Jésus apparaît à Marie Madeleine

Transcription

Jésus apparaît à Marie Madeleine
La Passion
selon le Linceul de Turin
incontournables encore aujourd’hui3. Son témoignage est intéressant : cette étude lui a rendu la lecture du récit de la Passion insupportable à lire jusqu’au bout, tant il voyait les
souffrances que le Christ a endurées.
Pour notre propos, nous nous appuierons sur les études réalisées à partir du Linceul
de Turin, que nous compléterons par celles de
quelques autres grandes reliques de la Passion
(Sainte Tunique d’Argenteuil4, Soudarion
d’Oviedo5,…), ainsi que par les apports de la
médecine (physiopathologie, médecine légale…) et de l’archéologie.
dans les profondeurs de mon amour pour les
âmes. Si tu veux comprendre mon
cœur, contemple ma Passion » disait
Jésus à Sainte Faustine en 19331. L’étude du
Linceul de Turin permet de toucher, parfois de
très près, les souffrances du Christ. Puissent
ces quelques lignes enrichir notre méditation
sur la Passion.
«J
E DESIRE QUE TU ENTRES
Agonie à Gethsémani
Entré en agonie, il priait de
façon plus insistante, et sa sueur
devint comme de grosses gouttes
de sang qui tombaient à terre. Lc
22, 44.
3
Les premières études ont été réalisées par le Dr Donnadieu, au début du XXe siècle. Les résultats du Dr Pierre
Barbet ont été corroborés et complétés par le Dr Robert
Bucklin (Américain), le Dr Pierre Mérat (Français) et
d’autres.
4
La Sainte Tunique d’Argenteuil est vraisemblablement
la tunique sans couture que Jésus portait lors de son
chemin de croix. Il y a des points de convergence avec le
Linceul de Turin : groupes sanguins identiques (AB tous
deux), taches concordantes…
5
Le Soudarion d’Oviedo a sans doute recouvert la tête
de l’Homme du Linceul après sa mort. En effet, il possède des taches de sang aux mêmes endroits que sur le
visage du Linceul. Le groupe sanguin est encore une fois
AB. Deux espèces de pollens correspondant à des
plantes endémiques à la Palestine semblent présents à la
fois sur le Linceul de Turin, la Tunique d’Argenteuil et
le Soudarion d’Oviedo. En réalité, les trois linges semblent avoir touché le même homme.
La descente de croix, par Fra Angelico
Plusieurs scientifiques ont essayé de reconstituer les supplices que l’Homme du Linceul a subis. Citons particulièrement le chirurgien Pierre Barbet2, de l’Hôpital Saint-Joseph
à Paris, qui se pencha sur ce sujet de 1930 à
1950 ; les résultats de ses recherches demeurent
1
Cité en Maria WINOWSKA, L’icône du Christ Miséricordieux, Editions Saint-Paul, Paris 1973, p. 103.
2
Son maître-ouvrage s’intitule La Passion de JésusChrist selon le chirurgien, Médiaspaul, Paris 1993 (1e
éd. : Paris 1950).
1
Le Dr Barbet explique que
Saint Luc dépeint
ici remarquablement un phénomène connu des
médecins :
l’hémathidrose
(sueur de sang).
Ce symptôme rare
est causé par un
profond ébranlement moral, un
combat mortel, et
se caractérise par
une
hémorragie
sous-cutanée : le
sang, ou plus précisément la matière colorante du
sang, se mêle à la
sueur et constitue
ainsi des petites
boules sortant par
les pores de la
peau et roulant sur
le corps. Ces millions de petites
hémorragies intradermiques rendent
la peau beaucoup
plus fragile aux
coups à venir.
En examinant le sang sur le
Linceul, on a
trouvé de la bilirubine en quantité
importante. La biLe Linceul de Turin
lirubine résulte de
la dégradation de
l’hémoglobine ; sa présence excède la norme
chez ceux qui ont subi de violentes tortures6.
La découverte de cette substance valide le
constat médical de Saint Luc. Elle explique
également la couleur très rouge du sang sur le
linge, malgré son ancienneté. Un autre indice
provient du Linceul. Chez un homme vivant
l’hémathidrose, on peut voir un blanchissement des cheveux en quelques heures – et sur
le négatif du Linceul, les cheveux sont blancs
ou blond très clair.
