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Drawing FR 10.10.2015 … 31.01.2016 The Bottom Line a A 1 / Adel ABDESSEMED 2 / Tomma ABTS °1971, Constantine, Algérie °1967, Kiel, Allemagne Adel Abdessemed est né en Algérie et est venu Le dessin constitue l’épine dorsale dans l’oeuvre de s’établir à Paris en 1994 en raison de la guerre civile. Tomma Abts. L’échelle intime de ses peintures ab- C’est ce qui explique sa fascination pour la violence, b B 5 / Anna BARRIBALL 6 / Marc BAUER °1972, Plymouth, Royaume-Uni °1975, Genève, Suisse Les fragiles dessins d’Anna Barriball expriment le Marc Bauer a créé pour le S.M.A.K. un nouveau dessin temps qui passe. Les répétitions quasi méditatives, mural basé sur A Viso Aperto, une série d’oeuvres qu’il straites, qui ont fait sa célébrité, était le résultat de sa presque obsessionnelles de motifs détaillés sont a réalisées en 2005 à partir de vieilles photos de famille un phénomène qui est indissociablement lié à la pratique du dessin. Bien que l’oeuvre d’Abts semble nettement le produit d’un processus de travail très et qui relate l’histoire de son grand-père qui a émigré nature et à l’homme. En partant de cette dynamique planifiée et contrôlée, elle affirme qu’elle se crée intense et provoquent les limites de la perfection et d’Italie après la Première Guerre Mondiale. Bauer a biosociale, l’artiste développe des situations de spontanément. Pour elle, un dessin n’est rien d’autre de la patience. L’artiste a développé Soundproof II ranimé cette histoire personnelle et l’associe à la crise recherche sur le fil du rasoir. Dans la vidéo Enter the qu’une représentation de soi, une réminiscence du (2015) spécialement pour le S.M.A.K., un dessin mu- actuelle en Europe et autour de l’Europe: la prolifération Circle (2009), on le voit accroché à l’envers à un processus de création, la reproduction d’une pensée ral temporaire et délicat dans lequel non seulement de flux migratoires à travers le continent ou le saccage hélicoptère tout en essayant de dessiner un grand improvisée à voix haute. Abts crée parfois une série la dimension ‘temps’ occupe une place importante, du patrimoine culturel mondial, comme le temple de cercle. Les travaux qui ont en résulté témoignent de dessins plus petits au cours d’une seule session mais aussi ‘l’espace’ et le ‘son’. Le modèle abstrait Palmyre en Syrie qui n’est plus qu’un souvenir, une de la lutte physique absurde exigée par le dessin. de travail ininterrompue. Des oeuvres plus grandes des traits de crayon a été placé sur le mur avec des image. Les ruines dans les dessins de Bauer ne renvoi- L’artiste préfère ne pas parler d’une ‘performance’, sont également réalisées d’un seul mouvement, mais panneaux acoustiques de récupération. Les traits ent pas uniquement à ces destructions récentes, mais mais plutôt d’un ‘acte’, en raison de sa connotation dans ce cas, elles s’étendent sur plusieurs semaines. renvoient au son absorbé par les cavités et les trous aussi à la ruine en tant que motif de l’histoire de l’art, politique. Le fondamentalisme religieux est un des Abts commence par tracer des paramètres: une série des panneaux. Leur reflet argenté se déplace parallè- synonyme de la ‘fugacité’ et de la ‘tragédie de la cultu- thèmes de prédilection dans l’oeuvre d’Abdesse- limitée de formes, une sélection de couleurs, une idée. lement à vous dans l’espace. re’. Bauer associe l’histoire collective à une anecdote med. Le cercle est ici synonyme de simplicité et de Ensuite, elle explore les possibilités parmi cet ensem- communauté. ble d’éléments définis. Cette méthode réductrice b autobiographique jusqu’à des intrigues fragmentées de souvenirs fictifs et réels. Le dessin est pour lui un moyen d’enregistrer, d’étudier et de créer une atmosphère. aboutit à des variations, où une image passe à l’autre. 3 / Francis ALŸS 4 / William ANASTASI 7 / Thomas BOGAERT °1959, Anvers, Belgique °1933, Philadelphie, Pennsylvanie, Etats-Unis °1967, Dendermonde, Belgique 8 / Monica BONVICINI Au milieu des années ’80, Francis Alÿs a exploré A chaque dessin qu’il fait, William Anastasi s’interro- Dans le fiIm d’animation 64 Skiers, plus de 3000 Mexico City au cours d’intenses promenades. Il a ge sur ce qu’il fait et comment il dessine. Il invente à dessins filent à toute allure sur la bande sonore progressivement commencé à interpréter la ville chaque fois de nouvelles méthodes de dessin. Il se sert du japonais Kawabata Makoto. Thomas Bogaert comme un canevas et ses promenades comme de différents matériaux et formats, il expérimente avec vous entraîne dans un torrent d’images à un rythme voir et le contrôle. Relation qu’elle relativise par de des lignes. Alÿs découvrait aussi des dessins et les deux mains en même temps, il travaille en écoutant envoûtant. A l’instar des skieurs qui laissent des l’ambiguïté et une pointe d’humour. Outre la sculptu- des sculptures dans les traces des autres. Il les a de la musique et des sons d’ambiance et dans des traces de glisse temporaires dans la neige, les traces re, la peinture et l’installation, le dessin occupe aussi photographiés et filmés. En 1995, l’artiste a effectué situations différentes. C’est ainsi qu’ont été créés dessinées tourbillonnent autour de vos oreilles. une place importante dans son oeuvre. Parfois, en une promenade nocturne dans la ville de Gand avec ses Subway Drawings, Walking Drawings, Pocket Les contours des montagnes se mêlent aux traces fonction de la réalisation de sculptures, mais souvent un pot de peinture jaune qui coulait. Le parcours de Drawings, Theatre, Cinema et Taxi Drawings. Les laissées par les mouvements. Les taches, les sauts de manière autonome. Le dessin est pour Bonvicini la route s’est fait de manière intuitive. En 2004, Alÿs mouvements physiques associés aux situations dans de couleurs, les passages en saccades, les numéros un moyen de philosopher, de tester des idées et de a recommencé son action de ‘gouttes’: The Green lesquelles il dessine – en se promenant, dans un métro des pages – imperfections du processus de réalisa- fixer des pensées isolées et momentanées. La série Line suit exactement la ligne de démarcation entre la ou un taxi, une main en poche ou en étirant à peine tion des films d’animation – n’ont pas été effacés, Smart Quotations n’a pas été dessinée sur du papier Jérusalem juive et palestinienne et elle se réfère au le bras – déterminent le caractère de chaque dessin. ils confèrent du caractère à la vidéo. La musique et à dessin classique mais sur du papier d’emballage crayon vert qui a servi au commandant en chef isra- Dans la mesure du possible, Anastasi dessine les yeux l’image jouent un rôle équivalent. Elles déterminent britannique. Ce qui renforce le caractère temporaire ëlien Moshe Dayan pour dessiner cette frontière sur fermés, dans le but d’opprimer sa pensée intellectuelle toutes les deux l’énergie, le rythme, la structure, la de ce que pourrait être l’enregistrement visuel de la carte en 1948. Alÿs a mené une action poétique et d’activer la pensée subconsciente de son corps. forme et la couleur du film et créent des moments de fragments de journaux intimes. chargée d’une connotation politique. Assez ironiquement, cela le rapproche davantage de tension. Des mouvements fluides et des moments l’essence ou de la nature même du dessin que lorsqu’il chaotiques sont alternés. °1965, Venise, Italie Monica Bonvicini s’interroge sur le rôle de l’artiste dans une perspective féminine. Elle s’intéresse au thème de la relation triangulaire entre le sexe, le pou- tenterait d’imiter la nature tout en dessinant. 