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4/2011
Se protéger à Yaoundé : des productions de sécurité différenciées
Stéphanie Fer | Marie Morelle | Olivier Iyébi Mandjek
Résumé
Cet article propose d’analyser les formes de production de la sécurité dans deux quartiers pauvres de Yaoundé. La capitale
du Cameroun rassemble en son sein diverses institutions de rang national, régional, départemental ou local en charge de
la sécurité. Malgré cette concentration, la peur de subir un vol ou une agression physique est forte parmi les habitants. Le
contexte économique difficile n’est pas indifférent à une telle situation. Pour autant, il faut se garder de toute idéalisation
des politiques de sécurité publique dans les décennies précédant cette crise. Ainsi, dès l’époque coloniale, police et
gendarmerie effectuent des missions de surveillance et de contrôle au service du pouvoir, au détriment de la protection
des biens et des personnes. Certains quartiers et habitants de Yaoundé semblent abandonnés par les institutions dans le
cadre d’un Etat néo-patrimonial. Cela pose la question de la répartition de l’offre de sécurité dans l’une des plus grandes
villes du Cameroun. Nous formulons l’hypothèse que les populations génèrent leurs propres réponses face à l’insécurité
réelle et ressentie. Cet article étudie ainsi les inégalités d’accès à la sécurité, le sentiment d’injustice des populations
dépourvues de protection et leur capacité « à se rendre justice. »
Mots-clés : justice, sécurité, initiatives populaires, Yaoundé, Cameroun
Cet article propose d’analyser les formes de production de la sécurité dans deux quartiers pauvres1
de Yaoundé (carte 1). Nous considérons la sécurité sous l’angle des pratiques voire des politiques
plus ou moins institutionnalisées, destinées à assurer la protection des individus et de leurs biens.
Mener des enquêtes dans des quartiers pauvres doit permettre de révéler le décalage existant entre
l’offre théorique de sécurité publique et les réalités de terrain. Un tel écart ouvre la réflexion sur les
inégalités spatiales d’accès à la sécurité et sur le sentiment d’injustice des populations dépourvues
de protection. Quand ce sentiment est lié à une localisation spatiale on pourra parler d’injustice
spatiale.
Dans le champ des études sur la sécurité en Afrique subsaharienne, les recherches en sciences
sociales se sont surtout concentrées sur les pays de vieille tradition urbaine; a priori marqués par
une criminalité forte, durable et en augmentation. Le Kenya, et surtout l’Afrique du Sud et le Nigéria
sont ainsi surreprésentés dans les analyses de l’insécurité, de la sécurité et des forces de l’ordre
(Perouse de Montclos, 1997 ; Dirsuweit, 2002 ; Fourchard, Albert, 2003 ; Anderson, Killingray, 1992).
Les chercheurs analysent aussi l’exportation et l’appropriation de modèles de sécurité en majorité
d’inspiration anglophone et fondés sur la notion de participation des habitants (Benit Gbaffou,
2006). Il nous a paru nécessaire d’envisager la question de la sécurité dans un pays autre, en
l’occurrence le Cameroun, pays à majorité francophone2 où se jouent divers accords de
coopérations, multilatérales et bilatérales, en particulier avec la France. Plus précisément, nous
allons discuter de la situation à Yaoundé, capitale du pays où des préoccupations politiques se
surimposent à des préoccupations de sécurité publique.
Le Cameroun se présente comme un Etat fortement centralisé. A cet égard, Yaoundé, capitale
politique mais également chef-lieu de région, et de département rassemble en son sein diverses
institutions de rang national, régional, départemental ou local en charge de la sécurité. Malgré cette
concentration, l’insécurité est forte : braquages, vols dans les rues ou dans les taxis se multiplient ; la
peur de subir une agression est forte. (Chouala, 2001 ; Durang, 2003). Le contexte économique
1
Nous entendons quartier pauvre, des quartiers densément peuplés, sous-équipés et dégradés, à défaut de disposer de
statistiques précises sur les niveaux de revenus et statuts d’occupation.
2
Après une première colonisation par les Allemands, au sortir de la Première Guerre mondiale, le Cameroun devient
territoire sous mandat de la SDN puis sous régime de tutelle de l’ONU, réparti entre la Grande-Bretagne et la France.
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difficile, avec son lot de répercussions sociales, n’est pas indifférent à une telle situation. En 1988,
l’Etat camerounais passe un premier accord avec le FMI. C’est le début de sa mise sous ajustement3.
L’Etat est astreint à réduire de manière drastique ses dépenses dans divers secteurs (Courade,
Sindjoun, 1996 ; Courade, 2000). Ainsi, certains quartiers et habitants de Yaoundé semblent
abandonnés par les institutions, y compris celles en charge de la sécurité publique, dans le cadre
d’un Etat néo-patrimonial (Médard, 1991, 1995). Cela pose la question de la répartition de l’offre de
sécurité dans l’une des plus grandes villes du Cameroun. Nous formulons l’hypothèse que les
populations génèrent leurs propres réponses face à l’insécurité réelle et ressentie, réponses que
nous proposons d’analyser.
Au-delà, notre recherche pose la question de l’accès à la sécurité et le droit pour tout citadin de
vivre protégé. La sécurité ici représente une entrée pour appréhender la société urbaine, ses
interactions, ses ruptures et ses modes de fonctionnement, justes ou non. Il est autant question de
repérer comment sont produites des inégalités dans la territorialisation de la sécurité publique que
de comprendre selon quels mécanismes et quels discours des populations définissent leur droit à la
sécurité et s’arrogent le pouvoir de définir ce qui est juste et injuste dans la production de leur
sécurité.
Notre analyse prend appui sur des recherches amorcées sur les pratiques et les représentations des
policiers et des gendarmes4 d’une part, sur un programme effectué à Yaoundé en 2009
spécifiquement sur les pratiques populaires de sécurité5 d’autre part. Face à l’insuffisance des
informations et des statistiques ainsi que (bien souvent) à leur manque de fiabilité, nous avons
privilégié les entretiens auprès des personnels des forces de l’ordre en 20076. De même, en 2009,
une approche directe, ethnographique, des quartiers retenus pour l’étude a été préférée. Une phase
d’observation et de prise de contact avec les habitants a précédé une seconde phase d’entretiens.
Celle-ci a permis de rencontrer les chefs de quartier et de bloc, les membres des comités de
vigilance puis quelques habitants. Deux quartiers ont été retenus : La Briqueterie et Nkomkana.
