«Au nom du Dieu clément et miséricordieux! Grâces soient rendues
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«Au nom du Dieu clément et miséricordieux! Grâces soient rendues
«Au nom du Dieu clément et miséricordieux! Grâces soient rendues au Dieu grand et glorieux! Car l’adoration approche l'homme de la divinité et la reconnaissance envers elle lui attire de nouveaux bienfaits.» Université d’Ispahan Faculté des Langues Etrangères Département de la langue et de la littérature françaises Master II La moralité et les personnages dans les Fables de La Fontaine et Gulistan de Saadi. Sous la direction de: Dr. Majid Youssefi Behzadi Professeur consultant: Dr. Mohammad Djavad Shokrian Par: Zahra Hadâéghi Octobre 2010 Mes sincères remerciements s'adressent à Monsieur le docteur Youssefi Behzadi pour son aide sans laquelle ce travail n'aurait pu être réalisé et dont le soutien m’accompagne tout au long de cette étude. Je souhaite présenter mes remerciements aux autres professeurs de l’université d’Ispahan qui m’offrent gentiment leur savoir. Je souhaite en outre remercier les professeurs de l’université Ferdowsi pour toutes les connaissances acquises pendant 4 ans, celles qui ouvre de nouveaux horizons, dans ma vie. Je tiens à dédier cet humble travail à mes parents; au regard de mon père qui m’encourage et qui me soutient et au sourire de ma mère qui me donne la vie. Résumé L’homme d’aujourd’hui, tenté de trouver les similitudes et les ressemblances qui existent entre les diverses cultures par le biais d’un langage commun afin de s’approcher davantage de ses semblables. C’est ce qui lui permet de se connaître par autrui et découvre les autres avec cohérence. Dans le domaine littéraire, la comparaison ouvre de nouveaux horizons aux chercheurs et aux spécialistes. Puisque la littérature est le miroir de la société où les mœurs apparaissent comme un instrument efficace pour apprécier la condition humaine réellement. Dans cette étude, on envisage de bien analyser les messages mystiques de La Fontaine et de Saadi à travers leurs ouvrages très connus, Les Fables et Gulistan. Les préceptes moraux présentés sont basées sur de riches sources culturelles. Dans ses fables, l’auteur français crée un monde animalier où la diversité des caractères remonte à un goût fécond. Les bêtes sont personnifiées à l’image des hommes, tout en jouant un rôle pour pouvoir leur donner des leçons morales de manière les orienter vers le salut. Quant aux historiettes de Gulistan, tirées des voyages nombreux de Saadi, elles dessinent un vif tableau de la vie sociale des Iraniens. Mais l’auteur met l’accent sur les messages éducatifs de ses récits afin de corriger les mœurs des individus en créant une image nette de la laideur et de la bonté. Enracinés dans l’histoire, les Français et les Iraniens peuvent bien montrer les principes culturels de deux contrées, Occident et Orient. La ressemblance et la similitude évoquées dans l’analyse des œuvres de nos deux poètes désignent l’importance de cette entreprise. Les protagonistes des Fables et de Gulistan participent activement à montrer aux hommes le bon chemin et aussi le but commun de La Fontaine et de Saadi dans leur productions poétiques. Le thème de la morale est présent chez des auteurs orné d’un regard satirique et parfois ironique sur l’homme et sur la société. Mots clés: Moralité- l’anecdote- la concession- justice- générosité Abstract The man of today, tried to find similarities and similarities between different cultures through a common language in order to get closer to his fellows. This is what allows him to know by others and discovers the other consistently. In literature, the comparison opens new horizons for researchers and specialists. Since literature is a mirror of society where manners appear to be an effective tool to assess the actual human condition. In this study, it is intended to thoroughly analyze the mystical messages of La Fontaine and Saadi through their well-known works, The Fables and Gulistan. The moral precepts are presented based on rich cultural resources. In his fables, the French author creates a world where animal diversity of the characters back to a fruitful taste. The animals are personified in the image of men, while playing a role in order to give them moral lessons so as orient them towards salvation. As for the stories of Gulistan, taken many trips to Saadi, they paint a vivid picture of the social life of Iranians. But the author focuses on the educational messages of his stories in order to correct