discours de bienvenue de Marcel Jacquat

Transcription

discours de bienvenue de Marcel Jacquat
Autour de Robert Hainard
Le Grand-Cachot-de-Vent, dimanche 25 avril 2010
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs, Chères Amies, Chers Amis,
Il y a quarante ans, en ces mêmes lieux magiques, avait lieu une exposition Robert Hainard,
organisée dans le cadre de l’Année européenne de la nature, un temps fort de la prise de
conscience écologique de nos concitoyens.
Cette année 1970 frappa les esprits tant par des films (Nous autres fossoyeurs, de JeanClaude Nicollier, avec une musique de Guy Bovet), que par des expositions (la fameuse SOS
Nature présentée dans les principales villes de Suisse romande de mars à décembre). Robert
Hainard était membre du Comité d’honneur de cette importante manifestation, avec ses amis
Paul Géroudet, Emile Dottrens, et tant d’autres !
Né en 1906 à Genève, Robert Hainard était un enfant de notre région, puisque sa famille est
originaire des Bayards. Là ne s’arrêtent pas les liens neuchâtelois du sculpteur, peintre, naturaliste
et philosophe de la nature, puisque sa grand-mère maternelle, née Sophie Guillaume, est la sœur
de Charles-Edouard Guillaume, prix Nobel de physique 1920.
Robert Hainard grandit dans un milieu d’artistes : son père Philippe, parti de Fleurier à l’âge de 16
ans en 1895 pour aller suivre les cours du peintre Eugène Gilliard, est professeur de modelage
d’éléments naturels et de dessin (Ecole des arts industriels et Ecole des beaux-arts de Genève);
sa mère, née Eugénie Béchard, enseigne le dessin aux cours professionnels et à l’école
ménagère.
A l’âge de 12 ans, Robert Hainard quitte l’école primaire et est enseigné par son père. En 1921, il
entre à l’Ecole des arts industriels, comme externe dans la classe de son père, puis comme élève
régulier de la classe de sculpture dès 1922. Il y rencontre sa future femme, Germaine Roten
(1902-1990), fille de Berthe Roten-Calpini, peintre de Savièse, qu’il épouse en 1929 et dont il eut
deux enfants : Pierre et Marie. Lors d’un déplacement en commun en 1989, alors qu’il venait de
fêter ses 60 ans de mariage, Robert Hainard me fit quelques confidences relatives à ses
fréquentations : Germaine, sortie de l’Ecole des beaux-arts avant lui, travaillait chez Zénith, au
Locle, comme peintre de cabinets de pendules. Robert venait la rejoindre à pied ou à vélo depuis
Genève…
Une première présentation publique des œuvres de R.H. eut lieu lors de l’Exposition internationale
des arts décoratifs de Monza en 1925, peu avant l’obtention de son diplôme de sculpteur en 1926,
suivi d’une année de cours de sculpture sur pierre.
