Dossier artistique - CDN Orléans Loiret Centre

Transcription

Dossier artistique - CDN Orléans Loiret Centre
FRAGMENTS
Texte Marilyn Monroe
Mise en scène et adaptation
Samuel Doux
Création
CDN Orléans/Loiret/Centre
Dates uniques:
Du 15 au 23 janvier 2014
MERCREDI 22 JANVIER 2014
Possibilité de faire l’aller
retour Paris-Orléans et de voir
deux spectacles:
FEMMES D’INTÉRIEUR à 18h
FRAGMENTS à 20h30
Avec
Lolita Chammah
Traduction
Tiphaine Samoyault
Scénographie et lumière
Éric Soyer
Création musicale
Mathieu Baillot
Conseillère artistique
Agathe Berman
Production
CDN Orléans/Loiret/Centre
Avec le soutien de la Ménagerie
de Verre dans le cadre des
studiolabs
Le texte est édité au Seuil,
par Bernard Comment et
Stanley Buchthal
Contacts CDN Orléans/Loiret/Centre:
Anne Cuisset, Secrétaire générale
[email protected]
Sophie Mercier, administratrice
[email protected]
Presse:
Nathalie Gasser
[email protected]
06 07 78 06 10
Pratique
Mardi, mercredi et vendredi à
20h30; jeudi à 19h30; samedi à 19h
Durée estimée 1h30
Réservations 02 38 81 01 00
Tarifs 10€ / 15€ / 20€
Une femme apparaît brutalement. Une
femme qui écrit. Morceaux de feuilles, cahiers, agendas, carnets. Elle écrit sans retenue. Elle écrit tout. Par nécessité, pour
se comprendre et comprendre les autres
face à elle.
le monde était spectateur. Aujourd’hui
elle est icône. Son image a gagné, la dépossédant d’elle-même. L’image partout a
gagné. L’apparence est seule maîtresse et
la défaite existentielle de M.M. annonce
étrangement celle de notre époque.
On découvre sa conscience aiguë du
monde. Une fragilité. Une fébrilité. Une
femme très loin de l’asile, pas plus alcoolique que les hommes qui l’entouraient,
pas plus suicidaire que tout un chacun
doté d’un peu de lucidité. Elle jette, cisèle
parfois. Elle aime les métaphores. Fulgurances à propos de son histoire, de son travail, de ses amours, de sa psychanalyse.
Elle fait un état de ses lieux intimes, elle
explore la matière de ses pulsions à la recherche d’une vérité peut-être, de la réalité sans doute.
Ces fragments qui s’ajoutent et se complètent nous tiennent dans un ‘no man’s
land’. Entre Norma Jeane Baker et Marilyn Monroe. D’un côté le réel, de l’autre la
fiction. Le réel c’est celui à partir duquel
elle s’est construite, la fiction c’est ce qui
lui a permis de vivre. Elle se trouve au milieu, ni enfant condamnée, ni femme réalisée. Par ses mots, on le sent, elle cherche
à réduire cet espace.
«Je trouve que la sincérité et être simple et directe
comme (possiblement) j’aimerais est souvent pris
pour de la pure stupidité. Mais puisqu’on n’est PAS
dans un monde sincère - il est très probable qu’être
sincère est stupide. On est probablement stupide
d’être sincère puisque c’est dans ce monde et dans
aucun autre monde dont nous soyons sûrs que nous
existons - ce qui veut dire - (puisque la réalité existe,
on doit faire avec) puisqu’il y a la réalité avec laquelle on doit faire je ne suis pas M.M. - on ne me
permet pas d’être.»
Ce texte, c’est le début de la représentation.