the morals of individuals by creating a clear image of the ugliness and goodness. Rooted in history, the French and the Iranians may well show the cultural principles of two regions, West and East. The similarity and the similarity mentioned in the analysis of works of our two poets designate the importance of this undertaking. Fables of the protagonists and actively participate in Gulistan show men the right path and also the common goal of La Fontaine and Saadi in their poetic productions. The theme of morality is present in authors decorated with a satirical and sometimes ironic look on man and society. Keywords: Morality- story- concession- justice- generosity Table des matières Titre Page Introduction…………………………………………………………………..c Chapitre1: Saadi et la situation sociale de son temps 1-1- La critique sociale…………………………………………...2 1-2- Perspective didactique de Gulistan……….………...……….8 1-3- Choix de personnages……………………………………….13 1-4- De la moralité apparente à la littérature didactique ………18 1-5- Caractéristique du langage de Saadi………………………..22 Conclusion partielle……………………………………..……....…27 Chapitre2: La Fontaine face aux événements sociaux 2-1- Notion de justice chez la Fontaine……………………....….30 2-2- L’univers social vu dans le comportement des animaux...…36 2-3- Caractéristiques morales des personnages………………….41 2-4- Globalité du ton satirique de la Fontaine…………….….......47 2-5- Moralité comme une polémique sociale……………….....…52 Conclusion partielle…………………………………………...........57 Chapitre3: Aux sources des idées similaires de la Fontaine et de Saadi 3-1- Esprit commun dans l’écriture réaliste…………...……....…60 3-2- Confrontation du message didactique dans quelques récits sociaux……………………………………………..…….....65 3-3- Du goût critique à la morale sociale; observation et société……………………………………………….….….70 Titre Page 3-4- Vers une originalité socioculturelle……………..…….........75 3-5- Comparaison analytique des personnages et leur efficacité……………………………………………….….81 Conclusion partielle……………………………...………….….….85 Conclusion générale…………………………………………….………......86 Bibliographie……………………………………………………..……....…95 Introduction Les œuvres littéraires, selon leur forme et leur contenu, sont placées dans les différents genres. La poésie et la prose offrent aux écrivains les divers principes qui rendent, chacune à sa manière, leurs paroles attirantes et agréables chez les lecteurs. La poésie versifiée, vise à suggérer quelques choses au moyen de combinaisons de mots, de l’harmonie des sonorités et des images. La prose, dépourvue des limites métriques, ouvre de nouvelles voies aux écrivains. Qu’il soit en prose ou en poème, un ouvrage est bien identifié d’après son contenu et son but. Il peut être didactique sous forme des genres comme épique, théâtral voire narratif. Connus dans le monde entier comme chefs-d’œuvre de la littérature, depuis leur parution, Gulistan de Saadi et Les Fables de La Fontaine, en prêchant un but didactique, attirent les gens de tout groupe social. En représentant un genre dont les auteurs se proposent d’instruire leurs lecteurs, la fable et l’historiette (hikâyât) exposent des connaissances ou des préceptes convenables pour bien vivre. Selon la définition du dictionnaire Le Robert, le mot «didactique» dérivé du grec «διδακτικός» signifie "propre à instruire". Mais les œuvres qui se rangent dans le genre didactique ne se caractérisent pas toujours par une simple fonction informative, c’est de ce point de vue qu’elles font partie de la littérature. Certes, on fait entrer dans cette catégorie des textes dont le but est d’instruire mais par des formes toutes diverses. La plupart des littératures offrent des œuvres destinées à présenter, sous les ornements littéraires, des conseils relatifs à la morale, à la religion et aux techniques. Le genre peut impliquer différentes formes: la satire, la fable, l’épître morale, les théogonies etc. La fable désigne un récit allégorique dont on tire une moralité insérée explicitement ou implicitement dans le texte. D’une autre façon on peut dire que la fable est un récit, en prose ou en vers, qui cache une moralité sous le voile d’une fiction où les animaux sont les protagonistes. Mais cette définition apparaît incomplète car ses personnages sont parfois les objets, les arbres ou autres. Sur l’originalité des fables se trouvent souvent des hypothèses abondantes. Mais ce qui est plus réelle comme source convenable est celle d'une réalité qui englobe à la fois le conte et la fable. Le plus ancien recueil d’apologues connu est encore le