Particularités cytologiques de l`adénocarcinome villo

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Particularités cytologiques de l`adénocarcinome villo
Particularités cytologiques de
l’adénocarcinome villo-glandulaire
endocervical : à propos d’un cas
R. Bourgoin (1), P. Sabatier (1), K. Alves (2), Y. Socrier (1).
(1) Service de Pathologie, Hôpital Victor Dupouy, 69 rue du Lieutenant Colonel Prudhom, 95107 Argenteuil Cedex
(2) Service de Gynécologie, Hôpital Victor Dupouy, 69 rue du Lieutenant Colonel Prudhom, 95107 Argenteuil
Cedex
Résumé :
L’adénocarcinome villo-glandulaire correspond à une variante d’adénocarcinome endocervical rare avec des
caractéristiques cytologiques propres. Ce diagnostic doit être évoqué devant un FCU hypercellulaire avec des
amas tridimensionnels et papillaires. Les papilles présentent des cellules aux noyaux légèrement augmentés
de taille, sans anisocaryose nette, avec des chevauchements nucléaires, une chromatine granuleuse et des
mitoses inconstantes. Le cytopathologiste classera le FCU dans la catégorie « ACG » qui conduira à la
réalisation d’une biopsie. L’AVG présente un bon pronostic avec un front invasif peu étendu et un faible risque
d’embol lymphovasculaire. Aussi, une simple conisation conservatrice peut être proposée, étant donné que
cette tumeur affecte le plus souvent la femme jeune.
Introduction :
L’adénocarcinome villo-glandulaire (AVG) correspond à une variante d’adénocarcinome endocervical rare1 avec des caractéristiques
cytologiques propres. Nous en rapportons une observation.
Observation:
Un frottis cervico-utérin (FCU) est effectué dans le cadre du dépistage systématique chez une femme de 38 ans sans symptôme, ni
antécédent médical.
Le FCU, réalisé en technique monocouche (Easyfix®, Labonord), est satisfaisant pour évaluation. Il comporte des cellules
malpighiennes régulières. Les cellules glandulaires sont isolées ou disposées en amas papillaires ou tridimensionnels. Leur
rapport nucléo-cytoplasmique est augmenté et leur cytoplasme peu abondant. Les noyaux sont arrondis, fortement nucléolés et
hyperchromatiques, mais l’anisocaryose est peu marquée.
Ce FCU, classé dans la catégorie « atypies des cellules glandulaires en faveur d’une néoplasie », est suivi d’une colposcopie
révélant une lésion polypoïde de 7 mm.
Histologiquement, la biopsie de la lésion montre une prolifération tumorale villeuse, très focalement glanduliforme. L’épithélium est
cylindrique pseudo-stratifié, non mucosécrétant, avec un rapport nucléo-cytoplasmique élevé et des mitoses.
L’aspect est superposable sur la pièce de conisation avec un front invasif de 3mm en profondeur et 6 mm en horizontal (stade
FIGO IA1).
Amas tridimensionnel et papillaire
(Papanicolaou)
Noyaux augmentés de taille, sans anisocaryose nette, avec des
chevauchements nucléaires (Papanicolaou)
Architecture villeuse. Epithélium cylindrique pseudo-stratifié,
non mucosécrétant, avec un rapport nucléo-cytoplasmique
élevé et des mitoses (HES)
Discussion :
Le dépistage cytologique d’AVG est rendu difficile par la présence d’atypies souvent légères, pouvant orienter à tort vers des
altérations réactionnelles. Ce diagnostic doit être évoqué devant un FCU hypercellulaire avec des amas tridimensionnels et
papillaires. Les papilles présentent des cellules aux noyaux légèrement augmentés de taille, sans anisocaryose nette, avec des
chevauchements nucléaires, une chromatine granuleuse et des mitoses inconstantes 1,2. L’aspect cytologique peut
correspondre à un sous-type endocervical, endométrioïde ou intestinal2.
Le sous-type endocervical se caractérise par une disposition palissadique de cellules plutôt prismatiques avec des noyaux
allongés ou apicaux, dotés de petits nucléoles. Dans le sous-type endométrioïde, les amas cohésifs à contours lisses
présentent des noyaux arrondis. Dans le sous-type intestinal, les cellules sont volumineuses et comportent une mucine
cytoplasmique abondante.
Sur FCU, les principaux diagnostics différentiels de l’AVG2 sont les atypies glandulaires réactionnelles, l’adénocarcinome
endocervical classique (AEC) et l’adénocarcinome papillaire séreux (APS).