4 The Bottom Line The Bottom Line 5 b B/D d D 9 / Michaël BORREMANS 10 / Andrea BOWERS 13 / Thierry DE CORDIER 14 / Edith DEKYNDT °1963, Grammont, Belgique °1965, Wilmington, Ohio, Etats-Unis °1954, Oudenaarde, Belgique °1960, Ypres, Belgique L’oeuvre de Michaël Borremans hésite entre le Les dessins photoréalistes d’Andrea Bowers trouvent Thierry De Cordier présente des dessins récents Les dessins ne sont pas le produit exclusif d’une ac- réalisme absurde et le mystère lugubre. La série The leur inspiration dans les images des mass media. Si qui n’ont pas encore été exposés à ce jour. Il a écrit tivité humaine. Edith Dekyndt laisse le monde dessi- House of Opportunity présente une maison – qui la photographie est une manière pour notre culture des locutions à l’encre sur d’énormes surfaces, ner. Dans sa vidéo Dead Sea Drawings (2010), nous symbolise généralement un environnement fami- de traiter les informations, le dessin est pour elle une où il a systématiquement remplacé le sujet par le voyons apparaître des dessins sur papier que l’artis- lier – comme un objet intrigant et étrange. Dans manière de pouvoir comprendre ces informations. mot ‘Dieu’. La dimension religieuse et la banalité te a plongés dans la Mer Morte. L’eau tres salée se une des œuvres de la série, on voit une maison L’activisme constitue un des éléments de fond dans quotidienne se pollinisent mutuellement de nou- dessine dans le matériau. La recherche de Dekyndt comme œuvre d’art dans une salle du S.M.A.K. Elle l’oeuvre de Bowers. Elle isole des individus dans des velles significations. Les phrases sont manuscrites se concentre sur l’action physique des matériaux et est disproportionnée par rapport à l’espace dans masses de manifestants et les dessine dans un format en tout petits caractères. Au début, elles sont bien son effet sur leur forme. Nous l’observons clairement laquelle elle se trouve et elle adopte une échelle modeste sur de grandes feuilles de papier blanc. De ordonnées et contrôlées. Au fur et à mesure que le dans Graphite 15 (2015). En répétant inlassablement variable par rapport aux visiteurs du musée. Dans manière très minutieuse comme un ancien maître, mais texte progresse, elles deviennent de plus en plus des mouvements méditatifs de dessin de graphite la nouvelle série d’esquisses Sculptural Installation avec une netteté critique actuelle. Les variantes de hystériques et moins lisibles. L’écriture conçue sur une toile, le matériau est saturé et il ondule. Les for Abandoned Airport, Borremans pousse encore gris créent une atmosphère intemporelle et documen- comme une action méditative dégénère en posses- plis font songer à des effets d’ombre et de lumière. plus loin la relation étrange entre le corps humain et taire. Les dessins constituent un élément important sion obsessive. Dans ces oeuvres, De Cordier tâte Dekyndt expérimente aussi de l’argile sur une toile, l’architecture. La patine du papier recyclé conduit dans l’oeuvre de Bowers, qui se compose par ailleurs la limite entre le langage et l’image. Écrire devient du fromage blanc sur du jute et de la tempera sur du le spectateur dans l’univers de l’artiste coloré par le notamment d’installations consacrées à l’histoire du dessiner et inversement. papier aluminium. Elle intègre dans son vocabulaire temps, qui commente notre société de contrôle, où mouvement ouvrier, des ouvrages sur le féminisme et la violence nous guette partout et où notre corps des conférences sur sa participation personnelle à des constitue le dernier refuge. actions d’insubordination civile et sans violence. 11 / Tacita DEAN 12 / Manon DE BOER 15 / Johan DE WILDE 16 / Trisha DONNELLY °1965, Canterbury, Royaume-Uni °1966, Kodaicanal, Inde °1964, Zele, Belgique °1974, San Francisco, Californie, Etats-Unis visuel les craquelures, la matière qui s’effrite, les taches, les faux plis, et les plis qui forment les traces fortuites d’un processus physique. Les Sixteen Blackboards (1992) de Tacita Dean se Maud B. est une collectionneuse d’art. Elle possède Les dessins de Johan De Wilde sont conçus comme L’oeuvre de Trisha Donnelly se déploie dans une composent de 16 photos de dessins effectués à la notamment deux sérigraphies abstraites d’Agnes des peintures. Les lignes horizontales et vertica- zone vague où le temps, l’espace, l’image et le bruit craie sur un tableau. Des instantanés d’un dessin Martin, une des artistes favorites de Manon de Boer. les sont méticuleusement appliquées couche par interagissent d’une manière alternative. A l’aide de dans un changement continu. Le tableau fait office Les oeuvres sont protégées par un verre et sont couche. Cela semble mécanique, comme si elles dessins, de photos, de sculptures, de films et d’oeu- d’écran de projection de la pensée de l’artiste et sert accrochées dans son appartement à proximité d’une sortaient d’une imprimante. Mais les mots et les vres sonores, l’artiste active les espaces entre les de support à des esquisses et des notes dessinées fenêtre. De Boer a placé une caméra 16 mm devant images rigides et minimalistes sont enveloppés dans disciplines visuelles et en recherche les limites. Les rapidement et effacées tout aussi rapidement. Les un des dessins, le diaphragme étant réglé sur une une brume sensible. Le travail de Johan De Wilde vagues – aussi bien les ondes électromagnétiques traces nébuleuses de passages effacés et retra- luminosité moyenne. Elle a demandé à Maud B. de est parfois défini comme celui d’une ‘imprimante (ondes sonores, par exemple) que les vagues de la vaillés en témoignent et montrent ouvertement le brancher la caméra chaque fois qu’elle prenait le humaine’, car il combine complexité et sensitivité. mer – constituent un motif central. Elles expriment la temps de création et les strates du processus de temps de regarder le jeu de la lumière sur l’oeuvre. De Wilde traite