Vacances réussies
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Vacances réussies
« A USTARYTZ: Vacances réussies » "Un nuage s’épris d'amour pour une petite rivière. Chaque jour, il lui envoie des baisers de pluie. Mais cette rivière ne voit que le soleil si clair. En lui jetant des flocons de neige, le nuage s'enfuit." Florence JACOB Le 28 juillet 2015, un taxi m’attendait à la porte du foyer. C’était là où commençaient mes vraies vacances. Mais avant de partir, Noémie, l’éducatrice de mon unité, m’avait acheté tout ce qu’il fallait pour mon pique-nique dans le train. Elle me donna le menu en faisant des recommandations, comme une maman. Je l’écoutais sans perdre un mot de ce qu’elle disait. C’était un pique-nique de reine qu’elle m’avait concocté avec soin. Je trouvais qu’il y en avait beaucoup trop pour moi seule. Alors, je décidais d’en laisser la moitié aux encadrantes de peur que cela soit perdu. Après avoir signé la feuille de départ, le chauffeur m’a installé dans sa voiture puis y a mis ma valise. Je l’ai trouvé très bien ce monsieur. Je me suis laissée amener jusqu’à la gare Montparnasse où je devais retrouver le groupe de vacanciers et d’accompagnateurs. Le 1 chauffeur a attendu un long moment avant de me confier à une personne du groupe. C'est là que j'ai fait la connaissance d'Alexandre, qui était le responsable du voyage en train. Je remarquais qu'il avait bien lu le dossier que j'avais fait et envoyé avec l’aide de Patrick, un éducateur du foyer. Nous avons parlé un peu en utilisant ma feuille de communication. Lorsque les vacanciers sont arrivés, nous nous sommes présentés chacun notre tour. Puis il a fallu que nous allions sur un autre quai qui était un peu plus loin. Je constatais qu’ils n’étaient pas si larges que dans d'autres gares. Notre train nous attendait avec trois places pour les fauteuils. Les accompagnateurs avaient décidé que je resterai dans mon fauteuil. Les porteurs de la gare avaient mis tous nos bagages sur un grand chariot pour les emmener jusqu'à notre wagon. Puis ce fut les fauteuils qu’il fallut installer de façon à ne pas déranger les autres voyageurs. Les vacanciers étaient regroupés sur les fauteuils les plus accessibles afin que l’on puisse nous aider en cas de problèmes. Mais une dame avec un chignon mal fait, commença à râler parce qu'elle n'avait pas sa place attitrée. Frédéric, un de nos accompagnateurs très aimable, lui expliqua la situation en lui mettant bien sa valise sous un fauteuil afin qu'elle puisse la prendre lorsqu'elle descendrait du train. Mais elle râlait quand même. Je riais dans mon coin en levant les yeux au ciel. Je me demandais quand allait tomber son fameux chignon qui ressemblait à la tour de Pise. Vers une heure, nous avons commencé à manger. Alexandre qui s'occupait de moi, fut très surpris en sortant de mon sac mon délicieux foie gras. 2 Arrivée à Hendaye, qui se trouve à une heure de bus d’Ustaritz, notre lieu de vacances. La gare de BAYONNE avait refusé que les personnes en situation de handicap puissent descendre. A Hendaye, un bus immense nous attendait avec un chauffeur. Une heure plus tard, nous étions arrivés à Ustaritz. Là, nous attendaient tous les autres accompagnateurs et vacanciers. C’est un lieu superbe. Un grand bâtiment dans un parc bien vert. Comme c'était presque l'heure de l'apéritif, Pascal, le directeur du séjour, invita les vacanciers et les accompagnateurs à faire connaissance autour d'un verre. Manon, une accompagnatrice, ma référente, m'a fait visiter la chambre que je partageais avec 2 autres vacancières, Danièle et Anne. Nous avons bien dormi la première nuit car nous étions tellement fatigués par le voyage que nous n'avons rien entendu. Le deuxième jour, Manon se levait assez tôt pour continuer le blog du séjour que Pascal avait commencé. Pendant ma toilette, nous avons beaucoup parlé à l'aide de mon cahier de communications. Fiona et Aurélien s'occupaient