L’AVG est associé à l’infection par un HPV oncogène3, 4. Il peut s’accompagner de lésions malpighiennes de haut grade (CIN ou
carcinome).
L’AVG présente un bon pronostic1 avec un front invasif peu étendu et un faible risque d’embol lymphovasculaire1. Aussi, une simple
conisation conservatrice peut être proposée, étant donné que cette tumeur affecte le plus souvent la femme jeune1.
Conclusion :
L’AVG constitue un piège diagnostique sur FCU du fait d’anomalies nucléaires discrètes et variables. Le cytopathologiste doit être
alerté par la présence d’amas tridimensionnels ou papillaires afin de classer le FCU dans la catégorie « ACG »5 qui conduira à
la réalisation d’une biopsie.
1. Lataifeh IM, Al-Hussaini M, Uzan C et al. Villoglandular papillary adenocarcinoma of the cervix: a series of 28 cases including two with lymph node
metastasis. Int J Gynecol Cancer. 2013;23:900-5.
2. Hagiwara T, Kaku T, Kobayashi H et al. Well-differentiated villoglandular adenocarcinoma of the uterine cervix: assessment of cytological features by
histological subtypes. Acta Cytol. 2013;57:61-8.
3. Younghwa Choi, Haeryoung Kim, Haiyoung Choi et al. Liquid-Based Cytology of Villoglandular Adenocarcinoma of the Cervix: A Report of 3 Cases. Korean J
Pathol. 2012; 46: 215–220.
4. Polat A, Düsmez D, Pata O et al. Villoglandular papillary adenocarcinoma of the uterine cervix with immunohistochemical characteristics. J Exp Clin Cancer
Res. 2002;21:425-7.
5. Solomon D, Davey D, Kurman R, Moriarty A, O’Connor D, Prey M, Raab S, Sherman M, Wilbur D, Wright T, Jr, Young N, Forum Group Members. The 2001
Bethesda system: terminology for reporting results of cervical cytology. JAMA. 2002; 287: 2114–2119.
Léiomyomatose péritonéale disséminée : un diagnostic rare et
trompeur nécessitant une collaboration clinico-pathologique
A Tauziède-Espariat (1), J Raffoul (1), SR Sun (1), C Lassabe (1), JC Lovera (2), L Arnould (3), C Monnin (1)
(1) Laboratoire d'Anatomie et Cytologie Pathologiques, CH Belfort, 14, rue de Mulhouse, 90016 Belfort
(2) Service de Gynécologie-Obstétrique, CH Belfort, 14, rue de Mulhouse, 90016 Belfort
(3) Département de Biologie et de Biopathologie des tumeurs, Unité d'Anatomie et de Cytologie Pathologiques, Centre GeorgesFrançois Leclerc, 1, rue Professeur Marion, 21079 Dijon
Introduction : La léiomyomatose péritonéale disséminée (LPD) est une entité rare caractérisée par la présence de nodules
péritonéaux de cellules musculaires lisses, affectant les femmes jeunes sous contraceptifs oraux ou au décours d'une grossesse.
Plus de 100 cas ont été rapportés. Objectifs : Nous rapportons un cas de LPD illustrant les difficultés diagnostiques de cette entité
et ces principaux diagnostics différentiels. Observation : Une femme âgée de 30 ans, suivie pour infertilité sous traitement
hormonal, est opérée d'un léiomyome utérin de croissance anormalement rapide. Un an après, l'IRM pelvienne montre une récidive
de la masse utérine associée à des nodules péritonéaux. Les biopsies de nodules rapportent une prolifération tumorale sans nécrose
bien différenciée de cellules fusiformes sans atypies, avec un index mitotique de 1/10 champs, exprimant les marqueurs musculaires
lisses (h-caldesmone, actine) au sein d'un stroma richement vascularisé. Les cellules n'expriment pas calrétinine, cytokératines,
CD34, CD117, marquent les récepteurs hormonaux. L'index de prolifération Ki67 est de 5%. Le diagnostic proposé est celui d’une
léiomyomatose. En raison du faible marquage du CD10, l'éventualité d'un sarcome du stroma endométrial de faible grade de
malignité a été discuté, exclus devant l’absence de réarrangement du gène JAZF1 par FISH. Quelques semaines plus tard, l'IRM
montre de nouveaux nodules péritonéaux dont deux d'entre eux sont réséqués. À la coupe, les nodules, mesurant 0,7 et 2,6 cm,
apparaissent solides, bien limités et blanchâtres. L'examen histopathologique est comparable aux biopsies antérieures. Discussion :
Cette observation illustre les difficultés diagnostiques de la LPD. L'aspect morphologique et l'absence d'expression de
pancytokératines éliminent la carcinose péritonéale. Le léiomyosarcome est écarté devant l'absence de nécrose et de caractères
morphologiques de malignité, un index de prolifération faible et le contexte clinique atypique (absence de localisations pulmonaires).
