Le Pli Exposition du 12 septembre au 26 octobre

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Le Pli Exposition du 12 septembre au 26 octobre
 Le Pli
art et curiosités
26.07.2013
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Exposition du 12 septembre au 26 octobre 2013 Camille Meire Simone Pheulpin Maryline Pomian Vincent Floderer Daniel Rietsch Pietro Seminelli Vernissage-cocktail sur invitation au 6, Mandel, Paris
le MERCREDI 11 SEPTEMBRE 2013
de 17h00 à 21h30 en présence des artistes
intermèdes musicaux par Vassilia Fauconneau, harpiste
Inauguration des nouveaux aménagements et de la décoration du 6, Mandel
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Le 6, Mandel
EXPOSITIONS – PRIVATISATION POUR EVENEMENTS – CHAMBRE D’HÔTE
6, avenue Georges Mandel - 75116 Paris - M° Trocadéro - Tél. 01 42 27 27 93 www.6mandel.com
Exposition : Entrée par le 1, rue Greuze, du mardi au samedi de 14h30 à 19h00
(sauf en cas de privatisation ponctuelle du lieu)
Contacts :
> Jean-Christophe Stöerkel (Le 6, Mandel) : Tél. 01 42 27 27 93 - 06 09 84 77 05 [email protected]
> Commissaire de l'exposition/presse : Galerie Nathalie Béreau (Chinon) : Tél. 06 79 71 26 44 [email protected] - www.nathaliebereau.com
Visuels en haute définition 300 dpi sur demande
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Cette nouvelle exposition intitulée "Le Pli" - sur une idée de Jean-Christophe Stöerkel,
propriétaire du 6, Mandel - réunit six artistes, dont deux jeunes diplômés de l'école
Boulle, en partenariat avec leur école.
C'est également l'occasion de découvrir les nouveaux aménagements de l'hôtel
particulier ainsi que sa nouvelle décoration aux niveaux de la salle d'exposition du rezde-chaussée et de la cuisine en rez-de-jardin.
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1. Les travaux du 6, Mandel : nouveaux aménagements et décoration
Ouvert depuis 2006 après une phase de travaux d'aménagements et
mises en conformité, le 6, Mandel est devenu un lieu parisien d'expositions
d'art contemporain, d'événementiels et bien plus encore. Par sa nature
exceptionnelle, hôtel particulier à l'architecture singulière de la fin du XIXe
siècle, par son emplacement original dans un écrin de verdure, le 6,
Mandel offre également aux visiteurs une parenthèse dans l'espace et le
temps.
Une chambre d'hôte achève cette respiration artistique et privilégiée.
Mais le temps fait son œuvre, et son propriétaire a souhaité redonner au
lieu son cachet originel revisité.
En effet, l'hôtel particulier n'ayant plus son décor d'époque (voir visuel → ),
il importait avant tout de retrouver l'esprit de ses différentes vies, tout en
ayant une démarche contemporaine : réflexion sur l'usage du lieu privatisation, exposition ; respect de l'environnement dans le choix des
matériaux ; décoration tenant compte de son histoire malgré le vide laissé.
Une seconde étape en 2011 a été la création du nouveau décor de la chambre d'hôte
(← voir visuel ©Marc Chatelard), inspiré de l'univers stylistique de
Christian Dior, ami du propriétaire d'alors, Jacques Homberg.
Retrouvant alors cet esprit raffiné, mélange de style XVIIIe (motif toile
de Jouy peint en trompe-l'œil au mur par l'artiste Denis Berteau), et
années 40 (luminaires), déclinaisons de matières et de palettes de
gris pour les murs et les tissus d'ameublement, le tout associé à la
modernité du confort (salle de bain).
Une troisième étape en 2013 avec le cabinet d'architecture MM
Planners Architectes & Designers est la nouvelle conception de la
cuisine et de la salle d'expositions du rez-de-chaussée.
En travaux à l'été 2013, le 6, Mandel déploiera en septembre ses
nouveaux aménagements ainsi que ses nouveaux ornements pour
mieux accueillir les différentes activités du lieu.
