TARIFS POSTAUX : LA PRESSE EN DANGER Quel prestataire peut

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TARIFS POSTAUX : LA PRESSE EN DANGER Quel prestataire peut
TARIFS POSTAUX : LA PRESSE EN DANGER
Quel prestataire peut, sans contrepartie, imposer à ses clients des augmentations annuelles de 3 % à 5 % de
ses tarifs sur les 7 ans à venir ? La Poste, société monopolistique en quête de stratégie pour sa branche
Courrier.
Sans concertation préalable, autre que des discussions informelles sur la base d'un rapport confiné au
secret, le Gouvernement vient d'asséner aux éditeurs de presse déjà en situation précaire, la perspective
d'une augmentation massive (hors inflation) de leurs charges sans que l'entreprise de service public ne
soit soumise en retour à la moindre obligation d'optimisation de ses coûts. Et ce, alors même que les
recommandations du député Michel Françaix, rapporteur pour avis du PLF 2016, et les déclarations de
Mme Fleur Pellerin lors de la Conférence des Editeurs de 2015, laissaient entrevoir une évolution des tarifs
postaux "autour de l'inflation".
Cette décision est d'autant plus inacceptable que dans le cadre des accords Schwartz qui couvrent la période
2008-2015, seule la Presse a respecté sa signature, l'Etat ayant réduit arbitrairement son aide au transport
postal de la Presse et La Poste n'ayant respecté ni sa promesse de bâtir une solution de portage viable, ni son
engagement "à considérer la question du déficit comme réputée définitivement réglée à l'issue" de ces accords.
Sans oublier non plus que les politiques gouvernementales menées ont inopportunément alourdi les charges
de l'opérateur public en l'obligeant à des recrutements absurdes dans un contexte de restructuration drastique
de l'activité Courrier.
Au cœur de l'activité Courrier, la Presse occupe une place particulière. Tout d'abord, la presse est un des
rares clients de La Poste qui souhaite rester dans la sacoche du facteur, tous les autres numérisant à tour
de bras pour la quitter. D'après l'auteur du rapport précité, "la presse joue un rôle structurant sur la
branche Courrier", dont elle assure 17 % des volumes et une part importante du J+1 qu'elle "justifie en
grande partie". La politique gouvernementale qui va se traduire inévitablement par un désengagement
de la presse faute de combattants, ne peut que traduire une volonté de désengagement de La Poste de sa
mission de service public en termes de couverture territoriale et temporelle avec un inéluctable abandon
du J+1, voire de l'acheminement sur le dernier kilomètre, jusqu'à la boîte aux lettres du citoyen.
Cette politique doit être assumée publiquement. Incompatible avec l'acheminement de quotidiens, elle
doit conduire à une position claire de La Poste sur l'acheminement de ces titres et notamment, comme
cela a été fait pour la distribution en kiosque, à une identification des coûts spécifiques qui leur sont
attribuables alors que l'opérateur public s'est désengagé du portage dans un mouvement que le même
rapport juge lui-même incompréhensible en appelant La Poste à "réinvestir le portage".
Adaptable à l'acheminement des autres périodicités, cette politique doit parallèlement mener à une réflexion
éclairée sur l'adaptation de l'outil industriel à ces flux moins urgents qui bénéficient d'une forte prévisibilité.
La FNPS travaille déjà sur des solutions de contournement du service postal mais reste ouverte à tout
échange sur le sujet.
Les décisions annoncées, qui engagent le dépérissement de la Presse jusqu'en 2022, ne peuvent que susciter
la réprobation des éditeurs et remettre en cause la confiance de la Presse en son avenir, pourtant structurant
dans une société démocratique. Au surplus, elles risquent de conduire à des contentieux jusqu'au niveau
européen et à des positions irréconciliables au sein de la Presse française alors que des situations de distorsion
de concurrence vont se multiplier.
Le 3 décembre 2015
Contact presse : Catherine Chagniot – FNPS – 01 44 90 43 60 – [email protected]
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