Ça commence par un aveu, celui de la
«star» et le nôtre aussi en quelque sorte:
personne ne peut - être - Marilyn. Elle
n’existe pas. C’est une image, au mieux
un personnage. De son vivant, un rôle. La
blonde ne l’était pas, perdue entre cette
fiction trop réelle et la réalité qu’elle ne
pouvait oublier. Devenir un mythe n’était
qu’une façon de repousser la mort. Elle a
fait de sa vanité une arme de survie. Autour, personne ne voyait rien puisque tout
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On se dit alors que celui de la scène ne serait pas si mal. Lorsque nous y sommes
avec ses mots à elle, nous les posons le
plus directement possible. Nous interpellons. Nous avouons son impuissance et la
nôtre. Nous avouons ce qu’elle ne pouvait
pas dire : «Je ne suis pas M.M.»
Qui alors ?
Une comédienne, une actrice. C’est la réponse la plus simple, celle qui rend justice
aux mots qu’elle a semés et que nous pouvons lire aujourd’hui comme une méthode
pour jouer et survivre. Le récit d’une comédienne partie à la recherche de son
point de gravité. FRAGMENTS est le portrait de quelqu’un qui joue.
Elle cite Lee Strasberg : «Entre l’acteur et le
suicide, il n’y a que la concentration.»
Sur scène la lumière fait apparaître et
disparaître la jeune comédienne. Cadre
simple, architecture des années cinquante, une ouverture, un format long,
un écran, une baie vitrée, un ciel ou le
vide. Une coursive qui entoure un salon ou
une piscine ou la scène elle-même. Nous
travaillons à la fois dans la profondeur et
jusque très près des spectateurs. Sans
frontière. Est-il possible, dans l’espace,
grâce à la lumière, à la distance et au
corps, de traduire le flou et le net ?
Des sons, une musique, une chanson :
ONE SILVER DOLLAR. Réinterpréter,
rejouer, traduire, là aussi. Des verres
tintent, des talons claquent, le souffle de
la ville, une radio, des voix étouffées, un
jingle qui assure le spectacle et Lee Strasberg qui entre en scène micro à la main
sous les applaudissements: «Je veux que
vous sachiez tous que cet exercice a duré
une demi-heure et que sa concentration
n’a pas faibli une seule fois !» Une grosse
boule à facettes noire qui descend lentement du plafond jusqu’au sol assurera le
spectacle.
La jeune comédienne, Lolita Chammah,
vraie blonde, jeune actrice, rêve à son tour
d’être quelqu’un ou quelque chose qu’elle
n’est pas encore. Jeu d’interprétation, de
traduction, nous travaillons sur le temps
que prennent les mots pour lui arriver et
celui qu’il faut pour les transmettre. Ce
temps c’est autre chose qu’un fantasme,
c’est le désir de faire surgir une réalité à
défaut d’une vérité. Faire apparaître, une
femme enfin, non pas réelle, mais possible.
Samuel Doux, novembre 2013
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Le premier film que j’ai vu c’était LES
HOMMES PRÉFÈRENT LES BLONDES
de Howard Hawks - vu ensuite des milliers de fois. Le désir de travailler sur ces
FRAGMENTS est arrivé tout de suite
après leur lecture mais je ne pouvais y
croire, ni même le formuler.
C’est le hasard qui a fait ensuite que Samuel Doux m’a parlé de son envie. Il lui a
fallu une certaine force de conviction et
que j’aie une grande confiance pour finalement accepter et peut-être comprendre
que je pouvais avoir ma place dans ces
mots-là.
Choisir de travailler à ce projet est une
étape importante. Un vertige, une impudeur aussi : dévoiler mes aspirations,
avouer sur la scène mes rêves impossibles
et naïfs. C’est apercevoir, visiter et révéler des endroits que j’évite, une part instable et dangereuse. Je vais à la rencontre
de territoires encore inexploités et surtout
que je protégeais.
C’est un chemin difficile mais excitant et
passionnant que j’entrevois pour laisser
Marilyn apparaître presque sans moi au
travers de ses mots à elle.
Lolita Chammah
Enfant, je jouais à être Marilyn. Aujourd’hui ce qui rend imaginable ce projet
c’est justement de ne pas tenter de l’interpréter, de ne pas chercher l’incarnation mais plutôt de la retrouver au travers
de ses textes d’abord et de mon enfance
aussi. Fille de comédienne reconnue, ma
mère est Isabelle Huppert, il y a chez moi
cet écartèlement entre le désir du regard
et celui de la reconnaissance.
