La part des jeunes sans diplôme
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La part des jeunes sans diplôme
Thème : Cohésion sociale et territoriale Orientation : Favoriser l’inclusion sociale des populations (équité et mixité sociales) La part des jeunes sans diplôme par zone d'emploi Pour les jeunes sortis du système de formation initiale, l’absence de diplôme constitue un sévère handicap pour l’insertion sur le marché du travail et un risque d’exclusion sociale. D’après le recensement de la population de 2006, les jeunes de 20 à 24 ans non scolarisés qui n’ont pas obtenu de diplôme du second cycle de l’enseignement secondaire sont estimés à plus de 500 000 en France, soit 13,7% de cette classe d’âge. Les ratios les plus élevés se rencontrent dans les DOM, le bassin parisien, en Aquitaine, sur le pourtour du Golfe du Lyon et en Corse. Les profils socioéconomiques des jeunes et les spécificités locales en matière de formation sont des déterminants de ces disparités. La précarité de la situation des parents, en particulier, pourrait être un facteur explicatif primordial. Indicateur territorial de développement durable Part des jeunes sans diplôme en 2006 Définition On désigne sous le terme de « jeunes sans diplôme » les individus âgés de 20 à 24 ans qui ne poursuivent ni études, ni formation et n’ont obtenu ni CAP, ni BEP, ni diplômes de rangs plus élevés. L’indicateur est le rapport de cette population à l’ensemble de la population non scolarisée de la même classe d’âge. Commissariat général au développement durable Service de l’observation et des statistiques Datar, Observatoire des territoires Pertinence L’élévation du niveau d’instruction favorise l’expression des capacités personnelles et l’autonomie. Elle renforce l’aptitude à acquérir de nouvelles compétences et à s’adapter aux changements, notamment ceux induits par les innovations technologiques. Elle facilite les mobilités tant professionnelles que géographiques. L’Union européenne, à travers la stratégie européenne de Lisbonne puis la stratégie UE 2020 fixe des objectifs en matière de réussite scolaire, en particulier de réduction de l’abandon scolaire. Au niveau territorial, la part des jeunes sans diplôme constitue ainsi un indicateur de difficultés potentielles au regard des enjeux de l’inclusion sociale et du développement humain. A l’instar de leurs jeunes, ces territoires risquent de s’installer durablement en marge de l’économie de la connaissance et de l’innovation. L’échelon géographique choisi est la zone d’emploi. Utilisé couramment pour l’analyse du marché du travail, il peut être mis en relation avec d’autres indicateurs connexes : la part des jeunes de 15 à 24 ans non insérés, l’évolution du niveau de qualification de la population, le taux de chômage ou la part des chômeurs de longue durée, le taux d’emploi. Limites et précautions En référence à la stratégie européenne de Lisbonne, l’indicateur prend en compte les diplômes d’un niveau équivalent ou supérieur au second cycle de l’enseignement secondaire. Sont ainsi considérés comme « sans diplômes » les titulaires du diplôme national du brevet, du certificat de formation générale, ou encore du certificat d’études primaires (supprimé en 1989). Du fait des limites de la source statistique, notre définition n’est toutefois pas équivalente à celle retenue par la stratégie de Lisbonne. L’indicateur européen des « sorties précoces » comptabilise les jeunes non scolarisés et sans diplôme âgés de 18 à 24 ans. Notre source ne nous permet pas de calculer cet indicateur sur cette tranche d’âge. Analyse Indicateur territorial de développement durable Résultat au regard de l’enjeu de développement durable Selon l’enquête Emploi de l’INSEE, la part des 18-24 ans qui ne sont pas en formation et n’ont pas de diplôme est de 11,8% en 2008. Ce taux place la France dans un groupe des pays européens relativement proches de la cible (10%) visée par l’Union Européenne pour 2020. L’enquête ne permet pas de décliner cet indicateur à des niveaux géographiques plus fins, mais une approche territorialisée est possible à partir des données du recensement de la population. Selon le recensement de la population, 13,7% des jeunes âgés de 20 à 24 ans ne sont pas en formation et n’ont pas de diplôme en 2006. La comparaison avec les taux d’individus sans diplôme au sein des générations précédentes fait apparaître une tendance de long terme à la baisse, qui semble toutefois s’être fortement ralentie dans la période récente. Part des sans diplôme par tranche d’âge, en 2006 part des sans diplôme 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% 20-24 ans 25-29 ans 30-34 ans 35-39 ans 40-44 ans 45-49 ans 50-54 ans 55-59 