Le Cahier Santé

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Le Cahier Santé
Cahier
santé
La nutrition et
l’insuffisance rénale
La Fondation canadienne du rein, Succursale du Québec
Volume 20 • No 3 • Hiver 2009
Une bonne alimentation est souvent la clé d’une bonne santé.
Si vous êtes atteint d’insuffisance rénale, améliorer vos habitudes
alimentaires peut vous aider à ressentir un plus grand bien-être et
à mieux gérer votre maladie.
Tous les aliments que nous consommons produisent
des déchets. Si vos reins ne fonctionnent pas adéquatement, ils ne pourront éliminer ni ces déchets, ni les
liquides en surplus, créant ainsi une accumulation
dans votre organisme. Il est donc très important d’être
vigilant quant au type et à la quantité d’aliments que
vous mangez.
Vous et votre nutritionniste pouvez mettre au point
ensemble un menu quotidien qui :
• répondra à vos besoins nutritionnels
• diminuera la charge de travail de vos reins
• aidera à conserver ce qui reste de votre fonction
rénale en contrôlant l’apport en protéines, en
phosphore, en sodium (sel) et en glucides (sucre),
si nécessaire
• contrôlera l’accumulation des déchets alimentaires
comme l’urée, l’acide urique, etc.
• diminuera les symptômes comme la fatigue, la
nausée, les démangeaisons, le mauvais goût dans la
bouche et la perte d’appétit
• contrôlera les effets d’un taux élevé de sucre dans le
sang si vous êtes atteint de diabète
• contrôlera votre tension artérielle.
Attention : L’information contenue dans ce Cahier Santé s’adresse uniquement
aux adultes. Les enfants atteints d’insuffisance rénale doivent suivre une diète qui
tient compte de leur croissance et de leurs besoins particuliers.
*Pour tout renseignement sur les glucides, veuillez vous adresser à votre
nutritionniste ou à votre équipe soignante.
La publication de ce cahier santé est rendue possible grâce à l’appui financier de :
et
Cahier santé
Que dois-je surveiller dans mon alimentation ?
Les protéines, le sodium, le potassium, le phosphore, les liquides,
l’apport calorique, les gras saturés et les glucides* jouent un
rôle important dans votre alimentation. Votre nutritionniste
travaillera avec vous afin de planifier un menu quotidien qui
tiendra compte de vos besoins personnels, de votre âge, de vos
antécédents médicaux et de l’état de vos reins. Vous pourrez
ainsi choisir ensemble les aliments qui vous aideront à vous
sentir le mieux possible et, le cas échéant, tenter de ralentir la
dégradation de votre fonction rénale.
Les protéines
Les protéines fournissent
de l’énergie, forment, réparent et entretiennent les
tissus de l’organisme. De
plus, elles aident à lutter
contre les infections et à
cicatriser les plaies. La
digestion des protéines
par l’organisme forme un
déchet appelé urée.
Combien puis-je en consommer ?
Votre consommation de protéines doit être contrôlée. La
quantité qui peut être absorbée quotidiennement dépend de
votre poids-santé et est déterminée par votre nutritionniste. Pour
la plupart des individus en santé, il est recommandé de
consommer quotidiennement 0,8 g de protéines /kg (votre
poids). Dans le cas d’insuffisance rénale, les besoins en protéines
peuvent varier de 0,8 à 1,5 g /kg /jour.
Peu de protéines
Une diète faible en protéines (moins de 0,6 g /kg /jour) est
souvent difficile à suivre et peut s’avérer inadéquate pour vos
besoins nutritionnels. Si vous ne consommez pas suffisamment
de protéines, vous pouvez perdre du poids et de la masse musculaire, manquer d’énergie et avoir de la difficulté à combattre
les infections.
