce n’est pas déjà fait ! Annietha Gastard SHARON JONES & THE DAP-KINGS - 100 Days 100 Nights - Daptones Records - 2007 Après Dap Dippin’ (2002) et Naturally (2005), Miss Sharon Jones est de retour avec son troisième opus, 100 Days 100 Nights. Enregistré à Brooklyn dans le studio du label Daptones Record, cet album se positionne dans la continuité des précédentes collaborations entre The Queen of Funk et les Dap-Kings. Une fois encore, nous découvrons d’excellentes productions soul-funk, qui semblent tout droit sorti des années 70. Mais les new-yorkais nous démontrent encore une fois qu’ils savent faire évoluer leur musique. Gabe "Bosco Mann " Roth, arrangeur principal sur les précédents opus, a cette fois-ci composé les morceaux de 100 Days 100 Nights avec les autres musiciens de la formation Dap-Kings. Nous voici donc avec 11 nouveauxtitres parmi lesquels on trouve les très bons « Nobody’s baby », « Tell me », « Something’s Changed », « 100 Days 100 Nights » ou encore « Answer me ». Enfin, précisons qu’au delà de la version album, Sharon Jones se doit d’être vue et écoutée en live. Son incroyable présence scénique, sa voix à la fois douce et rauque, sont d’autant d’éléments qui lui permettent de captiver le public et bien évidemment de faire bouger les dancefloors ! Annietha Gastard « Partition urbaine » RODRIGUEZ : Cold Fact (réedition Light In The Attic 2008) Cold Fact est un joyau oublié de 1970, composé par Sixto Diaz Rodriguez et réédité par Light In The Attic. Une musique où se mêle intelligemment, folk, rock, blues et soul. Peut être trop en avance sur son temps, l'album est passé inaperçu à l'époque. Pourtant Rodriguez est un humaniste dont les textes engagés sont autant de brûlots qui portent sur l'agitation sociale, l'inertie des politiques et la désillusion des masses. Né en 1942, il est le sixième enfant d'une fratrie de migrants Mexicains. C'est aussi cette identité métisse de latino nord-américain qui le rend si perméable à la plèbe du Tiers Monde. En effet, il décroche plusieurs disques de platines dans l'Afrique de Sud de l'apartheid ! Pourquoi et comment a-t-il pu touché un peuple soumis et honnis de son élite blanche tel que l'étaient alors les sud africains des années 70 ? Les Australiens ne sont pas en restes puisque sous Goose Recordings ils sortent Alive en 1979, l'album live de sa tournée australienne. Toujours est-il qu'en 2002, Large Professor, producteur de hip hop, sample le titre Sugar Man pour Nas et son You're Da Man. Preuve si il en est, que le temps joue en faveur des prodiges. Labels: Original sur Sussex - Blue Goose/RCA (Australia) - A&M Records (South Africa) HIGHLIFE TIME Nigerian & ghanian sounds from the 60s & early 70s Enième compilation de musique moderne africaine fraîchement sortie des presses. En fait de fraîcheur, parlons plutôt de réchauffé : quoi de plus aisé que de faire peau neuve en grattant les vieilleries de l'Afrique post-coloniale en ces temps de marasme économique - avec une jaquette réalisée à moindre frais, sans parler des droits que la plupart des artistes (décédés ou disparues) ne percevront jamais. Malgré ces faiblesses, la compilation reste un investissement moins risqué que l'album ''concept'' dans la mesure ou l'on tombe toujours sur une perle rare au milieu de titres de factures plus classiques. Le High Life émerge en Afrique de l'Ouest anglophone grâce aux influences caribéennes dont s'imprègnent les fanfares militaires et autres groupes de "ballrooms" au contact de l'armée coloniale britannique majoritairement constituée de soldats jamaïcains aguerris, plus aptes à supporter la dureté du climat et la rudesse des combats. Fourre tout de l'Atlantique noire, le High Life s'inspire donc de plusieurs styles de musiques afro-américaines comme le jazz, le mento et/ou