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AIR & ESPACE
JOURNAL DU DIMANCHE du 30 mars 2008
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Quand l’armée enquête…
OVNIS.Un excellent magazine de Canal + sur un sujet passionnant,
pour peu que l’on soit capable de raisonner intelligemment…
Mars attaque-t-il ? D’un bout à l’autre de la planète, toutes les armées
continuent à s’intéresser aux objets volants non identifiés (OVNIS).
C’est ce que tentent de démontrer les journalistes Patrice Des Mazery
et Michel Despratx dans « Ovnis: quand l’armée enquête », un magazine de la série de Canal+ « Jeudi Investigation », en cours de diffusion à La Réunion, encore visible jeudi 3 avril à 22h05, mais aussi
les vendredi 4 et samedi à des horaires moins fréquentables…
« J’ai trouvé passionnant qu’il y ait encore une part de mystère
aujourd’hui, 15 ans après le début des études. Je voudrais qu’on continue d’avancer sur ces phénomènes lumineux, qui existent », déclare
Patrice Des Mazery, qui a mené son enquête pendant près d’un an en
Europe et sur le continent américain. Deux comportements s’opposent chez les militaires et les scientifiques: celui des pays d’Europe
et d’Amérique latine qui ont choisi de regarder le problème en face,
celui des Etats-Unis pour qui les OVNIS sont, depuis 1969, des phénomènes naturels anodins dont, officiellement au moins, on ne s’occupe pas. « Qui dit OVNIS dit extra-terrestres, qui dit extra-terrestres
dit ridicule », remarque Emilie Raffoul, responsable des magazines
« Jeudi Investigation », reprenant la déclaration d’un contrôleur
aérien. Par peur du ridicule, beaucoup de témoins préfèrent garder
le silence sur ce qu’ils ont vu. Et par peur du ridicule encore, bien des
journalistes sollicités par Canal ont refusé de s’emparer du sujet.
L’armée française, pour sa part, ne se voile pas la face, même si elle
préfère donner aux Ovnis le nom de « pan » (phénomènes aérospatiaux non identifiés). Elle coopère avec le Geipan (Groupe d’études
et d’informations sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés),
petite structure de trois personnes dotée d’un budget de 150.000
euros, intégrée au Cnes (Centre national d’études spatiales).
Le commandant Frédéric Solano, au nom de l’armée de l’air française, avance deux types d’explication. Les radars français, souligne-t-il, ne sont
pas en mesure de détecter des objets ne comportant pas de matière ferreuse, ce qui peut expliquer
l’absence d’écho pour des phénomènes observés à
l’oeil nu. D’autre part, la recherche militaire a produit des drônes (avions sans pilote) aux formes inusitées, surprenantes lorsqu’il s’agit de prototypes.
Les pilotes disposent désormais d’un questionnaire
individuel. « Au cours de votre carrière de pilote,
avez-vous observé en vol un phénomène que vous
n’avez pas été en mesure d’identifier », leur
demande-t-on notamment. Mais aucun formulaire
n’a encore été retourné.
Rares en effet sont ceux qui ont le courage de
témoigner, par peur de compromettre leur carrière.
Le colonel de l’armée de l’air Jacques Krine a
attendu la retraite pour assurer qu’il a un jour rencontré « un objet, pas une lumière » et qu’il ne
connaît pas d’engin « qu’on aurait pu inventer avec
des accélérations aussi fulgurantes ».
C’est finalement en Norvège, où des « pan » se
manifestent régulièrement, que Canal+ a recueilli
son élément le plus concret, une sorte de train de
boules lumineuses qui traverse le ciel nocturne,
filmé quelques secondes par la caméra de Patrice
Des Mazery et Michel Despratx.
F-22A Raptor, discrètement furtif
Une escadrille de F 117 de la base d’Edwards.(Photo DR)
Le F-117A Nighthawk
part à la retraite
L’armée de l’Air américaine a le retrait du F-117A Nighthawk, le premier avion furtif
qu’elle avait mis au point dans le plus grand secret et utilisé pour la première fois
en 1989 lors de l’invasion du Panama. Le retrait de cet avion à facettes de forme
triangulaire permettra à l’armée de l’Air d’allouer plus de ressources à son nouvel avion
furtif, le F-22 Raptor. « Le programme F-117 a créé une révolution dans la conduite
de la guerre en incorporant de la technologie difficile à détecter dans un avion de
guerre opérationnel », a rappelé la responsable de ce programme, Diana Filliman.