Il n’est pas question de sur-interpréter les
mots de Marilyn mais il m’est difficile de
ne pas m’y lover même si c’est pour mieux
m’effacer ensuite.
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TRADUIRE
MARILYN
Yannick Haenel: Comment qualifieraistu cette expérience de traduction des
FRAGMENTS de Marilyn Monroe, toi
qui as traduit par exemple des passages
d’ULYSSE de Joyce ? Qu’est-ce que cette
traduction-là a impliqué, nécessité de spécial ?
Tiphaine Samoyault: Il s’agissait
d’abord, comme le titre de FRAGMENTS
le laisse supposer, de traduire de l’inachevé. La plupart du temps, quand on
traduit, on travaille à partir d’un texte
déjà publié dans sa langue. Ce n’était
pas le cas puisque l’édition en anglais a
été publiée en même temps que l’édition
en français. J’ai donc travaillé à partir de
transcriptions de manuscrits et des manuscrits eux-mêmes, et le travail de traduction s’est accompagné d’un travail
de déchiffrage des textes, souvent écrits
d’une main nerveuse, au crayon à papier. Cet aspect des choses, qui a fait de
cette expérience un moment unique, me
donnait vraiment l’impression d’être tout
près d’elle, de me situer au plus près de
son geste et de son émotion.
Traduire ULYSSE de Joyce, c’était traduire un texte foisonnant et maîtrisé,
qui était déjà devenu un classique dans
sa langue et dans la mienne. Traduire
voulait dire alors de réintroduire de l’inachevé dans cette totalité formée par le
texte. Avec FRAGMENTS, c’était tout le
contraire. Je devais tenter de donner une
forme à des bouts éparpillés. Les textes
de Marilyn Monroe ne témoignent pas
tous de la même maîtrise de la langue,
de sa langue et de soi. L’édition chronologique fait bien apparaître, dans les premiers textes, les traces d’une éducation
délaissée. Il est frappant ensuite de voir
à quel point le goût de se former et celui
des lectures libèrent son expression, lui
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donnent le sens de la nuance, le plaisir de
la phrase. Elle cherche le mot juste et le
trouve souvent. C’est en respectant cette
aptitude qu’elle s’est elle-même donnée
que je n’ai pas reproduit systématiquement, dans la traduction, les bizarreries
de syntaxe ou les fautes d’orthographe.
J’ai essayé, en revanche, de reproduire le
caractère heurté, parfois étrange et violent, de certains textes.
(...)
Y.H.: Peut-on parler, à ton avis, d’une
écriture poétique de Marilyn Monroe ? En
quoi, selon toi, ces textes forment-ils littérature ?
T.S.: Je n’aurais pas de mal à parler
d’écriture poétique, parce que certains
fragments en ont l’instant et l’éclat, que
d’autres en ont également l’intention et
qu’ils produisent des images-pensées. (...)
Je ne dirais pas qu’elle est poète, mais je
ne dirais pas non plus qu’elle écrit de la
«non-poésie». Elle écrit, et il arrive que ce
qu’elle écrive soit un poème. De toute façon, je ne sais pas très bien ce qu’est la
littérature. Elle est aussi ce que les lecteurs en font. Des textes peuvent être
écrits sans intention de littérature et le
devenir après-coup. Il ne suffit pas pour
cela que la critique les encense. Il faut
aussi qu’ils se déposent dans la mémoire
des lecteurs, qu’ils hantent d’autres mémoires et d’autres textes dans le temps.
C’est ainsi qu’ils deviennent poèmes.
Livre 2013 du CDN Orléans/Loiret/
Centre, extrait de l’entretien entre
Yannick Haenel et Tiphaine Samoyault,
traductrice des FRAGMENTS
de Marilyn Monroe.
