profil des industries de la musique à ottawa
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PROFIL DES INDUSTRIES DE LA MUSIQUE À OTTAWA TABLE DES MATIÈRES REMERCIEMENTS......................................................................................................................3 RÉSUMÉ.....................................................................................................................................4 1.0 INTRODUCTION..................................................................................................................9 2.0 CONTEXTE.........................................................................................................................12 L’équipe.................................................................................................................................................13 Objectifs................................................................................................................................................13 Méthodologie........................................................................................................................................14 Portrait de la ville ..................................................................................................................................15 3.0 RÉSULTATS.........................................................................................................................16 Points forts, points faibles, possibilités et menaces...............................................................................22 4.0 POURQUOI LES VILLES S’INTÉRESSENT-ELLES À LA MUSIQUE?....................................24 Que font les villes pour la musique?......................................................................................................26 5.0 DÉFINIR L’INDUSTRIE MUSICALE À L’ÉCHELLE MUNICIPALE..........................................33 6.0 PORTRAIT DES INDUSTRIES MUSICALES D’OTTAWA ....................................................38 Auteurs-compositeurs, compositeurs et musiciens...............................................................................39 Entreprises du secteur de la musique....................................................................................................42 Studios d’enregistrement et services de postproduction sonore..........................................................43 Locaux de répétition..............................................................................................................................44 Lieux de diffusion...................................................................................................................................44 Festivals de musique.............................................................................................................................47 Associations professionnelles................................................................................................................48 Formation musicale...............................................................................................................................49 Magasins de disques.............................................................................................................................50 Vente et réparation d’instruments de musique......................................................................................51 Fabrication d’instruments de musique..................................................................................................52 Appui à l’organisation d’événements musicaux ...................................................................................53 Médias...................................................................................................................................................54 7.0 COMPARER LES INDUSTRIES MUSICALES D’OTTAWA À CELLES D’AUTRES VILLES.....56 8.0 RECOMMANDATIONS......................................................................................................64 9.0 PERSPECTIVES DE RECHERCHE.......................................................................................68 ANNEXES.................................................................................................................................70 Annexe A – Méthodologie.....................................................................................................................70 Annexe B – Une brève histoire de la musique ottavienne............................................................................ 73 Annexe C – Albums locaux (2014).........................................................................................................77 Annexe D – Répertoire des entreprises locales du secteur de la musique............................................83 NOTES......................................................................................................................................92 2 TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA | Profil des industries de la musique à d’Ottawa REMERCIEMENTS Ce projet ne se serait pas concrétisé sans le Fonds ontarien de promotion de la musique (FOPM) offert par la Société de développement de l’industrie des médias de l’Ontario. Nous souhaitons également remercier, pour leur collaboration et leur contribution, FACTOR (Foundation Assisting Canadian Talent on Recordings), la SOCAN (la Société canadienne des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique du Canada) et la CIMA (Canadian Independent Music Association), qui ont fourni des données dépersonnalisées essentielles à notre analyse, ainsi que la Ville d’Ottawa, dont le groupe de travail sur les industries musicales a été un moteur pour le projet. Enfin, ce projet n’aurait pas été possible sans la participation des entreprises et organisations locales du secteur de la musique et des centaines de musiciens de la région qui ont pris le temps de nous parler en personne ou de remplir le questionnaire en ligne. Merci à vous. Ce rapport a été rédigé par Andrew Vincent et Ian Swain au nom du Consortium des industries musicales d’Ottawa, un petit groupe d’organisations locales du secteur de la musique dirigé par Kelp Records (maintenant Kelp Music) qui a pour mission de renforcer la capacité des industries musicales de la région d’Ottawa. L’Audio Recording Academy (TARA) et l’Association professionnelle de la chanson et de la musique (APCM) font également partie de ce consortium. Pour obtenir de plus amples renseignements sur le présent rapport, écrivez à [email protected]. La réalisation du projet a été rendue possible grâce au soutien de la Société de développement de l’industrie des médias de l’Ontario Consortium de l’industrie musicale d’Ottawa Avec l’appui supplémentaire de la Ville d’Ottawa, Développement et initiatives culturels Conception graphique et design Halogen Marketing Merci à Ming Wu, à Jamie Kronick, au RBC Bluesfest, au Collège Algonquin et à TARA pour les photographies. Sauf indication contraire, Andrew Vincent est l’auteur de toutes les photographies. Crédits photo (page couverture) Ming Wu (HILOTRONS, Arboretum Festival) Profil des industries de la musique à d’Ottawa | TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 3 RÉSUMÉ Lorsque les gens entendent « je vais à Austin » ou « je joue à Austin », ils se disent « génial, une vraie ville de musique ». Je crois qu’Ottawa a vraiment le potentiel de devenir une ville de musique. ~LUKE MARTIN, CAPITAL REHEARSAL STUDIOS~ Ottawa a le potentiel d’être une ville de musique et l’une des grandes plaques tournantes de la musique au Canada. Son histoire musicale est riche, et des milliers de musiciens talentueux y sont établis. Ses entrepreneurs dévoués, ses institutions musicales établies et ses scènes émergentes font la force des industries musicales. Cependant, Ottawa ne dispose pas de l’infrastructure et des connaissances qui l’aideraient à dynamiser et à bonifier ses atouts considérables dans le secteur de la musique. Dans cette situation, Ottawa ne peut devenir une ville de musique à part entière et se prive des avantages culturels et économiques importants qu’elle pourrait en retirer. Ottawa pourrait aussi se faire dépasser par d’autres villes de la province et du pays qui prennent des mesures favorables à leurs industries musicales parce qu’elles savent que c’est un moyen de stimuler l’économie. Plusieurs municipalités de l’Ontario, dont Hamilton, Kitchener-Waterloo, London et Toronto, ont lancé de nouvelles initiatives pour les industries de la musique afin de soutenir les activités musicales issues de la communauté. Ces initiatives, qui découlent de la Stratégie de promotion des concerts de l’Ontario, tirent parti des 45 millions de dollars investis récemment dans les industries de la musique par l’entremise du Fonds ontarien de promotion de la musique (FOPM) et se basent sur des études qui mettent en lumière l’effet catalyseur de la musique sur le développement économique local. Elles s’inscrivent dans la tendance générale selon laquelle les municipalités représentent l’ordre de gouvernement le plus à même d’adopter des politiques pour les industries musicales. L’importance de la musique pour les villes n’a sans doute jamais été aussi grande. L’expérience d’Austin au Texas – une ville gouvernementale et universitaire d’une taille comparable à Ottawa – permet de voir l’effet que la musique peut avoir sur une ville. Au cours des 30 dernières années, des entrepreneurs du secteur de la musique, des groupes d’affaires et l’administration municipale d’Austin ont collaboré pour faire de la musique la pièce maîtresse d’un secteur créatif de 4,35 milliards de dollars qui continue de croître. Aujourd’hui, les industries musicales d’Austin ont des retombées économiques de 1,6 milliard de dollars et représentent 18 000 emplois. De plus, le secteur de la musique stimule le tourisme, favorise l’éclosion de talents et apporte toute une série d’autres avantages. Le présent rapport est la première étape d’un processus qui vise à déterminer ce que peut faire Ottawa pour mieux exploiter le potentiel de leurs industries musicales. Commandé par un petit groupe d’organisations du secteur de la musique, financé par le FOPM et fondé sur les objectifs du Plan d’action renouvelé pour les arts, le patrimoine et la culture (2013-2018), ce document s’adresse à un vaste public et formule des recommandations à l’intention des industries musicales locales et de la Ville d’Ottawa. The Record Centre OBJECTIFS Les quatre objectifs du rapport sont les suivants : 1. Déterminer l’importance des industries musicales dans l’économie créative globale de la région d’Ottawa. 2. Dresser un portrait des industries musicales en décrivant ses grandes composantes et en évaluant son dynamisme par rapport à d’autres villes canadiennes comparables. 3. Cerner les points forts et les points faibles des industries musicales locales ainsi que les possibilités de croissance. 4. Formuler des recommandations en vue de favoriser la croissance des industries musicales d’Ottawa. Pour atteindre ces objectifs, les travaux suivants ont été menés : 1. Une analyse de documents sur la musique et les villes et sur la formation de groupements d’activités créatrices. 2. Un sondage en ligne qui s’adresse aux entreprises du secteur de la musique et aux musiciens de la région. 3. Environ 25 entrevues semi-structurées auprès d’acteurs des industries musicales locales. 4. Un exercice de comparaison de données pour évaluer les industries musicales d’Ottawa par rapport à d’autres villes similaires. Profil des industries de la musique à ottawa | TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 5 CONCLUSIONS Les conclusions du rapport peuvent se résumer comme suit : 1. Ottawa est le lieu d’une riche activité musicale portée par des artistes établis et émergents. a. En deux semaines, plus de 800 musiciens et une dizaine d’entreprises de la région ont répondu au sondage. b. Plus de 2 500 compositeurs et musiciens de la région reçoivent des redevances pour des pièces musicales. c. Dans une proportion de 76 %, les musiciens à temps partiel ont pour objectif de se consacrer entièrement à leur carrière musicale. d. Certains signes indiquent que les musiciens et les entrepreneurs du secteur de la musique choisissent de rester à Ottawa plutôt que d’aller s’installer dans les grands centres de l’industrie musicale. Cette situation est très favorable à la croissance. 2. Il manque à Ottawa certaines infrastructures et connaissances nécessaires pour tirer parti de cette activité. a. Parmi les six villes canadiennes de taille comparable (Ottawa, Hamilton, Winnipeg, Calgary, Edmonton et Québec), Ottawa est celle qui compte le moins de musiciens, d’entreprises liées à la musique et de lieux de spectacle. b. Ottawa compte seulement quelques entreprises (ex. : maisons de production, éditeurs, imprésarios et agents artistiques) du type qui permet aux talents locaux de se faire connaître et à la ville de s’intégrer aux réseaux nationaux et internationaux. Cette absence d’entreprises essentielles du secteur de la musique se traduit également par un manque général de connaissances relatives au fonctionnement de l’industrie musicale. c. Le manque de maisons de disques, d’agences d’artistes et d’éditeurs établis à Ottawa défavorise la ville lorsqu’elle tente d’obtenir du financement pour le développement des entreprises du secteur de la musique. Bien que les festivals de musique permettent à Ottawa de dépasser la moyenne quant au financement par résident accordé aux concerts, la ville fait beaucoup moins bien au chapitre du développement des entreprises du secteur de la musique, qui ont obtenu moins de 1 % de la somme versée par le FOPM en 2013-2014 aux entreprises indépendantes de Toronto. Seulement quelques entreprises locales posent leur candidature, voire sont admissibles. d. Ottawa n’a aucune représentation locale lui permettant de mobiliser l’industrie. Les trois plus grandes villes ciblées dans l’analyse comparative (Winnipeg, Calgary et Edmonton) possèdent toutes des bureaux d’association provinciale des industries musicales, qui établissent des ponts entre les industries locales et les grands réseaux, et qui font office de mentors pour les musiciens locaux et les entreprises du secteur de la musique. L’association provinciale de l’Ontario, MusicOntario, se trouve à Toronto. e. Les acteurs des industries musicales d’Ottawa ne sont pas outillés pour échanger les connaissances de l’industrie et agir dans l’intérêt de tous. Nombre d’entre eux ont l’impression d’évoluer en vase clos. 6 TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA | Profil des industries de la musique à d’Ottawa RECOMMANDATIONS Les industries musicales d’Ottawa se butent à d’autres obstacles, dont le faible nombre de salles de taille moyenne de grande qualité et le manque de publications consacrées aux arts à l’échelle de la ville, comme un hebdomadaire artistique. Cependant, nos conclusions indiquent qu’il est possible d’agir sur-le-champ en comblant les lacunes de l’industrie relatives au partage des connaissances, à l’établissement de liens et à la défense des intérêts. Ce rapport recommande que les mesures suivantes soient prises immédiatement : 1. Les leaders des industries locales devraient créer une organisation permanente – une association des industries musicales locales – dont le mandat serait d’accroître le partage des connaissances, de multiplier les liens entre les industries et le vaste milieu des affaires d’Ottawa et l’industrie musicale mondiale, ainsi que de défendre leurs intérêts communs auprès de tous les ordres de gouvernement. 2. La Ville d’Ottawa devrait élaborer une stratégie officielle de promotion de la musique en collaboration avec les acteurs des industries musicales locales. Cette stratégie énoncerait les étapes d’un plan d’action visant à stimuler la croissance de l’industrie ainsi que les indicateurs permettant d’en évaluer le succès. Avant l’étape de mise en œuvre, l’administration municipale devrait placer la musique au cœur de ses priorités de développement économique. 3. La Ville d’Ottawa devrait immédiatement désigner une personne-ressource responsable des industries musicales. Cet employé agirait à titre d’expert et transmettrait l’information entre les industries et la Ville. Profil des industries de la musique à d’Ottawa | TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 7 PLANTER LE DÉCOR : UN JEUDI SOIR D’OCTOBRE. Vous consultez le calendrier des événements à ottawashowbox.com – l’une des ressources en ligne qui a vu le jour depuis la disparition du dernier hebdomadaire de la ville consacré aux arts alternatifs en 2012 –, puis les recommandations de la journaliste de musique Jessa Runciman sur le site Web de la radio de CBC. Vous constatez que la capitale n’est pas à court de concerts. Ce soir-là, vous pourriez aller au Raw Sugar – un petit café du quartier chinois – pour entendre Kalle Mattson, un auteur-compositeur-interprète originaire de Sault Ste. Marie qui s’est installé à Ottawa pour ses études universitaires et a récemment signé une entente avec avec la grande maison de disques de Vancouver Nettwerk Records. Vous pourriez aussi aller au Daily Grind, une rue plus loin, pour entendre Craig Cardiff, un artiste folk en nomination aux prix Juno et un associé d’une agence de services musicaux ottavienne en pleine croissance. Au marché By, un auteur-compositeur-interprète local reçoit un groupe de Chicago au Zaphod Beeblebrox, et une soirée reggae avec Roots Movement a lieu au légendaire bar de blues The Rainbow. Sur la rue Rideau, au Mavericks, le plus grand promoteur de concerts indépendant d’Ottawa, Spectrasonic, organise un spectacle avec un groupe hardcore local, pendant qu’au Cafe Dekcuf, à l’étage, Black Widow Promotions présente une soirée de heavy métal mettant en vedette des artistes locaux et des États-Unis. Vous pourriez aussi traverser la rivière pour vous rendre à Hull et voir les rockers locaux Bonnie Doon se produire avec un groupe de Hamilton au Temporaire, une salle de spectacle improvisée. Au même moment, dans le Vieil Ottawa-Sud, la première soirée de l’Ottawa Implosion Weekend, un nouveau festival de musique, se tient à House of TARG, une salle remplie de vieux billards électriques. Plus loin du centre-ville, vous pourriez assister à un spectacle de l’artiste pop canadienne Lights au Commons Theatre du Collège Algonquin ou à la première soirée du Festival de jazz annuel de Merickville. Vous pouvez également vous rendre à Wakefield, où un groupe de musique instrumentale de San Francisco monte sur la scène du Black Sheep Inn, l’une des salles canadiennes les plus prisées. Il ne s’agit là que d’un aperçu des concerts offerts au cours d’une seule soirée dans la région d’Ottawa. Mentionnons aussi les auteurs-compositeurs-interprètes québécois qui se produisent dans la Quatrième Salle du Centre national des Arts, les DJ hip-hop locaux au Babylon ou les innombrables soirées à micro ouvert et groupes qui font des reprises dans les pubs de quartier. L’examen de la liste complète des concerts offerts le même soir dans la région d’Ottawa nous laisse voir pourquoi la musique est si importante. Elle crée non seulement des emplois pour les musiciens, les techniciens du son, le personnel de sécurité, le personnel des bars, etc., mais elle offre aussi des occasions de rencontrer des gens, de socialiser, de participer à la vie culturelle, de découvrir d’autres quartiers et de voir la ville comme un milieu passionnant pour les résidents et les visiteurs. Comme le montre ce calendrier, la musique est également une manière efficace pour Ottawa de créer des ponts avec d’autres villes du Canada et d’ailleurs, ce qui favorise grandement les échanges culturels et économiques. Affiches à l’extérieur du Spaceman Music 8 TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA | Profil des industries de la musique à ottawa 1.0 INTRODUCTION Notre ville est vraiment spéciale; on peut y trouver ses propres clients et mener ses propres affaires. Mais on doit se demander comment on peut travailler tous ensemble. ~ MICHAEL DUBUE, MUSICIEN, COMPOSITEUR ET TECHNICIEN DU SON ~ Les industries musicales d’Ottawa recèlent une multitude d’activités, qu’elles soient grand public et commerciales ou indépendantes et marginales. Certaines jouissent d’une énorme visibilité, comme le Bluesfest d’Ottawa, classé par le magazine Billboard parmi les 10 meilleurs festivals de musique au monde1, ou les concerts de l’Orchestre du Centre national des Arts. Cependant, même les événements les plus commerciaux ont lieu dans des salles ou des espaces plus petits qui ont peu ou pas de visibilité et attirent surtout les personnes qui sont déjà bien informées. Bien que ces petits événements soient de moindre envergure et peut-être moins connus du grand public, ils contribuent largement à l’effervescence des industries musicales. Les industries musicales d’Ottawa semblent se caractériser par l’absence d’un créneau entre ces deux extrêmes : les activités très visibles qui reçoivent du financement public et sont intégrées aux réseaux nationaux et internationaux des industries, et les autres, qui sont partiellement cachées, trouvent difficilement des sources de financement et se font connaître essentiellement par le bouche à oreille et les réseaux sociaux. Le manque de liens entre ces deux milieux est évident pour les quelques intermédiaires qui travaillent à Ottawa (ex. : éditeurs, agents, programmeurs), les organismes de défense des intérêts des industries musicales et les salles de taille moyenne. Par conséquent, l’un des grands défis à relever pour développer les industries musicales d’Ottawa consiste à aider les musiciens émergents et les nouvelles entreprises du secteur de la musique à combler cet écart : en particulier, il faut leur permettre de s’intégrer aux réseaux nationaux et internationaux tout en demeurant dans la région. Notre étude indique qu’Ottawa est un excellent endroit pour se lancer dans le secteur de la musique. La communauté musicale ottavienne est solidaire et n’impose pas les mêmes pressions concurrentielles que dans les grands centres comme Toronto. Toutes les composantes du secteur – établissements d’enseignement, petites salles, stations de radio universitaires, magasins d’instruments de musique et disquaires, studios de répétition et d’enregistrement de la ville – forment ensemble un milieu où l’on se sent soutenu. Ce type d’environnement favorable est crucial pour la viabilité des industries musicales locales. Il s’agit d’un facteur déterminant qui incite les musiciens à s’installer dans une ville, comme Halifax2 par exemple. Halifax a également beaucoup mieux réussi qu’Ottawa à exporter la musique locale et à se forger une image de ville de musique. Elle peut compter sur un festival de diffusion bien connu (Halifax Pop Explosion), une association provinciale des industries musicales bien implantée ayant pignon sur rue au centre-ville, des publications imprimées et en ligne sur les arts et la culture en bonne santé et le sentiment, à l’échelle locale, régionale et nationale, que la musique est au cœur de sa culture. Ces facteurs importants, qui contribuent tous à faire d’Halifax une ville de musique, sont lacunaires ou inexistants à Ottawa. Les industries musicales d’Ottawa se caractérisent aussi par l’existence de scènes musicales francophones et anglophones très distinctes. Le fait d’évoluer dans un marché plus restreint et mieux défini que l’industrie musicale anglophone a permis aux acteurs de l’industrie franco-ontarienne de créer leurs propres institutions et réseaux pour aider les musiciens qui travaillent en français à devenir des artistes professionnels et à cibler le public qui s’intéresse à leur musique, dont une cérémonie bisannuelle de remise de prix (Gala des prix Trille Or) et un festival annuel de diffusion (Contact Ontarois). En effet, Ottawa est une plaque tournante pour la musique franco-ontarienne, une réalité qui semble passer inaperçue à l’extérieur de la communauté francophone. Bien que certains musiciens franco-ontariens travaillent en français et en anglais et créent des liens entre ces scènes musicales, le potentiel d’apprentissage, de collaboration et de soutien mutuel est beaucoup plus grand pour les artistes qui sont présents sur les deux scènes. L’évolution en vase clos de ces deux scènes et des acteurs du milieu est un sujet qui a été abordé dans plusieurs entrevues auprès de leaders locaux des industries et qui représente l’une des principales faiblesses des industries musicales d’Ottawa. En effet, le milieu ottavien de la musique ressemble à une structure en silos : activités d’ampleurs variées, genres, langues, quartiers, accès au financement public et attitudes à ce sujet, affiliations personnelles et professionnelles. Certes, ce cloisonnement existe dans n’importe quel milieu musical local. Ce sujet est toutefois revenu dans un grand nombre d’échanges et de réponses au questionnaire. Il ne fait aucun doute que le moment est venu de trouver des moyens de rapprocher les acteurs des industries musicales d’Ottawa afin qu’ils échangent leurs connaissances et collaborent pour accroître la visibilité et la viabilité de la musique locale de diverses manières. Ce rapport est la première étape d’un processus qui vise à déterminer ce que peut faire Ottawa pour mieux exploiter le potentiel de ses industries musicales. À mi-chemin entre portrait et étude, ce rapport : ¡¡ décrit les différents secteurs des industries musicales locales; ¡¡ présente des conclusions générales concernant les points forts et les points faibles des industries locales; ¡¡ compare les industries d’Ottawa à celle d’autres villes canadiennes de taille similaire; ¡¡ formule des recommandations pour l’avenir. Il contient aussi la première version d’un répertoire de musiciens locaux, à l’annexe D. Ce projet se veut le plus vaste possible, mais ce n’est qu’un début. Il faut effectuer une étude plus approfondie sur l’incidence économique de la pratique musicale locale et sur la sous-représentation de certains genres, scènes et quartiers. Ottawa est foisonnante d’activités musicales, et nous espérons avoir amorcé efficacement le processus qui vise à leur donner plus de visibilité. 10 TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA | Profil des industries de la musique à d’Ottawa LES ASTRES S’ALIGNENT À OTTAWA 2014 a-t-elle été la meilleure année musicale pour la région d’Ottawa? Si les critères sont la quantité, la diversité et la qualité globale, nous pourrions répondre par l’affirmative. Personne ne contredira le fait que les artistes de la région ont créé et diffusé plus de musique cette année qu’au cours des années précédentes. Dans la région de la capitale nationale, des groupes et des musiciens ont présenté de nouvelles créations presque chaque jour, à un point tel qu’il est pratiquement impossible de suivre la cadence. ~ PETER SIMPSON, OTTAWA CITIZEN ~ On a le sentiment que les industries musicales d’Ottawa sont à la croisée des chemins. En plus de la quantité, de la qualité et de la diversité des nouveaux albums parus en 2014, d’autres signes montrent que c’est une période stimulante pour la musique dans la région de la capitale nationale : Lancement d’espaces nouveaux et plus grands pour la musique. Ces espaces, comme les Capital Rehearsal Studios, situés dans le complexe revitalisé du centre-ville à proximité de la rue Scott, House of TARG, une salle de spectacles et de billards électriques dans le Vieil Ottawa Sud, et le Record Centre, un disquaire de la rue Wellington qui présente des concerts (pour ne donner que trois exemples parmi tant d’autres) offrent de nouvelles occasions de réunir les musiciens et les amateurs de musique de la région. Les nouveaux sons de la région de la capitale nationale. Les récents succès du groupe local de la scène électronique A Tribe Called Red montrent qu’Ottawa peut être une source de nouveaux genres musicaux qui trouve son public à l’échelle mondiale. Les petites maisons de production marginales comme E-Tron et Bruised Tongue favorisent l’éclosion d’artistes locaux qui ne relèvent pas des grands courants populaires mais qui ont le potentiel de faire d’Ottawa le point névralgique d’une création musicale novatrice et emballante. La croissance des entreprises locales du secteur de la musique pour répondre aux besoins des artistes et des entrepreneurs. Les agences de services aux artistes comme Partick Artists et You Rock Red offrent des services de consultation; Kamp-Ops, une entreprise de coordination d’événements, spécialisée dans les activités bénévoles et de sécurité, aide les festivals d’Ottawa à gérer leur croissance; Postering Ottawa aide les promoteurs et les artistes à donner de la visibilité à leurs concerts; le Bluesfest a continué d’accentuer sa présence dans l’industrie, ses dernières activités en date étant une série de séances d’information sur les industries musicales à son nouveau siège de Westboro, la Festival House. Des gens retracent l’histoire de la musique locale. Deux livres sur l’histoire de la musique d’Ottawa sont en cours de rédaction. Des amateurs de musique et des musiciens de la région ont commencé à partager en ligne leurs propres histoires sur la musique locale. De plus, House of PainT, le festival hip-hop annuel d’Ottawa, a tenu une table ronde sur les racines de la culture hip-hop dans la capitale lors de sa dernière édition. Des gens parlent de l’avenir de la musique locale. Qu’il s’agisse de tables rondes affichant complet sur les points forts et les points faibles d’Ottawa en tant que ville de musique (« Why I Left Ottawa » au festival Arboretum de cette année) ou de l’émergence de nouvelles publications imprimées et électroniques (ex. : ottawashowbox.com, Small Talk), les gens réfléchissent à la musique et aux façons de soutenir la musique dans la région de la capitale nationale. La prise de conscience de la Ville d’Ottawa. En se fondant sur les priorités du Plan d’action renouvelé pour les arts, le patrimoine et la culture (2013-2018), l’équipe de Développement et Initiatives culturels de l’administration municipale a commencé à réunir des acteurs des industries musicales en 2013 afin de créer un groupe de travail pour discuter des possibilités de croissance des industries musicales. Tout récemment, en décembre 2014, le maire d’Ottawa a lancé #ottmusik, une initiative qui vise à remplacer la musique de mise en attente du service municipal 3-1-1 par des œuvres originales de musiciens d’Ottawa. Tous ces signaux positifs indiquent que la musique est appelée à influencer plus largement l’image qu’Ottawa veut se donner. Il faut toutefois travailler davantage pour faire en sorte que la ville récolte les fruits de ce regain d’activité. Profil des industries de la musique à ottawa | TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 11 2.0 CONTEXTE Je n’aurais pas pu m’imaginer qu’Ottawa devienne la ville qu’elle est aujourd’hui. À mon avis, notre communauté musicale est plus forte que jamais. Nous sommes arrivés à la croisée des chemins et pouvons choisir diverses voies pour nous développer – comme faire appel à des groupes ou à des entreprises bien établis qui peuvent faire progresser une scène – ou bien rester les bras croisés et à la traîne. ~ MARK MONAHAN, DIRECTEUR GÉNÉRAL, RBC BLUESFEST ~ Ce projet s’appuie sur un nombre croissant de travaux concernant les interactions entre les scènes musicales, les industries et les villes. Bien que le sujet du téléchargement illégal et de la chute des ventes d’albums ait dominé l’actualité des industries musicales au cours des 15 dernières années, le secteur de la musique au sens large n’a sans doute jamais pris autant d’ampleur ou d’importance à l’échelle locale. Depuis 1980, des villes comme Sheffield au Royaume-Uni et Austin au Texas ont fait de la musique un volet clé de leur stratégie de développement économique, dans certains cas pour compenser une perte de capacité manufacturière, dans d’autres pour créer une synergie entre les concerts, les activités touristiques et les congrès. Depuis quelque temps, des villes canadiennes, comme Hamilton, ont compris que leurs scènes musicales sont essentielles à la revitalisation du centre-ville4 et ont pris des mesures pour mettre en œuvre des stratégies approuvées par leur conseil5. Ces efforts sont appuyés par des recherches universitaires qui étudient les liens entre les activités créatrices et le développement économique à l’échelle municipale6. Cette étude s’articule également autour d’initiatives de la Ville d’Ottawa. Le Plan d’action renouvelé pour les arts, le patrimoine et la culture (2013-2018) reconnaît officiellement « les retombées économiques majeures, les avantages sociaux et les effets positifs sur l’senvironnement » des arts et de la culture, et propose une série de stratégies approuvées par le Conseil, dont l’investissement dans la culture locale et l’aide aux exportations culturelles. Investir Ottawa a aussi contribué à établir le profil du secteur des services créatifs de la ville7, en mettant en lumière les liens qui existent entre les industries cinématographique et télévisuelle locales et le secteur en croissance des médias numériques et des jeux vidéo. Bien que le portrait dressé par Investir Ottawa jette les bases de la collaboration qui est au cœur du travail des industries de la création, soulignons que la musique ne figure pas au nombre de ces industries. Cette omission s’explique peut-être par le fait que, à la différence des industries cinématographique et télévisuelle, les industries musicales ne disposent pas d’un « bureau de la musique » ou d’une autre organisation locale équivalente de défense des intérêts. Par conséquent, les activités musicales de la région passent largement inaperçues ou ne sont pas prises en compte. Cette situation doit changer, et nous espérons que ce rapport est un premier pas dans la bonne direction. L’ÉQUIPE Ce projet a été mené au nom du Consortium des industries musicales d’Ottawa par une petite équipe de recherche composée d’Andrew Vincent et d’Ian Swain et épaulée par Rachel Weldon, Lesley Marshall, Melissa Kaestner et Ira Wagman. Le Consortium des industries musicales d’Ottawa est un groupe d’organisations locales du secteur de la musique dirigé par Kelp Records (maintenant Kelp Music), dont font partie l’Association professionnelle de la chanson et de la musique (APCM) et The Audio Recording Academy of Ottawa (TARA). Ce consortium a été créé dans la foulée d’une séance de discussion ouverte sur les industries que l’équipe de Développement et Initiatives culturels de la Ville d’Ottawa a organisée à l’automne 2013. Le rapport a été préparé grâce au Fonds ontarien de promotion de la musique (FOPM) offert par la Société de développement de l’industrie des médias de l’Ontario. Il contribue à l’atteinte des objectifs du FOPM, qui est conçu pour stimuler « les activités et les investissements et encourager les entreprises et les organisations ontariennes du secteur de la musique à intensifier leur influence culturelle et économique au Canada et dans le monde8». OBJECTIFS L’information et l’analyse contenues dans ce rapport doivent appuyer la croissance des industries musicales locales dans l’intérêt des musiciens et des entrepreneurs du secteur de la musique et pour aider Ottawa à réaliser son plein potentiel de ville dynamique et créative où les gens veulent vivre et travailler. Pour ce faire, le rapport vise quatre objectifs : 1. Déterminer l’importance des industries musicales dans l’économie créative globale de la région d’Ottawa. 