On sort donc véritablement affaibli de
l’hémathidrose, physiquement et psychologiquement. Il faut jusqu’à plusieurs mois pour
s’en remettre. Mais c’est ainsi que le Christ affronte sa Passion. Et sa nature divine le soutient. En effet, il existe chez l’homme des mécanismes naturels (la syncope par exemple),
sortes de « sécurités » qui évitent la mort immédiate. Mais ces mécanismes ne surviendront
pas, de sorte que le Christ pourra supporter ce
qu’aucun autre homme ne peut soutenir.
Flagellation
Pilate prit alors Jésus et le
fit flageller.
Jn 19, 1.
La flagellation est une sentence réservée
aux esclaves et aux voleurs. Pierre Barbet,
comptant le nombre de plaies, trouve plus de
cent, peut-être cent vingt blessures. Ceci
laisse supposer près de soixante coups s’il y a
deux lanières – sans compter ceux qui n’ont
pas marqué. Les bourreaux n’étaient pas juifs,
car la loi mosaïque fixait à quarante le nombre
maximal de coups (cf. Dt 25, 3).
Toutes les plaies ont en effet la même
forme, celle d’un petit haltère long de trois centimètres. Elles sont presque toutes disposées
par paires, parallèlement, ce qui conforte la
supposition du fouet à deux lanières. Tout ceci
évoque le flagrum romain, flagrum taxilatum,
fouet à plusieurs mèches de cuir avec des billes
de plomb ou des osselets au bout.
Les plaies sont dispersées sur tout le
corps. Elles sont réparties en éventail :
obliques sur le thorax et les jambes, horizontales sur les reins. La face frontale du corps est
aussi atteinte : « on voit sur l’image antérieure
de longues stries obliques qui ne peuvent être
produites que par les lanières qui ont cinglé la
face antérieure de la jambe tandis que les
balles frappaient les mollets » (docteurs J. Lévêque et R. Pugeaut7). On remarque deux directions dans la disposition des marques, d’où
7
6
Jean LEVEQUE et René PUGEAUT, Le Saint-Suaire revisité, Sarment-Editions du Jubilé, Paris 2003, p. 69.
Observation d’Allan D. Adler (New England Institute).
2
l’hypothèse de la présence de deux bourreaux,
de part et d’autre du Christ.
La flagellation est si sévère qu’elle est
peut-être la première cause de la mort du Christ
– du moins elle l’a hâtée. Pénétrée de sang, la
peau se fend sous l’impact des plombs et commence à pendre en lambeaux. Les lanières provoquent des bleus d’ecchymoses souscutanées, sur tout le corps. On peut estimer que
Jésus a encaissé à peu près vingt fois l’énergie
suffisante pour l’assommer (prendre ce chiffre
avec un peu de recul)8.
En plus de la douleur, on note un énorme
volume de tissus écrasés. Le cœur et la cage
thoracique sont pris comme dans un étau à
cause de la perte de fluides organiques, provoquant des battements cardiaques forts, irréguliers et une respiration difficile. Les reins lésés
ne permettent bientôt plus aucune élimination.
Les troubles métaboliques s’accumulent,
sans compensation biologique.
aux feux de cuisson et possède de dures épines
de cinq à sept centimètres. Les épines sont ici
enroulées autour d’une couronne de jonc, abritée plus tard par Saint Louis dans la Sainte
Chapelle et aujourd’hui à Notre-Dame de Paris.
En plus des taches punctiformes, on observe des coulées de sang. On peut s’intéresser
particulièrement à la coulée médiane sur le
front (qui a été représentée dans l’art byzantin
comme des mèches de cheveux) et aux deux
coulées latérales. La coulée médiane en forme
de 3 renversé (ou de large epsilon grec) correspond remarquablement aux plis du front liés à
une contraction musculaire due à la douleur.
Cette magnifique précision, qu’on retrouve
pour toutes les taches sanguines, est à elle seule
un indice convaincant de l’authenticité du Linceul9, car les lois de la coagulation sanguine
n’ont été découvertes qu’au XVIIe siècle par
William Harvey.
On peut ajouter que le couronnement
provoque de véritables chocs électriques qui
traversent le visage et la tête ; cela peut durer
de quelques secondes à quelques minutes10.
Par ailleurs, le visage de l’Homme du
Linceul est défiguré par ecchymoses, déchirure
de la paupière droite, fracture du nez, tuméfaction des joues et des sourcils.
Couronnement d’épines
Les soldats, tressant une
couronne avec des épines, la lui posèrent sur la tête, et ils le revêtirent d’un manteau de pourpre ; et
ils s’avançaient vers lui et disaient :
« Salut, roi des Juifs ! » Et ils lui
donnaient des coups.