BIOGRAPHIES
MARILYN MONROE
Marilyn Monroe (Norma Jeane Baker de
son vrai nom) est une actrice et chanteuse
américaine. Après plusieurs films jugés
mineurs par la critique, elle cumule les
succès dès les années cinquante: LE DÉMON S’ÉVEILLE LA NUIT (Fritz Lang,
1952), LES HOMMES PRÉFÈRENT LES
BLONDES (Howard Hawks,1953), SEPT
ANS DE RÉFLEXION (Billy Wilder,
1955), et CERTAINS L’AIMENT CHAUD
(Billy Wilder, 1959) pour lequel elle obtient le Golden Globe de la meilleure actrice en 1960.
Elle acquiert alors une immense notoriété
et devient un sex-symbol international.
Sa popularité est néanmoins ponctuée de
scandales.
À la même époque, elle suit les cours de
Lee Strasberg à l’Actors Studio. Elle délaisse un temps les comédies et tourne la
RIVIÈRE SANS RETOUR (Otto Preminger, 1954) et BUS STOP (Joshua Logan,
1956), dans lequel elle interprète ellemême quelques chansons de la bande originale du film.
Ses absences répétées pendant les tournages et son caractère imprévisible créent
des relations difficiles entre l’actrice et
les réalisateurs qui la dirigent.
Dans son vingt-neuvième et dernier film
achevé, LES DÉSAXÉS (John Huston,
1961), Marilyn Monroe interprète un rôle
écrit pour elle par son mari Arthur Miller.
En 1962, la presse étrangère lui décerne le
prix de la star mondiale de cinéma. À cette
même époque, elle suit une psychanalyse
et subit de longues hospitalisations.
L’actrice meurt lors du tournage de SOMETHING’S GOT TO GIVE (George
Cukor, 1962) à l’âge de trente-six ans.
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SAMUEL DOUX
LOLITA CHAMMAH
Auteur réalisateur, il a réalisé une quinzaine de documentaires pour ARTE produits par les Films d’Ici, ainsi que trois
moyens-métrages de fiction. Ils ont été
présentés dans de nombreux festivals
dont le festival international du film de
Locarno mais également Aix-en-Provence, Bratislava, Porto, Cork, ClermontFerrand, Montréal, ainsi qu’à la Cinémathèque Française.
Comédienne, elle travaille au théâtre
comme au cinéma. Formée au conservatoire du Ve arrondissement de Paris ainsi
qu’au Théâtre National de Strasbourg.
Samuel Doux a débuté sa vie professionnelle par le théâtre en dirigeant une compagnie: L’œil écoute. Il y a créé différents
spectacles tous publics, joués plusieurs
fois au festival Off d’Avignon.
En septembre 2012, il publie son premier
roman aux éditions Julliard, DIEU N’EST
MÊME PAS MORT et termine actuellement l’écriture de deux longs-métrages
dont l’un est une adaptation du HORLA
de Maupassant avec Yvan Attal, Clotilde
Hesme et Eric Caravaca.
En mars 2013, il a présenté au CDN Orléans/Loiret/Centre une mise en lecture
de LA FIN DU FILM d’Arthur Miller, avec
Lolita Chammah, Emmanuel Salinger et
Arthur Nauzyciel.
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Au théâtre, elle a travaillé plusieurs fois
sous la direction de Coline Serreau, JeanLouis Benoit, Anne Bisang dans différentes pièces dont SALOMÉ d’Oscar
Wilde, elle a joué LES BONNES de Genet
au théâtre de l’Atelier en 2011, mis en
scène par Sylvie Busnel.
Au cinéma elle a tourné avec Mikhaël
Hers, Claire Simon, Claire Denis, Louis
Garrel, Marc Fitoussi, Benoit Jacquot,
Mona Achache, Samuel Doux…
MATHIEU BAILLOT
ÉRIC SOYER
Mathieu Baillot est musicien, compositeur et sound designer.
Il collabore sans frontière avec l’art
contemporain (Xavier Veilhan, Pierre
Huyghe, Stéphane Calais), la haute couture (création de l’univers sonore de
grandes maisons), mais aussi le documentaire expérimental et les arts vivants
sous toutes ses formes.
