Librairies et coopératives
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Librairies et coopératives
Participer 654 )Zoom( Librairies et coopératives : de belles rencontres Crise de l’édition, implantation locale, esprit collectif, expliquent que de plus en plus de librairies se transforment en coopératives. « C’est une belle histoire de passer en Scop » : avec cette affirmation de Mireille Rivalland, co-gérante de la librairie L’Atalante à Nantes, il n’y aurait pas besoin de beaucoup plus de mots pour expliquer le boom des librairies en coopératives. Et lorsqu’elle ajoute que « la transformation en Scop a permis de nous donner les habits d’une entreprise, de changer nos relations au travail et d’intéresser clientèle et collectivités à notre projet », on comprend mieux la création récente d’une douzaine de librairies en coopératives. L’aventure de l’Atalante, librairie et maison d’édition, a démarré en 1979 avec Pierre Michaut, qui en 2012, proche de la retraite, a choisi de transmettre la librairie à ses huit salariés qui ont mis la même participation au capital. « Le passage en Scop nous a rassurés sur notre organisation et sur notre volonté de construire ensemble, poursuit Mireille Rivalland. En créant notre entreprise collective, on a pu garder notre indépendance. » Garder son indépendance C’est précisément pour retrouver cette indépendance que la Librairie les Volcans, à Clermont-Ferrand, s’est recréée en Scop l’année dernière. Cette grosse librairie de 1 700 m2 comptait en 2013 33 salariés, dont le sort était suspendu à celui du réseau Chapitre, racheté en 2010 par un fonds de pension, qui a ensuite souhaité s’en dessaisir. « Quand nous avons finalement été mis en liquidation fin 2013, évoque Mireille Lebeau, co-gérante de la Scop Les Volcans, une de nos collègues a immédiatement pensé à la poursuite en coopérative. Le principal obstacle a été d’attendre d’être licenciés pour mettre nos indemnités dans le capital. La librairie a dû être fermée quelques mois, mais nous avons rassemblé 300 000 euros à 12 salariés pour une partie du capital. » Les Volcans ont rouvert en août dernier, et ont même ré-embauché 19 salariés de 20 à 58 ans, qui auront vocation à devenir sociétaires. Tout l’écosystème local s’est mobilisé pour sauver la seule grande librairie indépendante de Clermont : les clients, qui étaient plus d’un millier à l’ouverture, les 24 collectivités, ainsi que les maisons d’édition, qui ont consenti des différés de paiement, essentiels dans le métier de libraire, qui a une rentabilité faible, mais des besoins de trésorerie élevés. Impliquer les salariés et les lecteurs Dans la Loire, à Firminy, ce n’est ni à une transmission en douceur, ni à une sauvegarde, que s’est trouvé confrontée la librairie du Breuil. Il s’agissait plutôt de consolider la seule librairie de la Vallée de l’Ondaine, pour que ce territoire ne devienne pas un désert littéraire ! « Je suis venu créer la librairie il y a deux ans, explique Raphaël Brouaillier. Comme l’activité stagnait, j’ai choisi de lui donner un nouvel élan, en impliquant les amateurs de livres. La Scic est en voie de création. De nombreux lecteurs ont déjà acheté des parts et certains participent à un comité restreint pour m’aider dans la gestion et l’animation de la librairie.» Les outils coopératifs intéressent les professionnels du livre aujourd’hui, concluent ces trois libraires. Des deux côtés, la solidarité et l’esprit collectif sont mis en avant. Eric Larpin n Une coopérative de librairies à Taïwan À Taïwan aussi, on se regroupe en coopérative. Taiwan Friendly Book Suppliers Cooperative est née en début d’année et rassemble déjà une quarantaine de librairies locales. L’enjeu n’est pas ici la prise en main des salariés au sein de la librairie, mais de se regrouper à un second niveau entre librairies pour affronter la concurrence des librairies géantes en ligne. Chaque membre a apporté des fonds dans la création de la coopérative. La coop négocie pour eux des remises auprès des éditeurs, pour qu’elles proposent des réductions aux lecteurs. Une plateforme de gestion des stocks et des livraisons a été aussi mise en place. (avec Taïwan Info) PARTICIPER Mars • Avril • Mai 2015