Jn 19, 2-3.
Chemin de croix
Alors [Pilate] le leur livra
pour être crucifié. Ils prirent donc
Jésus. Et il sortit, portant sa croix.
Jn 19, 16-17
Le Linceul révèle de nombreuses piqûres sur le cuir chevelu. En fait, cette partie
du Linceul est sujette à différentes interprétations. Pendant un moment, la dispersion des
blessures faisait conclure qu’il s’agissait d’un
« casque » d’épines. Mais la considération du
Soudarion d’Oviedo, dont on peut penser qu’il
a recouvert la tête de l’Homme du Linceul
après sa mort, permet de dire, grâce aux lois de
la coagulation sanguine, que la couronne n’est
pas un casque, mais bien une couronne. Par
ailleurs, il s’agit peut-être d’épines de jujubier,
plante fréquente dans les régions semidésertiques ; celle-ci peut servir aux clôtures et
Les plaies aux épaules montrent que
l’Homme du Linceul a porté un objet lourd.
Quel est-il ? L’hypothèse avancée couramment
est celle du patibulum (c’est-à-dire de la traverse de la croix), et non celle de la croix entière. Le patibulum était posé sur les épaules du
condamné, attaché avec des cordes au niveau
des bras étendus. Le stipes crucis (la partie verticale) était déjà dressé sur le lieu du supplice.
8
9
Dr François Giraud. La quantification énergétique des
coups ne pose pas de problème particulier : on connaît le
nombre d’impacts, les haltères du flagrum, ainsi que la
vitesse de déplacement des haltères (en la comparant par
exemple à celle d’un javelot).
Plus précisément, cette précision est un indice convaincant que le Linceul n’est pas un faux, mais qu’il a enveloppé un corps martyrisé. Elle ne dit pas à elle seule s’il
s’agit de celui du Christ.
10
Cf. Dr Frederick T. Zugibe (Etats-Unis)
3
Cependant, l’hypothèse du port de la
croix entière est suggérée par des travaux récents11. Le traitement de photos du Linceul
aide à mieux voir la disposition des taches sanguines. Cette étude affermit l’hypothèse du port
d’un objet lourd en forme de croix large de
vingt centimètres et se croisant orthogonalement au niveau des omoplates. D’autant plus
que les taches sanguines du Linceul et de la
Tunique d’Argenteuil concordent ici selon une
« correspondance remarquable » (Pr André
Marion).
L’Homme du Linceul, sous son fardeau, est tombé au moins une fois : ainsi distingue-t-on des coupures aux genoux, surtout le
gauche. A également été détectée de la boue12,
incrustée au niveau des talons, des genoux et au
bout du nez. Ce dernier élément signifie-t-il
que l’Homme du Linceul est tombé de tout son
long sans pouvoir se protéger ?
traction du pouce à l’intérieur de la main. Et, de
fait, seulement quatre doigts sont visibles sur
le Linceul. Comment ne pas citer ici cet éminent chirurgien, dans la méditation qui suit la
conclusion de son ouvrage ?
Son nerf médian a été touché. Mais, alors, je ressens ce qu’Il
a éprouvé : une douleur indicible,
fulgurante, qui s’est éparpillée dans
Ses doigts, a jailli, comme un trait
de feu, jusqu’à Son épaule et éclaté
dans Son cerveau. C’est la douleur
la plus insupportable qu’un
homme puisse éprouver, celle
que donne la blessure des gros
troncs nerveux. Presque toujours,
elle entraîne la syncope et c’est
heureux. Jésus n’a pas voulu perdre
connaissance. Encore, si le nerf
était entièrement coupé. Mais non,
j’en ai l’expérience, il n’est que partiellement détruit ; la plaie du tronc
nerveux reste en contact avec ce
clou ; et sur lui, tout à l’heure,
quand le corps sera suspendu, il sera fortement tendu comme une
corde à violon sur son chevalet. Et
il vibrera à chaque secousse, à
chaque mouvement, réveillant la
douleur horrible.
Dr Pierre BARBET13.
Crucifixion
[Jésus] vint au lieu dit du
Crâne – ce qui se dit en hébreu
Golgotha – où ils le crucifièrent et
avec lui deux autres : un de chaque
côté et, au milieu, Jésus.
Jn 19, 17-18.
On voit clairement que l’Homme du Linceul a été crucifié à la croix à l’aide de trois
clous.