"Prolonger la vie d’un lieu, c’est prendre appui sur son passé pour le projeter dans l’avenir. De ce fait, le parti pris est de mettre tradition, technologie et design en dialogue constant, les savoir-­‐faire en vis-­‐à-­‐vis. Le 6, Mandel ayant été partiellement dépouillé de son passé, façade et espaces intérieurs étaient en dichotomie. Il a été donc été question de réécrire son histoire en surfant sur l’évidente fantaisie du lieu, la connotation espiègle d’éléments sculptés de la façade et d’affirmer son côté unique, atypique, audacieux. Cette mise en scène d’éléments sophistiqués prend place au sein d’une architecture épurée, des finitions et détails minimalistes." Véronique Mussche, agence MM Planners. Salle d'expositions au rez-­‐de-­‐chaussée > La réflexion autour de la contribution de la cheminée à l’identité du lieu a été élaborée à partir de photos de la façade, reprenant les motifs des petits singes qui ornent le haut de la porte d'entrée côté rue Greuze. Les singes cachés dans les feuilles de vignes relient ainsi le mobilier à l’architecture du lieu. De style néogothique en noyer massif teinté noir, la cheminée et les chapiteaux ont été sculptés par l’atelier du sculpteur et professeur à l'école Boulle, Patrick Blanchard (Meilleur Ouvrier de France) en collaboration avec la société V&P Agencement pour la préparation de la menuiserie. (voir visuel → ) 2
> Elaboration d'un concept où la lumière et l’éclairage deviennent un véritable enjeu : filtrer la lumière naturelle des baies vitrées, accompagner l’événement , le scénariser, et, lors d'expositions, mettre l’œuvre d’art en exergue : suspensions, projecteurs Iguzzini, leds, … Le lustre suspension "Rain" de Blackbody descendant du plafond de la mezzanine (également salle d'exposition au premier étage) est composé du système OLED (diode électroluminescente organique). > Mise en œuvre des matières contemporaines revisitées : parquet béton, grès cérame au sol, mosaïque, verre laqué, … > Enfin, il a été décidé d'ajouter une ligne de cimaises (côté baies vitrées) afin d'agrandir l'espace d'expositions (← voir visuel). Cuisine en rez-­‐de-­‐jardin Accueillant régulièrement les visiteurs lors des expositions, les chefs et traiteurs lors d'événementiels mais aussi la table du petit déjeuner de la chambre d'hôte, la cuisine est donc un espace stratégique du 6, Mandel. Donnant sur le jardin et lieu d'accès pour le rez-­‐de-­‐chaussée, elle est aussi un lieu de circulation important. Les architectes ont décidé par le choix des matériaux, du mobilier et de la lumière d'accentuer la fluidité et l'élégance des différents espaces de ce lieu aux normes peu conventionnelles, dans une déclinaison de grès, beige et blanc ; cette douceur et légèreté contrastent avec le rez-­‐de-­‐chaussée au noir profond et blanc lumineux.
Quelques exemples de la sélection pour le réaménagement et la décoration de la cuisine : -­‐ Panneau mosaïque céramique de chez Mutina : "Phenomenon Honeycomb" du designer japonais Tokujin Yoshioka sur le mur principal -­‐ Stone italiana cartapietra : plan de travail -­‐ Chaises "Market" de Noé Duchaufour Lawrance -­‐ Plafonniers, suspensions et encastrés : Iguzzini -­‐ Suspensions au-­‐dessus de la table : Vibia "Skan" de Lievore Altherr et Molina (blanc) (voir visuel → ) Début septembre un communiqué de presse permettra de découvrir des fiches détaillées et des
photographies des nouveaux aménagements.
Un temps en repli sur lui-même, l'hôtel particulier du 6, Mandel s'ouvrira donc à nouveau au public
avec l'exposition dont le thème est en correspondance avec cette nouvelle vie du lieu.
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2. L'exposition : Le Pli
Cette nouvelle exposition est l'occasion de réunir 4 artistes confirmés et reconnus, et deux jeunes
diplômés de l'école Boulle, Camille Meire et Daniel Rietsch. Chaque année, l'école donne un
thème d'étude pour la préparation du diplôme et cette année, ce fût le pli, avec comme
intervenants auprès des élèves, Vincent Floderer et Pietro Seminelli, artistes exposés au 6, Mandel.
