Principales dates du calendrier de l`Algérie de 1501 à 1962 Volet 15

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Principales dates du calendrier de l`Algérie de 1501 à 1962 Volet 15
Principales dates du calendrier de l’Algérie de 1501 à 1962
Volet 15 : 1867 à 1869
le 2 janvier Un tremblement de terre détruit plusieurs villages du pied de l'Atlas, entre
autres la Chiffa et El-Affroun ; Blida, déjà détruite en 1825, est de nouveau
très éprouvée. (*)
(http://alger-roi.fr/)
(*) Mouzaiaville : Détruite par le séisme de 1867
-----La nuit du 1er au 2janvier 1867 s'achève dans un lourd sommeil qui suit les journées de
liesse, car nombreux sont ceux qui ont célébré l'entrée dans une année que l'on désire
bénéfique. L'aube vient de naître, il est 7h15, lorsque le village se met à osciller comme un
navire sur une mer inclémente. La population affolée se rue hors des maisons dont les
poutres craquent: les tuiles rondes pleuvent dans la rue avec un bruit de vaisselle, et les
murs se lézardent.
Les secours s'organisent sous la
pluie battante. A 9h35, le sol paraît se
stabiliser progressivement et les
habitants regagnent leurs demeures
délabrées. Hélas ce n'est qu'une trêve.
Vers 1h du matin, alors que beaucoup
se sont assoupis, une forte secousse
rejette dans la rue la population
apeurée. Quelques minutes après, un
ébranlement d'une extrême violence
couche sur le sol tout ce qui tient
encore debout. Cinquante personnes qui se sont attardées dans leurs maisons paient de
leur vie cet acte de témérité. Il ne reste de MOUZAIAVILLE qu'un monceau de décombres.
Le même jour, à la même heure, BLIDA est détruite à 65 %
-Après le compréhensible désarroi causé par ce cataclysme qui annihile des efforts
parfois inhumains, la vie reprend ses droits et, avec le secours du génie blidéen et des
troupes envoyées sur place pour le déblaiement des décombres, l'activité de tous les jours
recommence de régner. En 1869, il ne reste plus aucune trace du séisme, et la terre
continue de tenir ses promesses.
le 1er avril La seconde exposition universelle, dite Exposition universelle d'Art et
d'industrie,se tient alors du 1er avril au 3 novembre 1867 sur le Champ-deMars. 41 pays sont présents pour l'exposition.
Paris tout neuf est en fête, les grands travaux viennent de se terminer.
L'exposition universelle marque l'apogée du second empire et le triomphe
du libéralisme saint-simonien.
Pour la première fois les colonies de l'empire français occupent un espace
important. Le Maroc, la Tunisie et l'Algérie sont présentés dans le pavillon
central et ont même leur propre
commission et leur propre jury
pour
l'attribution
des
récompenses. La commission
impériale
d'organisation
a
demandé à chaque colonie
d'installer une construction et
un
décor
exotique
qui
permettront aux visiteurs de
découvrir les pays.
Le pavillon Algérien
http://expositions.bnf.fr/universelles/bande/index2.htm
le 15 mai
Le premier geste de Lavigerie, en débarquant à
Alger, est de se rendre à la cathédrale St Philippe
d’Alger puis aussitôt au sanctuaire de Notre-Dame
d’Alger qui deviendra l’actuelle basilique NotreDame d’Afrique.
Cathédrale St Philippe (Mosquée Ketchaoua) en 1899
le 17 juillet La loi du 17 juillet 1867, achevant l'œuvre de la loi de 1851, réalise l'union
douanière complète entre la France et l'Algérie . Désormais, tous les
produits algériens pénétrent en France sans avoir à acquitter aucun droit,
sans qu'il ait besoin d'une désignation particulière pour leur conférer cet
avantage. Le commerce atteint 222 millions en 1861 (importations 146
millions, exportations 72 millions) ; en 1870, il s'élève à 252 millions
(importations 153 millions, exportations 99 millions). Les principaux articles
d'exportation sont le bétail, les peaux, les laines, le tabac, l'alfa, le crin
végétal, les céréales, l'huile d'olive.