Le sarcome du stroma endométrial est exclu car ils expriment intensément CD10 (marquage à analyser de façon prudente car
présent également dans 40% des léiomyomes cellulaires), et de plus, il n'existait pas de réarrangement du gène JAZF1 observé
dans les sarcomes endométriaux. La tumeur stromale gastro-intestinale périntonéale est éconduite devant l'absence d'expression de
CD34 et CD117 et l'expression des récepteurs hormonaux. L'absence de marquage EMA et calrétinine et d'exposition à l'amiante ont
écarté le mésothéliome malin péritonéal. L'absence d'expression immunohistochimique de Melan A et HMB45 élimine le diagnostic
de lymphangioléiomyomatose. Enfin, le profil évolutif de la LPD la distingue des tumeurs malignes. Le traitement de choix est la
suppression de la stimulation hormonale, son pronostic est bon. La chirurgie ne doit pas être recommandée. Néanmoins, de rares
cas récidivants et de transformation maligne ont été décrits, sans critère histopathologique prédictif défini. Concusion : Ce cas de
LPD illustre les difficultés diagnostiques de cette entité rare nécessitant une collaboration étroite entre cliniciens, radiologues et
pathologistes.
Introduction



Léiomyomatose péritonéale disséminée (LPD) = entité rare (une centaine de cas rapportés)
Présence de nodules péritonéaux de cellules musculaires lisses
Femmes jeunes sous contraceptifs oraux ou au décours d'une grossesse

Objectifs : rapporter un cas de LPD illustrant les difficultés diagnostiques de cette entité et ces
principaux diagnostics différentiels
Observation


Femme âgée de 30 ans suivie pour infertilité sous traitement hormonal
Résection d'un léiomyome utérin de croissance anormalement rapide
 1 an après : IRM pelvienne : récidive de la masse utérine associée à des nodules péritonéaux
→ Biopsies de nodules : prolifération tumorale sans nécrose bien différenciée de cellules fusiformes sans
atypies, avec un index mitotique de 1/10 champs (figures A et B)
Marqueurs exprimés
Marqueurs non exprimés
Actine musculaire lisse (AML, figure C), h-caldesmone
Récepteurs hormonaux (figure E : récepteurs aux œstrogènes –RE-)
Ki67 : 5% (figure F)
CD10 (faible –figure D- : absence de réarrangement du gène JAZF1 par FISH)
Calrétinine
Cytokératines
CD34
CD117

Diagnostic proposé : léiomyomatose



Quelques semaines plus tard : IRM : nouveaux nodules péritonéaux → résection de 2 d'entre eux
Macroscopie : nodules, mesurant 0,7 et 2,6 cm, solides, bien limités et blanchâtres
Aspect histopathologique comparable aux biopsies antérieures
Résultats
A. HES X200
B. HES X400
C. AML X400
D. CD10 X400
E. RE X200
F. Ki67 X400
Discussion et conclusion
Principaux diagnostics différentiels
Carcinose
péritonéale
Sarcome du stroma
endométrial
GIST péritonéale
Patientes âgées
Métastases
pulmonaires
Clinique
Histopathologie
Léiomyosarcome
Cellules cohésives
carcinomateuses
Expression des
cytokératines
Nécrose
Ki67 élevé
Mésothéliome
malin péritonéal
Lymphangioléi
omyomatose
Exposition à
l’amiante
Expression intense
du CD10*
FISH :
réarrangement du
gène JAZF1
Expression du
CD34 et CD117
Absence
d’expression des
RH
Expression
d’EMA et
calrétinine
Expression de
Melan A et
HMB45
RH : récepteurs hormonaux.