2. Dresser un portrait des industries musicales locales en décrivant ses grandes composantes et en évaluant son dynamisme par rapport à d’autres villes canadiennes comparables. 3. Cerner les points forts et les points faibles des industries musicales locales ainsi que les possibilités de croissance. 4. Formuler des recommandations en vue de favoriser la croissance des industries musicales d’Ottawa. Catriona Sturton au Raw Sugar (crédit photo : Ming Wu) Profil des industries de la musique à d’Ottawa The Audio Recording Academy (crédit photo : TARA) | TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 13 Rolf Klausener au lancement de #Ottmusik (crédit photo : Ming Wu) MÉTHODOLOGIE Pour évaluer l’ensemble des activités qui composent les industries musicales locales, nous avons combiné diverses méthodes de recherche quantitatives et qualitatives. Le projet de recherche était composé des trois grands volets suivants : ¡¡ Un sondage en ligne qui s’adresse aux entreprises du secteur de la musique et aux musiciens de la région. ¡¡ Environ 25 entrevues semi-structurées auprès d’acteurs des industries musicales locales. ¡¡ Un exercice de comparaison de données pour évaluer les industries musicales d’Ottawa par rapport à d’autres villes similaires. Ces volets s’appuyaient sur une analyse de documents concernant les industries musicales et les villes, des recherches en ligne sur les entreprises locales du secteur de la musique, une étude ethnographique menée à des événements musicaux, des entretiens informels avec des acteurs des industries musicales locales et la collecte de données « sur le terrain » témoignant de la présence musicale dans la ville. 14 TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA | Profil des industries de la musique à d’Ottawa PORTRAIT DE LA VILLE Ottawa est la capitale nationale du Canada et la deuxième plus grande ville de l’Ontario (près de 900 000 résidents). La région métropolitaine d’Ottawa-Gatineau – une seule région économique qui s’étend de part et d’autre de la frontière provinciale – compte 1,31 million de résidents, à égalité avec Calgary au quatrième rang des régions métropolitaines du Canada après Toronto, Montréal et Vancouver. Depuis 2006, le taux de croissance de la population d’Ottawa est de 8,8 %, bien plus que le taux de croissance global du Canada de 5,9 %9. Selon les prévisions, la population de la ville d’Ottawa seulement pourrait atteindre près de 1,2 million d’habitants d’ici 202110. Plus de 100 000 fonctionnaires fédéraux travaillent à Ottawa, qui compte aussi près de 2 000 entreprises du secteur des technologies générant environ 75 000 emplois11. Cette situation, combinée à la présence de deux grandes universités de recherche et de deux collèges, place Ottawa au premier rang des villes les plus scolarisées au Canada (61 % des travailleurs détiennent au moins un grade postsecondaire)12. La région d’Ottawa et Boston sont à égalité au premier rang des villes où la concentration de titulaires de doctorat est la plus grande en Amérique du Nord. Quarante-six pour cent des résidents d’Ottawa occupent des postes créatifs nécessitant d’excellentes aptitudes à la résolution de problèmes – comme ingénieur en logiciel, médecin et musicien –, l’un des plus hauts taux dans le monde13. En effet, la forte proportion de personnes intelligentes et créatives est la ressource la plus importante de la région, un facteur déterminant qui a permis à Ottawa d’obtenir la première place du dernier classement international du Martin Prosperity Institute14. Les principaux atouts culturels de la ville sont le Centre national des Arts, le Musée des beaux-arts du Canada et le Musée canadien de l’histoire, des institutions d’envergure nationale, plutôt que locale ou régionale. La culture festivalière d’Ottawa est également riche, comme en témoigne sa désignation de Meilleure ville de festival en Ontario (plus de 200 000 habitants)15 obtenue récemment. Ottawa-Gatineau se démarque aussi pour ses parcs, vastes et nombreux. De nombreux parcs des deux côtés de la frontière relèvent du mandat de la Commission de la capitale nationale. L’aide apportée par Ottawa au milieu des arts prend plusieurs formes, dont la gestion de salles et de lieux de spectacles et le soutien financier de festivals et d’organismes à but non lucratif voués aux arts par l’entremise de son Fonds de création et de production pour les artistes professionnels16. Dans une analyse comparative récente de l’investissement culturel par habitant, Ottawa s’est classée quatrième au Canada derrière Montréal, Vancouver et Calgary. Ottawa a investi 28 $ par habitant en 2009, tandis que Montréal, première ville, a investi 55 $ par habitant17. À l’inverse du plan économique et culturel de Hamilton18, de Toronto19 et de London20, celui d’Ottawa ne comprend pas encore de stratégie relative aux industries musicales. Au cours des dernières années, Ottawa a beaucoup investi dans l’infrastructure, notamment pour la construction de la Ligne de la Confédération, un réseau de train léger qui sera fonctionnel en 2018. En 2017, Ottawa sera au coeur des célébrations du 150e anniversaire du Canada. Profil des industries de la musique à ottawa | TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 15 3.0 RÉSULTATS Nous sommes arrivés à un seuil critique dans cette ville où la situation peut évoluer très rapidement… Je ne sais pas si on pourra créer un marché de calibre mondial, mais on commence certainement à imiter les grands marchés du début des années 2000. ~ALBERT PORTER, COFONDATEUR ET DIRECTEUR GÉNÉRAL DE KAMP OPERATIONS~ 1. La région d’Ottawa est foisonnante d’activités musicales. Plus de 800 musiciens et 60 entreprises du secteur de la musique ont répondu à un sondage en ligne diffusé par les voies promotionnelles des membres du Consortium. Le taux et la vitesse des réponses (plus de 500 au cours des deux premiers jours) confirment que la communauté musicale d’Ottawa est engagée. Plus de 180 albums locaux ont paru en 2014 (voir la liste des albums locaux dressée par ottawashowbox.com, à l’annexe C). Cette année, 348 groupes et artistes locaux ont posé leur candidature pour le Bluesfest d’Ottawa. Ce nombre augmente constamment d’une année à l’autre. « Je suis arrivé ici en 2006. Les occasions se multiplient chaque année. » ~ENTREPRENEUR EN MUSIQUE, QUESTIONNAIRE EN LIGNE~ 2. Les musiciens et les entreprises du secteur de la musique d’Ottawa entrevoient l’avenir avec optimisme. À la question de savoir si Ottawa progresse, régresse ou stagne en tant que ville de musique : ¡¡ 34 % des musiciens estiment qu’elle progresse, tandis que 41 % perçoivent une stagnation, et 25 %, une régression. L’impression positive des musiciens amateurs et semi-professionnels est plus forte (40 %). ¡¡ 41 % des entreprises du secteur de la musique estiment qu’elle progresse, tandis que 36 % perçoivent une stagnation, et 21 %, une régression. Soulignons les signes de ralentissement de « l’exode des cerveaux » vers Toronto ou Montréal. Dans les entrevues, plusieurs musiciens et entrepreneurs en musique ayant vécu ailleurs ou qui sont fréquemment partis en tournée ont expliqué avoir choisi de rester à Ottawa parce que c’est un endroit où ils peuvent innover et laisser leur marque. « Beaucoup d’anciens spectateurs assidus ont commencé à organiser et à promouvoir leurs propres concerts. En parallèle, des membres de la communauté musicale possèdent et exploitent de nouvelles salles. » ~ENTREPRENEUR EN MUSIQUE, QUESTIONNAIRE EN LIGNE~ 2014 House of PainT Festival 3.Les industries de la musique se composent d’un large éventail d’activités professionnelles et semi-professionnelles. Des plus de 800 musiciens qui ont répondu au questionnaire : ¡¡ 15 % se considèrent musiciens professsionnels à temps plein; ¡¡ 40 % se considèrent musiciens à temps partiel qui visent une carrière musicale; ¡¡ 45 % se considèrent comme des amateurs passionnés qui font de la musique surtout pour le plaisir. Revenu annuel moyen tiré de la musique : ¡¡ Temps plein : 28 215 $ ¡¡ Temps partiel : 5 379 $ ¡¡ Surtout pour le plaisir : 1 599 $ Formation postsecondaire en musique : ¡¡ Temps plein : 82 % ¡¡ Temps partiel : 54 % ¡¡ Surtout pour le plaisir : 39 % Même les personnes qui font de la musique « surtout pour le plaisir » exercent tout de même de nombreuses activités professionnelles : 26 % des « amateurs passionnés » sont membres de la SOCAN, et 30 % ont participé à plus de 10 spectacles au cours de la dernière année. Tout se résume surtout à l’auto-financement. Pour se bâtir un public à l’extérieur de la ville, il faut que les membres du groupe s’absentent du travail ou abandonnent leur emploi pour être disponibles en même temps. Pendant la période où on essaie d’élargir son public en offrant des spectacles ailleurs, le potentiel d’être à l’aise financièrement est faible. ~ MUSICIEN À TEMPS PARTIEL, QUESTIONNAIRE EN LIGNE ~ Profil des industries de la musique à ottawa | TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 17 4. Les musiciens à temps partiel d’Ottawa espèrent faire une carrière musicale. Selon le questionnaire en ligne : ¡¡ 75 % des musiciens à temps partiel, ceux dont une partie du revenu annuel est tirée de la musique, ont déclaré occuper un autre emploi pour soutenir leur carrière musicale; ¡¡ 77 % se sont dits musiciens d’abord et avant tout; ¡¡ 32 % ont affirmé viser une carrière musicale à temps plein d’ici deux ans; ¡¡ moins de 10 % ont dit « souhaiter simplement s’amuser et voir où cela les mène ». « Mes deux disques ont été critiqués dans le Huffington Post, et fort bien accueillis, mais ça ne va jamais plus loin. Je fais certainement des erreurs de parcours, mais je n’arrive pas à comprendre ce que je peux améliorer sans investir beaucoup d’argent dans la publicité et un agent. » ~ MUSICIEN À TEMPS PARTIEL, QUESTIONNAIRE EN LIGNE ~ 5. Ottawa est un excellent endroit pour se lancer en musique. Les établissements d’enseignement musical, les stations de radio universitaire, les petites salles, les festivals et la solidarité de la communauté musicale d’Ottawa font de la région un excellent endroit pour commencer son parcours en musique. L’Ottawa Folklore Centre et sa tradition d’enseignement dispensé par des musiciens locaux de haut niveau ou les programmes universitaires en musique où enseignent des professionnels de l’industrie et des gagnants de prix Juno montrent à quel point les établissements d’Ottawa offrent d’excellentes possibilités de former les talents d’ici et d’attirer ceux de l’extérieur. Les stations de radio universitaires comme CKCU, CHUO et CKDJ, qui collaborent avec les établissements postsecondaires d’Ottawa, sont des carrefours essentiels à la diffusion de la nouvelle musique pour les résidents de la ville. Plusieurs musiciens et entrepreneurs en musique ont dit qu’au moins une de ces stations de radio les avait aidés à découvrir les scènes locales ou à se faire connaître en tant qu’artiste (ex. : occasions de prestation en direct pour les DJ). Bien que la découverte de scènes locales relève parfois du défi selon les répondants à l’entrevue ou au questionnaire, ceux-ci ont indiqué qu’une fois connues, les scènes d’Ottawa étaient accessibles et coopératives. « J’ai fréquenté l’Université d’Ottawa. J’étudiais en communication et travaillais à la station CHUO. À titre d’animateur à la radio communautaire, j’ai eu l’occasion de rencontrer Paul Symes au Black Sheep parce que j’y interviewais des artistes en concert dans cette salle. Il [Paul] m’a proposé de jouer en première partie du concert d’Etta James au Bluesfest. » ~ ALANNA STUART, MUSICIENNE, BONJAY / JOURNALISTE MUSICALE, CBC RADIO 3 ~ 18 TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA | Profil des industries de la musique à d’Ottawa 6. Ottawa manque de certains types d’entreprises du secteur de la musique qui sont nécessaires à la promotion des artistes et au développement des industries. Ottawa compte un certain nombre d’établissements et d’entreprises qui favorisent l’intégration aux industries de la musique, mais on y retrouve peu d’entreprises locales qui contribuent à faire connaître les artistes professionnels : par exemple, les maisons de production, les imprésarios, les agents artistiques, les publicitaires et les éditeurs. Dans la version anglaise du questionnaire, seulement 2 des 58 entreprises du secteur de la musique ont affirmé offrir surtout des « services aux artistes (imprésarios, agents artistiques, publicitaires) », et seulement trois des 58 entreprises sont des maisons de production. Les entreprises d’Ottawa figurant dans le répertoire des membres de MusicOntario sont les suivantes21 : ¡¡ 0 agence artistique ¡¡ 1 éditeur de musique ¡¡ 2 maisons de production ¡¡ 3 imprésarios ou entreprises de gestion de carrière En comparaison, les entreprises de Toronto figurant dans le répertoire des membres de MusicOntario sont les suivantes : ¡¡ 4 agences artistiques ¡¡ 21 éditeurs de musique ¡¡ 53 maisons de production ¡¡ 42 imprésarios ou entreprises de gestion de carrière Notre analyse comparative, qui confirme ces deux indicateurs, montre qu’Ottawa a moins d’entreprises essentielles du secteur de la musique par habitant que toute autre ville canadienne de taille similaire. L’information la plus révélatrice provient des musiciens auxquels on a demandé ce qui les aiderait le plus à atteindre leurs objectifs dans le domaine de la musique : la réponse la plus fréquente est « l’accès (ou un meilleur accès) aux services aux artistes (ex. : imprésario, agents artistiques, publicitaires) ». En effet, parmi les musiciens à temps plein qui ont rempli le questionnaire en ligne, seulement 14 % ont un imprésario, et 10 %, un agent artistique canadien. L’absence d’un groupement solide de ces types d’entreprises a une incidence sur la nouvelle génération d’entrepreneurs également : moins d’occasions de stage et d’emploi pour les diplômés des programmes de génie et les industries musicales de la ville. « Mes buts changent lorsque j’atteins mes petits objectifs. Je voulais seulement vivre de la musique. Maintenant que j’y arrive, j’aimerais avoir l’aide d’un agent artistique, d’un publicitaire, d’un promoteur. » ~ MUSICIEN À TEMPS PLEIN, QUESTIONNAIRE EN LIGNE ~ Profil des industries de la musique à d’Ottawa | TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 19 7. Ottawa réussit moins bien que la moyenne en ce qui concerne l’obtention du financement offert au secteur de la musique. L’absence ou le manque d’entreprises essentielles du secteur de la musique (voir le résultat no 6) a pour conséquence de priver Ottawa du financement disponible pour le développement de ces entreprises. Bien que le financement par habitant obtenu par les festivals de musique d’Ottawa ait été supérieur aux attentes pour la période 2013-2014 du FOPM, la ville a fait pâle figure par rapport à Toronto dans les domaines du développement des entreprises du secteur de la musique : celles de la région d’Ottawa ont obtenu moins de 1 % de ce que celles de Toronto ont reçu22. Cet écart n’est pas étonnant, parce que peu d’entreprises locales répondent aux critères d’admissibilité de ces programmes, donc le nombre de demandes provenant d’Ottawa est beaucoup moins élevé. Ottawa n’arrive pas non plus à obtenir une bonne part du financement fédéral réservé aux artistes et aux entreprises en émergence et distribué par FACTOR, un organisme de Toronto. Au cours de l’année civile 2013, les candidats de la région d’Ottawa ont obtenu 148 000 $, soit 0,16 $ par habitant. Les candidats de Winnipeg, la ville de taille moyenne ayant le mieux fait dans notre analyse comparative, a obtenu 403 000 $, soit 0,54 $ par habitant. Cependant, les artistes et les entreprises de la région d’Ottawa ont présenté plus de deux fois moins de demandes que ceux de Winnipeg23. Le nombre insuffisant d’entreprises essentielles du secteur de la musique à Ottawa nuit à l’acquisition de connaissances sur les industries dans la région (ce qui pourrait expliquer le fait que peu de demandes de financement soient présentées), freine l’établissement de liens avec les grands regroupements des industries à l’échelle nationale et mondiale et empêche le secteur de la musique d’obtenir sa part du financement disponible. Pour briser ce cycle, Ottawa doit soutenir ses industries musicales émergentes. « Le plus grand obstacle au développement des entreprises du secteur de la musique est probablement l’accès au capital. J’ai pu obtenir beaucoup de subventions pour frais de transport, et elles sont très utiles, mais le coût et le temps nécessaire pour voyager et l’étalement de ces coûts sur des mois avant de recevoir les subventions, ça représente un défi énorme. Je n’avais aucune idée du temps qu’il faudrait seulement pour établir le nom de mon entreprise à l’étranger et générer un revenu prévisible. » ~ JON BARTLETT, DIRECTEUR, KELP MUSIC / MEGAPHONO ~ 8. Ottawa manque de salles de spectacle de taille moyenne La réponse la plus fréquente à la question « Qu’est-ce qui aurait la plus grande incidence sur les industries musicales d’Ottawa? » est de loin « Plus de salles de spectacle de taille moyenne ou grande » (33 %). La deuxième et la troisième sont « Plus de financement municipal pour la musique » (20 %) et « Une plus grande couverture médiatique accrue à l’échelle locale » (17 %). Ce résultat est largement confirmé par les données des entrevues, durant lesquelles de nombreux participants ont souligné le déclin du nombre de concerts présentés au Barrymore’s Music Hall et le sentiment général que la ville a besoin d’une salle de taille moyenne dernier cri d’une capacité de 400 à 600 places, pour les artistes en tournée qui ne s’arrêtent pas en ville faute de salle adéquate ou les artistes locaux qui ont besoin d’un tremplin. À l’appui de ce résultat, la réponse la plus fréquente de l’ensemble des musiciens à la question « Qu’est-ce qui vous aiderait le plus à atteindre vos objectifs dans le domaine de la musique? » est « La possibilité de présenter de plus grands concerts dans la région » (29 %). Tous types de musiciens confondus, c’était le premier ou le deuxième choix. « En ce qui concerne la ville en général, son profil, le manque de salles fait partie du problème... Le Ritual peut accueillir 250 spectateurs. Après le Ritual, qui compte un peu plus de 200 places, vient le Bronson Centre et ses 800 places. Je parlais à [un agent artistique œuvrant à l’échelle nationale] à ce sujet, et il m’a dit : “Je déteste chercher des salles à Ottawa. Je ne sais pas où faire jouer mes groupes.” » ~ ROLF KLAUSENER, MUSICIEN, FESTIVAL ARBORETUM ~ 20 TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA | Profil des industries de la musique à d’Ottawa 9. Ottawa n’a pas d’hebdomadaire consacré aux arts et à la culture. Parmi les institutions clés nécessaires aux industries de la musique, les musiciens et les entrepreneurs du secteur de la musique estiment que la ville a grandement besoin d’un hebdomadaire consacré aux arts et à la culture. L’X Press, le dernier périodique d’information générale de ce type, a cessé ses activités en 2012. Les répondants ont volontiers fait des commentaires positifs pour les publications en ligne et imprimées qui ont fait leur apparition au cours des dernières années, mais ils estiment généralement qu’un hebdomadaire à grand tirage imprimé dans un format accessible aiderait grandement les musiciens locaux et les petites entreprises à obtenir une visibilité accrue auprès d’un public plus vaste à l’échelle de la ville. Bien que les publications papier puissent sembler un anachronisme à l’ère numérique, l’hebdomadaire culturel est la plate-forme la plus visible d’une stratégie à plusieurs volets : papier, Web, mobile, événements. Les villes canadiennes de taille semblable continuent de soutenir les hebdomadaires régionaux gratuits, que ce soit Edmonton (Vue Weekly), Calgary (FFWD)* ou Hamilton (View). « Il faut plus d’échanges et d’information sur la scène musicale à Ottawa. Les blogues et les sources d’actualités indépendantes sont excellents, mais j’ai l’impression qu’ils n’atteignent que les personnes qui sont déjà au courant des activités dans le milieu de la musique. » ~ RÉPONDANT AU QUESTIONNAIRE ~ * On a annoncé récemment qu’après presque 20 ans d’activité, FFWD publiera son dernier numéro le 5 mars 201524. Reste à voir l’effet qu’aura la perte de FFWD sur le développement des industries musicales de la ville, qui se classe seulement deuxième derrière Winnipeg dans notre classement des industries musicales (voir le chapitre 7.0). 10. Les musiciens d’Ottawa croient que l’administration municipale a un rôle plus important à jouer. À la question « Qu’est-ce qui aiderait le plus les industries musicales d’Ottawa-Gatineau? », la réponse « Plus de financement municipal pour le secteur de la musique » se classe confortablement au deuxième rang des sept options proposées, la grande majorité des musiciens à temps plein ayant choisi cette option en premier lieu. On ne sait pas dans quelle mesure les musiciens sont au courant du financement déjà offert par le Fonds de création et de production pour les artistes professionnels (mais nous présumons que les musiciens à temps plein sont les mieux informés). Toutefois, nos entrevues ont confirmé que les répondants s’attendent à un meilleur soutien de l’administration municipale. Ils estiment qu’elle devrait augmenter le financement aux musiciens, offrir une aide financière à un plus grand nombre d’artistes et proposer des lieux de diffusion sans frais ou à un prix abordable. « Nous avons besoin de subventions, mais essentiellement, je crois qu’il faut offrir plus d’espace aux personnes créatives… L’espace public se limite habituellement aux rues et aux parcs, mais il pourrait aussi s’étendre aux espaces vides ou sous-utilisés appartenant à la Ville. » ~ TITO MEDINA, MUSICIEN ET PROPRIÉTAIRE, CONSENSUS CROSS-CULTURAL COMMUNICATION & MULTIMEDIA~ 11. Les musiciens et les entrepreneurs du secteur de la musique d’Ottawa sont à l’avant-garde. Pour expliquer leur choix de rester à Ottawa, les musiciens et les entrepreneurs du secteur de la musique ont dit que la ville leur offrait la possibilité d’être créatifs à leur propre manière. En effet, les salles, les festivals, les studios, les disquaires, les maisons de disques, les médias et les musiciens d’Ottawa font preuve d’indépendance et d’ingéniosité. Cet esprit de débrouillardise est la pierre d’assise du développement des industries musicales, et il devrait être encouragé et soutenu par tous les ordres de gouvernement. L’esprit de créativité et d’entreprise est au cœur de toutes les grandes scènes musicales; il ne s’invente pas mais se stimule. « Je me suis installé ici il y a 10 ans, et si j’avais voulu partir, je l’aurais probablement déjà fait. J’aime vraiment cet endroit, et c’est cet endroit qui m’a permis de faire tout ce que je fais. » ~ EMMANUEL SAYER, DIRECTEUR DE LA PROGRAMMATION, CHUO 89,1 FM / ORGANISATEUR, OTTAWA EXPLOSION / MUSICIEN, CRUSADES ~ Profil des industries de la musique à d’Ottawa | TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 21 POINTS FORTS, POINTS FAIBLES, POSSIBILITÉS ET MENACES Points forts ¡¡ Esprit de débrouillardise et d’entreprise ¡¡ Milieu musical solidaire ¡¡ Présence d’institutions musicales et de musiciens d’envergure nationale ¡¡ Nombre croissant de lieux de diffusion créés par des entrepreneurs ¡¡ Scènes musicales émergentes suscitant l’enthousiasme ¡¡ Plusieurs entrepreneurs, salles et studios engagés et bien implantés ¡¡ Industrie des festivals bien établis ¡¡ Émergence de nouveaux festivals de musique ¡¡ Programmes d’enseignement variés de grande qualité ¡¡ Radiodiffusion universitaire, communautaire et publique très active ¡¡ Excellentes salles de spectacle dans les localités environnantes (ex. : Wakefield et Kemptville) ¡¡ Diversité des scènes et des institutions anglophones et francophones ¡¡ Grande population étudiante (collèges et universités) ¡¡ Population nantie, scolarisée et créative ¡¡ Proximité de grandes villes canadiennes et américaines facilitant l’accès aux marchés Points faibles ¡¡ Peu de moyennes ou de grandes entreprises faisant connaître les artistes (enregistrement, production, distribution) ¡¡ Peu de salles de taille moyenne ¡¡ Peu de liens établis avec les industries nationales et internationales ¡¡ Aucune stratégie municipale coordonnée pour le secteur de la musique ¡¡ Faible représentation et défense des droits pour les industries musicales locales ¡¡ Manque de publications sur les arts à fort tirage et accessibles ¡¡ Manque de liens et de collaboration entre les leaders des industries ¡¡ Manque de liens entre les diverses scènes musicales ¡¡ Manque de services et de connaissances portant sur les industries musicales en général ¡¡ Évolution en vase clos des milieux anglophones et francophones ¡¡ Prix élevé des logements au centre-ville et manque de locaux à loyer modique pour les artistes ¡¡ Population régionale éparpillée ¡¡ Quantité limitée d’immeubles bon marché à plusieurs étages qui peuvent changer de vocation ¡¡ Transport en commun lacunaire et sporadique en fin de soirée ¡¡ La proximité des grands centres canadiens incite les musiciens à quitter Ottawa. 