3
Les PAS vont se succéder : 1988-1989, 1991-1992, 1994-1995 puis le Cameroun est admis au programme des pays les
plus pauvres très endettés - PPTE - en octobre 2000.
4
Ces recherches se sont conduites en deux temps : en juillet et août 2007, des entretiens ont été conduits auprès de la
police et de la gendarmerie camerounaise à Yaoundé (29 entretiens, dont 5 auprès de représentants de la Coopération
française au Cameroun, 5 auprès de gendarmes et 8 auprès de policiers, très majoritairement officiers). En juillet 2008, un
séjour au Centre des Archives d’Outre-Mer d’Aix en Provence a permis de compléter les archives consultées à Yaoundé
(Archives nationales) pour mieux cerner l’émergence des institutions de sécurité lors la période coloniale (Cameroun
francophone).
5
Ce programme a été financé par le Service de Coopération et d’Action culturelle de la France au Cameroun.
6
Ces entretiens n’ont pas toujours pu être enregistrés. On peut noter que les gendarmes et les policiers ayant refusé
l’utilisation d’un enregistreur ont été les plus prolixes au contraire de ceux acceptant l’utilisation d’un micro, s’enfermant
alors dans un rôle et un statut et livrant peu d’eux-mêmes, de leurs parcours, de leurs doutes et des réalités quotidiennes
de leur travail.
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Carte 1. Localisation des quartiers de l’enquête
Une première partie permettra d’esquisser à grands traits l’offre de sécurité publique à l’échelle de
Yaoundé. Une deuxième partie ciblera l’étude de deux quartiers pauvres afin de comprendre
comment les habitants peuvent répondre à leurs besoins sécuritaires, individuellement et
collectivement.
1- Les forces de sécurité : une appropriation discontinue et intermittente de la ville
La monopolisation des forces de sécurité
Il faut se garder de toute idéalisation des politiques de sécurité publique dans les décennies
précédant la crise socio-économique des années quatre-vingt. L’ordre et la sécurité publics au
Cameroun sont soumis à une forte idéologisation depuis l’époque coloniale. Ils sont avant tout des
constructions politiques au service d’un pouvoir. Dès l’époque coloniale, les forces de l’ordre se
plaignent d’un manque criant d’effectifs et de moyens, à Yaoundé même 7.
7
Quelques courriers aujourd’hui archivés témoignent des difficultés des forces en présence pour remplir leurs missions de
sécurisation : ANY, 1 AC/1100 et ANY, APA 11 223/M Le Ministre des colonies à M. le Commissaire de la République
3
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La situation postcoloniale n’introduit aucun changement. La couverture géographique de Yaoundé
par la police et la gendarmerie s’avère toujours déficiente et tournée vers un objectif prioritaire : le
maintien d’un système rentier. On assiste à une forme de monopolisation des forces de sécurité par
les institutions de l’Etat et les hommes au pouvoir. Mais, en retour, hommes et femmes en tenue
participent de ce système centralisé où avancements et affectations fonctionnent selon le lieu, le
réseau et diverses appartenances sociales. Il est donc autant question de logiques politiques que
professionnelles. Nous ne sommes pas face à des relations unilatérales, de la Présidence vers les
institutions de sécurité ; ces dernières elles-mêmes participent à un système de pouvoir en
intériorisant des normes de comportements. D’autant que brigades de gendarmerie et
commissariats de police sont apparemment loin d’être les forces les plus sollicitées. Depuis
l’Indépendance, apparaissent de multiples groupements spéciaux. A côté des forces de gendarmerie
et de police, territoriales et mobiles, héritées du modèle français, on constate la naissance du
Groupement Spécial d’Opérations (GSO) avec l’appui technique et financier de la France. Le GSO est
bien plus présent auprès du Président. Il ne détrône pas, cependant, la Garde présidentielle8. A eux
deux, ces corps incarnent une élite totalement au service du pouvoir. Enfin, lors des émeutes de
2008, c’est l’armée incarnée par le BIR9 (Bataillon d’Intervention Rapide) qui prendra le relais de la
Garde présidentielle et investira Yaoundé pour mettre fin aux manifestations.
Finalement, dans quelle mesure le pouvoir contrôle-t-il l’ensemble de l’espace urbain et ses
habitants ? Il en manifeste l’intention en mettant en œuvre un découpage à plusieurs échelles
(arrondissements, communes, chefferies de quartier et blocs administratifs), dont chacune est une
déconcentration du pouvoir central. Dans la mise en place effective des établissements de sécurité,
on s’aperçoit que cette volonté de sécuriser est un leurre, car il n’y a que quelques espaces qui sont
véritablement sûrs. L’espace urbain est un espace politique façonné, au moins en partie, par le bon
vouloir du pouvoir d’une part, et des hommes et femmes en tenue d’autre part. Ne restent alors a
priori au service des habitants que des opérations ponctuelles de maintien de l’ordre. La sécurité fait
l’objet de négociations permanentes au détriment des plus faibles mais au profit du maintien d’un
Etat clientéliste. La crise a contribué à renforcer ce système sécuritaire en « creux » et en « pleins »
et rendu visible l’inefficacité des structures de protection mises en place.
Des territoires de sécurité minoritaires dans la ville
En dépit d’une offre de sécurité a priori maximale au regard notamment des autres villes, les
institutions publiques s’avèrent incapables d’appliquer une politique de sécurité, protégeant
hommes et femmes des délits et crimes.
Jusqu’en 1999, la ville de Yaoundé a été desservie par un seul commissariat central et une seule
compagnie de gendarmerie. Ce commissariat avait des relais dans les arrondissements, de même
que la compagnie entretenait des brigades dans certains quartiers. Pour ce qui concerne la police,
l’offre de sécurité au moyen des commissariats ne couvrait qu’une partie de la ville.
française dans les Territoires du Cameroun. Objet de la lettre en date du 14 mai 1938 : au sujet du rapport annuel du
Commandant des Forces de police pour l’année 1937 Paris, le 14 mai 1938 (rue Oudinot, Paris 7e).
8
Après le putsch du 06 avril la garde républicaine a été dissoute par le président Biya. Il a créé une formation interarmées: de gendarmerie, armée de terre, de l’air et marine dénommée garde présidentielle (GP). La garde présidentielle
(GP) quant à elle est créée par le décret n° 85/ 738 du 21 mai 1985. Elle relève de l’autorité du chef de l’Etat et comprend
deux missions essentielles à savoir la parade et le combat (Belomo Essono, 2007 : 430).
