Caution solidaire et contrat de séjour en EHPAD
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Caution solidaire et contrat de séjour en EHPAD
Caution solidaire et contrat de séjour en EHPAD Suite à l’affaire, qui s’est déroulée en début d’année, d’une dame de 94 ans conduite à l’hôpital suite à son « expulsion de sa maison de retraite" pour non paiement des frais de séjour. Et à l’heure où les EHPAD sont sous les feux de rampe, du fait de la volonté du Contrôleur général des lieux de privation de liberté d'étendre son contrôle à ces établissements. Actualité qui relance les débats autour de l’équilibre fragile entre sécurité et liberté dans ses structures et où les risques d’atteinte aux droits fondamentaux des personnes âgées sont une fois encore soulevés. Nous avons conduit une réflexion relative à l’éventuel ajout, en annexe du contrat de séjour d’un EHPAD, d’un acte de caution solidaire pour les obligés alimentaires. Constats actuels : - La tension monte du fait de l’augmentation du nombre de personnes en difficultés financières - Les établissements sont de plus en plus confrontés à l’augmentation des retards de paiement - Les personnes les plus promptes à payer et/ou à trouver des solutions ne sont pas forcément celles qui ont le moins de moyens - Les tuteurs, membres de la famille, semblent être de ceux qui posent le plus de difficultés aux établissements - Les établissements commencent à mener une réflexion autour de ces questions Suite à ces constats il est apparu utile de faire un tour de piste des institutions afin de les interroger sur leurs pratiques. Un rapide sondage auprès des établissements du secteur PNL adhérents à l’URIOPSS a donc été réalisé et il semblerait que les pratiques soient très diverses sur cette question. Apparemment il y aurait autant de pratiques que d’établissements. Toutefois on peut les regrouper en trois catégories : o Certains établissements, et il semblerait que ce soit encore à ce jour la majorité, n’ont pas recours au cautionnement solidaire o D’autres, et il semblerait que ce soit une minorité, ont inclus une caution solidaire de tous les obligés alimentaires dans leur contrat de séjour o Et enfin, quelques uns, mettent en œuvre ce cautionnement solidaire en fonction de l’état des ressources de la personne accueillie dans l’établissement. Uriopss Paca et Corse 54, rue paradis 13006 Marseille 1/3 Eléments de réflexions proposés par l’URIOPSS pour les établissements qui souhaiteraient mettre en place cet acte de cautionnement solidaire : En premier lieu, il semble que l’ajout d’un tel acte ne soit pas contraire à la législation dans l’hypothèse où la personne qui sera accueillie dans l’établissement n’est pas bénéficiaire de l’aide sociale En second lieu, il est important que les établissements qui souhaitent mettre en place ce cautionnement solidaire soient attentifs aux modalités de sa mise en œuvre. En effet, aux vues des diverses pratiques, quelques questions (ci-dessous référencées) se sont posées à nous, questions sur lesquelles nous allons tenter de vous donner notre point de vue : 1. à quel moment faire signer cet acte de cautionnement solidaire ? o admission o contrat de séjour 2. à qui le faire signer ? o la personne qui s’occupe de l’admission du/de la résident(e) o l’ensemble des personnes « obligées alimentaire » du/de la résident(e) 3. à quelles conditions/ sur quels critères proposer cet acte ? o en fonction des ressources du/de la résident(e) o après avoir proposé le recours à l’aide sociale Concernant le support, il n’est pas certain que le contrat de séjour soit le bon support. En effet, bien que la nature contractuelle du contrat de séjour soit reconnue par les juges judiciaires dans le cadre d’affaires en responsabilité civile ; nous vous rappelons que pour la Cour de cassation, c’est l’admission en tant que telle (c'est-à-dire l’entrée de la personne dans l’établissement), qui fait naître la relation contractuelle entre un usager et la structure sociale ou médico sociale1. C’est pourquoi, certaines structures ont choisi d’inclure l’acte