C’est en 1929 qu’il met au point son procédé très personnel de gravure sur bois de fil, multipliant
les planchettes de poirier pour varier les couleurs. Il l’appliquera à plus de 900 œuvres, mettant
l’art naturaliste à la portée de toutes les bourses, ce qui n’était pas son moindre souci. Une longue
vie d’artiste l’attend, puisqu’il dessine, sculpte et grave jusqu’en 1992, sans relâche, comme s’il
avait toujours encore des centaines de choses à faire. Vous en trouvez un bel ensemble en ces
lieux. J’ai eu le privilège de le voir faire ce qu’il appelait « un ouvrage de dames », un grand
mouchoir en toile étendu sur les genoux, lors d’une assemblée générale de « Nos Oiseaux » à La
Brévine en septembre 1972 : arrivé avec un morceau de bois, il en sortit avec un ravissant blaireau
taillé au moyen de son couteau de poche…
En 1943, Hainard publie son premier livre Et la nature ? … un ensemble de réflexions sur le
10Hainard, Rime, Richard, Willenegger, Gremaud-1
devenir de la nature sous l’emprise de la civilisation et premiers éléments de la philosophie
« hainardienne » de la nature. Il est bientôt suivi de Nature et mécanisme, préfacé par le
professeur Ferdinand Gonseth et paru en 1946 aux Editions du Griffon, à Neuchâtel, dans la
collection Les problèmes de la philosophie des sciences. Hainard y reprend certaines idées
exprimées trois ans plus tôt et les développe : « Je porte en moi le besoin d’un monde complet
que je rassemble avec mille peines, bribe à bribe… ». « Qui m’a fait libre ? Le besoin irrépressible
de nature. Il a été la passion qui a ordonné toutes mes passions, le luxe qui m’a délivré de tout
besoin de luxe, le travail qui a écarté tout autre travail ». « Le plus tragique, ce n’est pas le
manque de nature, c’est qu’elle diminue ». Considéré comme l’un des précurseurs du grand
mouvement de protection de la nature, Robert Hainard y a consacré un temps considérable par le
biais de ses œuvres, de ses écrits ou de conférences. Défenseur d’un Monde plein, titre de son
dernier ouvrage de nature philosophique (Editions Melchior, Genève, 1991), il a été de toutes les
batailles : pour la création de réserves naturelles dans le canton de Genève (dès 1922), la
réintroduction du castor, la défense du loup et de l’ours (pour lesquelles il trouva un puissant allié
en la personne d’Archibald Quartier, autre précurseur de la reconstitution d’une faune complète),
etc. Mais il était aussi un apôtre de la stabilisation démographique et économique, soulignant que
« la pire des violences était celle du nombre ». « La seule chose à faire pour conserver la nature
est d’inventer un système économique assurant la prospérité des individus sans expansion du
système, car il ne faut pas trop croire que nous détruisons la nature pour satisfaire des besoins
économiques. Nous créons des besoins… » écrivait-il en 1965 à ses amis du Cercle d’études
ornithologiques de Bourgogne.
Les années quarante sont décidément très fécondes, puisqu’il publie, en 1948 et 49, les deux
tomes des Mammifères sauvages d’Europe, chez Delachaux & Niestlé, à Neuchâtel, dans lequel
il passe en revue toute la faune mammalogique européenne sur la base de ses observations
personnelles, de ses croquis de terrain et de témoignages extérieurs. Devenu des classiques, ces
ouvrages, maintes fois réédités et ayant pour pendant ornithologique ceux de Paul Géroudet parus
aux mêmes éditions, ont largement contribué à l’éclosion de nombreuses vocations naturalistes
dans le monde francophone. Hainard et Géroudet, qui furent de très bons amis, assument de
nombreuses paternités intellectuelles, artistiques et scientifiques, dont plus d’un naturaliste de
notre génération se réclame !
Pamphlétaire, Hainard l’est aussi dans le domaine artistique. Dans Défense de l’image, paru en
1987 aux Editions de la Baconnière à Neuchâtel – et imprimé à La Chaux-de-Fonds ! - il se fait,
non sans arguments solides, pourfendeur de l’imposture de l’art non figuratif et de sa dictature !
Durant sa longue vie, Robert Hainard a eu l’occasion de voyager dans toute l’Europe, ainsi qu’en
Afrique et en Inde, pour aller à la rencontre de « ses » bêtes, parmi lesquels l’ours, le loup et les
lynx ont occupé une place essentielle. Quelque 35'000 croquis de terrain, souvent synonymes de
nuits passées à la belle étoile, jalonnent son parcours d’artiste-naturaliste… « Lorsque je dessine
la bête, je suis la bête » aimait-il à dire lors de ses conférences.
Bénéficiaire de nombreux honorariats, prix artistiques et bourses, Robert Hainard a été fait
Docteur ès sciences honoris causa de l’Université de Genève en 1969.