22 TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA | Profil des industries de la musique à ottawa Possibilités ¡¡ Rassembler les gens de façon à sensibiliser les différents acteurs des quartiers et des scènes aux ressources qui sont à la disposition du secteur de la musique. ¡¡ Tirer parti des connaissances qu’ont les organisations et les réseaux régionaux des industries musicales (ex. : Bluesfest, Festivals d’Ottawa, Spectrasonic, Kelp Music). ¡¡ Coordonner les ressources afin d’optimiser la recherche de fonds provinciaux pour le secteur de la musique. ¡¡ Faire en sorte que la Ville promeuve l’investissement privé et public dans les industries musicales locales. ¡¡ Explorer les possibilités d’établir des liens avec des plaques tournantes de l’industrie (ex. : Toronto, Montréal, New York, Los Angeles, Nashville). ¡¡ Étudier les villes de taille moyenne comme Winnipeg et Halifax pour voir comment elles font pour jouer dans la cour des grands. ¡¡ Examiner les possibilités d’exporter la musique d’Ottawa. ¡¡ Élaborer une vision pour la musique d’Ottawa. Menaces ¡¡ Des musiciens de renom quittent la ville. ¡¡ Des entrepreneurs importants abandonnent le secteur de la musique, surtout compte tenu du fait que les entrepreneurs prospères dans les industries musicales sont peu nombreux. ¡¡ Des musiciens et des entrepreneurs clés ne participent pas aux échanges. ¡¡ Les communautés linguistiques et ethniques n’échangent pas entre elles. ¡¡ La musique n’est pas une composante reconnue du secteur créatif d’Ottawa. ¡¡ Le milieu de la musique perd des espaces au profit de l’embourgeoisement et de l’empiètement des nouveaux aménagements résidentiels. ¡¡ Le secteur de la musique ne crée aucun nouveau lien avec le milieu des affaires et les institutions publiques. ¡¡ La Ville élabore une vision pour le secteur de la musique sans consulter les acteurs de l’industrie. ¡¡ Les entreprises du secteur de la musique sont restreintes par les droits de distribution et les règlements sur le bruit. ¡¡ Ottawa réussit moins bien que les autres municipalités en ce qui concerne l’obtention de financement et le développement de regroupements d’entreprises. Profil des industries de la musique à ottawa | TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 23 4.0 POURQUOI LES VILLES S’INTÉRESSENT-ELLES À LA MUSIQUE? La culture, qui se définit par un accès à des expériences uniques et par une qualité de vie, est maintenant reconnue comme un élément clé des avantages concurrentiels des villes... Dans le contexte de la nouvelle dynamique économique, la culture est considérée comme un facteur essentiel à la création de la richesse. ~ TERRY FLEW, UNIVERSITÉ TECHNOLOGIQUE DU QUEENSLAND ~ La musique stimule la croissance économique non seulement parce qu’elle promeut l’entrepreunariat et la création de nouvelles entreprises, mais attire aussi des congrès et des touristes dans la région d’Austin. Elle améliore la qualité de vie de tous les citoyens d’Austin en encourageant le développement culturel et artistique. ~ DAVID LORD, CHAMBRE DE COMMERCE D’AUSTIN ~ Par définition, les artistes qui ont du succès sont ceux qui prennent des risques non seulement en remettant en question les normes sociales dans leur expression artistique et culturelle, mais aussi en prenant les risques financiers qui sont propres à la vie d’artiste. Les artistes ont habituellement une carrière d’entrepreneur, et plutôt que de reproduire le stéréotype de la pauvreté, des emplois sans avenir ou de l’attente d’une subvention ou d’un rôle, ils cherchent activement divers marchés et salles où ils peuvent se produire. ~ TARA VINODRAI ET MERIC GERTLER, UNIVERSITÉ DE TORONTO ~ Bonnie Doon à Pressed Plusieurs raisons expliquent l’importance de la musique pour les villes, notamment l’incidence économique directe des emplois dans le secteur de la musique et l’amélioration de la qualité de vie des résidents. Récemment, la musique est devenue une composante clé des industries de la création; en effet, elle favorise le réseautage, inspire l’esprit d’entreprise et façonne l’image de marque d’une ville à l’extérieur de son territoire. Le spécialiste de l’économie urbaine Richard Florida s’est fait connaître pour avoir découvert que la population active la plus mobile et recherchée veut vivre à des endroits au fort dynamisme culturel où ils peuvent être exposés à des gens et à des idées variés28. Il souligne les traits de caractère que les musiciens ont en commun avec d’autres personnes habiles à résoudre les problèmes de façon créative, comme les entrepreneurs, les ingénieurs et les chercheurs : ils travaillent dans des domaines très concurrentiels, ils utilisent leur créativité et leurs compétences pour transformer leurs idées en nouveaux produits et cherchent constamment de nouveaux marchés pour leur travail. La musique et la vie nocturne passionnante qui l’accompagne attirent les travailleurs jeunes et qualifiés29 30. Cependant, la vie nocturne active ne sert pas simplement à attirer les personnes talentueuses dans une ville31. Par nature, les industries de la création sont intrinsèquement sociales, et les lieux de diffusion (salles, clubs, festivals, etc.) sont des cadres importants pour l’économie créative. Les liens s’y tissent, les relations de confiance s’y bâtissent et les nouvelles occasions de travail y circulent. La vie nocturne est un ciment social dont les villes ne peuvent se passer aujourd’hui. Certains effets sont quantifiables. En se fondant sur un ensemble de données volumineux couvrant tout le Canada, provenant d’entreprises et tirées du recensement, des chercheurs ont constaté une forte corrélation entre la présence d’une population d’artistes et l’augmentation des salaires dans toutes les professions32. Cette corrélation est particulièrement forte si les artistes évoluent dans un milieu solidaire, un phénomène appelé « scenius » (contraction de « scene » et de « genius ») par les chercheurs selon lequel une combinaison d’artistes talentueux, de publics avertis et d’une culture du risque et de l’expérimentation stimule la qualité de la production de tous les participants. Une équipe ayant examiné des ensembles de données du Royaume-Uni a découvert une corrélation semblable entre les regroupements créatifs et les salaires dans d’autres sphères de l’économie33. Leurs conclusions appuient également l’idée selon laquelle l’industrie des arts et de la culture est attrayante pour les travailleurs hautement qualifiés. Au Canada, le Conseil des technologies de l’information et des communications a constaté les nombreux effets bénéfiques de la musique sur le secteur canadien des technologies de pointe34. À l’instar des économistes, les amateurs de musique savent à quel point la musique est importante pour les villes. La musique peut devenir un avantage concurrentiel. La prochaine étape consiste à trouver des façons de soutenir la croissance des industries musicales à l’échelle régionale. Profil des industries de la musique à ottawa | TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 25 QUE FONT LES VILLES POUR LA MUSIQUE? De très longue date, le gouvernement du Canada intervient dans ses industries musicales. Qu’il s’agisse de la mise en place dans les années 1970 de règlements sur le contenu canadien pour la musique diffusée à la radio, de l’aide aux projets d’enregistrement sonore offerte dans les années 1980 ou du Fonds de la musique du Canada aujourd’hui à la disposition des artistes et des entrepreneurs, les politiques en matière de musique sont habituellement mises en place par le gouvernement fédéral. Cependant, la musique est depuis peu l’objet de politiques pour les municipalités canadiennes. Ce regain d’intérêt pour la musique à l’échelle municipale suit les tendances observées au Royaume-Uni, en Australie et aux États-Unis, où la musique locale est perçue comme une manière de créer des emplois et une composante des stratégies de revitalisation urbaine visant à attirer des investissements de l’extérieur, les talents et les touristes35. Les exemples suivants montrent ce qui a été fait dans le monde ainsi que quelques initiatives municipales récentes en Ontario. Sheffield (Royame-Uni) Dans les années 1980, lorsque Sheffield a tenté de se réinventer après le déclin de son industrie sidérurgique, le conseil de ville a voulu développer ses industries musicales locales à partir de rien en créant un local de répétition, un studio d’enregistrement et une salle de spectacle dans des bâtiments industriels inutilisés à l’écart des principaux lieux de socialisation. Ces mesures ont été prises dans le cadre de l’aménagement d’un grand « quartier de l’industrie culturelle », qui a été, selon une étude influente, plus bénéfique pour les industries cinématographique et télévisuelle que pour le secteur de la musique : « En premier lieu, l’exemple de Sheffield montre qu’il ne faut pas se concentrer seulement sur les installations, mais tenir compte également de l’infrastructure immatérielle, des gens, des compétences, du réseautage et du contexte social des acteurs des industries musicales. En second lieu, il montre que tout quartier culturel doit être intégré au tissu sociospatial de la ville36. » Les auteurs ont constaté que l’infrastructure des industries musicales, plus que celle des autres industries de la création, doit être reliée à la vie urbaine. Le recoupement des espaces de production et de consommation crée des liens et un enthousiasme importants. Ils ont comparé cette approche à ce qui s’est produit à Manchester, où un regroupement de musiciens et d’entreprises du secteur de la musique a pris forme dans un quartier économiquement sous-développé sans l’adoption de politiques culturelles ciblées. L’accès à « des loyers abordables, les locations flexibles, le taux élevé d’inoccupation et la petite taille des propriétés » ainsi qu’une attitude de « laisser-faire » sont les principaux facteurs qui ont permis le développement du secteur de la musique de Manchester. Toutefois, au fur et à mesure que le succès du regroupement grandissait et que la revitalisation du quartier progressait, le « manque d’action concertée » de l’administration municipale devenait un problème : les aménagements immobiliers ont commencé à prendre le dessus sur les entreprises du secteur de la musique. La principale conclusion des auteurs est la suivante : « Une autorité locale peut donner naissance à une industrie à partir de rien, mais elle peut la laisser disparaître si elle ne la soutient pas37. » Ils suggèrent que les administrations municipales interviennent intelligemment dans le secteur de la musique : elles doivent voir ce secteur comme une composante de la vie urbaine, examiner ce qui le relie aux autres secteurs de la création et trouver des façons de faciliter l’intégration des artistes locaux aux plaques tournantes mondiales de l’industrie. 26 TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA | Profil des industries de la musique à d’Ottawa Brisbane (Australie) En 2001, la division du développement économique de Brisbane commande un rapport sur les industries musicales de la ville dans le cadre de sa politique stratégique « ville créative ». L’équipe de recherche avait conclu que la ville était réduite au rôle de second violon par rapport à Sydney et à Melbourne. En effet, comme d’autres villes de deuxième ordre, Brisbane manquait « d’activités intermédiaires dans la chaîne de valeurs de ses industries musicales » (ex. : promoteurs, maisons de disques, services aux artistes, etc.)38. Les industries musicales de Brisbane évoluaient toutefois depuis les années 1990, grâce à plusieurs facteurs : le succès des festivals locaux, la décision d’artistes établis de s’installer dans la ville et la présence d’une station de radio nationale destinée aux jeunes permettant à des artistes locaux d’avoir une visibilité à l’échelle du pays. Les chercheurs ont aussi conclu que la viabilité des industries musicales de Brisbane était menacée par certains facteurs, comme l’embourgeoisement (qui s’accompagne de plaintes relatives au bruit) et le fait que personne ne représente les industries au sein de l’administration municipale39. En 2005, le conseil de ville de Brisbane avait mis en œuvre plusieurs recommandations du rapport : des représentants des industries musicales (et des autres secteurs du divertissement et du tourisme) pouvaient dorénavant participer à l’élaboration des règlements sur le zonage, les permis de vente d’alcool et le bruit; des parties de la ville ont été désignées « zones spéciales de divertissement » visées par des règlements spéciaux sur le bruit; le conseil de ville travaillait avec d’autres ordres de gouvernement à l’amélioration des services consultatifs offerts aux entreprises du secteur de la musique40 41. Villes ontariennes La province de l’Ontario a récemment placé le secteur de la musique au cœur de ses priorités de développement économique en créant le Fonds ontarien de promotion de la musique (FOPM), qui représente 45 millions de dollars, un modèle que les villes ontariennes sont de plus en plus nombreuses à suivre. Hamilton Dans le cadre de sa stratégie de développement économique pour 2010-2015, Hamilton fait des industries de la création – dont la musique – une grande priorité. En 2013, une motion est adoptée pour former un groupe de travail sur le secteur de la musique responsable d’élaborer une stratégie relative à l’industrie musicale de Hamilton et d’examiner la nécessité de créer un bureau municipal de la musique. En 2014, le conseil approuve cette stratégie, qui contient quatre objectifs : « 1. Renforcer l’industrie musicale locale; 2. Élargir le public et valoriser la musique; 3. Accroître l’accès aux expériences musicales; 4. Stimuler la création et le talent. » Un budget ponctuel de 50 000 $ a également été adopté pour créer un bureau de la musique et du film régi par le service du tourisme de la Ville. Le bureau de la musique et du film se trouve maintenant dans le centre d’information touristique au cœur de Hamilton, et les acteurs des industries musicales et cinématographique peuvent y obtenir des renseignements et des ressources42. London Compte tenu de la recommandation de son comité de l’investissement et de la prospérité économique, London crée au début de 2014 un groupe de travail sur le développement de l’industrie musicale composé de 22 acteurs de ce secteur économique de la ville. L’objectif de ce groupe de travail est « d’orienter les initiatives en soutenant le développement économique et culturel de l’industrie musicale de London; d’échanger des idées; de discuter des occasions à saisir et des défis à relever; de fournir des commentaires et des conseils; de tirer parti collectivement du Fonds ontarien de promotion de la musique, afin de favoriser la croissance et l’innovation dans l’industrie musicale de London ». En août 2014, on recommande que 300 000 $ soient puisés dans le fonds de réserve pour le développement économique de la ville afin de réaliser un projet pilote de deux ans qui consiste à créer un bureau de la musique à London43. Profil des industries de la musique à d’Ottawa | TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 27 Toronto Dans la foulée d’un rapport important de Music Canada sur la façon dont Toronto pouvait accélérer la croissance de ses industries musicales en suivant les pratiques exemplaires d’Austin (Texas), le conseil de ville de Toronto approuve en 2013 la création du conseil consultatif sur l’industrie musicale de Toronto, composé de 34 acteurs de l’industrie musicale locale. Siègent à ce conseil des représentants d’associations, d’entreprises et de festivals ainsi que des musiciens de Toronto44 qui ont pour mission « d’élaborer un plan d’action stratégique visant à optimiser l’incidence de l’aide municipale sur l’industrie musicale de la ville ». Toronto a pris d’autres initiatives, par exemple une alliance avec la ville d’Austin et, plus récemment, la nomination de son premier agent de développement du secteur de la musique45. Ailleurs en Ontario, Kitchener et Peterborough ont aussi pris des mesures pour soutenir leurs industries musicales et en ont récolté les fruits. 28 TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA | Profil des industries de la musique à d’Ottawa ÉTUDE DE CAS : AUSTIN (TEXAS) Austin fait figure de modèle pour ce qui est du rôle de catalyseur que peut jouer la musique pour la croissance d’un secteur créatif florissant et de l’influence que peut avoir l’administration municipale sur la création des conditions nécessaires au succès du secteur de la musique. En s’appuyant sur l’histoire dynamique de ses scènes country, punk et alternative, Austin a réussi à se donner l’image de « capitale mondiale des concerts » et a concrétisé cette vision en prenant une série d’initiatives : créer des ponts entre les acteurs de l’industrie musicale locale et avec ceux de l’extérieur ainsi que soutenir les entreprises du secteur de la musique, le tourisme musical et l’organisation de congrès. Le meilleur exemple de réussite internationale pour les industries musicales d’Austin est son festival de musique South by Southwest (SXSW), un événement de deux semaines qui a eu des retombées économiques de 315 millions de dollars en 201446. En comparaison, un récent rapport de l’Université d’Ottawa a conclu que les retombées économiques annuelles des Sénateurs d’Ottawa étaient de 204 millions de dollars47. Toronto a récemment tenté de tirer des leçons des industries musicales d’Austin en réalisant une étude pour mettre à profit les pratiques exemplaires de cette ville. Toutefois, Ottawa pourrait être en meilleure position pour profiter de ces leçons. Austin, à l’instar d’Ottawa, est une ville de taille moyenne à la périphérie de plaques tournantes mondiales de la musique. Tout comme Ottawa, c’est une capitale administrative, sa population est très scolarisée, son secteur des technologies de pointe est très prospère, et beaucoup d’étudiants y fréquentent le collège ou l’université. Bien que Toronto continuera à être le point névralgique de l’industrie musicale canadienne dans un avenir prévisible, Ottawa a le potentiel, comme Austin, de développer une importante plaque tournante régionale ayant sa propre identité musicale et ses propres points forts sur le plan économique. Une partie du succès d’Austin repose sur le fait qu’elle n’a jamais tenté de devenir New York ou Los Angeles. Démographie d’Austin Démographie d’Ottawa ¡¡ 1,5 million de résidents dans la grande région d’Austin ¡¡ 1,282 million de résidents dans la région d’Ottawa-Gatineau50 ¡¡ 60 000 étudiants du premier cycle et des cycles supérieurs dans quatre universités ¡¡ Environ 60 000 étudiants dans trois universités51 ¡¡ 45 000 étudiants au collège communautaire de la ville48 ¡¡ 65 000 employés dans le secteur des technologies de pointe49 ¡¡ Plus de 50 000 étudiants à temps plein et à temps partiel dans les deux collèges de la ville ¡¡ 76 000 employés dans le secteur des technologies de pointe52 La musique à Austin en chiffres En 2010, les industries musicales d’Austin ont généré : ¡¡ 856 millions de dollars en retombées économiques; ¡¡ 478 millions de dollars en valeur ajoutée; ¡¡ 230 millions de dollars en recettes fiscales; ¡¡ 7 957 emplois. Profil des industries de la musique à ottawa | TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 29 Le tourisme musical a généré 806 millions de dollars supplémentaires en retombées économiques et créé plus de 10 000 emplois, ce qui équivaut à 1,6 milliard de dollars en retombées économiques au total53 découlant des activités liées à la musique. La musique domine le secteur créatif florissant d’Austin, évalué à 4,35 milliards de dollars54 : ¡¡ Le jeu vidéo se classe au deuxième rang à 990 millions de dollars. ¡¡ Le cinéma produit 295 millions de dollars. ¡¡ La valeur du secteur créatif d’Austin a augmenté de 25 % entre 2005 et 2010. Le répertoire des entreprises du Texas Music Office55, un « bureau de promotion et un pôle d’information financé par l’état », contient 2 057 organisations d’Austin. Ce répertoire comprend une dizaine de catégories d’entreprises, dont des avocats et des sociétés d’assurances ayant une « division musique » et d’autres acteurs : ¡¡ 26 fabricants d’instruments de musique ¡¡ 39 promoteurs de concerts ¡¡ 85 agents artistiques ¡¡ 92 imprésarios ¡¡ 122 maisons de disques ¡¡ 179 studios d’enregistrement Leçons apprises d’Austin Il serait tentant aujourd’hui de prendre exemple sur Austin et de conclure que la meilleure façon de créer une plaque tournante de la musique est de reproduire la réussite de la ville, devenue une destination de choix pour le tourisme musical et les congrès. Cette stratégie serait malavisée : Austin a évolué dans des circonstances exceptionnelles qui ne peuvent se reproduire. La plus grande leçon à retenir d’Austin ne réside pas dans une initiative ou une autre, mais dans la façon de créer les conditions favorables à la croissance. Comment Austin a-t-elle fait de son identité musicale un atout clé pour le développement économique local, et comment l’a-t-elle mise à contribution pour atteindre son objectif d’attirer des entreprises de haute technologie et du secteur créatif? Selon une histoire détaillée de la musique à Austin, cette ville, dont les scènes étaient autrefois dynamiques mais disparates, est devenue un endroit imprégné de musique grâce à une suite d’événements interreliés : le mouvement lancé par des entrepreneurs du secteur de la musique a ensuite été appuyé par la ville et le milieu local des affaires. (L’information et les citations qui suivent sont tirées du livre Dissonant Identities: The Rock’n’Roll Scene in Austin, Texas de Barry Shank.) Les trois plus grands changements ont été les suivants : ¡¡ Les entrepreneurs locaux en affaires depuis longtemps dans le secteur de la musique ont commencé à s’organiser. En 1982, plusieurs figures importantes de l’industrie musicale locale ont créé la section d’Austin de la Texas Music Association (TMA). La TMA « a voulu éviter le risque de suivre les modes éphémères en choisissant plutôt de concentrer ses efforts sur les mesures visant à attirer des investissements américains et étrangers dans le secteur du divertissement du Texas et l’élaboration de méthodes pour promouvoir les projets à caractère commercial qui pourraient tirer profit de toutes les tendances ». La section locale de la TMA a aussi fait en sorte que la musique devienne une composante clé des villes créatives : « Les concerts améliorent la qualité de vie à Austin. » 30 TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA | Profil des industries de la musique à ottawa ¡¡ La chambre de commerce d’Austin (ACC) s’est faite la championne de la musique. La TMA a demandé à l’ACC de l’aider à stimuler les investissements dans le secteur de la musique. Un membre clé de l’ACC était conscient que la musique pouvait contribuer au développement du tourisme et de l’économie dans son ensemble : « La musique en tant qu’activité commerciale aide à la chambre [de commerce] à atteindre plusieurs de ses objectifs. Elle stimule entre autres la croissance économique, favorise l’entrepreunariat et la création d’entreprises et attire les congrès et les touristes dans la région d’Austin. Elle apporte une qualité de vie élevée à tous les résidents d’Austin en stimulant le développement artistique et culturel. » En fait, « dans une perspective économique, la musique est un moyen presque idéal de faire des affaires ». ¡¡ Les médias marginaux et publics ont fait connaître la musique d’Austin dans la ville et à l’extérieur de la ville. De la scène punk entrepreunariale d’Austin est né un hebdomadaire intitulé The Austin Chronicle, qui a permis de créer un sentiment de communauté culturelle inclusive et unie (son slogan : « Keep Austin Weird », Austin doit rester bizarre) et de cultiver le goût de la musique dans la ville, tout en offrant une plateforme aux annonceurs locaux qui souhaitent toucher ce public amateur de culture. « L’Austin Chronicle a pour mission de rapprocher les résidents d’Austin. Nous sommes convaincus que c’est un service qui répond aux besoins de la ville et que l’Austin Chronicle améliorera la vie des citoyens. » L’émission Austin City Limits, à la télévision publique, réalisée sur le campus de l’Université du Texas, a également joué un rôle important; elle a permis de diffuser des prestations musicales en direct d’Austin à l’échelle nationale. Avec le temps, Austin City Limits s’est développée naturellement pour devenir un mouvement beaucoup plus important qui englobe maintenant une série d’albums enregistrés en concert, une salle au centre-ville et un festival de musique annuel. La formation de cette base en trois étapes a mené à d’autres accomplissements : ¡¡ La TMA et l’ACC ont créé un « cadre de travail pour l’alliance des milieux des affaires et de la musique ». La musique était perçue comme un volet de l’« économie des occasions ». ¡¡ Un conseil consultatif d’Austin sur la musique a été créé, et l’ACC a financé une série d’études sur la musique locale. ¡¡ Le conseil consultatif d’Austin sur la musique a recommandé que l’ACC « crée un bureau permanent du développement de la scène musicale; parraine le kiosque d’Austin dans les grands congrès de l’industrie musicale; favorise l’organisation de congrès pour les professionnels de la musique et encourage la création d’une foire annuelle de la musique d’Austin reconnue à l’échelle nationale ». ¡¡ La ville d’Austin a nommé une personne-ressource pour les industries de la musique et parrainé des missions commerciales pour faciliter l’exportation de la musique locale. ¡¡ L’Austin Chronicle a parrainé une cérémonie annuelle de remise de prix et sensibilisé la population de la ville à la scène musicale locale. Profil des industries de la musique à ottawa | TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 31 Résumé Dans les années 1980, plusieurs scènes musicales et entreprises connexes d’Austin ont connu un essor fulgurant. La ville présentait des points faibles semblables à ceux d’Ottawa aujourd’hui, dont le manque d’acteurs structurants comme des imprésarios, des agents artistiques et des éditeurs. Un journaliste de l’Austin Chronicle a écrit ce qui suit dans les années 1980 : « Les mêmes problèmes qui ont contribué à la mort de la scène country progressive il y a quelques années sont toujours présents : aucune agence artistique compétente intégrée au réseau national, aucun studio de qualité acceptable et un chauvinisme insidieux selon lequel aspirer à un marché qui ne se limite pas au circuit des bars d’Austin représente une trahison. » Cependant, les milieux de la musique et des affaires ont appris de leurs erreurs et ont persisté, conscients des possibilités mutuellement avantageuses. Grâce à l’initiative de quelques entrepreneurs de longue date, à l’énergie créative émanant de la scène punk locale et à la réceptivité de l’administration municipale et du milieu des affaires, Austin a pu mettre en place un cadre pour valoriser la musique, sans égard à l’émergence ou au déclin d’une scène ou d’une autre. Ottawa est certainement arrivée à un stade comparable dans son évolution (mais elle est dotée de meilleurs studios). Des entrepreneurs y sont installés à long terme. Un esprit de débrouillardise règne dans le secteur de la musique. On est conscient que la musique joue un rôle dans l’économie de la ville. Reste maintenant à voir comment toutes les pièces du casse-tête vont s’emboîter. Louis Meyers, membre du conseil consultatif d’Austin sur la musique (Austin Music Advisory Council) et l’un des fondateurs de SXSW, a dit que l’administration municipale se montrait plus efficace lorsqu’elle savait que son rôle était « de rassembler les gens et de les aider à se connaître pour bâtir ensemble ». 32 TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA | Profil des industries de la musique à ottawa 5.0 DÉFINIR L’INDUSTRIE MUSICALE À L’ÉCHELLE MUNICIPALE L’industrie de la musique est une composante centrale du secteur créatif, peut-être plus interreliée avec les autres secteurs que tout autre marché vertical de l’économie créative. La musique est un produit en soi, bien sûr, mais c’est aussi une partie intégrante des films et des émissions de télé. Elle est aussi de plus en plus perçue comme une composante active des nouveaux médias (ex. : jeux vidéo) et de la vidéo, de plus en plus utilisée sur Internet. ~ ÉTUDE STRATÉGIQUE RELATIVE À L’INDUSTRIE ONTARIENNE DE LA MUSIQUE, NORDICITY ~ Je vois les industries de la musique et du disque comme deux segments distincts. L’industrie musicale est plus forte que jamais. On a davantage accès à la technologie, les moyens d’autodiffusion et de mise en marché sur Internet pour les artistes sont surabondants, et le marché des concerts est florissant. C’est le domaine de l’enregistrement, c’est-à-dire la vente et la commercialisation de disques, qui se porte beaucoup moins bien. ~ COLIN MILLS, PROGRAMME DES ARTS DE L’INDUSTRIE MUSICALE, COLLÈGE ALGONQUIN ~ Il y a trois volets : la musique en soi, les affaires – entreprises d’enregistrement sonore, agents artistiques, imprésarios, etc. – et tous les autres acteurs, de la SOCAN aux festivals. Peut-on dire que le pub Heart and Crown ne fait pas partie de l’industrie musicale? Bien sûr que non, parce que même si les groupes qui s’y produisent font des reprises, il permet à des musiciens de travailler, certains d’entre eux composent de la musique, et Heart and Crown paie des droits à la SOCAN. ~ EUGENE HASLAM, PROPRIÉTAIRE D’UN LIEU DE DIFFUSION ~ Il est difficile de définir les industries musicales aujourd’hui pour plusieurs raisons. Comme l’indique le passage tiré du rapport de Nordicity ci-dessus, la musique est à la fois une industrie en soi et une composante de bien d’autres industries, du cinéma aux jeux vidéo, en passant par la restauration et les événements sportifs. Le terme « industries musicales » plutôt que le singulier « industrie musicale », reflète la grande diversité des activités qui composent maintenant le vaste secteur de la musique. Les concerts sont aussi d’envergures très variées, comme l’illustre l’évolution d’Arcade Fire, qui a offert un concert au Centre Canadian Tire Centre en 2014, 10 ans après sa prestation au Black Sheep Inn, et bien des années après l’époque où ses membres donnaient des petits concerts punk avec d’autres groupes à Ottawa, dans les années 1990. Terry Flew, un chercheur qui étudie la musique et les villes, indique que la nature ponctuelle de l’activité musicale et le manque de documentation sur les activités de petite envergure des industries musicales sont des réalités qui compliquent le travail des décideurs lorsqu’ils élaborent des politiques relatives aux industries locales de la musique. Il est plus facile de se concentrer sur ce qui peut se mesurer aisément, comme le méga-spectacle du Centre Canadian Tire, plutôt que sur les petits concerts punk-rock56 Or, c’est souvent la musique non commerciale qui a un effet catalyseur pour les scènes musicales qui transforment la ville. L’étude des industries musicales à travers le prisme urbain nous permet d’évaluer dans quelle mesure la réussite commerciale éventuelle d’un groupe comme Arcade Fire est liée à la présence de ses membres sur leurs scènes locales par le passé. Les possibilités offertes par les petits lieux de diffusion, les maisons de disques et les promoteurs, sans mentionner les programmes d’enseignement musical, sont autant de facteurs qui ont contribué au succès de nombreux musiciens célèbres. Par contre, il est difficile de prévoir qui percera le marché en observant les activités de moindre envergure à l’échelle locale. Chez les économistes, c’est le principe du « nobody knows » (nul ne le sait) des industries du domaine de la création : l’incapacité avérée, même des producteurs les plus expérimentés et compétents, de prédire à un stade précoce le succès commercial d’un nouveau projet57 58 59. C’est pourquoi une ville de la taille d’Ottawa est un endroit passionnant pour étudier les industries musicales. Ottawa est reliée aux grandes industries musicales mondialisées grâce à ses organisations, comme le Bluesfest d’Ottawa, le Centre Canadian Tire, la radio commerciale, ainsi qu’à ses musiciens professionnels qui vivent à Ottawa mais font des tournées internationales. Toutefois, la ville est également d’assez petite taille pour permettre aux activités ponctuelles de petite envergure d’avoir une grande incidence; une salle de concert, un festival de musique ou une soirée dansante mensuelle peuvent réellement changer la ville. Ces activités à petite échelle influencent la façon dont nous définissons les industries musicales locales. À l’inverse des activités d’envergure nationale ou internationale – qui s’observent évidemment dans les statistiques d’ensemble volumineuses –, tous les types d’activités musicales commerciales sont visibles à l’échelle locale. Les statistiques locales montrent non seulement le succès des événements présentés dans les stades et les salles de concert, mais aussi les chiffres sur les soirées à micro ouvert, les amuseurs publics, les locaux de répétition, les détaillants d’instruments de musique où travaillent les musiciens, les disquaires qui font la promotion de la musique d’Ottawa, etc. À l’échelle de la ville, les industries musicales sont non seulement représentées par les entreprises traditionnelles du secteur de la musique (ex. : maisons de disques, producteurs, éditeurs, studios et distributeurs), mais aussi comme un écosystème où de nombreux types de musiciens, d’entreprises et d’organisations travaillent ensemble pour favoriser la création musicale professionnelle ou semi-professionnelle. 