In memoriam

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In memoriam
In memoriam
Le docteur Jean-Didier Wagner nous a quittés le 2 mai 2013.
Né à Strasbourg le 11 janvier 1949, il a effectué toute sa scolarité puis ses études de
médecine dans sa ville natale. Nommé interne des hôpitaux en décembre 1973, il a
pris son premier poste dans le service de chirurgie digestive, thoracique et générale,
dirigé par le professeur Reys, aux hôpitaux civils de Colmar, dans lequel il effectuera toute sa carrière. Son internat a été entrecoupé par ses obligations militaires
remplies en tant que médecin aspirant du service de chirurgie de l’hôpital des
armées Baur et par une année de chirurgien résident des hôpitaux Notre-Dame et
Hôtel-Dieu à Montréal, au Canada.
Dès son retour en janvier 1981, il a été nommé chef de clinique assistant et, à la fin
de son clinicat, a choisi sans hésitation l’hôpital public qui correspondait le mieux
à l’idée qu’il se faisait de la pratique chirurgicale. Docteur en médecine en 1979,
qualifié en chirurgie générale en mars 1982, il est devenu en 1985 praticien des
hôpitaux.
Son insatiable curiosité intellectuelle l’a conduit à s’investir dans des domaines
innovants pour l’époque et très diversifiés ; c’est ainsi que, lorsque le service de
néphrologie a développé la dialyse péritonéale, il a mis au point et décrit pour la première fois la technique d’implantation du
cathéter de dialyse (publié dans Nephron en 1982) ; il mis au point avec le Pr Reys une technique de mesure des déformations
de la paroi thoracique à l’aide d’un gabarit ; il a été un moteur important de l’implantation dans le service de l’informatique,
qui n’en était qu’à ses balbutiements, concernant plus particulièrement la création et la gestion des fichiers patients. Il a été
précurseur pour la suture mécanique et tant d’autres évolutions technologiques.
Mais c’est dans la pratique de la chirurgie thoracique qu’il a trouvé le modèle de cette rigueur dont il était empreint. Il a obtenu
en 1992 sa compétence en chirurgie thoracique et a été la même année membre de la Société de Chirurgie Thoracique et
Cardio-Vasculaire de langue française. En 1996, il est devenu membre du Collège de pathologie respiratoire de l’Est et, en
1998, de l’Intergroupe francophone de cancérologie thoracique. Il a assuré à lui seul toute l’activité de chirurgie thoracique du
service et contribué à la formation d’un collaborateur, entretenant avec le CHU voisin des relations cordiales.
Son deuxième pôle d’intérêt était la chirurgie endocrinienne, dont il était le référent local.
Il est devenu chef du service de chirurgie digestive, thoracique et générale en 1995 et a assuré cette fonction avec dévouement
et efficacité pendant sept ans avant d’y renoncer du fait du poids de la charge, des contraintes administratives et de la restriction
de l’activité clinique imposée par cette fonction. Il est cependant resté très investi dans la vie hospitalière jusqu’à son 60e anniversaire, où soudainement sa vie a basculé, apprenant le mal implacable qui allait l’emporter.
Sa grande compétence, sa rigueur légendaire, son attitude consensuelle, son respect des autres et sa simplicité avaient fait de
lui un homme et un médecin unanimement apprécié.
Mais il n’était pas que cela : il formait avec son épouse Cathy un couple uni, dont sont nés deux enfants brillants puis sont
venus deux petits-enfants qui faisaient sa joie. Comme dans sa vie professionnelle, il faisait dans sa vie privée preuve d’une
ouverture d’esprit et d’une curiosité impressionnantes. Passionné d’art sous toutes ses formes il était un très grand mélomane,
membre du cercle Richard Wagner et son auditorium privé était un modèle d’acoustique. Sportif, membre du Club alpin
français, il se ressourçait en ski de randonnée ou en haute montagne, mais aussi en VTT. Tout l’intriguait, tout l’intéressait et
cette quête permanente du savoir en avait fait un puits de science. En gastronomie il en était de même, il faisait partie de ces
cuisiniers amateurs qui n’ont rien à envier aux plus grands et sa culture œnologique était immense. Pour ceux qui l’ont côtoyé
pendant autant d’années que moi, il était un compagnon professionnel fidèle et un ami idéal.
Son ultime bataille contre une maladie qu’il avait combattue toute sa vie a été tout à son image. Toutes les qualités qu’on lui
connaissait déjà ont été exacerbées, magnifiées : son sens clinique l’avait conduit au diagnostic alors que l’imagerie la plus performante ne savait encore répondre, sa rigueur dans la gestion de sa maladie, sa détermination à entreprendre chaque nouveau
traitement, sa volonté de vivre et son courage lui ont permis de gagner quatre années précieuses avec les siens, sans que jamais
ne transparaisse de révolte ou de sentiment d’injustice. Il est parti avec cette discrétion qui était la sienne, mais en donnant une
ultime et magnifique leçon de vie à ceux qui ont eu cette immense chance de le connaître.
Dr Charles Meyer
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CHIRURGIE THORACIQUE ET CARDIO-VASCULAIRE - 2014 ; 18(1) : 6

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