9
Le Bataillon d’intervention rapide est une unité d’élite créée récemment pur lutter contre les « coupeurs de route » dans
le grand nord et l’est du pays. Il intervient en soutien aux débordements que la police ni la gendarmerie ne peuvent
affronter.
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Carte 2. Implantation des commissariats avant la réforme
Les structures étaient plus concentrées dans les quartiers nantis et dans les grands centres
commerciaux. Ce dispositif laissait beaucoup de quartiers non couverts, ce d’autant que la ville
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s’accroissait à un rythme exponentiel. Du fait de l’étalement de la ville, une réforme au début des
années 2000 a entraîné la création de quatre commissariats centraux en charge de la coordination
des commissariats d’arrondissement (16 commissariats de sécurité publique), suivie de la mise en
place de postes de police (nombre inconnu10). Ces derniers émanent directement du programme
d’appui de renforcement des capacités de la police, programme de coopération franco-camerounais
mis en application en 2007. Pour autant, la compétence territoriale de chaque commissariat de
sécurité publique reste extrêmement étendue, rendant quelque peu illusoire la « proximité » entre
forces de l’ordre et population. Le redéploiement de la gendarmerie en trois compagnies, ellesmêmes responsables de plusieurs brigades (6) amène au même constat.
En outre, manque d’effectif ou recrutement massifs d’hommes et de femmes sans formation,
manque de véhicules et de carburant, plus généralement manque d’équipements ou mauvaise
utilisation de ceux qui existent, sont autant de plaintes émanant des policiers et des gendarmes. On
peut noter à quel point ces doléances sont un archétype du discours policier. Pointer du doigt
l’absence de moyens est une manière de justifier tout manquement du corps. Cependant, l’absence
d’une cartographie et d’un quadrillage systématique de l’espace ne peuvent que mener à la
conclusion d’une ville dont le contrôle et partant la sécurité sont largement déficients et
discontinus. Sans carburant ni carte précise, comment prétendre à la sécurisation de la ville ? A
défaut d’une présence permanente et effective des forces de l’ordre, dans un contexte de rigueur
budgétaire, le dispositif de sécurité se met en scène selon certaines logiques, éphémères ou plus
durables.
Dans le discours des officiers de police et de gendarmerie, les ambassades, les parcours sportifs
fréquentés par les expatriés, les sites touristiques tels que le Mont Fébé et le Palais des Congrès sont
des « points sensibles ». La sécurité des diplomates et plus largement celle des expatriés sont une
préoccupation des autorités. La création de la Compagnie de sécurisation des diplomates (CSD) en
2007 dans le quartier résidentiel de Bastos en est l’illustration.
Photographie 1. Bastos, Yaoundé : la sécurité mise en scène
10
Nous ne disposons malheureusement pas de données assez précises pour cartographier le redéploiement des unités de
police dans la ville de Yaoundé.
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Auteur : S. Fer (2009)
En conséquence, nous pouvons parler d’une véritable mise en scène de la sécurité. Bastos est la
vitrine des institutions de sécurité et, au-delà, du Cameroun et de son gouvernement.
Photographie 2. Bastos, Yaoundé : l’apologie de la clôture.
Auteur : S. Fer (2009)
Les habitants de ce quartier eux-mêmes sont dans la négation de la proximité avec la police et
délèguent leur sécurité à des agences privées (Belomo Essono, 2007). Les agents d’une même
société de gardiennage (4GS, DAK) peuvent se retrouver en nombre dans une même rue, créant
alors un territoire visible de sécurité.
Que reste-t-il aux habitants sans moyens pour recruter un gardien ? Nous avons vu que le
redéploiement des commissariats et postes de police d’une part, des groupements et brigades de
gendarmerie d’autre part n’était pas suffisant. La mise en place des ESIR (Equipes Spéciales
d’Intervention Rapides) ne semble guère convaincre : quels repères permettent aux forces de l’ordre
d’intervenir de manière sûre et rapide au cœur d’un sous-quartier, quand bien même les véhicules
seraient en état de marche et disponibles ? Nous avons déjà souligné cette difficulté : « Mais ici on
est proche de la route, pourquoi la police ne rentre même pas ici alors que l’accès n’est pas trop
enclavé ? (…) Ici, la police ne peut que stopper les voitures en route, ils ont tendance vraiment à ne
pas entrer dans les quartiers. Que ce soit en route ou dans les quartiers, ils ne font vraiment pas leur
boulot Quand on parle des cas de braquages, quand vous appelez, on vous demande « ils sont
armés ? », vous dites oui, ils raccrochent. » (un habitant de Nkomkana, 2009)
Alors, quand l’insécurité devient trop forte, le pouvoir en appelle aux forces spéciales telles le GSO11,
surnommé par la population au début des années 2000 « les anti-gangs ». Ces opérations de
sécurisation, deviennent ponctuelles et finissent par devenir des opérations dites « coups de
poing » au même titre que les rafles ou les commandements opérationnels (FIDH, 1998 ; Amnesty
11
Le Groupe Spécial d’intervention, composé de policiers spécialisés dans la lutte contre le grand banditisme. Voir aussi le
Groupe Polyvalent d’Intervention de la Gendarmerie Nationale (GPIGN).
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International, 2009). Ceux-ci se sont soldés par des bavures par exemple à Douala où neuf jeunes
hommes issus du quartier populaire de Bépanda disparaitront (Malaquais, 2002 ; Owona Nguini, J. B.
Oyono, 2000). D’autres opérations ponctuelles se succèderont sur l’ensemble du territoire national :
Vautour, Harmattan… Le principe se résume en quelques mots : bouclage du quartier, arrestations
des habitants, contrôle des pièces d’identité au commissariat, négociation de sa sortie au mieux. Ces
opérations sont nommées « rafles » au Cameroun et maintes fois, nous avons pu observer ces
méthodes d’action, à la veille de sommets internationaux par exemple ou en période de forte
recrudescence de vols et agressions. En conséquence, les agents de l’Etat en charge de la
sécurisation deviennent à leur tour source potentielle ou avérée d’insécurité, taxés de manière
récurrente, par les habitants, de clientélisme et de corruption.
