Journal du pèlerin - Cathédrale du Puy

Transcription

Journal du pèlerin - Cathédrale du Puy
Cathédraledu Puy
N°0 - février 2014
Notre-Dame
Journal du pèlerin
Trésor de la Cathédrale
Un pélé très frais...
La maîtrise du son et du sens
www.cathedraledupuy.org
Vie de la Cathédrale
VIE D E L A C at h é d r al e
Père Emmanuel
Gobilliard,
recteur de la Cathédrale
L
Cathédrale Notre-Dame du Puy,
Journal du pèlerin est un journal édité
par Bayard Service Édition.
Savoie Technolac
73377 Le Bourget du Lac cedex
[email protected]
www.bayard-service.com
Directeur de publication :
Père Emmanuel Gobilliard
Secrétaire de rédaction : Leïla Oufkir
Graphiste : Alexandre Kubiak
Photos : Cathédrale N.-D. du Puy,
Journal du pèlerin, sauf mention
contraire.
CPPAP : en cours
ISSN : en cours
Dépôt légal : à parution
Trimestriel.
Un journal
qui vous ressemble
a cathédrale Notre-Dame du Puy est un vrai lieu de
rencontre où se croisent ceux qui viennent déposer un
cierge aux pieds de la Vierge Noire, ceux qui partent
pour Saint Jacques, les touristes impressionnés par
la majesté du bâtiment en même temps que par sa
paisible harmonie mais aussi les « Ponots » (habitants
du Puy) qui la fréquentent parce qu’ils l’aiment. Ce
journal essayera de faire écho à ce qu’ils y vivent, ce qu’ils acceptent
de partager avec nous. De l’intimité d’une rencontre personnelle
avec Dieu en passant par le saisissement éprouvé en entendant
les chants des enfants de la maîtrise ou l’admiration que cet écrin
de pierres procure, tous ont quelque chose à nous transmettre,
quelque chose à nous dire de ce qu’ils y ont vécu. Peut-être ne
savent-ils pas que leur histoire avec ce sanctuaire est importante
pour vous ? Si vous faites partie de ceux qui ont une expérience
à partager, des impressions à livrer, ce journal est aussi à votre
service pour que vous puissiez transmettre ce que vous avez
reçu. Envoyez-nous vos témoignages ou vos réflexions. On reçoit
toujours mieux ce qu’on transmet ! La Cathédrale est un édifice
religieux, et le religieux, c’est ce qui nous relie les uns aux autres.
Ce numéro 0 est numérique pour que vous puissiez nous dire
ce que vous pensez du format du journal, des textes qu’on y
trouve, de ceux qu’on n’y trouve pas mais que vous attendiez. Si
vous aimez ce premier numéro, vous pouvez le faire connaître et
même vous abonner. Non seulement vous recevrez ce journal,
pas tout à fait comme les autres, pendant un an, mais vous
soutiendrez aussi, financièrement, notre sanctuaire qui en a bien
besoin pour poursuivre sa mission. Merci de votre confiance.
Soyez certains que... je parlerai de vous à la Vierge Noire.
Février 2014 – N°0 – Cathédrale Notre-Dame du Puy - Journal du pèlerin – 3
VIE D E L A C ATH é d r al e
Une musique
qui naît du silence
La dernière tournée de la maîtrise de la Cathédrale du Puy résume
à elle seule la triple vocation de cette école de chant ardemment
voulue puis mise en oeuvre par Mgr Brincard, soutenue aujourd'hui
par une association, le diocèse et plusieurs partenaires.
À
travers villes et campagnes d'Auvergne,
du 6 au 15 décembre
derniers, les maîtrisiens, leur directeur, un professeur du collège Saint-Joseph,
ainsi que les autres adultes encadrant les enfants, dont leur
aumônier, ont vécu « en grand »
ce qu'ils partagent régulièrement quatre après-midis par
semaine.
Vocation culturelle
C'est un aspect que les assemblées de la cathédrale et, d'une
façon générale, les publics du
Puy connaissent assez mal : la
maîtrise oeuvre au dialogue
sincère et exigeant entre la foi
et la culture.
Comme à l'occasion des huit
autres concerts, mais tout spé-
cialement le jeudi 12 décembre :
c'est à l'Opéra de Clermont qui avait dû refuser du public
- que cet échange entre la foi et
la culture s'est concrétisé. Cela
se traduisait tout simplement
par une salle conquise par les
voix des enfants mêlées à l'orchestre régional d'Auvergne. Le
répertoire de Noël aide beaucoup, c'est la grande chance
de cet héritage populaire qui
est particulièrement accessible
au coeur du public comme à
celui des artistes professionnels.
Une vocation à la prière
et à l'intériorité
Un choeur d'enfants de cathédrale est-il seulement un
interprète de plus dans l'univers
des chorales qui chantent de la
musique sacrée ? Un concert
4 – Cathédrale Notre-Dame du Puy - Journal du pèlerin – N°0 – Février 2014
de Noël est-il seulement un
récital plus ou moins abondant
de pièces sacrées, populaires
ou liturgiques ? A la maîtrise,
chaque concert, dans le prolongement des célébrations
qu’elle chante, veut relever un
défi particulier : que le travail
et la qualité musicale du chant
soient au service d'un message.
Non pas un message asséné de
façon inopportune, mais un
beau message qui se diffuse de
lui-même dans les coeurs, par
la grâce de sa beauté.
Dans la basilique Notre-Dame
du Port à Clermont-Ferrand,
une soirée de cette tournée
était consacrée plus spécialement à relever ce défi : Haydn,
Mozart, Charpentier, dans leur
musique sacrée, ainsi que les
compositeurs parfois anonymes
VIE D E L A C ATH é d r al e
des Noëls populaires, tous ont
puisé leur inspiration dans les
récits évangéliques, ou dans
les psaumes, ou dans la foi
chrétienne. Ce concert spirituel voulait mettre en lumière
cette inspiration, à travers une
présentation orale, ou encore
par la lecture des brefs versets bibliques qui renouvellent
l'écoute de la musique. La forme
de ce concert spirituel laisse
aussi la place au silence d'où
naît la musique et vers lequel
elle conduit l'auditeur… les
applaudissements n'en sont que
plus fournis à la fin.
Une vocation
pour grandir
C'est la musique et la pédagogie musicale qui
constituent les « outils »
éducatifs ordinaires à
la maîtrise. Le pari,
c'est que grâce à ces moyens,
l'enfant va découvrir et développer ses capacités. Mais chacune des tournées compte
aussi une journée de pèlerinage ou d'intériorité. Cette
tournée de
décembre
incluant
la fête de
l'Immaculée
Conception, il a été choisi de la
célébrer à l'abbaye Notre-Dame
de Sept Fons, dans l'Allier, auprès des moines trappistes.