un large éventail de thèmes: e.a. les fascination de Donnelly pour les fréquences, les vi- réalisation. La manière de dessiner de Tacita Dean Les nuances de couleur et de lumière du film sont symboles, le langage, le temps, l’histoire de l’art et brations et la transmission d’informations. Son travail s’inscrit dans les arts du temps, la ‘performance’ la conséquence du réglage inchangé de la caméra le souvenir. L’artiste explique la raison pour laquelle il rend ces phénomènes immatériels visibles, audibles et le ‘film’. Elle parle elle-même de ‘storyboards et du temps qui passe. De Boer utilise l’oeuvre d’art appelle tous ses dessins History, suivi d’un numéro: et perceptibles. Les dessins de Donnelly oscillent disfonctionnels’, une collection inutilisable de prises de Martin comme une surface de projection qui “Je dessine le temps, et cela dans une échelle de un entre la figuration et l’abstraction. On a souvent de vues dessinées pour un éventuel script de film. reflète l’espace réel devant l’oeuvre. Ce qui ajoute sur un. Chaque ligne correspond à une seconde.” l’impression que des informations manquent pour Les images statiques de 16 stades d’un seul tableau au dessin rationnel et minimaliste de Martin un suggèrent une intrigue qui se développe dans l’ima- nouveau dessin en mouvement qui ébauche un récit gination du spectateur. personnel. 6 d The Bottom Line pouvoir les comprendre dans leur entièreté. The Bottom Line 7 gl G 17 / Ellen GALLAGHER 18 / Andrea GALIAZZO °1965, Providence, Rhode Island, Etats-Unis °1983, Camposampiero, Italie Ellen Gallagher vous entraîne dans un monde Andrea Galiazzo reçoit dans un petite pièce isolée. Il sous-marin raffiné où évoluent des êtres hideux et doodle un motif de traits et de lignes sur votre main. charmants: des méduses en forme de cerveau, des L’artiste perçoit la performance Inky Way (2014-15) monstres marins, des bouches, des yeux et des oreil- comme un rituel initiatique. Il vous introduit de la les détachées et des crânes couverts de pustules. manière la plus directe qui soit dans son oeuvre, Elle trouve aussi son inspiration dans des faits, des convaincu que chaque compréhesion exige un point fables et des fantaisies provenant de zones situées de départ, un rite de passage qui dégage une autre au-dessus du niveau de la mer, comme l’Afrique, façon de regarder. Participer signifie être membre l’Amérique, ou le féminisme et la psychanalyse. Ces d’un sous-groupe, caractérisé par une ‘marque zones inconnues et mystérieuses attisent l’imagina- rituelle’. Par ailleurs, l’artiste renvoit au rôle implicite tion et le subconscient. La fusion et la tranformation et intensif des jeunes artistes qui consiste à faire leur sont des notions clés dans l’oeuvre de Gallagher. El- promotion. La performance du dessin exige la pré- les se manifestent aussi dans son matériel de dessin: sence de Galiazzo pour toute la durée de l’expositi- de l’aquarelle et de l’encre sur des feuilles de papier on. Par contraste, il fait dépendre la durée de vie de transparentes et perforées. Des dessins se dévelop- ses dessins de ce que le destinataire en fait. pent des deux côtés à partir de taches de couleurs H/J/L/M 21 / Roni HORN 22 / Henri JACOBS °1955, New York, Etats-Unis °1957, Zandoerle, Pays-Bas h But 2 (2013) se compose d’une concentration de lig- Dans ses Journal Drawings – une série de dessins nes, de couleurs, de signes et de mots. Le vide entoure qu’Henri Jacobs continue à développer presque le motif. Horn veut avant tout nous faire ressentir de tous les jours – il transforme en un univers personnel manière intense ‘le lieu de son dessin’ ou ‘son dessin les images issues principalement des arts moder- en tant que lieu’. L’identité fragmentée constitue un nistes et des formes en marge de ceux-ci. L’artiste thème essentiel de son oeuvre. But 2 est le produit de classe ses dessins dans un ordre chronologique, formes en pigment pur, en fusain et en vernis sur du il les numérote systématiquement et il complète carton découpé et recomposé d’une autre manière. aussi chaque année des Depots avec des images Les fragments se relient dans un ensemble global de qui l’inspirent. Cette approche très méthodique se méandres et de lignes. C’est comme si l’artiste s’était reflète dans ses images qui penchent parfois vers laissé conduire par des marquages et des mots pour l’ésotérisme: des reprises illimitées de modèles réaliser la reconstruction. Ils suggèrent des liens qui répétitifs, élaborés jusque dans les détails, et leurs maintiennent les yeux constamment en mouvement. La lignes de construction. Certains dessins évoquent sensibilité particulière de Horn pour la tactilité de la ma- des mandalas indiens ou des déformations caléïdis- tière contribue à la sensualité de ses textures visuelles. copiques. La création de cette oeuvre exige une Les regarder ressemble à la lecture d’un paysage. Les discipline quasi stoïcienne. C’est la rencontre entre hésitations, les empreintes digitales, les bords décou- la rationnalité et l’obsession. j en recouvrant et/ou révélant leurs contre-formes. La performance d’Andrea Galliazo au cours de cette exposition aura lieu chaque vendredi, samedi et dimanche de 11h à 17h. 19 / Nikolaus GANSTERER 20 / Julian GÖTHE 23 / Mark LOMBARDI 24 / Mark MANDERS °1974, Klosterneuburg, Autriche °1966, Berlin, Allemagne °1951 - +2000, New York, Etats-Unis °1968, Volkel, Pays-Bas A l’instar de la pensée qui précède l’idée, dessiner Julian Göthe a une formation de créateur de décors Les structures soigneusement dessinées de Mark L’oeuvre de Mark Manders a débuté en 1986 avec un précède le dessin, et le processus précède le résultat. de films d’animation. Ses sculptures, ses dessins et Lombardi montrent les liens politiques, économiques plan au sol, constitué de matériel d’écriture devant Nikolaus Gansterer analyse l’identité de la pensée et ses installations dénoncent le glamour et les clichés et sociétaux. L’artiste construit des théories de com- servir de base à un autoportrait écrit. L’artiste a du dessin comme des processus et il thématise leur du monde du théatre et du cinéma par une géométrie plots avec une objectivité apparente. UPI Saga, par été fasciné par sa cohésion, dictée par les objets, relation mutuelle. Son oeuvre se cristallise dans les stricte qui enferme l’expression et le drame dans une exemple, tente d’éventer les liens entre l’agence de leur couleur, leur langage et leur forme, qu’il est traces d’une chorégraphie complexe entre la pensée structure rigide. Différents motifs se retrouvent dans presse UPI et le fondamentaliste américain de droite impossible de capter avec le langage. Il a décidé de et la matière. Les dessins sont à la fois présents et les