En définitive, les forces de l’ordre, police et gendarmerie, ont deux compétences : la sécurisation des
biens politiques et une sécurisation plus « ordinaire », à savoir la protection des biens et des
personnes contre les délits et les crimes. Cela débouche historiquement sur un inégal accès à la
sécurité dans les quartiers de la capitale, renforcé depuis les années 1980 par les « rafles » des
forces de l’ordre, source d’insécurité, et par l’émergence de sociétés de gardiennage au seul profit
des populations les plus aisées.
Dans les années 2000, les bailleurs de fonds ont certes suscité différentes réorganisations politicoadministratives et financières des institutions de sécurité. La France a contribué récemment au
renouvellement de la formation initiale et continue de la police (1999 et 2007). L’accent est mis sur
la police pensée comme service public, notamment la police de proximité. En cela, si le Cameroun
n’échappe pas à la tendance actuelle de faire de la sécurité un point essentiel des politiques de
développement (UN-Habitat, 2007), on peut remarquer qu’il tend à se démarquer des logiques de
privatisation et de participation (Coleman, Sim, 2000 ; Ruteere, Pommerolle, 2003 ; Bénit, 2004),
prônant, a priori, un service public de sécurité pour les populations et non « avec » les populations.
Néanmoins, ces accords de coopération entraînent, au mieux, une reconfiguration de l’action
gouvernementale, stimulant principalement de nouvelles manières de se mettre en scène et
permettant de renforcer la sécurité du président de la République. Nous sommes bien loin des
unités de police de proximité annoncées (et par exemple mises en place, avec maintes critiques, au
Brésil, Deluchey, 2003) : au mieux un ou deux policiers se relaient dans des containers, sur certaines
routes goudronnées de quelques quartiers. Ainsi, les habitants doivent constamment, tenter de
s’organiser pour se protéger. En cela, la sécurité révèle bel et bien une forme d’injustice spatiale
(Harvey, 1992) dans la mesure où la « distribution » spatiale et sociale de la sécurité est inéquitable.
2- Créer sa propre sécurité : de nouvelles discontinuités géographiques
Face à l’indigence, aux déficiences et à l’asymétrie des institutions de sécurité et des personnes qui
les incarnent, les populations prennent des initiatives de sécurité. Ces dernières peuvent s’appuyer
sur une forme relative de proximité avec les forces de l’ordre (clientélisme) au fondement
d’arrangements divers, parfois profitables aux populations. Mais surtout elles s’avèrent relativement
efficientes là où certains pouvoirs structurent le quartier ; à l’inverse, dans d’autres quartiers où il
n’existe pas la même légitimité de certains pouvoirs locaux, les initiatives seront éphémères. Nous
sommes face à de nombreuses discontinuités temporelles et spatiales en matière de sécurité. En
outre, nous formulons l’hypothèse que les actions des habitants nous informent sur ce qu’ils
estiment juste ou injuste, en l’occurrence dans l’accès à la sécurité.
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Une organisation « traditionnelle » au service de la sécurité : la figure archétypale de la
Briqueterie
Le choix du quartier de La Briqueterie ou la Brique pour y mener des enquêtes n’était pas anodin.
Aux yeux de nombreux habitants et d’observateurs extérieurs, elle incarne l’archétype du quartier
ethnique (Agier, 1999 ; Bopda, 2003). Il est pourtant nécessaire de nuancer une telle représentation.
D’un point de vue administratif, La Brique se nomme Ekoudou. C’est un groupement créé à partir de
la destruction du quartier haoussa dans les années 30 (emplacement actuel du Marché central). Il est
divisé en huit quartiers: Ekoudou 1 à 6, Briqueterie Centre et Briqueterie Ouest. Chacun d’eux se
divise lui-même en blocs. Le quartier présente la particularité d’abriter une population musulmane
organisée selon un modèle largement répandu au nord du Cameroun : une hiérarchisation forte des
pouvoirs, un chef de groupement (le lawan, nommé lamido à la Briqueterie) assisté d’une cour. Dans
cette dernière, en principe, il existe un dignitaire chargé de la sécurité du groupement (sarkin
garkoua) qui a des relais dans les différents quartiers et blocs. Les chefs connaissent parfaitement
les limites des territoires qu’ils ont en charge.
Les Haoussa et Bornouan dominent, assistés par des Bamouns (eux-mêmes créant un appendice au
sein du groupement, tantôt intégré, tantôt rejeté) (Franqueville, 1984). La Brique est l’aboutissement
de la migration musulmane à Yaoundé (y compris des Nigériens, des Nigérians, des Sénégalais, des
Maliens, etc.). Le réseau social se fonde ainsi sur une identité religieuse commune, l’islam, ainsi
qu’une identité « ethnique », celle des Haoussa (majoritaires). Ceux-ci ont fait perdurer leur mode
de vie : l’artisanat (boucherie, couture), le commerce en général (tissu, électroménager, boucherie,
rôtisserie). Eu égard ses spécificités, La Briqueterie attire alors un grand nombre d’habitants de
Yaoundé. Paradoxalement, du fait même de ses particularités sociales et culturelles et de ses
identités, elle reste à part dans les représentations de la population de la capitale. Elle nourrit même
l’imaginaire de celles-ci : elle finit par apparaître comme le lieu de tous les dangers (recels, vols,
agressions, prostitution, trafics en tous genres, Bopda, 2003).
Stigmatisés et craints, les habitants de La Briqueterie jouent eux-mêmes de cette étiquette pour
maintenir, réifier et inventer un fonctionnement social et politique propre au quartier. Mettre
collectivement une appartenance ethnique en avant garantit le maintien d’un pouvoir sur un lieu et
la mise à distance de pouvoirs concurrents. La catégorie ethnique est ainsi mobilisée sur la question
de la sécurité.
L’aménagement même du quartier permet de maintenir une proximité spatiale et sociale, garante
d’un contrôle autant que d’une solidarité. En dehors de seulement trois routes goudronnées, la
Briqueterie se caractérise par une absence de voies de communications. La densité du quartier est
forte.
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Photographie 3. La Briqueterie, Yaoundé : la densité des habitations
au service du contrôle social
Auteur : S. Fer (2009)
A l’origine, les concessions étaient délimitées par des clôtures, mais sous l’effet de l’accroissement
démographique, celles-ci ont disparu. Les « concessions »12 se succèdent les unes après les autres,
le passage par l’une étant parfois obligatoire pour gagner une seconde. L’habitat de cour permet de
nombreuses interactions sociales (conflictuelles ou non, Durang, 2001). Chaque habitant est ainsi
intégré à une cour, un sous-quartier, une famille et finalement une communauté : celle de son
village d’origine (ou celle de ses parents et grands-parents) et celle construite au fil des ans à la
Brique même. Qu’on le veuille ou non, chacun est connu, ce qui est une première manière de
préserver une relative sécurité au sein du quartier. L’agression ne peut être qu’extérieure (même si
elle peut être commandée de l’intérieur). Chaque famille est tenue de contrôler ses enfants.