34 TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA | Profil des industries de la musique à d’Ottawa La citation d’Eugene Haslam au début de ce chapitre montre l’importance de ces types d’interrelations. L’analyse de ces types d’interrelations nous permet de voir l’industrie musicale d’Ottawa comme un écosystème composé des secteurs suivants : ¡¡ Auteurs-compositeurs, compositeurs et musiciens ¡¡ Entreprises du secteur de la musique (maisons de disques, éditeurs, promoteurs etc.) ¡¡ Studios d’enregistrement ¡¡ Locaux de répétition ¡¡ Lieux de diffusion ¡¡ Festivals de musique ¡¡ Magasins de disques ¡¡ Associations professionnelles (SOCAN, APCM, etc.) ¡¡ Formation musicale ¡¡ Vente et location d’instruments de musique ¡¡ Conception et fabrication d’instruments de musique ¡¡ Appui à l’organisation d’événements musicaux (son, éclairage, sécurité, etc.) ¡¡ Médias Cette perspective élargie a également été adoptée dans des études et des politiques récentes60 61, et nous l’utiliserons donc pour dresser le portrait des industries musicales. Étudiants du programme Music Industry Arts du Collège Algonquin (crédit photo : Collège Algonquin) Profil des industries de la musique à d’Ottawa | TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 35 INDUSTRIES MUSICALES LOCALES ET ÉTAPES DE LA CARRIÈRE DES MUSICIENS Le tableau suivant montre l’évolution de la carrière du musicien amateur ou à temps partiel jusqu’au stade de musicien professionnel à temps plein, ainsi que les composantes des industries musicales qui jouent un rôle dans la formation et le perfectionnement professionnel. Début Apprentissage Émergence Prêt à l’exportation Professionnel (local) (local et régional) (local, régional et national) (régional et national) (national et international) Formation - Programmes de musique à l’école - Cours de musique - Camps musicaux et autres programmes - Programmes de musique postsecondaires - Événements de l’industrie - Événements de l’industrie - Événements de l’industrie Locaux - Disquaires - Magasins d’instruments de musique - Disquaires - Magasins d’instruments de musique - Locaux de répétition - Studios d’en- registrement - Disquaires - Magasins d’instruments de musique - L ocaux de répétition - Studios d’en- registrement - Disquaires - Magasins d’instruments de musique - Locaux de répétition - Studios d’en- registrement - Disquaires - Magasins d’instruments de musique - L ocaux de répétition - Studios d’en- registrement Lieux de diffusion - Salles pour tous les âges - Salles pour tous les âges - Petites salles -S alles pour tous les âges - Petites salles -S alles de taille moyenne - Festivals - Petites salles - Salles de taille moyenne - Grandes salles - Festivals -S alles de taille moyenne - Grandes salles - Festivals - Fabricants (ex. : vinyles) - Distribution en ligne (ex. : Bandcamp) - Fabricants (ex. : vinyles) - Distribution en ligne (ex. : Bandcamp) - Maisons de disques et promoteurs locaux + - Programmeurs - Agents - Éditeurs - Maisons de disques - Program-meurs - Agentss - Éditeurs - Maisons de disques nationales et internationales - Program-meurs - Agents - Éditeurs - APCM - SOCAN - Ré:Sonne - FCM - APCM - SOCAN - Ré:Sonne - FCM - APCM - SOCAN - Ré:Sonne - FCM - APCM - Ville - MUSICACTION - Ville - MUSICACTION - Conseil des arts de l’Ontario -C onseil des arts du Canada - FOPM - Radio Starmaker - Ville - MUSICACTION - FOPM - Radio Starmaker - Blogues - Radio universitaire - CBC - TFO/BRBR - Unis TV5 - Blogues - Radio universitaire - CBC - TFO/BRBR - Unis TV5 - Radio commerciale - Blogues - Radio universitaire - CBC - TFO/BRBR - Unis TV5 - Radio commerciale Entreprises Organisations - APCM Bailleurs de fonds Médias - Blogues - Radio universitaire RBC Bluesfest (crédit photo : Steve Gerecke) LES INDUSTRIES MUSICALES CANADIENNES EN CHIFFRES Selon l’Examen de l’industrie canadienne de la musique (2014) du Comité permanent du patrimoine canadien62, l’industrie musicale du Canada apporte près de 3 milliards de dollars à l’économie annuellemement. Aujourd’hui, 10 000 Canadiens travaillent dans les secteurs de l’enregistrement sonore et des concerts, et 30 000 auteurs-compositeurs professionnels vivent au pays. L’étude indique que les industries canadiennes réussissent bien par rapport aux autres industries du monde. De 2001 à 2012, la part des ventes d’album d’artistes canadiens a augmenté de 16 % à 25 %, tandis que les redevances versées par la SOCAN pour l’utilisation de la musique canadienne dans le monde ont augmenté de 43 % pendant la même période63. Certains chiffres sont toutefois moins positifs. Music Canada, l’organisme qui représente les grandes maisons de disques du Canada, a constaté que le total des ventes d’albums avait chuté de 28,5 % de 2007 à 201164, et que les ventes sur support physique étaient passées de 765 millions de dollars en 2001 à 217 millions de dollars en 2012, une diminution de 72 % en 10 ans. Les musiciens canadiens ont également toujours du mal à vivre de la musique. Selon un rapport préparé en 2012 par Nordicity pour la Canadian Independent Music Association, les musiciens indépendants gagnaient en moyenne 7 228 $ par année et consacraient en moyenne 29 heures par semaine à leur musique, ce qui équivaut à un peu moins de 5 $ l’heure. Selon un rapport récent de Hill Strategies65, le revenu moyen d’un musicien canadien est de 22 800 $, un chiffre qui correspond davantage à ce qui nous avons vu dans notre sondage, mais tout de même moins de la moitié du revenu moyen en Ontario, qui est d’environ 48 000 $66. Profil des industries de la musique A Profile à ottawa of Ottawa’s | TISSER Music LA Industries TOILE DU | CONNECTING SECTEUR MUSICAL OTTAWA D’OTTAWA MUSIC 37 6.0 PORTRAIT DES INDUSTRIES MUSICALES D’OTTAWA Quelles sont les grandes caractéristiques des industries musicales d’Ottawa? La section qui suit présente une description des différents secteurs de ces industries et des liens qui les unissent au reste de l’écosystème local, d’après la définition générale proposée dans la section précédente. Ces secteurs sont les suivants : ¡¡ Auteurs-compositeurs, compositeurs et musiciens ¡¡ Entreprises du secteur de la musique ¡¡ Studios d’enregistrement ¡¡ Locaux de répétition ¡¡ Lieux de diffusion ¡¡ Festivals de musique ¡¡ Magasins de disques ¡¡ Associations professionnelles ¡¡ Formation musicale ¡¡ Vente et location d’instruments de musique ¡¡ Conception et fabrication d’instruments de musique ¡¡ Appui à l’organisation d’événements musicaux ¡¡ Médias Voir Annexe D pour la liste des entreprises locales (organisées par sous secteurs) Amanda Rheaume (crédit photo : Jamie Kronick) AUTEURS-COMPOSITEURS, COMPOSITEURS ET MUSICIENS À Ottawa, peu de musiciens et d’auteurs-compositeurs arrivent à vivre uniquement de leur art. En fait, la plupart d’entre eux peuvent se permettre de faire de la musique parce qu’ils occupent un autre emploi. Cette situation est représentative du monde de la musique en général67. Dans la région d’Ottawa, on retrouve aussi bien des musiciens jouant à temps plein dans l’Orchestre du Centre national des Arts et des artistes internationaux en tournée, que des aspirants musiciens à temps partiel qui jouent un répertoire allant de la musique rock et folk aux rythmes hip-hop. Il n’est pas facile de connaître le nombre exact de musiciens actifs dans la ville. De nombreux musiciens professionnels ne sont pas des employés salariés et plusieurs musiciens semi-professionnels considèrent la musique comme leur principale occupation. Dans le questionnaire détaillé du recensement de 2006, 1 395 personnes de la région d’Ottawa-Gatineau ont déclaré que leur occupation principale était la musique. Comme 800 musiciens ont répondu à notre questionnaire en ligne, nous savons que le recensement ne permet pas de rejoindre tout le monde. Selon la SOCAN, l’organisme canadien de gestion des droits d’auteurs, les artistes inscrits pour recevoir des redevances sont au nombre de 2 503 dans la région de la capitale nationale68. Des 800 musiciens qui ont répondu à notre sondage en ligne sur une période de deux semaines, 262 étaient membres de la SOCAN. Ce ratio est similaire chez les répondants membres de la Musicians’ Association of Ottawa-Gatineau, section locale 180. Près de 70 répondants sont membres de la section locale 180, alors que l’organisation compte entre 750 et 850 membres. Ces chiffres laissent entendre que les musiciens professionnels et semi-professionnels de la région se comptent par milliers, et qu’ils sont probablement beaucoup plus nombreux que ce qu’indique le recensement. Il n’y a manifestement pas d’autre façon de gagner sa vie comme musicien qu’en étant flexible, créatif et travaillant. Plusieurs musiciens à temps plein multiplient les activités : ils enseignent, produisent ou enregistrent des albums pour d’autres artistes, jouent en studio, produisent des clips, composent des mélodies pour des films ou des animations et gèrent des maisons de disques. Certains musiciens se produisent chaque semaine dans un établissement local, organisent des soirées à micro ouvert dans divers endroits de la ville ou jouent dans des groupes de reprises. D’autres se consacrent exclusivement à la promotion de leur carrière internationale. Nos conclusions sont analogues à celles d’autres études récentes, qui révèlent que le métier de musicien professionnel s’articule autour de deux grands principes : les musiciens doivent être prêts à accomplir une multitude de tâches et le réseautage est leur meilleur atout pour trouver du travail69. Cette diversité du travail peut être considérée comme un facteur de productivité pour l’écosystème musical, car il favorise le réseautage au sein du secteur musical et à l’extérieur de celui-ci. Ottawa compte un grand nombre de musiciens à temps partiel qui souhaitent faire carrière dans la musique ainsi qu’un grand nombre de musiciens sérieux qui travaillent dans d’autres domaines. Nous avons remarqué que les musiciens qui se considèrent comme « amateurs ou semi-professionnels » sont plus susceptibles d’occuper un emploi bien rémunéré, par exemple dans les technologies ou le secteur public, alors que ceux qui se considèrent comme « professionnels à temps partiel » occupent davantage des emplois dont les horaires sont flexibles, par exemple dans l’hôtellerie ou la restauration, ce qui leur permet de partir en tournée pendant de longues périodes. Les quartiers favoris des musiciens sont sans conteste les quartiers centraux, en particulier le centre-ville, l’ouest du centre-ville et la basse-ville. Les musiciens à temps plein, toutefois, sont plus nombreux à vivre hors des quartiers centraux, notamment dans les zones rurales et sur la rive québécoise de la rivière des Outaouais. Cela porte à croire qu’une fois leur carrière établie, les musiciens à temps plein n’ont plus besoin de résider en plein cœur de la scène musicale locale. Cela est peut-être aussi lié à la disponibilité des logements abordables. En effet, notre sondage montre qu’une importante proportion des musiciens et des entrepreneurs du domaine de la musique ont récemment choisi de s’établir dans le secteur de Hull en raison de ses logements abordables et de ses lieux propices à la musique. L’écosystème musical d’Ottawa s’étend ainsi jusqu’au Québec et les politiques locales sur la musique devraient en tenir compte. Profil des industries de la musique à d’Ottawa | TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 39 RÉSULTATS DU SONDAGE AUPRÈS DES MUSICIENS D’OTTAWA Les musiciens répondant au sondage Moyenne de revenu lié à la musique : $ 28 215 15 % Temps plein 40 % Temps partiel 45 % $ 5379 Plus pour le plaisir Temps plein Temps partiel $ 1599 Plus pour le plaisir Quel élément t’aiderai à atteindre tes objectifs en musique? Les 3 choix les plus importants parmi les 8 options. Temps plein Temps partiel Plus pour le plaisir 1 2 3 1 2 3 1 2 3 Une accès plus importante à des services pour artistes (ex: gérance, relationniste de presse, etc.) Plus grande accès à du financement pour l’enregistrement sonore, commercialisation, tournée, etc. Plus d’occasions de jouer des spectacles avec une plus grande envergure (ex: festivals, vitrines, etc.) Occasions de mentorat avec des artistes plus établis. Ayant obtenu une education post-secondaire en music. 100 % 80 % Ayant un agent de spectacle 10 % 6% 2% 82 % Temps plein 54 % 60 % 39 % 40 % Temps partiel 20 % 0% Plus pour le plaisir Temps plein Temps partiel Plus pour le plaisir Quel facteur ferait la plus grande différence sur la musique à Ottawa? Les 3 choix les plus importants parmi les 7 options. Temps plein Temps partiel Plus pour le plaisir 1 2 3 1 2 3 1 2 3 Plus d’entreprises musicales (ex: maisons de disques, relations de presse, etc.) Plus de financement de la musique au niveau municipal Plus grande couverture médiatique de la scène locale (ex: journal hedo culturel) Plus de lieux de diffusion de taille moyenne à grande ENTREPRISES DU SECTEUR DE LA MUSIQUE Le terme « entreprise du secteur de la musique » fait référence à toutes les entreprises qui travaillent à promouvoir des carrières d’artiste. Il peut s’agir de maisons de disques, de promoteurs, d’imprésarios, d’éditeurs, de publicitaires ou d’agents artistiques. Les industries musicales d’Ottawa comptent peu de ce genre d’entreprises par rapport aux autres types d’activités musicales. De plus, les entreprises existantes sont de petite taille et comptent peu de liens avec les grandes entreprises canadiennes. Cette absence de liens avec les grands acteurs des industries est un obstacle à l’exportation de la musique locale et à la croissance des industries. Certains signes indiquent toutefois que les choses sont en train de changer. Le promoteur Spectrasonic et l’agence d’artistes Kelp Records, qui étaient tous deux de petites entreprises spécialisées dans la musique alternative, travaillent aujourd’hui avec des artistes de tous niveaux et de tous horizons. Spectrasonic fait venir des artistes de calibre national et international à Ottawa chaque année et offre souvent à des artistes locaux d’assurer la première partie des concerts. Kelp Records a pris de l’expansion et représente aujourd’hui des artistes d’envergure nationale, comme la célèbre chanteuse d’opéra Measha Brueggergosman. Ces entreprises commencent toutefois à relier la région d’Ottawa à un plus vaste réseau de producteurs et de consommateurs de musique, ce qui devrait avoir des avantages à long terme pour les artistes locaux. L’apparition de nouvelles entreprises comme Partick Artists et You Rock Red, qui offrent aux artistes de les aider à rédiger des demandes de subvention, à trouver des salles pour se produire et à faire de la publicité, porte à croire que le marché des services aux artistes est en croissance dans la région. En parallèle, un certain nombre de maisons de disques indépendantes, dont E-Tron Records, de Hull, et Bruised Tongue en font beaucoup pour la scène musicale émergente d’Ottawa. Ces maisons de disques s’inscrivent dans la grande tradition nord-américaine de la musique indépendante, qui évolue en marge de l’industrie traditionnelle. Bien que sa visibilité soit moindre, cette scène entretient des liens avec des milieux semblables ailleurs dans le monde, créant ainsi un réseau alternatif qui favorise la circulation des produits culturels. C’est de ces milieux qu’émergent de nouveaux sons, de nouvelles pratiques et de nouvelles identités musicales qui amènent la ville à être reconnue pour un style musical en particulier. Comme cette industrie n’est pas nécessairement destinée au grand public et qu’elle est soutenue par des organismes communautaires comme les radios étudiantes, il est particulièrement important pour ses représentants d’être en mesure de tisser des liens avec d’autres réseaux alternatifs ailleurs dans le monde. À cet égard, un musicien local et entrepreneur du domaine de la musique a souligné que la meilleure chose que pourrait faire le gouvernement canadien pour aider les musiciens serait d’adopter des mesures leur permettant de partir plus facilement en tournée aux États-Unis70. Les industries musicales franco-ontariennes évoluent elles aussi, à leur façon, en marge des industries traditionnelles, y compris de la scène francophone de Montréal. C’est le cas de la maison de disques LAFAB Musique d’Orléans. Gérée par l’un des musiciens franco-ontariens les plus brillants, Michel Benac, du groupe Swing, cette entreprise travaille avant tout au développement de la carrière de musiciens franco-ontariens et entend, à long terme, prendre sous son aile des musiciens d’autres communautés francophones du Canada. Contrairement à leurs homologues anglophones, les entreprises comme LAFAB Musique ont accès aux services d’organismes comme l’Association des professionnels de la chanson et de la musique et Réseau Ontario, qui font partie de réseaux de distribution et d’organisation de concerts en Ontario et dans l’ensemble du Canada pour les artistes francophones. 42 TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA | Profil des industries de la musique à d’Ottawa Dix représentants d’entreprises du secteur de la musique ont répondu au sondage en ligne. Il s’agit surtout d’entreprises de taille modeste, exploitées directement par leur propriétaire et comptant en moyenne 1,5 employé à temps partiel, en plus du propriétaire. L’âge moyen de ces entreprises est d’environ quatre ans, ce qui indique qu’il s’agit d’un secteur relativement jeune, contrairement aux autres secteurs locaux de l’industrie de la musique. Les représentants d’entreprises qui ont répondu au sondage ont indiqué que leur principal problème était d’ordre financier et qu’ils avaient du mal à attirer des investisseurs et à générer du profit. Ceux-ci ont également déploré l’absence d’un magazine hebdomadaire consacré aux arts et à la culture, le manque de connaissances sur l’industrie et le manque de collaboration entre les scènes musicales. STUDIOS D’ENREGISTREMENT ET SERVICES DE POSTPRODUCTION SONORE L’une des forces des industries musicales d’Ottawa est la présence de studios d’enregistrement à la fois accessibles et de grande qualité. Ottawa compte quelques grands studios, dont les Raven Street Studios, où des artistes de grandes maisons de disques ont enregistré des albums. La ville compte aussi plusieurs petits studios professionnels qui attirent des artistes indépendants de pays aussi lointains que l’Australie. Il existe également des studios d’enregistrement mobiles, des studios spécialisés dans la mastérisation ainsi que des entreprises spécialisées dans la postproduction sonore, qui offrent des services à l’industrie du film et de la télévision. Nous ne saurions insister suffisamment sur l’importance des studios d’enregistrement. En plus de remplir leur fonction principale, qui consiste à offrir un espace de production de musique enregistrée, les studios jouent un rôle important dans le développement professionnel des musiciens locaux. Ils leur permettent de tisser des liens avec des producteurs et des musiciens de studio et leur donnent l’occasion d’approfondir leurs connaissances et leurs compétences en matière d’enregistrement. Les studios sont également un lieu d’apprentissage pour les ingénieurs du son de la région qui peuvent y acquérir de l’expérience et y établir des collaborations. Les studios permettent de rassembler en un même endroit des auteurs-compositeurs, des musiciens et des producteurs de scènes et d’origines différentes, de l’intérieur comme de l’extérieur de la ville. Ce sont aussi des lieux de rencontre pour des intervenants de divers milieux, comme la télévision, le cinéma et les jeux vidéo. La musique que l’on y enregistre peut également voyager et faire connaître le nom de la ville et les styles qui lui sont propres. Treize représentants de studios d’enregistrement ont répondu à notre sondage. De ce nombre, 62 % ont ouvert leurs portes il y a plus de 11 ans et 31 % il y a plus de 20 ans. Il s’agit de petites entreprises exploitées par leur propriétaire et qui comptent en moyenne un employé contractuel ou à temps partiel. D’après les réponses recueillies dans le sondage, le plus grand défi rencontré par les studios d’enregistrement est la concurrence des studios d’autodidactes à domicile et des studios en démarrage qui offrent leurs services à des tarifs inférieurs. Les studios d’enregistrement souffrent aussi du fait que les artistes locaux n’ont pas toujours les moyens de payer pour des services professionnels et que ceux qui les ont se rendent parfois dans d’autres villes pour enregistrer leurs albums. Les propriétaires déplorent en outre la nature fragmentée de la scène musicale locale. Profil des industries de la musique à d’Ottawa | TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 43 LOCAUX DE RÉPÉTITION Les locaux de répétition sont des endroits où les groupes de musiques peuvent écrire de la musique et répéter leurs pièces à plein volume. Ces endroits se composent généralement de plusieurs salles insonorisées et équipées de batteries, de micros et d’autres types d’équipement. Ils sont généralement situés dans des zones industrielles, là où le bruit ne gênera pas les voisins. Les locaux de répétition servent aussi bien à faire de la musique qu’à échanger des connaissances et à établir des liens professionnels. Certains locaux offrent aux groupes la possibilité de louer un espace au mois et de le partager avec d’autres groupes, ce qui permet de renforcer les relations entre les musiciens. D’autres servent également de studio d’enregistrement et parfois même de salle de spectacle. Ottawa compte peu de locaux de répétition, et l’ouverture des Capital Rehearsal Studios, en 2007, a sans doute été l’un des plus importants événements des dernières années pour l’écosystème local. En 2012, les studios ont emménagé dans des locaux plus grands, situés à proximité de la rue Scott, au centre-ville, dans un secteur de plus en plus en vogue auprès des artistes locaux. Gérés par Luke Martin, ex-membre de groupes locaux influents dont The White Wires, les Capital Rehearsal Studios sont dotés de 15 salles de répétitions fréquentées chaque mois par plus de 100 groupes. L’endroit abrite aussi une salle de spectacle du nom de Gabba Hey, où deux ou trois concerts ont lieu tous les mois, ainsi qu’un magasin de disques vinyle qui vend les disques de nombreux artistes locaux. Aucun exploitant de locaux de répétition n’a répondu au questionnaire en ligne. LIEUX DE DIFFUSION À Ottawa, la liste des établissements qui présentent des concerts est très longue. Selon Pollstar, la base de données nationale qui regroupe l’ensemble des salles de concert du pays, il existe plus de 200 lieux de diffusion dans la région. Selon la Canadian Independent Recording Artist’s Association, ces lieux seraient plutôt au nombre de 70, ce qui correspond en fait au nombre de diffuseurs les plus actifs. La ville d’Ottawa compte de grandes institutions comme le Centre Canadian Tire et le Centre national des Arts (CNA), ainsi que des établissements qui relèvent directement de la municipalité, soit le Centre Shenkman et les Théâtres Centrepointe. Qu’ils soient financés par les deniers publics ou rattachés à d’autres grandes organisations, ces lieux disposent de l’infrastructure et du budget nécessaires pour attirer des artistes de grande envergure, ce qui les rend inaccessibles pour de nombreux artistes locaux. Ces derniers utilisent à l’occasion la quatrième scène du CNA pour des événements importants comme des lancements d’albums, mais cette salle est généralement considérée comme trop coûteuse pour qu’ils puissent y organiser leurs propres concerts. Nous avons demandé à un professionnel de l’industrie pourquoi la série CNA Présente ne mettait pas plus d’artistes locaux en vedette, et il a répondu : « Le CNA fait affaire avec des agents, mais les artistes d’Ottawa n’en ont pas. » Ce sont les petites salles d’une capacité de 50 à 250 personnes qui sont les plus proches de la scène émergente. Dans cette catégorie, la ville compte quelques nouveaux lieux de diffusion, dont le Raw Sugar Cafe, la House of TARG, le Pressed, le Gabba Hey, le Mugshots et le Daily Grind ainsi que des salles bien établies comme le Black Sheep Inn, le Zaphod Beeblebrox, le Babylon et le Mavericks. Ces endroits sont très importants, car ils offrent la possibilité aux artistes locaux de se produire en spectacle, de se faire connaître et de tisser des liens avec des artistes en tournée. Ils sont également essentiels au développement de la scène musicale locale. 44 TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA | Profil des industries de la musique à d’Ottawa First Base à House of TARG (crédit photo : Ming Wu) L’une des tendances intéressantes de la scène musicale locale est la tenue de concerts dans des lieux non traditionnels, comme des librairies, des boulangeries et des salons privés. Cela pourrait répondre à un désir d’organiser des concerts dans un lieu où l’écoute est privilégiée, comme dans les locaux du Neat Café de Burnstown, ouvert il y a quelques années. La venue de lieux comme le Neat Café, le restaurant The Branch, de Kemptville, et le Black Sheep Inn ont fait des zones rurales d’Ottawa une destination de choix pour les musiciens et les amateurs de musique. Fait intéressant, le Bluesfest a constaté une augmentation du nombre de demandes de la part de musiciens originaires de la vallée de l’Outaouais dans les dernières années71. Comme nous l’avons déjà dit, l’une des principales faiblesses de l’écosystème musical d’Ottawa est le manque de salles d’une capacité de 300 à 600 places. Le Barrymore Music Hall, qui était autrefois un haut lieu de la scène musicale ottavienne, a arrêté de proposer des concerts de façon régulière. Il existe cependant des salles de plus grande capacité, dont l’Algonquin Commons Theatre, qui compte 700 places, et le Centre Bronson qui en compte plus de 800. Ces salles proposent de plus en plus de concerts d’envergure donnés par des artistes de l’extérieur de la ville, mais sont généralement considérées comme trop vastes pour accueillir les artistes locaux qui cherchent à gravir les échelons après s’être produits dans de petites salles de la scène locale. Les festivals de la ville demeurent la meilleure option pour les musiciens locaux qui désirent se produire devant une foule importante. En tout, 23 diffuseurs ont répondu au sondage. Environ 25 % de ces salles présentent exclusivement de la musique et 25 % sont des lieux de diffusion non traditionnels (p. ex. des églises, des magasins de musique, des centres récréatifs). Les 50 % restants sont constitués de pubs, de bars, de restaurants et de théâtres. Profil des industries de la musique à ottawa | TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 45 Un peu plus de 50 % des diffuseurs répondants ont une capacité de 100 à 300 places alors que 32 % d’entre eux ont une capacité de moins de 100 personnes. Les quatre diffuseurs restants sont deux théâtres d’une capacité de 300 à 600 places, une salle d’une capacité de 600 à 900 places et une autre de plus de 1 000 places. D’après le questionnaire, près de 50 % des diffuseurs présentent moins de 5 concerts par mois alors que 40 % d’entre eux en présentent plus de 15. Le prix moyen des billets vendus est légèrement supérieur à 10 $. La plupart des salles existent depuis plus de 10 ans et emploient en moyenne cinq ou six employés à temps plein et sept ou huit à temps partiel. De tous les répondants, 76 % disent accepter des propositions de concerts directement de la part des artistes, 35 % disent travailler avec des promoteurs de l’extérieur et 35 % disent avoir un programmeur à l’interne. Près de 90 % des diffuseurs fournissent un système de sonorisation. Plus de 80 % d’entre eux disposent d’un ingénieur du son et 70 % d’un portier. Sur l’ensemble des répondants, 44 % déclarent embaucher du personnel de sécurité et 20 % disent recourir à du personnel supplémentaire pour la vente de billets et la publicité. Les répondants ont indiqué que les périodes les plus achalandées étaient le printemps et l’automne, l’été étant la saison la plus calme. D’après 43 % des diffuseurs, le marché de la musique semble s’améliorer au fil du temps, mais 31 % d’entre eux croient plutôt que la situation tend à se dégrader. Les diffuseurs rencontrent plusieurs types de difficultés. Certains reçoivent des plaintes pour le bruit, d’autres se plaignent que leur salle est trop petite, ce qui les empêche d’attirer des artistes d’envergure. La difficulté la plus commune semble toutefois être d’attirer le public, ce qui signifie assurer les tâches de communication et de publicité, amener les artistes à faire la promotion de leur spectacle et travailler tous les soirs de la semaine. Pour stimuler la scène locale, les diffuseurs suggèrent notamment d’améliorer les transports pour accéder aux concerts, d’augmenter le financement accordé aux diffuseurs autres que les institutions nationales, d’amener le public à fréquenter les petites salles plutôt qu’uniquement les festivals, d’organiser plus de concerts dans les écoles, de favoriser la collaboration entre les diffuseurs et d’inciter le public à s’intéresser davantage aux arts et à la culture. Lieu alternatif 46 Centre Canadian Tire TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA | Profil des industries de la musique à d’Ottawa RBC Bluesfest (crédit photo : Steve Gerecke) FESTIVALS DE MUSIQUE Si la dernière décennie a été plutôt sombre pour les industries musicales, le marché des festivals est celui qui a su le mieux tirer son épingle du jeu72. À Ottawa, ce secteur de l’industrie musicale est également le mieux établi, le plus organisé et le plus visible. De nombreux festivals de la ville sont membres de l’organisme à but non lucratif Festivals d’Ottawa, fondé en 1996 pour soutenir les festivals locaux et promouvoir les intérêts communs de ce secteur. La création de cet organisme semble avoir porté ses fruits : il compte aujourd’hui aujourd’hui 90 membres et la ville d’Ottawa a été reconnue Meilleure ville de festival en Ontario en 201473. Les festivals créent de nouveaux lieux pour la musique. Ils transforment des espaces extérieurs en salles de concert à ciel ouvert et des parcs de stationnement en boîtes de nuit, en plus d’utiliser à de nouvelles fins des endroits comme des églises et des magasins de disques. La transformation d’un site pour y tenir un spectacle en plein air entraîne d’importantes retombées économiques. En effet, ce type d’événements requiert la location d’équipement et l’embauche de personnel de sécurité, et offre la possibilité à des restaurateurs ambulants et à d’autres commerçants de vendre des produits et des services. L’entreprise de sécurité Tœrsa Security inc., par exemple, a vu le jour lorsque le Bluesfest a eu besoin de services de sécurité supplémentaires pour pouvoir étendre la portée de son permis d’alcool74. Les festivals de musique amènent d’importantes occasions de développement professionnel pour les artistes locaux, ce qui est particulièrement important compte tenu de l’absence de salle de capacité moyenne dans la ville. Kellylee Evans, une chanteuse de jazz ottavienne de renommée internationale, a chanté pour la première fois dans un festival lors du Westfest, avant de faire une percée remarquée lors du Festival