dessins de Göthe: ses sculptures en forme de Pat Robertson. Tous les éléments des diagrammes dessiner son autoportrait avec des objets pour en absents. Gansterer transposera son installation de robots apparaissent comme les premiers rôles sur la de Lombardi sont reliés entre eux. Ils forment un faire une ‘maison’ imaginaire dans laquelle il héber- dessins et d’objets au cours d’une performance en scène, les acteurs humains donnent de la structure microcosme qui semble rendre compréhensibles gerait des pensées. Manders considère chacune de un ‘diagramme multidimensionnel’ qui incarne le pro- au décor et les ornements géométriques animent des systèmes complexes. Lombardi a commencé à ses oeuvres comme une nouvelle facette de ce Zelf- cessus créatif complexe. La forme et la fonction des la scène. Le dessin mural de Göthe isole le dernier développer ses ‘nuages avec faits’ au début de l’in- portret als gebouw (Autoportrait comme bâtiment). composantes vacilleront et leur signification oscillera motif cité et en déploie les lignes dans l’espace. Des ternet qui a mis en marche des mouvements massifs L’installation Silent Studio (1989-2015) peut s’inter- entre définition et imperfection. L’installation, écrite et cordes fixées dans un modèle géométrique se ba- d’informations, d’argent virtuel et d’individus. Pour préter comme un instantané tridimensionnel d’un nommée à moitié, restera instable sans jamais devenir lancent entre la deuxième et la troisième dimension. mieux saisir cette dynamique, l’artiste a développé atelier d’artiste, comme un lieu où les pensées sont un dessin concret et achevé. Parce que dessiner s’est L’oeuvre évoque des constructions géométriques ou ses sociogrammes qui sont considérés comme une gelées. On y voit notamment des dessins réalisés sur se développer, douter, changer, renoncer, se transfor- architecturales, où il est impossible de distinguer la importante contribution à l’art conceptuel. du plâtre et une sculpture en plâtre avec des projets mer et continuer à dessiner. perspective réelle de la perspective illusoire. sales et suggestives et de traits de plume minutieux, Le samedi 24 octobre 2015 (s.r.), Gansterer active son installation au S.M.A.K. Pour des informations actualisées sur cette performance: www.smak.be 8 The Bottom Line pés et les petites taches créent un relief fascinant. m de dessin. Le dessin constitue pour Manders “plutôt une recherche de la pensée que de l’observation. Ce sont des pensées qui sont recopiées”. The Bottom Line 9 m M M/N/O n 25 / Nick MAUSS 26 / Paul MCCARTHY 29 / Matt MULLICAN °1980, New York, Etats-Unis °1945, Salt Lake City, Utah, Etats-Unis °1951, Santa Monica, Californie, Etats-Unis 30 / Marc NAGTZAAM Le dessin est un fondement dans l’oeuvre de Nick Paul McCarthy, qui a monté une exposition en L’oeuvre de Matt Mullican est une réflexion sur la Mauss. Il ouvre des possibilités qui lui permettent de solo particulièrement controversée en 2007-‘08 au connaissance, le langage, l’observation et la reproduc- opposées: l’arbitraire vs. l’ordre, la régularité vs. le cha- tester différents stades de finition et de développer des S.M.A.K., se sert du dessin comme exutoire aussi tion du monde. Son étude du comportement et des os intuitif, les règles préétablies vs. l’improvisation avec formes entre les disciplines. Mauss utilise du pastel, bien de la pensée consciente que des pulsions aspects constitutifs d’une personnalité l’a conduit dans intention. Elle apparaît dans l’espace entre la pensée des crayons de couleur, de la gouache et du fusain sur inconscientes. C’est pour lui un important moyen les années ’70 à des performances de dessin sous et l’émotion, entre le contrôle et la perte de contrôle. papier, parfois aussi des miroirs et de la céramique. de prise de notes pour étudier le développement hypnose. C’est ainsi qu’il cherche un contact avec son En échouant face aux règles de base, il cherche tout le Le mouvement de la ligne rend les objets visibles, de ses performances. C’est aussi le cas de ses subconscient qu’il appelle ‘that person’ et qu’il décrit temps à s’améliorer. La vibration et l’imprévisibilité de la assoupis ou dissimulés à travers ces matériaux. Mauss Bunker Basement Drawings (2003). Les dessins de comme un médium sans âge et asexué. La transe peut main qui dessine, ainsi que la variation des traces de la reproduit notamment des traces provenant de l’histoire McCarthy comportent des esquisses, des modèles, durer des heures et permet à Mullican de dépasser ses pointe du crayon atténuent la logique stricte d’un sys- de l’art et de la culture. Ses dessins sont parfois des diagrammes, des études de personnages, des limites. Au cours de ses performances, il applique des tème sous-jacent. A l’instar des abstraits géométriques comparés à des “mots oubliés qui sont sur le bout de plans, des indications de mises en scène, des analy- techniques de dessin surréalistes, telles que l’écriture et des (post)minimalistes, Nagtzaam crée un langage la langue”. Ce qu’ils suggèrent ne se dit justement pas. ses pour éléments de décor et des structures, ainsi automatique ou le dessin sans idée préconçue, et le Les images vulnérables et fermées hésitent entre une que des textes sous la forme de listes, de notes, de frottage consistant à frotter sur une texture avec du introversion apparente et un flou calculé. Mauss est jeux et d’associations de mots, et de fragments de matériel de dessin jusqu’à ce que des traces soient surtout connu pour ses dessins, mais il réalise aussi scripts. Ils reproduisent les phases du processus de visibles. L’hypnose dans l’oeuvre de Mullican se des peintures et des sculptures; en 2014, il a surpris le création et forment des étapes cruciales entres les manifeste comme le pendant chaotique des tentatives papier comme des composantes d’un dessin mural, ils Frieze Art Fair London en proposant une performance idées de l’artiste et ses performances live provocan- très ordonnées et presque encyclopédiques de l’artiste semblent – comme des fenêtres – offrir une vue sur un grandiose montée avec ballet. tes et critiques de la société. pour présenter le monde comme un ensemble. nouvel espace extérieur à l’espace réel de l’exposition. 