Néanmoins, certains jeunes se signalent par leurs activités délictueuses : fumer du cannabis en
bande par exemple. La Brique n’est donc pas un territoire complètement sécurisé.
En 2009, deux comités de vigilance sont actifs à la Brique : le comité « Haoussa » et celui
« Bamoun ». Ils dépendent de divers chefs du quartier, à l'origine de leur création.
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Terme d’origine coloniale utilisé localement pour désigner les parcelles dans les quartiers populaires.
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Carte 3. Initiatives populaires de sécurité à la Briqueterie (2009)
Le comité Haoussa a officiellement été initié par le chef de groupement. Officieusement, il est le
fruit de l’action d’un chef de quartier (Ekoudou 5). Ayant accédé au statut de chef de longue date,
bien qu’à un échelon inférieur à celui du groupement, ce dernier, aidé des chefs de blocs était
légitime pour mobiliser les jeunes du quartier, en accord avec le chef de groupement. Celui-ci a
donc délégué la production de sécurité à l'un des chefs de quartier afin de sécuriser le secteur le
plus central de la Briqueterie et surtout le plus commerçant. En effet, Ekoudou 5 abrite un grand
nombre de boutiques. La répartition des membres du comité d'une rue à l'autre dépend alors de
leur densité dans la rue, le comité agissant en collaboration avec les gardiens. Tous se partagent
l'argent versé par les boutiquiers qui finalement garantissent la permanence de ces actions de
sécurisation, au-delà de la seule volonté des chefs13. Quant au comité "Bamoun", son aire d’action
recouvre approximativement le quartier dit Briqueterie 8, placé sous la compétence du chef
bamoun. De ce côté de la Brique, la communauté Bamoun est fortement représentée quand bien
même son implantation apparaît moins forte que celle des Haoussas. L’organisation de ce comité
semble moins liée à la communauté au profit des dynamiques économiques du secteur ainsi
quadrillé. La station Total, les grands dépôts de marchandises, les ateliers de pièces détachées
brassent suffisamment d’argent pour rémunérer les membres du comité. On remarque ainsi que les
actions de sécurisation de la Briqueterie peuvent apparaître disparates à grande échelle,
dépendantes des commerçants tout en s’inscrivant néanmoins, dans les rapports hiérarchiques
structurant la vie du groupement. Cela tend à préserver une certaine unité et le rôle de médiateurs
des principaux chefs, voire des imams.
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Un boutiquier peut donner entre 500 et 1 000 fcfa par semaine au comité.
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Photographie 4. La Briqueterie, Yaoundé : l’islam, l’un des fondements des dynamiques
communautaires du quartier.
Auteur : S. Fer (2009)
Dans ce contexte, le rapport aux forces de sécurité et plus largement aux institutions n’est pas
dénué d’ambigüité. En effet, les chefs n’ont pas hésité à recourir au sous-préfet de leur
arrondissement en vue de faire légaliser leurs comités. Dès lors, nous ne pouvons pas conclure à
une stricte juxtaposition des initiatives de sécurité, publiques et privées. Peut-être à une substitution
voire à une forme d’incorporation des chefferies à l’administration centrale. Cependant, selon
certains chefs de la Briqueterie, prendre en main sa sécurité est un moyen, finalement, de maintenir
à distance les forces de l’ordre. Lors de vols, quand l’agresseur est connu, il est rattrapé par les
membres des comités, sommé de restituer les objets dérobés : « notre comité, il va chercher le
voleur chez lui. Il rend ce qu'il a volé » (Chef de quartier, 2009). Nous sommes là moins face à une
justice punitive que restaurative qui, selon certains entretiens, permettrait aussi d’exercer et de
laisser s’exercer diverses activités de recel. « Le commissariat du 2e arrondissement avait demandé
un local (…) mais personne n'a accepté. Personne n'a voulu louer ou vendre un bout de terrain pour
les accueillir car on se méfie un tout petit peu de la police. Parce que les commerçants importent
des marchandises du Nigéria. Donc les habitants estimaient que cela pouvait nuire à leurs activités
commerciales. Et puis, s'ils voulaient s'installer par la force, je pense que le local brûlerait aussitôt
dans la nuit » (adjoint d’un chef de la Briqueterie, mars 2009).
Cela n’empêche pas, parfois, la saisine de la police ou de la gendarmerie, a priori quand les
personnes en cause sont extérieures au quartier et aux grandes familles de la Briqueterie. Dans ce
cas et d’après certains membres du comité Haoussa, le « carrefour tissu » non loin de la « pharmacie
du Verset », sert d’interface avec les forces de l’ordre. C’est ici que la police ou la gendarmerie
viennent chercher les malfaiteurs arrêtés pendant la nuit.
En outre, les chefs évoquent l’impératif de devoir maintenir l’ordre en cas d’émeutes, ce qui nous
renvoie à la dimension idéologique de la sécurité. Mais de manière générale, les habitants, eux, se
plaignent d’une trop grande corruption de la police et de la gendarmerie d’une part14, de trop de
14
Il semblerait que monnayer sa sortie de cellule revienne plus chère dans une brigade de gendarmerie que dans un
commissariat. La gendarmerie ne serait donc pas moins corruptible et simplement plus inaccessible. Les gendarmes
demanderaient 30 000 fcfa quand les policiers exigent entre 2000 à 6000 fcfa.
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« laxisme » d’autre part : « le problème est que lorsqu'on arrête un voleur, il ressort le lendemain.
Quand quelqu'un, ses parents et amis du voleurs payent, ils le relâchent. Alors que normalement on
doit le corriger. Le problème c'est que vous n'avez pas la même façon de mesurer la délinquance. Le
commissaire se dit que quand c'est un gars qui a volé un poste de radio, c'est un petit délinquant,
les prisons sont pleines, on le laisse quoi. Ils qualifient les délits avec une autre hiérarchie dans la
gravité. Pour la police c'est des délits mineurs, pour nous non » (chef de quartier, 2009). Là où les
forces de l’ordre pensent rendre justice, paradoxalement les habitants se sentent victimes d’une
injustice.