Trop de protéines
Comme les protéines digérées par l’organisme produisent un
déchet appelé urée, un surplus en protéines doit également être
évité afin d’aider à contrôler les symptômes associés à un taux
élevé d’urée, comme la fatigue, les maux de tête, le mauvais goût
dans la bouche, les démangeaisons, la nausée et les vomissements.
Les aliments riches en protéines
La viande, le poisson, la volaille, les fruits de mer, les œufs, le
tofu, les noix, les lentilles, les légumineuses et les produits laitiers
sont riches en protéines.
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CAHIER SANTÉ • Hiver 2009
Il est recommandé de :
• limiter les produits laitiers comme le lait, le fromage, le
yogourt et les crèmes (soupes)
• éviter les noix, les lentilles, les légumineuses, les graines (de
tournesol, etc.).
Le menu quotidien que vous aurez planifié avec votre nutritionniste fournira assez de protéines à votre organisme tout en limitant la formation d’urée et vous protégeant contre la dénutrition.
Les aliments énergétiques
Lorsque votre fonction rénale décline, le goût des aliments que
vous consommez peut en être affecté. Le surplus de déchets dans
votre sang peut entraîner divers problèmes comme la perte
d’appétit, des nausées, des vomissements et une perte de poids.
Si vous éprouvez ces symptômes, vous devez en aviser votre
médecin et votre nutritionniste.
Les aliments énergétiques vous fournissent la force (les
kcalories) dont vous avez besoin pour vaquer à vos activités
quotidiennes et vous aident à conserver un poids-santé.
Combien puis-je en consommer ?
Lorsque vous surveillez votre apport en protéines, il est important de tirer l’énergie dont vous avez besoin d’autres sources
alimentaires et de consommer assez de calories pour prévenir
la perte de poids et maintenir un apport nutritionnel
suffisant. Votre nutritionniste déterminera vos besoins en
énergie (kcalories) et pourra vous conseiller.
Peu d’aliments énergétiques
Sans apport suffisant d’énergie, vous pouvez perdre du poids et
ne pas avoir tous les nutriments dont vous avez besoin, ce qui
peut mener à la dénutrition.
Les aliments riches en énergie
Pour combler vos besoins caloriques (énergétiques), il est possible que vous deviez augmenter la consommation d’aliments sucrés et de matières grasses. Des suppléments nutritifs fabriqués
spécialement pour les personnes atteintes d’insuffisance rénale
peuvent également vous être prescrits.
Il est recommandé d’ :
• adopter un menu quotidien équilibré qui contient des
aliments assez variés pour répondre à vos besoins d’énergie
et, si vous êtes atteint de diabète, vous aidera à contrôler
votre taux de glycémie.
Certaines stratégies peuvent également vous aider si vous avez de
la difficulté à vous alimenter :
• prenez de petits repas, mais plus fréquemment
• mangez des aliments froids (si l’odeur des aliments chauds
provoque la nausée)
• consommez les liquides séparément des aliments solides
• incluez à votre diète quelques-uns de vos mets favoris.
Cahier santé
Le sodium
Le sodium est le nom scientifique
du sel. Il agit sur la tension artérielle
et sur la rétention des liquides dans
l’organisme.
Combien puis-je en
consommer ?
En général, votre consommation
de sel devrait être limitée à 2 ou
3 g/jour. Votre nutritionniste pourra
vous renseigner sur les aliments à
éviter.
Trop de sodium
Trop de sodium amène la soif et incite à boire plus de liquides.
Le sodium retient ces liquides, ce qui peut provoquer l’enflure,
l’hypertension et l’essoufflement.
Les aliments riches en sodium
Les aliments à forte teneur en sel comprennent
souvent les aliments
transformés comme :
charcuterie (jambon,
bacon, saucisses, etc.),
aliments en conserve,
plats cuisinés et plats-minute, grignotines salées
(croustilles, bretzels, craquelins, etc.), cornichons
et assaisonnements salés.