Soutenus par la prière de cette
communauté très nombreuse
(quatre-vingt moines) et jeune,
les maîtrisiens ont pu goûter
quelques heures de calme reposant. Trois temps forts ont
rythmé la journée : la célébration de la messe à l'intention du
rétablissement de notre évêque ;
la prière des heures avec la communauté et le repas en silence ;
et enfin la rencontre avec le P.
Marie-Emmanuel.
Les questions des enfants ont
fusé, face à ce moine rayonnant
de foi. Au total, une rencontre
qui aide à retrouver Celui qui
est, au coeur de nos musiques,
comme un foyer de beauté
et d'amitié pour celui qui le
chante. Le P. Marie-Emmanuel
lançait aux enfants un appel fort
et dynamique à choisir le Christ
comme leur ami, donnant, avec
une joie communicative, le témoignage de sa propre réponse
à Jésus, quand il a choisi d'être
moine.
Père Roland Bresson
Février 2014 – N°0 – Cathédrale Notre-Dame du Puy - Journal du pèlerin – 5
VIE D E L A C ATH é d r al e
Fleurs
et louange
Pentecôte 2013 :
le choix de la
couleur rouge
dominante,
la forme des
héliconias en
haut du bouquet
évoquent les
langues de feu.
Louer le Seigneur ou lui rendre grâce
peut se traduire à travers la beauté
de la musique, les chants et les rites
lors des célébrations, ainsi qu’à travers
les fleurs qui elles aussi participent
à la louange de Dieu.
Une expression spirituelle
Le bouquet en liturgie doit tenir
compte de plusieurs points :
• Le lieu de fleurissement : le volume
des arrangements floraux sera différent
dans une cathédrale, une église ou
une chapelle.
• Les pôles principaux à fleurir : autel,
ambon, croix, cuve baptismale, statues
(…) sachant qu’ils font partie d’un
ensemble à fleurir.
• D es temps liturgiques imposant
couleurs, formes différentes… par
exemple Avent et Carême où austérité
et dépouillement sont de rigueur,
Pâques où exubérance et couleurs
sont plus adaptées ; l’Assomption, dans
notre ville mariale où les différents
pôles et l’autel de la Vierge sont particulièrement fleuris.
• Du type de célébration : eucharistique,
baptême, confirmation, ordination…
Une connaissance de la liturgie, du
Mystère Pascal et des divers sacrements
permet une expression spirituelle à
travers les fleurs. Il y a alors célébration
du Seigneur dans sa Création.
Le bouquet doit cependant rester plus
symbolique qu’allégorique, les fleurs
s’exprimant elles-mêmes.
6 – Cathédrale Notre-Dame du Puy - Journal du pèlerin – N°0 – Février 2014
VIE D E L A C ATH é d r al e
« Les fleurs et presque tous
les éléments de la Création
ont leur place dans la liturgie
comme une offrande au Créateur »
Bx Jean-Paul II
Une expression artistique
Pour respecter cette création, il faut
valoriser le Beau et l’Amour de la nature. La recherche esthétique intervient
alors, celle-ci ne pouvant se concrétiser
qu’avec une large connaissance des
critères, principes et techniques de l’art
floral, tels que :
• Les critères : l’équilibre (réel et visuel), l’harmonie (dans la forme et les
couleurs), le rythme, les contrastes, le
relief, le mouvement sont à appliquer.
• Les notions de point focal (invitant au
recueillement), d’espace, de rayonnement doivent intervenir selon le style
et la forme des compositions.
• Le respect des végétaux donc de la
Création doit se manifester dans le
traitement de ceux-ci, employés de
manière naturelle selon le sens de la
pousse (verticale ou horizontale). Ils
seront conditionnés de manière à garder fraîcheur et beauté et choisis selon
les saisons, la flore et les éléments nous
entourant (racines, souches, mousses
et écorces…).
Pâques 2013 :
la Résurrection
est symbolisée
par les branches
de forsythia
en fleurs,
le mouvement
des arums
et la multitude
de fleurs jaunes
à la base du bouquet.
Ainsi s’exprimera la présence de Dieu
dans le bouquet. Il deviendra alors
louange.
« C’est dans la beauté de la nature  
que Dieu se révèle » Jocelyne Vuillet
Février 2014 – N°0 – Cathédrale Notre-Dame du Puy - Journal du pèlerin – 7
VER S S A I N T- J AC Q U E S D E C O M P O S TE L L E
Vers Saint-Jacques
de Compostelle
8 – Cathédrale Notre-Dame du Puy - Journal du pèlerin – N°0 – Février 2014
VER S S A I N T- J ACQ U E S D E C O M P O S TE L L E
L'histoire des chemins
de Saint-Jacques
Qui est saint Jacques ?
Saint Jacques, l’un des douze
apôtres, est le fils de Zébédée
et de Salomé, et le frère de
Jean. La tradition le nomme
« Jacques le Majeur » pour le
différencier de l’autre apôtre
qui porte le même prénom,
Jacques, fils d’Alphée, dit « le
Mineur ». Selon la tradition,
l’Espagne lui aurait été dévolue pour qu’il l’évangélisât.
Mais sa prédication en ces
terres aurait été un échec.
L’apôtre revint en Palestine,
où il fut décapité aux alentours
des années 41-44.
à un ermite du nom de Pelayo
l’emplacement de la sépulture,
appelé dès lors campus stellae
ou « champ de l’étoile » – ce
qui aurait donné, selon d’autres
étymologistes, le mot « Compostelle ». Le roi des Asturies
Alphonse II le Chaste érigea
une église à côté du tombeau.
Et c’est ainsi que naquit SaintJacques-de-Compostelle.
Comment peut-on
expliquer le succès
que rencontrent
actuellement les
chemins de SaintJacques ?
Comment est née la
Plusieurs événements récents
ville de Saint-Jacquessont à l’origine du renouveau
de-Compostelle ?
des chemins de Saint-Jacques.
La tradition prend ici le relais Tout d’abord, le fait qu’ils aient
des Écritures. Les disciples de été proclamés, en 1987, « Presaint Jacques auraient alors mier Itinéraire Culturel » du
recueilli sa dépouille mor- Conseil de l’Europe. Ensuite,
telle pour la déposer dans une en 1989, les Journées Monbarque, qui aborda en Galice, diales de la Jeunesse, où le pape
à Padrón. Ce corps fut enterré Jean-Paul II rassembla 500
dans un compostum, c’est-à- 000 jeunes à Saint-Jacquesdire un « cimetière » (telle est de-Compostelle. Enfin, en
l’une des étymologies du nom 1993, le Camino Francés a été
de « Compostelle »). Il resta inscrit au Patrimoine Mondial
ignoré jusqu’à ce qu’au début de l’UNESCO ; en France,
du IXe siècle, le 25 juillet 813, plusieurs tronçons de cheune étoile ne vienne indiquer mins, édifices ou ensembles
architecturaux (parmi lesquels,
au Puy-en-Velay, l’ensemble
cathédral et l’Hôtel-Dieu)
bénéficient également de cette
inscription.