Après des études autour des architectures
éphémères à l’École Boulle, il conçoit des
scénographies et des éclairages pour de
nombreux metteurs en scène et chorégraphes sur les scènes d’Europe.
Il entame une collaboration avec l’écrivain et metteur en scène Joël Pommerat
en 1997 - qui se poursuit toujours aujourd’hui - autour de la création d’un répertoire de dix-huit spectacles de la compagnie Louis Brouillard.
AGATHE BERMAN
Agathe Berman répartit son activité entre
écriture et production audiovisuelle. Elle
fait dialoguer ces activités de façon éclectique dans le domaine des arts performatifs, du documentaire de création et du
cinéma. Elle a produit une cinquantaine de
films documentaires avec des artistes dont
Pippo Delbono, Israel Galvan, Raimund
Hoghe, tg STAN et aux côtés de réalisateurs comme Richard Copans, Cédric Klapisch et Samuel Doux pour une série coécrite avec lui sur les grands personnages
de théâtre.
Elle a entre autres co-écrit le livret du
ballet WUTHERING HEIGHTS de Kader
Belarbi à l’Opéra de Paris. Actuellement,
elle conçoit le témoignage documentaire
du projet pédagogique «Avoir 20 ans en
2015» de Wajdi Mouawad, produit une série de programmes courts sur le jeu d’acteur avec la Comédie-Française et Arte, et
a travaillé avec l’artiste Steven Cohen en
tant que dramaturge pour sa performance
TITLE WITHHELD, créée au Palais des
Papes au Festival d’Avignon 2012.
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Il s’initie à l’art chorégraphique en 2005
avec la chorégraphe Nacera Belaza, puis
poursuit cette exploration entre autre
avec Thierry Thieû Niang.
Par ailleurs, il aborde également l’opéra
contemporain avec les compositeurs Oscar Strasnoy, Oscar Bianchi, Daan Jansen et Philippe Boesmans.
LE TEXTE:
FRAGMENTS
CARNET NOIR «RECORD»
DÉBUT DES ANNÉES 50
Seule !!!!! Je suis seule. Je suis toujours
seule, quoi qu’il arrive. Il ne faut avoir
peur que de la peur. En quoi est-ce que je
crois ? Qu’est-ce que la vérité ? Je crois en
moi jusque dans mes sentiments les plus
délicats et ténus. À la fin tout est ténu.
(EXTRAITS)
AGENDA ITALIEN
Je trouve que la sincérité et être simple
et directe comme (possiblement) j’aimerai
est souvent pris pour de la pure stupidité.
Mais puisqu’on est PAS dans un monde
sincère - il est très probable qu’être sincère est stupide. On est probablement stupide d’être sincère puisque c’est dans ce
monde et dans aucun autre monde dont
nous soyons sûr que nous existons - ce qui
veut dire - (puisque la réalité existe, on
doit faire avec) puisqu’il y a la réalité avec
laquelle on doit faire je ne suis pas M.M on ne me permet pas d’être.
FRAGMENTS & NOTES 1
Pour la vie
C’est plutôt par détermination qu’on ne se
laisse pas engloutir.
Pour le travail
La vérité peut seulement être retrouvée,
jamais inventée.
__________
- Se souvenir en tout cas de comment Mère essayait toujours de me faire «sortir» parce qu’elle pensait que je n’étais
pas assez téméraire. Elle voulait même
que je me montre cruelle à l’égard des
femmes. Tout cela dans mon adolescence,
en retour, je lui ai montré que je lui étais
loyale.
[...]
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Mon liquide le plus précieux ne doit jamais se répandre. Ne répandez pas votre
précieux liquide, force vitale. Voilà tous
mes sentiments quoi qu’il arrive. Mes
sentiments ne trouvent pas à se développer dans les mots.
__________
Une actrice n’a pas de bouche, pas de
pieds, les épaules pendent légèrement pendantes, si...