Notons encore qu’il a manifesté ses attaches pour sa commune d’origine des Bayards en 1988, en
lui offrant un loup en bronze bien mis en évidence dans le village.
Robert Hainard est décédé à Gland le 26 décembre 1999, où il avait été admis dans un
établissement médico-social en avril 1994. Pour ceux qui ont eu le privilège de le rencontrer ou de
le côtoyer, Robert Hainard restera l’homme simple et profond, dur parfois dans ses raisonnements,
généreux de son temps et de son engagement, naturaliste jusqu’au tréfonds de lui-même, formant
avec son épouse Germaine un couple hors du commun, attachant et exemplaire.
*********
Il était évident qu’une personnalité aussi riche que celle de Robert Hainard allait servir d’exemple.
Pour nous les naturalistes, il fut la référence en matière d’étude de mammifères, car lui seul
connaissait tous les mammifères sauvages d’Europe et pouvait en parler en les ayant observés
dans la nature. C’est lui qui mit en pratique l’étude sur le terrain, en passant des centaines de nuits
à la belle étoile !
10Hainard, Rime, Richard, Willenegger, Gremaud-2
*********
Ils sont bien une douzaine en Suisse romande, deux ou trois douzaines en France de ces peintres
naturalistes qui se réclament de l’héritage de Robert Hainard, inspirés, influencés, voire
encouragés par ce maître dont la démarche originale se doublait d’une solide pensée
philosophique et de connaissances naturalistes hors du commun. Tous ces « élèves » ont un
commun avec le maître d’avoir constitué un capital de croquis de terrain, qui témoigne de leur
attachement au contact direct avec la nature.
Le privilège de cette exposition est de pouvoir présenter quelques-uns de ces artistes, très proches
de Robert Hainard pour certains, mais tous se réclamant de lui et de son influence, directe ou
indirecte.
Dans quel ordre fallait-il les présenter ? J’ai choisi la chronologie…
Jacques RIME, artiste-naturaliste (1951)
Né à Gruyères la moyenâgeuse, fils d’un forestier dont il parle toujours avec un respect et un
amour immodérés, Jacques est très tôt nourri de senteurs d’humus et d’odeurs d’écorces, au
contact desquelles il s’imprègne profondément de la vie des bois en suivant son père :
«… je trottais derrière mon père, suivais ses traces dans la neige à la recherche d’un écureuil ou
d’un renard. Parcourant les petits sentiers dans les forêts, à l’ombre du château, je surprenais le
vol capricieux de la chauve-souris, la chasse silencieuse de la Chouette hulotte; avec déjà cette
bienheureuse manie de saisir les choses de ce petit monde en gribouillant sur une feuille. Ecolier
paresseux, j’attendais la sortie de l’école en écoutant les cris joyeux des martinets, ou en
regardant tomber la neige. Et j’ai dessiné encore et encore l’eau, la terre, les arbres, les blaireaux,
les renards, les chevreuils, les chamois, et les éléphants, et les lions tout là-bas en Afrique, les
ours, les grues, les nuages, la neige, le soleil, les étoiles filantes, les comètes, les étoiles et le lynx
sous la lune.»
Après un apprentissage de sellier-tapissier, qui lui donne un métier, il se consacre bientôt au
dessin en autodidacte. Il grave, il dessine, il peint à l’aquarelle et à l’huile. De sa rencontre
télévisée avec Robert Hainard en 1976, naissent une amitié et une complicité qui les conduisent à
des nuits communes sous la lune, à attendre l’ours, le lynx. C’est l’élève qui le fera découvrir au
maître. Et curieusement, dans cette exposition, Jacques a renoncé à faire venir ses lynx, ses gros
chats qu’il connaît si bien ! Depuis, il a découvert l’ours, a vécu mentalement avec le Cœlacanthe,
dont la très vieille histoire l’a fasciné, n’a oublié ni l’écureuil, ni le hérisson. Quant au renard, c’est
l’un de ses favoris !