été-automne Une sécheresse persistante aboutit à un véritable désastre : la récolte,
médiocre en 1865, est très mauvaise en 1866, et est à peu près nulle en
1867 ; les céréales sont détruites ainsi que les pâturages; à l'automne, des
neiges abondantes achèvent de faire périr ce qui reste de bétail. Il en
résulte une terrible famine, qui dure de novembre 1867 à juin
1868.
Distribution de grains en Kabylie durant la famine
novembre 1867 Puis ce sont le choléra et le typhus qui envahissent les trois provinces et
auxquels les indigènes, mal vêtus, mal nourris, succombent en grand
nombre. Ces nouvelles épidémies, qui se déclarent dans la région de Batna
et de Biskra, se répandent dans la province d'Alger (peu de décès dans la
ville même) et dans celles de Constantine et d'Oran, en tout 8 621 décès
(chiffre officiel) vraisemblablement au dessous de la vérité.
pendant l’année Pour la Cie des Messageries, le nombre des passagers et le fret est
multiplié par huit, dans le même temps, le commerce de la France entraîné
par les liaisons régulières de ses paquebots augmente de 52 % avec
l'Algérie.
L'administration finit par attribuer aux concessionnaires, réclamant des
indemnités suite à des incendies, les forêts de chênes-liège en toute
propriété, dans des conditions qui ressemblent à un abandon (en 1862 et en
1863, les plus belles forêts de la colonie, plus de 160 000 hectares
comprenant les massifs de chênes-liège les plus facilement accessibles, ont
été concédés pour 90 ans à une trentaine de bénéficiaires). La Société de
l'Habra et de la Macta reçoit une concession de 24 000 hectares, à charge
de construire un barrage en amont de Perrégaux, au confluent de l'Habra et
de l'Oued Fergoug.
Le général Deligny propose au maréchal de Mac-Mahon, pour en finir, de
diriger une expédition contre Figuig, mais le gouvernement refuse son
autorisation.
le 29 avril Arrivée de la Commission de la grande enquête agricole qui séjourne en
Algérie jusqu’au 17 juillet de la même année.
La grande enquête agricole qui doit avoir lieu dans toute la France en 1868
est en effet étendue à l'Algérie. Par suite des circonstances mêmes que
traverse la colonie, elle prend une importance particulière et devient
forcément une enquête générale, plus politique même qu'agricole.
Dirigée par le comte Le Hon, député au Corps législatif, l'enquête est faite
avec beaucoup de soin.
La Commission parcourt les trois provinces, s'arrêtant dans les différents
centres ; 151 questions sont posées, concernant les conditions générales et
spéciales de la production agricole, les débouchés et la législation
économique, enfin la législation civile et générale. (*)
(*) C'est en 1868 que paraît le livre célèbre de Prévost-Paradol, la France nouvelle, dont le
dernier chapitre est consacré à l'Algérie : « L'Algérie, y lit-on, est la chance suprême. Cette
terre est féconde, elle convient excellemment par la nature
du sol à une nation d'agriculteurs et l'amélioration du
régime des eaux, qui est en ce pays la question la plus
importante, n'est nullement au-dessus de notre science et
de nos richesses. Cette terre est assez près de nous pour
que le Français, qui n'aime pas à perdre de vue son
clocher, ne s'y regarde pas comme exilé et puisse
continuer à suivre des yeux et du cœur les affaires de la
mère patrie. Enfin elle est pour nous, par son
rapprochement de nos côtes et par sa configuration
même, d'une défense facile et les deux contrées qui la
bornent n'imposent aucune limite efficace à notre action, le
jour où il nous paraîtra nécessaire de nous étendre.