Il était ainsi intéressant de confronter deux générations d'artistes.
Enfin, l'exposition est l'occasion de réunir à nouveau deux artistes déjà familières du lieu : Simone
Pheulpin et Maryline Pomian.
En lisant la définition du pli*, nous sommes face à des notions apparemment simples, en premier
lieu celle de la double épaisseur de matière (papier, tissu, par exemple) rabattue sur elle-même.
Le pli est aussi l'angle rentrant d'un mur, à la fois la nouvelle entité obtenue et la rainure formée
par cette entité quand on évoque une lettre ou la peau ; il peut-être lisse, parfait, repassé, la mise
en pli du coiffeur... ou au contraire signe négatif, facteur d'ennuis.
Car s'il y a un pli, cela sous-entend aussi vieillissement, le mauvais pli au propre comme au figuré,
la sinuosité,... Toutes ces significations et sens variés, ne sont que la partie émergée de l'iceberg
que l'on peut continuer à explorer intimement avec l'expression les plis du cœur, ou bien dans un
autre registre, celui de l'art du pli des drapés dans les peintures et sculptures de l'art occidental.
Et puis l'on plonge encore plus profondément pour arriver à l'étude de Deleuze à propos du pli,
Leibniz et le Baroque* ...
Mais notons seulement cette phrase, "Le pli détermine et fait apparaitre la forme, il en fait une
forme d’expression" - in Leibniz et le baroque, et nous réalisons que le pli, contient le sens de ce qui
nous entoure et aussi de ce qui est en nous.
Nous ne sommes donc pas dans une exposition d'artisanat, où la technique serait mise en avant
même si les artistes exposés excellent dans leur domaine. Car ce n'est plus la technique qui nous
intéresse - même si elle est bien là, impossible à nier - mais bien l'expression, la sensibilité, la
réflexion plastique ou philosophique structurante à chaque démarche et que chaque artiste
révèle dans son choix quasi exclusif d'un matériau - papier, tissu, métal, bois -, par une dextérité
évidente, presque magique, souplesse du geste maitrisé, révélant bien plus qu'un pli formé, créé.
L'exposition sera donc l'occasion de faire dialoguer des voix différentes. Et, excepté les deux
objets des diplômés de l'école Boulle, qui au-delà d'un savoir-faire et de leur beauté ont une
fonction utilitaire, l'essentiel de l'exposition dévoilera des sculptures et tableaux-reliefs, œuvres
spécialement conçues pour le 6, Mandel.
Nathalie Béreau
(* www.cnrtl.fr/ Gilles Deleuze, "Le pli, Leibniz et le baroque", éd. De Minuit, 1988)
> En partenariat avec l'école Boulle pour Camille Meire et Daniel Rietsch
"L’école Boulle, en 2013, c’est plus de 1000 étudiants, 13 métiers d’art historiques, 3 départements de design, 200 étudiants de tous âges diplômés par an avec un taux de réussite très important, des adultes en formation dans tous les domaines des apprentissages. C’est aussi une école qui abrite un incubateur de jeunes talents, en partenariat avec la Ville de Paris. C’est donc une multitude d’opportunités pour les étudiants de faire valoir leurs compétences… Mais l’école Boulle, aujourd’hui totalement rénovée grâce à la Ville de Paris, c’est surtout une certaine idée de la modernité des arts appliqués et de l’artisanat d’art, une école attachée viscéralement au double objectif de préservation des traditions de qualité et d’innovation dans la création et la recherche de nouveaux territoires… Pour conserver bien vivante cette volonté, le mieux est de s’ouvrir aux partenariats, au monde extérieur, à l’international, mais aussi aux expositions locales et régionales. L’école est toujours honorée de présenter les travaux des étudiants au public de tous horizons. Pour cette raison nous sommes particulièrement heureux d’être présents auprès de nos partenaires Jean-­‐Christophe Stöerkel, propriétaire du 6, Mandel, Paris et la Galerie Nathalie Béreau." Christophe Hespel, proviseur 4