Combien de pèlerins
recense-t-on chaque
année à Saint-Jacquesde-Compostelle ?
En 1987, 2900 pèlerins ont
reçu la Compostela (certificat
de pèlerinage délivré par la
cathédrale) à leur arrivée à
Saint-Jacques. En 2008, il y en
eut 125 141, dont 2 818 avaient
commencé leur pèlerinage au
Puy-en-Velay.
Pourquoi Le Puyen-Velay est-elle
devenue un des grands
points de départ ?
La voie du Puy-en-Velay, ou
Via Podiensis, est en effet la
plus fréquentée des quatre
grandes voies françaises. Elle
est aussi la plus ancienne,
puisque l’évêque Godescalc
serait le premier pèlerin français à avoir pérégriné jusqu’à
Compostelle en 950-951.
C’est d’ailleurs à son retour
qu’il a fait édifier la chapelle
Saint-Michel d’Aiguilhe.
Février 2014 – N°0 – Cathédrale Notre-Dame du Puy - Journal du pèlerin – 9
VER S S A I N T- J AC Q U E S D E C O M P O S TE L L E
Songes et couleurs
sur le chemin
La nouvelle exposition de Lu Yongzhong et
de Philippe Bousseaud présentée au Camino,
est consacrée au Chemin de Saint Jacques de
Compostelle, du Puy à Conques. Peintures et
Photographies représentent la richesse et la
beauté de nos paysages et de notre patrimoine
en divers lieux emblématiques du chemin.
Visites et conférences organisées en lien avec
les artistes ont accompagné l'exposition.
10 – Cathédrale Notre-Dame du Puy - Journal du pèlerin – N°0 – Février 2014
VER S S A I N T- J ACQ U E S D E C O M P O S TE L L E
L'
exposition conjointe des tableaux de
Lu Yongzhong, artiste renommé en
Chine, et des œuvres photographiques
de Philippe Bousseaud, artiste altiligérien est une expérience totalement originale, initiée l'année dernière avec l'exposition
« Voyage en Terres du milieu » présentée à
l'Hôtel-Dieu. Cette présentation peinturesphotographies de la Haute-Loire a voyagé
depuis la France jusqu'en Chine au cours de
l'année 2012 et fut sanctionnée d’un vif succès
auprès du public.
La rencontre entre Lu Yongzhong - maître
de la peinture rurale chinoise - et Philippe
Bousseaud - artiste photographe -, a eu lieu
un jour d’automne 2011… Quelque chose
se passe. C'est une reconnaissance qui s'opère
entre les deux hommes. De ce constat, ils ont
fait un voeu, celui de travailler ensemble et
d'unir leurs talents pour partager leur vision
du monde, un monde axé sur la beauté, la vie
et l'espoir. A l'initiative de Christine Arsoneau,
présidente de l’ADIV, un projet plus ambitieux
a vu le jour : peindre et photographier l'univers
du chemin du Puy-en-Velay à Saint-Jacquesde-Compostelle. Le chemin est porteur d'une
symbolique extrêmement forte rejoignant leur
conception d'un art au service de l'humanité,
tournée vers un monde de paix. Le chemin s'est
imposé de lui-même car plus qu’un pèlerinage,
une randonnée, une simple marche à travers un
paysage contrasté et varié, il est une ouverture
sur le monde, sur soi et sur les autres. Quoi
de plus naturel, dès lors, de le choisir comme
symbole de leur travail.
Philippe Bousseaud, photographe
S’approcher de l’image parfaite...
Né en région parisienne, Philippe
Bousseaud a pratiqué plusieurs métiers
avant de se consacrer entièrement
à la photographie. La nature et les
voyages ont façonné sa vision. Il est en
quête perpétuelle de lieux magiques
qui nourrissent l'âme, une recherche
jamais assouvie d'images reflétant
la beauté du monde. Il est l'auteur
de douze ouvrages et collabore au
sein des agences photographiques
Biosnature et Naturimage. Il est aussi
coéditeur des éditions Jardin des Arts.
Longtemps, il a partagé son activité
entre l'édition - livres, magazines ou
reportages - et le domaine artistique
au travers de multiples expositions,
salons, festivals, en France comme à
l'étranger. Depuis sa rencontre avec
le peintre chinois Lu Yongzhong en
novembre 2011, il travaille sur des
projets communs qui circulent entre la
Chine et la France. Ainsi, aujourd'hui,
c'est vers l'artistique qu'est dirigée
la plus grande part de son travail.
L'ouverture, fin 2010, d'une galerie au
Puy-en-Velay offre la possibilité d'une
exposition permanente de ses oeuvres.
Sa réflexion s'est focalisée sur la
signification et l'importance de
l'image. Elle le conduit à approfondir la
composition, à jouer sur la lumière et les
couleurs pour tendre vers l'harmonie
et l'équilibre. Il y a le désir impossible
de s'approcher de l'image parfaite. Une
perfection qui demande de quitter
le rôle de photographe pour celui de
peintre, s'affranchir du réel pour se
transposer dans le symbole. L'essentiel
est de donner du sens, de l'émotion,
du ressenti à l'oeuvre. La photographie
devient une image au pouvoir
évocateur sur la beauté, le rêve, la vie.
Février 2014 – N°0 – Cathédrale Notre-Dame du Puy - Journal du pèlerin – 11
VER S S A I N T- J AC Q U E S D E C O M P O S TE L L E
Lu Yongzhong, peintre
Des figures abstraites et exagérées...
Né dans une famille de paysans de la
région de Jinshan, au sud de Shanghai,
Lu Yongzhong a déjà un parcours riche.
Plusieurs fois distingué et récompensé
par les autorités culturelles de son
pays, Lu Yongzhong se voit offrir la
possibilité de montrer ses oeuvres à
l'Exposition Universelle de Shanghai en
2010. Ses peintures ont été exposées
à l'étranger, au Japon, en Inde, aux
Etats-Unis, en Grande Bretagne
et en France au musée Picasso à
Paris. Certaines de ses oeuvres sont
collectionnées par des particuliers,
des entreprises ainsi que des musées.
Lu Yongzhong s’inspire de la peinture
paysanne de Jinshan qui fusionne
différents types d'arts populaires tels
que la broderie, la coupe et le pliage
de papier, le tissage, les estampes
et les fresques. Enracinée dans le
folklore de la vie locale, cette forme
de peinture, à la fois romantique et
réelle, prend sa source d'inspiration
dans la vie quotidienne. Les couleurs
vives, les traits bruts et simplifiés, les
figures abstraites et exagérées sont ses
particularités. Chaque tableau raconte
une histoire. En 2000, il a fondé « Lu
Yongzhong villa » où un showroom
présente des peintures paysannes.
Au milieu d'un jardin de pêchers et
au bord d'un étang, c'est un endroit
propice à la création pour les peintres et
un lieu de relaxation pour les visiteurs.