Il est recommandé d’ :
• éviter les aliments à
for t e teneur en sel
( n’utilisez pas de sel à table et limitez la quantité que vous
ajoutez à vos plats)
• utiliser les épices et les fines herbes non additionnées de sel,
le vinaigre et le citron afin d’améliorer le goût des aliments
non salés
• éviter les substituts de sel, qui sont riches en potassium.
Le potassium
Le potassium est une
composante chimique
qui aide à régulariser le
travail du coeur et des
muscles. On le retrouve
dans une grande variété
d’aliments.
Combien puis-je en consommer ?
Il faut une certaine quantité de potassium pour se maintenir
en santé, mais une quantité excessive peut être dangereuse. Normalement, le potassium est retiré du sang par les reins; quand
ces derniers sont défaillants, les taux de potassium peuvent
devenir trop élevés. Un taux de potassium trop élevé ou trop
faible dans le sang peut affecter les battements du cœur.
Les personnes souffrant d’insuffisance rénale légère à modérée
n’ont pas nécessairement besoin de limiter leur apport habituel
en potassium; toutefois, lorsque l’insuffisance rénale progresse
à des stades plus avancés, il devient nécessaire de restreindre
sa consommation de potassium. Votre médecin et votre
nutritionniste pourront, s’il le faut, vous indiquer comment
ajuster les quantités de potassium que vous consommez.
Trop de potassium
Un taux très élevé de potassium risque de provoquer un arrêt
cardiaque.
Les aliments riches en potassium
Parmi les aliments riches en potassium, mentionnons les
pommes de terre, les courges, les bananes, les oranges, les
tomates, les légumineuses, les noix, les graines, les patates
douces, les champignons secs, les fruits secs, les avocats et les
cantaloups.
Il est recommandé de :
• limiter votre consommation d’aliments riches en potassium ou
de les éviter selon les recommandations de votre nutritionniste
• contrôler régulièrement vos taux sanguins de potassium, même
si, en général, dans les premiers stades de l’insuffisance rénale,
une diète faible en potassium n’est pas requise. Des taux trop
élevés ou trop bas sont néfastes pour votre organisme.
Les besoins en potassium sont propres à chaque individu et
peuvent être affectés par des facteurs autres que l’alimentation,
comme :
• certains médicaments (comme les inhibiteurs de l’enzyme de
conversion pour le contrôle de la pression artérielle)
• l’utilisation de substituts de sel
• l’emploi de suppléments de potassium
• le niveau de votre fonction rénale (si votre production d’urine
diminue à moins d’un litre par jour, cela peut affecter la
capacité de vos reins à extraire le potassium)
• la perte de poids et de masse musculaire.
Si votre apport en potassium doit être diminué, il est important
d’avoir une bonne connaissance de la teneur en potassium des
aliments que vous consommez. Une liste complète d’aliments
faibles en potassium et des quantités de ces aliments que vous
pouvez consommer en toute quiétude devrait vous être fournie
par votre médecin ou votre nutritionniste. Votre nutritionniste
pourra vous aider à préparer des menus adaptés et vous serez
ainsi en mesure de faire des choix alimentaires judicieux qui maintiendront votre taux de potassium dans les limites acceptables.
CAHIER SANTÉ • Hiver 2009
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Cahier santé
Le phosphore
(phosphate)
Peu de liquides
Consommer trop peu de liquides peut conduire à la déshydratation.
Le phosphore est une
substance minérale qui
garde normalement vos
os forts et en santé.
Trop de liquides
Si vos reins ne peuvent éliminer les surplus de liquides, les symptômes qui peuvent en résulter sont : enflure des jambes, des
mains et du visage, tension artérielle élevée et essoufflement.
Combien puis-je
en consommer ?
Lorsque les reins commencent à moins bien fonctionner, le
taux de phosphore dans le sang grimpe; il se peut donc que
vous ayez à limiter votre consommation de certains aliments
qui contiennent même des quantités modérées de phosphore.