Pantchatantra. Cette source indienne, en contenant la plupart des fables et des contes qui parcourent le monde entier, se montre comme une observation pure et simple des faits embellis par les procédés littéraires. Le Pantchatantra et ses dérivés comme Hitopadeça, Calila et Dimna et le Livre des lumières sont attribués aux diverses personnes comme Bidpaï. Ce recueil est subdivisé en plusieurs livres: livre I, la Brouille des amis; livre II, l'Acquisition des amis; livre III, Guerre des corbeaux et des hiboux; livre IV, la Perte de ce qu'on a acquis; livre V, Danger des actions irréfléchies. Cet ensemble constitue un traité compliqué de politique et de morale. Chaque livre de ce recueil comprend un apologue principal qui contient à sont tour une série de fables récitées par les personnages de la fable principale. On trouve certaines fables de ce livre reproduites dans Les Fables de La Fontaine entre autre les Animaux malades de la peste, Tortue et les deux Canards, le Lion et le Rat, Lion et du Moucheron, les Membres et l’Estomac, ainsi que le Chat, la Belette et le Petit Lapin et l’Ane vêtu d’une peau du lion. Les fables ésopiques trouvées chez les grecs comme celles d’Hésiod, assimilent à des éléments significatifs autonomes, maximes de prudence ou de morale surgies d’un simple récit. Empruntant certaines composantes aux cultures de l’Asie Mineure et de l’Egypte, la fable s’ouvre une place dans la littérature ainsi que dans la philosophie grecque. Socrate versifie dans sa prison quelques récits d’Esope et Aristote insère la fable parmi ses arguments oratoires. Les romans ne modifient pas la fable empruntée aux grecs. On connaît chez Horace les fables ésopiques reproduites plus tard par La Fontaine comme la Belette entrée maigre dans un grenier, le Cerf et le Cheval, le Rat de ville et le rat des champs, dans ses livres: Epîtres ainsi que Satire. Mais parmi les écrivains latins, c’est Phèdre qui compose un recueil de fables. Après les auteurs grecs et latins, le Moyen âge voit la suite des créations dans le genre: l’un des plus connus appartient à Marie de France. Le Moyen âge manifeste un fort goût pour la fable. Dépassant le cadre de la fable, le fameux Roman de Renard, c’est une épopée animalière et aussi une satire mordante et spirituelle du monde féodal. Viennent ensuite les Ysopets (petits Esope) qui en langue vulgaire continuent la tradition gréco-latine. En vers huit syllabes et à rimes plates, ils expriment le moindre détail des mœurs du temps ou les événements contemporains. C’est alors que vit le premier fabuliste français, Marie de France qui fait introduire un caractère de personnalité dans ces récits, ce qu’on ne voit pas dans les recueils populaires. Tout comme en Europe, les auteurs persans choisissent de différents genres en vue de glorifier en commun le genre humain. Simultanément à l’épanouissement indéniable de la poésie en Iran, les genres prosaïques sont développés lentement dans les directions les plus distinctes. Pour mieux expliquer leur pensée, les écrivains se consacrent à des formes favorables. Les récits courts s’apprêtent au traitement des questions mystiques, philosophiques et morales, qu’elles soient en prose comme Asrar al-Tawhid ou en poésie, comme Masnavi de Rûmi. Donc durant des siècles, leur forme et leur contenu ont changés, se sont enrichis et se sont adaptés aux besoins des lecteurs. Dans la littérature persane, il s’agit des chefs-d’œuvre dans lesquels, l’auteur tente de donner des leçons sur les diverses difficultés que ce dernier rencontre dans la société. Entre autres on peut citer Le livre des rois de Ferdowsi, Siasset namèh de Nezam al-mulk, Khamsé de Nizami, Bustan et Gulistan de Saadi et bien d’autres qui relatent de manière réaliste et parfois symbolique la conscience, la pensée et les expériences des Iraniens au cours de l’histoire. Ces recueils destinés à orienter les gens dans la bonne voie, malgré leur complexité de messages, attirent toujours les lecteurs de goûts variés. Avant le XIIIe siècle où vit Saadi, d’autres écrivains tentent de présenter des enseignements sur la conduite. Siasset namèh est le livre le plus ancien connu dans ce domaine. Il consiste à un traité de gouvernement, écrit au Xe siècle par Nizam al-mulk. Vers la même époque, Unsur al-Ma`âlî Qâbûs ben Wuchmagîr écrit à son fils, désormais roi, un recueil des règles de conduites, Qâbûs Nâmeh. Nasihat al-muluk est rédigé par Ghazali le siècle suivant. Mais certes, le livre le plus connu reste Kelileh va Demneh qui a une origine indienne. Nasrollah monshi