En 2012, « Voyage en Terres du milieu »,
est la première grande exposition en
France, au Puy-en-Velay, ville classée
au Patrimoine Mondial de l’Humanité
par l’UNESCO. Une exposition
commune avec le photographe
Philippe Bousseaud met en lumière
deux regards sur la Haute-Loire.
12 – Cathédrale Notre-Dame du Puy - Journal du pèlerin – N°0 – Février 2014
Pour Lu Yongzhong, Philippe Bousseaud et
Christine Arsoneau, il fut nécessaire d’en
reconnaître le tracé, découvrir les paysages
qu'il traverse, en sentir les effluves qu'il dégage. Sa diversité et sa singularité furent une
source d'inspiration permanente, un terrain
fertile où puiser matière à leur créativité.
L’architecture des villes et villages traversés,
les monuments, les chapelles et églises ont
été comme autant d'oasis le long de son
parcours.
L'ensemble de l'exposition nous délivre
son message si simple en apparence mais ô
combien ambitieux : celui d'un voyage de
l’humain vers l'humanité, d'un homme sur
le chemin de sa vie dont les songes colorés
sont comme les étoiles qui guident le voyageur dans le désert.
Le camino, lieu de rencontre et de culture,
constitue un écrin parfait pour recevoir une
telle exposition.
Un catalogue édité pour
l’exposition est disponible
à la Galerie Jardin des Arts.
Galerie Jardin des Arts
Philippe Bousseaud
12 Rue Pannessac
43000 LE PUY-EN-VELAY
Tél. 09.71.57.45.94
www.philippebousseaud.fr
VER S S A I N T- J ACQ U E S D E C O M P O S TE L L E
Au retour
de Saint-Jacques
Témoignage d'un pèlerin
ses limites et ses richesses, ses
réussites et ses échecs. « Messire
saint Jacques », comme l’appelaient les pèlerins d’autrefois,
n’était que le serviteur de son
Seigneur, et « pèleriner » c’est
répondre avec lui à un appel
intérieur. La marche du chemin et la démarche intérieure
s’appellent l’une l’autre.
Autre impression marquante :
vec quelques mois celle laissée par les multiples
de recul, que peut- rencontres au fil des étapes.
on dire au retour de Cette route d’Europe attire des
deux mois de marche hommes et des femmes de tous
(16 avril – 17 juin), du Puy pays et de tous continents.Tout
à Saint-Jacques-de-Com- ce monde emprunte le même
postelle ? Marcheur solitaire itinéraire, avec des motivations
jusqu’à Cahors, j’ai ensuite pé- certes très diverses, mais avec
régriné avec trois compagnons un esprit d’entraide et dans le
de route. La première chose respect de chacun. Si on peut
qui me revient à l’esprit, c’est parler de laïcité, ce n’est pas
la marche. Non, pas la marche celle de la neutralité, mais une
en tant que performance phy- laïcité d’accueil et de respect.
sique, mais la succession des Plus que de la tolérance, c’est le
étapes, jour après jour, vers le droit reconnu à chacun d’être
but qu’on s’est fixé. Tout dé- ce qu’il est dans sa quête de vépend, bien entendu, de l’esprit rité : une invitation à construire
dans lequel on se met en route : la paix par la rencontre et le
partir en pèlerin, c’est partir en dialogue. Le sans-gêne et la
quête, se sentir attiré, pas après désinvolture existent aussi ! Il
pas, et plus encore, se savoir faut parfois s’armer de patience
attendu tel que l’on est, avec et maîtriser ses nerfs. Mais ce
A
chemin d’Europe reste une
invitation à la paix. Qu’on le
veuille ou non, c’est la foi qui,
depuis le IXe siècle, a lancé
des milliers d’hommes et de
femmes sur cette route. Je
pense qu’aujourd’hui encore,
la majorité de ceux qui atteignent le but le font dans un
esprit de pèlerins. Ceci dit, le
camino reste ouvert à tous. A
chacun sa liberté de conscience,
mais reconnaître cela est une
simple question d’honnêteté
intellectuelle. Ce chemin a une
âme. Il deviendra démonstration folklorique abandonnée
à l’exploitation commerciale
pour des gens en quête d’ésotérisme si nous l’oublions...
Quittons-nous sur ce vieux
refrain : « Quand nous fûmes
à Montjoie1, fûmes joyeux de
voir une si belle église, en ce
saint lieu, du glorieux ami de
Dieu, Monsieur saint Jacques,
qui nous a tous préservés, durant ce saint voyage ! »
Père Henri Demars,
pèlerin
1. D’où les pèlerins découvraient
Santiago à leur arrivée.
Février 2014 – N°0 – Cathédrale Notre-Dame du Puy - Journal du pèlerin – 13
N OTRE DA M E D U P U Y
Notre-Dame du
Pélé du Puy :
la jeunesse y croît !
L
Rendez-vous
les 5 et 6 avril 2014
Attention préparez-vous à vivre un pélé
comme vous n’en avez encore jamais
vécu… ! Voici l’invitation faite aux jeunes
sur le site du diocèse de Lyon : « La route
a beau être la même, elle n’est jamais
vraiment la même ! Car cette année nous
marcherons sur le thème : « Devenez
ce que vous êtes et mettez le feu au
monde ». Opportunité pour rencontrer
de nombreux autres diocèses. Le pélé
du Puy se déroulera le week-end des 5 et
6 avril 2014. Alors retenez votre weekend ! Sachez que pour cette 6e édition
il y a du nouveau ! Vous pourrez choisir
les enseignements auxquels vous voulez
participer et ainsi discuter ensuite sur ce
thème avec les autres jeunes. En bonus,
le spectacle Le bon larron de Damien
Ricour, sera joué sur place !
Invitez vos amis et intégrez-vous à une
route (+ de 30 routes diverses) et cette
année attention une route de plus s’ouvre
pour les jeunes actifs ! Tout le monde est
convié ! (18/35 ans)
Plus d’infos : www.jeunes-lyon.cef.fr
e pèler inage du
Puy existe depuis
2009 et veut être
un lieu de rassemblement et d’unité pour
tous les étudiants et jeunes
pros de Rhône-Alpes et
d’Auvergne. Les différentes
routes convergent vers la
Cathédrale du Puy-enVelay.
C’est aussi un lieu de partage : les jeunes se retrouvent en « route ». Qu’est-ce
qu’une « route » ? Il s’agit
du nom donné aux différents groupes participant au
Pélé du Puy. Une « route »
peut-être animée par une
paroisse, un mouvement,
un groupe de prière, une
communauté. Il existe aussi
la « route du sourire », avec
un programme adapté, pour
les personnes en situation
de handicap. Le pélé est un
14 – Cathédrale Notre-Dame du Puy - Journal du pèlerin – N°0 – Février 2014
temps pour se questionner
et se ressourcer à travers des
espaces de prière, les sacrements, la musique… Nous
vous attendons nombreux !
