« La Pierre … et les Briques ! »

Transcription

« La Pierre … et les Briques ! »
09 Novembre 2014.
Dédicace de la Basilique du Latran
« La Pierre … et les Briques ! »
Lettre du Père Eric P
Aux fidèles
et à tout homme de Volonté Bonne !
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Alléluia. L'heure vient, et c'est maintenant,
où les vrais adorateurs adoreront le Père
en esprit et vérité. Alléluia.
Évangile de Jésus christ selon saint Jean
Comme la Pâque des Juifs approchait, Jésus monta à Jérusalem. Il trouva
installés dans le Temple les marchands de bœufs, de brebis et de colombes, et les
changeurs.
Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple ainsi que leurs
brebis et leurs bœufs ; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs
comptoirs, et dit aux marchands de colombes : « Enlevez cela d'ici. Ne faites pas
de la maison de mon Père une maison de trafic. » Ses disciples se rappelèrent
cette parole de l'Écriture : L'amour de ta maison fera mon tourment.
Les Juifs l'interpellèrent : « Quel signe peux-tu nous donner pour justifier ce
que tu fais là ? » Jésus leur répondit : « Détruisez ce Temple, et en trois jours je le
relèverai. » Les Juifs lui répliquèrent : « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce
Temple, et toi, en trois jours tu le relèverais ! » Mais le Temple dont il parlait,
c'était son corps.
Aussi, quand il ressuscita d'entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu'il
avait dit cela ; ils crurent aux prophéties de l'Écriture et à la parole que Jésus avait
dite.
« La Pierre … et les briques ! »
Je vous parlais dimanche 26 octobre d’un passage de l’Homélie du Pape
François, le 19 octobre dernier, pour la Béatification du Pape Paul VI. Je voudrais
que nous repartions en cet instant de cette citation qu’il fit du Bienheureux Pape.
Particulièrement en ce jour où nous célébrons la Dédicace de la Basilique du
Latran (c.a.d. la Cathédrale de l’Evêque de Rome, donc du Pape, et, par le fait
même, la « Mère de toutes les Cathédrales de l’Eglise Catholique » et donc de
notre Cathédrale St Lizier aussi !)
Donc le Pape François disait : « Dans son journal personnel, le grand
timonier du Concile (Paul VI), au lendemain de la clôture des Assises conciliaires,
a noté : « Peut-être n’est-ce pas tant en raison d’une aptitude quelconque ou afin
que je gouverne et que je sauve l’Église de ses difficultés actuelles, que le Seigneur
m’a appelé et me garde à ce service, mais pour que je souffre pour l’Église, et qu’il
soit clair que c’est Lui, et non un autre, qui la guide et qui la sauve ».
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Il est là le cœur de l’Evangile de ce Dimanche, de cette parole de Dieu que nous
venons d’entendre proclamer. Il est là le cœur enflammé d’amour du Christ qui
fait qu’il se met en colère devant ce que les hommes sont capable de faire d’un
lieu sacré qui doit exclusivement être un lieu de prière, d’adoration de Dieu, … le
lieu du cœur à cœur avec Dieu. La source de notre relation avec lui !
La Pierre, c’est Dieu … c’est le Christ !
Oui ! La Pierre de fondement de l’édifice de l’Eglise, du Peuple de Dieu,
dont les églises sont le symbole tout en étant la maison familiale : c’est le Christ !
Ce Christ Pantocrator qui trône sur la voûte du cœur de notre Cathédrale est là
pour nous le rappeler sans cesse. Il est la « Pierre angulaire » sur laquelle Dieu a
voulu construire et continue à construire son Eglise… son Peuple.
Lorsque des hommes, des chrétiens, oublient que le Christ est le Roc, la
Pierre angulaire … alors ils font du peuple de Dieu, de l’Eglise, une maison de
trafic comme le dit sévèrement le Christ ! Quand des chrétiens cessent de mettre
le Christ au centre de leur vie de foi, de leur vie de communauté, …, alors ils
ouvrent (bien souvent sans s’en rendre compte eux-mêmes), les portes de l’Eglise
aux trafics en tous genres ! C'est-à-dire aux manigances, aux jeux d’influence, aux
conflits de pouvoir, à toutes sortes de scandales … à tout ce qui, au lieu de
contribuer à la construction du Temple de Dieu, le détruit ! La Pierre, c’est Dieu
… c’est le Christ !