Ajoutez à cela des paysages, souvent sélénites, dont il saisit avec beaucoup de sensibilité les
nuances de lumières et de couleurs. De plus, il les conte avec un talent et une sensibilité
extrêmement touchants, comme en témoigne cet extrait d’une lettre du 11 janvier 2007… Jacques,
tu me pardonneras d’utiliser ton message personnel…
… Il s’est passé depuis des événements de pluies, de neiges, de vent et de somptueuses nuits
avec Silou sous la lune et les étoiles, des veilles et des rôderies sur les traces du lynx. Dans la nuit
du 30 janvier au 31, nous avons, Sylvie et moi, fait une lointaine et fugace observation de deux
lynx sous la lune. Un copain, Pascal Grand, les avait vus la veille, vers 18h00, avant la nuit. Il nous
a « invités » à passer une nuit à cet endroit. Lui est venu une partie de la nuit ; il est rentré chez lui
vers 21h00, car il travaillait le lendemain. Nous sommes restés, Sylvie et moi, enfouis dans nos
sacs de couchage, contre le mur d’un chalet. Lever de Rigel, d’Orion, de Sirius, lune éclatante,
chant de la hulotte, et passages lointains d’un blaireau, d’un lièvre et de 4 chevreuils. Veilles,
sommeils, veilles… vers 4h15, un chevreuil crie, gueule en dessus de nous. Il est inquiet, nerveux,
va, vient et regarde toujours dans la même direction. Puis il dévale la pente enneigée dans une
course folle et désordonnée. Nous cherchons avec nos jumelles. Vers 4h30, Silou me dit : « Y a
une bête tout en haut » « Où ? » « Près de la grande tache ». C’est le lynx, et il y en a deux. Ce
sont des images fugitives, lointaines, des petites ombres fantomatiques qui traversent le pâturage
en dessous de la lisière et disparaissent aussitôt. Ce sont les premiers lynx de Sylvie….
10Hainard, Rime, Richard, Willenegger, Gremaud-3
Comme vous pourrez le constater tout à l’heure ou comme vous l’avez déjà remarqué, les œuvres
de Jacques Rime sont tout à fait en phase avec ses textes et réciproquement. C’est dans la
lithographie et l’aquarelle que Jacques se manifeste le plus souvent, sans dédaigner la peinture à
l’huile, ni la gravure. Il a ainsi acquis une note personnelle, un style qui lui est propre et que vous
reconnaîtrez aisément. Plusieurs éditeurs ont déjà fait appel à lui pour des ouvrages qui ont connu
le succès.
Antoine Richard : biologiste, peintre, comédien (1973)
J’emprunte à Julien Perrot ces quelques lignes :
« Suivre le vol d'un papillon, saisir la caresse d'une brise légère sur une feuille, rêver au passage
d'un nuage. Antoine Richard est à l'affût des mille petits trésors que nous réserve la vie. Les
lumières. Les couleurs. Mais aussi les plumes, les écailles ou les armures articulées des insectes.
Cette extraordinaire matière première est patiemment pétrie sur le papier, polie, travaillée au
crayon, au pinceau ou à la craie. Les images qui naissent ainsi témoignent de la richesse de la
nature. Et de celle de notre monde intérieur ».
Pinceaux et peinture à doigts accompagnent Antoine Richard depuis son enfance. Il naît en 1973
aux Ponts, dans « sa vallée », la superbe vallée de La Sagne et des Ponts-de-Martel. Il obtient un
diplôme de biologiste à l’université de Neuchâtel en 1997. Son travail de diplôme porte sur
l’écologie et la conservation de l’Azuré des paluds (un papillon rare) au Val-de-Ruz.
Dès 1998 il a vécu à Genève où il s’est formé à l’école de théâtre Serge Martin. Il est donc
comédien aussi et ceux qui l’ont entendu déclamer se sont rendu compte que ses talents sont
multiples.