le traduit de l’arabe mais il n’est pas seulement un traducteur, il y ajoute des remarques et y applique son style. Avec les livres comme Chahar Maqaleh de Nizami Arudhi Samarqandi et le recueil d'anecdotes intitulé Jawami ul-Hikayat de Zahiriddin Nasr Muhammad Aufi l’écriture des récits courts est poursuivie. En fait, C’est le XIIIe siècle et la rédaction de Gulistan par Saadi, qui bouleverse les styles excessifs fréquents à l’époque. Désormais, sont créés des recueils à l’imitation de ce livre de Saadi comme Bîmâristân de Djami et les ouvrages d’Obeid Zakani entre autre Resaleh-ye Delgosha, Akhlaq al-Ashraf ("Éthique de l’aristocratie") et la célèbre fable humoristique Masnavi Mush-O Gorbeh ("La souris et le chat"), qui est une satire politique. Comme il est déjà signalé tous les livres, caractérisés sous le nom de la littérature didactique cherche un but: instruire des gens, mais les procédés de chacun sont divers. La majorité des préceptes enseignés est commune mais, les personnages, l’action, la manière de la narration et la forme du récit sont bien divers. Des personnages, de caractères dissemblables, expriment les leçons applicables. Quant à La Fontaine, certains le considèrent comme un copieur qui n’a rien inventé, mais il est certain que sans sa contribution, les noms d’Esope et de Phèdre, n’auraient pas le retentissement qu’ils ont maintenant. Certes, La Fontaine se laisse inspirer par des fables anciennes, mais il les améliore, renouvelle et les réécrit dans une langue agréable à lire. Son œuvre marquée en grande partie par l’inspiration libertine, comprend du théâtre et des odes. Elle met en scène les plaisirs raffinés et cultivés parfois mélancoliques, apportés par l’amitié, l’amour, la nature, l’art et le découlement du temps. L’auteur sensible au plaisir des lecteurs, applique le charme et la variété des formes littéraires. Les Fables donnent l’image d’un monde âpre où le fabuliste développe une philosophie du bonheur qui doit autant au stoïcisme qu’à l’épicurisme. La morale qui vise l’orientation de l’homme vers le Bien, est rendue plaisante par le pittoresque d’un récit qui met en scène des animaux, images symboliques des hommes. La Fontaine y insère une perspective sociale avec une tonalité ironique et satirique. La justesse, la générosité et la concession sont les thèmes abordés dans les discours didactiques mais c’est la manière de traiter ces sujets qui distingue La Fontaine des autres. L’autre auteur abordé dans cette recherche c’est Saadi évoqué plus haut. Le poète iranien, vit au XIIIe siècle. Grand voyageur, il évoque dans ses livres tous les milieux visités afin d’enrichir ses récits dans le cadre d’un enseignement moral par des cheminements imaginaires et réels. Il est difficile de distinguer les vraies expériences du poète qui renvoient à la vie de ce dernier, des histoires inventées. Sa réputation de son vivant, même souligne son importance culturelle et sociale: les peuples voisins le connaissent et savent par cœur ses vers, ce qui est rare dans le monde littéraire. Le livre le plus lu et le plus connu de Saadi dans le monde entier, c’est Gulistan ou Le jardin des roses, composé de récits moraux, sociaux et de maximes. Son talent surgit autant dans la prose, comme on peut le voir dans Gulistan, que dans la poésie de Boustan et ses odes lyriques. Ce qui différencie Saadi des autres poètes c’est sa langue ornée d’un goût parfait. Toujours exemple de l’éloquence et de la beauté de la langue, Gulistan attire encore aujourd’hui les lecteurs qui utilisent ses mots comme proverbes qui reflètent la société. Rédigé dans une langue très musicale, ce livre rappelle les poèmes didactiques de Saadi par sa finesse et son harmonie. Divisé en huit chapitres, "les faits des rois", "le caractère des ermites", "les bienfaits de l’économie", "les bienfaits du silence", "l’amour et la jeunesse", "la faiblesse et la vieillesse", "l’influence de l’éducation" et "l’art de discourir", le poète y profite des anecdotes pour illustrer la morale qu’il vulgarise. Son habilité dans les règles de la rhétorique, de la poésie persane ou arabe, sa connaissance des mœurs et de la religion lui offrent une originalité inimitable. Il observe les domaines variés de la vie humaine et fait de lui un témoin fidèle de son temps. Dans la littérature persane nombreuse sont les livres qui suivent les démarches de Gulistan; le plus connu reste Baharestan de Djami. Dès la traduction du livre en français par André Ryer, en Allemand par Ochsenbach, il exerce une grande influence. Les