Et nous, nous ne devons être que des « briques » !
Nous sommes appelés à êtres des membres vivants du corps du Christ, si
vous me permettez la comparaison, « des briques » pour la construction et
l’édification du Temple de Dieu !
« Des Briques » ? Oui ! Car la « Pierre », il n’y en a qu’UNE, et c’est le
Christ ! Et nous devons sans cesse garder au cœur l’humilité de le reconnaître, de
l’accepter. Nous devons toujours avoir au cœur cette réalité incontournable de
notre Foi qu’exprime le Bienheureux Pape Paul VI : « qu’il soit clair que c’est lui
(le Christ) et non un autre qui guide l’Eglise et qui la sauve » !
L’image des « briques » que nous devons être est bien pour nous rappeler
notre petitesse, notre fragilité… que nous ne sommes que des briques dans la
construction de l’Edifice spirituel qu’est le peuple de Dieu : son temple ! L’image
des « briques » que nous devons être est bien pour nous rappeler l’Humilité qui
doit être la nôtre dans notre manière de vivre la foi dans l’Eglise et dans le
monde.
Devenir des membres vivants du Temple de Dieu et témoigner au monde
que l’Eglise, le Temple de Dieu, n’est pas un « amas de cailloux ». Etre des
briques faibles pour que le Christ puisse continuer à construire SON EGLISE,
c’est vivre l’humilité, la douceur, la magnanimité qui sont certes des choses faibles
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aux yeux du monde, car il semble que l’humble ne sert à rien ; la douceur, la
délicatesse semblent ne pas servir; la magnanimité, être ouverts aux autres, avoir
le cœur grand... sont autant considérés comme des signes de fragilité dans notre
société où tend à régner la soif de pouvoir.
Et pourtant !!! C’est exactement le même chemin qu’a suivi Jésus, qui n’a
pas revendiqué le droit d’être traité à l’égal de Dieu mais qui "est abaissé et
anéanti au rang d’esclave jusqu’à la mort et la mort sur la Croix ! Le Christ s’est
fait faible, faible, faible jusqu’à la croix, et il devint fort". Et là encore le
Bienheureux Pape Paul VI l’a profondément compris dans ces paroles
(rapportées par le Pape François), aux heures où il devait guider l’Eglise dans la
tourmente de l’après Concile Vatican II : « Peut-être n’est-ce pas tant en raison
d’une aptitude quelconque ou afin que je gouverne et que je sauve l’Église de ses
difficultés actuelles, que le Seigneur m’a appelé et me garde à ce service, mais
pour que je souffre pour l’Église, et qu’il soit clair que c’est Lui, et non un autre,
qui la guide et qui la sauve ».
« Pour que je souffre pour l’Eglise, et qu’il soit clair que c’est Lui, et non un
autre, qui la guide et qui la sauve ». C’est dans la souffrance consentie par amour
pour l’Eglise que nous cessons de nous prendre pour des pierres mais que nous
sommes d’humbles briques dans la construction de l’œuvre de Dieu !
Ne pas être jaloux, se rapprocher et participer à la souffrance des derniers
et des plus nécessiteux et ne pas se sentir supérieur aux autres : voici des conseils
qui peuvent nous permettre de rester d’humbles briques de la maison du
Seigneur. Un cœur jaloux est un cœur acide, qui n’est jamais heureux, qui
démembre la communauté. Il faut donc apprécier dans nos communautés les
dons et les qualités des autres, de nos frères. On doit dire au Seigneur : « merci,
Seigneur, parce que tu as donné cela à cette personne » et toujours exprimer sa
propre gratitude à tous. Car la guerre ne commence pas sur le champ de bataille.
La guerre, les guerres, commencent dans le cœur, avec les incompréhensions, les
divisions, les envies, avec cette lutte avec les autres… et ce, au cœur même de
l’Eglise et de nos communautés.
C’est l’Esprit Saint qui fait l’Eglise et cimente son unité (« La Colle du Bon
Dieu » !) en ayant pour base la pierre angulaire qui est Jésus. Pour nous orienter
et collaborer à cette construction, nous avons entre les mains un «plan» qui
s’appelle espérance. Avec un avertissement: pour être forts, il faut être faibles… de
petites briques du Seigneur qui se souviennent toujours quelles sont et resteront
friables !
Père Eric P, votre Curé.
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