Depuis quelques années (2009), Antoine est revenu au pays natal… non sans rester attaché
professionnellement à Genève, où il enseigne à l‘Ecole de culture générale deux jours par
semaine. Théâtre, biologie et environnement sont à son horaire, ce qui ne devrait pas trop vous
surprendre.
Parallèlement, Antoine révèle minutieusement le monde vivant au moyen de fusains, crayons,
aquarelles, acryliques, pastels et techniques mixtes. La gravure et l’antique technique de peinture
à la caséine, peinture durable, dont la fabrication est respectueuse de l’environnement et exempte
de produits toxiques, sont aussi à son actif et contribuent à l’évolution de son art.
Dans ses œuvres, il présente parfois d’infimes détails, qu’il sait mettre en évidence de manière
spectaculaire, d’autres fois de grandes compositions.
Exposées depuis 1997, ses illustrations paraissent dans différents livres, journaux et revues, dont
principalement la revue La Salamandre, dont on ne dit pas assez l’importance qu’elle revêt pour
nombre de peintres naturalistes qui y trouvent une ouverture d’exceptionnelle qualité ! Bientôt nous
retrouverons dans ce magazine une excursion dans sa vallée préférée, mais aussi quelques
monographies d’arbres.
************
Laurent Willenegger : bijoutier, naturaliste, peintre (1975)
J’emprunte à Michel Antoniazza la citation suivante : « Aimer les petits matins mouillés de la
roselière, les longues heures d’affût dans la chaleur étouffante du midi, parmi les libellules, se
préparer des heures durant à la venue du Grand Butor qui ne viendra pas, nous partageons de
bien étranges passions...»
10Hainard, Rime, Richard, Willenegger, Gremaud-4
Depuis sa plus tendre enfance, ce passionné d’ornithologie né en 1975 contemple la nature en
observateur respectueux. Empreint de la démarche de Robert Hainard, Laurent Willenegger se
découvre rapidement une passion pour le dessin animalier qu’il pratique dès l’âge de 10 ans en
forêt ou à Yverdon sur les rives du lac de Neuchâtel.
Durant cette période, il lance même son propre journal dédié aux oiseaux, Le Courlis, qui survivra
pendant six ans. Débute alors son histoire commune avec La Salamandre de Julien Perrot.
«Quand la publication du Courlis s’est interrompue, nous avons proposé à nos quelque cent
cinquante abonnés désireux de continuer l’exploration de s’abonner à La Salamandre», se rappelle
Laurent Willenegger.
A 12 ans, il décide de faire des études de biologie, notamment pour satisfaire sa passion des
oiseaux. Mais arrivé à l’Université, il déchante. Après un échec mortifiant - «J’y ai passé trois
semestres qui se sont certes soldés par un échec, mais aussi par une belle amitié avec Julien
Perrot. Une même démarche face à la nature nous unissait et c’est alors qu’il m’a proposé de
dessiner pour sa revue» - il change complètement d’orientation et part dans la vallée de Joux, où il
apprend le métier de joaillier-bijoutier. Après l’obtention du CFC, il se lance dans la création et
exerce durant deux ans à Genève. Le bijoutier et naturaliste apprend à mieux cerner et dessiner
les volumes.
Aujourd’hui peintre et dessinateur, Laurent Willenegger illustre La Salamandre, où il a notamment
inauguré la rubrique « Carte blanche». Souvent, il part en reportage avec son rédacteur en chef
Julien Perrot.
Laurent est parmi les rares peintres-naturalistes à pouvoir vivre de son art. Il travaille pour La
Salamandre, expose à maintes reprises, publie des livres. Récemment, il a auto-édité "Un jour,
un dessin", récit illustré d’un voyage effectué entre le 27 février 2008 et le 26 février 2009, fruit
d’un travail de tous les jours dans la nature. 533 croquis et aquarelles, reproduits en vignettes ou
en plus grand format pour quelques-unes. « Peindre c’est simplement s’immerger dans son sujet.