L’apport du Dr Barbet a été notamment
de montrer qu’on ne pouvait attacher le corps
au niveau des paumes des mains, car les chairs
se déchirent sous le poids du corps. En revanche, la crucifixion est possible en clouant
au niveau des poignets, dans l’espace de Destot. Les bourreaux romains, experts dans ce
domaine, devaient avoir connaissance de ce
fait. Remarquons que Pierre Barbet, en plantant
lors de ses expériences un clou dans le poignet,
vit le pouce se fléchir dans la paume de la
main. En effet, le clou lèse en partie le nerf
médian (c’est ce nerf qui assure la sensibilité
et la motricité du pouce), ce qui entraîne la ré-
Une question se pose alors : pourquoi les
œuvres d’art représentent-elles toujours les
clous dans les mains et non dans les poignets ?
On peut avancer une cause d’ordre historique :
Constantin supprima le supplice de la crucifixion en 320 ; lorsqu’à la fin du Ve siècle, on
commença à représenter le Christ en croix, on
avait oublié la technique des bourreaux romains. Aujourd’hui encore, on ne connaît quasiment rien sur ce supplice – sauf les travaux de
P. Barbet et de ses successeurs sur le Linceul.
Souffrances et mort sur la croix
Le supplice de la croix était particulièrement dur. En étudiant la direction des écoulements de sang sur les bras, on peut reconsti-
11
André Marion (Institut d’optique d’Orsay), 19971998.
12
Samuel F. Pellicori (Santa Barbara Research Center),
1978.
13
In Pierre BARBET, La Passion de Jésus-Christ selon le
chirurgien, Dillen et Cie, Issoudin 1950, pp. 217-218.
4
tuer les souffrances du condamné. On observe
deux angles des bras avec la verticale, 75° et
55° ; ils correspondent à deux positions du
corps, haute et basse. Le corps s’affaissant
tire sur les bras et dilate la cage thoracique dans
une hyperextension qui rend la respiration
presque impossible. Le condamné qui commence à étouffer, cherche alors à se relever en
poussant sur le clou des pieds. La position des
bras lui permet de mieux respirer, mais la douleur violente dans les pieds et la fatigue le contraignent à s’affaisser, ce qui provoque à nouveau l’étouffement. Le mécanisme se répète.
La mort finit par survenir à la suite de
l’épuisement et de l’asphyxie, ces deux causes
s’aggravant mutuellement. Toutes ces souffrances sont bien montrées par le Linceul : une
élévation des côtes, un creusement de
l’épigastre, un abdomen enflé et une tétanie des
muscles.
Ces résultats du Dr Barbet nécessitent
peut-être quelques corrections, mais les débats
sont réellement complexes.
Parallèlement est survenu le phénomène
de « décompensation systémique ». Habituellement, un crucifié pouvait trouver une compensation systémique, c’est-à-dire des mécanismes compensatoires permettant une plus
grande oxygénation des muscles et des organes,
et l’élimination des déchets métaboliques. Il
pouvait survivre ainsi jusqu’à plusieurs jours.
Toutefois, l’affaiblissement de Jésus sur la
croix est tel que ces mécanismes n’entrent pas
en action. Au contraire, voici que la température augmente (41° et plus), provoquant une
transpiration très importante qui vise à refroidir
le corps. De ce fait, le volume de sang circulant
diminue, la circulation fléchit, la soif s’accroît
encore. Cette dernière s’était déjà faite brûlante
du fait de la flagellation. La redistribution du
sang au profit du cerveau, du cœur, des
muscles du diaphragme, de la poitrine et de
l’abdomen est nécessaire pour éviter une mort
très proche. Les extrémités étant privées de
sang, l’hyperthermie augmente encore. La respiration est de plus en plus haletante, la parole
quasi impossible. L’acidose augmentant, elle
va jusqu’à empêcher la formation d’ATP (adénosine triphosphorique, la principale source
d’énergie de l’organisme). Ce déficit d’ATP est
détectable à la fois sur le Linceul (par la posi-
tion des jambes encore pliées) et sur la Sainte
Tunique d’Argenteuil (par la forme de certains
globules rouges). Tout ceci signifie une tétanie
généralisée, même avant le décès.
Et Jésus dit en un grand
cri : « Père, je remets mon esprit
entre tes mains. » Et, ce disant, il
expira.
Lc 23, 46.