*CD10 : marquage à analyser de façon prudente car exprimé dans 40% des léiomyomes cellulaires

Profil évolutif de la LPD différent des tumeurs malignes :
 Bon pronostic (rares cas récidivants et de transformation maligne décrits : sans critère histopathologique prédictif défini)
 Traitement de choix = suppression de la stimulation hormonale
 Chirurgie non recommandée
Références bibliographiques succinctes :
Bucher M et al. Ann Pathol 2006 ; Trabelsi S et al. Gynecol Obstet Fertil 2001 ; Wiggins T et al. BMJ Case reports 2011
choristome vulvaire: à propos d'un
cas
S Azdad(1), C Attencourt(2),P Richard(3), D Chatelain(4), H Sevestre(5)
(1)service d'anatomie et cytologie pathologiques, place victor pauchet 80054 amiens cedex 1, amiens, france
(2)service d'anatomie et cytologie pathologiques, place victor pauchet 80054 amiens cedex 1, amiens, france
(3)centre de pathologie de picardie,53 rue jeanne d'arc, 80000 amiens,france
(4)service d'anatomie et cytologie pathologiques, place victor pauchet 80054 amiens cedex 1, amiens, france
(5)service d'anatomie et cytologie pathologiques, place victor pauchet 80054 amiens
Résumé
Les lésions du tissu mammaire ectopique vulvaire sont rares
Nous rapportons le cas d'une patiente de 52 ans, qui a subi l'exérèse d'une tumeur asymptomatique de la grande lèvre droite, présente
depuis l'enfance.
cette masse est un choristome et non un hamartome mammaire ectopique
L’histogenèse de ces lésions est incertaine et débattue.
Introduction:
Les lésions du tissu mammaire ectopique vulvaire sont rares . Seuls quelque cas sont rapporté dans la littérature.
Matériel et Méthode / Résultat:
La masse énucléée, lisse, de contour polycyclique, pèse 56 grammes, mesure 8x5x4cm..
A la coupe, il s'agit d'une masse d'aspect graisseux, contenant deux cavités mesurant 0,6 et 1cm à contenu mucoïde.
Histologiquement la composante adipeuse est faite d'adipocytes normaux et matures.
Les cavités macroscopiques correspondent à un territoire fibro-adipocytaire ponctué de structures épithéliales agencées en canaux
galactophoriques associés à quelques groupement acineux.
La composante épithéliale est toujours strictement régulière. Un petit canal est bordée par de la métaplasie apocrine.
En l’absence de tissu mammaire « normal » reconnaissable cette masse est un choristome et non un hamartome mammaire ectopique.
Discussion et Conclusion:
1
2
Hartung fut le premier en 1872 décrire une ectopie mammaire vulvaire. Bardsley Petterson a décrit 13 cas de carcinomes mammaires de localisation vulvaire. Les ectopies
de tissu mammaire sont retrouvées chez 1 à 6% de la population, découvertes entre 20 et 80 ans.3,4,5Une seule localisation ectopique est généralement décrite mais plus
6
7
de 10 localisations ectopiques chez la même patiente ont été rapportées . Kajava a proposé une classification selon la présence ou non de mamelon, aréole ou tissu
glandulaire. L'appellation doit être justifié par la présence ou non de tissu mammaire au voisinage.L’histogenèse de ces lésions est incertaine et débattue. Deux théories
s’affrontent sur l'origine de ces lésions bénignes.La première théorie avance qu'elles se développent sur du tissu mammaire issu de la crête lactée, axe qui s'étend de la
région axillaire a l'aine où s’aligneraient dès la cinquième semaine de grossesse les cellules progénitrices mammaires avant d'involuer, à l’exception de celles de la région
8
thoracique. Une involution incomplète expliquerait la présence du tissu mammaire ectopique. Cette théorié est contestée en 1994 par van der Putte car elle n'expliquerait
pas les ectopies péri-anales (bien loin de la crête lacté.) Pour lui les lésions se développeraient sur un tissu qualifié de «mammary like». Il s'appuie sur la présence de
cellules glandulaires spécialisées similaires aux cellules glandulaires mammaires (mais normalement présentes dans la région péri-anale). Ces cellules auraient un lien avec
les glandes eccrines1,9.Le tissu mammaire ectopique comme les glandes anogénitales exprime les mêmes récepteurs hormonaux détectables en immunohistochimie que
le tissu mammaire eutopique, à l'état normal ou lors de lésions bénignes et malignes
1,9
.
Les ectopies vulvaires de tissu mammaire sont rares et la littérature est pauvre, ce qui rend la classification difficile.