Relâchée tout le corps, concentrer mes
pensées sur le partenaire. L’émotion au
bout de mes doigts. Rien ne doit s’interposer entre moi et mon rôle - mon émotion
- concentration. Sentir seulement qu’on
se débarrasse de tout le reste, mon esprit
parle. Pas de regards, le corps seulement,
laisser aller - sentir le visage, l’esprit,
l’âme. Pas de pose. Écouter le corps pour
l’émotion. Écoute avec les yeux. Flottement. Tension. Relâchement, aucun frein,
laisser tout aller, seulement sentir - tout
ce que j’ai à faire est de le penser.
Peur de me donner les nouvelles répliques.
Je ne serai peut-être pas capable de les
apprendre. Je ferai peut-être des erreurs.
Les gens vont penser que je ne suis pas
bonne, ou rire et me rabaisser, ou encore penser que je ne sais pas jouer. Les
femmes ont l’air sévères et critiques - Inamicales et froides en général. Crainte que
le réalisateur pense que je ne vaux rien.
FRAGMENTS & NOTES 4
AGENDA ITALIEN
1956
Dois faire des efforts pour faire
Dois avoir la discipline de faire les choses
suivantes:
Z. aller en cours - les miens toujours sans
faillir.
X. Aller le plus souvent possible assister
aux autres cours privés de Strasberg
G. Ne jamais manquer mes séances à l’Actors studio
V. Travailler autant que possible - sur
les devoirs - et toujours travailler sur les
exercices de jeu.
U. Commencer à assister aux conférences
de Clurman et aussi aux conférences de
mise en scène de Lee Strasberg au théâtre
Wing. S’informer sur les deux.
I. Continuer à regarder autour de moi et même beaucoup plus - observer - pas
seulement moi-même mais les autres et
toutes choses - prendre les choses pour ce
qu’elles valent.
Y. Doit faire de gros efforts pour travailler
sur les actuels problème et phobies qui
proviennent de mon passé - faire beaucoup beaucoup beaucoup plus plus plus
plus d’efforts dans ma psychanalyse et
y être toujours à l’heure - pas d’excuse à
être toujours en retard.
W. Si possible prendre au moins un cours
à l’université - de littérature
O. Continuer le projet RCA
P. Essayer de trouver quelqu’un pour
prendre des leçons de danse - exercices
corporels (entraînement)
T. Prendre soin de mon instrument - au
plan personnel et corporel - exercices
Essayer de me faire plaisir quand je le
peux. Je suis déjà assez malheureuse
comme ça.
Je suis si soucieuse de protéger Arthur
je l’aime - il est la seule personne - être
humain que j’ai jamais rencontré que je
pourrais aimer non seulement comme un
homme que je désire jusqu’à en être pratiquement affolée - mais il est la seule personne en tant qu’autre être humain à qui
je fais confiance autant qu’à moi-même parce que quand je me fais confiance sur
certaines choses je le fais complètement
et je fais de même avec lui.
Je fais aussi confiance au docteur H mais
d’une manière différente puisque je dois
cependant la payer d’abord.
Pourquoi ai-je ce sentiment que les choses
n’arrivent pas vraiment mais que je joue
un rôle et de cela je me sens coupable dans
la mesure où j’ai conscience que ce que je
dis et ce que je suis et ce qui en découle tout cela est prémédité - sauf que je suis
trop inhibée pour me sentir spontanée
parce que je crains d’être je veux dire - parce que je ne sais pas
ce qui va en ressortir - ce qui va arriver
- même des gaz sortent de mon estomac
(crainte d’écrire pets) et je serai humiliée
et je me sentirai plus bas que n’importe
quoi ou n’importe qui
Pourquoi est- ce que je ressens cette torture ? Ou pourquoi est-ce que je me sens
moins un être humain que les autres (toujours sentie d’une certaine façon que je
suis sous-humaine pourquoi en d’autres
mots, je suis la pire, pourquoi ?)
Même physiquement j’ai toujours été
sûre que quelque chose n’allait pas pour
moi là - peur de dire où alors que je sais où.
Peut-être que quelqu’un lira ça ? Je ne
pense pas.
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