Lance au côté
Pour abréger le supplice, on pouvait
pratiquer le crurifragium (c’est-à-dire briser
les jambes), ce qui entraînait vite l’asphyxie, le
crucifié ne pouvant plus se redresser. Toutefois
l’Homme du Linceul n’a pas eu les jambes brisées. On distingue en revanche une blessure au
côté droit, située entre la cinquième et la
sixième côtes.
Pourquoi la plaie se trouve-t-elle du
côté droit, alors que le cœur est à gauche ? César en donne l’explication dans La guerre des
Gaules : il s’agit d’un coup à droite donné par
le soldat avec son bras gauche, coup toujours
mortel. Dans la bataille, l’adversaire se protège
le cœur avec son bouclier placé à gauche, le côté droit découvert, et laisse passer le coup derrière son bouclier. On atteint ainsi le cœur, en
sa face postérieure. La mort est immédiate. Ceci était enseigné dans l’infanterie romaine. Cependant, le coup n’était pas ici destiné à donner
la mort : c’est un simple acte médico-légal pour
s’assurer de la mort avant de donner
l’autorisation d’inhumer.
Notons qu’à la forme et aux dimensions
de la plaie, on peut en déduire que l’arme utilisée était une lancea romaine. De plus, la plaie
étant restée béante, les lèvres de la blessure ne
sont pas refermées : on a donc la trace sur le
Linceul qu’il s’agit d’une blessure post mortem.
Le corps était encore en croix lors de
l’ouverture, ce que l’on voit par les directions
des coulées sanguines – l’écoulement est cependant resté abondant lorsque le corps a été
mis en position horizontale. Le sang a coulé de
l’oreillette percée. L’« eau » clairement perceptible contient du liquide péricardique, non
miscible avec le sang, et pleural, en quantité
5
vivant dans son esprit et dans sa
chair toutes les formes de souffrances possibles existantes, sans
chercher à y échapper, de sorte que
toute souffrance humaine de
quelque type qu’elle soit puisse se
rejoindre et se fondre dans une des
formes subies et acceptées par Jésus, du mont des Oliviers au Calvaire.
Dr Jean-Maurice CLERCQ14.
suffisamment importante pour qu’il soit visible.
On rejoint ainsi l’évangile de Saint Jean : « un
des soldats lui perça le côté avec une lance, et
aussitôt il sortit du sang et de l’eau. Celui qui
l’a vu en a rendu témoignage, et son témoignage est vrai ; et il sait qu’il dit vrai, afin que
vous croyiez aussi » (Jn 19, 34-35).
Profondeur de cette approche médicale
Ce qui frappe lorsqu’on se penche sur
toutes ces recherches, c’est qu’en définitive on
retrouve dans l’ensemble l’iconographie
traditionnelle. Le terme de « sueur de sang »
traduit bien l’agonie de Gethsémani, contrairement au sens métaphorique retenu par certains exégètes. Le linge d’Oviedo montre que
l’Homme du Soudarion a bien reçu une couronne d’épines, ce qui a d’ailleurs plus de signification qu’un casque, lequel parodie mal la
royauté du Christ. Les travaux du Pr Marion
montrent de façon convaincante que l’homme
qu’ont enveloppé Tunique et Linceul a porté la
croix entière et non le simple patibulum. Quant
à la crucifixion, elle ressemble probablement à
ce que nos crucifix représentent.
Pour terminer ces lignes sur la Passion,
laissons la parole au Dr Clercq :
Abbé Vincent Pinilla
Compte tenu du degré
d’affaiblissement de Jésus à l’issue
de la nuit de son agonie morale à
Gethsémani, affaiblissement qui ne
fit que s’accentuer violemment,
nous pensons que le Sauveur aurait
déjà dû mourir au cours de la flagellation, si ce n’est au moment de
la mise en croix. Que Jésus ait
encore survécu sur la croix pendant de longues heures est une
impossibilité médicale ; la mort
aurait déjà dû intervenir, précédée
de plusieurs évanouissements,
avant une syncope mortelle. Cette
dernière n’est pas intervenue, pas
même
provoquée
par
l’enclouement. Notre Seigneur est
toujours resté conscient en croix.
Notre opinion est que Jésus a voulu « boire la coupe jusqu’à la lie »
comme il l’avait accepté à Gethsémani ; il a voulu souffrir jusqu’au
bout et toucher le fond de la
douleur, tel qu’aucun être humain n’aurait pu le supporter,
14
Jean-Maurice CLERCQ, La Passion de Jésus de Gethsémani au Sépulcre, François-Xavier de Guibert, Paris
2004, pp. 153-154.
6