Les aspects histopathologiques de ces ectopies sont similaires à ceux du tissu mammaire eutopique.
Références :
1van der Putte SC. Anogenital « sweat » glands, Histology and pathology of a gland that may mimic mammary glands. Am J Dermatopathol, 1991;13:557-567 2Bardsley M,
4
Petterson C. Ectopic breast tissue presenting as a persistent vulva cyst. Aust N Z J Obstetr Gynaecol. 2004;44:166–167 David Cantu de Leon, Delia Perez Montiel, Hugo
Vazquez, Cesar Hernandez, et al. Vulval fibroadenoma: a common neoplasm in an uncommon site. World J. Surg. Oncol. 2009;7:70. 5Anunibi CC, Obiajulu FJN, Banjo AAF,
Okonkwo AOE. Vulval fibroadenoma associated with lactating adenoma in a 26 year old Nigerian female. Case reports in Pathology. 2013 article ID 195703, 3 pages.
2000;56(2):153–154. 6 Pathak S, Preston J. A rare case of multiple accessory breast tissue in the axillae, lower abdomen and vulval areas. Journal of Obstetrics and
8
Kajava Y. "The proportions of supernumerary nipples in the Finnish population". Duodecim 1915; 1:143-70. van der Putter SC,
Mammary-like glands of the vulva and their disorders, Int J Gynecol Pathol, 1994;13;150-160 9 R. Kalyani, Murthy V. Srinivas, and P. Veda, Vulval fibroadenoma — A report of
Gynaecology. 2007;27(5):531–533
7
two cases with review of literature Int J Biomed Sci. 2014 Jun; 10(2): 143–145.
Léiomyomatose péritonéale
disséminée iatrogène - Une entité en voie de
développement, à propos de 2 observations
S Leblanc (1), A Gressel (1), P Le Van Quyen (1), S Madis (1), L Oertel (1), MP Chenard (1), S Rohr (2),
E Boudier (2), G Averous (1).
(1) Département de Pathologie, (2) Département de Gynécologie-Obstétrique, (3) Département de
Chirurgie Digestive, Hôpital de Hautepierre, CHU de Strasbourg, 1 avenue Molière, 67100 Strasbourg,
France
Résumé
La léiomyomatose péritonéale disséminée (LPD) sporadique est une pathologie rare du péritoine de la
femme, de pronostic favorable, souvent de découverte fortuite lors d’une césarienne.
La fréquence de léiomyomes et de léiomyomatoses péritonéales disséminées augmente suite à des
pratiques chirurgicales gynécologiques d’hystérectomie et de résection endoscopique par morcellement
des léiomyomes. Les indications de ces interventions mériteraient d’être reconsidérées.
Introduction
La léiomyomatose péritonéale disséminée (LPD) est une pathologie rare de la femme en âge de
procréer, de pronostic favorable, fréquemment associée à de l’endométriose, le plus souvent diagnostiquée lors
d’une césarienne.
Sa physiopathologie est mal comprise mais l’incidence augmente depuis l’introduction des techniques
d’hystérectomie et de myomectomie par morcellement.
Observation
Une patiente de 37 ans présentait lors d’une césarienne de multiples nodules péritonéaux
pelviens et du mésentère, mesurant jusqu’à 1 cm, suspects de carcinose péritonéale. Le diagnostic de LPD était
porté à l’examen extemporané. Une myomectomie par hystéroscopie et des kystectomies ovariennes bilatérales par
coelioscopie pour kystes endométriosiques avaient eu lieu 5 ans auparavant.
Une patiente de 42 ans, aux antécédents d’hystérectomie subtotale par morcellement pour volumineux léiomyomes
(1007 g) et myomectomie par hystéroscopie respectivement 3 ans et 11 ans auparavant, souffrait de douleurs
abdominales et de diarrhées récurrentes. Le scanner découvrait une masse mésentérique de 2 cm suspecte. La
laparotomie exploratrice retrouvait de multiples nodules péritonéaux bien délimités, fasciculés, mesurant jusqu’à 3
cm, correspondant à un adénomyome et à de multiples léiomyomes d’une LPD caldesmon+, CD34-, CD117-, RO+,
RP+, associés à des granulomes résorptifs sur matériel exogène.
Léiomyome péritonéal
Adénomyome péritonéal
Léiomyomes péritonéaux multiples
Discussion
Ces deux cas de LPD surviennent après une intervention chirurgicale laparoscopique avec
fragmentation tissulaire. La pathogénie de la LPD est discutée : cause hormonale, terrain génétique ou iatrogène ?