Seuls les longs séjours dans la nature me procurent cette relation privilégiée. J’ai donc voulu
retrouver cette intensité à la manière d’un carnet de voyage, mais ici et dans mon quotidien. »
écrit-il en préambule de ce ravissant opuscule.
Avec un principe absolu: «Je fais tout sur le terrain, toujours. Avoir l’animal en face crée un rapport
irremplaçable, même par toutes les photos sur internet. Dans mon télescope, je vois par exemple
grandir des oisillons, je vois les animaux manger. Je les vois sous la pluie, dans leurs abris. Je
vois la couveuse sous la neige. Ces impressions entrent dans mon image. Chaque dessin a une
histoire.»
En revanche, il dit : «Voir un lynx dans un enclos me fait bâiller.»
***********
Jérôme Gremaud, biologiste, peintre (1978)
Né en 1978, Jérôme Gremaud a toujours vécu en Gruyère. Passionné par la nature et tout
spécialement par les oiseaux dès l’âge de 10 ans, il en vient rapidement à fixer ces images sur le
papier, en autodidacte, sous forme de croquis de terrain, d’aquarelles ou d’acryliques.
Il a exposé ses œuvres à plusieurs reprises à l’occasion d’expositions personnelles ou de
colloques. Il participe aussi à l’illustration de plusieurs revues et journaux.
Le plus jeune des artistes présents, biologiste diplômé de l’université de Neuchâtel, est avec son
compère Laurent Willenegger, parmi les figures les plus attachantes de cette jeune génération
d’artistes-naturalistes, qui, en quelques années, a vu grossir ses rangs, tant en personnes qu’en
talent. Aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des années : Jérôme Gremaud
n’avait pas vingt ans lorsqu’il s’est manifesté pour la première fois en public. Ses passions de
10Hainard, Rime, Richard, Willenegger, Gremaud-5
naturaliste et son talent ont vite été remarqués, notamment dans Le Héron, la revue des jeunes
ornithologues, puis dans La Salamandre et Nos Oiseaux. Depuis peu, il s’est installé dans un
atelier tout neuf à Riaz, où il dessine, grave le cuivre, pratique la lithographie, lorsqu’il n’est pas
dans la nature en train de poursuivre sa quête d’images, de sujets fixes ou mobiles, sous forme de
croquis ou d’aquarelles.
Il y a cinq ans, il est parti pour un voyage formidable, suivant à vélo ( !) la migration des hirondelles
et du Rougequeue à front blanc : de la Gruyère au Mali en passant par la France, l’Espagne,
Gibraltar, le Maroc, le Sahara occidental, la Mauritanie et le Sénégal. De retour en bateau jusqu’à
Anvers, il est toujours à vélo pour revenir au pays et revoir les premiers migrateurs subsahariens
de retour avant lui. D’août 2005 à avril 2006, quelque 9000 km pour l’aller seulement, émaillés de
carnets d’observation dont La Salamandre d’octobre et novembre 2007 (no 182) a donné quelques
pages en primeur, que l’on voudrait bien voir éditées...
Au Grand Cachot, il présente ses œuvres en alternance avec les œuvres de son compère Laurent.
Saurez-vous reconnaître et attribuer à leurs auteurs les œuvres accrochées ?
***********
Mesdames, Messieurs, Chères Amies, Chers Amis, il vous appartient maintenant d’aller apprécier
l’ensemble qui vous est présenté dès aujourd’hui au Grand Cachot. C’est un superbe échantillon
de notre nature, où vous retrouverez même des images régionales ! Je vous souhaite beaucoup
de plaisir à cette promenade naturaliste, prélude à celles que vous ferez bientôt dans nos
paysages printaniers.
Merci de votre attention.
Marcel S. Jacquat/23042010
10Hainard, Rime, Richard, Willenegger, Gremaud-6

Documents pareils