27 / Lucy MCKENZIE 28 / Julie MEHRETU 31 / Jockum NORDSTRÖM 32 / Henrik OLESEN °1977, Glasgow, Royaume-Uni °1970, Addis Abeba, Ethiopie °1963, Stockholm, Suède °1967, Esbjerg, Danemark Les maquettes dessinées de Lucy McKenzie ont Julie Mehretu est surtout connue pour ses peintures Jockum Nordström est connu pour ses collages, Depuis le milieu des années ’90, Henrik Olesen initialement été exposées en rapport avec des en- dynamiques, souvent monumentales réalisées vers ses peintures, ses dessins et ses sculptures qui se s’intéresse à l’homophobie et au racisme dans la vironnements consacrés à l’Alhambra et la Villa Müller l’an 2000. Ses oeuvres partaient d’une exploration réfèrent entre autres au folklore, à l’art brut et au logique patriarcale de la démocratie européenne. La d’Adolf Loos. Face à cette architecture proche de la approfondie du dessin en tant que processus et jazz. Il a également écrit et illustré des livres pour série de dessins A.T. étudie la biographie oubliée du ‘perfection’, l’artiste a placé des enregistrements d’in- la qualification de ‘peintures dessinées’, voire de enfants et a conçu des pochettes pour disques et mathématicien britannique Alan Turing (1912-’54), térieurs de la vie quotidienne. Comment l’esthétique ‘dessins peints’ leur convient mieux. L’ADN abstrait cd. Ses oeuvres ont un aspect très associatif. La qui a développé la machine Turing, un instrument de traduit-elle et colore-t-elle la vie quotidienne? C’est de ses oeuvres se développait couche par couche à manière détachée dont les personnages sont répar- calcul qui est à l’origine de la logique informatique. un thème essentiel dans l’oeuvre de McKenzie. Bedsit partir d’images figuratives. Le dessin offre à Mehretu tis sur la feuille de papier permet une interprétation L’homme a été discrédité en raison de son ho- Glasgow est une copie de l’appartement d’un ancien une intimité qui permet plus de liberté que la peintu- libre. Le style populaire, intuitif, presque enfantin du mosexualité et il a fait l’objet de poursuites pénales. colocataire. Extrêmement sensible au bruit, il avait re. Le dessin donne plus de spontanéité à ses pein- découpage et du collage confère aux oeuvres un Ce qui peut vraisemblablement expliquer son suicide équipé son flat d’isolants sonores. Apartment Gallery tures. Les récentes images de l’artiste se composent caractère naïf. Mais l’exécution gauche est feinte. présumé. La vie de Turing semble lier étroitement son est basé sur Cabinet Gallery, une galerie d’art/atelier de structures graphiques gestuelles, d’ensembles Les images sont raffinées par leur manière de per- histoire personnelle à l’histoire du 20ème siècle. Ole- aménagé dans un flat privé à Londres des années de caractères agités. Elle parle elle-même de ‘signes mettre le hasard. Nordström a un oeil sensible pour sen a apporté des ‘corrections’ manuscrites sur des ’90. Les deux maquettes sont une réponse à la villa graphiques’. Ils portent en eux l’histoire de l’art du les ‘petits malheurs’ et le bruissement matériel qui documents originaux. Il s’agit de traces authentiques de Loos qui a volontairement été conçue comme une dessin, depuis la calligraphie chinoise mystique sé- prennent la forme de taches, de zones affectées, de de l’interaction directe de l’artiste avec le matériel de scène qui influencerait fortement la vie quotidienne de culaire à la peinture informelle des années ’50, avec déchirures et de plis dans le papier altéré. recherche. Il ne présente pas les originaux dessinés, ses habitants. Avec Origami Studio, McKenzie établit e.a. Michaux, Hartung, Soulages et Mathieu. °1968, Helmond, Pays-Bas L’oeuvre de Marc Nagtzaam évolue entre deux forces universel sans références sur le contenu en se servant de formes géométriques primaires. Même les lettres ne servent pas à lire, mais à être regardée comme des formes. Lorsque Nagtzaam réalise des dessins sur o mais des scans, de nouvelles images dans lesquelles le lien entre la géométrie de l’art du pliage de papier il attribue une valeur historique identique aux docu- et les motifs décoratifs arabes de l’Alhambra. ments et à leurs corrections. 10 The Bottom Line The Bottom Line 11 o O/P/R R/S s 33 / Gabriel OROZCO 34 / Raymond PETTIBON 37 / Robin RHODE 38 / Salam Atta SABRI °1962, Jalapa, Veracruz, Mexique °1957, Tucson, Arizona, Etats-Unis °1976, Capetown, Afrique du Sud °1953, Bagdad, Irak Gabriel Orozco reproduit de manière précise et La combinaison image-texte est fondamentale dans L’oeuvre de Robin Rhode brille par son approche Avant 2005, Salam Atta Sabri était céramiste. poétique la volatilité du quotidien. Ses dessins sont l’oeuvre de Raymond Pettibon. Ses dessins des années directe. L’artiste a grandi en Afrique du Sud, dans la Lorsqu’il retourna dans sa ville natale Bagdad cette détachés de ses installations et ses objets nettement ’70 s’apparentent très fort aux bandes dessinées. Il période post-apartheid. L’influence e.a. du hip hop, année-là, la situation était très problématique: plus connus et ils sont plus intimes. Le lien entre eux s’en est vite distancé en réalisant des dessins indépen- du breakdance, des graffiti et des skate-boards, et de des combats entre milices, une extrême violence, pourrait être qualifié de ‘hasard’, au sens où l’oeuvre dants et en affinant le lien entre l’image et le texte. la tradition de raconter par des dessins muraux ont l’instabilité politique, la corruption et le chaos. Par sculpturale d’Orozco est le produit de découvertes Pettibon s’attribue des images et les combine avec des stimulé le développement de l’esthétique de la rue manque de matériel de base pour ses céramiques, aléatoires au cours de ses promenades en ville et citations de la littérature mondiale, de la culture popu- chez Rhode. Ses actions animent la vie quotidienne. Atta Sabri s’est mis au dessin. Letters from Baghdad où ses dessins sont le fruit de petits malheurs et de laire et underground. Son thème principal est le côté Elles métamorphosent des endroits urbains en mondes est une série de dessins qui raconte, sous la forme hasards. Dans ses dessins récents, il transforme sombre de l’American Dream: drogues, sexe, religion, imaginaires où l’espace et le temps sont ressentis au- d’un journal intime, la tragédie du retour de l’artiste des feuilles d’arbres combinées à des taches et des violence et des mythes actuels de Woodstock en pas- trement et où un performer – Rhode en personne ou un à Bagdad. Les images expriment aussi bien des empreintes de mains en pastel. Les images qui en sant par Manson jusqu’à la lutte contre le terrorisme. acteur – active des dessins muraux. Le dessin est pour éléments modernistes que des motifs provenant Deux personnages sont ses alter ego: Gumby, qui se Rhode une expérience physique explicite et le moteur des civilisations antiques entre le Tigre et l’Euphrate. glisse dans toutes les situations possibles, et Vavoom, de son oeuvre. Le moyen d’expression est à l’origine La série se compose de deux types de dessins. Un qui ne peut produire qu’un seul son, mais en donnant de ses photos, de ses vidéos en stop motion et de premier type, où la structure de la feuille se compose une signification à l’ensemble. Avant sa participation à ses performances qui fusionnent des récits personnels d’une grille extrêmement pleine de formes et de l’exposition Helter Skelter: L.A. Art in the 1990s (1992), avec des thèmes socio-économiques. Son oeuvre ré- signes. Et un deuxième type, qui semble suggérer Pettibon était un inconnu dans le monde de l’art et il cente comporte aussi des références à l’histoire de l’art les tourbillons d’une tornade. Un ordre relatif et un s’est fait un nom dans le monde du rock punk avec et dépasse ainsi le fossé entre la rue et le musée. chaos apocalyptique s’entremêlent. résultent sont suggestives, riches en matière et en mouvement. Ici le dessin est moins une question de lignes que de traces spontanées. C’est la main qui crée le dessin. Plus fort encore: la main ‘est’ le dessin. Dessiner pour Orozco c’est partir des objets et du corps. La présence de l’artiste pendant le processus du dessin est incontestablement cruciale. p r des ‘fanzines’ (revues faites par des amateurs) et des pochettes de disques. 