Européens le lisent et l’aiment. Saadi est l’écrivain persan le plus connu en Europe. Avec la réception forte de Gulistan autant en Iran qu’en dehors des frontières culturelles de ce pays, nous pouvons bien estimer la valeur de ce livre dans la littérature et la morale universelle. D’autre part les Fables de La Fontaine suscitent beaucoup de jugements sur les préceptes et les exemples qui y sont présentés. Malgré sa très grande réussite depuis sa parution, il est parfois contrarié à ce qu'il voulait mettre en usage dans la société de son temps. Au XVIIIe siècle, Rousseau y trouve des immoralités. Dans son Emile, il déconseille la lecture de ce livre, jugé plein de messages contre la morale, aux enfants. Au XIXe siècle, Lamartine le qualifie à son tour néfaste à l’orientation et à l’information des jeunes. Cette recherche tente d’identifier et de vérifier dans ces deux livres, Gulistan et Les Fables, les préceptes qui orientent l’homme vers la perfection. La confrontation de ces deux ouvrages s’accomplit dans le but de connaître les thèmes similaires améliorant les conditions de la vie humaine par une analyse pertinente de leur contenu. Cette étude comparative des préceptes et des personnages cherche à ouvrir de nouveaux horizons qui donnent l’accès à l’appréciation des valeurs culturelles communes chez les Français et les Iraniens. La variété des moyens d’exprimer les messages édifiants dans ces deux livres ainsi que les sujets identiques qui provoquent des points de vue opposés ou similaires seront élargis dans les chapitres concernés, tout en facilitant le chemin de la perfection des connaissances littéraires des auteurs en question. Pour aboutir à nos fins, on divise le travail en trois chapitres subdivisés euxmêmes en cinq parties. Dans le premier, nous traitons Saadi, ses caractéristiques littéraires et la situation de son temps dans l’idée de le présenter davantage dans Gulistan. Dans le second, nous aborderons la position de La Fontaine face aux événements sociaux par lesquels il s'efforce de créer la satire sociale dont les reflets se voient chez ses protagonistes. Dans le dernier, nous examinerons les idées similaires de La Fontaine et de Saadi afin de mettre en évidence leurs points similaires et d'en faire la synthèse qui pourrait être le pivot de toute évolution littéraire. L'exemple de Saadi et de La Fontaine est là pour le prouver. Chapitre 1 Saadi et la situation sociale de son temps Pour une meilleure connaissance de la particularité des idées mystiques de Saadi, il est possible de se référer à une période particulière où ce dernier apparaît comme une figure centrale de son temps. Ayant vécu en pleine invasion des mongoles, Saadi en est bien influencé. Les historiettes de Gulistan, chacune à son tour, nous dévoile les manières de vivre du peuple et des gouverneurs. La société brossée dans le livre est un reflet fidèle de la réalité de l’époque, une vie dominée par l’injustice de la monarchie mongole sous laquelle les vices et les vertus se vulgarisent ensemble. Afin d’orienter les gens au bon chemin, Saadi, par les récits courts cherche à en montrer les effets les plus efficaces pour acheminer ses personnages vers la vie réelle. 1-1 Critique sociale Bien que Saadi soit un poète mystique, mais son goût pour la critique sociale demeure au sein de toute pensée progressive un élan vers la perfection morale. Dans son livre intitulé Essai sur le poète Saadi, Henri Massé écrit: «Si le poète, en Saadi, reste somme toute inferieur à un épique tel que Firdousi, à un lyrique tel que Hafiz, à un mystique tel que Jalal ed Din, en revanche il les dépasse par sa fine observation de la vie contemporaine. Kholmogorow, qui connaissait le Perse, ne s’y est point trompé, lorsqu’il écrit dans son ouvrage pourtant si superficiel (P.145): "Saadi exprime la vie populaire, aussi on le lit toujours."» (Henri Massé, 1919: 222) Ces quelques lignes montrent bien l’importance de l’observation de la vie sociale par Saadi qui pendant son long voyage, observe minutieusement tout. Il fréquente toutes les couches sociales, tous les hommes en tout âge. Il transmet ces chères expériences dans ses livres, en particulier Gulistan. A travers ce dernier qui dans l’ensemble de ses récits forment un tout représentant de la société humaine avec toutes ses variétés, nous pouvons connaître la mentalité, les habitudes, les manières de vivre et les réactions des Perses devant les événements arrivés, au treizième siècle; l’image nette de la Perse à l’époque. Les vrais protagonistes du livre