de jazz d’Ottawa. Cela lui a par la suite permis de chanter au Festival de jazz de Montréal, un événement d’envergure mondiale. Les propos de Kellylee Evans sont sans équivoque : « Les festivals donnent l’occasion aux artistes locaux de jouer en première partie d’artistes pour lesquels des foules entières se déplacent. C’est l’idéal, pour eux .75» Les festivals comme le Bluesfest permettent aussi à des artistes de se faire connaître en dehors de ce segment de marché. Le Bluesfest a en effet permis à des artistes comme Monkeyjunk de jouer aux États-Unis, a créé des programmes éducatifs et des programmes pour les jeunes, dont l’initiative « Rejoins la bande », et, plus récemment, a organisé des séances d’information sur l’industrie pour les musiciens locaux. Du Bluesfest, qui dispose d’un budget annuel de 15 millions de dollars et emploie 15 personnes à temps plein, à l’Arboretum Festival, qui a réussi à organiser un événement d’une semaine avec une équipe uniquement constituée de bénévoles, les festivals d’Ottawa sont une occasion unique pour les artistes locaux de jouer devant un large public et de tisser des liens avec des artistes bien établis en provenance d’Ottawa comme de l’extérieur. Si ce sont les festivals de grande envergure qui ont le plus de retombées directes, les petits festivals comme Ottawa Explosion Weekend, House of PainT, Arboretum Festival et Westfest jouent un rôle inestimable en aidant la ville d’Ottawa à se forger une réputation de ville musicale à l’échelle internationale. Profil des industries de la musique à d’Ottawa | TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 47 ASSOCIATIONS PROFESSIONNELLES Les associations professionnelles et les syndicats de musiciens jouent un rôle très important. Ils représentent les musiciens, défendent leurs intérêts collectifs, offrent des ressources qui favorisent le développement professionnel des musiciens et des entreprises du secteur, financent la scène musicale locale et rassemblent les intervenants du milieu. La SOCAN, bien que ses locaux ne soient pas situés à Ottawa, est l’association professionnelle qui compte le plus de membres dans la région. En effet, dans la région de la capitale nationale, ses membres sont au nombre de 2 50376. De tous les musiciens qui ont répondu au questionnaire en ligne, 262 sont membres de la SOCAN. L’organisation la plus populaire auprès des musiciens de la région après la SOCAN est la Musicians’ Association of Ottawa-Gatineau, section locale 180, un syndicat membre de la Fédération canadienne des musiciens (FCM), autrefois appelée American Federation of Musicians. Près de 70 membres de la FCM ont répondu au questionnaire. D’après la section locale 180, l’organisation regroupe entre 750 et 850 membres en règle dans la région, dont environ 250 font partie d’orchestres locaux (l’Orchestre du Centre national des Arts, l’Orchestre symphonique d’Ottawa, l’Orchestre symphonique de Gatineau ou le Sudbury Symphony Orchestra). Les représentants du syndicat soulignent que le nombre de membres a diminué de 50 % depuis 30 ans, soit depuis que la loi autorise les bars et les hôtels à embaucher des musiciens non membres du syndicat. Aujourd’hui, l’une des principales raisons pour lesquelles de nombreux musiciens deviennent membres du syndicat est pour obtenir le visa P2, nécessaire pour jouer aux États-Unis. D’après les représentants du syndicat, environ 20 % des membres de la section locale 180 sont actuellement titulaires de ce visa. Les représentants soulignent également que l’un des plus importants services offerts par le syndicat, et probablement le plus méconnu des musiciens du monde de la pop et du rock, est la caisse de retraite. Ce régime de retraite incarne la volonté de la section locale 180 de favoriser la construction de carrières musicales à long terme, un volet peu connu de plusieurs musiciens émergents d’aujourd’hui, en particulier ceux qui travaillent dans le milieu de la musique populaire. La section locale permet également aux musiciens d’en savoir plus sur leurs droits et sur les contrats. Ses représentants soulignent que l’une des plus importantes compétences à acquérir, pour un musicien, est « d’apprendre à gérer la paperasse77». L’Association des professionnels de la chanson et de la musique (APCM) est aussi un organisme très important. De tous les répondants au questionnaire français, 53 % ont déclaré en être membre. L’APCM, dont les bureaux sont situés à Ottawa et qui emploie quatre personnes à temps plein, donne aux musiciens francophones de l’Ontario et de l’Ouest du Canada l’occasion de se professionnaliser. Elle leur offre du tutorat musical, distribue leurs disques (les artistes ont souvent besoin d’un distributeur pour avoir accès à certaines subventions), assure leur publicité et les met en lien avec des programmeurs de l’ensemble du pays. L’organisme est particulièrement actif au sein des écoles publiques francophones; il gère des programmes qui permettent d’initier les jeunes artistes prometteurs au monde de la musique et de créer des liens entre les étudiants et les musiciens professionnels. Il n’existe pas d’organisme similaire du côté anglophone. Il n’existe pas non plus d’association représentant l’ensemble des industries musicales de la région, musiciens et entreprises confondus. De nombreux musiciens locaux et entreprises de la région sont membres de MusicOntario, l’association musicale provinciale, mais le siège social de l’organisme et la majorité de ses membres se trouvent à Toronto. Il reste à savoir si MusicOntario saura servir les intérêts des industries musicales d’Ottawa à distance ou s’il vaudrait mieux créer une association locale bilingue. 48 TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA | Profil des industries de la musique à d’Ottawa FORMATION MUSICALE Les programmes de formation musicale locaux sont l’un des plus grands catalyseurs des industries musicales d’Ottawa. Des diplômés de l’Audio Recording Academy (TARA), le programme de formation pour les ingénieurs du son offert par Raven Street studios, ont démarré d’importantes entreprises, dont les Capital Rehearsal Studios et le magasin SpaceMan. La récipiendaire d’un prix Juno Kellylee Evans a commencé sa carrière dans les boîtes de jazz d’Ottawa, où elle accompagnait des étudiants au baccalauréat en musique de l’Université Carleton. Kalle Mattson, auteur-compositeur-interprète bien connu qui tourne aujourd’hui dans le monde entier, a quitté sa ville natale de Sault Ste. Marie pour étudier la musique à l’Université d’Ottawa. De nombreux musiciens locaux, comme l’auteure-compositeure-interprète et harmoniciste Catriona Sturton, ont gagné la confiance nécessaire pour monter sur scène en apprenant du légendaire musicien Larry « The Bird » Mootham à l’Ottawa Folklore Centre. Avec ses 75 places, le programme de formation du Collège Algonquin, qui combine une formation d’ingénieur du son, de production musicale et d’initiation à l’industrie de la musique (et fournit des stagiaires à des entreprises locales, dont Kelp Music), ne répond pas à la demande. Le Collège offre également un programme de certificat d’un an dans le même domaine, dans lequel il peut accueillir 80 étudiants. Les finissants de ce programme sont souvent ensuite admis au programme de deux ans. Il existe des dizaines d’écoles de musique privées : plusieurs sont rattachées à des détaillants d’instruments de musique, certaines donnent seulement des cours et d’autres offrent aussi du tutorat et la possibilité d’enregistrer dans un studio de calibre professionnel. Toutes ces activités créent de l’emploi chez les musiciens professionnels. L’une des difficultés pour les programmes de formation en lien avec l’industrie de la musique est le manque d’entreprises bien établies dans le domaine, ce qui signifie que les possibilités de stages pour les étudiants et d’emploi pour les diplômés sont rares à Ottawa. En prenant davantage d’expansion, les maisons de disques, promoteurs et autres entreprises de services aux artistes pourront offrir une expérience de formation plus complète aux étudiants et faire en sorte qu’un plus grand nombre de diplômés demeurent à Ottawa. The Audio Recording Academy (crédit photo : TARA) Profil des industries de la musique à d’Ottawa | TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 49 Dave’s Drum Shop MAGASINS DE DISQUES Les magasins de musique jouent un rôle essentiel dans l’écosystème local. On peut y acheter des disques d’artistes locaux, y rencontrer d’autres amateurs de musique et se tenir au courant de ce qui se passe en ville. Les recherches effectuées sur les disquaires indépendants d’Ottawa comme Birdman Sound, Vertigo Records ou Compact Music indiquent que ceux-ci accordent une plus grande place aux artistes locaux que les grandes chaînes78. C’est un bon signe, qui indique que ces commerces ne se contentent pas de survivre, mais qu’ils connaissent une certaine croissance. Les ventes d’albums physiques ont diminué, mais nous assistons actuellement à un intéressant regain de la popularité des disques vinyle, dont les ventes ont augmenté de 53 % au Canada entre 2013 et 201479. Elles ont fait un bond similaire aux États-Unis, où elles ont augmenté de 43 %80. L’engouement pour les vinyles a coïncidé avec l’ouverture de nouveaux magasins de disques dans la région, dont la version agrandie du magasin The Record Centre, sur la rue Wellington, et le magasin Vinyl Destination à Merrickville, qui ont tous deux été nommés par la CBC parmi les meilleurs magasins de disques au Canada81. Ce type de magasins entraîne généralement la création de petites communautés d’amateurs. Une autre tendance importante est l’utilisation de plateformes de téléchargement ou de lecture en continu (« streaming ») comme Rdio, Spotify, Songza et SoundCloud, qui permettent d’écouter un nombre presque infini de chansons de partout dans le monde gratuitement avec de la publicité, ou alors sans publicité, mais en payant un abonnement mensuel. Des sites comme Bandcamp permettent aux musiciens de vendre leur musique directement aux consommateurs, sans intermédiaire. Les vinyles et la musique numérique en ligne, même s’ils ne semblent pas aller de pair, créent des liens entre les artistes locaux et le public. La lecture en continu permet à la musique de voyager et de se faire connaître dans toutes sortes d’endroits, sans qu’il soit nécessaire de copier un disque en milliers d’exemplaires. Les petits magasins relient les artistes avec les communautés en distribuant leurs disques et en leur permettant d’offrir des prestations en magasin. De nombreux musiciens font aujourd’hui presser un petit nombre de vinyles et font tout le reste en ligne. Seulement deux disquaires ont répondu à notre questionnaire en ligne. Il s’agit de deux petits magasins comptant deux ou trois employés à temps plein et existant depuis plus de 20 ans. Ces magasins disent rencontrer certaines difficultés, dont celle d’arriver à se faire connaître en dehors de la communauté et de demeurer concurrentiels en dépit d’Internet et des plateformes de lecture en continu. 50 TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA | Profil des industries de la musique à ottawa VENTE ET RÉPARATION D’INSTRUMENTS DE MUSIQUE Ottawa compte un grand nombre de magasins de musique établis depuis de nombreuses années qui offrent également des services de réparation et des cours de musique. Le soutien exceptionnel reçu par l’Ottawa Folklore Centre en 2014 alors qu’il était dans une situation économique précaire témoigne bien du rôle crucial que jouent les magasins d’instruments de musique dans l’écosystème musical local82. Si l’Ottawa Folklore Centre jouit d’un statut privilégié auprès de la scène musicale locale, d’autres magasins contribuent également à fournir des emplois aux musiciens de la ville. Chez SpaceMan, par exemple, les huit employés (sept à temps plein et un à temps partiel) sont des musiciens. D’après le sondage, 100 % des employés des magasins d’instruments de musique sont des musiciens. Les magasins qui offrent des cours de musique, comme l’Ottawa Folklore Centre et Lauzon Music, emploient de nombreux musiciens professionnels comme professeurs. Une commentatrice a d’ailleurs affirmé : « Enseigner le chant à l’Ottawa Folklore Centre m’a aidé à joindre les deux bouts lorsque je faisais mes débuts comme musicienne professionnelle83. » Pour les musiciens à temps plein qui ont répondu au sondage, l’enseignement de la musique est au second rang des sources de revenus après les concerts. Les magasins de musique sont, par conséquent, des lieux essentiels pour l’éducation musicale proprement dite et informelle. Comme il s’agit de lieux où de nombreux musiciens travaillent, la plupart ayant une formation postsecondaire en musique84, ces magasins sont un excellent endroit pour apprendre sur les instruments eux-mêmes (le matériel, la façon de l’utiliser et la terminologie) ainsi que pour connaître les débouchés sur la scène locale. Situés partout dans la ville, ces magasins permettent aux musiciens des quartiers périphériques de tisser des liens avec des professionnels des quartiers centraux. Les magasins d’instruments de musique sont bien entendu des endroits où l’on peut acheter des instruments de musique et les faire réparer. Le fait d’avoir accès à des instruments haut de gamme et à des services de réparation de grande qualité, ainsi que de pouvoir louer de l’équipement pour enregistrer ou partir en tournée (ce service est offert, par exemple, chez Long & McQuade) est crucial pour les musiciens professionnels de la région. Les magasins comme SpaceMan et Lauzon Music sont notamment d’importants points de vente de pédales d’effet pour guitare, un sous-secteur porteur à Ottawa85. Les quatre magasins d’instruments représentés dans le sondage sont en moyenne ouverts depuis 10 ans et comptent environ 4 employés à temps plein et 1,5 employé à temps partiel. L’ensemble des répondants de ce secteur estime que le marché d’Ottawa est de plus en plus propice à l’exploitation de ce type de commerce. La plus grande difficulté rencontrée par ces entreprises est la concurrence des grandes chaînes et des magasins à grande surface et le fait d’exploiter un commerce très spécialisé dans un petit marché. L’un des exploitants de magasin a aussi dit avoir du mal à maintenir des relations avec l’association locale des commerçants, sa demande d’adhésion ayant été refusée parce que son commerce est situé à un demi-pâté de maisons des limites de la zone d’amélioration commerciale. Profil des industries de la musique à d’Ottawa | TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 51 FABRICATION D’INSTRUMENTS DE MUSIQUE La région d’Ottawa compte plusieurs petits fabricants d’instruments de musique et d’équipement haut de gamme, dont Fairfield Circuitry, Sage Electronics et Tetra Speakers. La célèbre luthière Linda Manzer, qui a notamment fabriqué des guitares pour Pat Metheny, Paul Simon et Gordon Lightfoot, a récemment emménagé à Almonte, où elle possède un atelier avec une luthière de la région, Peggy White86. Ces artisans créent de précieux emplois dans la région, souvent pour d’autres musiciens, mais leur principale contribution consiste surtout à bâtir une expertise technique et à permettra à Ottawa de se hisser parmi les leaders mondiaux du secteur de la confection d’instruments de musique et d’accessoires. En effet, tout comme les musiciens, les instruments de musique voyagent et font la réputation de leur ville d’origine. Le site Web de Fairfield Circuitry, un concepteur et fabricant de pédales d’effets populaire partout dans le monde, porte la mention « Unique & Robust. Made in Hull, Québec » (« Unique et robuste. Fabriqué à Hull, Québec »). Par ailleurs, quand la légende de la musique Herbie Hancock utilise les haut-parleurs Tetra Speakers dans ses studios et en fait l’éloge auprès des autres musiciens87, on peut donc dire que la ville d’Ottawa s’inscrit dans une grande tradition d’excellence musicale. Comme c’est le cas pour toutes les industries fondées sur les connaissances (y compris les entreprises qui se consacrent au développement artistique), le succès d’entreprises pionnières stimule la croissance locale, car les premiers innovateurs transmettent leurs connaissances à leurs confrères, qui, à leur tour, créent leurs propres entreprises. Cet effet a notamment été constaté sur le marché de la pédale d’effets, une industrie très spécialisée dont le marché est mondial et qui a récemment connu un soudain épisode de croissance88. Les propriétaires de Fairfield Circuitry ont indiqué que 90 % de leurs pédales étaient vendues à l’extérieur du Canada89. Cinq fabricants d’instruments et d’équipement ont répondu au sondage. L’un d’entre eux compte entre six et dix employés à temps plein. Les autres en comptent trois ou moins. Toutes ces entreprises emploient entre deux et quatre employés à temps partiel. En moyenne, 75 % de ces employés sont des musiciens. Certaines entreprises ont entre 3 et 5 ans d’existence, d’autres plus de 20. Une seule d’entre elles dit appartenir à une association de commerçants, la National Association of Music Merchants. Parmi les défis rencontrés par ces entreprises, citons notamment le manque d’espace d’ateliers ou d’espaces commerciaux dans les zones urbaines, la concurrence des fabricants américains et le manque de détaillants locaux pour leurs produits spécialisés. En général, ces entrepreneurs entretiennent une certaine fierté à l’égard de leur ville et estiment que l’on devrait soutenir davantage les talents locaux non seulement chez les musiciens, mais également chez les artisans qui fabriquent des instruments et de l’équipement. 52 TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA | Profil des industries de la musique à d’Ottawa APPUI À L’ORGANISATION D’ÉVÉNEMENTS MUSICAUX Il existe de nombreuses entreprises dans la région d’Ottawa qui offrent des services destinés à l’industrie des concerts et des festivals, notamment des services de son et d’éclairage, de sécurité, de coordination des bénévoles et de publicité. Les études sur les industries de la musique ne s’intéressent pas toujours à ce type d’entreprises (c’est le cas de notre sondage). Des échanges avec des organisateurs de concerts nous ont cependant permis de constater que ces entreprises font en réalité partie intégrante de l’écosystème local. Comme leur croissance est proportionnelle au succès des principales activités musicales comme l’organisation de concerts, ces entreprises constituent des indicateurs utiles des retombées économiques engendrées par les industries musicales locales. Écran vidéo au Bluesfest Ce secteur compte notamment deux entreprises d’envergure, soit Wall Sound & Lighting, qui offre des services de son, d’éclairage et de soutien technique dans le cadre de festivals et de concerts, et Toersa Security, qui se « spécialise dans la gestion des problèmes liés à l’alcool dans les événements et les festivals90». Comme nous l’avons déjà souligné, Toersa est née lorsque le Bluesfest a eu besoin de services spécialisés pour pouvoir étendre la portée de son permis d’alcool. L’entreprise assure également la sécurité dans plusieurs établissements du centre-ville d’Ottawa. L’entreprise Kamp-Ops est aussi née grâce au Bluesfest. Kamp-Ops forme le personnel et assure la coordination des bénévoles et des secouristes pendant les festivals et offre des services de sécurité dans des petits établissements, dont la House of TARG. La capacité de Kamp-Ops à gérer le déroulement d’un événement (une compétence acquise par le fondateur de l’entreprise alors qu’il travaillait au Bluesfest) a aidé ses clients, dont l’Arboretum et House of PainT, à passer à la vitesse supérieure et à gérer leur croissance. L’entreprise offre désormais également ses services dans le cadre d’événements non musicaux, comme la Nuit Blanche et le National Craft Beer Festival91. Postering Ottawa est un autre exemple d’entreprise locale qui a vu le jour grâce aux industries musicales, mais qui offre ses services dans d’autres secteurs liés à la création. Née en janvier 2014, l’entreprise offre des services d’impression et de pose d’affiches et aide les artistes, les diffuseurs et les promoteurs de concerts à faire la promotion d’événements musicaux. L’entreprise offre également depuis peu des services de graphisme. D’après son propriétaire, 60 % des clients de l’entreprise œuvrent dans le domaine de la musique92. Les entreprises comme Kamp-Ops et Postering Ottawa démontrent bien le caractère entrepreneurial des industries de la musique et que l’activité musicale agit comme une bougie d’allumage dans la communauté en créant des emplois et de nouveaux champs d’expertise et en favorisant l’établissement de liens entre les acteurs de l’industrie. Profil des industries de la musique à d’Ottawa | TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 53 Small Talk, un journal local consacré aux arts MÉDIAS L’offre médiatique locale en lien avec la musique se compose d’une vaste gamme de médias professionnels et semi-professionnels allant des grandes radios privées et des quotidiens aux blogues locaux et aux « zines » gérés à temps partiel par des amateurs de musique. À l’échelle locale, une grande part de l’information est transmise grâce à des médias de taille modeste. Voici les moyens de communication privilégiés par les répondants pour promouvoir leur travail : ¡¡ Radios communautaires et universitaires (40 %) ¡¡ Blogues locaux (39 %) ¡¡ CBC Radio (27 %) ¡¡ Quotidiens (18 %) ¡¡ Radios commerciales (12 %) ¡¡ Télévision locale (10 %) De nombreux musiciens ont également indiqué que les médias sociaux et le bouche à oreille étaient leur moyen de communication de prédilection pour promouvoir leur travail. 54 TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA | Profil des industries de la musique à ottawa Chez les musiciens à temps plein qui, normalement, disposent d’un plus grand accès aux médias, la CBC est un outil de communication beaucoup plus important. Leurs médias de prédilection sont les suivants : ¡¡ Blogues locaux (39 %) ¡¡ CBC Radio (38 %) ¡¡ Radios communautaires et universitaires (34 %) Chose étonnante, la radio commerciale arrive au dernier rang (11 %). L’un des répondants a d’ailleurs affirmé ce qui suit : « En théorie, on s’imagine que la radio commerciale joue un rôle très important, mais dans les faits, ces radios ne font pas jouer ma musique ». La radio privée Live 88.5 a eu une incidence notable sur la scène ottavienne avec son concours Big Money Shot, à l’occasion duquel elle a remis d’importants prix en argent à des artistes locaux comme Hollerado et Amos The Transparent. Cependant, pour la vaste majorité des musiciens à temps plein et à temps partiel, les radios commerciales ne sont pas considérées comme une vitrine viable. Les radios commerciales soutiennent les artistes émergents en versant de l’argent à FACTOR et en organisant des concours comme Big Money Shot. La structure de leur programmation est néanmoins trop rigide pour laisser une place aux artistes émergents locaux, ce qui les rend moins proches de l’écosystème local que les radios publiques et universitaires. Il faudrait effectuer des recherches supplémentaires pour établir si c’est également le cas des stations commerciales francophones. Le sondage nous a également permis de découvrir que les répondants déplorent l’absence d’un hebdomadaire artistique, qui permettrait de rejoindre les initiés du monde musical autant que le public en général. Allan Wigney, rédacteur en chef de l’X Press, disparu en 2012, a déclaré ce qui suit au sujet du dernier hebdomadaire de la ville : « L’importance de l’X Press, durant ses premières années, ne saurait être exagérée : de nombreux groupes et artistes y ont vu apparaître leur nom pour la première fois et la popularité de celui-ci auprès des résidents de la ville a obligé les grands quotidiens et les radios commerciales à reconnaître l’ampleur du talent local. Pendant ses 10 années d’existence, l’X Press a permis à la musique locale d’occuper la place qui lui revenait. » Les blogues locaux qui sont apparus dans les dernières années, dont Apartment613 et Ottawa Showbox, permettent dans une certaine mesure de combler ce vide. D’après les musiciens locaux, ces blogues ont eu une incidence énorme sur leur visibilité. Deux publications imprimées sont également publiées régulièrement : le trimestriel en papier glacé Herd Magazine et le mensuel à l’allure décousue Small Talk. Cependant, comme nous avons pu le constater à la lumière de plusieurs sondages et entrevues, ces publications sont davantage consultées par un lectorat conquis d’avance et ne parviennent pas à rejoindre le grand public, chose que font bien les quotidiens et les hebdomadaires. Les radios étudiantes et communautaires CKCU, CHUO, CKDJ et Unique FM sont parmi les plateformes musicales les plus importantes. Elles jouent de la musique locale, commanditent des événements musicaux et constituent des incubateurs du talent journalistique local. Le paysage médiatique local est au demeurant assez complexe et il faudra manifestement faire plus de recherches pour connaître la nature des liens qui unissent les différents types de médias et l’industrie ainsi que les moyens utilisés par les médias pour soutenir la scène locale. Profil des industries de la musique à d’Ottawa | TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 55 7.0 COMPARER LES INDUSTRIES MUSICALES D’OTTAWA À CELLES D’AUTRES VILLES Nous avons les meilleurs festivals. Ils se bonifient chaque année… Toutefois, je pense que si nous avons des lacunes, ce sont les salles. La variété des salles. ~ KELLYLEE EVANS, CHANTEUSE DE JAZZ GAGNANTE D’UN PRIX JUNO ~ Dans le cadre de ce projet, l’équipe de recherche a effectué l’exercice suivant : ¡¡ Fixer des repères à partir desquels la croissance de l’industrie musicale d’Ottawa sera mesurée. ¡¡ Comparer le développement des secteurs de l’industrie musicale à Ottawa par rapport à des villes similaires. Selon les pratiques exemplaires en géographie économique, il faut comparer Ottawa à des villes de taille similaire. Le nombre d’habitants est le principal élément à prendre en compte dans ce type de comparaison, parce que beaucoup de facteurs importants pour les secteurs de l’industrie de la musique dépendent de sa taille et de sa densité : les économies d’échelle, les économies de gamme, la division du travail et l’agglomération. Nous avons décidé de comparer Ottawa à ses paires canadiennes ayant une population régionale de 500 000 à 1,5 million d’habitants. Nous tenons compte des banlieues dans toutes nos données parce qu’elles font partie de la même économie régionale que le centre-ville. RBC Bluesfest (crédit photo : Marc DesRosiers) Six cités-régions correspondent à cette définition : Calgary (population régionale : 1,36 million) : Calgary, au coude-à-coude avec Ottawa au quatrième rang des plus grandes villes canadiennes, connaît une forte croissance économique. Sa scène culturelle et ses organisations tentent de faire leur marque à l’échelle nationale. Elle accueille de grands événements, comme le Calgary Stampede, le Calgary Folk Festival et Sled Island. Edmonton (population régionale : 1,29 million) : À titre de capitale albertaine, elle a le même statut de ville gouvernementale qu’Ottawa. Tout comme Ottawa, bien que ses musiciens et lieux de diffusion offrent des activités intéressantes, elle n’a aucune identité musicale distincte à l’échelle nationale. Cependant, Edmonton peut toujours compter sur un hebdomadaire papier pour dynamiser sa scène musicale : Vue Weekly. Winnipeg (population régionale : 771 000) : Son passé de ville ferroviaire champignon, qui lui a valu le surnom de « Chicago du Nord », est à l’origine de son centre-ville à forte densité construit autour du Quartier-de-la-Bourse, où se trouvent aujourd’hui beaucoup de vieux édifices pouvant être remis en état. Une centaine d’années sont passées depuis cette époque, et les quartiers qui ont pris forme autour de cette zone ont accueilli de nombreux musiciens ainsi que des lieux de diffusion comme The Folk Exchange et le Union Sound Hall. Winnipeg, une ville en croissance constante, est devenue le point névralgique régional de l’ensemble du Manitoba et du nord-ouest de l’Ontario. Elle compte également la plus forte proportion de résidents autochtones et philippins au Canada. Hamilton (population régionale : 758 000) : Une ville intéressante et unique pour sa proximité de Toronto – plaque tournante de l’industrie musicale canadienne – et la prépondérance de ses anciens immeubles industriels peu couteux, une ressource bien moins importante à Ottawa. Supercrawl est un festival de musique annuel gratuit qui attire 100 000 personnes dans une bande revitalisée de la rue James Street North. Ce festival est né des événements mensuels Art Crawl, des fêtes de quartier populaires consacrées aux arts et à la musique pendant lesquelles des galeries, des studios, des boutiques et des restaurants demeurent ouverts tard en soirée et attirent de grandes foules. Ottawa-Gatineau (population régionale : 1,31 million) : La région compte l’une des populations les plus scolarisées en Amérique du Nord93, une concentration d’entreprises de haute technologie et toutes les commodités d’une capitale nationale. Elle possède aussi la diversité linguistique que l’on attend d’une agglomération qui chevauche l’Ontario et le Québec. Cependant, elle n’est pas reconnue au pays pour sa musique; les gens qui vivent à l’extérieur d’Ottawa ont du mal à décrire la scène musicale d’Ottawa. Québec (population régionale : 792 000) : Une autre ville gouvernementale. Elle se démarque dans notre analyse par sa population largement composée de francophones (environ 95 %). Le Festival d’été de Québec, qui présente d’énormes concerts extérieurs sur son impressionnante scène principale des Plaines d’Abraham, attire plus de 1,5 million de personnes par année. Profil des industries de la musique à ottawa | TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 57 COMPARAISON DES INDUSTRIES MUSICALES RÉGIONALES Les données colligées dans ce rapport illustrent le rendement d’une région dans trois catégories de l’industrie musicale : ¡¡ Musiciens ¡¡ Entreprises et organisations ¡¡ Lieux de diffusion Pour arriver au classement général, nous avons utilisé ces trois indicateurs pour calculer le résultat de chaque région selon notre indice de l’industrie musicale. Dans l’ensemble, l’indice mesure la vigueur de l’industrie musicale d’une cité-région. Cette vigueur est calculée par l’addition des points correspondant à l’inverse du rang de l’industrie dans chacune des trois catégories, de façon à obtenir des pondérations équivalentes. Par exemple, si une cité-région se classe première (sur six villes) pour chacune des trois catégories, son résultat serait 6 + 6 + 6 = 18 (le maximum possible). Cette méthode permet de traduire les différentes échelles de chaque catégorie en des résultats qui se comparent directement. Une description détaillée des ensembles de données utilisées pour calculer les indices figure en annexe à la fin du rapport. Musiciens Cette catégorie combine deux ensembles de données de Statistique Canada. Le premier recense le nombre musiciens par 100 000 habitants selon le recensement détaillé de 2006. Il calcule le nombre de résidents de chaque cité-région qui ont déclaré être musiciens, chanteurs ou compositeurs professionnels. Malheureusement, les derniers résultats (2011) sont inutilisables parce que le recensement détaillé a été remplacé par une formule optionnelle dont la marge d’erreur est beaucoup plus grande. Nous compensons cette lacune en intégrant les données sur la structure des industries canadiennes (2013-2014) de Statistique Canada pondérées de façon équivalente. Ces chiffres indiquent le nombre de groupes musicaux inscrits au registre des entreprises de chaque région, c’est-à-dire les groupes et les artistes qui génèrent des revenus et déclarent des revenus tirés de la musique. Musiciens par 100 000 hab. selon le recensement Groupes musicaux et artistes par 100 000 hab. inscrits au registre des entreprises Classement relatif aux musiciens Winnipeg 142 8,8 1 Calgary 145 6,6 2 (égalité) Edmonton 127 9,6 2 (égalité) Hamilton 127 8,6 4 Ottawa-Gatineau 131 6,2 5 Québec 98 7,7 6 Région Au chapitre des musiciens, Winnipeg et les grandes villes de l’Alberta obtiennent les meilleurs résultats. Ottawa fait moins bonne figure en raison de sa dernière place pour le nombre de groupes musicaux inscrits au registre des entreprises. 