de l'intendance des locaux. Ils mettaient la table et nous servaient les repas avec soin. Puis nous avons commencé à écrire sur le blog du séjour. L'après-midi, nous sommes partis à Anglet pour nous promener 3 sur le bord de la mer. Nina, une accompagnatrice, m'a vaguement expliqué son métier. Elle répare les vieilles peintures dans les églises ou ailleurs. Pour moi, qui m'intéresse beaucoup à l'art, c'était vraiment passionnant de l'écouter. Ce jour-là, le soleil boudait. Une pluie fine nous avait surpris alors, nous avons pris un verre bien à l'abri d'une terrasse. Après une bonne nuit, nous avons passé la journée aux marais d'Orx. Une immense réserve d'oiseaux de toutes sortes. Un guide nous attendait. Il nous a raconté toute l'histoire de ce parc. Des cabanes, placées à chaque coin d'un grand lac qui était au milieu du parc, servaient d’admirer les oiseaux. C'était intéressant de voir comment vivent les oiseaux dans leur univers à eux. Un pique-nique nous attendait après la visite. Les soirées étaient toujours animées par des jeux ou des danses auxquels tout le monde aimait participer. Parfois, nous restions à parler. Lorsqu'il y avait des moments libres dans la journée, nous faisions des parties d'UNO, avec, en particulier, Vanina qui me faisait toujours rire. Il y avait un jeu de cartes qui m'endormait profondément et tout le monde riait de me voir ainsi. 4 Par un après-midi maussade, nous sommes allés voir les jardins d'Arnaga, à Cambo les Bains. Au milieu du parc fleuri, se trouve la propriété du célèbre écrivain et poète Edmond Rostand. Celui qui a écrit « Cyrano de Bergerac» « l'Aiglon » et « Don Juan ». Une jolie guide, d’après les garçons du groupe, nous a raconté la vie de l’auteur. Il avait acheté sa grande maison basque grâce au succès de «Cyrano ». Il voulait que son parc ressemble à celui du château de Versailles, avec ses deux bassins et ses magnifiques jets d'eau. En regardant l'eau du premier bassin, face à la maison, on pouvait la voir parce le jardin était légèrement en pente. C'était curieux à voir. « Les Grottes de Sare » étaient gigantesques. Il faut dire que je n'ai jamais visité de grottes dans ma vie. Tout d'abord, nous avons pique-niqué tout en les admirant. Avec un soleil timide, le paysage était beau. Nous avons tous mis un vêtement de chaud car dans les grottes, la chaleur ne peut pas rentrer. Avant la visite, la guide nous a conduit dans une salle pour regarder un petit film, qui racontait toute l'histoire de la grotte. C'était très intéressant mais comme nous avons mangé avant, je commençais à m'endormir à cause de la digestion. Tout à coup, je sentis que l'on me tapait sur un genou, c'était Pascal, le directeur du séjour, qui me réveillait avec un grand sourire. Quand le film a été terminé, nous avons pu rentrer dans la grotte. Notre guide nous avait interdit de prendre des photos à cause des flashs qui font peur aux chauves-souris. Je peux bien vous avouer, ces adorables petites bêtes ne sont pas mes amies. Heureusement que j'étais accompagnée, parce que si j'y étais allée toute seule j'aurais eu le trouillomètre à zéro. J'étais vraiment enchantée de la visite mais je refuse de vivre dedans. 5 Les après-midis où nous restons à la résidence, nous pouvons nous promener dans le beau jardin vert. Parfois, les accompagnateurs installent des matelas sur les pelouses pour faire une sieste après le déjeuner. Et tout le monde y va sans hésiter. Pascal, le directeur, ronflait tellement fort que les oiseaux pouvaient l'entendre. Mais ne dites rien à personne ! Je n’oublierais jamais la banane écrasée au chocolat que Sylvie une accompagnatrice m’avait préparé avec amour. Nous sommes allés en Espagne pour la journée. Comme les vacanciers voulaient prendre un bain de mer, nous nous sommes arrêtés au bord de la mer. Il y avait la plage à perte de vue sur laquelle les personnes en 6 situation de handicap pouvaient louer des fauteuils