Les aliments riches en liquides
Les liquides comprennent l’eau, la soupe, le jus, le lait,
les « popsicles » et la gélatine.
Trop de phosphore
Une quantité excessive de phosphore peut causer des démangeaisons, des douleurs aux muscles, aux os ou aux articulations,
ainsi qu’une décalcification des os, qui deviennent ainsi plus
fragiles.
Les aliments riches en phosphore
Les aliments riches en phosphore comprennent les produits
laitiers, les graines, les noix, les légumineuses et les produits
céréaliers à grains entiers.
Il est recommandé de :
• respecter les portions établies par votre nutritionniste en
ce qui concerne particulièrement votre consommation de
produits laitiers, aliments protéiques (viande, poisson et
poulet), boissons gazeuses (cola), les beurres d’arachides, de
noix et de noisettes, etc.
• éviter les lentilles, les légumineuses, les noix, les graines et les
céréales de son préparées.
Votre médecin pourra aussi vous prescrire des agents d’agglutination du phosphate, également appelés « agents chélateurs de
phosphore ». Ces médicaments se lient au phosphore dans vos
intestins et le phosphore passe ainsi dans vos selles. Ces agents
doivent être pris avec vos repas ou vos collations. Par contre, il
ne faut pas prendre des agents d’agglutination du phosphate en
même temps que des suppléments de fer.
Et les liquides ?
Votre corps est constitué de 75 % de liquides (d’eau). Votre
organisme a donc besoin de liquide pour bien fonctionner.
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Combien puis-je en consommer ?
Certaines personnes doivent limiter leur ingestion de liquides
tandis que d’autres peuvent boire les quantités qu’elles désirent.
À mesure que la fonction rénale se détériore, les reins peuvent
ne plus produire autant d’urine qu’auparavant et l’organisme
risque ainsi de se trouver surchargé de liquide.
CAHIER SANTÉ • Hiver 2009
Il est recommandé de :
• vérifier avec votre médecin si vous devez restreindre votre
consommation de liquides
• suivre les indications de votre nutritionniste qui aura intégré
à votre menu quotidien les quantités de liquides auxquelles
vous avez droit
• communiquer avec votre médecin, si vous éprouvez des
symptômes tels que : enflure des mains, des pieds ou du
visage, hypertension ou essoufflement
• éviter de consommer des aliments salés, si vous devez
restreindre votre apport en liquides.
Les gras saturés
Vos taux de cholestérol et de triglycérides devraient être contrôlés. Si vos taux de gras dans le sang sont élevés, une diète contrôlée en gras devrait être recommandée. Les gras saturés (beurre,
lard et margarine « dure ») devraient être évités et remplacés par
des gras non hydrogénés comme ceux contenus dans les margarines molles, l’huile de canola ou d’olive. Des médicaments
servant à abaisser votre taux de cholestérol pourraient également
vous être prescrits par votre médecin, mais une diète contrôlée
en gras devrait également être suivie, car ces médicaments ne
remplacent pas les effets bénéfiques de la diète.
Les vitamines et les suppléments
vitaminiques sont-ils nécessaires ?
Une alimentation bien équilibrée fournit habituellement les
vitamines et minéraux dont vous avez besoin. Toutefois, si vous
avez des problèmes rénaux, des suppléments vitaminiques et des
suppléments de fer et de calcium peuvent s’avérer nécessaires, mais
ils doivent vous être prescrits par votre médecin en collaboration
avec votre nutritionniste. Certains suppléments de vitamines et
minéraux en vente libre peuvent s’avérer dangereux pour vous.
Pour en savoir davantage sur les services et les programmes
de La Fondation canadienne du rein, Succursale du Québec :
1 800 565-4515 ou www.rein.ca/quebec.
Merci à Mme Céline Quintin, nutritionniste en néphrologie
à l’Hôpital Notre-Dame du CHUM pour sa précieuse
collaboration lors de la rédaction de ce document.