ans 60-64 ans Source : Insee, recensement de la population 2006 2/5 Commissariat général au développement durable Service de l’observation et des statistiques Datar, Observatoire des territoires Disparités territoriales Les disparités sont importantes entre zones d’emploi. En France métropolitaine, la part de jeunes sans diplôme est comprise entre 6,1% (Rennes) et 29,2% (Porto-Vecchio), avec une moyenne de 13,3%. Dans les DOM, elle est comprise entre 16,8% (Centre agglomération en Martinique) et 69,7% (SaintLaurent-du-Maroni en Guyane), avec une moyenne deux fois plus élevée qu’en métropole (29,2%). Les zones d’emploi des grandes aires urbaines sont marquées par de faibles taux de jeunes sans diplôme, avec quelques exceptions (Douaisis, Valenciennois, Mulhouse, Avignon, Nîmes). Ces faibles valeurs s’expliquent aisément par les concentrations étudiantes dues à la présence de pôles d’enseignement supérieur. Plus généralement, l’espace à dominante urbaine présente un taux de jeunes sans diplôme nettement plus faible que celui de l’espace à dominante rurale (13,2% contre 17,3%). Des configurations territoriales se distinguent à une échelle supérieure à celle de la zone d’emploi. Les valeurs les plus élevées de l’indicateur se rencontrent principalement dans les départements d’Outremer, autour de la région Ile-de-France (en particulier au niveau de sa frontière sud-est et en Picardie), dans la moitié nord de l’Aquitaine, sur le pourtour du Golfe du Lyon et en Corse. Les valeurs les plus faibles se concentrent au Sud de l’Aquitaine, dans les régions Midi-Pyrénées, Auvergne, Limousin, Pays de la Loire et surtout en Bretagne. Pour tenter de saisir les ressorts de ces configurations territoriales, il faut s’intéresser aux déterminants sociaux et institutionnels de la réussite scolaire. Indicateur territorial de développement durable Les sorties sans diplôme sont généralement l’aboutissement de parcours scolaires marqués très précocement par de faibles résultats. Dès les années soixante, la sociologie de l’éducation a souligné le poids des déterminismes sociaux dans l’explication des inégalités de réussite scolaire. D’une part, les enfants de milieux populaires détiendraient un capital culturel plus faible ou différent de celui qui est valorisé par l’école. D’autre part, les contraintes de revenu pesant sur les familles les moins fortunées associées à leur moins bonne connaissance des rendements de l’éducation les conduiraient à arbitrer en faveur d’un plus faible investissement éducatif. L’influence du contexte scolaire et social local a aussi été clairement mise en évidence tant par la sociologie que par l’économie de l’éducation. Quels que soient le bagage socioculturel de ses parents et ses conditions de vie, la réussite scolaire d’un enfant dépend également de celle des autres enfants de sa classe, de son école et de son quartier. Il ne faut pas oublier enfin l’impact des spécificités institutionnelles locales : pratiques des écoles et des académies en matière de méthodes d’apprentissage, de redoublement, de mixité scolaire, de taille des classes, d’âge de scolarisation, etc. ; politiques des collectivités locales, notamment d’orientation des jeunes vers l’apprentissage. A une échelle territoriale, en supposant une certaine stabilité dans le temps, on peut s’attendre à ce que les valeurs des variables correspondant à ces facteurs sociaux, culturels et économiques « familiaux » et « locaux » reflètent les contextes dans lesquels ont évolué les jeunes durant leur scolarité. On constate que les configurations territoriales associées au taux de pauvreté et au taux de chômage, notamment le taux de chômage des 40-64 ans (la tranche d’âge vraisemblable des parents des jeunes de 20 à 24 ans), sont très semblables à celles de l’indicateur. Ces correspondances suggèrent que la précarité des parents est un déterminant important des sorties sans diplôme. Dans d’autre cas cependant, les correspondances ne sont pas flagrantes. Les configurations territoriales qui apparaissent lorsque la proportion de familles populaires1 est cartographiée reflètent très mal celles de l’indicateur des jeunes sans diplôme. Le constat est similaire pour le niveau de revenu des ménages, les proportions de familles nombreuses ou de familles populaires nombreuses, de familles monoparentales ou de personnes issues de l’immigration. De même, les configurations territoriales du taux d’individus sans diplôme parmi les 40-64 ans diffèrent fortement de celles du taux de jeunes sans diplôme. 1 Calculée comme l’effectif de familles dont la personne de référence est active, a déjà travaillé et appartient aux catégories socioprofessionnelles des ouvriers, employés, agriculteurs, artisans ou commerçants, rapporté à l’ensemble des familles dont la personne de référence est active et a déjà travaillé. 