Dans une série de 1470 interventions entre 2004 et 2011, Leren (2012) retrouve une incidence de léiomyomes par
implantation secondaire, qualifiés de « parasitiques », dans 0,12% des chirurgies laparoscopiques avec
morcellement.
La chirurgie laparoscopique avec fragmentation tumorale est remise en cause par la FDA en raison d’autres
situations plus dramatiques. Partant d’une fréquence de sarcomes utérins non diagnostiqués en préopératoire de
1/350 myomectomies, elle met en garde devant le risque de dissémination cellulaire lors de myomectomies par
morcellement et conseille en avril 2014 l’éviction de ces pratiques chirurgicales. Elle préconise à défaut l’utilisation
d’un sac de récupération tissulaire per-opératoire et demande que les patientes soient informées du risque de
dissémination tissulaire.
Conclusion
La fréquence des LPD iatrogènes augmente suite aux pratiques chirurgicales gynécologiques avec
morcellement des léiomyomes. Les indications de ces interventions mériteraient d’être reconsidérées.
Référence
Parasitic leiomyomas after laparoscopic surgery with morcellation, Leren and al, Federation of
societies and Gynecology 91 (2012) 1233-1236
Les tératomes immatures de l’ovaire
Étude de 33 cas
L Ayadi, M Mellouli, S Makni, S Charfi, N Abid, M Ksontini, N Gouiaa, T Boudawara
Laboratoire d’anatomie et de cytologie pathologiques, CHU Habib Bourguiba, Sfax, Tunisie
Résumé
Les tératomes immatures de l’ovaire (TIO) sont des tumeurs germinales malignes non séminomateuses
représentant moins de 1% des tumeurs malignes de l’ovaire. Ils sont classés en trois grades de gravité
croissante selon l’importance du contingent de cellules immatures. Le but de notre étude est de dégager les
caractéristiques anatomo-cliniques et thérapeutiques des TIO. Il s’agit d’une étude rétrospective portant sur
33 cas de TIO colligés dans notre laboratoire sur une période de 24 ans (1990-2013). L’âge moyen de nos
patientes était de 25,3 ans. La cytologie péritonéale pratiquée chez 7 patientes était négative. Le traitement
chirurgical était conservateur dans 30 cas et radical dans 3 cas. La taille moyenne était de 18.5 cm. Le
tératome était de grade I dans 23 cas, de grade II dans 7 cas et de grade III dans 3 cas. Une effraction
capsulaire était notée dans 3 cas. Le contingent immature était noté au niveau du tissu glial dans tous les
cas et au niveau du tissu cartilagineux dans 1 cas. Le recul moyen était de 16 mois. La récidive tumorale
était notée dans 2 cas de TIO de grade III sous forme de gliomatose péritonéale et de métastases
hépatiques respectivement. Le TIO est une tumeur potentiellement maligne dont le pronostic est directement
corrélé au grade histologique. Ainsi, un échantillonnage soigneux de la pièce opératoire est nécessaire pour
grader correctement la tumeur. La prise en charge thérapeutique reste discutée entre la chimiothérapie
adjuvante ou la prise en charge chirurgicale seule.
INTRODUCTION
 Le tératome immature de l’ovaire (TIO) est une tumeur germinale maligne non séminomateuse représentant
moins de 1% des tumeurs malignes de l’ovaire.
 Son développement se fait aux dépens de cellules issues des trois feuillets embryonnaires (endo-, meso- et
ectoderme). Ils sont classés en trois grades de gravité croissante selon l’importance du contingent de cellules
immatures.
 Il s’accompagne rarement d’implants péritonéaux qui sont représentés essentiellement par du tissu glial
mature d’évolution souvent bénigne.
 Le but de notre étude est de dégager les caractéristiques anatomo-cliniques et thérapeutiques des TIO.
MATÉRIEL ET MÉTHODES
 Il s’agit d’une étude rétrospective portant sur 33 cas de TIO colligés dans le laboratoire d’anatomie et de
cytologie pathologiques du CHU Habib Bourguiba de Sfax sur une période de 24 ans (1990-2013).
 Les données cliniques et évolutives ont été recueillies après l’étude des dossiers cliniques des malades.
 Les grades histologiques des TIO ont été établis selon le système de grading de Norris.