58 TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA | Profil des industries de la musique à d’Ottawa Entreprises et organisations Au-delà des musiciens, cet indicateur concerne les studios d’enregistrement, les entreprises de distribution et les maisons de disques nécessaires au fonctionnement de l’industrie. Ces chiffres proviennent encore des données sur la structure des industries canadiennes (2013-2014) pondérées en fonction de la population pour en permettre la comparaison. Nous avons ajouté à notre indicateur d’autres entreprises liées à la musique tirées du même recensement (magasins d’instruments de musique, disquaires et fabricants de disques), pour lesquelles la moitié des points ont été attribués parce qu’elles ne participent pas directement aux principales activités de valorisation des artistes : écriture, enregistrement, diffusion et prestation. Entreprises et organisations de l’industrie du disque par 100 000 hab. (pondération équivalente) Autres entreprises liées à la musique par 100 000 hab. (moitié de la pondération équivalente) Classement relatif aux entreprises et aux organisations Québec 5,1 3,7 1 Calgary 3,9 4,2 2 Winnipeg 4,1 3,5 3 Hamilton 4,0 3,4 4 Edmonton 2,8 3,5 5 Ottawa-Gatineau 2,0 3,9 6 Région Une fois de plus, Ottawa obtient un mauvais résultat. C’est la ville canadienne de taille moyenne où l’on retrouve le moins d’activités fondamentales du secteur de la musique : studios, maisons de disques et éditeurs. Calgary et Winnipeg se classent quant à elles presque au sommet du classement. Concerts Pour évaluer le nombre de concerts présentés dans une région, nous avons examiné de nombreux ensembles de données. Le plus complet était la base de données sur les lieux de diffusion de PollStar, une publication consacrée à l’industrie du spectacle. Nos recherches ciblaient tous les lieux de diffusion situés dans un rayon de 16 km de la ville centre de chaque région, et les résultats sont très complets : l’ensemble de données d’Ottawa comprend tous les lieux, du Centre Canadian Tire aux petits diffuseurs communautaires comme Gabba Hey, qui présentent une partie de ses spectacles dans le Complexe du centre-ville. La capacité n’était indiquée que pour un dixième des lieux de diffusion, c’est pourquoi nous avons pondéré tous les lieux de façon équivalente, sans égard à la taille. Notre raisonnement repose sur le principe selon lequel les activités musicales augmentent avec le nombre de lieux de diffusion, et que même les petites salles audacieuses peuvent avoir autant d’importance pour une scène musicale qu’un gigantesque aréna. Région Lieux de diffusion par 100 000 habitants Classement relatif aux concerts Winnipeg 24,4 1 Calgary 22,6 2 Edmonton 21,2 3 Ottawa-Gatineau 19,54 4 Hamilton 19,52 5 Québec 18,2 6 Winnipeg et Calgary sont encore aux premières places, tandis qu’Ottawa arrive au milieu du classement. Profil des industries de la musique à d’Ottawa | TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 59 Indice de l’industrie musicale Pour calculer l’indice global de rendement des industries musicales régionales, nous avons additionné les points correspondant au rang obtenu dans chaque catégorie. Les résultats sont les suivants : Musiciens Entreprises et organisations Concerts Total des résultats liés au classement Indice de rendement de l’industrie Winnipeg 6 4 6 = 16 1 Calgary 4 5 5 = 14 2 Edmonton 4 2 4 = 10 3 Hamilton 3 3 2 =8 4 (égalité) Québec 1 6 1 =8 4 (égalité) Ottawa-Gatineau 2 1 3 =6 6 RR/RMR Winnipeg et Calgary se classent au sommet de l’indice, loin devant les autres régions. Ottawa-Gatineau est bonne dernière. 60 TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA | Profil des industries de la musique à d’Ottawa FINANCEMENT OBTENU La Foundation to Assist Canadian Talent on Recordings (FACTOR) nous a généreusement fourni des données dépersonnalisées sur le financement pour les villes anglophones participant à notre analyse comparative (exercice 2013-2014). Comme le financement accordé aux artistes francophones est géré par un autre organisme (MusicAction), la ville de Québec n’est pas prise en compte dans ce cas*. Les données de FACTOR confirment ce que nous avions constaté : Winnipeg réussit mieux que les autres villes de sa taille à faire connaître ses artistes. Ottawa, une fois de plus, se classe moins haut que les autres, à égalité au dernier rang. Demandes Somme offerte Population en 2011 (recensement de Statistique Canada) Nbre de demandes par 100 000 résidents Somme par résident Winnipeg 106 402 926 $ 746 100 14,2 0,54 $ Edmonton 88 329 332 $ 1 206 000 7,3 0,27 $ Calgary 108 238 381 $ 1 264 500 8,5 0,19 $ Ottawa (Ontario seulement) 54 148 359 $ 921 823 5,9 0,16 $ Hamilton 51 120 649 $ 742 500 6,9 0,16 $ Ville Une constatation, peut-être la plus importante, s’est dégagée de ces données : les artistes d’Ottawa présentent moins de demandes par rapport au nombre d’habitants que ceux des autres villes, comme Winnipeg. Cela correspond aux autres données anonymes que nous avons reçues de FACTOR, montrant qu’Ottawa compte globalement moins de musiciens et d’entreprise du secteur de la musique dans le système de l’organisme. Comme notre étude montre que les activités musicales sont effectivement nombreuses à Ottawa, il faut se demander pourquoi une telle activité locale n’arrive pas à mieux tirer parti de l’aide des organismes de financement provinciaux et nationaux. C’est peut-être parce que les artistes d’Ottawa sont simplement moins informés au sujet des fonds disponibles ou de la façon dont ils peuvent devenir admissibles; des connaissances qui pourraient être mieux diffusées en présence d’une association de l’industrie musicale locale. * Il est à noter que cette comparaison ne tient pas compte du financement accordé aux artistes francophones qui ont présenté une demande à MusicAction plutôt qu’à FACTOR. Profil des industries de la musique à ottawa | TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 61 Analyse Nos recherches sur le terrain nous montrent que la région d’Ottawa offre une musique passionnante de grande qualité. Cependant, les résultats de l’analyse comparative indiquent que la région n’atteint pas son plein potentiel au chapitre des activités musicales et des entreprises du secteur de la musique. Ce qui ressort au sujet des villes de Winnipeg et de Calgary, qui obtiennent de bons résultats dans les trois catégories, c’est qu’elles jouent le rôle de plaque tournante pour de grandes régions. Peu de grandes villes se trouvent à proximité de Winnipeg, celle-ci attire donc les personnes intéressées par la musique qui se trouvent dans une assez grande partie du pays, qu’il s’agisse de musiciens, d’entrepreneurs ou d’amateurs. Calgary n’est qu’à quelques heures d’Edmonton, mais elle s’est affirmée comme un centre économique et médiatique pour l’essentiel du territoire qui se trouve entre Vancouver et Winnipeg. Cette situation semble l’avoir aidée à tirer son épingle du jeu dans le secteur de la musique. Les villes où le volume d’activité musicale est le plus faible – Ottawa-Gatineau, Hamilton et Québec – ont un point commun : elles sont toutes assez près d’un centre médiatique dont la population est beaucoup plus grande. Ottawa se trouve entre Toronto et Montréal. Les grands centres ont aussi tendance à attirer les associations provinciales et nationales des professionnels de la musique qui travaillent en étroite relation avec le milieu de la musique. Nous pouvons tirer deux grandes conclusions de cette base de données. En premier lieu, notre analyse des ensembles de données publiques à l’échelle du Canada nous a permis d’arriver invariablement à la même conclusion : le volume d’activités musicales est plus faible à Ottawa que dans les autres villes comparables, particulièrement en ce qui concerne les activités fondamentales de l’industrie musicale, comme l’enregistrement, la distribution et l’édition. La scène musicale d’Ottawa n’en est pas moins passionnante ou intéressante; seulement, le niveau d’activité économique mesurable de la ville est beaucoup plus faible. En second lieu, il semble exister une corrélation négative entre la quantité d’activités dans les régions de taille moyenne et la proximité des plus grandes villes canadiennes. C’est une dynamique qui peut nous aider à comprendre la place actuelle d’Ottawa dans le système des villes de musiques canadiennes. Pour Ottawa et d’autres villes de deuxième rang, nos résultats soulignent l’importance de travailler au renforcement des liens avec ces plaques tournantes. C’est en améliorant ce réseau que nous pouvons ouvrir des portes aux musiciens à temps partiel qui souhaitent consacrer tout leur temps à leur carrière musicale et aux musiciens à temps plein qui veulent réaliser leur plein potentiel. Sans mesure concertée visant à améliorer les connaissances, l’expertise et les investissements à Ottawa, les musiciens et les entreprises de notre région continueront à livrer un combat difficile pour transformer les activités indépendantes en une croissance plus ambitieuse. 62 TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA | Profil des industries de la musique à d’Ottawa Conclusion : l’importance des grappes d’entreprises de l’industrie musicale L’un des meilleurs moyens d’évaluer le développement économique régional est d’examiner les « grappes d’entreprises » : le nombre d’entreprises similaires dans une région. Ces regroupements attirent des ressources, des investissements et des personnes talentueuses dans une région. La Silicon Valley et Wall Street, par exemple, illustrent très bien tous les avantages qui découlent de la rencontre de personnes compétentes. Les regroupements et la proximité inspirent l’échange de connaissances, ce qui mène à de nouvelles idées, à de nouveaux partenariats et à de nouvelles entreprises. Le phénomène des grappes d’entreprises (« cluster ») a été décrit pour la première fois en 1890 par Alfred Marshall : « Lorsqu’une industrie choisit de s’établir à un endroit, elle y restera probablement longtemps : les gens d’un même secteur d’emploi tirent de grands avantages à se côtoyer. Les secrets du métier se révèlent, comme s’ils flottaient dans l’air. » ~ ALFRED MARSHALL94 ~ Les grappes d’entreprises sont particulièrement importantes pour le développement des secteurs de la création, car un très grand nombre d’activités créatrices se produisent en contexte social95. Le fait que les acteurs de l’industrie ont la chance de se rencontrer aisément améliore la productivité du regroupement. En effet, le fait de réunir un grand nombre de musiciens et d’entrepreneurs du secteur de la musique à un endroit crée une effervescence (ex. : Los Angeles pour l’industrie cinématographique). L’importance des connaissances de l’industrie, de leur production et de leur diffusion sur les réseaux sociaux des grappes de l’industrie musicale, ne peut être sous-estimée. De nombreux musiciens talentueux et entreprises du secteur de la musique ont du mal à comprendre le fonctionnement de l’industrie musicale : comment tirer profit de la propriété intellectuelle (chansons), s’adapter aux changements technologiques, trouver du financement et des ressources, apprendre comment les différentes industries sont reliées? Bref, tous les « secrets du métier ». De plus, les interventions faites par le gouvernement du Canada par le passé dans l’industrie ont créé de nouveaux types de connaissances à acquérir; beaucoup de services de soutien sont offerts, mais il faut savoir comment y accéder. La domination des entreprises torontoises qui ont reçu du financement du FOPM en 2013-201496 doit donc être perçue comme le résultat d’une concentration de l’industrie musicale à Toronto et, en partie, comme le résultat d’une grappe d’entreprises solide où les connaissances sur l’utilisation de ces ressources circulent « dans l’air ». Notre indice des industries musicales est une manière d’évaluer la formation des grappes d’entreprises. Les résultats de notre analyse comparative confirment ce que nous savions au sujet des grappes d’entreprises et les conclusions générales de notre étude : le manque d’entreprises du secteur de la musique qui contribuent à faire connaître les artistes, ainsi que l’absence d’une structure mobilisante à Ottawa – des lieux de diffusion de taille moyenne qui attirent les artistes de l’extérieur, des médias de masse qui informent le public local, des organismes de défense des intérêts qui rassemblent les acteurs du secteur de la musique – font en sorte qu’il y a peu d’activité et que les connaissances ne circulent pas librement. Notre étude indique qu’il est extrêmement difficile de créer des regroupements à partir de rien dans le secteur de la musique (voir l’exemple de Sheffield au Royaume-Uni), mais notre portrait de l’industrie montre qu’Ottawa est déjà sur cette voie : un foisonnement d’activités de création musicale, beaucoup de personnes talentueuses et un engouement local. Il faut maintenant tisser plus liens à l’échelle locale, entre les villes et avec d’autres points névralgiques au pays et dans le monde. En effet, des recherches montrent que l’une des manières les plus efficaces de stimuler les regroupements d’entreprises est de créer des ponts avec d’autres centres d’expertise de façon à favoriser la production de connaissances locales97. C’est ce qui nous amène à nos recommandations. Profil des industries de la musique à d’Ottawa | TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 63 8.0 RECOMMANDATIONS J’ai le sentiment que nous avons aussi l’occasion de créer un modèle, mais de le créer à partir de la base. Au lieu d’essayer d’attirer les congrès de musique à Ottawa, de créer un nouveau festival ou ce que vous voulez, je pense que nous avons vraiment la possibilité de rassembler les ressources que nous avons déjà et d’inciter d’autres artistes à s’établir ici. ~ MARK MONAHAN, DIRECTEUR GÉNÉRAL, RBC BLUESFEST ~ Ottawa est indépendante, elle peut compter sur ses talents et, si les conditions le permettent, elle continuera à développer ses propres grappes d’entreprises du secteur de la musique. Aujourd’hui, il faut se demander comment créer et favoriser ces conditions. Comme l’a fait remarquer l’un des fondateurs du festival SXSW d’Austin, la meilleure manière de stimuler le regroupement des entreprises du secteur de la musique d’une ville, c’est de commencer par « réunir les gens pour leur donner la chance de se connaître et de bâtir ensemble98». Nous proposons quelques recommandations qui, selon nous, sont les premières étapes à franchir pour réussir à créer les ponts nécessaires à la croissance des industries musicales d’Ottawa. Recommandation 1 : Une nouvelle organisation qui rassemble le milieu musical d’Ottawa et agit dans son intérêt Nous recommandons que des entrepreneurs et des organisations ottaviennes de premier plan forment une organisation permanente qui aurait pour mission de rassembler le milieu musical pour lui permettre d’agir de façon concertée. Son mandat serait le suivant : 1. Renforcer les liens dans le milieu musical d’Ottawa, particulièrement entre ses musiciens et ses entreprises. a. Rassembler tous les acteurs – genres musicaux, quartiers et langues confondus – autour d’une cause commune. b. Améliorer l’échange d’information entre les musiciens et les entreprises. c. Effectuer un suivi des indicateurs au fil de l’évolution du milieu musical d’Ottawa. d. Dresser un portrait plus complet des répercussions économiques de la musique locale. 2. Créer des ponts entre le milieu musical d’Ottawa et les organisations régionales (ex. : gouvernement, milieu des affaires). a. Représenter les intérêts du milieu musical. b. Favoriser les types d’aide les plus efficaces. c. Encourager les entreprises locales à investir dans la musique locale. d. Explorer les possibilités de collaboration. 3. Créer des ponts entre le milieu musical d’Ottawa et l’industrie mondiale de la musique. a. Faire valoir les intérêts du milieu musical d’Ottawa auprès des institutions nationales. b. Faciliter les échanges avec les grappes d’entreprises dominantes. c. Amener des délégations à des foires et à des festivals (ex. : MIDEM, SXSW). d. Faire connaître la grappe d’entreprises d’Ottawa à l’extérieur. Nous croyons que cette organisation pourrait prendre diverses formes : elle pourrait devenir la section de l’Est de MusicOntario ou une organisation régionale indépendante. Peu importe sa structure, elle doit être gérée par le milieu, ceux qui génèrent des revenus dans le secteur de la musique, et elle doit maintenir des liens solides avec les administrations municipales et provinciales. Cette organisation devrait occuper ses propres locaux, accessibles à l’ensemble des musiciens et des entreprises de tous les quartiers de la ville, afin qu’ils puissent se réunir, collaborer, échanger de l’information et tenir des ateliers (ex. : Comment ouvrir un lieu de diffusion? Comment obtenir un visa de tournée?). Elle deviendra un carrefour du milieu musical largement reconnu dans la région d’Ottawa. Profil des industries de la musique à d’Ottawa | TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 65 Recommandation 2 : Une stratégie relative à la musique pour la Ville d’Ottawa Les activités musicales sont nombreuses à Ottawa. La musique contribue grandement à faire d’Ottawa un endroit agréable à visiter et où il fait bon vivre, et elle a le potentiel de jouer un rôle catalyseur pour les secteurs de la création et des technologies de pointe. Pour ces raisons, nous croyons que la Ville d’Ottawa devrait élaborer une stratégie officielle en matière de musique, à laquelle seraient intégrées les idées d’un conseil consultatif composé de musiciens et d’entrepreneurs locaux. Cette stratégie ferait de la musique une priorité pour le développement économique, et intégrerait les initiatives existantes (comme #ottmusik) à un plan continu de soutien à la musique dans la capitale. Elle aiderait aussi les acteurs des industries musicales à multiplier les occasions d’obtenir de l’aide, comme celle offerte par le FOPM. Les principes suivants doivent être au cœur de cette stratégie : 1. Reconnaître la valeur que la musique apporte à la ville, et en tenir compte dans les politiques et les décisions municipales. Créer un mécanisme visant à consulter les industries musicales relativement aux enjeux importants liés au développement du secteur de la musique. 2. Créer les conditions favorisant une prise de risques créative dans les industries musicales. Faciliter les démarches nécessaires à la création de nouveaux projets musicaux, à la formation de partenariats et au démarrage d’entreprises. 3. Tenir compte du fait que l’accès à des espaces flexibles (pour les prestations et d’autres activités musicales) est un facteur essentiel à la croissance des industries de la musique. Créer et conserver des espaces pour la musique dans la ville. 4. Faciliter la création de ponts entre les musiciens et le public; entre le milieu musical et d’autres industries; entre Ottawa et d’autres grappes d’entreprises du secteur de la musique; entre les activités de différentes envergures. 5. Répartir les investissements stratégiques entre plusieurs petites initiatives plutôt qu’entre quelques initiatives de plus grande ampleur. Tout comme dans l’industrie du capital de risque, il est difficile de prévoir quelles initiatives d’aide au secteur de la musique seront les plus fructueuses. Recommandation 3 : Une personne-ressource pour les industries musicales Nous croyons qu’il est possible de nommer immédiatement une personne-ressource responsable de travailler en collaboration avec les industries musicales locales. Cet employé agirait à titre d’expert et transmettrait l’information entre les industries et la Ville. 66 TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA | Profil des industries de la musique à d’Ottawa IDÉES DE POLITIQUES RELATIVES À LA MUSIQUE Voici cinq idées variées qui pourront servir de points de départ aux discussions concernant la portée et le contenu d’une stratégie municipale relative à la musique. Elles visent à rassembler les acteurs du secteur de la musique, à améliorer les conditions qui favorisent la prise de risques et l’entrepreneuriat ainsi qu’à inspirer une participation accrue aux activités musicales d’Ottawa. 1. La musique dans les parcs Les prestations musicales à des endroits nouveaux et inhabituels plaisent beaucoup au public et créent une atmosphère de créativité. En ouvrant ses parcs aux artistes locaux à des moments appropriés – comme les samedis soirs en été –, la Ville ferait de ses espaces publics des vitrines pour les talents locaux émergents et mettrait en place une nouvelle tradition locale unique. Les artistes pourraient utiliser ces lieux de prestation informels gratuitement selon la formule du premier arrivé premier servi. 2. L’ouverture aux entreprises (du secteur de la musique) Il est essentiel de créer un environnement fertile qui permet aux entrepreneurs du secteur de la musique de prospérer afin de favoriser le renforcement du milieu musical local. L’administration municipale d’Ottawa devrait élaborer des politiques ainsi que des pratiques d’application avec les entreprises locales pour résoudre les problèmes liés au zonage, au bruit, etc. qui découragent les activités musicales. La Ville doit encourager la création d’espaces pour la musique, et l’industrie locale et le milieu musical local sur des initiatives mutuellement avantageuses. 3. Les fêtes créatives Les interactions sociales informelles comptent parmi les facteurs de rapprochement les plus puissants dans les industries de la création. Une série de fêtes récurrentes qui rassemblent les milieux de la musique, du jeu vidéo, de la conception, du film et d’autres secteurs créatifs pourrait devenir un carrefour pour l’échange d’information et la formation de partenariats. Ces fêtes permettraient aux compositeurs, aux musiciens et aux studios d’agir à titre de sources d’information pour les projets de médias locaux. Pour maintenir l’effet de nouveauté, un nouvel endroit pourrait être choisi chaque mois dans la région, et des musiciens locaux joueraient les DJ pour animer la soirée. 4. Le transport en commun de nuit Le lancement de la Ligne de la Confédération du réseau de train léger permettra à Ottawa d’améliorer les déplacements de nuit dans l’ensemble de la région. Le fait d’améliorer les services et la fréquence tard en soirée (jusqu’à au moins 2 h) sur les lignes de train et circuits d’autobus principaux – comme l’ont fait Edmonton, Toronto et London – permettrait à la population de tirer profit des investissements d’Ottawa dans le transport en commun et de voir plus de concerts, et créerait des conditions plus favorables à une vie nocturne dynamique. 5. Les jeunes en studio Le fait d’encourager les jeunes à être actifs dans le domaine de la musique apporte de nombreux avantages et résultats, notamment former la prochaine génération de musiciens et d’entrepreneurs du secteur de la musique ainsi que préparer le public de demain pour la musique locale. Les nombreux studios d’enregistrement d’Ottawa offrent l’occasion de créer un programme d’engagement pour les jeunes où les aspirants musiciens et producteurs seraient jumelés à des ingénieurs de studio compétents. Profil des industries de la musique à ottawa | TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 67 9.0 PERSPECTIVES DE RECHERCHE Ce projet jette les bases des futures études sur les industries musicales d’Ottawa. Voici d’autres sujets de recherche qui pourraient être approfondis. RÉPERCUSSIONS ÉCONOMIQUES Le présent rapport cerne un large éventail d’activités commerciales dans le secteur de la musique qui contribuent à l’économie d’Ottawa. Cependant, les données de Statistique Canada nous permettent de connaître le poids économique des industries musicales seulement à l’échelle nationale, et parfois à l’échelle provinciale. Il faut faire plus de recherches pour estimer le poids des industries musicales d’Ottawa et en évaluer les répercussions. La prochaine étape logique consisterait à utiliser des coefficients multiplicateurs largement acceptés pour préparer un rapport sur les répercussions économiques. POLITIQUES La description des initiatives stratégiques mises en œuvre par d’autres municipalités dans ce rapport visait à dresser un profil détaillé plutôt qu’à recommander des politiques précises. Il serait temps d’effectuer une recherche de suivi évaluant un ensemble plus complet des options stratégiques qui s’offrent aux municipalités, le recoupement entre ces politiques et les initiatives de la Ville d’Ottawa (comme les priorités en matière de développement économique et du Plan pour la culture) et la meilleure manière de les réaliser. INDICATEURS Aux fins du rapport, trois indicateurs types ont été créés à l’aide des données de Statistique Canada pour comparer les industries musicales d’Ottawa à celles d’autres villes canadiennes similaires : musiciens, entreprises et organisations du secteur de la musique et concerts. Ils pourraient constituer la base d’un ensemble d’indicateurs plus complet qui permettrait d’évaluer la santé des industries musicales locales au fil du temps. Le fait de peaufiner et de répéter le sondage en ligne utilisé pour préparer ce rapport (tous les cinq ans par exemple) nous permettrait d’ajouter aux indicateurs des données qualitatives plus détaillées à l’échelle des quartiers. CARRIÈRES EN MUSIQUE Chaque scène musicale est la somme de toutes les carrières d’innombrables musiciens. Ce rapport révèle un large éventail d’activités semi-professionnelles et professionnelles de création musicale locale, essentiellement menées par des musiciens à temps partiel. Il faut étudier davantage la question pour comprendre les cheminements professionnels et trouver des moyens d’encourager les musiciens à temps partiel à se consacrer entièrement à la création musicale sans quitter Ottawa. LA MICROGÉOGRAPHIE DE LA MUSIQUE À OTTAWA Le présent rapport montre que les industries musicales d’Ottawa sont concentrées dans les quartiers du centre-ville, mais que les musiciens et les entreprises du secteur de la musique se trouvent dans tous les quartiers, en banlieue, en milieu rural et du côté québécois. Il faudrait effectuer d’autres recherches pour comprendre comment certains facteurs, comme la valeur des propriétés, le transport public, les lieux de diffusion importants et les établissements d’enseignement de la musique, contribuent à polariser les activités musicales dans la ville et comment renforcer les liens entre les acteurs du milieu de la musique, qui sont dispersés géographiquement. The Audio Recording Academy (crédit photo : TARA) VIABILITÉ DES HEBDOMADAIRES CULTURELS ET DES SALLES DE TAILLE MOYENNE Les musiciens et les entreprises d’Ottawa mentionnaient toujours deux points faibles du milieu de la musique à Ottawa : le manque de salles de taille moyenne et l’absence d’un hebdomadaire culturel. Il faut répondre à certaines questions : Quelles conditions permettent à ces entreprises d’être viables dans une ville de la taille d’Ottawa? Quels sont les modèles d’affaires fructueux? Dans quelle mesure apportent-ils des avantages concurrentiels aux villes? ASSOCIATIONS DES INDUSTRIES MUSICALES Les résultats de notre analyse comparative indiquent que les associations provinciales des industries musicales peuvent jouer un rôle dans la création d’industries locales de la musique dans des villes comme Winnipeg, Calgary et Edmonton. D’autres villes de musique remarquables, comme Halifax, sont également le siège d’une association provinciale solide. Quels seraient le mandat et la structure idéaux pour une association de l’Est ontarien ou de la capitale nationale, et quelles pratiques exemplaires cette association pourrait-elle apprendre du succès d’organismes de ce type au Canada et dans le monde? Profil des industries de la musique à ottawa | TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 69 ANNEXES ANNEXE A – MÉTHODOLOGIE Ensembles de données utilisés pour comparer les industries. Musiciens Nombre de personnes par 100 000 habitants qui ont déclaré être musiciens ou musiciennes (recensement de 2006) Données regroupées pour chaque région métropolitaine de recensement (RMR) : ¡¡ F032 – Chefs d’orchestre, compositeurs/compositrices et arrangeurs/arrangeuses ¡¡ F033 – Musiciens/musiciennes et chanteurs/chanteuses Source : Statistique Canada. « Profession – Classification type des professions de 1991 (historique) (707), groupes d’âge (12A) et sexe (3) pour la population active de 15 ans et plus, pour le Canada, les provinces, les territoires, les régions métropolitaines de recensement et les agglomérations de recensement, recensements de 1996 à 2006 – Données-échantillon (20 %) », consulté le 10 novembre 2014, http://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2006/dp-pd/tbt/Rp-fra. cfm?LANG=F&APATH=3&DETAIL=0&DIM=0&FL=A&FREE=0&GC=0&GID=0&GK=0&GRP=0&P ID=92105&PRID=0&PTYPE=88971,97154&S=0&SHOWALL=0&SUB=743&Temporal=2006&THE ME=74&VID=0&VNAMEE=&VNAMEF=&D1=0&D2=0&D3=0&D4=0&D5=0&D6=0. Statistique Canada. Structures des industries canadiennes (moyenne des chiffres de juin 2013 à juin 2014 calculée pour réduire le bruit et ajustée aux estimations de la population des RMR en 2013 de Statistique Canada) Données regroupées pour chaque RMR : ¡¡ NAICS 71113 – Formations musicales et musiciens Source : Statistique Canada. Structures des industries canadiennes, 1988-2013, consulté le 25 novembre 2014. Entreprises et organisations Statistique Canada, Structures des industries canadiennes (moyenne des chiffres de juin 2013 à juin 2014 calculée pour réduire le bruit et ajustée aux estimations de la population des RMR en 2013 de Statistique Canada) Données regroupées pour chaque RMR : ¡¡ Studios d’enregistrement (pondération équivalente) 70 • NAICS 512210 – Production d’enregistrements sonores • NAICS 512220 – Production et distribution d’enregistrements sonores de manière intégrée • NAICS 512230 – Éditeurs de musique • NAICS 512240 – Studios d’enregistrement sonore • NAICS 512290 – Autres industries de l’enregistrement sonore TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA | Profil des industries de la musique à d’Ottawa ¡¡ Autres entreprises liées à l’industrie musicale (moitié de la pondération équivalente) • NAICS 334610 – Fabrication et reproduction de supports magnétiques et optiques • NAICS 414440 – Grossistes-marchands d’enregistrements sonores • NAICS 451140 – Magasins d’instruments et de fournitures de musique Source : Statistique Canada. Structures des industries canadiennes, 1988-2013, consulté le 25 novembre 2014. Concerts Lieux de diffusion par 100 000 habitants (estimations de la population des RMR en 2013, Statistique Canada) Base de données PollstarPro (données regroupées pour chaque ville dans un rayon de 16 km) Financement Tableau personnalisé de FACTOR (données de 2013-2014) Données regroupées selon le code postal de la région de tri d’acheminement en 2006 des RMR de Statistique Canada (La modification de la région définie selon le code postal a été sans conséquence pendant la période.) Entrevues Jon Bartlett Eugene Haslam Albert Porter Natalie Bernardin Nadia Kharyati Tim Potocic Michel Benac Rolf Klausener Amanda Rheaume John Carroll Luke Martin Pierre Richardson Phillipe Charbonneau Tito Medina Tom Stewart Michael Dubue Colin Mills Alanna Stuart Kellylee Evans Mark Monahan Catriona Sturton Guillaume Fairfield Gary Morton Scott Terry Olivier Fairfield Shannon Murray Menno Veersteeg Harvey Glatt Louis Myers Dean Watson Sondage en ligne Une série de trois sondages en ligne : un auprès des musiciens locaux, un à l’intention des entreprises du secteur de la musique et l’autre ciblant particulièrement les lieux de diffusion. Ils ont tous été réalisés pendant les deux dernières semaines d’octobre 2014. Il s’agissait de sondages en ligne sur la plateforme Survey Monkey, offerts en français et en anglais. Ils étaient annoncés dans les médias sociaux, surtout Facebook, par les membres du Consortium des industries musicales d’Ottawa. Un membre du Consortium en a aussi parlé à la radio de la CBC. On encourageait les répondants à faire circuler les sondages. Les sondages visaient à obtenir une idée générale du niveau et des types d’activités des industries musicales dans la ville, pour connaître les impressions des musiciens et des entreprises par rapport à l’avenir des industries locales, et pour recueillir des commentaires sur les points forts et les points faibles des industries ainsi que sur les occasions à saisir. Le sondage à l’intention des musiciens portait aussi sur les différences quant à l’engagement et à l’expérience, selon la façon dont ils se définissaient : à temps plein, à temps partiel, amateur/semi-professionnel. Profil des industries de la musique à d’Ottawa | TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 71 Réponses Le sondage en anglais à l’intention des musiciens a été celui auquel on a le plus participé, soit plus de 500 réponses au cours des deux journées qui ont suivi la mise en ligne. Musiciens ¡¡ 78 réponses en anglais ¡¡ 4 réponses en français Entreprises du secteur de la musique ¡¡ 58 réponses en anglais ¡¡ 9 réponses en français Lieux de diffusion ¡¡ 23 réponses en anglais ¡¡ 1 réponse en français 72 TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA | Profil des industries de la musique à d’Ottawa ANNEXE B – UNE BRÈVE HISTOIRE DE LA MUSIQUE OTTAVIENNE Allan Wigney, ancien éditeur de l’X Press Est-ce qu’il y a un son ottavien? Le musicien local Dick Cooper, qui a connu un succès international avec son frère Brian dans les années 1970, croit qu’il en a un. « Les voix étaient toujours mises en valeur », dit-il des formations des années 1960 et 1970, pionnières d’une scène musicale locale florissante. « Pas seulement les Staccatos et Five Man [Electrical Band] ou les Townsmen. Ce n’était pas comme à Toronto, où on retrouvait l’influence du genre rhythm and blues “arctic” préconisant un seul chanteur à l’avant-scène et aucune autre voix. À Ottawa, on cherchait toujours des musiciens qui savaient chanter, parce que l’effet des harmonies vocales était important. » En effet, le son des artistes locaux influents de la jeune scène musicale populaire d’Ottawa était sans aucun doute harmonieux. C’était peut-être un prolongement de la musique country, pleine d’harmonies, qui a fait connaître la vallée de l’Outaouais à l’échelle nationale dans les années 1950, grâce à des leaders de groupes de la région comme Mac Beattie, Joe Brown et Ron McMunn. Au début des années 1960, de nombreux artistes country de la vallée de l’Outaouais enregistrent des disques et partent en tournée au Canada et aux États-Unis. Pendant ce temps, la musique rock changeait la scène locale et incitait un Paul Anka encore adolescent à tenter sa chance du côté des États-Unis. Ici, au pays, des groupes s’inspiraient des sensations anglaises Cliff Richard et les Shadows. Les harmonies dominent toujours, mais sont rythmées par des guitares électriques; c’est la période où des groupes comme les Esquires et les Staccatos se produisent dans les centres communautaires et les écoles secondaires pour un public toujours plus nombreux. En 1964, la musique rock a changé à Ottawa, comme ailleurs dans le monde, dans le sillage du succès des Beatles. Les Esquires et les Staccatos pavent la voie pour le reste de la décennie, signent des contrats avec Capitol, la maison de disques des Beatles, et font paraître des simples et des albums encensés par le public qui trônent au sommet du palmarès de la très importante station CFRA Radio. Les grands succès viendront aussi pour des contemporains comme The Five D et les Townsmen, à l’époque où les groupes locaux jouent de plus en plus dans la cour des poids lourds internationaux. L’activité d’une scène ne se traduisait toutefois pas vraiment en disques. À part la toute nouvelle maison de disques Sir John A Records, il n’existait aucune maison locale pour répondre aux besoins des nombreux groupes qui se produisaient dans les diverses salles d’Ottawa et de l’Outaouais. Comme les artistes n’avaient accès à aucun studio professionnel dans la région, ils n’avaient d’autres choix que d’enregistrer des démos bruts à la boutique d’équipement électronique de Hy Bloom ou de se rendre à Montréal pour profiter d’une installation « digne de ce nom ». Les Esquires réalisent l’un des premiers vidéoclips au pays et les Staccatos représentent l’Est du Canada sur un album hommage à la musique canadienne distribué à l’échelle nationale intitulé A Wild Pair (The Guess Who représentait l’Ouest canadien). À la fin des années 1960, les Staccatos deviennent The Five Man Electrical Band, groupe qui connaît la consécration internationale avec la chanson Signs. En ce qui concerne le son harmonieux d’Ottawa, le groupe 3’s a Crowd, dont le seul disque est produit aux États-Unis, et le fameux groupe The Children contribuent à le maintenir en vie, même si les membres Neville Wells, Peter Hodgson, David Wiffen et Bruce Cockburn empruntent d’autres directions à la fin des années 1970 : Wells et Hodgson reviennent à la musique country, Wiffen et Cockburn donnent un nouveau souffle à la scène folk canadienne. Profil des industries de la musique à d’Ottawa | TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 73 Avec les années 1970 arrivent les règlements sur le contenu canadien diffusé à la radio, ce qui a donné une visibilité nationale sans précédent à des artistes d’Ottawa, comme le chanteur populaire James Leroy, la chanteuse country Colleen Peterson et le groupe rock Octavian. La tradition sonore ottavienne se poursuit grâce au groupe Family Brown, qui fait l’objet d’une émission de télé diffusée sous licence partout dans le monde, et aux Cooper Brothers, qui combinent country, rock et harmonies pour créer un effet très réussi avec le succès The Dream Never Dies. L’harmonie vocale se fait oublier à la fin des années 1970 quand le punk rock place la voix unique à l’avant-plan. Les clubs rock prospèrent en répondant à la demande en groupes punk prometteurs comme les Red Squares, The Action et les Restless Virgins. Au début années 1980, le rock indépendant apparaît à Ottawa, et les clubs comme le Downstairs Club font salle comble chaque semaine lors des concerts mettant en vedette des artistes locaux. La scène, en même temps que la ville, prend de l’expansion et se diversifie; le country et le rock partagent maintenant l’espace avec le blues, le reggae et le jazz. Les concerts ont du succès à Ottawa et à Hull. Les artistes locaux continuent de produire des disques qui figurent au palmarès des radios – qui relève maintenant des stations FM comme CHEZ (lancée par l’influent homme d’affaires local Harvey Glatt) et la station communautaire CKCU. Les groupes électropop Eight Seconds (Kiss You) et One to One (Angel in My Pocket) font une percée nationale avec l’aide de vidéoclips léchés. Des groupes hard rock comme Fist et Exciter ont du succès outre-mer. Pendant ce temps, Alanis Morissette affinait ses qualités vocales dans les centres commerciaux et à la télé. Pour réussir, Alanis emprunte le même chemin que bien des artistes locaux; elle quitte Ottawa pour s’installer dans une plus grande ville dotée de ressources plus importantes et d’une industrie de la musique et des médias établie. En réponse à un manque perçu (et parfois réel) de possibilités et d’activités à Ottawa, même les artistes inconditionnels de leur ville comme The Five Man Electrical Band, les Cooper Brothers, Lynn Miles et Sue Foley ont déjà évolué aux États-Unis, où il est plus facile d’attirer l’attention à l’échelle nationale et internationale. Dans les années 1990, les racines country d’Ottawa laissent place au blues; les guitaristes Tony D, Drew Nelson et Sue Foley donnent en effet des concerts à guichet fermé en ville et partout au pays. Du côté de la scène rock, la pop funk de Furnaceface donne le ton, et le groupe de rock celte Jimmy George devient un incontournable dans les clubs locaux lorsqu’il n’est pas en tournée. Les DJ remplissent les salles et font jouer leur musique partout au Canada. Or, dans un sous-sol de la rue Rideau, un artiste solo nommé Lucky Ron continue d’entretenir la flamme de la musique country. Au début du XXIe siècle, des dizaines d’artistes locaux sont actifs, notamment des groupes garage, qui attirent les gens dans les petits clubs, des artistes ambitieux de la musique du monde, comme le Souljazz Orchestra et Mighty Popo, dont la musique a été entendue partout dans le monde. Les scènes jazz, reggae, punk et pop ne sont pas en reste. Inévitablement, peut-être, plusieurs rockeurs ont fait un retour à la musique country. Tom Stewart (Furnaceface), par exemple, devient le crooneur honky tonk Slo’ Tom, tandis que des membres d’une poignée de groupes punk locaux unissent leurs forces pour créer la petite formation Fiftymen. La musique country a aussi influencé le son des artistes locaux populaires Lynne Hanson et Trevor Alguire. Les auteurs-compositeurs-interprètes renommés Jim Bryson, Lynn Miles et Kathleen Edwards se sont produits devant des spectateurs admiratifs dans des dizaines de villes des deux côtés de l’Atlantique. 74 TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA | Profil des industries de la musique à d’Ottawa Il serait naïf de croire que les artistes installés à Ottawa ne souhaitent pas se tourner vers des marchés où les conditions leur semblent meilleures (en effet, deux membres du groupe montréalais Arcade Fire ont commencé leur carrière musicale à Ottawa). Toutefois, certains ont eu du succès en choisissant de vivre dans la capitale et de faire des tournées à l’extérieur, comme les groupes The Acorn et le Souljazz Orchestra. C’est un défi, mais c’est possible. Bien que l’X Press, un hebdomadaire qui a favorisé une plus grande couverture de la scène musicale dans les années 1990, ait disparu, certaines stations de radio locales – notamment CBC Ottawa et Live 88.5 – continuent de soutenir les artistes ottaviens, quoique moins farouchement qu’à l’époque où des albums d’Ottawa dominaient le palmarès dans les années 1960. Les artistes locaux sont donc toujours actifs, et de nouveaux talents font leur place, dans les cafés, les résidences. Les enregistrements leur donnent aussi de la visibilité, grâce à Internet et à des maisons de disques locales comme Kelp Records et Pretty Bad Music. Qu’il s’agisse du néo-soul de The Split, du blues incisif de MonkeyJunk ou de la pop de cabaret des PepTides, la musique d’Ottawa ravit de nouveaux spectateurs tous les soirs; et tous les jours. C’est également vrai pour les auteurs de musique mélodique, comme Weird With Cats et Amos the Transparent, dont les chansons sont enveloppées d’harmonies entraînantes et, oui, de plus que des traces de musique country. Ces artistes aussi, et bien d’autres, continuent de définir le son d’Ottawa. Un entretien avec Allan Wigney Allan Wigney était le rédacteur en chef de l’X Press, l’hebdomadaire culturel d’Ottawa, qui a disparu en 2012. Wigney écrit actuellement une histoire de la musique ottavienne depuis les années 1950. Quels sont les entrepreneurs et les organisations qui ont aidé les musiciens de l’époque à démarrer leur carrière? Harvey Glatt a été l’un des premiers promoteurs à amener des musiciens country et folk en tournée à Ottawa, et il a pris beaucoup d’artistes ottaviens sous son aile, à titre de mentor et d’imprésario. Dans les années 1970, il a lancé CHEZ-FM et contribué à changer le marché de la radio de la capitale. Quelques DJ ont joué un rôle dans la percée de groupes et de chanteurs locaux, au premier titre desquels John Pozer, qui a aidé les Esquires et les Staccatos à signer des ententes à l’échelle nationale, et qui a plus tard lancé la première maison de disques importante : Sir John A Records. Je dois aussi mentionner Hy Bloom qui, malgré un solide mépris pour la musique rock, était, faute de concurrents sérieux, le seul homme à enregistrer presque tous les artistes d’Ottawa dans les années 1960 et 1970. Quand l’X Press a-t-il été fondé? Quel était le rôle de l’hebdomadaire alternatif d’Ottawa dans l’évolution des scènes musicales d’Ottawa? Le premier hebdomadaire d’information viable a vu le jour en 1993; il a dès le départ donné de la visibilité aux musiciens, aux écrivains et aux artistes locaux émergents. L’importance de l’X Press, durant ses premières années, ne saurait être exagérée : de nombreux groupes et artistes y ont vu apparaître leur nom pour la première fois, et la popularité de celui-ci auprès des résidents de la ville a obligé les grands quotidiens et les radios commerciales à reconnaître l’ampleur du talent local. Pendant ses 10 années d’existence, l’X Press a permis à la musique locale d’occuper la place qui lui revenait. Profil des industries de la musique à d’Ottawa | TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 75 Dans une perspective historique, est-ce que vous avez cerné les ingrédients du succès que les musiciens d’Ottawa ont eu de 1950 à aujourd’hui? Je ne crois pas qu’il y ait un mode d’emploi précis, mais la reconnaissance internationale d’artistes ottaviens a en fait toujours été suivie d’un déplacement vers un marché plus important. Toronto, New York, Los Angeles et d’autres pôles médiatiques ont attiré des artistes d’Ottawa comme Alanis Morissette dans les années 1990, tout comme Paul Anka, Pat Travers et les Cooper Brothers au cours des décennies précédentes. Des musiciens locaux quittent toujours Ottawa à la recherche de marchés plus favorables, mais la situation s’est améliorée ces dernières années, comme en témoignent des groupes comme le Souljazz Orchestra et The Acorn, qui font des tournées internationales sans cesser de considérer Ottawa comme leur ville de résidence. Avec l’évolution de l’industrie, certains ont conclu qu’un marché pouvait suivre un artiste en déplacement, tout comme un artiste pouvait s’installer dans le marché de son choix. Observez-vous des changements dans les industries musicales locales? Les artistes peuvent maintenant donner des concerts à guichet fermé, enregistrer leur musique dans un studio dernier cri, planifier des tournées et faire des apparitions promotionnelles ainsi qu’assurer la distribution de leurs enregistrements sans même sortir de la ville. C’est un contexte relativement nouveau, et une bénédiction pour Ottawa. Le fait de voir un artiste local réussir sans avoir à quitter la ville ne peut qu’en inspirer d’autres à l’imiter, ce qui renforce l’industrie locale. 76 TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA | Profil des industries de la musique à d’Ottawa ANNEXE C – ALBUMS LOCAUX (2014) Avec l’aide de la station de radio universitaire CHUO, qui a fourni les albums locaux qui lui ont été proposés en 2014, ottawashowbox.com a dressé une liste des albums locaux parus l’an dernier. Cette liste, reproduite ici avec la permission d’ottawashowbox.com, peut être consultée en ligne à l’adresse suivante :www.ottawashowbox.com/2014-local-album-releases. ALBUM MAISON DE DISQUES GENRE Aaron Ray Band Indépendant Blues/folk Despair, Erosion, Loss Indépendant Post-métal Roots** Publication à son compte Hip-hop This Cold Escape * Factor Folk André et Michèle Summer Jamz EP Indépendant Électronique/ expérimental André et Michèle Different Positions Indépendant Électronique/ expérimental Que racontent les nuages? Indépendant Folk Apriorism Smoke Indépendant Électronique Apriorism Blood Indépendant Électronique Average Times Hosehead Garage Peek-A-Boo Indépendant Rap horrorcore Better Living Through Chemistry Indépendant Rock Big Balade* Big Balade EP* Indépendant Funk/pop BlakDenim Vanguard(En) Indépendant Hip-hop/R&B Stay Crucial Indépendant Hardcore/punk BLUE ANGEL Indépendant Bruitiste/garage An Affair to Imagine* Bruised Tongue Punk Bosveld* Catalysts Mixtape* HAVN Folk expérimental Boyhood bits n’ bobs Indépendant Expérimental L.E.A.N. MonDan Hip-hop Who Cares Indépendant Hip-hop Us Versus Them** Busy Inc Hip-hop Hunkerdownlow Indépendant Bluegrass/folk Dirty God Indépendant Punk Million Fans: Gin & Fur Mixtape Triple B Records Hip-hop Girl Mouth – {B Sides} Indépendant Électronique Craig and Matt’s PARTY BAND Indépendant Rock instrumental ARTISTE Aaron Ray Band Alaskan Alex Silas** Amos The Transparent* Antoni Gilbert Average Times BASTARDS Better Living Through Chemistry Bloodnail Blue Angel Bonnie Doon* Bozko Bryan B Buck N’ Nice** Capital Grass and the No Men Carraway Cashtro Crosby Cosmo Doris Craig and Matt’s Party Band Profil des industries de la musique à d’Ottawa | TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 77 Criticull Back In Brown Indépendant Métal Dead Ends & Closed Doors* Pavones Punk Interlude Autoproduit Hip-hop Destroy Clocks EP Indépendant Expérimental Fuite d’encre MonDan Hip-hop DJ Rocc B Mindstates EP Pt. 1 Indépendant Hip-hop DJ Rocc B Mindstates EP Pt. 2 Indépendant Hip-hop 721835 Indépendant Rock Drew Nelson The Other Side Indépendant Blues rock Durs Coeurs Durs Coeurs Durs Coeurs Punk A Collection of Thoughts Indépendant Hip-hop EDDIE/UnicornEDDIE Indépendant Hip-hop/rap EP Indépendant Rock Felt Through the Bone Indépendant Folk/roots Generations Indépendant Alternatif/grunge Poule Mange Poule*/** Autoproduit Expérimental Trashfiction Indépendant Punk Pack Your Bags Centretown Records Punk High Priests of Low Life*/** Indépendant Hip-hop Bâtir pour établir Indépendant Hip-hop Dirty Rain Uncle D Records Hardcore/punk/métal Await Indépendant Hip-hop La boîte noire Indépendant Rock Fresh Hell*/** We Never Sleep*/** Indépendant Punk Fuck The Facts Abandoned Indépendant Métal Grand Designs*/** Indépendant Hip-hop G-Netik Ouvert d’esprit DFP/Moondan Hip-hop Garceau Le temps des éphémères Indépendant Folk/rock Won’t Change Indépendant Rock Forever Maple Music Folk Honeymooning Bruised Tongue Garage Study for Violence and Tape * Black Bough Records 2014 Expérimental/punk Timelines Art Stew Jazz moderne Hip Hop Harea Indépendant Pop/soul Phantom Indépendant Folk expérimental Dead Weights* D-Track Destroy Clocks Disstrick 11 Double Experience Dynamic Eddie Quotez Elementals Elizabeth Riley Band Emma’s Ringer Fet. Nat*/** Feral Trash Finderkeepers Flight Distance*/** FLO Flying Fortress Fly On The Waltz Focus G.Grand*/** Ginger Fox Band Gold+Marrow Grime Kings H. de Heutz * Hamid Drake and Jesse Stewart Harea Band Herons Wake 78 TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA | Profil des industries de la musique à d’Ottawa Heavy Bedroom I Saw An End Indépendant Expérimental EP Indépendant Blues/rock NORTH Indépendant Post Rock Cube Indépendant Rock ambient Of What is Left Indépendant Folk Le condamné Indépendant Poésie Jeepz Give The Drummer Some Indépendant Hip-hop Jeepz The Dilla Tape Indépendant Hip-hop Jeepz Winter Turns to Spring Indépendant Hip-hop Jeepz Loonie And A Dream Indépendant Hip-hop Jeepz No Greater Love Indépendant Hip-hop Jeepz Sail Out Indépendant Hip-hop Jeepz Moons. Comets. Flickering Stars. Indépendant Hip-hop Jeepz Reality is Overrated Indépendant Hip-hop Jeepz The Nas Remixes Indépendant Hip-hop Jeepz* Open Sunday* Indépendant Hip-hop Jeepz Nomadic Muses: When Summer Turns to Fall Indépendant Hip-hop Jeepz Looped & Unplugged Indépendant Hip-hop Jeepz Duende Indépendant Hip-hop Jeepz / I’L(L)-G o-R h y t h m / Indépendant Hip-hop Jeepz #TBT2011 Indépendant Hip-hop Jeepz Colour Outside the Lines Indépendant Hip-hop Jeepz Occam’s Sword Indépendant Hip-hop Jeepz Santa’s Got A Brand New Bag Indépendant Hip-hop Jester Let Go Indépendant Dance small matters of life and death Indépendant Country Joanie Michaud Joanie Michaud (EP) Indépendant Pop francophone Joe Brownrigg Instigator Indépendant Folk The North Fields Indépendant Folk/rock Jon Hynes* Watchful Creatures* Shuffling Feet Records Folk Jon Creeden Capital City Indépendant Punk Josef Mieto The Down Low Side B Ep Indépendant Folk Painting Pictures in the Darkness Indépendant Hip-hop Hunter I Spell It Nature Idle Lie James Leclaire Jean et Marguerite Jill Zmud Jonathan Becker & The North Fields Just Poets Profil des industries de la musique à d’Ottawa | TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 79 JW Jones Belmont Boulevard Blind Pig Records Blues Smoke Lake Indépendant Folk Someday, The Moon Will Be Gold*/** Parliament of Trees Folk King x Yu$$o Crookid Bass Indépendant Hip-hop KingsCollege PeaceToTheYouth Indépendant Hip-hop Kings Quest Fox Island Indépendant Garage/shoegaze Le Brave du Coin DFP/Moondan Hip-hop The Sorcerer Indépendant Métal Demos Indépendant Ambient/rock Pieces of Your Past Indépendant Pop/folk Out of Luck EP Indépendant Pop punk Left Lane Stay In Your Lane Indépendant Hip-hop Les chiens sales Mauvais Garçon Camp de Base Country Lunatic Rappers Rap Asylum Indépendant Rap Lynne Hanson** River of Sand** Indépendant Folk Midnight Airship A River Once Flowed Indépendant Rock progressif Mnemonics Too Late To Get Loud Indépendant Punk Lemon* Taken by Surprise Punk/power pop Début Indépendant Folk Muelkik Indépendant Punk/rock Woodfall* Indépendant Expérimental/ onstrumental Panache Indépendant Hip-hop Junkfood Forever, Bedtime Whatever*/** Bachelor Records Garage/punk The Beauty of Dreaming EP Indépendant Garage Kings Amongst Pawns Makin’ That Doughski Music Group Rap Blurred Indépendant Punk rock indé Organ Eyes Visual Meetings Bruised Tongue Garage/psychédélique Organ Eyes Daze Pace Indépendant Garage/psychédélique Paddy Kelly The Irish In Me Indépendant Traditionnel irlandais Patterson Hall The Eaves EP Indépendant Ambient/shoegaze Patrick Shanks Down To A Dull Roar Indépendant Folk/rock Peas and Carrots Birdhouse Indépendant Folk Pith and the Parenchymas*/** Song of the Neverending Ugly Lizard*/** Indépendant Expérimental Kaleigh Watts Kalle Mattson*/** Kode Kuldrin Ladyboy Laurent Bourque Lees Avenue Mother’s Children* Moonfruits Muelkik Musk Ox* NDMA New Swears*/** Nightshades Niko Doughski Old Rules 80 TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA | Profil des industries de la musique à d’Ottawa Pocket Writer Dented Little Scars Indépendant Folk indé Mind Control EP Deranged Punk/hardcore Walking Backwards on an Escalator Indépendant Hip-hop Soap Indépendant Métal Home Jazz Bowl of Notes Jazz Caustic* Bruised Tongue Garage I Was Hoping This Could Save Me Indépendant Emo/punk Cyborg’s Lament Indépendant Art rock 5000 lp Indépendant Deathtangle Absolution / indépendant Punk bruitiste Not Forever Enough*/** Indépendant Électronique/rock Etched Indépendant Rock SORU City Lights Indépendant R&B/hip-hop Souljazz Orchestra Inner Fire Strut Records Jazz/monde Take Me With You** Indépendant Hip-hop/rock New Born Ear to Ear Records Dream pop Steammates EP* Indépendant Folk Dial Tone* Dirt Nap Garage/punk Touch the Sun** Indépendant Pop Incarcerated Indépendant Métal How To Take A Fall Indépendant Rock Split Perspectives Indépendant Blues/folk TBWNIS (The Band Whose Name Is A Symbol)** Pathfinder** Indépendant Rock psychédélique The Cardboard Crowns GLOBAL CITIZEN Indépendant Ska/punk Eulogies*/** It’s Alive Pop punk The Gallop Tall Tale Tellers Indépendant Rock The Gowls The Gowls Indépendant Rock Tales of Wisdom and Might Indépendant Rock The Jimmy Tri-Tone Band Wanted Indépendant Folk/rock The Musettes Wanderlust Indépendant Folk/pop The Noisy Locomotive, Vol. 1 & 2 Indépendant Folk Essence SoCan Rock Pregnancy Scares Prehistoric Project Mayhem Rob Frayne Roberta Bondar* Rydell Saturnfly Schizophasia Silkken Laumann*/** Sills & Smith Sound of Lions** Sounds of Sputnik Steamers* Steve Adamyk Band* Stone Age Man** Sum Tall Trees Tariq Anwar The Creeps*/** The Haig The Noisy Locomotive The Ohm Profil des industries de la musique à d’Ottawa | TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 81 The Peptides Love Question Mark Indépendant Pop The Powergoats Ruby Headlights Indépendant Blues/rock The Sir John A MacDonalds Don’t Wanna Go To The Show Indépendant Rock Inner Fire Strut Records Monde/soul Can’t Get Enough** Label Records Funk/soul The Stringers See You At 7 Indépendant Rock The Superlative Numero Deux Indépendant Pop punk The Tenenbaums Fish Indépendant Folk/punk Retro Pop EP Indépendant Pop/blues The Visit Offering Indépendant Classique/expérimental The Yips* Air Loom* Bruised Tongue Rock garage Tindervox* Tindervox* Indépendant Rock Forevermore** Indépendant Rock/post-punk Timotheos Sea Peoples Indépendant Folk progressif Trevor Alguire** Miles Away** Indépendant Folk Tropical Dripps* Cool Dude* Bruised Tongue Rock garage Composition originales – piano APCM Instrumental Violence Erlebnis Indépendant Électronique Belle Attente Indépendant Folk Wychdoktor Totem Indépendant Électronique Yann Meunier A+ Tunzsoundz/DFP Hip-hop Yo Mama Band Four For the Road Indépendant Pop alternative Yo Mama Band Kiss You Because I Can Indépendant Pop alternative ZEX Savage City Indépendant Punk ZEX The Ragnarok Session Indépendant Punk ZEX wanderlust Indépendant Punk ZEX Fight For Yourself Capitalicide/ Uncle D Records Punk The Souljazz Orchestra The Split** The Ticket Those Gulls** Venessa Lachance Violence Winchester Warm * Album figurant sur la liste des albums locaux préférés d’Ottawa Showbox ** Album qui contenait une chanson figurant sur la liste de lecture 2014 de l’Ottawa Citizen 82 TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA | Profil des industries de la musique à d’Ottawa ANNEXE D – RÉPERTOIRE DES ENTREPRISES LOCALES DU SECTEUR DE LA MUSIQUE Voici la première version d’un répertoire du milieu musical local classé par sous-secteur. La carte Google créée par Rachel Weldon montre par type où se trouvent les entreprises du secteur de la musique dans la ville. Nous espérons que ce répertoire sera mis en ligne et tenu à jour par une association des industries musicales. Légende Entreprises du secteur de la musique Studios d’enregistrement Locaux de répétition Associations professionnelles Formation musicale Lieux de diffusion Profil des industries de la musique à d’Ottawa | Magasins de disques Festivals de musique Vente et réparation d’instruments de musique TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 83 ENTREPRISES DU SECTEUR DE LA MUSIQUE L’agence d’artistes Groupe Grio 7-42, Nilphas-Richer Gatineau QC J8T 7T1 [email protected] Hill Artist Management Wakefield, QC www.hillartistmanagementandbookings.webs.com Intello-productions Inc Ottawa, ON [email protected] Kelp Music 207 Bank Street, Suite 404 Ottawa, ON K2P 2N2 www.kelprecords.com Partick Artists 1960 Scott St, Suite 302 Ottawa, ON K1Z 8L8 www.partickartists.com Patrick Harrison 295 Besserer, #6 Ottawa, ON [email protected] RedLeaf Music 184 Laval St. #7 Ottawa, ON www.redleafmusic.ca You Rock Red Ottawa, ON www.yourockred.com 84 Promoteurs de concerts Blackwidow Promotions 657 Rosehill Avenue Stittsville, ON K2S 1B9 www.blackwidowpromotions. com Spectrasonic PO Box 57043 RPO Glasdtone Ottawa, ON K1R 1A1 www.spectrasonic.com Maisons de disques Black Bough Records 1620 Scott Street, P.O. Box 64221, Holland Cross R.P.O., Ottawa, ON K1Y 4V2 www.blackbough.ca Bruised Tongue 212 Cambridge St. Ottawa, ON K1R 7A9 www.bruisedtongue.com E-Tron Records Hull, QC www.etronrecords.com Label Records Ottawa, ON www.labelrecords.ca LaFab Musique Orléans, ON www.lafabmusique.ca Pop Drone 213 Cambridge N Ottawa, ON K1R 6J3 www.popdrone.ca Pretty Bad Records 732 Weston Dr Ottawa, ON K1G 1W2 www.prettybadrecords.com STUDIOS D’ENREGISTREMENT Studios d’enregistrement Audio Valley 1570 Liverpool Court, Unit 1 Ottawa, ON K1B 4L1 www.audiovalley.ca Blue Bear Sound Ottawa, ON www.bluebearsound.com Bova Lab Studio Ottawa, ON www.philipshawbova.com/ bova-lab-studio Bova Sound Ottawa, ON www.bovasound.com Kevin Cooke Audio Orléans, ON [email protected] Little Bull Horn Studios 137 Spruce St Ottawa, ON K1R 6P1 www.littlebullhorn.com nCode Recording Studio 1010 Polytek St Ottawa, ON K1J 9H8 [email protected] Pebble Studios 900 Greenbank Rd. Lower Level Nepean, ON K2J 1S8 www.hummingbirdmusic.ca Raven Street Studios 1540 Raven Ave, Ottawa, ON K1Z 7Y9 www.ravenstreet.com TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA | Profil des industries de la musique à d’Ottawa The Gallery Studios 2 Monk St Ottawa, ON K1S 3Y6 www.galleryrecording.com Soundmaster Studios 9 Antares Drive Ottawa, ON K2E 7V5 www.soundmasterstudios.com Yogi’s Meatlocker Ottawa, ON www.yogismeatlocker.com Mobile Studios Click Track Audio Ottawa, ON www.clicktrackaudio.ca Services de postproduction sonore Atomic Audio 2740B Queensview Dr., Ottawa, ON K2B 2A2 www.atomicaudio.tv BartMart 66 Muriel Street Ottawa, ON K1S 4E1 www.bartmart.com GAPC 1550 Laperriere Avenue, Suite 102 Ottawa, ON K1Z 7T2 www.gapcentertainment.com LOCAUX DE RÉPÉTITION IATSE Local 471 Ottawa, ON www.iatse471.com Capital Rehearsal Studios 250 City Centre #202 Ottawa, ON K1R 6K7 www.capitalrehearsal.wordpress.com Sound Check Studios 1690 Carling Avenue Ottawa, ON K2A 1C6 www.soundcheckstudios.ca Local 180 Musicians Association of Ottawa-Gatineau 280 Metcalfe Street, Suite 301 Ottawa, ON K2P 1R7 www.musiciansassociation180. org The Bunker 4603 Bank Street Gloucester, ON K1T 3W6 www.bunkerrehearsal.com Multicultural Arts, Schools, Communities 250 Holland Avenue Ottawa, ON K1Y 0Y5 www.masconline.ca ASSOCIATIONS PROFESSIONNELLES Ottawa Festivals d’Ottawa 450 Churchill Avenue N Ottawa, ON K1Z 5E2 www.ottawafestivals.ca Association des Professionels de la Chanson et de la Musique 450 rue Rideau, bureau 401 Ottawa, ON K1N 5Z4 www.apcm.ca Canada Council for the Arts 150 Elgin St, P.O. Box 1047 Ottawa, ON K1P 5V8 www.canadacouncil.ca Canadian Arts Presenting Association 17 York Street, suite 200 Ottawa, ON K1N 9J6 www.capacoa.ca Folk Music Ontario 508-B Gladstone Avenue Ottawa, ON K1R 5P1 www.folkmusicontario.ca Profil des industries de la musique à d’Ottawa | Ottawa New Music Creators 319 Catherine St Ottawa, ON K1R 