Ce qui garantit la sécurité de la Brique est donc l’existence d’une proximité autant spatiale que
sociale. En dépit de la diversité des populations, on peut conclure à l’existence d’une sécurité
communautaire, dotée de chefs assurant réparation de tout préjudice. Pour autant, deux questions
se posent. Combien de temps cette reconnaissance d’une autorité peut-elle exister ? Au sein des
sous-quartiers, certains habitants notent la venue de nouveaux locataires s’inquiétant d’une
« ouverture » de la Brique à des « inconnus » ne s’inscrivant pas dans les schémas de médiation
existants. A l’échelle de la ville, un tel dispositif n’est pas transposé, faisant de la Brique, plus que
jamais, une enclave. Enclave assurant la protection de ses seuls habitants.
Nkomkana : une faible organisation territoriale à l’origine de la fragmentation des
dispositifs de sécurité
Ce qui fonde et maintient l’identité de la Briqueterie ne se retrouve pas nécessairement à quelques
mètres de là. Nkomkana, quartier péricentral densément peuplé, présente un brassage de
populations également riche, une ethnie a priori dominante (les Bamilékés). Précisons pourtant que
le terme bamiléké ne renvoie pas à une ethnie mais à un ensemble de chefferies aux langues
distinctes et voisines partageant quelques éléments de leur culture.
Photographie 5. Nkomkana, un quartier abandonné des pouvoirs publics
Auteur : S. Fer (2009)
Nkomkana a connu un accroissement de sa population suite à des aménagements dans le quartier
voisin de Madagascar (Franqueville, 1984). Des habitants qui en ont été chassés, se sont retrouvés à
Nkomkana, formant le noyau de population auquel se sont agrégés des migrants de tout l’Ouest
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camerounais. Ces derniers inscrivent leur venue dans la capitale dans un projet migratoire individuel
et ne cherchent pas à rejoindre une communauté préexistante, quand bien même le recours à cette
dernière est nécessaire les premiers temps passés à Yaoundé. La densité et la diversité des origines
des habitants du quartier ne garantissent pas des réseaux d’interconnaissance et de solidarité. Le
quartier ne dispose pas d’un système de régulation et de contrôle identique à celui de la
Briqueterie.
Cependant, face à l’insécurité récurrente (vols, cambriolages), des tentatives de sécurisation se
développent. Des comités de vigilance sont créés. En quelques années, Nkomkana en a vu se
succéder plusieurs.
Carte 4. Initiatives populaires de sécurité à Nkomkana (2009)
Les habitants interrogés évoquent déjà ceux créés dans la décennie quatre-vingt dix. Ils sont
organisés pour réagir à la montée de vols et d’agressions. Ils s’appuient sur la mobilisation de
jeunes hommes du quartier, souvent désoeuvrés mais présentant des niveaux d’instruction très
divers (diplômés, chômeurs, déscolarisés). Surtout, ils reposent sur un système de cotisation :
chaque habitant, à défaut de participer physiquement, doit s’acquitter du versement d’une certaine
somme (100 francs par jour et par ménage pour l’un des comités, des versements irréguliers dans
d’autres cas). Les sommes réunies devraient garantir une petite rémunération aux membres des
comités. En principe, chaque nuit, des cordes sont tirées dans la largeur de certaines routes, créant
un barrage de facto où chaque passant et chaque véhicule sont contrôlés. Des sifflets permettent de
donner l’alerte. Au départ, un comité peut rassembler jusqu’à une cinquantaine de membres. Au fil
des semaines, il en mobilisera une vingtaine, une dizaine jusqu’à, parfois, disparaître… Nkomkana ne
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présente donc pas le même profil social que la Briqueterie. L’absence de pouvoirs reconnus d’une
part, de logiques sociales fortes d’autre part freine l’émergence de pratiques collectives de sécurité.
Réciproquement, les réponses locales à l’insécurité ne parviennent pas à faire émerger une unité
territoriale et une appropriation collective de Nkomkana. L’absence des forces de l’ordre ne peut
alors que cruellement se faire sentir, réactivant encore et toujours la figure du comité. Cette
situation nous conduit à envisager davantage la multiplicité des figures et pouvoirs intervenant sur
la sécurité de Yaoundé. Qui est au fondement du comité ? Quelles sont les relations avec la police et
la gendarmerie ? Et finalement, que choisissent les habitants ?
Les autorités (le sous-préfet) de Yaoundé ont pu encourager l’existence de comités de vigilance
pour soutenir ou assurer la relève des forces de l’ordre. Le fait n’est pas nouveau à Yaoundé, et au
Cameroun en général. Ainsi, un rapport sur l’activité du Commissariat central de la ville de Yaoundé,
daté de l’année 1957, fait mention de l’existence de patrouilles d’auto-défense. En l’occurrence,
celles des quartiers de la Briqueterie et de Nlongkak sont pointées du doigt, non pas pour avoir
sécurisé les zones mais pour avoir été à l’origine d’agressions. « Ces patrouilles d’auto-défense qui
ne respectent pas toujours les consignes qui leur ont été données et profitent quelquefois de
l’occasion pour satisfaire leurs vengeances personnelles.15 » Si des consignes ont été données, a
priori par les forces de police, ces patrouilles d’auto-défense ne sont donc pas nécessairement le
fruit des initiatives seules des habitants. A l’échelle du pays, lors de la décolonisation, les autorités
centrales encourageront à leur tour les populations de nombreux villages à mettre sur pied leur
propre sécurité pour se protéger des attaques des « maquisards »16.
Aujourd’hui, la sous-préfecture doit donner des moyens permettant en principe, l’achat de matériel.
Les comités utilisent des sifflets, des torches, des cordes, des gourdins et des machettes, ce qui
nécessite un investissement de départ, couvert en partie ou en totalité par la sous-préfecture17. Les
populations demandent ainsi à voir l’existence de leur comité de vigilance légalisée. Le chef de
quartier est alors sollicité par l’un ou les autres dans les négociations. La reconnaissance d’un
comité devrait assurer l’existence d’un partenariat avec les policiers et/ou gendarmes en charge du
secteur concerné. Elle devrait aussi préserver les membres du comité de toute action en justice.
Cependant, les forces de l’ordre incriminent fortement l’existence de tels comités. Ils n’ont pas
confiance en leur action, pointant du doigt les nombreux dérapages qu’elles occasionnent et leur
manque de professionnalisme. Au final, la sous-préfecture demeure timide sur un processus que
paradoxalement elle engage et suscite souvent. Elle souhaite une sécurité à moindre coût mais ne
peut pleinement s’engager, encore moins couvrir des actes qui s’avèrent des délits et des crimes.