Puisse-t-il venir bientôt, ce jour où nos concitoyens, à
l'étroit dans notre France africaine, déborderont sur le
Maroc et la Tunisie et fonderont enfin cet empire
méditerranéen qui ne sera pas seulement une satisfaction
pour notre orgueil, mais sera certainement, dans l'état futur du monde, la dernière
ressource de notre grandeur... L'Afrique ne doit pas être seulement pour nous un comptoir
comme l'Inde, ni seulement un camp ou un champ d'exercice pour notre armée, encore
moins un champ d'expérience pour nos philanthropes ; c'est une terre française, qui doit
être le plus tôt possible peuplée, possédée et cultivée par des Français, si nous voulons
qu'elle puisse un jour peser de notre côté dans l'arrangement des affaires humaines. »
M. Nicolas PAQUET commande le Souerah d'un type entièrement nouveau,
mâture réduite à deux mâts, pas de voiles carrées, étrave droite au lieu de
l'avant de clipper.
jusqu’en juin La famine provoque la mort de 35 000 personnes en Algérie.
Les habitants des steppes et du Sud, chassés par la faim, descendent vers
le Tell où ils espèrent trouver de l'orge et du blé, mais les gens du Tell sont
eux-mêmes aux prises avec la disette. Des bandes d'indigènes presque nus
arrivent par groupes compacts, semant de leurs cadavres les routes et les
abords des agglomérations, rôdant autour des villes et des villages,
implorant la pitié des colons. (*)
(*) Monseigneur [Mgr Callot, évêque d’Oran] nous fait un récit navrant de la famine qui
sévit parmi les Arabes et qui décime la population d'Oran. Plus tard, à Alger ; on nous
donne des détails terribles sur ce fléau. Comme cela arrive presque toujours, les fièvres
succédent à la famine, et la mortalité devient effrayante. Le bon évêque [Mgr Callot] fait
dresser des tentes dans la plaine de Mers-el-Kébir ; et là, assisté de quatre ou cinq
membres de son clergé, il soigne les malades, distribue des vivres, veille auprès des
agonisants et des défunts, que l'on compte par milliers. C'est affreux, nous dit Monseigneur,
de voir de pauvres petits enfants se disputer avec acharnement les quelques grains
d'avoine tombés du sac qui contient la provision destinée à son cheval. Un des prêtres
attachés à Mgr Callot meurt victime de son dévouement. Quant aux orphelins, qui ne sont
que trop nombreux, hélas ! Monseigneur les confie aux soins des religieuses établies à
Misserghin, premier relais entre Oran et Tlemcen.
[…]
La France s'émeut de ce désastre. Des souscriptions s'organisent de toutes parts. Le
Corps législatif vote 2 400 000 francs pour faire face à cette calamité publique. Le
gouverneur général fait venir du grain de différents ports d'Europe. On organise des
chantiers de charité, des asiles, des comités de bienfaisance. A Alger, la maréchale de
Mac-Mahon et les soeurs de Saint-Vincent-de-Paul distribuent chaque jour des vivres et
des vêtements.
(Histoire des colonies françaises)
2 août Dans sa campagne pour la liberté de l’apostolat, Mgr Lavigerie entre très
vite en conflit avec Mac Mahon. Mais il est soutenu par Pie IX, qui le nomme
délégué pour les missions du Sahara et du Soudan en plus de sa mission
en Algérie.
12 août Le grand-duc Alexeï Alexandrovitch de Russie visite Blida lors d’une escale
à Alger. (*)
(*) Le grand-duc Alexeï Alexandrovitch de Russie entreprend
un voyage sur les terres de Russie, par le train, il quitte SaintPetersbourg pour Nikolaïevsk, il continue son périple à bord
d'un bateau, il navigue sur la Volga jusqu'à Astrakhan, puis à
bord d'un bâtiment de guerre, il entreprend une expédition en
mer Caspienne, de Bakou il se rend en Perse. Après avoir
traversé le Caucase le grand duc Alexeï embarque sur
l'Alexandre Nevski à Poti. Le navire largue les amarres et
met le cap sur Constantinople puis Athènes et les Açores en
faisant escale, entre autre, à Alger. Au retour, le navire est pris
dans une tempête au large de la côte du Jutland en mer du
Nord, malgré le naufrage du navire et la perte de l'équipage, le
grand-duc a la vie sauve et parvient à rejoindre la côte.