5T4 www.onmc.info Réseau Ontario 450 Rideau Street Ottawa, ON K1N 5Z4 www.reseauontario.ca/fr/ The Improvising Musicians of Ottawa/Outaouais Ottawa, ON www.improvisedmoo.com World Folk Music Ottawa Ottawa, ON www.worldfolkmusicottawa. com TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 85 FORMATION MUSICALE Formation postsecondaire en musique Algonquin College Music Industry Arts Program 1385 Woodroffe Avenue Ottawa, ON K2G 1V8 www.algonquincollege.com Carleton University Bachelor of Music 1125 Colonel By Dr Ottawa, ON K1S 5B6 www.carleton.ca/music University of Ottawa School of Music 75 Laurier Ave E Ottawa, ON K1N 6N5 www.arts.uottawa.ca/music The Audio Recording Academy College Accredited Program 1540 Raven Ave, Ottawa, ON K1Z 7Y9 www.tara.ca D’écoles de musique privées. Alcorn Music Studios 953 Gladstone Avenue Ottawa, ON K1Y 3E5 www.alcornmusicstudios.com Fat Dog Productions 15 Capella Court Unit 101 Ottawa, ON K2E 7X1 www.fatdogproductions.ca Hummingbird Music (Nepean School of Music, JamClinic) 900 Greenbank Rd., Lower Level Ottawa, ON K2J 1S8 www.hummingbirdmusic.ca Ottawa Folklore Centre Music School 1111 Bank Street Ottawa, ON K1S 3X4 www.ottawafolklore.com/ learn-to-play Shine Academy 119 Pamilla Street Ottawa, ON K1S 3K www.theshinegroup.com MAGASINS DE DISQUES Birdman Sound 593 Bank St, Ottawa, ON K1S 3T4 www.birdmansound.blogspot. ca Compact Music (Centretown) 206, Bank Street Ottawa, ON K2P 1W8 www.compactmusic.ca Compact Music (Glebe) 785 1/2 Bank Street Ottawa, ON K1S 3V5 www.compactmusic.ca Gabba Hey 250 City Centre #202 Ottawa, ON K1R 6K7 https://www.facebook.com/ gabbaheyshop Legend Records 1315 Wellington St W. Ottawa, ON K1Y 3A8 [email protected] The Record Centre 1099 Wellington St W Ottawa, ON K1Y 2Y4 www.therecordcentre.com The Turning Point 411 Cooper St Ottawa, ON K2P 1X4 www.turningpointmusic.ca Vertigo Records 193 Rideau St. Ottawa, ON K1N 5X8 www.vertigorecords.ca 86 TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA | Profil des industries de la musique à d’Ottawa LIEUX DE DIFFUSION Algonquin College Commons Theatre 1385 Woodroffe Ave Ottawa, ON K2G 1V8 www.algonquinsa.com/theatre. aspx Arts Court Theatre 2 Daly Avenue, suite 240 Ottawa, ON K1N 6E2 www.artscourt.ca Brass Monkey 250 Greenbank Rd Ottawa, ON K2H 8X4 www.brassmonkeybilliards. com/home Centrepointe Theatre 101 Centrepointe Drive Ottawa, ON K2G 5K7 www.centrepointetheatre.com/ en/index.htm Bread By Us 1065 Wellington St. West Ottawa, Ontario www.breadbyus.com Chateau LaFayette 42 York St Ottawa, ON K1N 5S6 www.thelaff.ca Bronson Centre 211 Bronson Ave Ottawa, ON K1R 6H4 www.bronsoncentre.ca City Nightclub 222 Slater Street Ottawa, ON K1P 5N5 https://www.facebook.com/ CityNigtClub Atomic Rooster 303 Bank Ottawa, ON K2P 1X7 www.atomicrooster.ca Cabaret La Basoche 120 Rue Principale Gatineau, QC J9H 3M3 Avant-Garde Bar 135 Besserer St Ottawa, ON K1N 6A7 www.avantgardebar.com Café ALT Universiéty Private Ottawa, ON K1N 9A7 www.sfuo.ca/cafealt Babylon 317 Bank St Ottawa, ON K2P 1X7 www.babylonclub.ca Café Dekcuf 221 Rideau St Ottawa, ON K1N www.facebook.com/pages/ Cafe-Dekcuf/63429626989 Barney Danson Theatre 1 Vimy Place Ottawa, ON K1A 0M8 www.warmuseum.ca Barrymores 323 Bank St Ottawa, ON K2P 1X9 www.barrymores.on.ca Bassline Station 2557 Baseline Rd Ottawa, ON K2H 7B3 www.basslinerocks.ca Blacksheep Inn 53 Chemin Riverside Drive Wakefield, QC J0X 3G0 www.theblacksheepinn.com Café Nostalgica 603 Cumberland St Ottawa, ON K1N 7K4 www.cafenostalgica.ca Canadian Tire Centre 1000 Palladium Dr Ottawa, ON K2V 1A5 www.canadiantirecentre.com Carleton Tavern 223 Armstrong Street Ottawa, Ontario K1Y 2W5 https://www.facebook.com/ CarletonTavern/info Profil des industries de la musique à d’Ottawa | Clocktower Pub 575 Bank Street Ottawa, ON K1S 5L7 www.clocktower.ca Club SAW 67 Nicholas St Ottawa ON K1N 7B9 www.galeriesawgallery.com/ sawgallery.html Crazy Horse 115 Roland Michener Dr Ottawa, ON K2T 1G7 www.thecrazyhorse.ca Daily Grind 601 Somerset St W Ottawa, ON K1R 5K1 www.thedailygrindartcafe.com Dominion Tavern 33 York St Ottawa, ON K1N 5S7 www.tavern.ca Dominion-Chalmers United Church 355 Cooper Street Ottawa ON K2P 0G8 www.dc-church.org TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 87 Elmdale Tavern 1084 Wellington St W Ottawa, ON K1Y 2Y5 www.elmdaletavern.com Heart & Crown (Clarence) 67 Clarence St Ottawa, ON K1N 5P5 www.heartandcrown.ca Fall Down Gallery 288 Bank St Ottawa, ON K2P www.falldowngallery.tumblr. com Heart & Crown (Clarence) 67 Clarence St Ottawa, ON K1N 5P5 www.heartandcrown.ca Fatboys Smokehouse 34 Murray St Ottawa, ON K1N 9M5 www.fatboys.ca Gabba Hey 250 City Center Ave Unit #202 Ottawa, ON K1R 1C7 www.capitalrehearsal.wordpress.com Gallery 101 51 Young Street Suite B Ottawa, ON K1S 3H6 www.g101.ca/main Gigspace 953 Gladstone Avenue Ottawa, ON K1Y 3E5 Canada www.gigspaceottawa.com Grace O’Malleys 1151 Ogilvie Rd Ottawa, ON K1J 7P6 www.gracies.ca/ottawa Great Canadian Theatre Company 1233 Wellington St. W. Ottawa, ON K1Y 0G7 www.gctc.ca Greenfield’s Pub 900 Greenbank Road Ottawa, ON K2J 1S8 www.barrhavenspub.com 88 Heart & Crown (Preston) 353 B Preston St Ottawa, ON K1S 1V6 www.heartandcrown.ca Honest Lawyer 141 George St. Ottawa, ON K1N 5W5 www.honestlawyer.com House of TARG 1077 Bank St Ottawa, ON K1S 3W9 www.houseoftarg.com Irene’s Pub 885 Bank St Ottawa, ON K1S 3W4 www.irenespub.ca Island Flava 409 Dalhousie St Ottawa, ON K1N 9K4 www.islandflava.ca Kaffe 1870 715 Riverside Drive Wakefield, QC J0X 3G0 www.kaffe1870.com La Nouvelle Scene 333 King Edward Avenue Ottawa, ON K1N 7M5 Le Petit Chicago 50 Promenade Du Portage Gatineau, QC J8X 2J7 www.petitchicago.ca Le Temporaire 75 St-Redempteur Gatineau (Hull), QC J8X 2H4 www.letroquet.ca Lunenburg Pub & Bar 14 Waller St Ottawa, ON K1N 9C4 www.theburg.ca Mansion Nightclub 400A Dalhousie, Ottawa, ON K1N 9K4 www.mansionnightclub.ca Manx Pub 370 Elgin St Ottawa, ON K2P 1M9 www.manxpub.com Mavericks 221 Rideau St Ottawa, ON K1N www.mavericksbar.com Maxwells 340 Elgin Street Ottawa, ON K2P 1M6 www.maxwellsottawa.com Mercury Lounge 56 Byward Market Square Ottawa, ON K1N 7A2 www.mercurylounge.com Mill Street Brew Pub 555 Wellington St. Ottawa, ON K1R 1C5 http://ottawa.millstreetbrewpub.ca/ Mother Mcgintys 67 Clarence St Ottawa, ON K1N 5P5 TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA | Profil des industries de la musique à d’Ottawa Mugshots 75 Nicholas Street Ottawa, ON K1N 7B9 www.hihostels.ca/ Ontario/1448/ontario/ hi-ottawa-jail/mugshots-bar/ National Arts Centre 53 Elgin St Ottawa, ON K1P 5W1 www.nac-cna.ca Neat Café 1715 Calabogie Rd Burnstown K0J 1G0 www.neatfood.com Options Jazz Lounge 525 Legget Drive Ottawa, ON K2K 2W2 www.brookstreethotel.com/ play/live-jazz/ Ottawa Art Gallery 2 Daly Avenue Ottawa, ON K1N 6E2 www.ottawaartgallery.ca Patty Boland’s 101 Clarence St Ottawa, ON K1N 5P5 www.pattybolands.com Rainbow Bistro 76 Murray St Ottawa, ON K1N www.therainbow.ca Tabaret Hall 550 Cumberland University of Ottawa Ottawa, ON K1N 6N8 www.uottawa.ca/maps/building/tabaret.html Raw Sugar 692 Somerset St W Ottawa, ON K1R 6P4 www.rawsugarcafe.com The Branch 15 Clothier St. East, Kemptville ON K0G 1J0 www.thebranchrestaurant.ca Ritual Nightclub 137 Besserer St Ottawa, ON K1N 9M7 Salle Jean-Despréz 25, rue Laurier (secteur de Hull) Gatineau, QC J8X 4C8 www.ovation.qc.ca/salle-jean-desprez.asp?Lang=EN Salle Odyssée 855 Boulevard Gappe Gatineau, QC J8T 8H9 www.maisondelaculture.ca/ Salle-Odyssee/index.html Shenkman Arts Centre 245 Centrum Boulevard Ottawa, ON K1E 0A1 www.shenkmanarts.ca Pressed 750 Gladstone Ave Ottawa, ON K1R 6X5 www.pressed-ottawa.com Spirit of Rasputin Arts Society 2177 Braeside Avenue Ottawa, ON K1H8M6 www.rasputins.ca Pub 101 101 York St Lanark, ON K0G 1K0 www.pub101.com St Albans 56 Byward Market Square Ottawa, ON K1N 7A2 www.stalbanschurch.ca Quinn’s 1070 Bank St Ottawa, ON K1S 3X3 St Brigids Centre for the Arts 310 St Patrick St Ottawa, ON K1N 5K5 www.saintbrigidscentre.com Zaphods 27 York St Ottawa, ON K1N 5S7 www.zaphods.ca FESTIVALS DE MUSIQUE Arboretum 60 Waller St Ottawa, ON K1N www.arboretumfestival.com Beau’s Oktoberfest Vankleek Hill www.beausoktoberfest.ca Calabogie Blues and Ribfest 30 Barrett Chute Rd Calabogie, ON K0J 1H0 www.calabogieblues.com Festival de L’Outaouais Emergent 211 Rue Montcalm Gatineau, Québec J8Y 3B5 www.festfoe.ca Festival franco-ontarien Banque Nationale Mackenzie Ave Ottawa, ON K1N 9J6 www.ffo.ca House of PainT Ottawa, ON www.houseofpaint.ca Profil des industries de la musique à d’Ottawa | TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 89 IMOOfest Club Saw (67 Nicholas St) Ottawa, ON www.improvisedmoo.com Merrickville Jazzfest Merrickville, ON www.merrickvillesjazzfest.com Music and Beyond 51 William St Ottawa, ON K1N 1A3 www.musicandbeyond.ca O-Town Hoedown Ottawa, ON www.otownhoedown.com Ottawa Explosion Weekend 2 Daly Ave Ottawa, ON K1N 6E2 www.ottawaexplosion. blogspot.ca Ottawa Bluesfest 1 Vimy Pl Ottawa, ON K1A 0M8 www.ottawabluesfest.ca Ottawa Folk Festival Hog’s Back Rd Ottawa, ON K1A 0M2 www.ottawafolk.com Ottawa Grassroots Festival 330 Kent St Ottawa, ON K2P 2A6 www.ottawagrassrootsfestival. com Ottawa Implosion Weekend 250 City Centre #202 Ottawa, ON K1R 6K7 www.bruisedtongue.com/ wordpress/ottawa-implosion-weekend 90 Ottawa International Chamber Music Festival 4 Florence Street, Suite 201 Ottawa ON K2P 0W7 www.chamberfest.com Ottawa Jazz Festival 294 Albert Street, suite 602 Ottawa, ON K1P 6E6 www.ottawajazzfestival.com Westfest 39 Vaughan St., Suite 103, Ottawa, ON K1M 1W9 www.westfest.ca Unisong Choir Festival Ottawa, ON www.unisong.ca VENTE ET RÉPARATION D’INSTRUMENTS DE MUSIQUE Dave’s Drum Shop 390 Gladstone Ave Ottawa, ON K2P 0Z1 www.davesdrumshop.com Do Re Mi Pianos 1765 Carling Ave Ottawa, ON K2A 1C9 www.doremipianos.com Glebe Guitar Repair 191 Holmwood Ave. Ottawa, ON K1S 2P3 www.glebeguitar.ca Granata Music 1568 Merivale Road Ottawa, ON K2G 5Y7 www.granatamusic.ca Intercontinental Music 610 Donald St Ottawa, ON K1K 1L4 www.intercontinentalmusic.ca International Musicland 3161 Strandherd Drive Nepean, K2J 5N1 www.intlmusicland.com Lauzon Music 1345 Wellington Street Ottawa, ON K1Y 3B8 www.lauzonmusic.com Leading Note 370 Elgin St #2 Ottawa, ON K2P 1N1 www.leadingnote.com Long and McQuade (Ottawa) 66 Hearst Way Ottawa, ON www.long-mcquade.com Metro Music 695 Bank St. Ottawa, ON K1S 3T8 www.metromusicottawa.ca Ottawa Folklore Centre 1111 Bank St Ottawa, ON K1S 3X4 www.ottawafolklore.com Spaceman Music 388 Gladstone Av, Ottawa, ON K2P 0Z1 www.spacemanmusic.com St. John’s Music 1541 Merivale Road Ottawa, ON K2G 5W1 www.stjohnsmusic.com Steve’s Music Store 308 Rideau Street Ottawa, ON K1N 5Y5 www.stevesmusic.com Tone on Wheels Ottawa, Ontario www.toneonwheels.com TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA | Profil des industries de la musique à d’Ottawa FABRICATION D’INSTRUMENTS DE MUSIQUE Empress Effects Unit 2 - 95 Denzil Doyle Crt Kanata ON K2M 2G8 www.empresseffects.com Fairfield Circuitry 23 Rue Lois Gatineau, QC J8Y 3R3 www.fairfieldcircuitry.com Fine Strings 2116 Fillmore Crescent Gloucester, ON www.finestrings.ca Glebe Guitar Repair www.glebeguitar.ca Guy Harrison Violins 792 Gladstone Avenue Ottawa, ON K1R 6X9 www.guyharrison.com John MacDonald/John MacDonald Guitars 449 Blake Blvd Ottawa, ON www.johnmacdonaldguitars. com Monde Synthesizer Ottawa, ON www.mondesynthesizer.com Retro-Sonic Pedals Ottawa, ON www.retro-sonic.com Sage Electronics Ottawa, ON www.sageelectronics.com Sankey Guitars Ottawa, ON www.sankeyguitars.com ST Guitarworks Gloucester, ON www.stguitarworks.com Tetra Speakers 875 Duberry Street Ottawa, ON K2B 7K4 www.tetraspeakers.com The Sound Post 319 Catherine St Ottawa, ON K1R 5T4 www.thesoundpost.com Weston Instruments 13 Cedarock Drive, Kanata, ON www.ottawaguitarrepair.com Manzer Guitars Almonte, ON www.manzer.com APPUI À L’ORGANISATION D’ÉVÉNEMENTS MUSICAUX Consensus Cross-Cultural Communication & Multimedia Ottawa, ON [email protected] Fleet Pro Sound Unit #104 6 Bexley Place Ottawa, ON K2H 8W2 www.fleetsound.com Kamp Operations Ottawa, ON www.kamp-ops.com Postering Ottawa Ottawa, ON www.posteringottawa.ca Professional Sound & Lighting 1296 Leeds Ave. Ottawa, ON K1B 3W3 www.psl.on.ca Ottawa Special Events 2491 Kaladar Avenue Ottawa, ON K1V 8B9 www.ottawaspecialevents.com Toersa Security 20 Cleopatra Drive, Ottawa, ON K2G 0B3 www.toersa.com Wall Sound & Lighting 1762 Woodward Drive Ottawa, ON K2C 0P8 www.wallsound-lighting.com Profil des industries de la musique à d’Ottawa | TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 91 NOTES Tiré de la page Notre organisation du site Web du Bluesfest (consultée le 18 février 2015). Sur Internet : http://ottawabluesfest.ca/our-organization/. 1 Pour voir un exemple, consulter Brian Hracs, Building Ontario’s music economies, Martin Prosperity Institute, février 2009. 2 Peter Simpson, « Big Beat: The Ottawa music playlist for 2014 », The Big Beat, Ottawa Citizen, 29 décembre 2014. Sur Internet : http://ottawacitizen.com/entertainment/local-arts/big-beat-the-ottawa-music-playlist-for-2014. 3 Entretien personnel avec Tim Potocic. 4 Pour voir un exemple, consulter le document Hamilton Music Strategy soumis par la Division du tourisme et de la culture, Service de la planification et du développement économique de la ville d’Hamilton. Sur Internet : http://www.hamilton.ca/NR/rdonlyres/128F0E90-7212-4A0B-8C4A8380A8016988/0/Jan1571PED14001.pdf. 5 Pour voir un exemple, consulter Richard Florida, The Rise of the Creative Class: And How It’s Transforming Work, Leisure, Community, and Everyday Life, Basic Books, 2003; et Elizabeth Currid, The Warhol Economy: How Fashion, Art, and Music Drive New York City, Princeton (États-Unis), Princeton University Press, 2008. 6 Tiré du guide Creative Services : Film, television and interactive digital media (Investir Ottawa, 27 mars 2013). La version la plus récente du guide, Ottawa Spotlight : Film, Television & Interactive Digital Media (Investir Ottawa), est disponible à l’adresse suivante : http://guides.investottawa.ca/guide/ film-television-and-interactive-digital-media. 7 Tiré de la page Fonds ontarien de promotion de la musique du site Web de la Société de développement de l’industrie des médias de l’Ontario (consultée le 18 février 2015). Sur Internet : http://www.omdc. on.ca/music/the_ontario_music_fund.htm. 8 Statistique Canada, Série « Perspective géographique », Recensement de 2011. Mise à jour le 17 avril 2014. Sur Internet : http://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2011/as-sa/fogs-spg/Facts-csdfra.cfm?LANG=Fra&GK=CSD&GC=3506008. 9 Rapport Projections de croissance pour la ville d’Ottawa, 2006-2031, adopté par le Conseil municipal d’Ottawa en novembre 2001 (consulté le 18 février 2015). Sur Internet : http://ottawa.ca/fr/hotel-deville/decouvrir-votre-ville/statistiques/projections-de-croissance-pour-la-ville-dottawa. 10 Tiré de la page Profil de la ville du site Web d’Investir Ottawa (consultée le 18 février 2015). Sur Internet : http://investottawa.ca/fr/choisir-ottawa/profil-de-la-ville/. 11 Tiré de la page Ottawa : là où le talent se rend pour travailler, s’amuser et prospérer du site Web du Service des délégués commerciaux du Canada (modifiée le 2 février 2015). Sur Internet : http://www. international.gc.ca/investors-investisseurs/cities-villes/ottawa.aspx?lang=fra. 12 Fiche de pointage de la ville d’Ottawa dans le cadre du projet Global Cities (Martin Prosperity Institute, 2013). Sur Internet : http://martinprosperity.org/global-cities/Global-Cities_Ottawa.pdf. 13 Kimberly Silk, Insight: Canada’s Divided Cities (blogue du Martin Prosperity Institute, 12 septembre 2014). Sur Internet : http://martinprosperity.org/insight-canadas-divided-cities/. 14 Tiré de la page Les meilleurs 100 festivals et événements en Ontario sont annoncés, du site Web de Festivals d’Ottawa (consultée le 18 février 2015). Sur Internet : http://www.ottawafestivals.ca/fr/blog/ les-meilleurs-100-festivals-et-evenements-en-ontario-sont-annonces/. 15 92 TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA | Profil des industries de la musique à d’Ottawa Tiré de la page Programme du financement des arts du site Web de la Ville d’Ottawa (consultée le 18 février 2015). Sur Internet : http://ottawa.ca/fr/culturevive/programme-de-financement-des-arts. 16 Kelly Hill, Les investissements municipaux au titre de la culture de cinq grandes villes du Canada : étude préparée pour les villes de Vancouver, Calgary, Toronto, Ottawa et Montréal, Hill Stratégies, janvier 2012. Sur Internet : http://www.hillstrategies.com/sites/default/files/Investissements_culturels_5villes.pdf. 17 Rapport Hamilton Music Strategy soumis par la Division du tourisme et de la culture, Service de la planification et du développement économique de la ville d’Hamilton. Sur Internet : http://www.hamilton.ca/NR/rdonlyres/128F0E90-7212-4A0B-8C4A-8380A8016988/0/Jan1571PED14001.pdf. 18 Tiré de la page Toronto – Music City du site Web de Music Canada (consultée le 18 février 2015). Sur Internet : http://musiccanada.com/resources/research/toronto-music-city/. 19 Recommandations présentées le 27 août 2014 au comité d’investissement et de prospérité économique de London par Art Zuidema, directeur municipal, au sujet de la stratégie de promotion de la musique adoptée par la ville de London. Sur Internet : https://www.london.ca/newsroom/ Documents/MusicTaskForce.pdf. 20 Trois des six éléments figurant dans cette liste proviennent d’une même entreprise (Kelp Music). 21 Société de développement de l’industrie des médias de l’Ontario, Bénéficiaires du Fonds ontarien de promotion de la musique de 2013-2014. Sur Internet : http://www.omdc.on.ca/Assets/Industry+Initiatives/English/OMF/OMF+2013-14+Successful+Recipients.pdf. 22 Données anonymes fournies par FACTOR. 23 Marsha Lederman, « Calgary’s favourite alternative weekly FFWD prepares its final issue », The Globe and Mail, 27 février 2015. Sur Internet : http://www.theglobeandmail.com/news/alberta/calgarys-favourite-alternative-weekly-ffwd-prepares-its-final-issue/article23237155/. 24 Terry Flew, « Music, Cities, and Cultural and Creative Industries Policy », dans G. Bloustein, M. Peters et S. Luckman (dir.), Sonic Synergies: Music, Technology, Community, Identity, Ashgate Publishing, mars 2008. 25 Barry Shank, Dissonant Identities: The Rock’n’Roll Scene in Austin, Texas, Hanover (États-Unis), Wesleyan University Press, 15 avril 1994. 26 Tara Vinodrai et Meric S. Gertler, Creativity, Culture and Innovation in the Knowledge-based Economy : Opportunities and Challenges for Ontario, Imprimeur de la Reine pour l’Ontario, 1er octobre 2006, préparé pour le ministère de la Recherche et de l’Innovation de l’Ontario. 27 Richard Florida, The Rise of the Creative Class: And How It’s Transforming Work, Leisure, Community, and Everyday Life, Basic Books, 2003. 28 Terry Nichols Clark, « The City as an Entertainment Machine », Research in Urban Policy, vol. 9, Londres (Royaume-Uni), Elsevier, 2004. 29 Edward L. Glaeser, Jed Kolko et Albert Saiz, « Consumer city », Journal of Economic Geography, vol. 1, no 1, Oxford University Press, janvier 2001, p. 27-50. 30 Elizabeth Currid, The Warhol Economy: How Fashion, Art, and Music Drive New York City, Princeton (États-Unis), Princeton University Press, 2008. 31 Daniel Silver et Diana Miller, « Contextualizing the Artistic Dividend », Journal of Urban Affairs, vol. 35, no 5, 2013, p. 591-606. 32 Profil des industries de la musique à d’Ottawa | TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 93 Hasan Bakhshi, Neil Lee et Juan Mateos-Garcia, « Capital of culture? An econometric analysis of the relationship between arts and cultural clusters, wages, and the creative economy in English cities », Creative Communities: Art Works in Economic Development, Brookings Institution Press, 2013. 33 Conseil des technologies de l’information et des communications, Music – A Catalyst for Technology Hubs and Innovative Talent, Ottawa, 2013. 34 Adam Brown, Justin O’Connor et Sara Cohen, « Local music policies within a global music industry: cultural quarters in Manchester and Sheffield », Geoforum, vol. 31, no 4, novembre 2000, p. 437-451. 35 36 Ibid., p. 445. 37 Ibid., p. 442. Terry Flew, « Music, Cities, and Cultural and Creative Industries Policy », dans G. Bloustein, M. Peters et S. Luckman (dir.), Sonic Synergies: Music, Technology, Community, Identity, Ashgate Publishing, mars 2008, p. 11. 38 On peut certainement noter une ressemblance frappante entre ces circonstances et la situation actuelle à Ottawa. 39 Terry Flew, « Music, Cities, and Cultural and Creative Industries Policy », dans G. Bloustein, M. Peters et S. Luckman (dir.), Sonic Synergies: Music, Technology, Community, Identity, Ashgate Publishing, mars 2008, p. 15. 40 Les industries de la musique de Brisbane peuvent également compter sur la présence de QMusic, une association régionale qui fournit une panoplie de services, notamment pour l’organisation du festival BIGSOUND qui attire chaque année dans la ville les principaux acteurs des industries australiennes de la musique. 41 Rapport Hamilton Music Strategy soumis par la Division du tourisme et de la culture, Service de la planification et du développement économique de la ville d’Hamilton. Sur Internet : http://www.hamilton.ca/NR/rdonlyres/128F0E90-7212-4A0B-8C4A-8380A8016988/0/Jan1571PED14001.pdf. 42 Recommandations présentées le 27 août 2014 au comité d’investissement et de prospérité économique de London par Art Zuidema, directeur municipal, au sujet de la stratégie de promotion de la musique adoptée par la ville de London. Sur Internet : https://www.london.ca/newsroom/ Documents/MusicTaskForce.pdf. 43 Toronto City Council approves establishment of new Toronto Industry Advisory Council, blogue de la campagne « 4479 Toronto’s Music City », 19 décembre 2013. Sur Internet : http://4479toronto.ca/ toronto-city-council-approves-establishment-of-new-toronto-industry-advisory-council/. 44 Ben Rayner, « Toronto, meet your new music man, Mike Tanner », The Star, 21 octobre 2014. Sur Internet : http://www.thestar.com/entertainment/music/2014/10/21/toronto_meet_your_new_music_man_mike_tanner.html. 45 Greyhill Advisors, SXSW 2014 Economic Benefit to City of Austin Totals $315 Million, 15 septembre 2014. Sur Internet : http://greyhill.com/blog/2014/9/15/sxsw-2014-economic-benefit-to-city-of-austintotals-315-mill.html. 46 uOttawa economic impact study reveals Senators Sports & Entertainment brings in $100 million in spending to the city each year, 24 février 2014. Sur Internet : http://www.uottawa.ca/media/media-release-2925.html. 47 Titan Music Group, Accelerating Toronto’s Music Industry Growth, préparé pour Music Canada, mars 2012. Sur Internet : http://musiccanada.com/wp-content/uploads/2014/07/Accelerating-Toronto%E2%80%99s-Music-Industry-Growth-%E2%80%93-Leveraging-Best-Practices-from-Austin-Texas.pdf. 48 94 TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA | Profil des industries de la musique à d’Ottawa Greg Barr, « Austin ranks among nation’s top 5 high-tech markets, study shows », Austin Business Journal, 26 septembre 2014. Sur Internet : http://www.bizjournals.com/austin/news/2014/09/26/ austin-ranks-among-nations-top-5-high-tech-markets.html. 49 Tiré de la page Population du site Web de la ville d’Ottawa (consultée le 19 février 2015). Sur Internet : http://ottawa.ca/en/long-range-financial-plans/economy-and-demographics/population. 50 Ontario Council of University Libraries, Student Population Statistics by Institution, données mises à jour en août 2014. Sur Internet : http://www.ocul.on.ca/node/21. 51 Tiré de la page Au sujet d’Ottawa du site Web de Tourisme Ottawa (consultée le 19 février 2015). Sur Internet : http://www.ottawa.com/about/main_e.shtml. 52 TXP inc., The Economic Impact of the Creative Sector in Austin – 2012 UPDATE, février 2012. Sur Internet : http://austintexas.gov/sites/default/files/files/creative_sector_impact2012.pdf. 53 Retombées économiques seulement; ne tient pas compte de la valeur ajoutée. 54 Site Web du Texas Music Office (consulté le 19 février 2015). Sur Internet : http://governor.state.tx.us/music/. 55 Terry Flew, « Music, Cities, and Cultural and Creative Industries Policy », dans G. Bloustein, M. Peters et S. Luckman (dir.), Sonic Synergies: Music, Technology, Community, Identity, Ashgate Publishing, mars 2008, p. 15. 56 Richard E. Caves, « Contracts Between Arts and Commerce », Journal of Economic Perspectives, vol. 17, no 2, 2003, p. 73-83. 57 W. David Walls, « Modeling Movie Success when ‘Nobody Knows Anything’: Conditional Stable-Distribution Analysis of Film Returns », Journal of Cultural Economics, vol. 29, 2005, p. 177-190. 58 William Goldman, Adventures in the Screen Trade, New York (États-Unis), Warner Books, 1983. 59 Douglass Hyatt, An Overview of the Financial Impact of the Canadian Music Industry, 2008. Cette étude a été préparée pour la Société de développement de l’industrie des médias de l’Ontario et comprend les résultats du sondage mené par POLLARA. Le résumé de l’étude est disponible à l’adresse suivante : http://www.omdc.on.ca/Assets/Research/Research+Reports/ An+Overview+of+the+Financial+Impact+of+the+Canadian+Music+Industry/An+Overview+of+the+Financial+Impact+of+the+Canadian+Music+Industry-Executive+Summary.pdf. 60 City of Melbourne Music Strategy: Supporting and Growing the City’s Music Industry 2014-17, Melbourne (Australie), octobre 2014. Sur Internet : http://www.melbourne.vic.gov.au/enterprisemelbourne/industries/design/MusicMelbourne/Documents/Music_Strategy_Final_Approved_August.pdf. 61 62 Review of the Canadian Music Industry, rapport du Comité permanent du patrimoine canadien, juin 2014. 63 Ibid. PricewaterhouseCoopers s.r.l., Economic Impact Analysis of the Sound Recording Industry in Canada, préparé pour Music Canada, 12 avril 2012. 64 Kelly Hill, « Les artistes et les travailleurs culturels dans les municipalités du Canada : basé sur l’Enquête nationale auprès des ménages de 2011 », Regards statistiques sur les arts, vol. 12, no 2, Hill Strategies, 2014. 65 Statistique Canada, Tableau 1 : Rémunération hebdomadaire moyenne (y compris les heures supplémentaires) pour l’ensemble des salariés – Données désaisonnalisées, novembre 2013. Sur Internet : http://www.statcan.gc.ca/daily-quotidien/140130/t140130a001-eng.htm. 66 Profil des industries de la musique à d’Ottawa | TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 95 Pour voir un exemple, consulter Jason Toynbee, Making Popular Music: Musicians, Creativity and Institutions, Londres (Royaume-Uni), Bloomsbury Publishing, 2000. 67 Données anonymes fournies par la Société canadienne des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (SOCAN). 68 Pour voir un exemple, consulter Thomas A. Cummins-Russell et Norma M. Rantisi, « Networks and place in Montreal’s independent music industry », The Canadian Geographer = Le Géographe canadien, vol. 56, no 1, Association canadienne des géographes, printemps 2012. 69 Entretien personnel. 70 Entretien personnel. 71 Steve Knopper, « Music Festivals Enjoy Record Expansion in 2012 », Rolling Stone, 28 septembre 2012. Sur Internet : http://www.rollingstone.com/music/news/music-festivals-enjoy-record-expansion-in-2012-20120928. 72 Pour les villes de plus de 200 000 habitants. Tiré de la page Les meilleurs 100 festivals et événements en Ontario sont annoncés, sur le site Web de Festivals d’Ottawa (consultée le 18 février 2015). Sur Internet : http://www.ottawafestivals.ca/fr/blog/les-meilleurs-100-festivals-et-evenements-en-ontario-sont-annonces/. 73 Entretien personnel avec Mark Monahan. 74 Entretien personnel avec Kellylee Evans. 75 Données anonymes fournies par la SOCAN. 76 Entretien personnel avec Gary Morton et Robin Moir. 77 Andrew Vincent, « Totally Essential or Excluded?: The Cultural Capital of Independent Record Stores », Postscript, nouvelle série, no 2 (Memorial University, automne 2005). 78 Josh McConnell, « Another spin around the Block for Vinyl », The Globe and Mail, 9 juillet 2014. 79 Joshua P. Friedlander, News and Notes on 2014 Mid-Year RIAA Shipment and Revenue Statistics, Recording Industry Association of America. Sur Internet : http://riaa.com/media/1806D32F-B3DD19D3-70A4-4C31C0217836.pdf. 80 Emma Godmere, « Canada’s best new record stores », CBC Music, 29 octobre 2014. Sur Internet : http://music.cbc.ca/#!/blogs/2014/10/Canadas-best-new-record-stores. 81 Tom Pechloff, « Benefit concert rejuvenates Ottawa music institution », Ottawa Business Journal, 11 août 2004. Sur Internet : http://www.obj.ca/Local/Retail/2014-08-11/article-3830906/Benefit-concert-rejuvenates-Ottawa-music-institution/1. 82 Lynn Saxberg, « Hard Times hit the Ottawa Folklore Centre (with video) », Ottawa Citizen, 22 juillet 2014. Sur Internet : http://ottawacitizen.com/entertainment/local-arts/hard-times-hit-the-ottawa-folklore-centre. 83 Il est intéressant de souligner que tous les membres du personnel de SpaceMan Music sont également diplômés de The Audio Recording Academy (TARA). Entretien personnel avec Scott Terry et Tom Stewart. 84 Adam Feibel, « Guitars: Pedalling as fast as they can (with video) », Ottawa Citizen, 12 janvier 2015. Sur Internet : http://ottawacitizen.com/entertainment/music/pedalling-as-fast-as-they-can-with-video. 85 96 TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA | Profil des industries de la musique à d’Ottawa Page Linda Manzer, Luthier, sur le site Web de The Humm, 1er octobre 2014. Sur Internet : http://thehumm.com/online/listing_details.cfm?listingid=63857&categoryid=0. 86 Michael Silver, « Tetra Manhattan 120U Speakers », All About Jazz, 21 octobre 2006. Sur Internet : http://www.allaboutjazz.com/tetra-manhattan-120u-speakers-by-michael-silver.php. 87 Adam Feibel, « Guitars: Pedalling as fast as they can (with video) », Ottawa Citizen, 12 janvier 2015. Sur Internet : http://ottawacitizen.com/entertainment/music/pedalling-as-fast-as-they-can-with-video. 88 Entretien personnel. 89 Tiré de la page À propos de nous du site Web de TOERSA Security inc., 22 février 2015. Sur Internet : http://toersa.com/fr/a-propos-de-nous/. 90 Entretien personnel avec Albert Porter, Kamp-Ops. 91 Entretien personnel avec Samantha, Postering Ottawa. 92 Kimberly Silk, Insight – Creative and Diverse: Ranking Global Cities (blogue du Martin Prosperity Institute, 14 août 2013). Sur Internet : http://martinprosperity.org/insight-creative-and-diverse-ranking-global-cities/. 93 Alfred Marshall, Principles of Economics, huitième édition, Londres (Royaume-Uni), Macmillan and Co., 1920. 94 Pour voir un exemple, consulter Elizabeth Currid, The Warhol Economy: How Fashion, Art, and Music Drive New York City, Princeton (États-Unis), Princeton University Press, 2008. 95 Société de développement de l’industrie des médias de l’Ontario, Bénéficiaires du Fonds ontarien de promotion de la musique de 2013-2014. Sur Internet : http://www.omdc.on.ca/Assets/Industry+Initiatives/English/OMF/OMF+2013-14+Successful+Recipients.pdf. 96 Harold Bathelt, Anders Malmberg et Peter Maskell, « Clusters and knowledge: local buzz, global pipelines and the process of knowledge creation », Progress in Human Geography, vol. 28, Université de la Colombie-Britannique, 2004. 97 Entretien personnel avec Louis Meyers. 98 Profil des industries de la musique à d’Ottawa | TISSER LA TOILE DU SECTEUR MUSICAL D’OTTAWA 97