Camille Meire, "Inro-­‐pan", 2013 Née en 1991 Diplôme de marqueterie, école Boulle, Paris, 2013 Note d'intention : "J'ai extrait deux notions du thème de cette année, contraires mais en même temps complémentaires : le repli et le déploiement. Le pli est une action, une volonté permettant de replier une matière sur elle même, provoquant un enfermement, un dedans et un dehors. Un intérieur et un extérieur. C'est le repli, qui est une volonté de cacher, de dissimuler, de (se) protéger. Dans la nature, cela peut passer par le camouflage utilisé par les animaux pour se dissimuler et ainsi se préserver de l'agresseur. C'est un besoin de ne pas se montrer, de (se) préserver, c'est le secret. A l'inverse, le repli amène souvent, ou presque forcément le déploiement comme réaction inverse. Le déploiement c'est l'ouverture, déplier, c'est alors ouvrir, découvrir. C'est la curiosité opposée au secret, la curiosité peut alors représenter un dilemme. Alors faut-­‐il découvrir le secret au risque de le perdre, ou bien le préserver au risque de ne jamais en découvrir sa nature ? "Inrò-­‐pan" un nom énigmatique désignant le secret des boîtes japonaises inrò et le pan de pandore formant un nom enrobant, enveloppant, pour cette boîte mystérieuse. Cette boîte qui se transmet de génération en génération, a l'aspect d'une roche, symbole de sa propre protection et de celle de son secret. Ce dernier est un parfum contenu dans une fiole sans cabochon, comme souvenir éphémère, une madeleine de Proust qui nous parvient et s'échappe aussitôt après l'ouverture de la boîte. C'est aussi par sa fabrication que l'objet concilie deux époques, avec des matériaux traditionnels comme le bois de rose, le citronnier, le péroba rose, le bois de violette et l'ivoire, et des techniques traditionnelles avec la découpe à la scie et les colles plus anciennes. Viennent en contraste le choix et l'utilisation de matériaux contemporains : ébène, galuchat, nacre noire, carbone et des techniques plus modernes comme la résine et la découpe laser." Camille Meire Daniel Rietsch, "Perdue entre hier et demain", 2013 Né en 1992 Diplôme de bronzier (option ciselure), Ecole Boulle, Paris, 2013 Note d'intention : "Pour que la présence de l’ornement soit aussi évidente que la forme, les matériaux et la fonction de mon objet, j’ai créé, grâce à l’outillage, un univers inspiré principalement des fossiles et des couches sédimentaires. Cet univers contraste avec des cubes blancs en plexiglas utilisés pour mon luminaire. Mais pourquoi avoir fait le choix de cet univers ? Un fossile est le reste ou un simple moulage d’un élément conservé dans une roche, à l’instar de l’outil qui vient déposer sa marque sur le métal. Le fossile est aussi un témoignage du passé et fait un joli clin d’œil à la ciselure, fossilisée dans son temps. Les parties ciselées sont aussi fonctionnelles et même vitales. Etant en laiton, elles jouent le rôle de contacts électriques qui animent l’ambiance lumineuse de la lampe et assurent la conduction du courant. Perdue entre hier et demain, est une lampe d’ambiance proposant une réponse à ma problématique : en effet, en intégrant une ciselure narrative à un objet contemporain (luminaire cubique blanc et modulable) de façon fonctionnelle (contacts électriques, ambiances personnalisables, jeux de lumières), on peut détrôner l’image démodée que l’on se fait d’elle (timbale, feuille d’acanthe..) et se redemander alors : à quel moment notre monde contemporain et notre temps se pliera-­‐t-­‐il à l’ornement artisanal ?" Daniel Rietsch 5
> Les artistes du pli
1. Les oeuvres de Maryline Pomian (née en 1956, vit et travaille à Paris) sélectionnées font partie de la série "Des ombres blanches" entamée en 1997 et répondant donc au thème du pli. Une sélection de 7 œuvres tridimensionnelles, à l'aspect formel organique, ainsi qu'une sculpture est ainsi présentée au 6, Mandel. Travaillant exclusivement le papier à cigarette, l'artiste n'utilise pas de technique spécifique en particulier ou complexe de pliage car contrairement aux apparences, l'artiste ne plie pas son papier, comme dans la technique de l'origami ! Ses œuvres répondent à la démarche d'un sculpteur, plissant et froissant la matière, fragile en apparence mais devenant, sous ses doigts et par le plissé, solide et prenant alors des aspects de textures diverses Maryline Pomian, Nymphes blondes, (nacre, pierre, marbre, coquillage). 41,3 x 61 x 3 cm, papier à cigarette sous Chaque élément créé, se répète comme à l'infini ("La patience de capot en plexiglas (détail) Pénélope"), et une fois toutes réunies, ensemble, ces unités, parfois de dimensions très petites, forment une composition. Chacune d'elle répondant à une vision sensible, même si la structure est réfléchie à l'avance, intellectualisée ; le hasard n'est donc pas sous-­‐jacent à sa création. L'artiste déroule son papier d'après un titre qui va lui servir de fil conducteur et qu'elle donne avant même la partie créatrice. Ses reliefs ou installations peuvent être également inspirés d'autres œuvres, comme celle d'Henri Michaux pour "Lignes mescaliniennes", par exemple, dont le tremblé rappelle les encres de l'artiste.