Renseignez-vous auprès des
aumôneries pour connaître
les « routes » organisées qui
pourraient vous convenir.
Concrètement,
comment ça marche ?
Le samedi, marche en route
vers Saint-Paulien suivant différents itinéraires ; 17 heures :
arrivée à Saint-Paulien. La soirée se déroule entre catéchèses,
témoignages et échanges, et se
finit par une grande veillée de
prière. Le dimanche matin,
temps de rencontre ou de
catéchèse, puis départ de la
marche vers Le Puy, où tous
les étudiants sont attendus
pour la messe de clôture dans
l’après-midi.
Puy
N OTRE DA M E D U P U Y
« Un moment
de recueillement fort »
U
n millier de jeunes chrétiens, venus des régions Auvergne et
Rhône-Alpes, ont participé au cinquième pèlerinage des étudiants du Puy-en-Velay, ce week-end. Certains sont habillés en
tenue de scouts, d'autres sont en jeans et basket. Ils ont entre
18 et 25 ans, ils sont Lyonnais, Ponots ou Clermontois et tous ont suivi
un programme très chargé depuis samedi.
Marche, méditation, prière, messe entre Saint-Paulien, Polignac et Le
Puy-en-Velay ont bien occupé le millier de jeunes participants à ce
qu'une bénévole du diocèse de Lyon qualifie de « moment privilégié de
partage ». « Les jeunes peuvent ainsi constater qu'ils ne sont pas tout
seuls, ajoute Marie-Hélène. Ce n'est pas toujours facile de dire qu'on est
chrétien dans la société actuelle. » Le thème de cette année suit celui
donné par Benoît XVI à l'année 2013 : la foi. « Je crois en la résurrection
de Jésus Christ. La foi, ça fait trente ans que je l'ai », plaisante Matthias,
un Clermontois de 25 ans. Lui et Bertrand, un compatriote, voient ce
week-end comme « un moment de recueillement fort, une retraite ».
Eglantine, 22 ans, est aussi là pour exprimer sa foi, mais pas seulement.
« C'est l'occasion de retrouver des amis », déclare-t-elle en montant
vers la cathédrale Notre-Dame de France. Mathilde est un peu en
retrait cette année. Après deux pèlerinages, elle s'est proposée pour
être bénévole. « Les gens sont surpris de nous voir en procession. Et
certains sont parfois marqués par notre passage. »
Nora Gutting, La Montagne, 8 avril 2013
Témoignage
Pourquoi diantre partir en pélé ?
Étrange de partir en pèlerin sur les chemins
lorsque Jésus entre en Roi triomphant à
Jérusalem ! Pourquoi diantre vouloir vivre un
temps de recueillement et de dépouillement !?
Cette marche a surtout été pour nous un temps
fort de communauté. Temps de prière, temps
d’enseignement, marche en silence et chants de
marche, rires et repas ont ponctué notre samedi.
A notre arrivée à Saint-Paulien a eu lieu notre
premier contact avec les Amigos qui encadraient
l’organisation. Le thème de la joie a pu être par
la suite filé : joie plénière mais éphémère grâce
aux délicieuses saucisses-lentilles du Puy ; joie
davantage profonde lors du temps d’adoration
du soir. Réveil matinal le dimanche pour ceux qui
ont pu fermer l’œil : c’est une matinée de marche
qui nous attendait pour que nous rejoignions le
lycée Saint Jacques de Compostelle au Puyen-Velay en temps voulu. Nous nous sommes
ensuite retrouvés à la Cathédrale du Puy pour
la messe des Rameaux avec le cardinal Barbarin
avec l’entrée de Jésus sur son petit âne qui se
tenait devant nous en toute simplicité. Deux
jours pour enraciner notre foi et notre joie d’être
ensemble unis !
Gaëlle, pélérine de l’édition de 2012
Février 2014 – N°0 – Cathédrale Notre-Dame du Puy - Journal du pèlerin – 15
N OTRE DA M E D U P U Y
Vierge Marie,
mère de lumière
Autour du 15 août dernier a eu lieu
un événement important dans
la cité mariale : un colloque suivi d’un
« acte de confiance » à la Vierge Marie.
Le colloque a rassemblé, grâce au père
Bernard Peyrous, recteur
des sanctuaires de Paray-le-Monial
et autour du cardinal Paul Poupard,
des théologiens,
des historiens, des personnes engagées
au service de la cité, des témoins
pour une réflexion autour de la
question de la prière pour la France.
16 – Cathédrale Notre-Dame du Puy - Journal du pèlerin – N°0 – Février 2014
D
es sanctuaires, dont celui de Notre
Dame de France, ont l’habitude de
prier pour notre pays, ses dirigeants
et ses habitants. Mais, que demandons-nous à Dieu lorsque nous prions pour la
France ? Que notre pays soit le meilleur ? Qu’il
réalise sa vocation ? Qu’il soit accueillant ?
C’est à ces réponses et à bien d’autres que les
intervenants ont répondu avec brio. Relayé
dans les médias, ce colloque a attiré un public
nombreux. En raison de la qualité des interventions, un recueil des actes du colloque
devrait voir le jour pour permettre au plus
grand nombre d’en bénéficier. Ceux qui sont
intéressés par ces actes pourront d’ailleurs se
N OTRE DA M E D U P U Y
faire connaître au secrétariat
du sanctuaire en envoyant
leurs coordonnées : contact@
cathedraledupuy.org
La statue de Notre Dame de
France, toute restaurée, a été
honorée pendant la procession et la veillée de prière du
14 août au soir. Des milliers
de personnes ont adressé, à
la suite de Mgr Brincard,
du cardinal Paul Poupard,
de Mgr Luc Ravel, évêque
aux armées, et Mgr Jacques
Habert, évêque de Sées un
« affidamento », un acte de
confiance à Marie.
Pourquoi une
consécration à Marie ?
A la croix, Jésus a fait don
de sa Mère à Jean et par lui à
chacun de nous « Fils, voici
ta Mère » Jn 19,27 Surabondance d’amour de la part
de Celui qui s’est livré par
amour pour les hommes. Jésus
nous donne sa Mère et tant
Notre-Dame du Puy que
Notre Dame de France nous
donnent Jésus, son Fils. « La
consécration à Marie fait écho à la
volonté ultime du Christ. L’acte
de consécration, c’est prendre
Marie « chez nous » comme
l’apôtre Jean le fit au pied de la
croix. » nous dit Mgr Brincard.
Jésus est le seul rédempteur
mais, Il nous donne Marie
comme mère, comme celle
en qui nous pouvons placer
notre confiance en croyant à
son amour maternel. En nous
remettant entre les mains de
Marie, nous nous unissons à
son « oui » pour faire tout ce
qu’Il nous dira en vue de la
Gloire de Dieu.