calypso tout en gardant ses influences typiquement continentales qui laissent transparaîtes les prémices de l'Afro-beat. Jean Bernard BASSACH CHOUBI CHOUBI ! : Folk and Pop Sounds from IRAQ (Sublime Frequencies 2008) Le label Sublime Frequencies et l'exemple type d'un collectif de fanatiques près à se dévouer corps et âmes pour restituer l'essence des musiques populaires avant-gardistes des 5 continents. Les fondateurs du label Hisham Mayet et Alan Bishop, membres du groupe Sun City Girls, collectent films, documents radios, cassettes audio ou vinyles poussiéreux trouvées sur les marchés du monde entier pour en restituer la sève. Pas moins de 43 compilations ont déjà été réalisés. Choubi Choubi présente 16 titres extraits de cassettes et vinyles vintages, enregistrés entre 1970 et 2002. Loin des clichés éprouvés cet hommage au pays de Babylone présente les musiques irakiennes (Choubi, Bezich, Hecha, Mawal) comme autant de documents historiques et de témoignages sonores d'une époque révolue. L'un des rares artistes identifiés sur cette compilation Ja'afar Hassan n'est autre qu'une figure incontournable du mouvement socialiste en Irak. Violon, oud et instruments à anches doubles côtoient les instruments électriques modernes pour le plus grand plaisir de nos oreilles averties. Une façon de résister efficacement aux tenants de l'ordre établie qui voudraient nous acculer au stéréotype d'un monde arabe réactionnaire et dénué de modernité artistique propre. Jean Bernard BASSACH MICHAEL PROPHET : Righteous Are The Conqueror (Greensleeves 1991) Bien qu’actif depuis plus de 30 ans sur la scène reggae, le chanteur jamaïcain Michael Prophet de son vrais nom Michael Haynes (né en 1957), reste peu connu du grand public. Les amateurs de soul jamaïcaine connaissent pourtant bien cet artiste formé par Yabby You (qui lui donne son surnom rasta). En 1979 il est salué par ses pairs pour son album Consciousness, produit par Yabby You (et mixé par King Tubby). En 1980, il sort l’album Righteous Are The Conqueror qui s’inscrit dans l’évolution des enregistrements studios opérée à la fin des 70. Une facture roots rock reggae qui marque l’âge d’or de se style ou les arrangements et le mixage très dub - du producteur Junjo Lawes et de l’ingénieur Barnabas sont aussi essentiels que les compositions. Un album backé par les Roots Radics et la section rythmique des indécrottables Sly Dunbar (batterie) et Robbie Shakespeare (basse). Même la pochette Greensleeves est une perle d’art naïf rasta pétrie de syncrétisme religieux et présentant un groupe de survivants s’extirpant d’une ville en ruine, prémisse d’une apocalypse à venir. Comme d'autres chanteurs conscious, Michael dénonce le racisme et prône les valeurs d’un rastafarisme révolu : spiritualité, paix, justice, tolérance, écologie. SOUL MESSAGES FROM DIMONA (Numero Group 2008 ) Un pur groove soul funk à la sauce gospel pour un collectif de musiciens aux noms évocateurs tel que The Tonistics, The Soul Messengers, The Spirit Of Israël ou Sons Of The Kingdom. A Dimona en Israel, des migrants afroaméricains de la communauté juive noire reprennent leur soul de Detroit et Chicago. Répondant au message politico-religieux du leader du mouvement Black Hebrew Ben Ammi Carter, ils s'installent en Palestine à partir de 1975. Largement inspiré de l'Ancien Testament leur message spirituel est tourné vers la terre promise. Fameux label de ré-édition de Chicago, Numero Group nous abreuve ici d'un album d'exception. Bien qu'agrémenté d'une forte dose de propagande religieuse, c'est une prod majoritairement dance floor et sans concession. Un bel objet au packajing impeccable, accompagnée d'un beau livret illustrant en photos ce pan ignoré de l'histoire contemporaine des Noirs américains. HISTORY OF SKA, BLUE BEAT & REGGAE (Culture Press 2000) Blue Beat représente pour le reggae ce que la Tamla Motown est à la soul. Il est, au début des 60's, le label jamaïcain le plus influent d'Angleterre quant apparaît l'After-Beat. Plus connu en France sous le nom de ska, le style blue beat amalgame les musiques ska mais aussi jazz, rock steady ou rhytm & blues. Originaire d'Europe Centrale, le distributeur puis producteur Shallit popularisa - au côté du jamaïcain blanc Siggy Jackson la musique moderne des West Indies bien avant son principal concurrent Chris Bl ackwell de Island. D'abord sous licence, Shallit édite sur Blue Beat la musique de l'île puis produit ses propres perles de vinyles noirs à destination de la communauté caribéenne d'Angleterre et par ricochet pour la classe ouvrière britannique. Rare parmi les justes de la musique indépendante d'outre Manche à rétribuer correctement les artistes on lui doit l'un des plus beaux catalogue de early reggae sur lequel on peut re-découvrir le James Brown jamaïcain Prince Buster. Ce double cd compile plusieurs artistes et labels pour un répertoire de facture classique. Il permet d'avoir un aperçu honnête et peu coûteux de cette musique moderne difficilement dépassée. BEST OF THE LONDON BASED ‘SIOUX’ LABEL A selection of Heavy Reggae From 1971-72 (Jet Set 1997) Sioux est un label légendaire dédié à la soul caribéenne. La majorité des titres de son catalogue furent édités sur format 45 tours vinyles à destination du marché britannique. Proche de Pama record ou Blue Beat c’est une pièce maîtresse dans l’invention du reggae moderne. Les nouvelles générations de jeunes prolétaires anglais vont s’identifier très rapidement à cette musique populaire qui s’écarte des standards commerciaux en vogue de 67 à 72. Le tempo s’accélère, les lignes basse/batterie se complexifient et la guitare rythmique se fait plus agressive. Le reggae est né. Le mélange des communautés londoniennes permet l’émergence d’une contre culture populaire et moderne. Un courrant artistique et militant issu du mouvement culturel mod, porte en GB, le flambeau de cet art. Au commande de ‘Sioux’, Jack Price nourrit jamaïcains et skinheads de ses galettes noires à la plume d’indien. Une compilation de quelques bijoux du catalogue dont on peut déplorer qu’elle n’existe qu’en cd. Avec des thèmes précurseurs sur Pharoah's Walk des Exodus ou African Peoples des Funky Brown. Sans parler du compositeur interprète Joe Gibbs ou des Twinkle Brothers. MELISSA LAVEAUX - Camphor & Copper (No Format 2008) Un des symboles récurrents que nous renvoie la musique populaire, réside dans sa représentation de l’artiste folk accompagné de sa guitare. Depuis une vingtaine d’année les rôles évoluent et l’image de la song writer s’impose. Que l’on apprécie l’artiste ou non, l’exemple de Tracy Chapman est révélateur de ce changement de perception des masses. Malheureusement, il est aussi difficile pour le deuxième sexe de s’émanciper des stéréotypes, que pour les émules masculin de Bob Dylan de ne pas tomber dans la caricature. Une pléthore de nouvelles chanteuses de toutes provenances n’échappent pas aux poncifs de la pop attitude. Souvent elles passent complètement à côté de la création pour ne proposer que du réchauffé avec des moyens promotionnels démesurés comme Norah Jones sur Blue note. En revanche, la canadienne d’origine Haïtienne Mélissa Laveaux nous fait voyager dans l’intimité de son univers franglo-caraïbéen. Des influences folk/blues et soul/poetry sur des compositions enregistrés à l’origine en auto-prod. Camphor & Copper est son 1er disque. Un packaging soigné où l’on retrouve ses textes écrits et chantés en français, anglais comme créoles. PRINCE BUSTER - Fabulous Greatest Hits (Diamond Range 2001) Prince Buster n’est pas mort.Surnommé Buster, Cecil