Ecrivaine installée en Australie pendant 15 ans avant de se consacrer à son travail de plasticienne en France, elle reste donc encore aujourd'hui très à l'écoute de l'écriture. D'où parfois des titres dont la signification peuvent aussi évoquer une attitude, un trait ou une action à caractère humain ("Nymphes blondes", "Bon voisinage", "Confrérie", "Offrandes"), créant une ambivalence entre le rendu de la matière et l'idée suggérée. Simone Pheulpin, Anfractuosité 2, 40 x 30 cm, coton, épingles, 2013 (détail) 2. "Mes réalisations sont le résultat d'une expression instinctive. La souplesse du matériau et le mouvement de superposition conduisent à des formes avec lesquelles jouent l'ombre et la lumière. Elles sont le reflet d'une harmonie avec le monde naturel". Simone Pheulpin Le matériau qu’utilise Simone Pheulpin (née à Nancy en 1941, vit et travaille à Paris) est des plus simples : des bandes d’un calicot non blanchi, un coton brut qu’elle trouve encore, en provenance des Vosges. Ce tissu servait autrefois pour la confection des pneus d’automobiles. Cette matière est rendue méconnaissable et comme modifiée dans sa structure et sa nature par son façonnage en un empilement régulier et dense de plis très fins retenus à leur envers par les épingles. 6
L’étrangeté des ouvrages ainsi obtenus est troublante : c’est de la pierre que l’on croit voir, les plis se font géologiques, en même temps que les formes, volontiers arrondies, semblent relever de l’organique – animal ou végétal on ne sait, quand n’y apparaît pas cette pierre animale que sont les coquillages. Pas de dessin. "Je sais ce que je veux", avoue volontiers l'artiste. Rien que la bande entre les doigts, l’épingle pour la fixer ou l’orienter en sens inverse… Elle improvise aussi, car le tissu la conduit. Comme dans tout art, l’idée précède le faire, mais le faire dans sa réalité réinvestit l’idée. 5 grandes sculptures et des petites que l'artiste nomme "Tourbillons" seront exposées au 6, Mandel. 3. Par la technique du pliage (connu sous le nom d'origami car très développé et populaire au Japon) sans coups de ciseaux ni ajout de colle, l'artiste Vincent Floderer (né en 1961 à Brive, vit et travaille à St Aulaire) crée des formes très particulières, résultats de son sens de l'observation de formes naturelles organiques végétales ou animales : graines, pommes de pin, champignons mais aussi coquillages ou coraux, etc. L'artiste plie, replie, déplie, multiplie, retourne son papier mais il le froisse également, ce qui a été une nouveauté peu acceptée à ses débuts mais qui par son apport original a permis à l'artiste de faire reconnaître son travail et ses créations par les grands spécialistes de l'origami comme Paul Jackson. Et ce tant par ses réalisations plastiques que par ses interventions sous Vincent Floderer, "Biotope 1", boîte-­‐
formes de conférences à travers le monde, y compris au Japon. vitrine h. 30 x 40 x 12 cm, froissage Le froissage, l'apport d'eau, le brûlage donnent à sa matière première qu'est structuré de papiers rares Manille, Japon, le papier (toutes sortes de papiers très fins de différentes origines et Thaïlande... 