Pourtant, dans ce contexte, un comité de vigilance se développe à Nkomkana 1 en 2009, à
l’initiative du chef de quartier et de la personne chargée d’organiser la sécurité. Mais ce projet de
sécurité porté ici par W. montre à quel point le comité y est dépendant d’un investissement
personnel. W. a 28 ans, il est né à Nkomkana. D’abord à l’initiative d’une association d’Assistance
Cynophile et Service, il loue ses compétences aux sociétés de gardiennage présentes à Yaoundé. En
accord avec le chef de son quartier, il s’est porté garant, depuis un an maintenant, de l’organisation
du comité de vigilance couvrant son secteur, le quartier Nkomkana 1. Il est ainsi un référent du
quartier. Plusieurs étapes successives permettent de comprendre la gestation du comité et
montrent comment un projet individuel peut devenir collectif. Une demande d’autorisation a été
adressée aux autorités concernées : la sous préfecture de Yaoundé 2, le commissariat de Mokolo 2e
et la brigade de gendarmerie de Tsinga Madagascar. Avec l’accord du sous-préfet, W. a reçu la
15
ANY, 1 AC 1890
16
Ceux qui luttaient pour l’indépendance.
17
Un comité de vigilance légalisé ne doit pas être équipé en armes à feu.
15
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permission de recenser les habitants du quartier Nkomkana 1, afin de garantir un niveau de
cotisations nécessaire au bon fonctionnement du comité. Pour cela, chaque ménage recensé doit
obligatoirement donner 3000 FCFA par mois soit 100 FCFA par jour. Le comité dresse des barrières
délimitant son champ d’action la nuit tombée. Elles deviennent des lieux de contrôles, des portes
d’entrées censées filtrer les inconnus. Le comité devrait fonctionner avec une vingtaine de membres,
soit postés aux entrées du quartier, soit organisés en patrouilles afin de sillonner les « couloirs » et
pistes, du « goudron » au sous-quartier. W. explique que ce projet pilote sera étendu à l’ensemble
du quartier de Nkomkana s’il s’avère efficace et durable.
Mais, à écouter les récits des habitants de Nkomkana, le comité de vigilance tient souvent plus de la
réaction ponctuelle à une dégradation sécuritaire qu’à un investissement de long terme dans la
sécurisation du quartier. Le comité s’appuie sur l’existence de réseaux de voisinage et sur leur
capacité mobilisatrice, ce qui n’est pas inhérent à chaque quartier, en particulier Nkomkana, au
regard de la Briqueterie. Enfin, les habitants ne veulent ou surtout, ne peuvent pas cotiser
régulièrement. Les jeunes membres du comité se découragent et se lassent d’une mission
largement accomplie bénévolement.
http://www.dailymotion.com/video/xn4doy_la-justice-populaire-a-yaounde_news
Parfois, l’absence de comité laisse place à des « justiciers ». En 2009 à Nkomkana, deux jeunes frères
se présentent ainsi comme les référents du quartier en matière de sécurité. Chaque habitant est
censé détenir leur numéro de téléphone portable pour les joindre en cas d’agression. Ces deux
frères, nés également à Nkomkana et sans activité professionnelle, interviennent sur une portion du
quartier, qu’ils ont dénommée le « secteur de la paix ». Connus dans leur quartier pour leur
robustesse et leur physique d’athlète, âgés de moins de 30 ans, ils sont à la tête d’un groupe d’une
quinzaine de jeunes dont les journées sont rythmées par la « débrouillardise », le partage de
modiques sommes obtenues au jour le jour et leur regroupement quotidien dans leur quartier, plus
spécifiquement dans leur secteur. Ils estiment devoir protéger leur quartier dans lequel familles et
amis résident. La sécurité s’établit ici de manière informelle, au gré des rapports que les individus
entretiennent entre eux. Leur secteur peut être alors considéré comme un micro-territoire de
sécurité. Nous remarquons aussi la manière dont ces deux frères définissent le droit à la protection
et décident de rétablir une forme de justice au point de se dénommer « justicier » dans les discours.
http://www.dailymotion.com/video/xn4di0_deux-justiciers-a-nkomkana_news
Qu’ont-ils à gagner à s’exposer de la sorte ? A force de se poser en justicier, ces jeunes s’exposent
autant à la faute et à des poursuites judiciaires qu’à une sanction plus informelle de la part de
potentiels voleurs. En témoigne la demande de l’un d’eux demandant la protection de la police (et
son intégration). Ce qui pose la question de leur statut et de leur véritable intérêt, difficilement
cernable en quelques semaines d’enquêtes mais que soulèvent certaines personnes lors de nos
entretiens, n’hésitant pas à remettre en cause ce statut de justicier et leur conception d’une justice
appliquée à des fins personnelles.
Il ressort une partition spatiale des quartiers en de multiples secteurs, au gré d’initiatives des uns et
des autres. Ajoutons que la fermeture des rues par le système de « cordes » garantit au mieux la
protection de quelques pistes. Nkomkana dans son entier n’est ainsi nullement couverte par l’action
d’un comité de vigilance. On peut aussi se demander comment deux comités peuvent cohabiter.
Toujours est-il qu’un an après les premières enquêtes, le comité de vigilance monté par W. n’existe
16
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plus et les deux frères ont quitté le quartier. Le comité paraît finalement tenir d’un contexte et de
l’investissement d’une ou plusieurs personnes, affaiblissant l’hypothèse de réseaux de sociabilités. Et
parce qu’il tient d’un leadership, il est d’autant plus fragile. Nous sommes là bien loin de
l’émergence de logiques participatives, formelles ou non, matérialisées par des fermetures de rues
d’une part, la création d’associations de voisinage d’autre part (tels que cela a pu être démontré au
Nigéria, en Afrique du Sud et au Kenya, Bénit-Gbaffou, Fabiyi, Owuor, 2007). Un comité au
Cameroun peut même participer de la fragmentation d’un quartier en zones d’influence.