35 / Chloe PIENE °1972, Stamford, Connecticut, Etats-Unis Les dessins et les sculptures de Chloe Piene renvoient à l’érotisme et la mort. Les lignes fragiles dessinées par l’artiste font apparaître des mains, des pieds, des bras, des jambes et des corps entiers. Les personnages sensuels dessinés par Piene évoluent entre la vie, le désir et la fugacité. Ils se détendent, évoluent dans le bien-être, sont euphoriques et quittent leur corps. La Petite Mort. L’ambiance est sombre, rebelle et existentielle. Les femmes nues de Piene font songer aux squelettes de la marche de la mort d’Albrecht Dürer et aux modèles affamés dans l’oeuvre d’Egon Schiele, mais alors avec une petite touche gothique. 12 Rhode envisage de réaliser une performance au cours de l’exposition. Pour des infos actualisées: www.smak.be 36 / Carol RAMA 39 / Thomas SCHÜTTE 40 / Mithu SEN °1918, Turin, Italie °1954, Oldenburg, Allemagne °1971, Burdwan, Ouest du Bengale, Inde La première exposition de Carol Rama à Turin en Thomas Schütte a suivi une formation de peinture, Mithu Sen fait des dessins délicats et provocants qui 1945 a provoqué un scandale. Avant son inaugu- mais il s’est très vite désintéressé de ce moyen semblent raconter des histoires. Les personnages ration, la police a fait retirer toutes ses oeuvres. La d’expression. Dans sa recherche d’une relation plus – des hommes, des animaux et des êtres fabuleux – reproduction crue de Rama d’obsessions, de rêves, directe entre l’art et la réalité, il a développé, outre habitent un univers onirique entre la partie incons- de fantaisies sexuelles, de fétiches, de violence et des peintures, aussi des sculptures, des installations, ciente de la psyché et le corps conscient. Dans d’agression choquait. Son oeuvre radicale et obscè- des aquarelles, des photos, des décors de théâtre certaines images, Sen intègre du texte, tel un signal ne est autobiographique. Elle trouve sa source dans et des dessins. Il réalise de temps en temps des graphique sans signification narrative. Par ce langa- les traumatismes personnels. Le fait que l’artiste soit versions en céramique de ses travaux sur papier. ge abstrait, elle renforce le caractère impénétrable autodidacte renforce la crudité, le naturel authenti- Relief 19.02.2015 est une esquisse libre réalisée avec de ses images, tout en ouvrant des possibilités. Les que et la sensualité naïve de ses images, apparen- le doigt qui n’a pas été précédé par un travail sur dessins de Sen vont de fantaisies féeriques vers des tées à l’animisme et à l’art brut. Les dessins subtils papier. Schütte pense en images. Lorsqu’il dessine, scènes explicitement érotiques en passant par des et souvent ironiques de Rama revêtent une élégance il suit le parcours de la ligne et cherche le hasard. études semi-anatomiques. Ils sont réalisés sur du scandaleuse et une rebellion songeuse. Ses lignes ne sont jamais raisonnées. Dessiner pour papier au crayon et à l’aquarelle. Les accents obte- Schütte c’est regarder, découvrir ce qu’il ne connaît nus avec de la peinture transparente et les cadres pas, continuer à regarder et continuer à dessiner. de plexi activent la lumière et l’ombre en tant que Essayer à chaque fois de capter ce qui est proche et matériel de dessin immatériel générant momentané- familier et constater que c’est encore loin et inconnu. ment une signification supplémentaire. The Bottom Line The Bottom Line 13 s S S/T/U 41 / Jim SHAW 42 / Paul SIETSEMA 45 / Elly STRIK 46 / Ante TIMMERMANS °1952, Midland, Michigan, Etats-Unis °1968, Los Angeles, Californie, Etats-Unis °1961, Den Haag, Pays-Bas °1976, Ninove, Belgique Les Dream Drawings de Jim Shaw offrent un regard Le dessin constitue pour Paul Sietsema un moyen Elly Strik a construit autour de son oeuvre Freuds Ante Timmermans réalise e.a. des sculptures, des approfondi et cohérent inhabituel des mécanismes de concrétiser des idées pour ses œuvres dans Sofa un cadre intime avec des dessins inspirés performances et des installations, mais il est avant visuels des rêves. Depuis 1992, l’artiste ‘capte’ ses d’autres médias. Dans ses films, ses peintures et des idées de Darwin sur l’évolution et de Freud sur tout dessinateur. Il perçoit ses installations comme rêves en les racontant et les enregistrant le matin. En ses dessins, l’artiste choisit comme thème le statut l’inconscient. Le sofa ne réfère pas à une séance de des dessins dans l’espace. Ils surgissent de manière se basant sur ces prises de son, il tente de dévelop- et l’histoire stratifiée des images. Il étudie la relation psychanalyse, mais il associe l’imagination aux rêves directe, spontanée et associative à partir de questions, per des images concrètes de ses rêves incohérents. entre la création d’une image, la forme et le matériel et aux désirs. Les dessins de Strik rappellent l’origine de doutes et d’idées sur des sujets existentiels et per- Cela aboutit souvent à une succession d’associati- qui influence fortement notre regard du monde. En se de la vie, ils veulent toucher l’essence de l’être et sonnels. Timmermans analyse l’absurdité quotidienne ons bizarres et contradictoires similaire à une bande basant sur des images et des objets qu’il a collecti- montrent sa vision d’une société idéale tournée vers de la routine, du contrôle et de l’ennui, en l’associant à dessinée. Shaw note chaque fois la trame de l’his- onnés ou réalisés lui-même, Sietsema s’interroge sur l’avenir. Il ne s’agit pas seulement d’être fort dans le la question existentielle de sens de la vie. La base de toire au dos de ses dessins. L’artiste est conscient son double rôle de consommateur et de réalisateur mécanisme de survie. Il est crucial de coopérer. De Der Souffleur des Ichts est une scène, le théâtre