Bustamente Campbell est le porte flambeau de la musique jamaïcaine. Ancien chef de gang juvénil puis boxeur, il devient l’un des gardes du corps attitré des sounds organisés par Coxsone Dodd. En 1957, il ouvre son magasin de disques (PB Record Shack) et son propre Sound System Voice of the People. Sans complaisance, il revendique sa négritude et le ska comme musique identitaire jamaïcaine. Précurseurs du rap il est l’un des 1ier à parler sur des sons instrumentaux. Il contribue à l’éviction du jazz au bénéfice des styles d’abord ska, puis rock steady et reggae. Il comprend très tôt le pouvoir de séduction de cet art populaire qui touche le jeune public européen (migrants comme autochtones). Chanteur, DJ, compositeur et producteur comparable à James Brown, il est peu réédité en cd. Malgré le succès international de "Ten Commandements" dans les charts US, ils sera évincé des musiciens porte parole de son pays en raison de ses origines modestes et de son penchant avoué pour l’Islam. JOE HIGGS - Life Of Contradiction (pressure sound 2008) Entre souffrance et liberté. Chanteur, guitariste et compositeur, Joe Higgs (né le 3 juin 1940), est considéré par Jimmy Cliff comme le "père du reggae". Un nom indissociable de celui de Bob Marley. Les deux stars le solliciteront régulièrement. Présent dans les moments clefs de l’évolution du reggae, il débute dés 1960, d’abord dans le ska avec le duo Higgs & Wilson puis dans le rock steady avec Lyn Tait. L’album majeur de sa carrière Life of Contradiction (sortie en 1975), hymne folk/blues, transpire amour et misère. Le titre There's a Reward est l’image-son type du poète maudit de la négritude caribéenne. Aucun excès de style. Juste une rythmique épurée des Now Generation sur un chant calme et posé. Un témoignage unique d’une aire révolue ou la détresse sociale n’entravait pas l’espoir de changements. « L’amour vient de luttes difficiles, de longues souffrances. L’amour surgit de la peine, emplit d'un espoir de liberté...». Démuni et oublié, il décède d’un cancer le 18 décembre 1999 à Los Angeles. 12 titres (+ 2 inédits) remasterisé par le label Pressure Sound et un livret accompagne cet excellente ré-édition. FRANCOIS DE ROUBAIX - Le Vieux fusil (emarcy 2003) L’homme Orchestre. François de Roubaix restera dans l’histoire du 7ème Art français comme ce musicien de la pellicule, météore arrivé sans prévenir dans l’hombre de la toile sonore et disparu au fond des abîmes de l’océan. Fils d’un producteur de films, il s’illustre autant pour la variété des thèmes composés (Les Grandes Gueules, Les aventuriers, de son ami Robert Enrico, Samouraï de Melville ou L'homme orchestre de Serge Korber) que dans le choix des formats éprouvés (film d’animation Chapi Chapo). Fait rare, ce multiinstrumentiste interprète l’essentiel de ses compositions et développe une technique de collage sonore en découpant ses bandes Revox. Sa collaboration avec le comique Louis Defunés lui donne l’occasion de créer une fresque groove pour une comédie musicale loufoque L’homme Orchestre. Il meurt en 1975 dans un accident de plongée après avoir composé son plus grand succès public, la musique du film Le vieux fusil qui obtient le César de la meilleure musique en 1976. Un incontournable en somme. LA MUSE HARPISTE Reconnu tardivement comme une musicienne d’exception au même titre qu’Alice Coltrane, Dorothy Ashby retrouve une postérité à titre posthume grâce aux artistes du mouvement hip hop qui puiserons allègrement dans son répertoire. Pianiste, son apport majeur réside dans l’emploie de la harpe dans le jazz et le style be-bop. Une griffe qui découlent de son identité d’afro-américaine de Détroit. C’est surtout sur des standards de rythms & blues dans les 60’s puis de funk après 68 qu’elle excelle. Ce qui ne l’empêche pas d’explorer