L’absence de sécurité ou sa « privatisation » rendent criante l’absence d’une véritable politique
publique de sécurité. Cependant, nous l’avons vu, il est trop rapide d’opposer de manière tranchée
forces de l’ordre d’une part, réponses populaires d’autre part. Le chevauchement sécuritaire se joue
à plusieurs échelles et entre différents acteurs. Il semblerait toutefois que les habitants ne se
retrouvent nullement dans les initiatives privées de quelques personnalités de leur quartier, qu’ils
estiment orientées à des fins privées, finalement au même titre que celles des forces de l’ordre
enclines à monnayer leur intervention. A Nkomkana par exemple, il ressort un profond sentiment
d’injustice couplé à une véritable attente d’un service public de sécurité à l’échelle de la ville. Par
contre, l’Etat semble quasiment évincé du fonctionnement de la Briqueterie dont les habitants ont
pris en mains la gestion de la sécurité publique.
Conclusion
Une étude de la sécurité débouche sur une véritable géographie des pouvoirs urbains : nous
découvrons ici une multiplicité d’acteurs (forces de sécurité, sociétés privées, chefs de quartier,
comité de vigilance, « justiciers », habitants) intervenant à différentes échelles de temps et d’espace
dont les pouvoirs s’opposent autant qu’ils se rencontrent et se négocient, ce qui n’est pas sans
interroger la possibilité d’un accès spatialement juste à la sécurité.
Se juxtaposent ou se chevauchent des logiques individuelles des quartiers résidentiels aisés (murs,
caméras, appel aux sociétés de gardiennage déclarées ou gardiens « informels » à Bastos) à celles,
plus collectives de certains quartiers pauvres. La sécurité n’est pas le fait de l’Etat seul mais aussi
d'une diversité d’acteurs intervenant sur ces espaces. Il faut aussi se garder de réduire les initiatives
de sécurité à l'organisation des comités de vigilance. Si ces derniers sont la forme la plus visible de
sécurité dans les quartiers pauvres, ils n’y sont pour autant ni partout, ni en tout temps. La sécurité
soulève donc la question des rapports de force et des normes qui créent la ville et conduisent à
l’apparition ou à la consolidation d’inégalités en son sein. La sécurité n’est pas accessible à tous de
la même manière, l’Etat restant un élément incontournable pour en négocier l’accès. Sa production
interagit avec les inégalités sociales, appréhendées ici dans leur dimension spatiale : les politiques
publiques de sécurité et les pratiques sécuritaires des forces de l’ordre, des communautés et des
individus, expriment, composent et renforcent de fortes segmentations urbaines et mises à
distances sociales. Cette gestion sécuritaire différenciée dépend des dynamiques sociales propres à
chaque quartier, sous-quartier et blocs. En miroir, elle influe sur l'espace social même du quartier et
sur les forces ou les faiblesses de son identité et de son unité territoriale. Ainsi, d’un quartier à
l’autre, voire d’une rue à l’autre, les initiatives populaires de sécurité se distinguent. Plus le quartier
est porteur d’une identité forte et revendiquée, plus la communauté qui y est attachée parvient à
mettre sur pied et à maintenir des instances de régulation et de contrôle et donc des processus de
sécurisation. Ce qu’illustre la Briqueterie. A l’inverse, des quartiers échouent à porter et faire
perdurer des dynamiques sociales. On aboutit à des micro-territoires de sécurité, comme à
Nkomkana, qui disparaissent aussitôt qu’ils sont créés.
L’existence de logiques communautaires, telles à la Briqueterie pourrait-elle relayer les exigences
internationales de police citoyenne, communautaire et de proximité ? Souhaiter installer des postes
de police et multiplier les commissariats et brigades sans prendre en compte les systèmes
17
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politiques et de régulations existant localement, particulièrement dans un Etat clientéliste (Bayart,
1985), représente un manque à gagner dans la construction d’une police proche. Néanmoins, cela
n’est pas sans soulever la question de l’accès à une sécurité juste pour tous, à travers l’espace
urbain. Ainsi, de telles dynamiques sociales n’existent pas à Nkomkana. A Bastos, elles conduisent à
une privatisation de la sécurité selon les revenus des habitants. Quant à la Briqueterie elle-même,
chefs de quartier et grands commerçants semblent d’abord assurer la sécurisation de leurs propres
biens. La sécurité est un facteur de fragmentation (dépendant d'une diversité de critères, revenu,
origine, genre...) et d'injustice spatiale : la réaction à une absence de sécurité dans un quartier de la
ville renforce, en miroir, la relégation d’un autre territoire. Ce qui apparaîtra juste et légitime aux
yeux des habitants de la Briqueterie renforcera en définitive la marginalisation de Nkomkana.
A propos des auteurs : Stéphanie FER, UMR 8586 PRODIG, Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne
Marie MORELLE, UMR 8586 PRODIG, Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne,
Olivier IYEBI MANDJEK, Fondation Paul Ango Ela
Pour citer cet article : Stéphanie FER | Marie MORELLE | Olivier IYEBI MANDJEK, « Se protéger à
Yaoundé » [“Security in Yaoundé”, translation: Laurent Chauvet, IFAS], justice spatiale | spatial
justice | n° 04 décembre | december 2011, www.jssj.org
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Archives
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CAOM FP 19PA/4, dossier 52 : Lettre de Yaoundé, 25 janvier 1946, Gouverneur général, Haut-Commissaire au Ministre de
la France d’Outre-Mer.
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CAOM 1AFFPOL/539 dossier 14 : Circulaire ministérielle n°2 C1, du 10 Juin 1930, relative à la nécessité de renseigner
rapidement le Département sur les incidents locaux d’une certaine importance.
CAOM 1AFFPOL/1675 : Ville de Douala, 1927, Lettre adressée au Commissaire de la République française
CAOM 1AFFPOL/3304, dossier 2 : Rapport, non daté (vraisemblablement 1946 à la suite d’un courrier de mai 1946 du
Haut Commissaire sur le transfert) : sur le transfert de la Sûreté de Douala vers Yaoundé.
Archives nationales de Yaoundé
ANY, 1 AC/1100 (existe aussi sous la côte APA 11 410/A)
Rapport sur le fonctionnement et l’activité de la police municipale de Yaoundé au cours de l’année 1951 présenté par R.
Ducamin, commissaire de police de la Sûreté Nationale. Commissariat central de Yaoundé
ANY, APA 11 223/M Le Ministre des colonies à M. le Commissaire de la République française dans les Territoires du
Cameroun. Objet de la lettre en date du 14 mai 1938 : au sujet du rapport annuel du Commandant des Forces de police
e
pour l’année 1937 Paris, le 14 mai 1938 (rue Oudinot, Paris 7 )
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