qui roulaient dans l'eau. J'avais accepté d'être la première à l'essayer en même temps que Charlotte et Manon. C'était formidable de sentir l'eau sur notre corps. Et je sentais que cela me faisait beaucoup de bien. On voyait des gros nuages noirs qui avançaient sur la mer. Après un habillage rapide, nous nous sommes réfugiés sous les stores d'un café pour prendre une collation. Nous avons aussi profité pour faire les boutiques. Le soir, nous étions tellement fatigués par cette belle journée, que nous sommes allés nous coucher juste après le dîner. Il y avait aussi les joueurs de Belotte qui râlaient lorsqu'ils avaient mal joué ou perdaient. J'aimais les entendre pendant que je jouais à puissance 4. Nous avons projeté d'aller à Biarritz pour l'après-midi. Il faisait gris. C'était un temps à visiter l'aquarium, avec ses nombreux poissons de toutes sortes. Mais seulement voilà, tous les vacanciers de cette très jolie ville s'étaient dit la même chose. Ce fut cauchemardesque, car on ne pouvait pas se garer, toutes les places pour les handicapés étaient prises. Alors, Frédéric qui avait toujours de bonnes idées, a garé notre bus derrière une voiture normale pour lui bloquer le passage. Malheureusement les propriétaires ne voulaient pas partir. Une grande queue s'était formée devant la porte de l'aquarium. Nous ne pouvions pas passer. Après avoir pris nos billets, nous avons utilisé un ascenseur puis un second pour monter au premier étage. Comme j'étais assise dans mon fauteuil, je ne voyais presque rien parce qu'il y avait beaucoup de gens et je commençais à étouffer. Quand nous sommes arrivés au deuxième étage, j'ai demandé que l'on descende pour que je respire. Pendant ce temps, Mélodie notre infirmière de choc, qui conduisait le deuxième véhicule, s'était perdue dans cette ville, ne 7 sachant pas où se trouvait l'aquarium. Bien des heures plus tard, elle est arrivée devant le bâtiment, saine et sauve. Certains vacanciers allaient ensuite faire du parapente. Les autres voulaient faire les boutiques car il n'y avait plus que 2 jours de vacances. Nous avons dévalisé les magasins. Le soir, ceux qui avaient fait du parapente, nous ont raconté leurs exploits en nous montrant des photos. Je les admirais d'être aussi courageux. Un soir, après une belle journée ensoleillée et chaude, Alexandre nous a proposé de regarder un film en plein air. Comme le jardin était à nous, nous en avons profité pour admirer la lune et les étoiles qui brillaient au-dessus de nous. Nous avons beaucoup ri en regardant « La grande vadrouille » avec Louis De-Funès et Bourvil. La journée passée au lac a été calme et reposante. L'endroit était magnifique. Nous nous sommes installés sur l'herbe pour nous reposer pendant que Marjorie et Alexandre sont allés acheter quelques victuailles pour notre pique-nique. Il faut dire que nous ressemblions à des pachas allongés sur la pelouse, sous des grands arbres feuillus face au lac. Aurore, une accompagnatrice et Charlotte, nous ont massées en nous mettant de la crème solaire. Nous sommes restés tout l'aprèsmidi. J'ai même nagé avec Charlotte qui était contente et fière de moi. Puis nous avons fini sur la terrasse de la brasserie pour nous régaler d'une bonne glace à la banane et au chocolat. 8 Le dernier jour a été très mouvementé par les préparatifs des bagages. Manon et moi voulions terminer ce fameux blog que personne ne regarde et mettre toutes les photos du séjour sur un site afin que l'on puisse les voir à loisir. Mais il y avait aussi une petite fête avec un repas royal qu'avait préparé Marjorie aidée de Rémi et Anne. J'ai vraiment apprécié ce séjour qui m'a paru un peu court. Mais il y a une chose que je rêverai de faire: c'est de chatouiller les plantes des pieds de mon charmant directeur, qui prenait plaisir à me chatouiller les miens à chaque fois qu'il venait nous réveiller! Florence Jacob « La journaliste en herbe aux lunettes rouges » 9