Le Monde.fr : Ardisson en liberté
Transcription
Le Monde.fr : Ardisson en liberté
Le Monde.fr : Ardisson en liberté http://abonnes.lemonde.fr/cgi-bin/ACHATS/ARCHIVES/archives.... Bienvenue M. JC TABUY Archives Recherchez Personnalisez votre météo depuis Quitter 0 1 mois 1 16 » Vos préférences » Aide » Accédez aux archives du Monde Mardi 06 juin 2006 Ardisson en liberté Article paru dans l'édition du 27.02.00 ADIS, Thierry Ardisson énervait. Beaucoup. Il faut le reconnaître : non seulement il n'énerve plus, mais il offre aujourd'hui un exemple assez étonnant de bonification par la télévision. Pour apprécier le chemin parcouru, il faut se souvenir qu'Ardisson montra naguère le visage du noctambule branché et arrogant, qui conquit sa place au panthéon audiovisuel en interrogeant chanteuses et comédiennes, en termes crus, sur leurs expériences personnelles de perversions diverses. Vous êtes abonnés Classez cette archive, vous pourrez ainsi la consulter facilement pendant toute la durée de votre abonnement. L'intelligence, l'art d'Ardisson consistent à avoir su laisser mûrir ce personnage-là, sans le renier ni se laisser emprisonner par lui. Car il n'a renoncé à aucune de ses provocations. Ni à l'étalage obscène des millions gagnés dans ses multiples activités, ni à un discours d'une fascinante lucidité sur la télévision, ni aux lacérations occasionnelles d'imprudentes starlettes tombées dans ses griffes. Chaque samedi soir, on peut ainsi revenir voir Ardisson-le-cynique, interpellant sur France 2, dans « Tout le monde en parle », Patrick Devedjian, porte-parole du RPR - « Où est le pognon ? » -, ou interrogeant une invitée sur la date et l'heure de son « dernier coup de reins ». Mais sans doute parce que ces provocations s'intègrent désormais à une émission dont elles ne constituent plus le ressort principal, peut-être aussi parce que le « ton Ardisson » s'est répandu dans toutes les chaînes de télévision, elles « passent » mieux qu'auparavant. Alors que la télé fige souvent (Nagui, Dechavanne, Placez cette archive dans votre classeur personnel Delarue, Gildas), pourrit parfois (Field) ou tue prématurément (Pradel, Morandini, Sabatier et tant d'autres), Ardisson est un des rares, avec Drucker, par exemple, à s'être laissé bonifier par elle. D'autant que, chaque soir, on peut retrouver sur Paris-Première le Ardisson cultivé, animant « Rive droite, rive gauche », et se régénérant, comme en thalassothérapie, dans un bain d'enthousiasme, de coups de coeur et de liberté. Dialoguant avec Jean Baudrillard- excellent pour le standing, Baudrillard, joli coup - ou laissant étriller par ses chroniqueurs livres, films et disques sans aucun tabou, il est en train, en un mot, d'inventer la première véritable émission de critique culturelle. Si les spectacles d'Ardisson captivent, c'est d'ailleurs aussi parce qu'on y respire un air de liberté, rare à la télévision. Liberté d'inviter Max Gallo et de rediffuser l'extrait d'un vieux « Bouillon de culture » où tous deux s'étripèrent jadis. Liberté de faire éreinter le livre-débat que publient deux des habitués de l'émission, les journalistes Philippe Tesson et Laurent Joffrin, par le chroniqueur Frédéric Beigbeder, et ce en présence des coauteurs médusés. Liberté de celui qui n'a peur d'aucune vache sacrée, pas plus que de ses propres démons. La dualité d'Ardisson est d'ailleurs spectaculairement en voie de résorption. Quiconque regarde régulièrement ses deux émissions ne peut pas ne pas être frappé de la manière dont les deux Ardisson contraires se rejoignent, s'interpénètrent, fusionnent de semaine en semaine, offrant le spectacle sans précédent à la télévision de la réconciliation en direct d'un schizophrène avec lui-même. Sous nos yeux, en effet, se réconcilient Docteur Thierry et Mister Ardisson, l'Ardisson cultivé et le voyou des boîtes de nuit. Christine Angot est reçue sur France 2, on lapide sur Paris-Première les chanteurs à la mode. Certes, le processus n'est pas achevé. Il ne le sera que le jour où Ardisson interrogera Baudrillard sur son dernier coup de reins. En attendant, tendons l'oreille : cette réconciliation ne nous en rappelle-t-elle pas une autre ? Une télévision-populaire-et-de-qualité : telle est l'introuvable équation du service public. Telle est l'insoluble formule qui, depuis la privatisation partielle de la télévision, désespère les responsables de la télévision publique, et les contraint de galoper, essoufflés, sur les talons des chaînes privées. Et si Ardisson, sans avoir l'air d'y toucher, était en train d'inventer une solution inattendue à l'équation ? PAR DANIEL SCHNEIDERMANN Retournez en haut de la page » A la une » Le Desk » Opinions » Archives » Forums » Blogs » Examens » Culture » Finances » Météo » Carnet » Immobilier » Emploi » Shopping » Nautisme » Voyages » Newsletters » RSS » Abonnez-vous 15€ par mois » Déjà abonné au journal » Le journal en kiosque © Le Monde.fr | Fréquentation certifiée par l'OJD | Conditions générales de vente | Qui sommes-nous ? | Index | Aide 1 sur 1 6/06/06 22:01