bbi fev p56 a 57 memoire vive - Boulogne

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bbi fev p56 a 57 memoire vive - Boulogne
BBI FEV P56 A 57 MEMOIRE VIVE
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mémoire vive
Boulogne-Billancourt
Notre histoire
IL Y A UN SIÈCLE
La grande crue de 1910
De toutes les crues qu’a connues la Seine, celle de 1910 a fortement
marqué les mémoires. Plusieurs communes de la région parisienne qu’elle
traverse et qui avaient été touchées par l’évènement, organisent,
à l’occasion du centenaire, des expositions qui témoignent de son ampleur.
Les Archives municipales de Boulogne-Billancourt se souviennent.
D
e par sa configuration géographique, la ville de BoulogneBillancourt, entourée par le
fleuve, a été particulièrement touchée
par cette catastrophe naturelle et
notamment tous les quartiers de la ville
jouxtant la Seine. 175 hectares, sur une
superficie de 616 se sont retrouvés
sous les eaux. Ce sont le rond-point de
la Reine ainsi que le quartier de
Billancourt notamment les rues du
Hameau fleuri qui ont le plus souffert.
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Ni eau, ni gaz, ni électricité…
Les nombreuses cartes postales éditées
à cette occasion montrent l’aspect pour
le moins pittoresque de la situation et
permettent de bien appréhender la réalité. Ce sont néanmoins les documents
écrits, conservés aux Archives municipales sous la cote 3 I 27, qui révèlent
le mieux toutes les difficultés des habitants et les conséquences sur leur
quotidien. Ainsi apparaissent d’abord,
à travers les lettres d’habitants et les
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attestations fournies par les
employeurs, toutes les implications
professionnelles de cette crue : plusieurs usines sont inondées et 9000
ouvriers qui se trouvent au chômage
seront indemnisés par la commune.
Nombreuses sont par ailleurs les plaintes des mariniers, appartenant à une
catégorie professionnelle indépendante
souvent oubliée. Ils sont en effet obligés de laisser leurs bateaux à quai et
subissent parfois de graves dommages sur leurs embarcations.
Face à cette situation la ville doit, dans
l’urgence, trouver une nouvelle organisation à commencer par la circulation, qui ne peut avoir lieu dans les
zones inondées qu’au moyen de
barques ou de passerelles. Il n’y a plus
ni eau potable, ni gaz, ni électricité et
les égouts débordent. Des mesures
préfectorales sont rapidement prises
pour éviter le risque le plus redouté,
celui des épidémies. L’information aux
Boulonnais est largement diffusée au
moyen d’affiches ordonnant des
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Boulogne-Billancourt
EXPOSITION
La solidarité entre
Boulonnais se manifeste
de toutes parts. Deux cents
litres de lait sont offerts par
la Grande Ferme Sainte
Suzanne.
(voir lettre ci-dessus)
Les cartes postales
représentant les innondations de 1910
à Boulogne-Billancourt.
Face à cette épreuve
méthodes de désinfection de l’eau, des
puits et des fournils. Par l’intermédiaire du bureau de bienfaisance, la
municipalité porte rapidement secours
aux sinistrés en leur apportant une
aide vestimentaire et alimentaire (des
bons de pain, de viande, d’épicerie, de
chauffage sont distribués) et en les
accueillant dans les écoles.
Un remarquable élan de solidarité
Fort heureusement les conséquences
de la crue ont été uniquement
matérielles, il n’y a pas eu de pertes
humaines à déplorer. Toutefois, il est
impossible de chiffrer les conséquences humaines dont témoignent
certains courriers emplis de désespoir.
Les drames provoqués par cette catastrophe ont heureusement été atténués
par le soutien apporté par l’Etat,
l’armée et la commune. Mais l’aide
publique serait bien insuffisante à elle
seule pour assister tous les habitants
plongés dans la détresse. Face à cette
épreuve se crée spontanément un
remarquable élan de solidarité entre
les habitants avec de généreux dons et
des actes de dévouement révélés
encore aujourd’hui par les documents
conservés aux Archives. Chacun, selon
ses moyens, du baron de Rothschild
au chanteur de rue en passant par le
Docteur Sollier (propriétaire de la clinique qui sera plus tard transformée en
premier hôpital Ambroise Paré) fournit une aide matérielle aux sinistrés ou
propose ses services.
Les associations apportent elles aussi
leur concours notamment la CroixRouge Française, ou encore l’association des Dames Françaises. Cela vaudra à tous les Boulonnais de longues
félicitations du maire de l’époque,
Pierre Lagneau, que l’on retrouve sous
forme manuscrite dans le registre des
délibérations du conseil municipal et
qui seront largement communiquées à
la population au moyen d’affiches. Sur
celle qui est datée du 3 février 1910,
l’édile conclut par ces mots : « Si les
conséquences matérielles du fléau peuvent
se crée spontanément un remarquable élan de solidarité
entre les habitants
avec de généreux
dons et des actes de
dévouement révélés
par les documents
conservés aux
Archives.
Les confitures Maître
Frères participent spontanément à l’élan de générosité.
Avec une exactitude quasi-scientifique,
presque jour pour jour, à un siècle
d’écart, la ville de BoulogneBillancourt commémore la crue de
1910 en collaboration avec le conseil
général des Hauts-de-Seine qui organise cette exposition dans le cadre
de la manifestation « la science se
livre ». Le service des Archives
présente cinq vitrines qui s’intégrent
dans l’exposition réalisée par le
conseil général. À travers un choix
de documents originaux, les visiteurs
peuvent ainsi découvrir les mesures
prises par la Préfecture notamment
en matière d’hygiène et de salubrité
afin d’éviter les épidémies puis l’aide
apportée par la commune de
Boulogne-Billancourt aux sinistrés
(distribution de bons de pain et
de viande, accueil des sinistrés dans
les écoles…). Seront ensuite
évoquées les difficultés des habitants
face à cette catastrophe (attestations
de chômage fournies par les entreprises boulonnaises, plaintes de mariniers…) puis, en réaction, les secours
apportés aux sinistrés par les particuliers (baron de Rothschild, Docteur
Sollier, artistes lyriques boulonnais…)
et les entreprises (don de confitures
par l’entreprise Maître ou de lait par
la laiterie Sainte Suzanne…).
Enfin, grâce à un grand plan
d’époque, le visiteur peut connaître
les limites exactes de la crue dans
la ville tandis que de nombreuses
photographies et cartes postales
des rues inondées permettent
de mieux appréhender la réalité
de cette catastrophe. •
être difficilement appréciées, elles seront
certainement compensées par le resserrement des liens, que la solidarité dans l’infortune aura créés entre tous les habitants
de notre belle cité. »•
Françoise Bédoussac
Exposition la Science se livre.
La grande Crue de 1910
par les Archives municipales
Du 20 janvier au 13 mars
au rez-de-jardin de l’hôtel de ville
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