Extraits de l’acte de confiance
«Vierge Marie, nous te remercions d'être avec nous, comme tu
étais autrefois auprès de Jésus, des apôtres et des époux des
noces de Cana ainsi que de toute leur famille et de leurs amis…
Nous te remercions d'être pour nous : Notre-Dame du Puy,
Notre-Dame de la Prière, Notre-Dame de Chartres ; Notre-Dame
de Rocamadour, de Fourvière, de Paris, Notre-Dame de Lourdes,
de la Salette, de la Garde et de tant d'autres lieux, comme autant
de grains du chapelet qui font de notre pays un Rosaire vivant
en ton honneur, … Nous avons confiance en toi, parce que tu
es Reine et Mère de Miséricorde. Tu es notre vie, notre douceur
et notre espérance. Tu es notre avocate tournant vers nous des
yeux pleins de bonté. Tu es aussi celle qui nous montre Jésus
maintenant et au terme de notre exil…
Nous te confions :
• les familles qui habitent en France, en métropole et au-delà
des mers,
• les jeunes dont nous voudrions qu’ils éprouvent aujourd’hui
et demain l’estime et l’affection de l’Église,
• les anciens, ces maillons nous reliant à la longue chaîne de notre
histoire et qui nous ont transmis la vie,
• les pauvres parmi nos concitoyens,
• les malades,
• ceux qui sont abandonnés par leurs proches ou à cause de
notre égoïsme.
Viens au secours des malheureux, console les affligés, prie pour
le peuple chrétien et pour les ministres ordonnés de l'Eglise,
intercède pour les consacrés. Qu’ils ressentent tous ton aide,
ceux et celles qui t'invoquent, toi Notre-Dame de France !
Vierge Marie, notre Mère et notre Reine, avec toi, nous voulons
être tout à Jésus, à la gloire du Père dans l’Esprit Saint. Amen !
Mgr Henri Brincard
Février 2014 – N°0 – Cathédrale Notre-Dame du Puy - Journal du pèlerin – 17
Patrimoine
PATRI M O I N E
La Cathédrale, grâce à de merveilleux
collectionneur, Daniel et Josiane Fruman,
à l’aide de l’Etat et d’un mécène généreux,
possède l’une des plus belles collections
de broderies liturgiques au monde.
Elle est présentée dans le cloître de la
cathédrale. Dans ce journal, nous avons
choisi de vous faire découvrir l’un de
ces joyaux qui sera accompagné d’un
commentaire historique et technique
de Daniel Fruman en personne et d’un
commentaire spirituel du recteur de
la cathédrale. La première présentée
est en lien avec la fête patronale de la
Cathédrale, la fête de l’Annociation.
U
n panneau de
27x38cm est décoré
d’une scène de l’Annonciation : une
production typique de l’Italie méridionale, surtout des
villes de Lecce et de Naples,
au XVIIIe siècle. La technique
employée consiste à recouvrir
un carton de quelques millimètres d’épaisseur d’une fine
couche de cire sur laquelle
on pose des fils de soie en
suivant les contours des zones
à représenter et à les coller
fermement aussi régulièrement et serrés que dans une
broderie. On parle alors, par
extension, de broderie à fils
collés puisque le résultat obtenu s’apparente à celui de la
broderie en couchure où les
Le trésor br
fils posés sur l’étoffe sont fixés
par des points croisés piqués au
travers de l’étoffe. En jouant
avec la qualité et la couleur
des fils de soie et métal, la
façon de leur faire épouser
les contours des objets et personnages, la manière d’accentuer les plis des vêtements
avec des nuances diverses, et
la délimitation de l’espace,
les artistes réussissent à créer
de véritables œuvres d’art.
Cependant, cette technique
ne se prête pas à la réalisation des carnations, figures et
membres des personnages, qui
sont obtenus par pinceautage
à la détrempe sur un satin de
soie fixé à l’aide de la couche
de cire. À gauche de notre
panneau, devant un lit clos par
18 – Cathédrale Notre-Dame du Puy - Journal du pèlerin – N°0 – Février 2014
de la ca
une draperie, la Vierge à demi
retournée est agenouillée sur
un prie-Dieu où se trouve un
livre ouvert faisant apparaître
peut être la prédiction d’Isaïe
«Voici, la jeune fille deviendra
enceinte, elle enfantera un fils.
» (Is 7, 14). Elle est surmontée
de trois chérubins et de la
colombe du Saint Esprit. Au
centre, sur un escabeau, un
panier contient son ouvrage.
À droite, l’Ange de l’Annonciation est accompagné de
deux angelots portant le lys,
et de deux chérubins sur un
nuage. La scène se passe dans
une pièce au sol en damier en
perspective, fermée par un
mur lambrissé décoré d’un
pilastre.
Daniel Fruman
©©Le trésor brodé de la Cathédrale du Puy-en-Velay, Éditions Albin Michel.©
Photo Alain Rousseau.
PATRI M O I N E
brodé
cathédrale
D
ans cette scène de
l ’A n nonc i a t ion ,
nou s voyon s l a
vierge Mar ie en
prière. Elle dialogue avec
son Dieu et vit avec lui une
intimité unique. Pourtant
l’ange vient déranger cette intimité, il fait irruption dans la
vie de Marie pour en changer
radicalement le cours. Quand
on aime, il faut s’attendre
à être surpris, bousculé par
l’autre. Par l’amour, notre
vie est bouleversée, son cours
peut en être radicalement
changé. C’est exactement
ce qui se passe pour Marie.
Dieu, par l’ange, lui annonce
qu’elle va être la mère de son
Fils bien-aimé. Elle va être
mère, elle qui avait renoncé,
par sa consécration virginale, à la maternité. Par son
acceptation, par son « oui »,
Marie permet au Très Haut
de se faire le très bas, elle
permet à Dieu de partager
notre humanité avec ses joies
et ses souffrances, avec ses
combats aussi. Celui que le
ciel ne peut contenir va se
faire l’un de nous, Dieu présent dans un enfant, dans un
embryon même ! Le Verbe, la
Parole de Dieu choisit d’être
muet, peut-être pour nous
apprendre à nous taire et à
écouter, comme Marie, à
être attentif au tout Autre
qui se manifeste souvent à
notre porte dans la personne
du pauvre. Le tout puissant
se fait vulnérable, peut-être
Scène de
l’annonciation :
un panneau
de 27x38 cm.
pour nous apprendre l’humilité qui obtient beaucoup
plus que l’orgueil et la volonté
de puissance. L’humilité nous
obtient l’amitié de ceux que
nous aimons. Marie, l’humble
servante, à l’écoute des besoins de l’humanité devient
à l’Annonciation la demeure
de Dieu pour qu’à notre tour
nous puissions recevoir Dieu
dans notre cœur et porter,
avec lui, en lui, notre humanité souffrante et qui a soif
d’être aimée »
Père Emmanuel Gobilliard
Février 2014 – N°0 – Cathédrale Notre-Dame du Puy - Journal du pèlerin – 19
PATRI M O I N E
Histoire
du sanctuaire ma
La ville du Puy-en-Velay occupe un site remarquable et singulier,
façonné par une activité volcanique exercée il y a un à deux millions
d’années. Les vestiges de cette activité accueillaient vraisemblablement des lieux de culte avant l’ère chrétienne : rochers d’Aiguilhe
et Corneille, mont Anis.