Tératome immature: tumeur kystique
comportant des bourgeons
endoluminaux
Tissu glial immature réalisant des tubes
neuro-épithéliaux et des pseudo-rosettes
(HEx200)
Résultats
 Âge moyen: 25,3 ans (extrêmes :14 et 48 ans).
 Clinique: Douleur (20 cas), augmentation du périmètre
abdominal et troubles menstruels (15 cas).
 L’échographie avait évoqué le diagnostic de tératome
dans 22 cas en objectivant une masse abdominopelvienne mixte solido-kystique.
 Traitement chirurgical: conservateur (30 cas)
radical (3 cas).
 Taille moyenne de la tumeur 18.5 cm.
 Grade : I dans 23 cas, II dans 7 cas et III dans 3 cas.
 Une effraction capsulaire était notée dans 3 cas.
 Le contingent immature était noté au niveau du tissu
glial dans tous les cas et au niveau du tissu cartilagineux
dans 1 cas.
 Récidive tumorale: notée dans 2 cas de TIO de grade
III sous forme de gliomatose péritonéale et de
métastases hépatiques.
Lobule de cartilage immature de
type fœtal (HEx400)
DISCUSSION ET CONCLUSION
 Le pronostic du TIO est directement corrélé au grade histologique:
- TIO de grade I de meilleur pronostic (survie à 5 ans évaluée entre 81 et 94 % dans la littérature.
- TIO de grade 3: taux de récurrence et de décès plus élevés.
 Un échantillonnage soigneux de la pièce opératoire est nécessaire pour grader correctement la tumeur.
 La prise en charge thérapeutique reste discutée entre la chimiothérapie adjuvante ou la chirurgie seule
(conservation maximale du potentiel fertile).
Références
1- Fattaneh A. Tavassoli and Peter Devilee . Pathology and Genetics of Tumours of Female Genital Organs. 2- Noun, M. Ennachit, H. Boufettal, K.
Elmouatacim, N. Samouh . Tératome immature de l’ovaire avec gliomatose péritonéale. A propos d’un cas et revue de la littérature. Journal de
Gynécologie Obstétrique et Biologie de la Reproduction. 2007;:36;6:595-60.
Adénofibrome endométrioïde borderline
de l’ovaire. À propos d’un cas
Y Sghaier, A Moussa, F Hammedi, N Ben Abdejelil, I Haddad, R Hadhri, L Njim, A Zakhama.
Service d'Anatomie & de Cytologie Pathologiques, Hôpital Fattouma Bourguiba, Monastir, TUNISIE
Résumé
Introduction : Les tumeurs endométroides borderline (TEB) de l’ovaire sont très rares représentant 3 à 18% des tumeurs
endométrioïdes et moins de 1% de l’ensemble des tumeurs malignes ovariennes. Il n’y a pas de consensus sur les critères
distinctifs avec les adénocarcinomes endométrioïdes bien différenciés.
Objectif : Rapporter un nouveau cas d’une TEB et discuter les critères du diagnostic positif et différentiel.
Méthodes : Les aspects anatomo-cliniques et évolutifs de notre observation sont présentés et confrontés avec les données de
la littérature.
Résultats : Patiente âgée de 76 ans, sans antériorités, qui consultait pour des douleurs pelviennes. L’échographie montrait une
formation kystique de l’ovaire droit, de 14 cm de diamètre et de contours réguliers. Une hystérectomie avec annexextomie
bilatérale a été réalisée. L’examen macroscopique de l’annexe droite montrait une masse solido-kystique accolée à la trompe
avec une paroi comportant de multiples végétations endokystiques. A l’examen histologique la partie kystique avait un
revêtement de type endométrial qui montrait une pseudostratification des noyaux et des atypies nucléaires légères. Les zones
solides étaient formées par des cavités tapissées par le même type d’épithélium sus décrit au sein d’un tissu conjonctif fibreux
sans images d’infiltration.
Le diagnostic de cystadénofibrome endométrioïde borderline de l’ovaire droit a été retenu.
Discussion : L’adénofibrome endométrioïde borderline de l’ovaire est une des formes architecturales des tumeurs
endométrioïdes borderlines de l’ovaire avec la forme villo-glandulaire et la forme combinée. Ce type des tumeurs ovariennes
appelées également tumeurs endométroïdes prolifératives atypiques est très rare. L’âge moyen de survenue est de 55 ans. Les
tumeurs sont souvent unilatérales de stade I. Une endométriose associée est retrouvée dans 1/3 des cas. Ces tumeurs
montrent un aspect glandulo-kystique complexe avec un épithélium endométrial proliférant et sont distinguées des
adénocarcinomes par l’absence d’invasion destructrice, de confluence glandulaire et de disparition du stroma fibreux.