de cautionnement solidaire dans le dossier d’admission. Cependant, nous vous proposons d’envisager la démarche suivante : Suite à la réception du dossier d’admission et à l’étude de l’état des ressources de la personne accueillie dans l’établissement : - Soit la personne est bénéficiaire de l’aide sociale - Soit la personne dispose de ressources suffisantes - Soit la personne ne peut pas financer seule les frais de séjour Dans ce dernier cas, vous pourriez proposer à la personne de faire une demande d’aide sociale et, en parallèle soumettre l’acte de caution solidaire aux obligés alimentaires dans l’hypothèse où la demande d’aide sociale n’aboutirait pas. Une fois cette procédure déterminée, nous vous recommandons en outre d’être très attentif au formalisme de l’acte de cautionnement (date, montant, durée de l’engagement, mention manuscrite, signatures). Pour vous aider dans la rédaction de cet acte, vous trouverez ci-dessous les principaux articles du code civil et code de la consommation. 1 Extrait des ASH du 16 décembre 2011 sur « Les droits des usagers des structures sociales et médico sociales » Uriopss Paca et Corse 54, rue paradis 13006 Marseille 2/3 Formalisme du cautionnement solidaire : code civil et code de la consommation Sur le cautionnement : article 2288 et suivants du Code civil (CC) Sur le cautionnement solidaire avec un créancier professionnel : article 2298 du Code Civil et les articles L341-1, L341-2 et L341-3 du Code consommation Article 2292 CC : « Le cautionnement ne se présume point ; il doit être exprès, et on ne peut pas l'étendre au-delà des limites dans lesquelles il a été contracté. » Un cautionnement non commerçant doit satisfaire à l’article 1326 CC (signature de celui qui s’engage et mention écrite « par lui-même », de la somme en toutes lettres et en chiffres.) De plus, il existe diverses obligations à la charge du créancier professionnel qui demande l’engagement d’une personne physique comme caution : conditions de forme, obligation d’information, principe de proportionnalité et limitation du cautionnement solidaire dans son montant. Le non respect de ces obligations entraîne la nullité du cautionnement. Sur les conditions de forme : les articles L 341-2 et L 341-3 du Code de la consommation, requièrent que tout cautionnement, souscrit par acte sous seing privé par une personne physique envers un créancier professionnel, soit assorti de mentions manuscrites précises, à peine de nullité de l’engagement. Caution simple : article L 341-2 du Code de la consommation: « Toute personne physique qui s'engage par acte sous seing privé en qualité de caution envers un créancier professionnel doit, à peine de nullité de son engagement, faire précéder sa signature de la mention manuscrite suivante, et uniquement de celle-ci : "En me portant caution de X..., dans la limite de la somme de ... couvrant le paiement du principal, des intérêts et, le cas échéant, des pénalités ou intérêts de retard et pour la durée de ..., je m'engage à rembourser au prêteur les sommes dues sur mes revenus et mes biens si X... n'y satisfait pas lui-même." Caution solidaire : article L 341-3 du Code de la consommation : « Lorsque le créancier professionnel demande un cautionnement solidaire, la personne physique qui se porte caution doit, à peine de nullité de son engagement, faire précéder sa signature de la mention manuscrite suivante : "En renonçant au bénéfice de discussion défini à l'article 2298 du code civil et en m'obligeant solidairement avec X..., je m'engage à rembourser le créancier sans pouvoir exiger qu'il poursuive préalablement X...". Enfin, s’agissant de la durée de l’engagement, le corollaire de l’imprécision à ce niveau est la faculté, pour la caution de pouvoir y mettre fin à tout moment et, pour le surplus, il faut et il suffit que l’engagement faute d’être déterminé, soit déterminable2 27 février 2013 Cécile BENEZET Conseillère Technique Enfance - Famille, droits des personnes, établissements sanitaires 2 Dijon, 3 octobre 1985. Uriopss Paca et Corse 54, rue paradis 13006 Marseille 3/3