sont les gens ordinaires. Voici quelques anecdotes remarquables: sur les routes, nous rencontrons les voleurs qui font craindre les voyageurs dans l’absence de surveillance de l’Etat, même il arrive parfois qu’un poète écrit quelques lignes en adorant le chef des voleurs. Un commerçant riche mais très avide rêve toujours de longs voyages pour vendre de choses rares dans les villes dont il connaît bien des besoins. Un derviche invité chez un roi mange, par ruse, moins que son habitude et prie plus afin d’acquérir la grâce du monarque. Un vieux épouse une jeune fille ou un père est arrêté par la vice de son fille. Mais en même temps il existe des hommes qui vivent charitablement: un derviche tout pauvre ne demande aide à personne, même au plus généreux. La vie pénible des hommes pendant la sécheresse, le déplacement à l’intérieur du désert, la ruse des commerçants, l’injustice des gouverneurs, la bonté des uns et la cruauté des autres, la corruption des officiers, tout est exposé. Si l'on dit quelques notions présentées dans le livre de Saadi immorales, cela justifie que certaines habitudes de l'époque n'étaient pas à la visibilité des autres, et que Saadi a été apte à les montrer réellement. Comme exemple nous pouvons parler de l’amour du narrateur d’un des récits pour un très beau garçon. La description réelle de tous les aspects de la vie nous fait connaître les problèmes sociaux et personnels qui empêchent les hommes d’atteindre le bonheur. La présentation de ces problèmes très communs partout et tout le temps occupant la majorité de Gulistan, rend ce dernier satirique et éternel. La vie de tous les groupes sont visée. Les rois et leurs manières dissemblables sont indiqués; un roi, en tourmentant ses sujets par ses extorsions, ne cesse pas d’étendre la main de l’iniquité sur leurs biens ou un autre apportait de la négligence dans l’administration de l’Etat et traitait âprement l’armée, alors qu’un roi juste, comme Noûchirévân, ordre à son esclave de prendre du sol en payant, pour non pas vulgariser la tyrannie. Quant aux vizirs, nous distinguons la même façon: l’un conseille le roi d’être bon pour que les gens l’aiment et qu’ils l’aident au moment de la difficulté de la guerre et l’autre, par contre, suggère au roi, Amr, fils de Léïs, de tuer un esclave enfui. En outre, nous nous intéressons à citer encore une remarquable anecdote qui confirme davantage le langage pur de Saadi. Ainsi devant un roi passant: «un derviche, voué au célibat, était assis dans les sables. […] Le derviche, en raison de l’insouciance qui est l’apanage de la modération des désirs, ne leva point la tête et ne prêta point attention. Le roi, à cause de l’orgueil attaché à la souveraineté, ressent un sentiment de colère et dit: "cette race d’homme qui revêtent le froc n’a ni humilité, ni politesse." Le vizir s’approcha alors du derviche: "O derviche, le monarque de la surface de la terre est passé près de toi; pourquoi ne lui as-tu pas rendu hommage et n’as-tu pas accompli le devoir de la politesse, qui est de saluer?" –Dis au roi, répondit le derviche: on attend l’hommage d’une personne qui espère recevoir des bienfaits. Et sache que les rois sont établis pour protéger leurs sujets, et non pas les sujets pour obéir aux rois.» (Toussaint, 1913: 323) Ce court récit apparaît bien riche; le comportement indépendant du derviche devant tous même le plus importent se définit comme le modèle des gens spirituellement élevés. Face à lui, la fierté et l’orgueil royal est bien représenté par le roi. Le vizir évoque les courtisans ne pensant qu’à s’adopter au plaisir du monarque. Par la mise en opposition de ces types humains, Saadi accentue la différence dans les points de vue et donc dans les manières de vivre des gens appartenant aux diverses classes sociales. De la bouche de ce derviche, la perception courante qui exprime la nécessité de l’hommage et de l’obéissance totale envers le roi, est mise en cause. Les relations entre le monarque et les sujets sont signifiées comme mutuelles. La description minutieuse des différents gens renforce bien satire sociale dont la correction est visée par Saadi. Dans cette société régnée par le désordre et par l’injustice, Saadi cherche à montrer la dépendance réciproque de l’Etat et du peuple. Le roi fournit les moyens du bonheur de ses sujets et en revanches ces derniers gardes les bases du pouvoir royal. Cela ne peut pas être possible que par domination de la bonté dans la société. A travers ces récits, le poète persan annonce les vices de la société de son temps.