Conçu pour pénétrer dans des espaces aériens ultra-surveillés à l’époque de la Guerre
froide, cet avion furtif a servi à préparer l’invasion du Panama en décembre 1989.
Deux ans plus tard, en 1991, il était utilisé pour frapper des cibles au coeur de
Bagdad au moment où s’ouvrait la première guerre du Golfe. Selon l’armée de l’Air
américaine, les F-117 ont effectué 1.300 sorties, ont frappé directement 1.600 objectifs, et sont sortis de ce conflit sans aucune perte.
Ces avions ont à nouveau servi en 1999 dans le cadre des frappes de l’Otan contre
l’ancienne Yougoslavie, mais les forces serbes avaient alors réussi à en abattre un
avec un missile tiré depuis le sol, mettant en évidence la vulnérabilité de ces avions
furtifs à ce type de tirs. Les F-117 ont cependant encore été utilisés en Afghanistan
en 2001 et au cours de l’invasion de l’Irak en 2003.
En tout, 59 de ces avions ont été construits, et sept ont été abattus. 37 ont déjà
été retirés du service et les autres vont être mis à la retraite sur une base d’essais
du Nevada.
Le Raptor, de versions en variantes, pourrait devenir le chasseur à tout faire de l’USAF. Pour ce faire, Lockheed Martin l’a
doté de concepts issus de hautes technologies. Conçu initialement pour remplacer le F-15C Eagle, le Raptor, de par ses
qualités de furtivité passive, découlant de ses formes extérieures et de l’emploi généralisé de revêtements en matériaux
absorbant les ondes radars peut encore être optimisé en ce
sens par l’adjonction revêtements en cristaux liquides ! Et
comme il est le premier chasseur à intégrer en soute la totalité de son armement, il peut voler jusqu’à Mach 1,4 sans
postcombustion. D’où sa mise en service en lieu et place du
F-117A Night Hawk. 23 ans séparent la ùmise en service actif
du Night Hawk de celle du Raptor, le premier ayant marqué
les esprits par son look d’OVNI ou d’engin échappé de la Guerre
des étoiles, quand le second paraît beaucoup plus conventionnel, avec une allure de chasseur plus ordinaire. Les modèles
informatiques de conception aéronautique permettent de prédire la signature radar de l’appareil et de produire des formes
furtives complexes sans compromettre les qualités de vol de
l’engin ; de fait, le F-22 use de la technique des facettes, par
laquelle aucune surface ni aucune arête perpendiculaire à
l’axe de l’avion n’est apparente. Les côtés du fuselage, les
entrées d’air, les deux dérives sont inclinés sous le même
angle. Les bords d’attaque des ailes et empennages horizon-
taux, ainsi que les bords de fuite correspondants, sont aussi
parallèles. Le F-22 se distingue du Night Hawk par le dessin
dite de sa courbure dite « continue ». Vue de face, la jonction aile-fuselage ne forme plus un angle net, source de
réflexions radars plus intenses, mais au contraire, l’intrados
se fond dans le flanc de l’avion suivant une ligne à rayon de
courbure variant en continu. Une technique précédemment
au B-2 A Spirit dont la surface radar équivaut à celle d’un tricycle d’enfant. Les surfaces mobiles du Raptor sont réalisées
en nida, un matériau qui a la propriété d’absorber naturellement une grande partie des ondes radars en les piégeant dans
leurs cavités. Fibres de carbone et particules de ferrite entrent
dans la composition des revêtements et piègent les ondes
incidentes en les renvoyant vers l’intérieur de l’appareil et
vers la source d’émission ; c’est le principe des pointes en
mousse de carbone des chambres anéchoïques. Des revêtements quart d’onde sont également appliqués qui annulent
l’effet de réflexion. Les ingénieurs de Lockheed Martin ont
traité avec attention la forme des prises d’air des moteurs.
Jusqu’aux aux tuyères, dont les palettes de déviation de jet
- elles aussi en dents de scie - sont été recouvertes de céramiques absorbantes. Dans l’avenir le Raptor pourrait même
être traité avec des revêtements interactifs photo-sensibles
caméléons à base de cristaux liquides…
Un F-22A Raptor, remplaçant du F117 à l’atterrisage sur la base de Kadena (Okinawa).+

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