de de l’impossibilité de saisir de manière complète et d’images. Il réactive également des méthodes de plus, la créativité est un principe de survie qui peut l’univers artistique de Timmermans. L’âne est un com- claire la schizophrénie de ses rêves, mais il continue reproduction antérieures à l’époque numérique. fusionner les êtres individuels et les histoires les plus pagnon de l’artiste depuis plusieurs années déjà, une inlassablement à compléter son journal des rêves. Par exemple, il simule la similigravure typique aux diversifiés pour en faire de nouvelles formes de vie: bête de somme qui représente l’homme empêtré dans Des images surgissent aussi de plus en plus du quotidiens avec une extrême précision en utilisant de les plantes s’associent aux animaux, les machines le web kafkaïen et dans l’inévitable train-train quotidien. processus du dessin. l’encre sur papier. Le style de dessins de Sietsema est aux vers, les cellules font songer à des yeux d’hu- Le souffleur est l’artiste en personne. Caché dans le photoréaliste. Les heures consacrées par l’artiste à la mains. trou du souffleur, il dialogue avec l’âne, avec vous et t réalisation progressive de ses dessins reflètent pour avec lui-même à la recherche du ‘Ichts’, une fusion lui la stratification de l’histoire. entre ‘ich’ (je), ‘Ichts’ (quelque chose) et ‘Nichts’ (rien). u 43 / Alexandre SINGH 44 / Bart STOLLE 47 / Rosemarie TROCKEL 48 / Ignacio URIARTE °1980, Bordeaux, France °1974, Eeklo, Belgique °1952, Schwerte, Allemagne °1972, Krefeld, Allemagne Qu’il fasse du théâtre, des collages ou des sculptures, Bien que Bart Stolle dessine tous les jours, il n’expose Rosemarie Trockel conserve ses observations et ses Inspiré par son ancienne carrière d’administrateur des qu’il dessine, écrive ou réalise des performances, ses esquisses que depuis peu de temps. L’artiste est expériences, ses pensées et ses sentiments dans affaires, Ignacio Uriarte fait des dessins qui reflètent Alexandre Singh est avant tout un raconteur d’histoires. davantage connu pour ses films d’animation avec des des esquisses et des notes. Ses ‘dessins sculptures’ l’esthétique des bureaux. L’artiste transpose des Il étudie comment notre esprit se construit une vision figures géométriques qui forment des objets et des documentent sa manière visuelle de penser et n’a- informations, des actes, des compétences et des cohérente du monde à partir de nos observations sen- personnages, mais il réalise aussi des peintures com- boutissent pas nécessairement à des oeuvres d’art matériaux dans un style abstrait pur. Il utilise du matériel sorielles, des souvenirs, des récits, des rêves, des faits plexes qui évoquent des associations avec des situati- achevées. Bien qu’ils fassent partie du processus de de bureau typique, p.e. des stylos à bille de couleur. Sa personnels et historiques. Sa série Assembly Instruc- ons techniques, sociales et urbaines. Très conscient développement d’objets, de sculptures et d’instal- manière improvisée de dessiner présente de nombreux tions se compose de collages de scans et de copies de l’impact fort important de la numérisation sur la lations, ils diffèrent des dessins-sculptures traditi- points communs avec du gribouillage, qui consiste de livres, de revues et d’internet. Singh y a ajouté des manière dont nous observons, Stolle réagit avec son onnels par leur esthétique inachevée qu’elle laisse à dessiner tout en pensant à autre chose, pendant notes qu’il a organisées en schémas disparates. Des langage lent et épuré à la production et à la diffusion libre et ouverte, comme des idées. Trockel a réalisé une conversation téléphonique, par exemple. De tels pointillés relient les assemblages sans établir de liens. de plus en plus rapide d’images. Il analyse notamment des assemblages de ses esquisses et de ses notes griffonnages qui surgissent du subconscient donnent The Pledge: Danny Rubin fait partie de la série et est la manière dont les ordinateurs ‘dessinent’: au moyen pour cette exposition. Les combinaisons semblent naissance parfois à des dessins simples, parfois à des basé sur une interview de Singh avec Rubin, scéna- d’une dispersion aléatoire, de traçages et de répétiti- générer des liens sur le contenu, mais ce n’est pas motifs plus élaborés. Des variations dans la pression riste du film Groundhog Day (1993). Singh joue avec ons de formes, et de la création de séries rythmiques ce qui importe pour l’artiste. Elle perçoit ses assem- exercée sur la plume, des groupes très méticuleux de des idées puisées dans le film: une intrigue circulaire, des chiffres binaires 0 et 1. De nombreux dessins de blages comme des “réservoirs d’idées sculpturales” lignes qui s’entrecroisent et des variations de couleurs la transformation d’un caractère, l’écriture en tant Stolle sont des variations de points, de traits et de qui offrent un regard sur son riche pouvoir associatif. sensibles et graduelles affinent davantage le gribouil- qu’acte, le cinéma, les limites réelles et métaphysiques lignes. Parfois ces éléments s’entremêlent, à d’autres lage d’Uriarte. Ses formes biomorphes et ses réseaux de l’histoire, Janus qui regarde le passé et le futur, la endroits ils s’éparpillent. “Séparation infinie et liaison organiques de lignes évoquent des micro-organismes, marmotte (grounhog) et l’imagination du spectateur. infinie”, c’est ainsi que Stolle résume la dynamique. des fossiles, des tissus animaux ou les trajets de nerfs. 14 The Bottom Line The Bottom Line 15 v V W 49 / Anne-Mie VAN KERCKHOVEN (AMVK) 50 / Erik VAN LIESHOUT 53 / Kemang WA LEHULERE °1951, Anvers, Belgique °1968, Deurne, Pays-Bas °1984, Cape Town, Afrique du Sud Dans des livres d’images d’anciens chefs-d’oeuvre Dans les années ’90, Erik van Lieshout a acquis la Les dessins muraux de Kemang Wa Lehulere religieux du Louvre, c’est surtout le jeu des mains qui a notoriété avec des peintures expressives et des témoignent de son intérêt pour les récits locaux ou inspiré AMVK pour la réalisation de ces dessins. Elle a dessins crus qui présentent un mélange de sexe, personnels et pour l’histoire et l’actualité politique également été touchée par un article sur l’importance de drogues, de culture de la rue et de personnages collective. Il est surtout fasciné par des récits perdus du rôle des mains dans le contact avec les personnes médiatiques. Il réalise dans l’intervalle des instal- ou non écrits et par la manière dont ils subissent la démentes. Les mains peuvent relier, aider, mettre de lations multimédiales avec des sculptures qui sont perte de mémoire et la décoloration. Wa Lehulere l’ordre, apporter le repos et donner de la chaleur. Mais bricolées grossièrement, des vidéos et des dessins. se sert d’une craie