L
es légendes médiévales et la tradition
relatent des guérisons
de femmes gallo-romaines sur une pierre du mont
Anis ; le locus d’Anicium est
mentionné par Grégoire de
Tours.
D’autre part, les données
archéologiques attestent la
présence d’un sanctuaire
païen, puis chrétien, dédié à
la Vierge Marie, ainsi qu’un
centre épiscopal. La fondation d’un sanctuaire marial
est à rapprocher d’un décret
du concile d’Éphèse (431)
instituant la Vierge, mère de
Dieu, la Théothokos.
Anicium devient un centre
de pèlerinage très fréquenté,
la ville se développe autour
du sanctuaire et du quartier
épiscopal, sur les flancs sud et
ouest du mont Anis, ceci du
Xe siècle à nos jours. (Anicium, Podio Sanctae Mariae,
le Puy-en-Velay)
Témoignage de la renommée du sanctuaire dans la
chrétienté : le pape Léon IX,
en accordant le pallium à
l’évêque Etienne de Mercoeur en 1051 déclare : « Nulle
part la sainte Vierge ne reçoit un
culte plus spécial et plus filial de
respect, d’amour et de vénération
que celui que les fidèles de la
France entière lui rendent dans
cette église du mont Anis autrement dite du Puy Sainte Marie ».
Les papes, les rois et les chrétiens anonymes honorent le
sanctuaire de leurs visites et
le comblent de leurs dons.
La cathédrale :
un édifice unique
par son accès central
A l’apogée des pèlerinages,
XIe, XIIe et XIIIe siècles, le
nombre croissant des pèlerins
nécessite l’agrandissement
des églises, dont celui de la
cathédrale du Puy.
La topographie des lieux impose un agrandissement à
l’ouest en deux campagnes
de travau x, au x X II e et
XIIIe siècles : l’édifice pri-
20 – Cathédrale Notre-Dame du Puy - Journal du pèlerin – N°0 – Février 2014
mitif comporte un chœur
et une nef de deux travées ;
la nef est agrandie de quatre
travées supplémentaires, deux
reposent sur le remblai, les
deux autres sur le vide !
Ces quatre travées se manifestent par le porche ; introduisant un accès central directement dans la nef, le porche
soutient la nef, prouesse architecturale et ingéniosité
des hommes de l’art ! Un bel
effet pour passer de l’ombre
à la lumière, une conversion
des cœurs…
Fermé à la fin du XVIIIe, cet
accès sera ouvert à nouveau
lors des travaux effectués de
1994-1998. Imaginons un
instant le peuple médiéval en
pèlerinage au Puy. Situonsnous dans ce contexte : la
crainte de l’enfer est très présente, il faut expier ses fautes,
le seul moyen de « gagner son
paradis » et de sauver son âme
consiste à faire pénitence, à se
mettre en route vers un sanctuaire, prier les intercesseurs
PATRI M O I N E
marial
privilégiés que sont la Vierge
Marie et l’archange Michel !
Mais au Puy, point de tympan pour expliquer le Jugement Dernier qui attend tout
chrétien après sa mort, une
Sainte Ymage et une pierre
miraculeuse dont on espère
la guérison des maux !
Le peuple aime les légendes, le
merveilleux, écoute les récits
de ceux qui se sont déjà rendus au Puy et aussi en Galice,
prier l’apôtre Jacques… c’est
la direction, un des chemins !
Les hostelleries sont pleines,
la rue des Tables est encombrée d’étals où sont vendus
orfèvrerie et colifichets, de
pèlerins et de mulets… devant
la cathédrale, on emprunte
la rue des Gazes, on pénètre
sous le porche où s’achètent
les images, les cierges et les
enseignes… la foule est dense,
surtout lors des jubilés, peuton voir les peintures de la
Vierge présentant son Fils à
la vénération ? La transfiguration du Seigneur, manifestation de Sa divinité ? Peut être !
On gravit l’escalier, et là, sur
« une table », siège l’image
de Marie : une statue, coiffée d’une couronne étrange,
revêtue d’un manteau d’où
émergent les visages noirs de
Marie et de l’Enfant Jésus !
Les visages
noirs de
marie
et de l’enfant
jésus,
dans la
Cathédrale
Entourée de cierges, quel
saisissement !
Dans le chœur : la pierre miraculeuse, de teinte sombre, on
la touche, on veut s’y allonger
pour trouver un soulagement
physique et spirituel à ses
maux ; mais déjà, il faut sortir
par les deux bras du transept !
De nos jours, le cheminement
est le même, différents aménagements ont été réalisés à la
fin du XXe siècle : restitution
de l’accès central, réaménage-
ment du chœur et de l’autel
de la Vierge, nettoyage des
parements. Comme hier, de
très nombreux croyants, pèlerins, jacquaires, visiteurs
ou touristes, se rendent au
sanctuaire marial, où Marie
les accueille, les comblant
de ses grâces d’intercesseur
privilégié auprès de son fils.
Venez et vous serez séduits par
tant de beauté, spirituelle et
architecturale !
Cécile Seguy Burger
Février 2014 – N°0 – Cathédrale Notre-Dame du Puy - Journal du pèlerin – 21
O U VERT U RE S U R L E M O N D E
Le panier du curé
en Amazonie
Mgr Dominique You est
évêque de Conceçao
do Araguaia au nord du
Brésil, en Amazonie.
Son diocèse est grand
comme 17 fois la
Haute-Loire, mais
seulement 20 prêtres
sont à son service alors
que la population est
largement catholique
et pratiquante. La
pauvreté, mais aussi la
drogue, la prostitution
et la violence font des
ravages. Voici un récit de
mission de cet évêque
français du bout du
monde.
misère. Les enfants de Rose
Angela passaient par la faim,
réellement, et Rose Angela,
bien davantage. Et j’ai tout
de suite pensé : « Voilà ! Je vais
porter ce panier à Rose Angela. »
Elle habitait dans une maison sur pilotis au-dessus de
l’égout. Je suis arrivé à cette
petite baraque, et j’ai frappé.