Alexeï Alexandrovitch de Russie
19 octobre Mgr Lavigerie fonde « La
société
des
Missionnaires
d'Afrique » les « Pères blanc »,
à Maison-Carré, qui sont vêtus
d'une djellaba, d'une chéchia et
d'un
rosaire,
avec
la
collaboration de Mère MarieSalomé et ouvre le premier
noviciat des Pères Blancs.
28 octobre Mgr Lavigerie écrit à son maître et ami Mgr Henry Maret, penseur libéral :
« J’ai en face de moi un continent de deux cents millions d’êtres humains ».
le 16 juin A Saint-Etienne, en France, l'armée réprime une grève en tirant sur les
grévistes. 14 morts.
le 8 septembre Mgr Lavigerie ouvre le premier noviciat des Soeurs Blanches à Birmandreis,
un an après celui des Pères Blancs. Dès lors, il confie ses œuvres à NotreDame d’Afrique et insiste constamment devant les premiers Pères sur « la
dévotion à la Sainte Vierge ».
le 8 octobre A Aubin (Aveyron), un affrontement entre des mineurs en grève et la troupe
fait 14 morts du coté des civils.
le 16 novembre L'inauguration du canal de Suez, à laquelle assiste Abd El Kader invité par
la France, donne au port d'Alger une prédominance sur les autres ports de
la Méditerranée.
pendant l’année
Des dissidents se rassemblent à
Kenadsa, envahissent le DjebelAmour et s'avancent jusque dans
le sud de la province d'Alger; ils
sont défaits par le colonel de
Sonis à Oum-Debdeb, près
d'Aïn-Madhi, mais bientôt les
attaques recommencent.
Oum-Debdeb, près d'Aïn-Madhi
Une commission est nommée pour étudier une refonte complète de
l'organisation algérienne. Le rapporteur, Armand Behic élabore un projet de
constitution, dotant l'Algérie d'un ministère à Alger, d'institutions libérales et
(l'autonomie financière). Ses propositions diffèrent de façon assez notable
des desiderata, formulés à la même époque par les rédacteurs des
«Cahiers algériens », partisans de la centralisation et de l'assimilation
intégrale ; elles concordent cependant sur un point capital : l'abolition du
régime militaire. (*)
(*) « La Commission, dit M. Armand Béhic, se propose pour but, sans rien sacrifier des
moyens d'assurer la sécurité de la domination française en Algérie, d'étendre
successivement le bienfait du régime civil, non seulement aux parties déjà colonisées, mais
à toutes celles qui semblent devoir devenir le plus prochainement colonisables. Elle veut,
tout en maintenant le gros de la population musulmane sous une autorité assez forte pour
la contenir et tout en respectant dans la mesure nécessaire son organisation et ses mœurs,
l'entraîner peu à peu dans l'orbite de la civilisation européenne. Aux colons et aux
indigènes, elle cherche à faire accepter les charges d'une certaine autonomie locale, en
leur en assurant pour compensation tous les avantages. Elle leur donne des moyens
légaux pour produire leurs griefs au grand jour et elle place le gouvernement de leurs
intérêts sous la garantie d'une responsabilité politique directe et effective. »
Tel est ce rapport célèbre, très remarquable et très audacieux, comportant des réformes qui
ne seront réalisées que bien longtemps après. Le rapport n’est jamais publié, mais de
nombreux exemplaires sont tirés à l'Imprimerie impériale et ses dispositions sont connues
de tous les membres du Parlement qui s'intéressent à l'Algérie.