3/5 Commissariat général au développement durable Service de l’observation et des statistiques Datar, Observatoire des territoires Part des actifs sans emploi, en 2006 Indicateur territorial de développement durable L’insertion sur le marché du travail des jeunes sans diplôme est particulièrement difficile. On constate une forte correspondance entre configurations territoriales du taux de jeunes sans diplôme et du taux de chômage pour la même tranche d’âge. Pour ce qui du développement des territoires, deux cas de figure sont à signaler. Un certain nombre de territoires cumulent une part des jeunes sans diplôme élevée et une part de jeunes diplômés de l’enseignement supérieur faible. Ils risquent de se trouver rapidement relégués en marge de l’économie de la connaissance et de l’innovation que la stratégie de Lisbonne vise à établir. D’autres font cohabiter une part des jeunes sans diplôme élevée et une part de jeunes diplômés de l’enseignement supérieur également élevée. Leur cohésion sociale pourrait s’en trouver menacée. Pour en savoir plus Source Organisme producteur de l’indicateur : INSEE Sources de données : recensements de la population Date de diffusion ou mise à jour des données mobilisées : 2009 Couverture, échelon territorial France, par zone d'emploi Echelle temporelle Référence temporelle : 2006 Méthodologie de l’indicateur L’indicateur repose sur les concepts d’âge et de population retenus par la nouvelle méthodologie du recensement de la population. L’âge est compté en années révolues (c'est-à-dire atteint au dernier anniversaire). La population non scolarisée comprend les personnes non inscrites dans un établissement d’enseignement ou de formation. Principaux objectifs nationaux Le défi de la Stratégie nationale de développement durable 2010-2013 portant sur la société de la connaissance comprend un choix stratégique visant à favoriser l’insertion sociale et l’emploi par l’éducation et la formation. L’objectif chiffré reprend l’objectif de la stratégie européenne UE 2020, à savoir de faire passer en dessous de 10% la part des jeunes âgés de 18 à 24 ans sortis de l’appareil de formation sans diplôme de l’enseignement secondaire supérieur. 4/5 Commissariat général au développement durable Service de l’observation et des statistiques Datar, Observatoire des territoires Autres indicateurs liés Sur le site de l’Observatoire des territoires : http://www.territoires.gouv.fr/observatoire-des-territoires Sur le site statistique du MEDDTL : http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr Indicateurs & indices>Développement durable> Indicateurs territoriaux de développement durable : • Part des jeunes non insérés (hors formation et hors emploi) • Niveau de qualification des jeunes (25 à 34 ans) • Taux d’emploi • Part des demandeurs d’emploi de longue durée • Taux de pauvreté Indicateurs nationaux de développement durable : • Sorties précoces du système scolaire des18-24 ans • Part des jeunes de 16 à 25 ans hors emploi et hors formation Liens - Centre d’études et de recherche sur les qualifications : http://www.cereq.fr/ - Résultats des recensements de population : http://www.recensement.insee.fr/home.action - Le zonage en zones d’emploi : http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=definitions/zone-emploi.htm Bibliographie Indicateur territorial de développement durable - Beffy M., Leprévost E., Martinelli D. (2009), Enquêtes annuelles de recensement de 2004 à 2007 : Formation et emploi des jeunes dans les régions françaises. INSEE Première n°1219, janvier 2009. - Caille J-P., Rosenwald F. (2006), Les inégalités de réussite à l’école élémentaire : construction et évolution. In : INSEE (2006), France : portrait social, édition 2006. Coll. Références, INSEE, Paris. - CERC (2008), Rapport n°9. Un devoir national : L’insertion des jeunes sans diplôme. La documentation française, Paris, 2008 - Goux D., Maurin M. (2005), Composition sociale du voisinage et échec scolaire : une évaluation sur données françaises. Revue Economique – vol. 56, N°2, mars 2005, p.349-362 - Murat F. (2009), Le retard scolaire en fonction du milieu parental : l’influence des compétences des parents. Economie et Statistique N°424-425, pp. 103-124 Date de rédaction : Auteur : Cartographie : Juin 2010 Yves Schaeffer, Cemagref Datar, Observatoire des territoires www.territoires.gouv.fr/observatoire-des-territoires www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr . Commissariat général au développement durable Service de l’observation et des statistiques Observatoire des territoires