effaçable pour dessiner les récits elles sont aussi capables de détruire. Les images de Ils dénoncent d’une manière engagée et confrontan- passagers, inexprimés ou invisibles qu’il découvre. la crise actuelle en Europe et autour de l’Europe sont te unique les effets des problèmes politiques actuels Sa manière associative de dessiner a l’énergie d’une choquantes. Son indignation et son désir de proposer et des conflits sociaux. Les dessins de Van Lieshout performance improvisée. Wa Lehulere donne à ses des contre-images ont amené AMVK à reproduire des dans la série After the Riot II montrent le moment dessins le statut public de graffiti, tout en laissant réflexions personnelles. Elles sont colorées de codes qui suit les émeutes provoquées par le radicalisme l’espace nécessaire pour les compléter, les adapter mystérieux issus de citations inconscientes et théori- religieux, la crainte de l’étranger et l’intolérance. Le ou les effacer. L’artiste ne juge pas, mais il montre ques, et de reproductions de l’histoire de l’art ancrées langage imagé de l’artiste est vif, critique et agité. des scénarios potentiels où coexistent des points dans la mémoire collective et dont les clés permettant Par le dessin, qui constitue pour lui un des moyens de référence planifiés et des idées instantanées, de comprendre leur message ont disparu. C’est une d’expression les plus directs et les plus honnêtes, effacées ou non. réaction à l’Islam, qui considère chaque reproduction l’efficacité l’emporte sur la perfection technique. d’Allah comme un blasphème et qui, par ses excès récents, a une attitude très hostile face à la tradition chrétienne et à notre culture occidentale. 51 / Sandra VÁSQUEZ DE LA HORRA 52 / Jorinde VOIGT °1967, Viña del Mar, Chili °1977, Frankfurt am Main, Allemagne Dans les images de Sandra Vásquez de la Horra, des En pratiquant une écriture et un dessin codés, Jorin- personnages issus de contextes divers jouent des rôles de Voigt a tenté au début de sa carrière de percer dans de nouveaux mythes sur le temps, la naissance, la des phénomènes invisibles de la vie quotidienne, de vie et la mort. L’artiste puise des citations dans les my- la culture et des sciences. Par exemple, l’horizon, thes classiques et présente dans son monde fantaisiste la ligne imaginaire entre le ciel et la terre. Elle a jeté sombre des personnages d’histoires naturelles, d’en- visuellement ses idées sur papier. Dans ses oeuvres vironnements urbains et du monde politique. La Santa récentes, Voigt se tourne davantage vers le monde Muerte, un croisement entre le personnage chilien de intérieur des idées. Elle trouve de l’inspiration dans ‘la Mort’ et le cavalier de l’Apocalypse, est une figure les textes littéraires, théoriques et philosophiques clé. Il jette un pont entre le culte indigène de la mort e.a. de Schopenhauer, d’Epicure, de Celan et de et la colonisation catholique du Chili. Vàsquez de la Jung. Elle commence souvent par noter des frag- Horra ajoute parfois du texte à ses dessins: des dictons ments de textes qui évoquaient des idées spécifi- populaires qui font résonner la voix collective d’une ques au moment de la lecture. Elle développe des manière souvent ironique. L’artiste dessine au crayon formes à partir de ces fragments. Elle les découpe, sur du papier recyclé qu’elle trempe ensuite dans de les travaille et les remet à leur place initiale pour con- la cire. Ainsi, ses dessins sont stratifiés matériellement tinuer ensuite à dessiner. Cela donne des structures et revêtent l’aspect vulnérable de la peau. Ses dessins de formes pulsatoires qui s’attirent, se rejetent et sont parfois pliés en objets tridimensionnels. tournent prudemment autour de l’autre. 16 The Bottom Line w The Bottom Line 17 MUSEUMCULTUUR STROMBEEK/GENT A LINE IS A LINE IS A LINE MER. Station 17: A NEW SPIRIT IN BOOKING 02.10… 13.12.2015 02.10… 13.12.2015 MER. Station 17: A New Spirit in Booking est une exposition du MER. Paper Kunsthalle, une maison d’édition indépendante qui conçoit le livre comme une forme artistique ou un lieu pour exposer l’art. MER. est une initiative de Studio Luc Derycke. Cultuurcentrum Strombeek Gemeenteplein 1853 Strombeek-Bever www.ccstrombeek.be Ouvert 7/7 lu-sa 10-22h, di 10-18h entrée gratuite Transports publics Bruxelles > Strombeek tram 3 (Esplanade) bus 230, 231, 232 © Bart Lodewijks Parallèlement à l’exposition Drawing | The Bottom Line, l’exposition A line is a line is a line met en lumière des formes actuelles de dessin. Avec Mario Airo, Francis Alÿs, Joseph Beuys, Marinus Boezem, Kasper Bosmans, Marcel Broodthaers, James Lee Byars, Jacques Charlier, Anne Teresa De Keersmaeker, Peter Downsbrough, Humane Groene Boontjes, Bart Lodewijks, Gwendolyn Lootens, Yola Minatchy, Meret Oppenheim, Blinky Palermo, Royden Rabinowitch, Gerhard Richter, Salam Atta Sabri, Thomas Schütte, Walter Swennen, Jan Van Imschoot, Philippe Van Snick, Lore Vanelslande, Georges Vantongerloo, Hans Verhaegen et Andy Warhol. 18 19 S.M.A.K. PROGRAMME 2016 WWW.SMAK.BE (sous réserve de modifications) Vous souhaitez des informations de première main sur le S.M.A.K.? Inscrivez-vous à notre DE LA COLLECTION | SOL LEWITT lettre d’informations S.M.A.K. sur www.smak.be/fr/inscrivez-vous 11.04.2015... 14.02.2016 DRAWING | THE BOTTOM LINE 10.10.2015… 31.01.2016 AYSE ERKMEN & ANN VERONICA JANSSENS A 31.10.2015… 14.02.2016 DONATION KORAKRIT ARUNANONDCHAI MSK GENT TANGENTES 10.10.2015… 05.03.2016 LETTERS TO CHANTRI #1 The lady at the door/The gift that keeps on giving (feat. boychild) 23.02… 08.05.2016 DE LA COLLECTION | NOUVEAU! 23.02… 08.05.2016 MICHAEL BUTHE | RETROSPECTIVE 05.03… 05.06.2016 RINUS VAN DE VELDE 05.03… 05.06.2016 INVISIBLE BEAUTY 28.05… 04.09.2016 LEE KIT 28.05… 04.09.2016 ZVI GOLDSTEIN © Maria Laet, Milk on pavement, 2008 (detail) 25.06… 30.10.2016 COMING PEOPLE 2016 25.06… 30.10.2016 CHRISTOPH BÜCHEL 24.09.2016… 08.01.2017 NAIRY BAGHRAMIAN 19.11.2016… 26.02.2017 20 Où se situent les tangentes entre le passé et le présent, entre le ‘je’ et ‘les autres’? Le MSK a invité des artistes contemporains à explorer cette zone d’ombre. Utilisant diverses techniques, ils esquissent un monde animé dans lequel les relations (humaines) dominent de nouveau, remettant en question notre vision du monde dans une société mondialisée, apparemment sans bornes. Avec Edith Dekyndt, Aslan Gaisumov, Monika Grzymala, Tim Knowles, Maria Laet, Sarah Sze, Pieter Vermeersch, Gosia Wlodarczack et John Wolseley. 21 Anna Barriball a réalisé son dessin mural Soundproof II avec le soutien de La performance d’Andrea Galiazzo est supporté par 22 23 beeld/image: Michaël Borremans, The House of Opportunity (The Chance of a Lifetime), 2003 © Michaël Borremans; collectie S.M.A.K.