d’autres univers tel que la musique ethnique et le koto. Un instrument japonais, qu’elle intègre avec succès au répertoire jazz. Elle pratique l’art dramatique avec son mari dans le collectif Aid to Creative Arts et leur troupe de théâtre the Ashby Players. Parallèlement, elle joue pour le film Valley of the Dolls en 1967 et soutient le chanteur de soul Bill Withers. Travaille avec Stevie Wonder, Dionne Warwick, Barry Manilow et Earth, Wind & Fire… Ashby décède des suites d’un cancer le 13 avril 1986 à Santa Monica, Californie. L’album expérimental de Stevie Wonder « Songs in the Key of Life » sortie en 1976, lui donne l’occasion de nous léguer une de ses dernière plus belle création contemporaine sur le titre If It's Magic. CD Album : Afro Harping [1968] ré-édition Universal. CD Album Rubaiyat Of Dorothy Ashby [1970] Chess rec. LE NEGRE DES LUMIERES Quoi de plus naturel que de croiser les domaines musicaux quant ceuxci dépasse le cadre étroit de préjugés tenances. La musique classique occidentale fait partie de ces idiomes artistiques archivés dans le rayon des vieilleries pour européens décadents. Une fois n’est pas coutume, l’esprit d’un homme hors du commun hante ses pages : L’un des plus vieux musicien d’origine africaine de la culture classique occidentale. Guadeloupéen noir, Joseph Bologne est à la fois fils d’une esclave africaine et d’un noble. Musicien, violoniste, compositeur, cavalier et escrimeur français. Sous le règne du Roi Louis XVI, il est un chef d’orchestre respecté. Plus connu sous le titre de Chevalier St Georges, il dirige les formations les plus prestigieuses de France et d’Europe. Après 1789, il rejoint le camp des sans culottes comme colonel de La Légion Franche des Américains et du Midi, en partie composée d’AfroAntillais ou il se bat au côté du père d’Alexandre Dumas. Un appel à l’écoute d’une oeuvre propre à exciter la fibre musicale de tout bon amateur de bonne musique - classique ou moderne, noire ou blanche - qui se respecte. CD Album : Concertos pour violon, Arion - 1990. Coffret 4 CD : Le Chevalier de Saint Georges - Un antillais à Versailles, Arion Classics - 2007. LE ROSSIGNOL BRUN DU CAIRE Abdelhalim Chabana dit Abdel Halim Hafez ()ظفاح ميلحلا دبع, mythe de l’Egypte Nassérienne. Rossignol brun à la voix envoûtante des années 50, 60 et 70, acteur de renom et chanteur le plus populaire du Moyen Orient, faisait s’évanouir les femmes dés qu’il entonnait ses solos magiques de plus de 30 minutes ! Initié dés l’âge de 11 ans, il sort diplômé de l’école du Caire au moment de l’indépendance. La pratique du hautbois et les reprises du répertoire de Mohammed Abdel Wahab lui confèrent de solides bases. C’est en chantant en direct sur les ondes de la radio nationale que son ascension commence. Contemporain de la diva de l’orient Oum Kalthoum, de Mohammed Abdel Wahab ou de Farid El Atrache il renouvelle l'art de la chanson « El Tarab ». Décontracté et souriant, il aimait jouer avec le public tel un chef d'orchestre moderne. Cet amour de la scène, rompt avec l'attitude de ses concurrents. Un révolutionnaire de la world music avant l’heure. Ses performances scéniques et cinématographiques passionnelles impressionnent. Abdel Halim souffrait… Atteint de la bilharziose et asthmatique il dissimulait la douleur d'une fracture à la jambe. Après une prestation à l'Olympia en 1974 et une dernière apparition en 1976, il meurt le 30 mars 1977 à Londres. Ses funérailles au Caire, sont les plus grandes d'Égypte après celles du président Nasser et de la chanteuse Oum Kalthoum. Quatre femmes se suicident à l'annonce de sa mort. En 1999 le chanteur Jay-Z reprend la musique de la chanson Khosara pour sa chanson Big Pimpin. Il laisse un répertoire de 300 chansons d’amours éternelles. CD : Min Ghir Leih - Editeur : Rotana - 2008 BLACK MARKET CLASH Marcher Noir pour Prolos Blancs En 1980 sort le disque pirate Black Market Clash. Contenant seulement 9 titres cet opus du groupe punk/skin le plus influent aura un tel succès que la maison de disque Epic sera obligée de sortir l’album officiel (un mini lp au format 25cm). La pochette montre à voir Don Letts, dj anglais d’origine jamaïcaine connu pour ses prestations reggae au sein du mouvement Oï/punk et sa participation dans la formation Big Audio Dynamite. Un hommage aux musiques afro-américaines et caribéennes sans concession : Une version instru de « Time Is Tight » de Booker T. & the M.G.'s. « Pressure Drop » de Toots & the Maytals et le fameux dub « Armagideon Time » de Willie Williams, intitulée « Justice Tonight/Kick It Over » sont les titres phares de ce précieux legs d’outre Manche. En 1994, suivra Super Black Market Clash, album posthume des Clash qui compile plusieurs faces B et titres inédits jamais gravés sur leur 1ier album. CD album : Super Black Market Clash - Sony music - 1999 XAVIER CUGAT : Bread, love and chachacha (columbia) La rumba catalane est l’un des phénomène identitaire et culturel les plus particulier d’Europe. Contribuant à sa préservation tout au long du XXe Siècle, puis à sa renaissance au tournant des années 90, c’est au sein de la communauté gitane de Perpignan que la rumba tire ses lettres de noblesse. L’histoire de la rumba est intrinsèquement liée aux migrations nord-sud et vice versa. Son nom vient du mot africain « danser autour de son nombril ». Plusieurs formes coexiste : La Colombia, la plus ancienne. La rumba Yambú, plus sensuelle et sa petite sœur, appelée Guaguancó. Au XVIIIe, elle débarque en Espagne et au Portugal. Les gitans de Séville la pratique sous le nom de rumba flamenca. Vers 1930, le géroné Xavier Cugat « roi de la rumba », l’exporte aux USA. La rumba est une musique festive, qui intègre des éléments de son et de salsa cubaine et même du rock. Dans la Barcelone des années 50, apparaissent Peret l’un des célèbres musiciens de rumba de Barcelona et l’incontournable Pescailla. On ne peut énumérer ici, la pléthore d’artistes qui ont contribué à sa diffusion. Citons l’école de Montpellier et Manitas de Plata ou les Gipsy King. Dans les années 90, Tekameli ou les Rumberos Catalans sont issus de cette mouvance. Dès lors, les échanges entre musiciens des 2 mondes vont s’intensifier pour culminer avec le fameux duo Los Compadres composé de Compay Segundo (du fameux Buena Vista Social Club) et de Lorenzo Hierrezuelo qui réalise Sarandonga titre phare indispensable lors des mariages ! JAMES BROWN : In the jungle groove (polydor) Comment retranscrire cette sensation inimitable de votre arrivée sur les lieux d’une soirée où vous percevait le son d’un rythme chaleureux qui s’amplifie pour inonder votre corps d’un groove inégalé. Cette sensation vous la devait au « Grand Père de la Soul musique » monsieur James Brown. Né en Caroline du Sud en 1933 et mort à Atlanta, Géorgie le 25 décembre 2006. De condition modeste, il se retrouve pour la 1er fois en prison dés l’âge de 16 ans. Il aura connu tout les évènements les plus marquants de son époque : De l’abolition de la ségrégation dans les Etats du Sud à la fin de la Guerre Froide. Au vu du peu d’éloge posthume exprimé dans la presse européenne lors du décès d’un des 10 plus important musicien populaire du XXe Siècle (il figure toujours dans les charts US); un hommage à cet artiste d’exception tombe à point nommé alors que cela fera 3 ans qu’il nous a quitté en laissant un répertoire impressionnant de plus d’une centaine d’albums ! Et ne parlons pas des milliers de titres qui s’inspirent ou copient carrément le son des fameux JB’s, formation qui enregistre les instrumentaux les plus terribles des années 