Par chance, elle était là et elle
m’a demandé de m’assoir sur
le sofa. Nous discutons de
choses et d’autres comme j’en
ai l’habitude lorsque je visite
des paroissiens et soudain,
n jour quelqu’un voyant l’heure je dis à Rose
avait apporté, à la Angela : « Oh il faut que je
maison paroissiale me sauve, c’est l’heure de la
u n «   p a n i e r d u messe ! » « Non c’est trop tôt
curé », cela se fait beaucoup père ! » Non ce n’est pas trop
au Brésil. Alors, il y avait un tôt, laisse-moi partir. Tiens,
sac en plastique plein de j’ai laissé un sac ici, c’est à
riz, de haricots marrons, des toi, fais en ce que tu veux ! »
aubergines, des pommes de Elle prend le sac de légumes,
terre et bien d’autres légumes. regarde dedans et découvre
Et je me retrouve comme cela le riz, les patates, les haricots,
avec ce sac de 5 ou 6 kg de les aubergines et les autres
denrées et je me dis : « Mais légumes. Elle n’a même pas
qu’est-ce que je vais en faire ? dit merci, elle a simplement
Ce n’est pas pour moi ! » Et je dit : « Père Dominique, je peux
pense aussitôt à Rose Angela. en donner la moitié à ma voisine,
C’était une jeune maman de elle aussi elle a des enfants qui
18 ans, qui avait à l’époque 3 passent par la faim ? » Un peu
enfants et un compagnon qui stupéfait, j’ai dit : « Tu peux,
buvait beaucoup et gaspillait c’est à toi ! » Elle est partie !
dans la drogue son salaire de Je suis resté tout seul dans le
U
«
22 – Cathédrale Notre-Dame du Puy - Journal du pèlerin – N°0 – Février 2014
S U R L A TO I L E D U W E B
salon en me disant : « Si j’avais
trois enfants qui souffrent de la
faim et si quelqu’un m’apportait
5 kg de légumes, est-ce que ma
toute première parole aurait été :
« Est-ce que je peux en donner
la moitié à ma voisine ? » J’étais
très troublé sur la qualité de
ma vie chrétienne et quand
elle est revenue j’étais encore
pris dans mes pensées. C’est
elle qui a dû m’en sortir. Elle
a bien vu que je n’étais pas
dans mon état normal. Elle
m’a dit : « Tu vois père Dominique » « tu vois quoi ? » Ce
que je voyais c’était que le sac
avait diminué de moitié ! « Tu
vois père Dominique, les gens du
centre-ville, ils disent que nous
sommes des pauvres ! Nous ne
sommes pas des pauvres ! Seul
Judas est pauvre ! » « Judas ?
qu’est-ce qu’il vient faire dans
cette histoire de patates ? » « Seul
Judas est pauvre, parce qu’il a été
beaucoup aimé et qu’il n’a pas
aimé en retour ! Nous, nous ne
sommes pas des pauvres, nous
partageons, nous vivons ensemble
les épreuves, nous sommes solidaires les uns des autres. Cela
veut bien dire que nous avons
Dieu dans notre cœur ! Comment
les autres peuvent-ils nous dire
que nous sommes des pauvres ?
Nous ne sommes pas des pauvres,
père Dominique, nous sommes
des petits et des humbles ! » J’ai
dit : « Rose Angela, je vais célébrer la messe ! » et en allant
jusqu’à l’Eglise, j’ai fait cette
prière au bon Dieu que je
répète tous les jours : « Seigneur, par pitié, garde-moi à
l’école des petits et des humbles
pour apprendre auprès d’eux à
vivre ton Evangile ! »
Le partage facebook du trimestre
Le Tweet du trimestre
B I B L I O G R A P HIE
Un guide pour découvrir la cathédrale du Puy-en-Velay
A l’occasion de l’année jacquaire, la
sortie en 5 langues de ce guide rédigé par le recteur de la cathédrale du
Puy-en-Velay, est un événement. S’appuyant sur les dernières découvertes
le père Emmanuel Gobilliard partage
avec nous sa fascination pour ce haut
lieu spirituel abritant la fameuse Vierge
Noire.
Servi par de magnifiques photographies de Luc Olivier, la plupart inédites, cet ouvrage se veut à la fois guide
touristique et guide spirituel s’adressant tout aussi bien au simple visiteur
qu’au pèlerin. Très riche en informations, cette déambulation à travers les
époques et les lieux nous permet d’accéder à ce sanctuaire hors du commun,
son patrimoine architectural et pictural, ses œuvres religieuses. La visite se
termine par la découverte du quartier de la cathédrale avec entre autres une
présentation inédite du baptistère et de la chapelle des Pénitents.
Ce livre de 117 pages, Éditions du signe, est en vente à la boutique
de la Cathédrale : [email protected]
au prix de 10 euros + frais de port
Février 2014 – N°0 – Cathédrale Notre-Dame du Puy - Journal du pèlerin – 23
Paraboles
& Fariboles
du Père Pierre Trevet
Absentéisme
On peut se poser la question : pourquoi y a-t-il tant de chrétiens
qui ont été baptisés, qui ont fait leur première communion, et
même leur profession de foi, et leur confirmation, et qu'on ne revoit
plus ni à la messe, ni dans les pèlerinages ou rassemblements, ni
dans les équipes chrétiennes, ni dans les mouvements, ni dans les
services auprès des plus jeunes ou des plus pauvres qui auraient
pourtant besoin de tellement de main d’oeuvre, des chrétiens
qui ne prient plus, qui sont indifférents à leur formation, qui ont
même honte de leur appartenance à l'Eglise ? Pourquoi ?
Le cardinal Carlos Mario Martini (dans son livre « Et Moi, je suis avec
vous ») raconte une vieille histoire qui l'avait beaucoup touché ; il l'avait
découverte en faisant des études en langue copte, parlée dans l'Ancienne
Égypte, et que l'on étudie au Biblicum (Institut Biblique Pontifical, à
Rome) pour approfondir la connaissance du Nouveau Testament. On
a conservé dans cette langue de très belles anecdotes des premiers
Pères du désert, qui savaient raconter en quelques mots des situations
humaines profondes. Dans cet épisode, on dit qu'un jeune chrétien alla
voir un de ces Pères du désert et lui dit : « Père, toi qui as une si grande
expérience, explique-nous pourquoi tant de jeunes moines viennent dans
le désert, mais ensuite, pourquoi tant d'entre eux repartent ; comment se
fait-il que si peu persévèrent ? » Alors le vieux moine répondit : « Voyezvous, il en va comme d'un chien qui court après un lièvre, en aboyant.
Beaucoup de chiens, l'entendant aboyer et le voyant courir, le suivent.
Or, un seul voit le lièvre ; très vite, tous ceux qui courent uniquement
parce que le premier court, s'essoufflent et s'arrêtent. Seul celui qui
a le lièvre devant les yeux continue jusqu'à ce qu'il le rejoigne. »
En un mot, le vieux moine dit que seul celui qui a vraiment
mis les yeux sur le Seigneur crucifié sait vraiment qui il
suit, et il sait que ça vaut la peine de le suivre.
« Ne désertez pas votre propre assemblée, comme quelques-uns ont
coutume de le faire, mais encouragez-vous mutuellement » (Heb 10,25).