2013 (détail) consistances) une souplesse, une résistance et des qualités plastiques nouvelles. Les 6 œuvres exposées au 6, Mandel feront partie d'une nouvelle série intitulée Biotope, boîtes-­‐vitrines présentant des structures "naturelles" faites à partir de pliages de papiers rares. Toutes ses réalisations répondant à des modèles mathématiques ou physiques spécifiques, sont le résultat de codes de pliages complexes, longs à imaginer, à maîtriser, à reproduire jusqu'à ce que les doigts en détiennent patiemment la clef. Cependant Vincent Floderer leur confère une dimension artistique et poétique qu'on ne retrouve pas forcément dans l'origami traditionnel. Car il crée des œuvres qui, si elles sont d'une prouesse inimaginable, n'en gardent pas moins leur mystère, et sont si proches de leurs modèles organiques qu'elles créent une illusion stupéfiante, proche du vivant. L'artiste crée en 2000 le CRIMP, Centre de Recherche Internationale de Modélisation par le Pli qui depuis 2012 développe avec le CREID -­‐ UTTsroyes – CNRS des recherches pour une structure autoportante éco-­‐conçue, des techniques d'emballages innovantes. Quand l'art rejoint alors la science ...
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Pietro Seminelli, "Coiffe paonesque", boîte-­‐vitrine 53 x 122 cm, kraft plissé et teint aux encres et oxydes, 2013 (détail) 4. Pietro Seminelli (né en 1968 à St Maur (94), vit et travaille au Molay Littry), a fait sien l'écrit de Deleuze à propos du pli: "Ce travail du pli comme méthode agit sur moi à la manière d’un cadre, d’un vocabulaire. Comme d’autres utilisent des notes, des signes, des mots, j’utilise le pli. La connaissance ne porte pas sur les choses elles-­‐mêmes, mais sur les représentations que nous nous en faisons par l’intermédiaire des formes. Souvent même nous pensons directement avec des formes comme d’autres pensent avec des mots, et le dessin du "pli" est pour moi une des écritures qui articule cette pensée formelle. La magie du pli à transformer la matière, la fascination qu’il opère sur le spectateur, au-­‐delà de la performance technique, tient peut être du fait, comme le décrit si bien Deleuze, que le pli est par essence un vocabulaire de morphogenèse. A quelque échelle que nous portions notre attention, notre regard, le pli est partout… montagne, vallée sont les maîtres mots des "plieurs" et pour cause… les plis de la terre labourée, sillonnée, les plis de la feuille de hêtre se déployant au printemps, les plis nervures de la coquille saint Jacques, les plis de notre peau. Les registres sont infinis et multiples". Au 6, Mandel seront exposées 6 œuvres, pour certaines inédites où les formes et les motifs évoquent les écailles de protection, l'armure ; le papier se faisant par le pli, sculpture-­‐vêtement. Pietro Seminelli retourne ainsi à la source de l'étymologie du mot pli : en effet, ca 1130 plei est la «partie mobile formant articulation dans une armure» (Gormont et Isembart, éd. A. Bayot, 94)*. Pour la première fois, des dessins seront également à découvrir, inspirés par le test de Rorschach, nouvelle piste que l'artiste commence à explorer, esquivant ainsi le cadre spécifique du savoir-­‐faire (Maitre d'art en 2006 en art textile et art du pli par le Ministère de la Culture). "Avec cette proposition du 6, Mandel d’une exposition sur "Le Pli", j’ai souhaité faire état de ce vocabulaire et promener le visiteur à la fois dans les nourritures intimes à l’œuvre, et ex-­‐pli-­‐citer que même sous-­‐jacentes, même à l’effacement, elles ne cessent pas moins d’infuser magie, mystère et fascination". Pietro Seminelli (* www.cnrtl.fr) Pour en savoir plus : CV détaillés de chaque artiste, textes, visuels consultables sur
le site : http://www.nathaliebereau.com
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