60/70. Après avoir crée plusieurs formation tel que les Famous Flames encré dans le Rythm & Blues aux influences « New Orleans » c’est à partir de la fin des 60’s qu’il s’établie en posant les bases du style Funk. Impossible d’énumérer ici le nombre impressionnant de collaboration réalisés pendant près de 50 ans mais si vous décidez de vous initié, arrêtez vous à la fin des années 70 et vous n’aurez que l’embarra du choix pour 25 années de pur groove soul/funk. FRANCOISE HARDY : La question (Virgin [Sonopresse] ré-édition 1995) La plus modette de nos égéries sixties enregistre en 1970 un album unique. Françoise Madeleine Hardy à 20 ans en 1964. La guerre d’Algérie viens de se terminer et l’explosion contestataire de 68 pointe son nez. Après un rapide succès, elle délaisse la scène pour se consacrer à sa carrière discographique. Répertoire mélodique emprunt de mélancolie, reflet de ses doutes. Interrogations et anxiété que suscitent en elle les tourments de ses relations sentimentales. A l’image de Gainsbourg - pour qui elle enregistre le fameux « comment te dire adieu » - elle développe un talents d’écriture et de composition, peu courants chez les nouveaux interprètes de ce début des sixties. Françoise c’est aussi une apparence. Les minijupes, les boots blanches et le visage sous la frange des cheveux. En 71 sort La Question, sans titre, enregistré aux studios CBE dans une atmosphère musicale rare. La guitariste brésilienne Tuca (Valeniza Zagni da Silva, 1944-1978), feu follet exilé en France est chargée des arrangements avec Raymond Donnez, créditée à la direction artistique. Francis Moze est à la guitare basse et Guy Pedersen à la contrebasse. Les cordes sont de Catherine Lara. L’ingénieur du son est Bernard Estardy secondé de Davout et René Ameline. Un disque bossa nova sensible. Osmose entre le phrasé pop de Françoise et des cordes fiévreuses. Rien d’étonnant à ce que Hardy évoque l’album comme celui qui l’a rendue la plus heureuse : « Il y a dans ce disque une atmosphère, une homogénéité entre la composition et la réalisation musicale. » Au moment où l’on loue sans modération la chanson française intimiste, il est bon de puiser à la source. A l’été 2009, la chanteuse débutait son 26e album studio. THE JAM: In the city (Polydor1977) Confort Moderne et Classe Ouvrière. Rien d’étonnant à ce qu’il soient absent de toutes les encyclopédies et dictionnaires punks/rock. Les Jam sont issues du mouvement "Mod" qui émerge en Angleterre dans les années 60 dans le sillage des Who. Fanatique des Kinks, Small faces et autres Yarbirds, ce trio revival relance la musique "moderne" à la fin des années 70 avec l’album In The City. En 78, le groupe publie l’album All Mods Cons (abréviation de l’expression : « tout le confort moderne » et jeu de mot sur le second sens, en Anglais, de « mods » et « cons »). Fort des influences afroaméricaines des labels Stax et Tamla, leur musique est de facture classique. Il s’apparente à du rythm & blues de type garage avec un son de guitare distordue. Paul Weller chante tout en assurant les parties de guitare dans un style rageur qui le rapproche de guitaristes tel que Pete Townshend ou Wilko Johnson. Dans les années 80 le leader du groupe s’affirme comme un détracteur du National Front et s’engage dans les mouvements antiracistes (il rejoindra également le Red Wedge, en 86, une association d’artistes qui militent pour faire battre Thatcher aux élections). L’un des groupes d’outre-manche les plus populaire reste peu connu à l’étranger. Représentant d’une conscience de classe prolétaire anglaise, ils disparaissent en 1982 peu après l’arrivé au gouvernement britannique de l’hystérico-libérale dame de fer. A la fin des années 80, la formation évolue vers une formule plus pop-rock sous le nom des Style Council.