Le pronostic est excellent même en cas de présence de carcinome intraépithélial et de microinvasion. Mais il existe un risque
accru de développer un adénocarcinome endométroïde dans l’ovaire controlatéral ou dans l’endomètre. Une surveillance
prolongée est donc recommandée.
Conclusion : Les TEB de l’ovaire sont très rares. Elles doivent être distinguées des adénocarcinomes endométrioïdes du fait
de leur excellent pronostic.
Introduction:
Les tumeurs endométrioïdes ovariennes sont rares (2-4 %) et dominées par les carcinomes. Les tumeurs
endométrioïdes borderline (TEB) ne représentent que 2-3% des tumeurs ovariennes borderline.
Trois variantes architecturales de TEB sont décrites: adénofibromateuse , villoglandulaire(papillaire), et combinée
Il n’y a pas de consensus sur les critères du diagnostic positif et différentiel de ces tumeurs (surtout avec les
adénocarcinomes endométrioïdes bien différenciés).
Le pronostic reste favorable même en cas de microinvasion et de carcinome intra-épithélial.
Matériel et Méthodes :
Patiente âgée de 76 ans, sans antériorités, qui consultait pour des douleurs pelviennes.
L’échographie pelvienne a montré une formation kystique solido-kystique de l’ovaire droit, de 14 cm de diamètre
 Une hystérectomie avec annexextomie bilatérale a été réalisée
Résultats :
L’examen macroscopique : une masse solido-kystique de 12 cm accolée à la trompe avec une paroi comportant de
multiples végétations endokystiques.
L’examen histologique : La partie kystique (fig. 1) avait un revêtement de type endométrial qui montrait focalement une
pseudostratification des noyaux et des atypies nucléaires légères. La partie solide (fig. 2) était formée par des glandes parfois
kystiques souvent confluentes tapissées par l’épithélium sus décrit au sein d’un tissu conjonctif fibreux sans images
d’infiltration destructrice. Plusieurs morules mapighiennes étaient notées.
Diagnostic retenu: cystadénofibrome endométrioïde borderline de l’ovaire droit.
Discussion et conclusion:
L’âge moyen de survenue des TEB est de 55 ans (extrêmes : 26-86 ans).
 Ces tumeurs sont souvent unilatérales de stade I.Une endométriose associée est retrouvée dans 1/3 des cas.
Diagnostic positif: pas de consensus !
Architecture: papillaire/glandulaire et/ou adénofibromateuse (adénofibrome présent dans 50% des cas)
 Confluence glandulaire sans fusion, pseudostratification cellulaire et atypies légères à modérées.
 Les critères de microinvasion : infiltration du stroma par des cellules tumorales isolées ou regroupées en petits ilots
sur moins de 10 mm² de surface ou une confluence glandulaire sans stroma interposé de moins de 5 mm.
Des atypies épithéliales sévères sont diagnostiques d’un carcinome intraépithélial.
Diagnostic différentiel: surtout avec un adénocarcinome bien différencié. Ce diganostic est retenu en présence d’invasion
destructrice de plus de 10mm² ou de zones de confluence glandulaire de plus de 5 mm.
Le pronostic est excellent même en cas de présence de carcinome intraépithélial et de microinvasion. Mais il existe un
risque accru de développer un adénocarcinome endométroïde dans l’ovaire controlatéral ou dans l’endomètre. Une
surveillance prolongée est donc recommandée.
Références :
Roth LM, Emerson RE,. Ovarian endometrioid tumors of low malignant potential: a clinicopathologic study of 30 cases with comparison to welldifferentiated endometrioid adenocarcinoma. Am J Surg Pathol. 2003 Sep;27(9):1253-9.
Seidman JD, Soslow RA, Vang R, Sherman ME et al. Borderline ovarian tumors : diverse contemporary viewpoints on terminology and diagnostic criteria
with illustrative images. Hum Pathol 2004 ; 35(8):918-933.
Bell KA, Kurman RJ. A clinicopathologic analysis of atypical proliferative (borderline) tumors and well-differentiated endometrioid adenocarcinomas of the
ovary. Am J Surg Pathol. 2000 Nov;24(11):1465-79